Angola

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DONNEES PHYSIQUES ET POPULATION

L'Angola, dont la superficie totale est de 1246 700 km², est dominé par un vaste plateau s'étageant entre 1 000 et 1500 m d'altitude et couvrant 63% du territoire national. Une étroite plaine côtière se développe sur 1 500 km le long de l'océan Atlantique.

La population totale de l'Angola était estimée à un peu plus de 10 millions d'habitants en 1994, dont un tiers serait urbaine. Le taux de croissance démographique est estimé à quelque 2,8% par an. La densité de population est faible (8 hab./km²) mais elle est concentrée principalement dans 5 des 18 provinces du pays, où elle dépasse fréquemment 30 hab./km². La population agricole représente environ 60% de la population totale.

La production pétrolière représente 55% du PIB, l'industrie, la construction et les services 30% et l'agriculture moins de 15% (le chiffre de 7% est cité pour 1994). Cette. situation s'explique en grande partie par l'instabilité due à la guerre qui affecte directement l'agriculture depuis 20 ans.

Climat et ressources en eau

L'Angola se trouve dans la région équatoriale mais son climat est tempéré par le courant froid de Benguela et par l'altitude. La précipitation moyenne est de 1 050 mm/an, mais varie entre plus de 1 500 mm/an au nord du pays et sur les hauts plateaux et moins de 100 mm/an dans la bande côtière. Les températures moyennes annuelles oscillent entre 16° et 30°C.

Les régimes hydrologiques des principales rivières sont assez mal connus. Le débit spécifique des rivières est de l'ordre de 5 l/s par kilomètre carré, soit un écoulement total moyen de 184 km³ par an. louant le rôle de château d'eau, l'Angola fournit de l'eau à tous les pays voisins et n'en reçoit pas.

TABLEAU 1
Caractéristiques du pays et population

Superficie du pays 1994 124 670 000 ha
Superficie cultivable   - ha
Superficie cultivée 1994 2 900 000 ha
Population totale 1990 10 674 000 hab.
Densité de population 1990 8 hab./km²
Population rurale 1990 67 %
Accès à l'eau potable    
Population urbaine 1991 71 %
Population rurale 1985 15 %

Angola

TABLEAU 2
Bilan hydrique

Ressources en eau:      
Précipitations moyennes   1 052 mm/an
    1311,2 km³/an
Ressources en eau renouvelables internes - totales   184,0 km³/an
Ressources en eau renouvelables internes - par habitant 1994 17 200 m³/an
Ressources en eau renouvelables globales   184,0 km³/an
Indice de dépendance   0 %
Capacité totale des barrages   - km³
Eau désalinisée 1990 0,14 10 6 m³/an
Prélèvements en eau:      
- Agriculture 1987 365 10 6 m³/an
- Collectivités 1987 67 10 6 m³/an
- Industrie 1987 48 10 6 m³/an
Total   480 10 6 m³/an
par habitant 1987 57 m³/an
en % des ressources renouvelables internes   0,3 %
Autres prélèvements   - 10 6 m³/an
Eaux usées:      
Production     10 6 m³/an
Traitement   - 10 6 m³/an
Réutilisation des eaux usées traitées   - 10 6 m³/an

TABLEAU 3
Irrigation et drainage

Potentiel d'irrigation 1992 6 700 000 ha
Irrigation:      
1. Irrigation, maîtrise totale/partielle: superficie équipée 1974 75 000 ha
- irrigation de surface   - ha
- irrigation par aspersion   - ha
- micro-irrigation   - ha
Partie irriguée à partir des eaux souterraines 1974 0 %
Partie irriguée à partir des eaux de surface 1974 100 %
Partie de la superficie équipée réellement irriguée 1994 29 %
2. Superficie irriguée par épandage de crues   - ha
3. Marais et bas-fonds équipés   - ha
4. Autres marais et bas-fonds cultivés 1974 350 000 ha
5. Superficie en cultures de décrue   - ha
Superficie totale avec contrôle de l'eau (1 + 2 + 3 + 4 + 5) 1974 425 000 ha
- En pourcentage de la superficie cultivée 1974 15 %
- Augmentation sur les 10 dernières années   - %
- Partie irriguée par pompage   - %
Gestion des périmètres en maîtrise totale/partielle: Critère    
Grands périmètres > - ha - ha
Périmètres moyens   - ha
Petits périmètres < - ha - ha
Nombre total de ménages 1974 250 000  
Cultures irriguées:      
Production totale de céréales irriguées   - t
en % de la production totale de céréales   - %
Cultures irriguées (maîtrise totale/partielle)   - ha
- canne à sucre 1972 12 500 ha
- tabac 1972 9 100 ha
- bananes 1972 7 700 ha
- agrumes 1972 3 500 ha
Drainage - Environnement:      
Superficie drainée   - ha
en % de la superficie cultivée   - %
Superficie protégée contre les inondations   - ha
Superficie salinisée par l'irrigation   - ha

Dans sa partie centrale, le plateau est entaillé par des vallées à fonds plats, souvent marécageuses. La transition rapide du plateau à la plaine côtière offre un potentiel considérable pour la création de réservoirs et l'hydroélectricité. Les sites de barrages sont nombreux. La morphologie du réseau hydrographique de l'Angola se prête donc bien à l'exploitation des ressources hydrauliques pour la production d'énergie, la fourniture d'eau d'irrigation, l'alimentation en eau des populations, les industries et la pêche en eaux intérieures. La mise en valeur des basses vallées des fleuves est cependant souvent conditionnée par la régularisation du débit des cours d'eau.

En 1985, on estimait à 15% les populations rurales ayant accès à l'eau potable. On recensait en 1991 plus de 2 000 forages réalisés en milieu rural pour l'alimentation des populations et des animaux, principalement dans le sud aride (Cunene, Huila et Namibe). Les prélèvements totaux en eau étaient évalués à 0,48 km³ en 1987 (figure 1), dont 0,37 km³ pour l'agriculture, ce qui ne concerne probablement que les périmètres en maîtrise totale/partielle.

DEVELOPPEMENT DE L'IRRIGATION

Les ressources en eau et en sols offrent un potentiel immense pour l'irrigation, qui peut être estimé à plusieurs millions d'hectares. Les superficies irrigables déjà répertoriées s'élèvent à 420 000 ha dont 163 000 sont théoriquement irrigables à partir des barrages existants.

Aucune donnée statistique récente n'est disponible sur les superficies avec contrôle de l'eau. Le chiffre de 75 000 ha pour la superficie équipée en maîtrise totale/partielle en 1974 ne tient pas compte de la surface mise en valeur par les petits aménagements ni de l'irrigation traditionnelle.

On peut en effet distinguer deux types d'irrigation (figure 2):

  1. L'irrigation "moderne" sur les superficies équipées en maîtrise totale/partielle, presque exclusivement au bénéfice des colons portugais avant l'indépendance. Environ 75 000 à 80 000 ha étaient recensés en 1974 et les superficies encore exploitées en 1991 étaient estimées entre 10 000 et 30 000 ha (figure 3);
  2. L'irrigation "traditionnelle" ou "informelle", les cultures de bas-fonds sans ouvrages durables, gérées par les populations locales, et qui auraient représenté, avant l'indépendance, jusqu'à 350 000 ha et concerné plus de 250 000 familles, principalement sur le plateau central.

FIGURE 1: Prélèvements en eau (total: 0,48 km³ en 1987)

FIGURE 2: Répartition des superficies avec contrôle de l'eau (1974)

Avant l'indépendance en 1975, l'Etat avait investi dans de grands barrages pour la production d'électricité et l'aménagement de grands périmètres hydro-agricoles. A l'indépendance, 8 grands barrages étaient construits, 5 en cours de construction, et 19 à l'étude. Les grands aménagements étaient destinés à l'irrigation des cultures industrielles (canne à sucre, bananes) et, plus généralement, à l'irrigation de périmètres situés dans des zones de colonisation portugaise. Ils furent implantés surtout dans les plaines alluviales et les vallées des fleuves Dande, Bengo, Cuanza, Catunbela, Cavaco, Caporolo et Cunene. A l'indépendance, on comptait également de très nombreux ouvrages de petite hydraulique agricole: prises en rivières, barrages collinaires, stations de pompage sur les cours d'eau ou les lacs. Les périmètres qu'ils desservaient pouvaient atteindre plusieurs centaines d'hectares.

Avant l'indépendance, l'irrigation de surface était largement majoritaire, l'aspersion n'étant pratiquée que sur des superficies négligeables. La gestion de l'eau sur les grands périmètres était assurée par des techniciens spécialisés; sur les petits périmètres, les colons contrôlaient eux-même la gestion de l'eau. En 1980, on comptait 900 ha d'irrigation par aspersion dans la province de Luanda (maraîchage). Il était également prévu d'aménager 4 000 ha en aspersion pour le coton et 250 ha pour l'ananas.

A l'indépendance, les grandes exploitations ont été expropriées et nationalisées, ainsi que la plupart des terres des colons qui avaient quitté le pays. Le départ soudain des techniciens qualifiés s'est traduit par une baisse de qualité dans la gestion des périmètres: pilotage inadéquat des irrigations, dégradation des terres, engorgement des terres basses, problèmes d'entretien. Le manque de techniciens d'irrigation est encore à l'heure actuelle considéré comme une contrainte majeure au développement de l'irrigation.

En ce qui concerne les cultures irriguées, les statistiques agricoles de 1971-72 mentionnaient la canne à sucre, le tabac, les bananes et les agrumes (pour un total de 33 000 ha) ainsi qu'une partie des cultures de coton, de blé, de riz, de palmiers à huile, d'arbres fruitiers, d'oliviers, de vignes et de cultures maraîchères (en contre-saison) (figure 4). Il faut noter que, dans le nord du pays, on pratiquait plutôt la riziculture pluviale que la riziculture irriguée.

FIGURE 3: Part des périmètres en maîtrise totale/partielle effectivement irrigués 119941

FIGURE 4: Superficies des principales cultures irriguées (1972)

L'hydraulique pastorale est relativement développée dans le sud du pays, région à vocation pastorale.

ENVIRONNEMENT INSTITUTIONNEL

La Direction nationale de l'hydraulique et du génie rural (DNAHER), créée en 1991, est chargée de la conception, de la coordination, de l'étude et du contrôle des activités de génie rural. Elle est un organe exécutif du Ministère de l'agriculture et du développement rural (MINADER).

Le Département de l'hydraulique rurale (DHR) est chargé de la planification de l'irrigation, des équipements de mécanique agricole et d'hydrologie agricole; le Département des équipements hydro-agricoles a pour mandat de faire l'inventaire et de définir une politique de gestion et d'exploitation des infrastructures hydroagricoles; le Département du génie rural (DER) est responsable de la mécanisation agricole, de l'électrification rurale, des routes et chemins ruraux, des technologies intermédiaires et de la vulgarisation des techniques de conservation des sols.

En outre, le Secteur des études et projets (SEP) est chargé de l'étude et de la supervision de petits projets dans le domaine de l'hydraulique et du génie rural.

Dans les provinces, 4 Brigades régionales d'intervention sont chargées de l'exécution de petits ouvrages d'hydraulique ou de génie rural. Il s'agit des Brigades du Sud, de Kwanza sud, du Plateau central et du Nord.

L'Entreprise nationale de mécanisation agricole (ENAMA), entreprise d' Etat dépendant du MINADER, est chargée de fournir les services mécaniques à l'ensemble du secteur agricole. Elle a 8 Directions provinciales et des brigades d'intervention.

L'Institut de développement agraire (IDA), est chargé de la vulgarisation et de l'appui aux agriculteurs par l'intermédiaire des Entreprises de développement agraire (EDA), qui sont au nombre de 75. C'est également l'IDA qui est chargé de la mise en valeur et de la gestion des périmètres irrigués.

EVOLUTION DE LA GESTION DES RESSOURCES EN EAU

Il est généralement admis que l'irrigation dans le pays souffre du manque de cadres et de techniciens formés (et ce depuis le départ massif des Portugais lors de l'indépendance), ainsi que de l'information de base nécessaire à la définition d'une politique de l'irrigation et à la préparation de plans de développement de ce sous-secteur.

Un document, intitulé "Plan directeur de l'irrigation en Angola", a été préparé par la DNHER à l'occasion de la première rencontre nationale sur l'hydraulique agricole qui s'est tenue en juillet 1993. Ce document, qui se fonde sur des données datant en grande partie d'avant l'indépendance, trace les grandes lignes d'un programme à court, à moyen et à long terme en proposant des réformes institutionnelles, des options pour le financement des infrastructures d'hydraulique agricole, ainsi que la création d'unités de gestion des bassins versants.

Les priorités du programme du Gouvernement pour la période 1995-97 concernent les provinces de Luanda, de Quanza Norte, de Benguela, de Namibe, d'Huila, de Quanza Sul et de Bengo. Le programme se concentre sur la réhabilitation des ouvrages d'hydraulique et l'appui à la petite irrigation (motopompes, irrigation traditionnelle).

PRINCIPALES SOURCES D'INFORMATION

FAO. 1980. Angola. Mission de formulation pour le secteur agricole. Rapport préparé par PNUD/FAO, projet ANG/79/016. Deux volumes. Rome.

FAO. 1992. République populaire d'Angola. Mission d'identification générale de projets dans le secteur agricole. FAO Centre d'investissement. Programme de coopération FAO/Banque mondiale/Banque africaine de développment. Rapport N° 3/92 CP/ADB-ANG 11. Rome.

MINADER. 1993. Plano director de irrigação em Angola.


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