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Livres


Quelques techniques de lutte phytosanitaire
Carnets de lecture
Culture négligée

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Quelques techniques de lutte phytosanitaire

Crop protection strategies for subsistence farmers

Crop protection strategies for subsistence farmers, sous la direction de Miguel Altieri, Intermediate Technology Publications, 103 Southampton Row, Londres WC1B 4HH, Royaume-Uni, 1993, 197 pages, ISBN 1-85339-205-7, broché, 14, 95 livres sterling.

Le succès de la lutte phytosanitaire a été essentiel pour obtenir les très élevés rendements agricoles des trente dernières années, tant dans les pays industrialisés du Nord que dans le Sud en développement. Les pesticides chimiques en ont été l'outil principal. Sans eux, on n'aurait probablement pas assisté à la surabondance de blé et de maïs dans le Nord, ni à la Révolution verte qui a permis à plusieurs pays du Sud d'atteindre l'autosuffisance alimentaire.

Mais le coût a été élevé, prohibitif selon certains: pollution des eaux, souffrances, morts, atteintes à la biodiversité, hausse des coûts et dépendance accrue des agriculteurs envers des importations onéreuses. Les paysans pratiquant l'agriculture de subsistance sur des terres pauvres n'ont guère eu recours aux pesticides, mais subissent les conséquences de l'emploi de ces produits par leurs voisins. Les rares petits exploitants pouvant se les permettre sont généralement tellement impressionnés par la diminution spectaculaire initiale des dégâts sur les cultures qu'ils sont tentés d'utiliser toujours plus de produits chimiques, dilapidant ainsi leur précieux capital tout en rendant toxiques les eaux souterraines. S'y ajoutent d'autres problèmes: appareils de pulvérisation souvent mal entretenus, présence dans le Sud de substances chimiques interdites dans le Nord pour des raisons de santé, instructions et avertissements incompréhensibles pour les paysans.

Non pas qu'il faille condamner d'emblée les pesticides: une place leur est réservée dans tout programme de Lutte intégrée contre les ravageurs (LI), combinée avec d'autres mesures. Mais un emploi efficace et saris danger demande des connaissances qui font défaut à maints petits exploitants.

Moins dangereuses sont les nombreuses méthodes de lutte phytosanitaire de type biologique, mécanique et de planification - basées sur une longue tradition ou assez récentes - qui sont présentées dans ce précieux ouvrage du célèbre Intermediate Technology Group anglais.

Une profusion de détails

Miguel Altieri fait plusieurs observations utiles sur les techniques de la LI, par exemple, laisser canards et oies gober les insectes ou partiquer l'injection - laborieuse mais efficace - de pesticide dans l'épi de maïs. Comme ses collaborateurs, Altieri décrit ces pratiques avec une profusion de détails qui permet de les comprendre aisément et de les mettre en pratique. Alors que trop de livres ne sont utiles qu'au lecteur ayant accès aux ouvrages cités en référence, celui-ci, tout en proposant une riche bibliographie, n'omet pas d'expliquer avant tout comment faire les choses.

On estime que dans nombre de régions, 10 à 30 % des récoltes sont détruites par des insectes nuisibles. Or la simple présence ou absence de ravageurs n'est pas toujours le facteur-clé: la malnutrition des plantes, la présence de mauvaises herbes, des conditions climatiques adverses, etc. sont autant de facteurs qui rendent les plantes plus sensibles à l'invasion d'insectes. Et certains agriculteurs, à la vue de quelques insectes, pulvérisent inutilement, alors que les plantes pourraient résister par voie naturelle.

Les techniques agricoles ancestrales - rotation et cultures intercalaires - ont notamment joué un rôle-clé dans la lutte contre les ravageurs et les mauvaises herbes. Dans les champs de maïs du Mexique, les fermiers distinguent quelque 40 espèces adventices, dont la moitié sont "mauvaises", l'autre "bonnes"; ces dernières sont utilisées à diverses fins (nourriture, médicaments, fourrage, amélioration des sols, etc). Quelques-unes hébergent les ennemis naturels des ravageurs et doivent donc être conservées. Pulvériser un champ de pesticide ou d'herbicide chimique, comme le préconisent les défenseurs de la monoculture intensive, tuerait bonnes et mauvaises herbes, sans distinction.

Les poissons mangent insectes et larves et peuvent donc faire partie de l'arsenal LI. A preuve, ils étaient utilisés il y a 2000 ans dans les rizicultures inondées en Chine. Introduits par rotation annuelle, ils contribuent à la lutte contre les ravageurs, tout en offrant au paysan un supplément alimentaire et une culture de rapport. Les excréments des poissons nourrissent les plantes et leurs mouvements oxygènent l'eau. Mais cette pratique était incompatible avec la stratégie initiale de la Révolution verte: les pesticides tuent les poissons et certaines variétés modernes de riz à haut rendement mûrissent trop rapidement pour que les poissons atteignent une taille commercialisable. Les nouvelles variétés résistantes de riz ont permis un essor de la pisciculture dans certaines régions (Indonésie, Thaïlande et Chine), avec des résultats stimulants: des rendements de plus de 500 kg/ha, sans diminution apparente de la productivité du riz.

Les techniques de lutte contre les ravageurs abordées dans ce livre sont: la phytogénétique, les pratiques culturales, l'utilisation d'autres organismes prédateurs microbiens et viraux et les pesticides naturels. Aucune méthode n'est idéale, toutes ont un rôle à jouer. Les auteurs indiquent la nécessité d'études plus poussées - en laboratoire et sur le terrain - où le savoir des autochtones doit être exploité. Ils recommandent pour la LI une approche holistique, faisant partie intégrante de la recherche sur les systèmes d'exploitation et mise en oeuvre avec la pleine participation des agriculteurs locaux.

John Herbert

Carnets de lecture

Plants, genes and agriculture

Plants, genes and agriculture, de Maarten J. Chrispeels et David Sadava, Jones and Bartlett Publishers, P.O. Box 1498, Londres W6 7RS, Grande-Bretagne, 1994, 478 p., ISBN 0-86720-871-6 (relié), 50 dollars.

Très clair, bien agencé et approfondi, ce traité sur la phytogénétique et sa place dans l'agriculture pourra servir de texte introductif aux cours d'études supérieures donnés en anglais, ou d'ouvrage de référence pour les cours donnés dans d'autres langues. Illustré de tableaux, diagrammes et photographies, il ne traite pas seulement de phytogénétique - notamment de ses applications biotechnologiques - mais également du milieu social et naturel requis pour l'amélioration des plantes et la biogénétique. Y sont abordés la dynamique démographique, les besoins nutritionnels, les systèmes d'exploitation agricole, la phytogénétique, la biologie végétale et la biochimie, le rôle de l'énergie dans les systèmes de culture, la nutrition et la microbiologie des sols, l'histoire de la Révolution verte, les ravageurs et agents pathogènes, la lutte contre les ravageurs et le génie phytogénétique. La Révolution verte ne sera durable qu'en alliant les techniques d'amélioration moléculaire des cultures et les approches organiques traditionnelles, ignorées dans les actuels systèmes de production industrielle à fort apport d'intrants. Avec index et bibliographie.

Environmental problems in Third World cities

Environmental problems in Third World cities, de Jorge Hardoy, Diana Mitlin et David Satterthwaite, Earthscan Publications Ltd., 120 Pentonville Road, Londres N1 9JN, Royaume-Uni, 1993, 302 p., ISBN 1-85383-146-8 (broché), 12.95 livres sterling.

Les problèmes environnementaux dans les villes du Tiers monde sont destinés à augmenter; la sévérité des programmes d'ajustement structurel et l'aggravation des déséquilibres commerciaux à la suite du nouvel accord du GATT chassent de leurs terres de plus en plus de familles d'agriculteurs. Affluant dans des zones urbaines mal préparées à les recevoir, ces migrants se retrouvent confrontés à une série de maladies et de troubles liés à l'environnement, causant chaque année des millions de décès évitables. Dans maints bidonvilles, la mortalité infantile est de 40 à 50 fois plus élevée qu'en Europe ou en Amérique du Nord. Cet ouvrage analyse les écosystèmes urbains, la santé humaine et les problèmes, surtout politiques, qui mènent à la pollution (eau, air, bruit), au déversement de déchets toxiques, au manque d'hygiène et à la dégradation générale des conditions de vie urbaine. Il propose des solutions pratiques pour les symptômes et pour les causes. Index et bibliographie inclus.

Bilan hydrique agricole et sécheresse en Afrique tropicale

Bilan hydrique agricole et sécheresse en Afrique tropicale, sous la direction de F-N Reyniers et L. Netoyo, Editions John Libbey Euro-text, 6 rue Blanche, 92120 Montrouge, France, 1994, 415 p., ISBN 27420-0022-4 (broché), 341 FF (187 FF pour l'Afrique).

Cet ouvrage examine l'influence du climat sur l'agriculture en Afrique tropicale, dans des conditions semi-arides. Les lamentations sur la sécheresse y sont écartées au bénéfice de propositions pratiques pour mieux utiliser les rares précipitations. Cette approche constructive se fonde sur plus de 20 ans de recherches et sur l'évaluation des flux hydriques dans les cultures de climat soudano-sahélien. Des méthodes de diagnostic des risques basées sur divers indicateurs écophysiologiques sont proposées, pour une adoption au niveau des plantes, parcelles, bassins versants ou régions. Les contributions, notamment celles du CIRAD et de l'ORSTOM (présentées durant un séminaire international à Bamako, en décembre 1991), analysent les phases du cycle de l'eau, expliquant les interactions entre l'utilisation de l'eau et les choix technologiques dans l'écosystème tropical.

Illustré de tableaux, diagrammes, avec bibliographie. Sans index.

Beyond farmer first

Beyond farmer first: rural people's knowledge, agricultural research and extension practice, préparé par Ian Scoones et John Thompson, Intermediate Technology Publications Ltd., 103/105 Southampton Row, Londres WC1 B4HH, Grande-Bretagne, 1994, 301 p., ISBN 1-85339-250-2 (broché), 4,74 livres sterling.

Le succès de la philosophie de Farmer First a conduit à de grands changements dans les sciences agricoles, surtout en matière de vulgarisation. Pour beaucoup, cette perspective populaire était un pas dans la bonne direction; pour d'autres, son approche orientée vers la performance n'arrivait pas à saisir tes dimensions culturelles, sociales et politiques de la genèse, de l'innovation, de la transmission et de l'application des connaissances, dans la société rurale et dans les organismes scientifiques. Ce livre dépasse les limitations de Farmer First par l'étude du processus de la recherche et de la vulgarisation agricoles - un processus marqué par des choix, des exclusions, des alliances et par l'imposition d'opinions. Il décrit le développement agricole comme un processus essentiellement idéologique et politique et précise qu'une révision radicale de l'interaction entre savoir, pouvoir et science agricole est en cours.

Avec index et bibliographie.

Culture négligée

"Classer dans les mauvaises herbes une espèce utile contribue à sa disparition, et l'espace laissé aux connaissances indigènes se réduit d'autant. "

Interprétation libre d'une phrase de Vandana Shiva

LUPIN (Lupinus sp.) Probablement venu d'Asie, le lupin était jadis cultivé comme plante alimentaire. Sa graine est particulièrement riche en protéines (plus de 50 %) et en hydrates de carbone; mais il n'est comestible qu'après cuisson dans l'eau bouillante afin d'éliminer goût amer et alcalis.

Le lupin pousse spontanément dans divers types de sols, terres arides et incultes ou maquis (en général des sols acides). Les Egyptiens le cultivaient et il a connu également des heures de gloire sous les anciens Romains et au Moyen-Age.

L. angustifolius

Certaines espèces comme le tarwi (Lupinus mutabilis), utilisées pour l'alimentation, proviennent du continent américain où elles prospèrent dans les hauteurs des Andes. Les espèces de la côte pacifique nord nous ont offert quant à elles des variétés ornementales aux fleurs bleues, jaunes, blanches ou pourpres.

L. luteus

Le lupin sauvage qui pousse dans l'état de New York (Lupinus perennis) donne abri à toute une population de papillons menacée de disparition, les Lycaeides melissa samuelis. Cet insecte a choisi un habitat sablonneux du nom de Pine Barrens. Les chênes et les pins qui survivent au milieu de ces dunes sont régulièrement la proie des incendies. Le lupin sauvage est en effet une "plante du feu", qui envahit rapidement les clairières dès que le reste de la végétation a brûlé; il est alors la seule source de nourriture pour les chenilles de Lycaeides.

Légume

Texte et illustration de Marisa Ceccarelli


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