Table des matières - Précédente - Suivante


Chapitre 4: Organisation et gestion


Direction centrale
Services de terrain
Importations/exportations et contrôle sanitaire
Distribution des produits et du matériel vétérinaires
Laboratoires vétérinaires
Organigrammes types
Bibliographie


Direction centrale


Le service de santé animale doit être placé sous l'autorité d'un chef des services vétérinaires qui rend compte directement ou par la voie hiérarchique au ministre compétent.

Le chef des services vétérinaires a des responsabilités nationales dans le domaine de l'amélioration et du maintien de la santé de la population animale du pays et il participe à la protection de la santé humaine de la manière suivante:

• En proposant des stratégies et des politiques gouvernementales pour la santé animale.

• En recommandant des actions prioritaires, basées sur la surveillance de la santé animale.

• En planifiant et en mettant en application les divers programmes.

• En préparant le budget.

• En gérant le personnel et les ressources.

• En évaluant les coûts/avantages des programmes.

• En assurant la coopération entre les pays voisins et les organisations nationales et internationales.

• En instaurant une coopération intersectorielle dans le domaine de la santé publique entre les services de santé humaine et les services vétérinaires s'ils sont organisés séparément du service de santé animale.

• En contrôlant les animaux hôtes de maladies humaines.

• En sensibilisant la population parla diffusion d'informations générales concernant les maladies et la lutte contre celles-ci.

Le chef de service vétérinaire peut se faire assister par des adjoints. L'organisation de la direction varie selon la dimension et la situation socio-économique du pays et l'importance de l'élevage dans l'économie nationale. Toutefois, la direction comprend habituellement les sections suivantes:

Section de la planification, de l'évaluation et de la mise en application de la santé animale. Cette section est chargée de donner des conseils au chef du service vétérinaire en ce qui concerne planification et l'évaluation des politiques générales et des programmes de lutte contre les maladies; elle surveille l'exécution des programmes de terrain. Elle doit comprendre une unité d'épidémiologie responsable de la collecte des données et de l'information et du suivi de la situation zoosanitaire. Elle est également responsable de la collaboration avec les pays voisins et avec les organisations régionales et internationales. Elle doit travailler en étroite collaboration avec les laboratoires centraux et provinciaux de diagnostic et surveiller la qualité, l'entreposage et la distribution des vaccins et médicaments vétérinaires.

Section de la santé publique vétérinaire. Cette section est responsable des activités de santé publique vétérinaire, notamment la lutte contre les zoonoses, l'hygiène alimentaire (produits animaux) et les aspects de la protection et de l'amélioration de l'environnement liés aux animaux.

Section de formation et vulgarisation. Cette section est chargée de promouvoir la formation à tous les niveaux, en suivant de prés les besoins de personnel. Elle est également responsable de la promotion des activités d'information. Elle doit appuyer la vulgarisation sur le terrain et entretenir des liens étroits avec les institutions au sujet des recherches applicables sur le terrain.

Autres sections techniques. Dans certains pays, la direction comprend d'autres sections telles que les sections de protection et bien-être des animaux. Ces sections ont pour rôle de coordonner les activités du service dans le domaine de la protection animale et de donner des avis sur les cas difficiles.. Elles doivent travailler en liaison avec les organisations nationales et internationales.

Section administrative. Section administrative doit être responsable de l'ensemble du contrôle des dépenses et de la gestion du personnel. Si l'achat, l'emmagasinage et la distribution des médicaments sont centralisés, une pharmacie vétérinaire peut être créée sous la responsabilité de la direction.

Dans les grands pays, il peut être souhaitable de diviser certaines des sections ci-dessus en plus petites unités chargées de tâches spécifiques.

Services de terrain


Organisation et gestion

Afin de mener à bien les programmes de lutte contre les maladies animales, il est nécessaire d'établir des structures adéquates sur le terrain. Tout d'abord, il faudrait un système de transmission des ordres de la direction au terrain.

Immédiatement au-dessous de la direction viennent les vétérinaires chefs de province ou de district assistés par des cadres et des techniciens en nombre suffisant, ainsi que par des moyens de diagnostic correspondant aux besoins de la zone concernée.

Au niveau inférieur de cette structure de province ou de district, un des systèmes suivants ou un système mixte est nécessaire pour que les services de santé animale travaillent en contact aussi étroit que possible avec les propriétaires d'animaux.

La communication joue un rôle très important dans la lutte contre les maladies animales. Dans certains pays en développement, il s'est avéré très utile de disposer d'un réseau de radiocommunication entre la direction centrale, les laboratoires de diagnostic et les agents de terrain afin d'assurer des échanges rapides d'informations.

Bureaux de santé animale. Leur fonction de base est de fournir les services préventifs de médecine vétérinaire. Dans certains pays, ces bureaux doivent mettre en place des services cliniques, surtout dans les zones où la productivité et la rentabilité de l'élevage sont en cours d'amélioration grâce à diverses mesures. Dans de telles zones, toutefois, la privatisation de certains services de terrain pourrait permettre de soulager les services publics du travail clinique quotidien.

Des unités mobiles vétérinaires bien équipées peuvent être organisées pour travailler sous l'égide des bureaux de santé animale dans les régions les plus isolées du pays, particulièrement dans le cadre de la prévention et de la lutte contre les principales maladies épidémiques.

Selon une formule qui a donné de bons résultats dans certains pays, les agents des services publics vétérinaires achètent leurs propres véhicules, pour lesquels ils bénéficient de prêts avantageux, et reçoivent des indemnités de déplacement.

Auxiliaires zoosanitaires. Dans les systèmes de production animale caractérisés par le nomadisme et la transhumance, une unité spéciale, recrutée dans les zones rurales et ayant bénéficié d'une formation accélérée en soins zoosanitaires, peut être chargée de travailler avec des groupes ou communautés d'éleveurs en vivant et se déplaçant avec eux. Il existe des difficultés techniques, liées par exemple à la conservation en entrepôt réfrigéré des vaccins et à l'approvisionnement en produits vétérinaires. Cependant, dans de nombreux pays en développement, cette formule peut être la seule qui assure la présence permanente d'agents de santé animale parmi les éleveurs.

Importations/exportations et contrôle sanitaire


La protection du territoire national contre l'introduction des maladies animales constitue une tâche essentielle de tout service de santé animale, qui, pour cela, doit pouvoir contrôler l'ensemble des importations d'animaux sur pied et de produits d'origine animale.

Il est nécessaire de mettre en place des dispositifs de contrôle aux frontières, dans les ports de mer et les aéroports, ainsi que des stations de quarantaine où les animaux peuvent être mis en observation. Des dispositifs de contrôle semblables sont nécessaires pour la protection des zones exemptes de maladie éventuellement établies.

Les services de santé animale doivent également contrôler l'exportation d'animaux sur pied et de produits d'origine animale. La question a été traitée dans le chapitre 3.

Distribution des produits et du matériel vétérinaires


Médicaments et matériel vétérinaires

L'objectif est d'assurer un approvisionnement régulier de médicaments et de matériel vétérinaires au secteur public et au secteur privé.

Secteur public. Au niveau national, le service de santé animale peut importer, emmagasiner et distribuer les produits et le matériel vétérinaires indispensables. Des réserves stratégiques doivent être constituées en cas de besoin.

Secteur privé. Les pharmacies et les dépositaires agréés vendent les médicaments vétérinaires autorisés en appliquant les réglementations nationales de vente et d'utilisation de ces produits. Le secteur privé peut également vendre du matériel vétérinaire.

Vaccins vétérinaires

La plupart des vaccins vétérinaires, en particulier ceux qui contiennent des virus vivants atténués, doivent être conservés au froid au cours de l'emmagasinage et du transport afin de garder leur efficacité.

Pour leur distribution, il est possible d'avoir recours aux chaînes du froid des services médicaux ou d'autres services ou organisations.

Contrôle des produits vétérinaires

L'utilisation des produits pharmaceutiques et des vaccins doit être contrôlée. Chaque pays doit adopter des textes législatifs régissant l'importation, la fabrication, l'emmagasinage, la distribution et l'utilisation de ces produits. Des renseignements supplémentaires à ce sujet figurent au chapitre 8.

Chaque fois que possible, des contrôles doivent avoir lieu dans le pays utilisant le produit. Toutefois, comme de nombreux pays ne disposent pas de tous les moyens pour contrôler toutes les informations accompagnant l'homologation et pour soumettre à des épreuves supplémentaires les médicaments et les vaccins, ils ne devraient accepter que les produits homologués dans un pays doté d'un système fiable d'homologation. Cela devrait suffire, que les conditions d'utilisation d'origine soient observées. La meilleure solution serait qu'un laboratoire pouvant effectuer des contrôles de qualité existe dans le pays; mais c'est une installation coûteuse, et peu de pays en développement en disposent. Dans les pays qui n'en possèdent pas, des échantillons doivent être expédiés périodiquement à un laboratoire indépendant pour contrôle de la qualité. Les réglementations d'homologation et de contrôle devraient s'appliquer de la même manière aux produits fabriqués dans le pays et aux produits importés.

Laboratoires vétérinaires


Moyens de diagnostic

Une organisation efficace de diagnostic des maladies animales est nécessaire pour appuyer les différentes activités des services de santé animale, dans le service public comme dans le secteur privé.

Tous les vétérinaires de terrain devraient être équipés pour prélever des échantillons sur les animaux sur pied suspects de maladie, ou lors de l'autopsie, et les envoyer au laboratoire de diagnostic national ou provincial.

Chaque pays a besoin d'un laboratoire central de diagnostic bien équipé pour le diagnostic des maladies animales les plus répandues. Selon le nombre d'animaux et l'efficacité du réseau de communication, des laboratoires satellites peuvent être créés et se spécialiser selon les priorités de la zone qu'ils desservent.

Laboratoire central de diagnostic. Le laboratoire central de diagnostic a pour fonction primordiale de fournir aux vétérinaires de terrain des services spécialisés. Il peut également être chargé d'exécuter des recherches approfondies sur des problèmes connus de maladie afin d'aider le gouvernement à définir les stratégies de lutte appropriées.

Le laboratoire central de diagnostic doit entretenir des liens techniques avec les laboratoires internationaux de référence et les centres de collaboration de la FAO, de l'OMS et de l'OIE de la région pour obtenir confirmation de diagnostic dans les cas de maladie pour lesquelles il manque d'expérience ou de moyens techniques; il doit être divisé en sections couvrant les principales disciplines.

Si une grande partie de la recherche de base sur les maladies animales se fait dans des laboratoires spécialisés dans les pays développés, les laboratoires centraux de diagnostic des pays en développement peuvent jouer un rôle important dans certaines activités de recherches visant à appliquer des résultats récents aux situations locales, notamment:

• L'élaboration de méthodes de diagnostic et de techniques de lutte adaptées aux conditions des pays.

• La protection de l'environnement (pollution, contamination de l'eau, vecteurs de maladies et contrôle de la population animale urbaine et rurale).

Laboratoires de diagnostic de province. Il conviendrait de créer de petits laboratoires au niveau provincial chargés des travaux de diagnostic qui n'exigent pas de matériel perfectionné ni de personnel spécialisé.

Une coopération étroite entre les laboratoires central et provinciaux est indispensable pour le succès des programmes de santé animale. Les laboratoires de province devraient être placés du point de vue financier et administratif sous l'autorité de l'organisme vétérinaire provincial. Techniquement et scientifiquement, ils doivent relever de l'autorité du laboratoire central.

Laboratoire de production de vaccins

Ainsi qu'il a été indiqué au chapitre 3 (voir «Contrôle des produits vétérinaires»), avant de décider de produire lui-même des vaccins contre les maladies animales, un pays doit absolument entreprendre une étude très poussée des coûts et de la demande prévisible. De manière générale, les vaccins contre les maladies bactériennes peuvent être préparés en grande quantité à l'aide d'un matériel relativement simple, mais les vaccins contre les maladies virales nécessitent, dans de nombreux cas, un équipement sophistiqué et des installations permettant les cultures de tissus.

Les laboratoires de production de vaccins doivent se situer dans des lieux isolés sans animaux aux alentours. Tous les résidus doivent être décontaminés avant évacuation, et tous les déchets doivent être incinérés.

Certaines activités de préparation des vaccins peuvent être centralisées pour en améliorer l'efficacité, notamment la préparation des milieux, la stérilisation et la décontamination du matériel.

Organigrammes types


On trouvera dans les annexes 1A et 1B des organigrammes types proposant une structure d'orientation de base pour les services de santé animale. Ils devront être adaptés à la situation de chaque pays.

Bibliographie


Acha P.N. 1987. «Pour répondre aux impératifs modernes: une stratégie d'innovation des services vétérinaires». Rev. sci. tech. (OIE), 6(4):942-943.

Acha, P.N. & Szyfres, B. 1987. Zoonoses and communicable diseases common to man and animals. 2e éd. Organisation panaméricaine de la santé, Washington, OMS.

Blajan, L., Gee, R.W. & Gimeno, E.J. 1987. «Les services vétérinaires: Quelle organisation pour l'avenir?» Rev. sci. tech. (OIE), 6(4):885-897.

Centre for Tropical Veterinary Medicine. 1980. Handbook of tropical veterinary medicine diagnosis. CTVM, Midlothian, Royaume-Uni.

Cheneau, Y. 1985. «Vers de nouvelles structures pour le développement de l'élevage en Afrique au sud du Sahara». Rev. sci. tech. (OIE), 3 mars: 613-620.

Cheneau, Y. 1985. «L'organisation des services vétérinaires en Afrique». Rev. sci. tech. (OIE), 5 janvier: 57- 105.

Gee, R.W. 1973. «Les stations de quarantaine pour animaux». Rev. mond. Zootech. (FAO), 8:17-23.

Griffiths, R.B. & Königshofer, H.O. 1974. Standard des services vétérinaires. FAO, Rome.

IDE/BIRD/OIE. 1987. Séminaire sur les services de santé animale en Afrique. Rev. sci. tech. (OIE), 6(4): 1073-1083.

ISS/OMS/FAO-CC/IZCT. 1990. Guiding principles for planning, organization and management of veterinary public health programmes. Rapport de santé publique vétérinaire, 90.11: OMS/FAO, Centre de collaboration pour la recherche et la formation en matière de santé publique vétérinaire, Istituto Superiore di Sanità, Rome.

Ministry of Agriculture, Fisheries and Food. 1978. Manual of veterinary investigation laboratory techniques. 2e éd. Royaume-Uni.

OMS. 1975. Contribution de la profession vétérinaire à l'action de santé publique. Rapport d'un comité mixte FAO/OMS d'experts de la santé publique vétérinaire (Rapport technique OMS n° 573).

OMS. 1978. Actes d'une consultation d'experts sur certains problèmes de santé publique vétérinaire, Rome, 1977. Annali Istituto superiore di Sanità, 14:14-10.

OMS. 1979. Les zoonoses parasitaires. Rapport du comité OMS d'experts avec la participation de la FAO (Rapport technique OMS n° 637).

OMS. 1982. Zoonoses bactériennes et virales. Rapport d'un comité d'experts OMS avec la participation de la FAO (Série de Rapports techniques OMS n° 682).

OMS. 1984. Comité OMS d'experts de la rage. 7e rapport (Série de Rapports techniques OMS n° 709).

OMS. 1985. Guidelines on the hygienic disposal and rendering of dead animals and animal wastes to protect human and animal health.

OMS. 1986. Comité mixte FAO/OMS d'experts de la brucellose. 6e rapport (Série de Rapports techniques OMS n° 740)


Table des matières - Précédente - Suivante