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3. CADRE ADMINISTRATIF ET INSTITUTIONNEL DU SECTEUR DES PECHES

3.1 Administration des pêches et de la pisciculture

Au cours de la dernière décennie, l'administration des pêches et de la pisciculture a souvent changé de Ministère de tutelle. De 1984 à 1986, il existait un Ministère de la pêche et de la pisciculture. En 1986, conformément au Décret No 86/881 portant attribution et réorganisation du Ministère de l'industrie et de la pêche, les deux sous-secteurs ont été séparés, le sous-secteur de la pisciculture ayant été rattaché au Ministère du développement rural. Depuis peu, la Direction Générale des pêches (DGP) est sous la tutelle du Ministère des eaux et forêts et de la pêche. La Direction de la pisciculture est rattachée quant à elle au Ministère de l'agriculture et de l'élevage.

La DGP comprend actuellement quatre Directions centrales à Brazzaville, et cinq Directions régionales, employant au total 214 agents.

Au niveau central, la DGP comprend les Directions suivantes: pêche maritime (32 cadres); Pêche continentale (24 cadres); Législation (19 cadres); et Affaires administratives et financières.

Les Directions décentralisées sont présentes dans chaque région, sauf dans la Bouenza et la Sangha: Niari, 22 cadres; Cuvette, 7 cadres; Plateau, 5 cadres; Brazzaville, 19 cadres; Kouilou, 27 cadres. La distribution des effectifs ne semble pas en rapport avec les zones de développement potentiel de l'activité. En outre, la structure des Directions est variable en l'absence d'organigramme précis. A titre d'exemple la Direction régionale de la pêche au Kouilou (Pointe-Noire) comprend 4 Bureaux techniques: Inventaire et aménagement des ressources; Pêche industrielle; Pêche artisanale; et Commercialisation et contrôle sanitaire des produits. Au niveau des autres provinces, les Directions régionales des eaux et fôrets comprennent, pour la plupart, un service ou unité des pêches, avec quelquefois un cadre spécialiste du secteur. Dans ce contexte, une révision complète de l'organigramme serait envisagée.

Pour la région de Mokassa, l'Office national des pêches continentales (ONAPEC) a été créé en 1987, en appui à un projet de développement des pêches dans la Cuvette, financé par le FIDA. L'ONAPEC était chargé jusqu'en 1992, date à laquelle il a été dissout, de tous les aspects liés à l'encadrement de la production et de la commercialisation des produits de la pêche continentale.

Les principales activités des Directions décentralisées sont en principe le suivi statistique, la collecte des taxes et la vulgarisation. En pratique, les activités de vulgarisation sont pratiquement inexistantes, faute de moyens logistiques, de budgets, et de motivation suffisants. La collecte et le traitement des statistiques souffrent des mêmes carences. Par conséquent, l'activité principale des Directions décentralisées tend à se concentrer sur la collecte des taxes.

La Direction générale de la pisciculture a été marquée ces dernières années par une certaine instabilité ayant, de 1981 à 1991, changé quatre fois de ministère de tutelle. Elle est constituée actuellement de 3 services techniques:

- Promotion, chargé de la recherche;

- Aménagement hydraulique, chargé de la gestion et de l'exploitation de trois stations piscicoles princi- pales et des sept stations secondaires;

- Vulgarisation, subdivisé en secteurs, chargé de l'encadrement des pisciculteurs.

La Direction comprend environ 150 agents, dont un tiers est basé à Brazzaville. Au niveau régional, la Direction est représentée, dans 45 Districts, par des chefs de Division piscicole assistés, selon les cas, de quelques agents chargés de la vulgarisation. Ces chefs de Division proviennent souvent de la Direction de l'élevage, et n'ont qu'une formation partielle en pisciculture. Depuis le début de l'année 1991, les agents sont assistés par 20 volontaires du Corps de la Paix, supportés financièrement par l'USAID, pour encadrer les pisciculteurs ruraux.

3.2 Recherche et Formation

Dans le sous-secteur de la pêche maritime, la recherche a été confiée au Centre ORSTOM de Pointe-Noire, créé en 1950. Dans les années 60 et 70, les recherches ont porté principalement sur les fonds marins, les conditions physico-chimiques et la productivité du milieu marin. La biologie des principales espèces halieutiques a été également étudiée, avec l'aide du navire océanographique "André Nizery".

Jusqu'en 1985, le Centre a concentré ses activités sur un programme d'océanographie biologique et physique, portant notamment sur la dynamique des populations et la gestion des stocks. Actuellement, le Centre ORSTOM a réorienté ses priorités en faveur de l'agriculture. Dans le domaine de la pêche, seul subsiste un programme aux moyens financiers et matériels limités, portant sur le suivi socio-économique de la pêche artisanale, principalement Vili. Ce programme vient également en appui au projet de développement de la pêche artisanale de Matombi.

Il est à noter par ailleurs qu'une proposition de projet de recherche sur "l'incidence des mécanismes socio-économiques d'autorégulation de l'effort de pêche sur la conservation des ressources halieutiques et la préservation de la diversité biologique" a été élaborée en 1993 par le Centre de Pointe-Noire.

Pour la pêche continentale, il n'existe pas d'institution ou de programme de recherche spécifique. Jusqu'en 1991, le projet "Développement des pêches dans la cuvette congolaise", appuyé par l'ONAPEC, a conduit divers travaux de recherche appliquée. Les recherches ont porté notamment sur la diversification des techniques et engins de pêche (taux d'armement, introduction de sennes de plage, rapports lests/flotteurs sur les filets maillants, etc.), l'introduction de fours chorkor pour améliorer la qualité du poisson fumé et réduire les pertes après captures, l'introduction de dessicateurs solaires, et l'amélioration des techniques traditionnelles pour le séchage. Avec la suspension du projet, ces recherches n'ont toutefois pas permis d'aboutir à une diffusion des résultats sur l'ensemble des pêcheries continentales.

En matière de recherche pour la pisciculture, la principale institution compétente est la Station de recherche piscicole de Djoumouna (44 étangs et une porcherie), construite en 1953. Cette station est en outre appuyée par une quinzaine de stations secondaires (centres d'alevinage) distribuées dans les régions, comprenant des cadres supérieurs et des techniciens. Les principaux centres d'alevinage ont été assistés, entre 1981 et 1991, par le Projet PNUD/FAO de "Développement de la pisciculture rurale", basé dans les régions du Pool et de la Bouenza.

Les recherches ont porté essentiellement sur l'augmentation des productions des stations piscicoles d'Etat gérées par le projet. La Station de Djoumouna manque singulièrement de moyens de fonctionnement depuis 1991. Le matériel est obsolète (fuites au niveau des étangs principaux, ...), et la station ne peut plus, ni poursuivre des recherches, ni organiser des activités de vulgarisation. La station de Djoumouna pourrait être réhabilitée et transformée progressivement en un pôle d'excellence pour la recherche piscicole. Les centres d'alevinage pourraient être quant à eux privatisés.

En matière de recherche piscicole, des recherches empiriques ont été conduites récemment par des investisseurs privés sur la reproduction du Missala (Macrobrachium vollenhovenii), en vue notamment de lancer un projet pilote commercial d'élevage de cette crevette d'eau douce en milieu naturel, dans la région du Niari (Kibangou). Des recherches avaient été initiées sur cette espèce à la station piscicole de Djoumouna en 1986, mais avaient dû être abandonnées en raison de l'acidité trop élevée de l'eau.

En ce qui concerne la formation, il n'existe pas d'institutions spécialisées permettant d'assurer une formation en pêche et pisciculture au niveau national. L'Institut du développement rural (IDR) assure toutefois quelques cours en pisciculture. La plupart des cadres de la DGP ont été formés dans l'ex-Union soviétique, principalement en technologie des pêches et du froid. Peu d'entre eux ont beneficié de cours de recyclage ou de formation dans des domaines clés tel que l'aménagement des pêcheries. Plus récemment, des agents ont suivi des formations, notamment au Canada et en Italie, mais celles-ci ont rarement été en adéquation avec les besoins spécifiques de formation d'experts congolais.

Les besoins en recyclage et spécialisation des cadres de l'administration des pêches sont importants, et nécessiteraient d'être évalués avec précision, en fonction des politiques et priorités sectorielles du Gouvernement.

En dehors des activités de vulgarisation menées dans le cadre des projets de Matombi et de la Cuvette, les pêcheurs et les transformatrices de poisson n'ont pratiquement jamais bénéficié de formation pratique.

3.3 Crédit

Au Congo, il n'existe pas d'institution spécialisée dans le crédit maritime. Un nombre croissant de sociétés d'armements de pêche industrielle seraient lourdement endettées compte tenu notamment de taux d'interêt pouvant s'élever jusqu'à 21%. Dans ce contexte, le recours au crédit bancaire tend à être utilisé pour soulager à court terme la trésorerie plutôt que pour financer des investissements.

En pêche maritime artisanale, les pêcheurs béninois ont développé un système très performant de crédit/épargne traditionnel au sein de chaque compagnie de pêche. En revanche, on ne connaît pas de système similaire chez les pêcheurs Vili, probablement en raison de la faiblesse des revenus et du manque de tradition dans ce domaine au sein de la communauté. Le financement des investissements (pirogues, filets) provient en général d'activités non liées à la pêche.

Jusqu'à présent, aucun armateur industriel n'a investi, ou fourni des crédits, pour la pêche artisanale. Depuis peu, suite à la libéralisation de l'économie, un nombre croissant de privés - principalement des retraités - seraient prêts à investir dans cette activité, avec ou sans soutien de crédit institutionnel.

En pêche continentale, les problèmes de crédit sont similaires à ceux de la pêche maritime artisanale. Les pêcheurs et commerçants de la Cuvette n'ont pratiquement aucune tradition de recours au crédit, qu'il soit institutionnel ou informel (système de tontines, ...). L'autofinancement et l'épargne sont les deux seuls modes de financement des activités, à moins de recourir à une aide familiale. Un système de crédit pilote pour la pêche continentale avait été prévu dans le cadre des activités de l'ONAPEC, mais celles-ci sont à l'heure actuelle suspendues.

Le développement de systèmes de crédit institutionnel pour le secteur de la pêche continentale permettrait, en particulier, aux petites sociétés privées de commercialisation du poisson frais, d'investir dans des infrastructures (congélateurs domestiques, groupes électrogènes) ou du matériel de transport (petits bateaux rapides, ...) adéquats. Ces sociétés pourraient ainsi contribuer au désenclavement des zones de pêche.

Des bailleurs de fonds (PNUD, CEE) ont récemment signé des accords pour la mise en oeuvre des programmes de développement du secteur privé, de l'entreprenariat et des PME/PMI. Ces programmes pourraient prendre en compte à l'avenir les besoins des opérateurs du secteur des pêches.

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