Previous Page Table of Contents Next Page


Mise au point de techniques d'embouche bovine villageoise dans le bassin arachidier sénégalais


Caractéristiques du milieu expérimental
Résultats
Conclusion


A. Buldgen, M. Piraux, A. Dieng et R. Compère

Les adresses des auteurs sont les suivantes: MM Buldgen et Compère: Unité de zootechnie, Faculté des sciences agronomiques de Gembloux, Passage des Déportés, 2, B5030 Gembloux, Belgique.

MM. Piraux et Dieng: Département des sciences et des techniques des productions animales, Ecole nationale supérieure d'agriculture (ENSA), BP 296, Thiès, Sénégal.

Ces travaux ont été effectués dans le cadre de la coopération belgo-sénégalaise. Les auteurs adressent leurs remerciements au Directeur de l'ENSA et à l'Administrateur général de la Coopération au développement en Belgique, qui ont encouragé une telle expérimentation. L'ENDA (Environnement et Développement du Tiers-Monde, ONG internationale) ainsi que tous les exploitants agricoles sont également remerciés pour leur parfaite collaboration à ces opérations démonstratives.

Depuis 1985, le Département des sciences et des techniques des productions animales de l'Ecole nationale supérieure d'agriculture (ENSA) à Thiès expérimente dans ses installations l'embouche intensive de taurillons de race Gobra à partir de fourrages naturels ou cultivés complémentés à l'aide de sous-produits agro-industriels disponibles localement (Steyaert, Buldgen et Compère, 1989; Buldgen, Lemal et Steyaert, 1990).

Les bons résultats techniques et financiers obtenus ont encouragé les expérimentateurs à entreprendre, dès 1988, des opérations d'embouche bovine en milieu villageois grâce à la collaboration d'organisations non gouvernementales (ONG) et d'associations de jeunes agriculteurs de la région de Thiès.

Les techniques vulgarisées sont originales pour la région, car elles utilisent pour la première fois des animaux en phase de croissance active, et l'essentiel de l'alimentation provient des ressources fourragères présentes dans les exploitations agricoles. En effet, les études consacrées à l'embouche bovine au début des années 70 au Sénégal utilisent généralement des sujets adultes et sélectionnés qui sont engraissés au moyen de grandes quantités de sous-produits agro-industriels (Calvet et al., 1973; Denis et Valenza, 1971; Denis, Valenza et Thiongane, 1972, 1974; Valenza, Calvet et Orue, 1971). Par ailleurs, elles ne fournissent aucun renseignement en ce qui concerne l'économie de la spéculation en milieu rural.

Caractéristiques du milieu expérimental

L'expérimentation s'est déroulée dans la partie nord du bassin arachidier sénégalais (voir la carte), qui couvre une superficie d'environ 6 600 km² en climat soudano-sahélien. Le système agricole traditionnel est basé sur la rotation arachide-mil-arachide-jachère. Au cours des deux dernières décennies, la pluviosité annuelle a subi une réduction de 245 mm et de 11 jours de pluie en moyenne, et l'accroissement de la population a été spectaculaire. Ces deux facteurs se sont révélés défavorables à la fertilité des sols et à la productivité des cultures en provoquant une extension des surfaces cultivées au détriment de la jachère, dont le rôle était de restaurer la fertilité des sols pendant une longue période de repos. Les méthodes culturales n'ont pas été modifiées pour autant et ne comportent pas de restitution de matières fertilisantes et d'amendements.

Il en résulte actuellement un appauvrissement extrême des sols, dont le taux d'humus descend en dessous de 1 pour cent, valeur qui est critique pour la réussite des activités agricoles (Freeman, 1983; Lombard, 1987). Dans ces conditions, les rendements se situent entre 200 et 400 kg de gousses d'arachide et 200 et 600 kg de graines de mil à l'hectare.

Selon Compère, Buldgen et Lemal (1990), la jachère spontanée qui s'installe sur ces sols épuisés offre une composition floristique peu favorable à la production d'une biomasse aérienne importante. Elle permet de nourrir en permanence 0,75 UBT (unité de bétail tropical d'un poids vif de 250 kg) par hectare. Au cours de la saison pluvieuse, la valeur du fourrage au stade feuillu se révèle néanmoins excellente (0,81 UF et 84 g de MAD par kg de MS). Pendant les huit mois de saison sèche, les animaux doivent se contenter d'une ration composée de pailles des parcours naturels et de résidus de récolte dont la valeur alimentaire se détériore au cours de cette saison (0,53 UF et 33 g de MAD par kg de MS).

En raison des rendements agricoles de plus en plus médiocres et malgré des ressources fourragères très limitées, les agriculteurs de la région expriment le souhait de s'orienter vers la spéculation d'embouche dans le but d'améliorer le revenu monétaire de leur exploitation et la fertilité de leurs sols par l'utilisation du fumier. Afin de satisfaire leur motivation, des opérations pilotes ont été entreprises pendant trois années consécutives avec la collaboration de l'ONG Environnement et Développement du Tiers-Monde. Par ailleurs, une embouche de saison sèche a été expérimentée avec l'association des jeunes agriculteurs de Peyckouk-Touba, village situé à proximité de l'ENSA.

Résultats

Embouche de saison pluvieuse

La technique développée pour la saison pluvieuse repose sur l'achat de jeunes taurillons âgés de 1 à 2 ans d'un poids vif variant de 120 à 180 kg. Ces sujets ne sont pas commercialisés en boucherie et peuvent être achetés à un prix raisonnable toute l'année, ce qui n'est pas le cas pour les sujets plus lourds. L'affouragement de cette catégorie est aussi plus aisée, compte tenu du disponible fourrager limité des exploitations agricoles pendant la saison pluvieuse, soit une production de 1 000 à 2 000 kg de MS par hectare pour la jachère naturelle.

Au cours des trois années d'expérimentation (1988, 1989, 1990),122 taurillons tout-venant ont été achetés sur les marchés locaux à raison de deux sujets par exploitant, qui sont répartis dans trois villages: Mbomboye, Sangué et Tatène. Les achats sont systématiquement effectués par les éleveurs eux-mêmes en fin de saison sèche (mai-juin). Le choix des animaux par les éleveurs est essentiellement basé sur l'obtention d'un faible prix d'achat des taurillons, dont l'état laisse d ailleurs souvent à désirer. Grâce aux réserves de foin et de paille accumulées par les paysans, les animaux sont maintenus sans perte de poids jusqu'à l'arrivée des pluies et la pousse de l'herbe en évitant l'utilisation de grandes quantités d'aliment concentré.

En saison pluvieuse (juillet-octobre) et en début de saison sèche froide, l'herbe produite par les parcours naturels constitue l'unique source alimentaire (0.67 UF et 59 g de MAD par kg de MS en moyenne sur l'ensemble de la saison pluvieuse). L'affouragement est réalisé soit par le pâturage direct et/ou la distribution de fourrage à l'auge. En saison sèche froide, la finition est assurée à l'aide de foin, de fanes et de pailles, dont les valeurs nutritives sont très variables: de 0,15 à 0,40 UF et de 5 à 30 g de MAD par kg de MS. Ces fourrages de base sont complémentés par un concentré du commerce à base de son de blé, dont les valeurs alimentaires ont été estimées à 0,75 UF et 140 g de MAD par kg de concentré. La distribution du complément est ajustée au poids des sujets, soit de 1 à 1,5 kg par 100 kg de poids vif et par jour.

A l'arrivée des taurillons dans les fermettes, on procède systématiquement à des vaccinations contre la peste et la péripneumonie bovines et à des déparasitages externe et interne. Les performances de croissance sont appréciées au moyen d'une bascule mobile tractée par un véhicule. Lors de la première pesée, l'âge des sujets est estimé par l'examen de l'état de la dentition.

Tout au long de l'embouche, les travaux effectués, les rations distribuées et les dépenses consenties par les éleveurs sont consignés dans un cahier prévu à cet effet.

Les caractéristiques de la pluviosité des trois campagnes sont présentées au tableau 1 sous la forme de hauteurs d'eau et de jours de pluie.

L'hivernage (vocable désignant la saison pluvieuse) 1988 peut être considéré comme moyen, avec cependant un excès de précipitations au cours du mois d'août. Bien qu'inférieure à celle enregistrée en 1988, la pluviosité de 1989 est mieux répartie. En 1990, les pluies ont été moins abondantes, avec une répartition peu favorable: précipitations très tardives et concentrées en août et septembre.

Une synthèse des résultats obtenus au cours des trois campagnes est rassemblée au tableau 1. Les résultats sont illustrés en détail à la figure, sous la forme de courbes de croissance et de gains de poids vifs journaliers qui ont été dressés à partir des poids vifs enregistrés lors de chaque pesée.

Au cours de la première opération, conduite en 1988, les différents régimes alimentaires marquent les performances d'une manière très nette. En saison pluvieuse, les gains quotidiens moyens (GQM) de 610 g confirment la réussite de l'opération et témoignent de la grande qualité de l'herbe consommée. Les GQM les plus élevés sont obtenus par les éleveurs qui réussissent la transition alimentaire lors de la mise à l'herbe en poursuivant la distribution de foin de qualité et en donnant un complément d'herbe fraîche à l'auge pour la nuit. En début de saison sèche froide, la ration composée de pailles de céréales et de fanes de légumineuses encore vertes provoque une chute de croissance de 90 g par jour. Par la suite, la distribution du concentré du commerce s'avère très efficace et porte le GQM à 670 g.

Carte du Sénégal situant le bassin arachidier, l'Ecole nationale supérieure d'agriculture (ENSA) et la zone d'expérimentation - Map of Senegal locating the groundnut basin, the Ecole nationale supérieure d'agriculture (ENSA) and the experimentation area - Mapa del Senegal, en el que se indica la situación de la cuenca del maní, la Escuela Nacional Superior de Agricultura (ENSA) y la zona de experimentación

Etable traditionnelle permettant l'affouragement à l'auge des taurillons - Traditional cowshed with individual feeding - Establo tradicional, con comederos para los animales

1. Pluviosité enregistrée et résultats obtenus au cours des trois campagnes d'embouche villageoise dans la région de Thiès

Rainfall registered and results obtained during the three village fattening campaigns in the Thiès region

Pluviosidad registrada y resultados obtenidos en la región de Thiès durante las tres temporadas de engorde en las aldeas

Caractéristiques des campagnes

1988

1989

1990

Pluviométrie (mm)

602

545

481

Nombre de jours de pluie

27

26

26

Nombre d'éleveurs encadrés

13

18

27

Nombre d'animaux embouchés

26

36

60

Nombre d'animaux suivis

26

36

42

Date de début de l'opération

2 août

6 juillet

17 août

Age moyen des animaux (années)

1,1 ± 0,3

2,1 ± 0,6

1,7 ± 0,6

Poids moyen de départ (kg)

139 ± 18

172 ± 24

142 ± 25

Durée de l'embouche (jours)

184

105

114

Poids moyen final (kg)

252 ± 40

252 ± 35

217 ± 40

Gain de poids vif journalier moyen (g/j)

610 ± 220

760 ± 230

660 ± 250

Au cours de la deuxième opération, les taurillons âgés de 2 ans présentent un poids de départ plus élevé: 172 kg au lieu de 139 kg l'année précédente. Grâce à un meilleur choix des sujets sur la conformation et à une maîtrise parfaite de la conduite au pâturage, les GQM réalisés en hivernage atteignent 800 g; dès lors, la commercialisation à un poids satisfaisant a pu être réalisée en début de saison sèche froide.

En troisième année d'embouche, malgré une pluviosité insuffisante et mal répartie, les résultats demeurent satisfaisants, avec un GQM de 660 g. La baisse de croissance en début de saison sèche froide est due principalement à la pénurie de fourrage et au manque de concentré du commerce; le GQM descend à moins de 500 g.

La réussite technique de telles opérations repose essentiellement sur le bon déroulement de la saison pluvieuse (pluies précoces, abondantes et régulières favorables à la pousse de l'herbe) et la durée de l'encadrement garantissant le niveau technique des éleveurs. En effet, les éleveurs encadrés depuis 1988 subissent moins que la moyenne des emboucheurs les effets néfastes d'une mauvaise pluviosité. Les résultats qu'ils obtiennent dépassent les performances de 800 g de gain de poids vif journalier et sont très proches de ceux réalisés dans les installations de l'ENSA au moyen de techniques d'alimentation intensives (Steyaert, Buldgen et Compère, 1989; Buldgen, Lemal et Steyaert, 1990).

Les écarts types qui caractérisent les performances pondérales moyennes (tableau 1) font également entrevoir la grande hétérogénéité du matériel animal tout-venant. Un meilleur choix des sujets à l'achat apparaît donc essentiel, car les animaux les mieux conformés peuvent atteindre un gain de poids vif journalier de 1 000 g et plus.

Les résultats financiers des trois opérations d'engraissement font l'objet du tableau 2. Celui-ci fait bien apparaître que le revenu d'une telle spéculation est également lié à la réussite de l'hivernage, soit près de 16 000 FCFA par animal pour une mauvaise année (1990) et plus de 37 000 FCFA pour une année exceptionnelle (1989). Cette dernière année, les excellents résultats financiers réalisés sont dus en grande partie à l'abondance des ressources fourragères et à l'achat de sujets lourds à des prix très avantageux. Cette année-là, la production d'herbe a suffi pour satisfaire tous les besoins alimentaires.

En terme de revenu annuel moyen calculé sur trois ans, un taurillon embouché rapporte à l'éleveur 26 800 FCFA. Le poste alimentaire étant peu élevé grâce à l'utilisation des ressources fourragères naturelles, le prix d'achat du taurillon représente 80 pour cent du prix de revient de l'animal commercialisé; celui-ci agit donc fortement sur les bénéfices attendus. Par ailleurs, l'écart type de 12 000 FCFA affectant le bénéfice moyen réalisé est le reflet des grandes différences de technicité entre les éleveurs.

Croissance pondérale obtenue au cours de trots campagnes d'embouche de jeunes taurillons réalisées en saison des pluies en milieu villageois du bassin arachidier sénégalais - Growth rates obtained in three village bull-calf fattening campaigns held in the Senegalese groundnut basin during the rainy season - Crecimiento ponderal obtenido durante las tres temporadas de engorde de novillos en la estación de lluvias, en aldeas de la cuenca del maní del Senegal

Embouche de saison sèche

La technique d'embouche expérimentée pour la première fois en saison sèche 1990/91 par les éleveurs du village de Peyckouk-Touba est essentiellement spéculative. Elle est basée sur l'achat d'animaux maigres âgés de 2 à 3 ans (de 180 à 250 kg de poids vif) à faible prix, qui seront soumis à une brève période d'alimentation à base de pailles complémentées en vue d'être commercialisés à l'occasion des fêtes religieuses.

L'achat de 20 sujets de type tout-venant par les éleveurs a eu lieu en milieu de saison sèche froide. Le critère de choix des emboucheurs est uniquement le prix d'achat des animaux, qui doit être le plus bas possible. Une perte est survenue à la réception des taurillons. Au départ de l'opération, tous les sujets ont bénéficié d'un déparasitage et de l'administration de vitamines A, D3 et E.

Etant donné que l'association des jeunes agriculteurs dispose d'une fermette, l'embouche s'est déroulée en parc à stabulation au moyen de paille de brousse (0,35 UF et 30 g de MAD par kg de MS) complémentée par un concentré du commerce dosant 0,75 UF et 140 g de MAD par kg de concentré. Celui-ci a fait l'objet d'une distribution progressive jusqu'à la dose de 1,5 kg par 100 kg de poids vif et par jour.

Etant donné la proximité immédiate de l'ENSA, les pesées ont été effectuées dans les installations de cet organisme d'encadrement.

L'évolution des poids est consignée au tableau 3, tandis que le tableau 4 fournit le bilan financier de l'opération. Les taurillons utilisés lors de cette expérimentation sont nettement plus lourds que ceux embouchés sur parcours en saison pluvieuse, soit 204 kg pour un âge moyen de 2,5 ans, mais les rations de saison sèche ne permettent pas des GQM aussi élevés que ceux obtenus sur parcours naturels, soit 240 ± 170 g/jour. On constate cependant que les résultats pondéreux s'améliorent tout au long de l'expérience, de 170 g/jour au premier mois à 370 g/jour au troisième mois. Cela traduit essentiellement l'adaptation progressive des animaux à leur nouveau régime, ainsi que l'effet bénéfique d'une augmentation régulière de la quantité de concentré distribuée. Les écarts types affectant les moyennes s'avèrent cependant très élevés, ce qui démontre que ces éleveurs débutants auraient pu mieux choisir les sujets aptes à l'embouche sur leur aspect extérieur.

Malgré un marché de la viande bovine peu favorable en 1990/91, le profit moyen de 20 700 FCFA par taurillon est excellent pour une opération de courte durée. Une analyse détaillée des charges indique que l'achat des taurillons représente environ 70 pour cent des frais totaux. Le prix d'achat qui pourra être consenti pour cette catégorie de bovins maigres devra donc être raisonné en fonction du prix de vente espéré à l'issue de la phase d'embouche.

Les résultats obtenus montrent que l'opération spéculative a été parfaitement maîtrisée par les éleveurs: prix d'achat de 237 FCFA le kg vif et prix de vente de 404 FCFA le kg vif à l'occasion des fêtes religieuses.

En regard des faibles charges alimentaires supportées lors de l'embouche sur parcours, l'alimentation représente dans ce cas 25 pour cent de l'ensemble des frais. Dans cette appréciation, il faut tenir compte du fait que les pailles ont été achetées en grande partie par les éleveurs, au même titre que les concentrés; en effet, les éleveurs de ce village ne disposent plus de réserves fourragères. A l'avenir, ce poste pourrait être réduit grâce à la réalisation d'une jachère fourragère artificielle mise en réserve sous la forme d'un foin de qualité qui permettrait, en outre, d'améliorer les performances.

Conclusion

Les techniques d'embouche expérimentées avec succès en milieu villageois dans la région de Thiès au Sénégal tiennent compte du faible disponible en fourrage et exploitent judicieusement les variations de prix des bovins sur les marchés locaux.

L'opération réalisée en saison pluvieuse sur les parcours naturels utilise des jeunes animaux dont les besoins alimentaires sont aisément satisfaits sur des jachères peu productives. Le prix d'achat du kg de poids vif est systématiquement inférieur au prix de vente des animaux embouchés sur les marchés des grands centres urbains (Thiès et Dakar).

Plus spéculative, car elle profite des prix élevés obtenus lors des fêtes religieuses, l'embouche de courte durée pratiquée en saison sèche utilise des animaux plus âgés et plus lourds qui valorisent les pailles et les fanes.

En saison pluvieuse, les résultats techniques sont tributaires de la précocité et de la régularité des pluies qui conditionnent la production d'herbe. En saison sèche, ce sont les variations des prix du bétail qui sont déterminantes. Pour les deux modes d'embouche, les résultats techniques et financiers sont liés au niveau de technicité atteint par les éleveurs: bon choix des sujets sur les marchés et réussite du programme d'alimentation.

Lorsqu'elle est bien maîtrisée, l'embouche bovine garantit un profit très élevé pour l'agriculteur, en comparaison des revenus à la fois faibles et incertains procurés par les cultures de mil et d'arachide. Par ailleurs, la production de fumier n'a pas été prise en considération; elle représente pourtant la solution au maintien et à la restauration de la fertilité des sols de la région.

Pour l'instant les faibles ressources fourragères n'autorisent qu'un seul cycle d'embouche de deux taurillons par exploitation et par an. L'introduction de la jachère fourragère temporaire à Andropogon gayanus Kunth var. bisquamulatus dans la rotation est, pour l'avenir, la seule proposition sérieuse qui pourrait garantir l'extension de cette spéculation. En effet, eu égard à la haute productivité de cette graminée vivace en conditions soudano-sahéliennes (Dieng, Buldgen et Compère, 1991), un hectare de ce fourrage par exploitation permettrait de tripler la capacité d'accueil en taurillons tout en améliorant la fertilité des sols sous jachère.

2. Bilan financier de la spéculation d'embouche de taurillons conduite en saison pluvieuse sur les parcours naturels du bassin arachidier sénégalais par les villageois

Balance sheet for the village bull-calf fattening campaign during the rainy season on natural pastures in the Senegalese groundnut basin

Balance de las operaciones de engorde de terneros durante la estación de lluvias en las espacios naturales de la cuenca del maní del Senegal

Rubriques

1988

1989

1990

Moyenne


(FCFA par taurillon)

Charges





Achats des animaux

50 600 ± 3 700

45 000 ± 2 600

46 000 ± 4 600

47 200 ± 3 700

Frais d'alimentation (concentré)

19 200 ± 3 500

3 100 ± 2 100

2 500

8 300 ± 2 800

Frais vétérinaires

1 800 ± 500

1 600 ± 800

1 200

1 600 ± 700

Frais divers

2 300 ± 900

1 000 ± 800

1 200

1 500 ± 800

Total

73 900 ± 2 100

50 700 ± 1 600

50 900 ± 4 600

58 600 ± 2 800

Produits (vente du bétail)

101 500 ± 11 600

88 000 ± 15 300

66 800 ± 14 400

85 400 ± 13 800

Profits

27 600 ± 12 500

37 300 ± 13 700

15 900 ± 10 000

26 800 ± 12 000

3. Résultats techniques de l'opération d'embouche de taurillons en saison sèche à Peyckouk-Touba

Technical results of the bull-calf fattening operation during the dry season at Peyckouk-Touba

Resultados técnicos de la operación de engorde de novillos durante la estación seca en Peyckouk-Touba

Paramètres

Résultats

Nombre de taurillons

19

Date de début de l'opération

9 janvier 1991

Age moyen des taurillons (années)

2,5 ± 1,1

Poids moyen de départ (kg)

204 ± 30

Deuxième pesée:


Poids moyen (kg)

210 ± 34


Durée de la période (jours)

35


GQM (g)

170 ± 190

Troisième pesée:


Poids moyen (kg)

216 ± 35


Durée de la période (jours)

29


GQM (g)

210 ± 270

Quatrième pesée:


Poids moyen (kg)

226 ± 37


Durée de la période (jours)

27


GQM (g)

370 ± 350

Performances moyennes:


Durée de la période (jours)

91


GQM (g)

240 ± 170

Contrôle des performances de croissance à l'aide d'une bascule mobile tractée par un véhicule - Measuring performance using mobile scales towed by a van - Control de los resultados del crecimiento con ayuda de une báscula móvil transportada en un vehículo

Jeunes taurillons en fin de période d'embouche au pâturage au cours de la saison pluvieuse - Young males at the end of the fattening period on pasture during the rainy season - Novillos al final del período de engorde pastando durante la estación de lluvias

4. Bilan financier de l'opération d'embouche bovine de saison sèche à Peyckouk-Touba

Balance sheet for the bull-calf fattening operation during the dry season at Peyckouk-Touba

Balance de las operaciones de engorde de vacunos durante la estación seca en Peyckouk-Touba

Rubriques

FCFA

Charges


Achats de taurillons

48 400

Frais d'alimentation

18 100

Frais vétérinaires

1 500

Frais divers (réparations, petit matériel, éclairage, gardiennage, etc.)

2 600

Total

70 600

Produits (vente du taurillon)

91 300

Profits

20 700

Références

Buldgen, A., Lemal, D. et Steyaert, P. 1990. Engraissement de taurillons et de mâles de race Gobra à partir de sous-produits agro-industriels mélassés au Sénégal. Tropicultura, 8(3): 107-111.

Calvet, H., Valenza, J., Friot, D. et Wane, A.M. 1973. La graine de coton en embouche intensive. Performances comparées des zébus, des taurins et des produits de leur croisement. Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 26(3): 349-362.

Compère, R., Buldgen, A. et Lemal, D. 1990. La jachère de courte durée du bassin arachidier sénégalais. Bull. Rech. Agron. Gembloux, 25(3): 357-372.

Denis, J.P. et Valenza, J. 1971. Extériorisation des potentialités génétiques du zébu peuhl sénégalais (Gobe). Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 24(3): 409-418.

Denis, J.P., Valenza, J. et Thiongane, A.I. 1972. Extériorisation des potentialités du zébu Gobra. Résultats des abattages pratiqués en 1971. Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 25(2): 245-257.

Denis, J.P., Valenza, J. et Thiongane, A.I. 1974. Extériorisation des potentialités du zébu Gobra. Résultats des abattages pratiqués en 1972. Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 27(1): 109-114.

Dieng, A., Buldgen, A. et Compère, R. 1991. La culture fourragère temporaire d'Andropogon gayanus Kunth var. bisquamulatus en zone soudano-sahélienne sénégalaise. 3. Influence du système d'exploitation sur la production de fourrage. Bull. Rech. agron. Gembloux, 26(3): 337-349.

Freeman, P. 1983. Régénération des terres et intensification de l'agriculture dans le bassin arachidier au Sénégal. Nouvelles de l'Ecodéveloppement, MSH-CIRED, 26-27: 17-48.

Lombard, J. 1987. Systèmes de production et autosuffisance céréalière en pays Serer (Sénégal). ORSTOM, Cah. Sci. hum., 23(3-4): 471-480.

Ministère français de la coopération. 1976. Cartographie des pays du Sahel. Paris.

Steyaert, P., Buldgen, A. et Compère, R. 1989. Embouche intensive des taurillons de race Gobra à l'aide de sous-produits agricoles en provenance de la vallée du fleuve Sénégal ou d'ensilage de mil complémenté. Bull. Rech. agron. Gembloux, 24(3): 297-313.

Valenza, J., Calvet, J. et Orue, J. 1971. Engraissement des zébus peuhl sénégalais (Gobe). 1re partie: mâles entiers - 3 à 5 ans - poids moyen 255 kg. 2e partie: mâles castrés - 7 à 10 ans - poids moyen 330 kg. Rev. Elev. Méd, vét. Pays trop., 24(1): 79-109 et 111-124.


Previous Page Top of Page Next Page