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5. Stratégies et contraintes


1. Stratégies
2. Contraintes


1. Stratégies

En étudiant les stratégies, il faut tenir compte des éléments suivants:

1. La dégradation des terres et de la végétation est importante et il n'est pas nécessaire ici d'y revenir.

2. Cette dégradation est due à la recherche d'une production vivrière par des méthodes de culture et d'élevage qui ne sont pas compatibles avec l'écologie. En outre, la population déboise de vastes superficies pour diverses raisons, notamment pour se procurer du bois de feu.

3. L'eau, puissant outil de production et de développement, est parfois mal utilisée, ce qui entraîne une destruction du sol et de la végétation.

4. Les mesures correctives destinées à restaurer les terres et à reconstituer le couvert végétal ne peuvent être rapidement rentables. Étant donné les conditions énumérées plus haut, ces mesures peuvent aller dans deux directions:

(i) Mesures de contrôle

Il s'agit de faire cesser les pratiques néfastes en les interdisant ou par d'autres moyens comme la fermeture des points d'eau ou leur réglementation et en proposant d'autres solutions, à savoir:

a. Interdire la culture pluviale sur les terres arides marginales où ces pratiques ont conduit à une forte dégradation et en provoqueront une plus forte encore si elles se poursuivent.

b. Réglementer la densité d'animaux utilisant les terres et dans certains cas interdire totalement le pâturage pour donner à la végétation une chance de récupérer. Interdire aussi les feux, en particulier dans les zones marginales.

c. Interdire l'abattage d'arbres et d'arbustes sur les terres marginales, que ce soit pour la collecte de bois de feu ou pour d'autres raisons, et sur les aires de captage.

Toutes ces mesures reposent sur l'idée que dans les conditions naturelles et sans l'intervention destructrice de l'homme et de ses bêtes, les systèmes écologiques peuvent conserver leur équilibre. Le ralentissement de la croissance végétale dans les années plus sèches peut être compensé dans les années plus humides. Les végétaux pérennes et ligneux survivent grâce à leurs caractéristiques morphologiques et physiologiques pendant toute la saison sèche et les années de sécheresse, et assurent au sol un couvert végétal minimum. Les processus naturels sont capables de finir par corriger le déséquilibre, de sorte que l'habitat retrouvera sa physionomie naturelle (Kassas (1977), Le Houérou (1981), McKell et Norton (1981), Man (1981)).

(ii) Méthodes d'intervention active

Ces méthodes nécessitent l'action de l'homme pour restaurer la terre et la végétation dégradées. Le choix entre ces méthodes diminue à mesure que l'aridité augmente (Mission FAO au Proche-Orient (1976), Ben Salem et Eren (1982)). Ces mesures sont les suivantes:

a. Fixation du sable et des dunes par semis artificiel d'espèces arborescentes, arbustives et herbacées.

b. Implantation de rideaux-abris sur des terres irriguées et cultivées en sec, ainsi que pour la protection des habitations et des infrastructures.

c. Installation de plantations sur les terres dégradées, en particulier sur les terres dégradées irriguées (salinité et saturation en eau) qui offrent de grandes possibilités pour la création d'activités fondées sur le bois dans les terres arides.

d. Installation de plantations d'arbres, arbustes et graminées de valeur pour rendre leur fertilité aux terres dégradées là où l'on pratique la culture pluviale (utilisation de l'acacia et de légumineuses pour restaurer la fertilité du sol).

e. Création de coupe-feu et de haies vives vertes pour la protection des savanes boisées.

f. Ensemencement et plantation sur les aires de captage et les berges des cours d'eau permanents et saisonniers pour réguler le débit d'eau et lutter contre l'érosion.

g. Enfin, pour exécuter toutes ces activités sur les terres dégradées aussi bien que sur les bonnes terres, il faut mobiliser les moyens de réaliser la production optimum à partir des ressources disponibles. Ces moyens sont notamment l'utilisation d'espèces et de variétés améliorées, des soins culturaux efficients et des systèmes de gestion efficaces.

2. Contraintes

A. Contraintes biophysiques

Le caractère variable des précipitations, dans le temps comme dans l'espace, caractérise les zones arides et semi-arides où la restauration des terres et la reconstitution du couvert végétal est un processus lent qui ne permet pas d'espérer des résultats rapides. D'autre part, en raison de la diversité des techniques de sélection des espèces et des variétés qui conviennent aux objectifs fixés, les méthodes de plantation ou de soins culturaux, le travail du sol ainsi que les méthodes d'utilisation nécessitent des compétences particulières qui font souvent défaut.

L'intégration des méthodes de régénération et de révégétation de la terre dans l'ensemble des activités agricoles et de la politique de développement des pays nécessite elle aussi des compétences très spécialisées.

B. Contraintes socio-économiques

Sur le front social, la situation est difficile. La régénération et la revégétation de la terre nécessitent une politique de restriction et de coercition. Les cultures annuelles sur les terres marginales (moins de 300 mm de pluie) doivent être interdites. Le pâturage sur ces mêmes terres, s'il n'est pas interdit, doit être réglementé de manière à permettre aux plantes de récupérer. Ces restrictions sont imposées à des populations pour qui le droit de pâturage ne peut être contesté car la terre est souvent propriété de la communauté, et pour qui le droit de cultiver n'est limité que par les droits traditionnels d'autrui et non pour d'autres raisons.

Par ailleurs, l'absence d'intégration des différentes activités des organismes de développement se fait sentir au coeur même du problème. On fore par exemple des puits sans rien faire pour assurer la subsistance des animaux et l'approvisionnement en feu de bois de la population de la zone. Politiquement, il est plus commode de fournir des services de santé et d'éducation que de prendre des mesures concernant le pâturage, le bois et la protection de l'environnement.

Sur le front économique, la tendance est au financement de projets à rentabilité dite rapide. C'est le cas à l'échelon national et, en fait, international. Les crédits sont affectés à la production de cultures annuelles sans même qu'une faible partie en soit mise de côté pour des projets relatifs au pâturage, à la production de bois et à l'amélioration de l'environnement. La Banque mondiale par exemple a financé de grands projets de production de cultures annuelles irriguées ou pluviales qui ont impliqué de vastes opérations d'abattage d'arbres, sans tenir compte des besoins concernant le pâturage, le bois ou l'environnement.

Les organismes nationaux responsables de la forêt, des pâturages et des ressources naturelles sont généralement pauvres en personnel et en crédits à tous les niveaux. Ils ne peuvent pas mener à bien leur tâche de planification, de recherche, de vulgarisation et de gestion. L'importance même de la désertification témoigne de l'échec des politiques dû aux contraintes auxquelles elles sont soumises.

6. Lacunes dans les connaissances


1. Prévision des précipitations
2. Cartographie et données quantitatives sur le débit des cours d'eau et les bassins versants
3. Planification et gestion des points d'eau pour restaurer la végétation
4. Études de la végétation locale
5. Études socio-économiques


1. Prévision des précipitations

La variabilité des précipitations à la fois dans le temps et dans l'espace donne lieu à de nombreuses recherches, mais il n'existe encore aucune méthode pour prévoir la pluie. On espère qu'avec l'immense développement de la science spatiale, ces prévisions pourront un jour être possibles.

2. Cartographie et données quantitatives sur le débit des cours d'eau et les bassins versants

L'eau est le facteur le plus important du développement potentiel des zones arides mais les cartes détaillées des cours d'eau permanents et saisonniers et de leurs bassins versants sont rares. Pour être utiles, les informations doivent être recueillies systématiquement sur de longues périodes. Or, rien n'a encore été fait pour mettre en place un réseau d'équipement qui permette de recueillir les informations nécessaires. Une telle opération pouvant dépasser les frontières des pays, une action est dans ce cas indispensable au plan régional.

Une irrigation par les crues, une irrigation supplémentaire et d'autres formes d'irrigation peuvent être très utiles pour restaurer la végétation et la terre. Si l'on dispose d'eau, des améliorations très nettes peuvent être obtenues: par exemple une irrigation partielle des cultures vivrières qui complétera les précipitations et compensera leur absence; l'amélioration des pâturages à l'aide d'arbres et arbustes. De telles pratiques sont envisagées pour alléger la pression sur les pâturages naturels.

3. Planification et gestion des points d'eau pour restaurer la végétation

On manque d'informations sur la façon de programmer l'emplacement des points d'eau pour obtenir une régénération des terres et du couvert végétal et pour éviter la désertification qui les accompagne. Il n'est pas facile de répondre à cette question car elle fait intervenir de nombreuses disciplines mais elle est d'une importance capitale et il est indispensable d'acquérir des connaissances sur ce sujet,

4. Études de la végétation locale

Les grandes zones de végétation des terres arides sont assez bien connues et il existe beaucoup d'informations sur les aspects taxonomiques des espèces existantes. Les principaux facteurs qui influent sur la végétation, tels que les précipitations et la température, sont bien connus. Les recherches effectuées sur l'écologie des terres arides ont montré que la distribution de la végétation y devient de plus en plus inégale à mesure que l'aridité augmente. Elle est étroitement liée au type d'habitat, qui est lui-même étroitement lié aux unités géomorphologiques Les systèmes de drainage de surface régissent la collecte et la redistribution de l'eau de ruissellement. Le transport et le dépôt de sédiments éoliens sont influencés par les caractéristiques topographiques. Les caractéristiques physiques du sol, surtout sa profondeur, sont des facteurs importants des relations sol/plante en raison de leur influence sur les régimes d'humidité du sol. Un sol peu profond peut être humidifié pendant la saison des pluies, un sol profond peut permettre le stockage d'humidité dans les couches plus profondes, Kassas (1953), Walter (1971) et Ayyad (1981). Or, il n'existe pas de cartes délimitant ces unités géomorphologiques qui sont cependant indispensables pour exploiter le potentiel de ces terres de façon rationnelle sans mettre en danger l'écosystème.

Les animaux sont un élément important de ces systèmes et, bien que les insectes provoquent des pertes, on ne dispose pas d'informations chiffrées sur cet aspect de la question.

On manque aussi de données chiffrées sur la production de biomasse, que ce soit pour le fourrage ou pour le bois, et lorsqu'on en a, ce sont souvent, dans le meilleur des cas, des estimations plausibles. Sans ces données, il est impossible d'élaborer des systèmes rationnels d'utilisation. Par ailleurs, on manque aussi souvent de données sur l'écologie de la régénération des espèces.

Les forestiers par exemple en savent beaucoup plus sur les eucalyptus que sur les acacias, en particulier les acacias indigènes. L'écologie des graminées et des plantes herbacées et leurs modes de régénération et d'entretien sont très peu connues. Il en est de même pour les relations entre la faune et la flore: les animaux consomment par exemple les fruits des espèces arborescentes et en redistribuent forcément une partie (Acacias, Prosopis) sous forme de graine qui sont protégées des prédateurs car elles sont enrobées, ce qui facilite leur germination et accroît leur capacité d'installation; en même temps, les animaux broutent aussi les jeunes plants. Les pasteurs pratiquent l'ébranchage des arbres et des arbustes pour obtenir du fourrage mais cela n'a pas été quantifié, non plus que la réaction de ces végétaux. Une fois ces relations de base étudiées, il sera possible de mettre au point des systèmes de gestion rationnelle et efficiente qui seront compatibles avec les mesures de conservation.

En résumé, les travaux suivants sont à envisager sérieusement:

a. classement des sites pour déterminer une bonne utilisation des terres;

b. études intensives sur la végétation indigène pour en définir une meilleure utilisation;

c. études sur les relations flore/faune en vue de mettre au point des méthodes efficaces d'aménagement et de gestion, en prenant en compte le cas échéant non seulement les espèces indigènes mais aussi des espèces exotiques.

5. Études socio-économiques

Aucun effort de restauration des terres et de reconstitution du couvert végétal ne saurait atteindre ses objectifs sans la participation active de la population. Il faut pour cela qu'elle soit motivée. Chacun a pu constater que la seule coercition par la loi a largement échoué. Des études sont nécessaires pour définir des méthodes de motivation, de coercition et autres qui puissent susciter de saines pratiques d'utilisation et de conservation.

Par ailleurs, la coordination des activités est souvent réclamée, mais on ne sait toujours pas comment la réaliser. Il faut mettre au point des méthodes de coordination à tous les niveaux.

7. Conclusions et recommandations

La dégradation des terres et de la végétation est essentiellement un problème d'utilisation des terres et pour réussir la restauration et la revégétation, il faut:

1. intégrer l'utilisation des terres dans le contexte écologique;

2. obtenir une participation active de la population par divers moyens car aucun gouvernement ne peut à lui seul résoudre ces problèmes;

3. mettre en place et renforcer à tous les niveaux le personnel chargé d'exécuter ces programmes et combler les lacunes des connaissances actuelles;

4. intégrer toutes les informations dont on dispose dans des modèles pratiques et fonctionnels qui permettent de résoudre les problèmes.

8. Références

Ayyad, M.A. (1981), Soil - vegetation - atmosphere interactions. In arid-land ecosystems, Vol. 2, pp. 9-31, Cambridge University Press. Cambridge, R.U.

Ben Salem, B. et Eren T.M., (1982), Forestiers des sables. Unasylva, Vol. 34, N° 135, pp. 8-12, FAO, Rome.

Grainger, A. (1984), Desertification. Earthscan - International Institute for Environment and Development - IIED, Londres. 2ème édition.

Ibrahim, F.N. (1984), Ecological Imbalance in the Sudan - with reference to desertification in Darfur. Bayreuth - Bayreuther Geowissenschaftliche Arbeiten.

Junge, C. (1977), The importance of mineral dust as an atmospheric constituent. Worshop on Saharian dust, Gothemburg. Réimpression.

Kassas, M. (1953), Land forms and plant cover in the Egyptian desert. Bull. Soc. Géog. d'Égypte, 26, pp. 193-205.

Kassas, M. (1977), Ecology of desertification. Communication présentée à la Conférence vétérinaire tenue à Khartoum en avril 1977 - Veterinary Association, Khartoum, Soudan.

Le Houérou (1981), Long-term dynamics in arid-land vegetation and ecosystems of North Africa. Dans Arid-Land Ecosystems, Vol. 2, pp. 357-384. Cambridge University Press, Cambridge, R.U.

Man, H.S. (1981), Management of arid-land resources for dry land and irrigated crops. Dans Arid-land Ecosystems, Vol. 2, pp. 479-493. Cambridge University Press, Cambridge, R.U.

McKell, C.M. et Norton, B.E. (1981), Management of arid-land resources for domestic livestock forage. Dans Arid-land Ecosystems, Vol. 2, pp. 455-478. Cambridge University Press, Cambridge, R.U.

Thomas, G.W. (1980), The Sahelian Zones of Africa, Profile of a fragile environment. Rapport adressé à la Rockfeller Foundation.

Walter, H. (1971), Ecology of tropical and sub-tropical vegetation. Oliver and Boyd. Edimbourg, R.U.

3.13 La réserve nationale de la pampa del Tamarugal: Régénération d'un peuplement fourrager dans le désert d'Atacama au Chili


Introduction
1. Le tamarugo
2. Situation de l'espèce
3. Description de la zone d'aménagement
4. Processus de planification
5. Avantages présentés par la conservation de la forêt de tamarugos
Bibliographie


LIC. HERNAN TORRES
Directeur régional 1ère Région
Corporación Nacional Forestal, Chili

Introduction

L'un des principaux problèmes de conservation des ressources naturelles que rencontrent les pays en développement est souvent l'insuffisance de développement rural. Dans leurs efforts pour obtenir des biens et services, un nombre croissant de communautés rurales ne trouvent pas d'autre solution que d'exploiter jusqu'à épuisement la végétation sur d'immenses superficies, provoquant des processus accélérés de désertification.

Du moins les communautés rurales qui provoquent cette détérioration de l'environnement sont-elles au courant de la situation qu'elles provoquent, observant impuissantes la rareté croissante d'aliments, de combustible et d'autres avantages.
Ceci conduit à effectuer une analyse en profondeur du concept de "conservation pour un développement soutenu". On pourrait préparer ces communautés rurales à affronter la situation et à se procurer des moyens d'existence réguliers en prenant pour base un un schéma d'analyse environnementale qui prenne en compte l'identification des problèmes, l'action nécessaire, la restauration et la compensation des ressources dégradées ainsi que le respect des connaissances traditionnelles

Nous analyserons ici le cas de la Reserva Nacional Pampa del Tamarugal, qui protège le peuplement de Prosopis tamarugo dans le désert d'Atacama au Chili Des mesures ont été recommandées pour contribuer à réaliser un équilibre entre la conservation et la mise en valeur des ressources naturelles en milieu désertique, étant entendu que la conservation est la base essentielle du développement auquel aspirent tant les communautés rurales qui vivent dans cette partie du désert du nord du Chili.

1. Le tamarugo

Le Tamarugo (Prosopis tamarugo) appartient à l'ordre des légumineuses et à la famille des mimosacées. C'est une espèce endémique peu connue; on ignore les étapes successives de son apparition et de sa diffusion.

On estime l'âge de certains tamarugos à environ 400 ans (Pizarro, 1965). Cet arbre pousse sur les sols salés de la Pampa del Tamarugal, en l'absence quasi-totale de précipitations, grâce aux eaux souterraines.

Il atteint en moyenne 15 m de hauteur, 0,50 à 0,80 m de diamètre de fût et 15 à 20 m de diamètre de frondaison. Ses jeunes branches sont grêles et anguleuses et possèdent des épines à large base de 3 cm environ de long. Les feuilles composées sont courtes et cassantes. Le fruit est une légumineuse épaisse et courte de 25 mm en forme de cacahuète. Les graines sont petites, de couleur sombre, comprimées et cloisonnées (Habit, 1981).

Les fleurs de tamarugo sont pollinisées par des insectes hyménoptères comme Centrix mixta et l'abeille commune (Apis mellifera) qui sont ses principaux agents pollinisants, avec une période d'activité maximum entre le début de septembre et le mois de novembre.

La croissance de l'arbre se poursuit toute l'année avec un maximum d'août à novembre, l'époque de pleine floraison et de croissance minimum se situant entre mars et juillet. Selon Acevedo (1970), il y a une période d'interruption en hiver, due à l'inactivité de la sève.

Le tamarugo possède un double système radiculaire, un système pivotant ou d'ancrage constitué de 3 à 4 grosses racines non ramifiées qui atteignent une profondeur maximum en terre franche de 7 à 8 m (profondeur où l'on trouve les nappes phréatiques) et une masse ou un ensemble de racines absorbantes qui se développent et pénètrent à une profondeur ne dépassant pas 1,50 m. Les racines absorbantes présentent sur toute la projection de leur volume une humidité qui atteint facilement 40% pour les arbres de 30 ans, prospérant dans un sol dont la nappe phréatique se situe à 13 m de profondeur (Toro, 1967).

La phase productive débute entre la 7ème et la 8ème année, mais on ignore quelle est la vie productive de l'arbre. La physiologie du tamarugo est très particulière; dans certaines conditions de forte humidité atmosphérique à 80%, il absorbe l'eau au travers de son système foliaire, la transportant au système radiculaire et la déposant dans la zone radiculaire d'où elle est réabsorbée sous forme d'eau (Sudzuki, 1969). Cette caractéristique explique pourquoi les tamarugos prospèrent dans des zones où la nappe phréatique se trouve à 40 m de profondeur ou plus, et où il n'y a pas de contact radiculaire entre elle et l'arbre.

La faune associée est représentée par les reptiles Phrynosaura reichei et Tropidurus tarapacensis (lézards), par les mammifères Dusicyon culpeaus, Dusicyon griseus (renards), Galictis cuja (furet ou belette), Ctenomys robustus et Phyllotis darwini (rongeurs).

Parmi les oiseaux, on note Zenaida asiatica (pigeon), Speotito cunicularia (pequén), Tyto alba (chouette) et diverses autres espèces de l'ordre des passereaux.

À côté de l'espèce végétale dominante qui est le Prosopis tamarugo, on trouve en moins grande quantité des peuplements de Prosopis chilensis (caroubier); Prosopis Strombulifera, Prosopis burkartii (Fortuna) et d'autres du même genre de niveau moyen et élevé.

Parmi les arbustes de moins grand développement, il faut mentionner l'Atriplex atacamensis (cachiyuyo); Caesalpinia aphylla (genêt); Tessaria absinthiodes (brea ou sorona); Euphorbia tarapacana et Tagetes glandulosa. Au niveau des plantes herbacées, on trouve les espèces Cressa cretica et Distichlis spicata, espèce qui, sur les terres salines, croît en masse compacte avec un grand développement vertical. On trouve aussi d'autres espèces du même genre (CORFO, 1983).

2. Situation de l'espèce

En 1765, l'explorateur Antonio O'Brien établit une carte de la Pampa del tamarugal dans laquelle il signale une vaste superficie couverte de forêts de tamarugo, représentant beaucoup plus que ce qui existe aujourd'hui (Larraín, 1975).

La Pampa del Tamarugal était connue dans la langue aymara sous le nom de Tarpacá (forêt échevelée). D'autre part, les anciennes chroniques rapportent que cette zone était couverte d'un peuplement dense de tamarugos qui furent abattus en grande partie à la fin du siècle dernier et au début de ce siècle pour approvisionner en combustible les activités minières locales (Larraín, 1975). Des morceaux semi-fossiles rencontrés dans des lieux où il n'y a pas de forêt permettent de supposer que la superficie couverte autrefois était beaucoup plus grande (Habit, 1981).

Actuellement, la masse forestière se limite à quelques milliers d'hectares de terrains privés et à 28214 ha de réserve nationale.

À partir de 1964, la Corporación de Fomento de la Producción (CORFO) a entrepris des essais de reboisement qui en 1970 avaient couvert 23623 ha. Par la suite, à la fin de 1983, cette opération a été transférée à la Corporación Nacional Forestal (CONAF), organisme qui a proposé la création de la Reserva Nacional Pampa del Tamarugal qui englobait des terrains supplémentaires, intégrant ainsi à la propriété de l'État les précieuses ressources forestières du désert du nord du Chili.

Les travaux de reboisement ont repris: 200 ha ont été plantés en 1984 et pour 1985 on espère achever la plantation de 300 ha. On maintiendra pour les années qui viennent un objectif analogue de plantation qui permette d'assurer la survie de la forêt en même temps qu'une utilisation soutenue des avantages qu'elle offre: fourrage, bois de construction, bois de chauffage, charbon de bois et loisirs de plein air. Pour atteindre ces objectifs, on travaille à l'élaboration du plan d'aménagement et de développement de cette zone.

Il existe 3400 ha de forêt privée qui appartiennent à de petits propriétaires autour de la réserve nationale. Ces bois se trouvent dans un état de dégradation marquée par manque de connaissances sylvicoles. Ils présentent une prolifération de talles et de long bois due à la pratique systématique de coupes qui facilitent l'attaque par des parasites divers, ce qui diminue la valeur du peuplement qui produit moins de miel, de fourrage, de bois, etc.

3. Description de la zone d'aménagement

La Reserva Nacional Pampa del Tamarugal doit son nom au Prosopis Tamarugo qui y pousse. Elle se trouve dans une plaine qui s'étend de 19°33'S à 21° 50'S, avec une pente de 1% à 2% d'est en ouest, et une altitude au-dessus du niveau de la mer qui varie entre 300 m et 1200 m dans le désert d'Atacama.

Le climat de la Pampa del Tamarugal correspond à un climat désertique normal (B.W.) qui se caractérise par sa forte oscillation thermique et la rareté des précipitations. L'humidité relative est très faible et varie dans la journée entre 10 et 30%. On observe cependant pendant plusieurs jours du mois une humidité de plus de 80% sans précipitation, principalement durant la nuit.

La luminosité est grande, avec une moyenne de 250 jours par an sans nuages, et les températures varient entre des minimums absolus de -5°C à -12°C et des maximums absolus de 35°C et 36°C.

La partie orientale de la Pampa del Tamarugal correspond à un grand piémont constitué par la réunion de cônes d'alluvions formés à la sortie des ravins au bas de la Cordillère des Andes. Les sols sont profonds, plats ou légèrement inclinés, avec un drainage bon ou excessif; ils sont salins-alcalins, d'une fertilité naturelle très faible et de capacité d'enracinement très variable. Dans la partie occidentale de la Pampa del Tamarugal, le piémont se termine et les matériaux de remplissage sont plus fins; les sables et les limons y prédominent; Il existait là autrefois des lacs qui par la suite se sont transformés en sols salés où prédominent les matériaux argileux et limoneux stratifiés, couverts d'une couche de sel d'épaisseur variable qui va de quelques centimètres à un mètre ou davantage. Les sels sont généralement de sodium, de calcium, de magnésium et de potassium, déliquescents, de sorte qu'on a l'impression d'un sol humide en permanence (IREN, 1976).

Les nappes phréatiques et leur alimentation proviennent de diverses ravines de la Cordillère que l'on trouve dans la zone étudiée. Cette eau résulte d'un phénomène appelé "hiver de l'Altiplano" qui ne touche que les parties hautes de la Cordillère des Andes et qui se produit chaque année entre novembre et mars. La décharge de l'eau souterraine se produit par évaporation dans les diverses zones salées, évapo-transpiration des plantes phréatophytes et cultivées, pompage des puits et déplacement de l'eau vers d'autres secteurs non étudiés (IREN, 1976).

La Reserva Nacional Pampa del Tamarugal couvre une superficie de 108266 ha qui comprennent 4591 ha de forêt naturelle, 23623 ha de forêt reconstituée artificiellement, une grande superficie - 80052 ha - étant composée de sols salés pouvant être soit plantés, soit conservés tels quels, avec des figures monumentales en pierre (géoglyphes) qui témoignent de la présence de l'homme dans cette région depuis des millénaires.

CARTE DE SITUATION DE LA RESERVA NACIONAL PAMPA DEL TAMARUGAL

PROFIL DE LA SURFACE DE LA CORDILLERE A LA COTE


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