Tunisie

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DONNEES PHYSIQUES ET POPULATION

La Tunisie, située au nord de l'Afrique en bordure de la mer Méditerranée, a une superficie totale de 163 610 km² dont 11 160 km² de lacs et de chotts. La superficie cultivable s'élève à 8,7 millions d'hectares, soit environ la moitié de la superficie totale. La superficie cultivée était de près 4 millions d'hectares en 1991, soit 46% de la superficie cultivable et 24% de la superficie totale.

La population était estimée à 8,7 millions d'habitants en 1994, soit une densité moyenne de 53 hab./km². La croissance démographique annuelle est inférieure à 2%. La plupart des villes et l'essentiel de la population se trouvent dans les zones côtières du nord et du centre. La population rurale, qui vit principalement dans 4 500 villages, ne représente plus que 40% de la population environ contre 60% il y a 25 ans.

TABLEAU 1
Caractéristiques du pays et population

Superficie du pays 1994 16361 000 ha
Superficie cultivable 1991 8 700 000 ha
Superficie cultivée 1991 3 961 000 ha
Population totale 1994 8 733 000 hab.
Densité de population 1994 53 hab./km²
Population rurale 1990 40 %
Accès à l'eau potable    
Population urbaine 1992 91 %
Population rurale 1992 65 %

L'agriculture concerne 26% des emplois totaux et compte 380 000 exploitations ayant une superficie moyenne de 14 ha. Durant la période 1989-93, le PIB a augmenté de 5% par an environ. L'importance du secteur agricole dans l'économie a diminué de 1960 à 1991, la part de l'agriculture dans le PIB passant de 24 à 18%.

Climat et ressources en eau

Le pays peut être subdivisé en quatre zones:

Tunisie

TABLEAU 2
Bilan hydrique

Ressources en eau:      
Précipitations moyennes   207 mm/an
    34,0 km³/an
Ressources en eau renouvelables internes - totales   3,5 km³/an
Ressources en eau renouvelables internes - par habitant 1994 401 m³/an
Ressources en eau renouvelables globales   3,9 km³/an
Indice de dépendance   10,3 %
Capacité totale des barrages 1991 1,5 km³
Eau désalinisée 1990 8 3 10 6 m³/an
Prélèvements en eau:      
- Agriculture 1990 2 727,5 10 6 m³/an
- Collectivités 1990 261,4 10 6 m³/an
- Industrie 1990 86,1 10 6 m³/an
Total   3 075,0 10 6 m³/an
par habitant 1990 382 m³/an
en % des ressources renouvelables internes   87,8 %
Autres prélèvements   - 10 6 m³/an
Eaux usées:      
Production   - 10 6 m³/an
Traitement 1993 96 10 6 m³/an
Réutilisation des eaux usées traitées 1993 18 10 6 m³/an

TABLEAU 3
Irrigation et drainage

Potentiel d'irrigation 1991 563 000 ha
Irrigation:      
1. Irrigation, maîtrise totale/partielle: superficie équipée 1991 355 000 ha
- irrigation de surface 1991 294 000 ha
- irrigation par aspersion 1991 55 000 ha
- micro-irrigation 1991 6 000 ha
Partie irriguée 3 partir des eaux souterraines 1991 61 %
Partie irriguée à partir des eaux de surface 1991 39 %
Partie de la superficie équipée réellement irriguée 1991 91 %
2. Superficie irriguée par épandage de crues 1991 30 000 ha
3. Marais et bas-fonds équipés   - ha
4. Autres marais et bas-fonds cultivés   - ha
5. Superficie en cultures de décrue   - ha
Superficie totale avec contrôle de l'eau (1 +2+3+4+5) 1991 385 000 ha
- En pourcentage de la superficie cultivée 1991 9,7 %
- Augmentation sur les 10 dernières années   - %
- Partie irriguées par pompage 1991 85,8 %
Gestion des périmètres en maîtrise totale/partielle: Critère    
Grands périmètres > - ha - ha
Périmètres moyens   - ha
Petits périmètres < - ha - ha
Nombre total de ménages 1991 141 000  
Cultures irriguées:      
Production totale de céréales irriguées 1991 8 250 t
en % de la production totale de céréales 1991 3,5 %
Cultures irriguées 1992 308 000 ha
- fruitiers et vignes 1992 112 000 ha
- légumes 1992 108 000 ha
- blé 1992 33 000 ha
- oléagineux 1992 18 000 ha
- autres 1992 37 000 ha
Drainage - Environnement:      
Superficie drainée 1991 162 000 ha
en % de la superficie cultivée 1991 4,1 %
Superficie protégée contre les inondations   - ha
Superficie salinisée par l'irrigation   - ha

La pluviométrie moyenne est estimée à environ 207 mm/an mais presque la moitié du pays reçoit moins de 100 mm/an. Seul l'extrême nord se singularise par une pluviométrie de 1 500 mm/an environ, avec un climat de type méditerranéen. Les quatre cinquièmes de la pluviométrie tombent entre octobre et mars.

Le réseau hydrographique est particulièrement dense au nord où l'oued Medjerda est le fleuve le plus important. C'est dans cette zone que les principaux aménagements pour l'irrigation et pour la lutte contre les inondations ont été réalisés.

Les ressources en eau potentielles renouvelables sont estimées globalement à 3,9 km³ auxquelles on peut ajouter 630 millions de mètres cubes de ressources fossiles exploitables annuellement.

Les ressources potentielles en eau de surface sont estimées globalement à 2,6 km³/an dont 1,5 km³ sont actuellement exploitables grâce à des réservoirs. Il sera possible dans le futur de mettre en valeur un complément de 0,6 km³ mais le reste (soit 0,5 km³ ne pourrait être valorisé que par des travaux étendus de conservation des eaux et par des systèmes de recharge des nappes souterraines.

Les ressources potentielles en eaux souterraines internes sont estimées à 1,2 km³/an On distingue deux catégories en fonction de la profondeur de la nappe:

L'emploi des eaux usées traitées a été pris en considération depuis les 20 dernières années. Le potentiel actuellement estimé à 0,096 km³ devrait atteindre 0,2 km³ en l'an 2000.

La mobilisation des ressources en eau se fait, en l'Etat actuel, grâce à 18 grands barrages (volume supérieur à 10 millions de mètres cubes, 22 barrages collinaires, 1 830 forages et 83 000 puits de surface.

Les prélèvements totaux en eau sont estimés à 3,1 km³/an (figure 1). Cependant, les prélèvements en eau dépendent fortement de l'ampleur et de la distribution des précipitations, en particulier les prélèvements pour l'irrigation qui varient en fonction des pluies et en fonction de l'étendue des terres réellement irriguées dans les réseaux publics d'irrigation. En définitive, si environ 3,1 km³ sont annuellement mobilisés, seuls 1,9 km³ sont effectivement utilisés.

FIGURE 1: Prélèvements en eau (total: 3,1 km³ en 1990)

En 1992, la population rurale ayant accès à une source d'eau potable saine à une distance inférieure à 3 km était de 65%, tandis que 91% de la population urbaine bénéficiait d'un branchement individuel au réseau de distribution d'eau potable.

DEVELOPPEMENT DE L'IRRIGATION

Le potentiel d'irrigation est estimé à 563 000 ha en fonction des ressources en eau. Ce chiffre peut être divisé en 402 000 ha pour des périmètres en maîtrise totale et partielle et 161 000 ha pour l'irrigation de complément et les épandages de crue.

La Superficie totale avec contrôle de l'eau était estimée à 385 000 ha en 1991, incluant 355 000 ha équipés pour une maîtrise partielle et totale et 30 000 ha d'irrigation par épandage de crue (figure 2). Le taux de croissance moyen annuel des superficies aménagées pour l'irrigation est de 2%: à ce rythme, le potentiel d'irrigation serait complètement valorisé en 2010.

La superficie équipée pour l'irrigation en maîtrise totale et partielle peut être divisée en 52 000 ha d'irrigation de complément et 303 000 ha d'irrigation dite "intensive" (figure 3). L'irrigation de complément est en majorité l'irrigation de surface, éventuellement par aspersion, sur les céréales en cas de déficit pluviométrique sévère, et sur les arbres fruitiers pendant les premières années de leur développement. L'irrigation intensive, 303 000 ha, peut elle-même être divisée (figure 4) en:

FIGURE 2: Répartition des superficies avec contrôle de l'eau (1991)

FIGURE 3: Situation de l'irrigation sur les périmètres irrigués en maîtrise totale/partielle (1991)

FIGURE 4: Typologies des périmètres irrigués intensifs (1991)

Les réseaux collectifs sont généralement modernes et étanches: réseaux en canaux préfabriqués ou en conduites basse pression pour l'irrigation de surface, et réseaux en conduites sous pression pour l'irrigation par aspersion (figure 5). L'irrigation de surface reste prédominante (figure 6).

L'utilisation des eaux usées traitées pour l'irrigation concerne actuellement près de 6 000 ha, les autres sources d'eau étant les barrages, les oueds ou les eaux souterraines (figure 7).

La superficie réellement irriguée est de 270 000 ha, soit un taux d'utilisation de ces périmètres de 89%.

L'évolution des superficies équipées en maîtrise totale et partielle pour une irrigation intensive est présentée à la figure 8.

Les périmètres irrigués en maîtrise totale et partielle sont consacrés essentiellement à l'arboriculture fruitière (dattiers, orangers, vignes, etc.) et aux cultures maraîchères (tomates, melons, pastèques, pommes de terre, etc.) pour 70% de la superficie réellement irriguée.

FIGURE 5: Types de conduites et canaux dans les périmètres intensifs à réseau d'irrigation collectif (1991)

FIGURE 6: Techniques d'irrigation, périmètres intensifs (1991)

FIGURE 7: Origine de l'eau d'irrigation, périmètres intensifs (1991)

FIGURE 8: Evolution des superficies équipées en maîtrise totale/partielle avec irrigation intensive

Cependant, l'encouragement gouvernemental accordé à l'élevage laitier a entraîné une évolution récente de l'irrigation vers les céréales et les cultures fourragères. La production du secteur irrigué est estimée à 30-35% (en valeur) de la production agricole totale du pays. En 1992, la superficie réellement irriguée et récoltée était de 308 000 ha, soit 80% du total de 385 000 ha (figure 9).

Les coûts d'aménagement des périmètres publics se situent entre 6 000 et 7 000 $EU/ha selon la taille des périmètres. Le coût d'exploitation et de maintenance annuel atteint environ 130 $EU/ha, dont 25 à 30% sont consacrés à l'énergie.

La gestion des périmètres publics d'irrigation est assurée directement par l'Administration pour les grands périmètres et par des associations d'usagers (Associations d'intérêt collectif (AIC)) pour les périmètres moyens. Les services de l'Administration ou les AIC sont chargés de l'exploitation et de la maintenance des réseaux d'irrigation, ainsi que de la distribution de l'eau aux agriculteurs moyennant une redevance payée au volume. L'eau d'irrigation reste cependant subventionnée par l'Etat à un taux moyen de 20 à 30% de son coût réel d'exploitation.

Les eaux d'irrigation sont relativement salées (1,5 à 4 g/l), mais le degré de salinisation des sols irrigués n'atteint pas un degré alarmant du fait de l'intensification encore réduite des périmètres. Un suivi de la salinité est établi sur tous les périmètres à fort risque de salinisation.

Le drainage souterrain reste peu développé (environ 162 000 ha) et ne concerne que les terres souffrant d'une nappe phréatique de faible profondeur (périmètres du nord). Seuls 3% des terres drainées le sont par pompage.

FIGURE 9: Superficies irriguées par culture (1992)

ENVIRONNEMENT INSTITUTIONNEL

Le Ministère de l'agriculture est l'opérateur principal dans le domaine de l'eau. Les principales Directions générales qui s'occupent de l'eau sont:

Les Commissariats régionaux de développement agricole (CRDA), qui sont rattachés au Ministère de l'agriculture, sont des organismes responsables à l'échelle régionale des travaux d'aménagement des périmètres publics irrigués. La gestion des ces périmètres est partagée entre les CRDA et les AIC.

Le Code des eaux, promulgué en 1975, constitue le texte législatif de base qui régit toute intervention dans le domaine de l'eau.

EVOLUTION DE LA GESTION DES RESSOURCES EN EAU

La stratégie de mobilisation des ressources adoptée en 1990 vise à l'horizon 2010 la mise en valeur de 90% des ressources de surface et 100% des ressources souterraines, ce qui se traduira par la réalisation de 21 barrages, 235 barrages collinaires et 610 barrages profonds supplémentaires.

A cette meilleure maîtrise des ressources en eau est associée une politique de mise en valeur des superficies irriguées. Les objectifs actuels du pays sont d'encourager l'adoption de techniques économes en eau, de favoriser la réutilisation des eaux usées pour l'irrigation après traitement, d'étendre les superficies aménagées pour l'irrigation, et de mettre en place les actions d'accompagnement nécessaires au développement agricole et à la meilleure mise en valeur des périmètres irrigués.

PRINCIPALES SOURCES D'INFORMATION

Agrar, Coyne et Bellier, GKW, Ministère de l'agriculture. 1992. Economie d'eau 2000.

Direction générale des ressources en eau, Ministère de l'agriculture. 1991. Commission de réflexion sur le développement des ressources en eau de surface.

Direction générale du génie rural, Ministère de l'agriculture. 1992. Rapport du Comité Irrigation -VIII Plan.

Direction générale du génie rural, Ministère de l'agriculture. 1994. La gestion de l'eau en, Tunisie.

Direction générale du génie rural, Ministère de l'agriculture. 1994. Tarification de l'eau d'irrigation 1992 et 1993.

GERSAR et SOTUETEC. 1987. Gestion et entretien des périmètres irrigués.

Hamza, M. & Khanfir, R. 1992. Evolution du potentiel et de l'exploitation des ressources en eaux souterraines.

Ministère de l'agriculture. 1992. Annuaire des statistiques agricoles.

Ministère de l'agriculture. 1993. Résultats de l'enquête-suivi de la campagne agricole 1992193.

Ministère de l'environnement et de l'aménagement du territoire. 1992. Rapport national du CNUCED.

Mtimet, A. 1993. Connaître les sols pour mieux les protéger.

Office national de l'assainissement. 1994. Rapport d'activités 1993.

SONEDE. 1994. Contrat programme entre l'Etat et la SONEDE.


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