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Chapitre 10: La santé animale et l'environnement


Santé animale et répercussions écologiques
Utilisation des produits vétérinaires
Utilisation des pesticides
Présence de résidus toxiques dans les produits animaux



L'objectif des services de santé animale est de contribuer à l'amélioration de la production animale. Dans les pays en développement, le premier stade consiste souvent à lutter contre les principales maladies pour permettre l'augmentation de la production animale. Les activités entreprises pour atteindre ces objectifs pourraient entraîner la dégradation et la pollution de l'environnement par suite de l'augmentation du cheptel, de la mauvaise gestion et de l'utilisation excessive des ressources naturelles disponibles et des produits vétérinaires.

Santé animale et répercussions écologiques


Utilisation des terres

L'intensification de la production animale dans le cadre du développement peut, si elle n'est pas convenablement réalisée, contribuer à la dégradation des terres en raison du surpâturage, de la réduction de la fertilité des sols, de l'érosion et de la désertification. Cela vaut particulièrement pour les terres marginales, impropres à l'agriculture, où se trouvent la plupart des ruminants soumis à l'élevage extensif. Les grandes activités de santé animale, comme les campagnes de vaccination ou les programmes de lutte contre les parasites (tsé-tsé, tiques), ont un effet positif sur la productivité et les effectifs des troupeaux, ce qui renforce la pression du cheptel et peut contribuer à la dégradation des sols, à moins qu'un bon plan d'utilisation des terres ne soit appliqué.

Un bon plan d'utilisation des terres dûment appliqué, compte tenu des divers aspects agricole, topographique et géographique en cause, est indispensable pour réduire le risque d'une évolution écologique défavorable, tout en augmentant la productivité et en renforçant la lutte contre les maladies animales. Il faut donc une approche multidisciplinaire pour bien assurer la planification et l'utilisation des terres.

Pollution

De même, l'intensification de la production animale aboutit à une utilisation accrue de produits vétérinaires tels que les pesticides et à la production de différents types de déchets tels que le fumier des animaux d'embouche. La pollution ou la contamination de l'environnement, en particulier des eaux, par les déchets animaux (fumier et lister) est un problème de plus en plus grave et doit être prévu lorsqu'on projette de nouveaux locaux pour animaux, notamment dans les systèmes de production industrielle. Il faut organiser l'utilisation ou l'élimination sans danger des déchets des abattoirs qui peuvent constituer des sous-produits intéressants à condition d'être traités selon des méthodes appropriées. Il faut prévoir la stérilisation ou la fonte de toutes les matières condamnées ou contaminées avant tout autre traitement et mise en circulation. Une mauvaise évacuation de ce genre de déchets peut entraîner une prolifération des prédateurs (hyènes, chiens sauvages, etc., à terre, et requins si les déchets sont jetés à la mer).

Il faut également stériliser les déchets alimentaires provenant des transports internationaux aériens ou maritimes afin d'éviter que des produits animaux contaminés propagent des maladies animales.

Il existe maintenant des méthodes d'application des insecticides (cibles et pièges pour mouches tsé-tsé) et les acaricides (à épandre) qui respectent l'environnement. Ces méthodes permettent de réduire les risques de contamination de l'environnement et doivent être utilisées dans toute la mesure possible. On peut limiter le recours aux pesticides au minimum en élevant des races ou des animaux croisés résistant aux parasites, comme les bovins trypanotolérants ou les races résistant aux tiques.

Modification de l'équilibre écologique

Il arrive fréquemment que la diminution du nombre d'individus d'une espèce dans une zone donnée entraîne des conséquences inattendues pour l'environnement en raison d'un impact sur des espèces non ciblées. L'application des mesures de lutte contre la maladie peut parfois aussi avoir des conséquences imprévues:

• L'utilisation généralisée et excessive des antibiotiques et des antiparasites tels que les anthelminthiques et les acaricides a fait apparaître des souches d'agents pathogènes résistant au produit utilisé, ce qui complique encore la lutte.

• Au Mexique, l'empoisonnement des coyotes (prédateurs) pour lutter contre la rage a entraîné une prolifération catastrophique du lapin de garenne qui est devenu un danger pour l'agriculture.

• Les réserves de faune sauvage d'Afrique peuvent devenir des réservoirs d'infection de certains organismes pathogènes qui attaquent le bétail, notamment la fièvre aphteuse et la trypanosomiase.

Ces exemples soulignent la nécessité d'une planification complète des interventions de santé animale qui prennent pleinement en considération les conséquences possibles sur l'environnement.

Utilisation des produits vétérinaires


Vu l'utilisation croissante de produits vétérinaires pour le traitement des maladies, la lutte contre les parasites et l'augmentation de la production, il est essentiel que toutes les personnes qui participent à la manipulation et l'administration de ces produits soient bien informées du danger potentiel qu'ils représentent pour l'environnement.

Les produits vétérinaires sont généralement accompagnés d'instructions détaillées sur leur emploi, leur élimination, les effets secondaires possibles et, dans le cas des pesticides, le taux de toxicité et les instructions à suivre en cas d'accident; ces informations doivent être rédigées dans une langue appropriée. Les indications figurant sur l'emballage peuvent, cependant, varier d'un pays à l'autre selon la réglementation nationale d'homologation. Afin d'assurer des normes suffisantes d'emballage et de mode d'emploi, les services de santé animale et les organismes d'homologation doivent coopérer étroitement. Les produits destinés à être utilisés et administrés par des personnes non spécialisées, comme les éleveurs, devraient être accompagnés d'instructions dans la langue appropriée. Les étiquettes proposées par les fabricants pour de nouveaux produits devraient être soumises aux autorités d'homologation pour acceptation préalable.

Utilisation des pesticides


Il convient de contrôler, strictement l'importation, l'homologation, la distribution et l'utilisation des pesticides, et les utilisateurs doivent bénéficier d'une formation suffisante en ce qui concerne la manipulation et les méthodes d'application de ces produits. Les directives FAO/OMS pour l'utilisation des pesticides contiennent des recommandations à ce sujet.

Présence de résidus toxiques dans les produits animaux


Après l'absorption de médicaments vétérinaires, les résidus peuvent se trouver dans les produits desdits animaux destinés à l'alimentation humaine. Les risques pour la santé résultant de la présence de résidus dans les aliments relèvent des catégories suivantes: toxicologie, immuno-pathologie et microbiologie. Cette dernière catégorie correspond à l'utilisation de substances antimicrobiennes dans l'alimentation animale à des niveaux sous-thérapeutiques.

D'autres produits chimiques sont utilisés pour l'élevage, dont des additifs tels que les antioxydants ou les produits antifongiques utilisés pour conserver la qualité des aliments pour animaux, des colorants, des désinfectants et des pesticides. Ces produits constituent également des risques potentiels pour la santé publique.

La présence de résidus de pesticides, de médicaments et d'hormones dans les viandes, le lait, les oeufs et autres produits animaux ne fait pas encore l'objet de contrôles généralisés dans les pays en développement, mais il conviendrait de renforcer ces contrôles.

La diffusion d'informations, les séminaires et les activités de formation sur la présence de résidus dans les produits animaux seraient nécessaires pour éviter ces difficultés.


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