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3. MÉTHODES ET OUTILS DE COMMUNICATION POUR LA PARTICIPATION

3.1. Introduction

Comme l'a montré l'analyse des expériences des divers projets forestiers développée dans les chapitres précédents, la gestion des ressources naturelles ne se conçoit plus sans une participation active de la population, et notamment des communautés villageoises.

L'échec des approches classiques en matière de gestion des ressources forestières est généralement lié à un déficit de communication; les solutions proposées par les techniciens s'inscrivent souvent en opposition, voire en rupture, par rapport aux logiques économiques, sociales et culturelles des groupes concernés. L'adhésion aux changements proposés implique un dialogue, une négociation, qui vont conduire à prendre en compte non seulement les besoins prioritaires de la population, mais aussi ses pratiques, son savoir et ses techniques, qui contiennent bien souvent les solutions les plus appropriées et les mieux adaptées aux conditions du milieu.

Les méthodes et outils de communication permettent la mise en œuvre de ce dialogue, le partage des informations et des expériences, l'échange des savoirs et des techniques.

L'objet de cette partie est de préciser l'apport de la communication pour accompagner et soutenir une gestion participative des ressources forestières, d'analyser et de décrire les principaux types de communication, ainsi que les outils et méthodes les mieux adaptés aux différentes étapes de l'approche participative, et enfin de dégager les conditions indispensables pour la mise en œuvre des activités de communication dans le contexte de la gestion des ressources naturelles en Afrique sahélienne.

3.2. Apports de la communication

Instrument privilégié de l'approche participative, la communication va permettre l'instauration d'un véritable climat de confiance entre les partenaires et un travail en profondeur au niveau du terroir, en offrant à chacun la possibilité de participer activement et d'exprimer son point de vue.

Les interventions de la communication vont reposer sur trois facteurs principaux: l'accès l'information, l'instauration d'un dialogue entre les différents acteurs en présence, les échanges d'expériences de savions et de techniques.

Ces interventions s'inscrivent dans un cadre complexe. Elles doivent prendre en compte les enjeux, s'adapter à la multiplicité des acteurs en présence, répondre aux exigences de chaque étape de l'approche participative et mobiliser les outils et réseaux existants.

Les enjeux, on l'a vu, ne se limitent pas à la conservation et à la restauration des ressources forestières, mais concernent l'aménagement de l'espace rural en concertation avec la population.

Les acteurs sont multiples et se situent à divers niveaux:

Chaque catégorie d'acteurs a ses caractéristiques propres et des besoins particuliers en termes d'information, de dialogue, d'accès au savoir. A ce titre, chaque acteur peut jouer un rôle spécifique dans l'élaboration et la mise en œuvre de stratégies de communication interactive, en étant à la fois détenteur et demandeur d'information, chercheur ou objet de recherche, formateur ou élève...

La mise en œuvre de l'approche participative implique par ailleurs, selon les différentes phases et étapes, le recours à des outils ou à des procédures particulières en matière d'information, de recherche, d'analyse, de dialogue, de transmission ou d'échange d'expériences, de savoir ou de techniques, de planification, de gestion, de suivi ou d'évaluation des programmes entrepris par les communautés villageoises.

Les outils et réseaux de communication sont également très divers: médias de communication de masse, moyens de communication de proximité utilisés dans des situations de communication de groupe, outils et réseaux locaux, traditionnellement utilisés par les communautés villageoises. Ces outils et réseaux doivent être mobilisés selon les objectifs poursuivis, en tenant compte de leur impact dans le milieu, de la souplesse de leur mobilisation, leur coût de mise en œuvre, ainsi que de la possibilité pour les communautés de s'en approprier l'usage.

Enfin, il est nécessaire, pour que les activités de communication soient durables et que leur coût soit compatible avec les possibilités financières des institutions concernées, de concevoir des dispositifs fondés sur le partage et la mise en commun des outils de communication, au niveau de leur production, de leur diffusion et de leur exploitation sur le terrain.

3.2.1. Accès et circulation de l'information

L'information est un élément de base indispensable à tout programme de gestion des ressources naturelles. Elle doit être disponible ou facilement accessible à tous, qu'il s'agisse d'information de type scientifique et technique, économique et social, institutionnelle, administrative ou juridique ou de données historiques, techniques ou culturelles provenant du milieu rural.

L'apport de la communication pour diffuser cette information dans un langage compréhensible par tout le monde est évident. Le rôle des méthodes et techniques de communication est en effet ici de faire prendre conscience de l'utilité de l'information, de contribuer à la rendre accessible, d'améliorer la collecte des données, leur diffusion et leur échange entre les différents acteurs concernés par les questions relatives à la gestion des ressources forestières.

Les technologies de collecte, de traitement, de conservation et de transmission des informations et des données sont en constante évolution. Leur développement a permis des progrès rapides et significatifs en matière d'accès à l'information, particulièrement pour les cadres, décideurs et chercheurs, notamment grâce à l'informatique et aux instruments de télécommunication permettant un accès aisé aux grands réseaux d'information et de communication au niveau national et international.

La masse d'informations disponibles doit cependant encore être traitée de manière à être accessible sous une forme et un langage adaptés aux différents acteurs au niveau du terrain: agents d'encadrement, animateurs, communautés villageoises, grand public.

Pour ce faire, diverses stratégies peuvent être mises en œuvre:

Plusieurs expériences intéressantes ont été menées notamment au Sénégal et au Burkina Faso pour encourager la création de centres d'information et de documentation qui soient plus proches des utilisateurs.

Au Sénégal, la Direction des Eaux et Forêts dispose d'un Centre de documentation bien équipé et très fréquenté, situé à Dakar. La politique de décentralisation et de régionalisation a conduit depuis 1992 à la création de Centres régionaux de documentation au niveau des dix régions du pays. Ces centres sont alimentés par la structure centrale, ainsi que par différents organismes et institutions nationales ou internationales (projets, ONG, organismes d'appui, etc. Ils sont gérés par les Inspections Régionales des Eaux et Forêts.

La vocation principale de ces centres régionaux est de faciliter l'accès à l'information et à la documentation technique des cadres et agents forestiers affectés dans ces régions (rapports, enquêtes, études, périodiques, dossiers techniques de vulgarisation, bulletins d'information ou de liaison). L'ambition de la Direction des Eaux et Forêts est d'élargir cette vocation et de diversifier la nature des documents qu'ils proposent en y incluant des dossiers multimédia. Ils deviendraient alors de véritables centres de ressources et d'animation. Les habitants de la région seraient invités à venir consulter ces documents et à dialoguer avec les agents et cadres forestiers sur les thèmes de la gestion des ressources naturelles.

Par ailleurs, des animations et des expositions sont régulièrement organisées à l'intention du milieu scolaire ou encore à l'occasion d'événements, comme la Journée de l'environnement ou la Journée de l'arbre.

Au Burkina Faso, une étude récente sur l'impact des supports scripto-audio-visuels (19) sur la gestion des ressources naturelles a recommandé la création, dans les villages, de points d'information sur la gestion des ressources naturelles, comme le montre l'extrait suivant:

Eriger dans les villages un ou deux points d'information technique sur la gestion des ressources naturelles. ce seraient des sortes de panneaux muraux traitant différents thèmes sur la sauvegarde de l'environnement avec des motifs en rapport avec la culture du terroir. En soi, cela constitue déjà des supports scripto-audio-visuels. L'avantage est que tout type de producteur, et même tout le village, auraient constamment sous les yeux et dans la tête le thème de la sauvegarde de l'environnement. Cela deviendrait, à terme, un réflexe, de plus ce serait un soutien à 1'effort d'alphabétisation entrepris un peu partout depuis un certain temps, puisque ces panneaux se liraient dans la langue nationale fonctionnelle dans le village. Les thèmes doivent être en rapport avec les préoccupations majeures de la zone socio-écologique concerne et les contraintes spécifiques qui y sont connues. Par exemple.

L'emplacement de ces panneaux muraux devra être choisi par la population; ils seront accessibles à toutes les couches de la population afin d'atteindre l'objectif principal. déclencher et maintenir un réflexe de défense de la nature au niveau de chacun et de prise de conscience des actions anthropiques néfastes.
Les panneaux muraux pourraient s'accompagner d'une sorte de "photo-document" du village, qui donnerait une idée de la situation actuelle du village et du terroir.

3.2.2. Instauration du dialogue et du débat

Un des principaux enjeux de l'approche participative consiste à faire des populations les acteurs principaux de la gestion des ressources forestières et plus généralement de l'espace rural au niveau de leur terroir.

Pour y parvenir, il existe des méthodes et des outils de communication adaptés. Ceux-ci doivent conduire notamment à une prise de conscience et à la mobilisation des populations autour des principaux enjeux de la gestion des ressources forestières. Ils permettent également de véhiculer des idées nouvelles, de recueillir les opinions, d'identifier les blocages, de valoriser ou d'encourager les initiatives positives et surtout d'entretenir un dialogue permanent entre les différents acteurs ou partenaires et de confronter les idées et les options proposées.

La communication sociale favorise l'expression de toutes les opinions, y compris celles des femmes et des jeunes, qui ne sont pas toujours formulées au cours des rencontres formelles entre les communautés villageoises et les promoteurs des projets ou programmes de gestion des ressources forestières. Cette communication sociale, dont la fonction est notamment de susciter la diffusion de l'information et la sensibilisation de la population sur des thèmes d'intérêt général, permet aussi de gérer les conflits qui peuvent apparaître au sein des communautés sur l'opportunité des actions à entreprendre et les modalités de leur mise en œuvre.

La démarche est interactive, c'est-à-dire qu'elle suscite et favorise un dialogue entre tous les acteurs concernés. Elle crée ainsi les conditions d'un véritable débat sur le problème de la gestion des ressources forestières et permet de trouver un consensus, voire de déboucher sur des prises de décision concertées sur les principales actions à entreprendre.

Des outils et des méthodes de communication adaptés ont été développés ces dernières années pour appuyer cette démarche, tant au niveau des terroirs qu'au niveau régional et national. Ils seront décrits dans les paragraphes suivants consacrés aux principaux outils de communication et dans les fiches techniques qui se trouvent en annexe.

Par ailleurs, et à condition que cette information soit systématiquement recueillie, transcrite et traitée, l'expression des opinions et des idées des populations au travers des débats organisés sur divers thèmes fournit de précieuses informations sur la façon dont les problèmes sont vécus et analysés par les populations elles-mêmes, ainsi que sur les contraintes, obstacles et blocages à leur solution. L'exploitation de ces informations permet de concevoir des réponses aux besoins des populations, en termes d'appui technique, d'information, de formation, et de mieux adapter les programmes nationaux et régionaux de gestion des ressources naturelles.

Enfin, un tel dialogue contribue à instaurer un climat de confiance entre les différents protagonistes et permet de recueillir et de valoriser les traditions, coutumes et savoirs populaires, qui sont le plus souvent ignorés ou négligés dans le domaine de la gestion des ressources forestières. Or l'expérience a montré que ces savoirs, porteurs de solutions simples, réalistes et réalisables par les populations, doivent au contraire être valorisés.

3.2.3. Echanges des connaissances, des savoirs et des techniques

L'échange ou l'acquisition de connaissances et de savoir-faire techniques constitue également un élément déterminant de la réussite des programmes d'intervention décidés au niveau des communautés en matière de gestion des ressources forestières.

S'il est bien conduit, le processus de l'approche participative permet d'identifier les savoirs locaux, d'évaluer leur pertinence par rapport aux problèmes identifiés et/ou aux actions envisagées et d'analyser les modes de leur transmission. Il permet également une évaluation précise des besoins en formation complémentaire nécessaire à la réussite des activités programmées.

Il devient ainsi possible de définir des programmes de formation adaptés aux situations locales et aux conditions du milieu et d'assurer leur diffusion ou encore d'organiser l'échange de ces savoirs et des techniques. A cette fin, l'utilisation de différents supports audiovisuels de communication éducative pertinents facilite l'apprentissage et permet une bonne animation des groupes en formation. Adaptés en langue nationale, ils permettent aussi de surmonter les obstacles de l'analphabétisme pour la transmission des savoirs.

La production des supports de communication, qu'ils soient destinés à informer, à susciter un dialogue ou à faciliter les échanges ou transferts de savoirs et de techniques, doit être envisagée à plusieurs niveaux: au niveau national, pour traiter des thèmes d'intérêt général ou difficilement réalisables au niveau local, pour alimenter les médias nationaux, au niveau régional et/ou local, pour disposer de supports de communication de proximité adaptés au contexte éco-géographique, social et culturel de chaque terroir.

L'articulation entre le niveau national et le niveau local en matière de production de supports de communication implique toutefois des mécanismes de coordination entre les différents partenaires concernés. Elle conduirait à l'exploitation en commun de centres de production de matériel didactique audio-scripto-visuel et à un effort de formation des agents forestiers et autres intervenants dans le domaine de la gestion participative des ressources naturelles. Elle implique également la conception, la production et l'exploitation de supports de communication, qui prennent en compte les outils et réseaux communautaires de communication existant dans chaque pays ou région.

3.3. Types de communication

Plusieurs types ou modes de communication sont développés en appui à l'approche participative. Parmi ceux-ci, on peut citer la communication de masse, la communication de proximité et la communication traditionnelle ou communautaire.

3.3.1. Communication de masse

La communication de masse s'adresse à un public vaste et indifférencié. Destinée à informer, sensibiliser ou développer la communication interactive, elle fait appel aux moyens de communication de masse mobilisables à l'échelle nationale, régionale et locale: radio, télévision, presse écrite, etc.

Ce type de communication est surtout utilisé pour répondre à des objectifs d'information générale destinée au grand public par l'organisation de campagnes de sensibilisation aux enjeux environnementaux, ou encore pour véhiculer des idées, techniques ou services nouveaux. Elle permet entre autres de valoriser les expériences réussies en matière de restauration ou de gestion des ressources forestières.

La communication de masse n'entre pas à proprement parler dans le cycle de l'approche participative en tant que telle, mais elle peut y contribuer indirectement en encourageant par exemple la mobilisation des populations sur des thèmes majeurs de la gestion des ressources forestières, comme par exemple la lutte contre les feux de brousse. Elle facilite l'échange des informations et le partage des expériences entre villages et régions et offre une possibilité d'expression et de débat à l'ensemble des protagonistes concernés.

On peut donc dire que les moyens de communication de masse accompagnent le cycle de l'approche participative. Ils permettent un effet d'accélération et de tache d'huile grâce à leur capacité de diffusion rapide de l'information et de mobilisation effective de la population sur les principaux enjeux de la gestion des ressources forestières.

Toutefois, l'utilisation des moyens de communication de masse implique la conclusion d'accords de collaboration avec les médias publics, privés ou associatifs au niveau national, régional et local et une participation active des responsables de la gestion des ressources forestières à la conception et à la mise en œuvre des campagnes d'information et de sensibilisation organisées à l'aide de ces médias.

3.3.2. Communication de proximité (ou communication de groupe ou communication interpersonnelle)

La communication de proximité répond bien aux besoins des diverses phases et étapes du cycle de l'approche participative en ce sens qu'elle est utilisée à l'échelle des villages ou au niveau du terroir.

Elle a pour objet d'accompagner et de renforcer chacune des étapes et des phases de la démarche, à travers un certain nombre d'outils d'information, d'analyse, de dialogue, de formation, de gestion ou de suivi (20).

Ces outils et méthodes sont généralement utilisés par les agents ayant une fonction d'appui, d'animation ou d'encadrement des communautés villageoises: agents forestiers, vulgarisateurs, enseignants, animateurs d'ONG ou de projets, responsables de groupements ou d'associations. Il s'agit essentiellement de supports audio-scripto-visuels: flanellographe et figurines de la méthode GRAAP, diapo-langage, boîtes à images, diaporamas ou films fixes, cassettes audio, album de photo villageois, vidéo, carte du village, dossiers techniques multimédia de vulgarisation.

Chacun de ces outils a une fonction précise dans la mise en œuvre des différentes étapes de l'approche participative, selon qu'il s'agit de promouvoir un dialogue, de faciliter une analyse, de permettre l'acquisition d'un savoir ou d'une technique, d'évaluer les actions entreprises. Ces outils sont plus ou moins sophistiqués et plus ou moins coûteux. Leur choix et leur efficacité dépendent de l'environnement économique, technique et socioculturel dans lequel ils sont employés, ainsi que des aptitudes et des qualités d'animation des encadreurs et animateurs qui les utilisent.

L'exploitation de ces supports sera d'autant plus efficace qu'ils auront été produits localement, en interaction avec les communautés villageoises, les associations et ONG et que les techniciens, vulgarisateurs et animateurs auront été formés à leur utilisation sur le terrain.

3.3.3. Communication traditionnelle ou communautaire

Le plus souvent, les communautés villageoises disposent de systèmes, d'outils et de réseaux traditionnels de communication. Ceux-ci sont issus de la tradition villageoise, conçus et gérés directement par les communautés pour répondre à leurs besoins d'information, d'éducation, de divertissement, de débat, de gestion des conflits locaux.

Les règles de la communication traditionnelle ou communautaire varient beaucoup selon le contexte historique et culturel dans lequel se situent ces communautés. Les manifestations les plus courantes de cette forme de communication sont: les assemblées villageoises, le théâtre et les représentations de marionnettes, les chansons, les proverbes, les devinettes, les récits, les contes, les visites inter-villageoises, etc.

Généralement, ce type de communication est très vivant en milieu rural et joue un rôle important dans les dynamiques villageoises. Il favorise de surcroît l'adoption d'idées ou de techniques nouvelles, ou au contraire s'oppose à leur introduction ou les freine.

Les systèmes de communication traditionnelle méritent d'être connus et valorisés et nécessitent un diagnostic approfondi. Ce diagnostic permettra à l'agent forestier de comprendre les règles de communication et la manière dont l'information circule au niveau d'une ou de plusieurs communautés villageoises. Il leur permettra également d'identifier les spécialistes locaux de la communication, les moyens de communication propres à chaque sexe et à chaque groupe d'âge, ainsi que les moments et les espaces privilégiés de communication dans une communauté donnée.

Ce diagnostic peut être effectué au moment de l'étape 1 (information/connaissance du milieu). Il doit être considéré comme un préalable indispensable à toutes activités de sensibilisation devant déboucher sur l'analyse des problèmes et la décision de mettre en œuvre des programmes d'action. Il est important de noter que les résultats de ce diagnostic doivent être restitués aux populations, afin de donner au système traditionnel ou communautaire de communication la place qui lui revient pour accompagner les différentes phases de l'approche. Dans le cas contraire, ce diagnostic risquerait de n'avoir qu'un intérêt académique ou de n'être qu'une coquille vide et inutile pour les forestiers.

D'une manière générale, les outils et réseaux de communication traditionnels ont un fort impact sur la population. Conscients de cet atout, les partenaires des villageois (projets, agents d'encadrement, ONG, etc.) ont souvent la tentation de "détourner" ces outils pour véhiculer des messages sociaux ou éducatifs destinés à susciter des changements de comportement dans le milieu. Il en va ainsi pour le théâtre villageois, les représentations de marionnettes, les griots, musiciens et chanteurs qui sont sollicités et à qui l'on commande des œuvres sur des thèmes spécifiques.

Tout en reconnaissant l'intérêt d'un tel usage des moyens traditionnels et des réseaux communautaires de communication pour la diffusion d'informations importantes avec le maximum d'impact, il y a lieu de se montrer prudent quant à la manipulation de ces outils par des intervenants extérieurs au milieu. Cette remarque est d'autant plus importante que la communauté elle-même risque de perdre le contrôle de la conception et de la diffusion des messages ainsi véhiculés.

Dans une démarche participative, les communautés villageoises doivent pouvoir mobiliser leurs propres outils de communication, tout en conservant leur contrôle sur la conception et la diffusion des messages véhiculés. Elles se présentent dès lors comme des partenaires à part entière dans les processus de négociation.

Enfin, on peut encore noter l'importance des lieux publics de rencontre comme les marchés. A ce titre, ils jouent un rôle primordial dans l'échange d'informations et l'introduction d'innovations techniques au niveau de plusieurs communautés. Ils peuvent ainsi devenir des lieux privilégiés pour la présentation des recherches en cours ou pour la sensibilisation aux enjeux d'une gestion rationnelle et durable des ressources forestières.

Cette expérience a été menée avec succès au Mali par l'OAPF, relevant de la Direction des Forêts. Comme le montre l'Encadré n°4, dans le cadre d'une animation au marché, les passants (hommes, femmes ou enfants) posent des questions qu'ils n'oseraient pas toujours poser dans une assemblée villageoise. L'expression y est plus personnelle et plus libre.

Encadré N°4

DES FORESTIERS AU MARCHÉ VILLAGEOIS: L'EXPÉRIENCE DE L'OPÉRATION AMÉNAGEMENT ET PRODUCTION FORESTIÈRES AU MALI (21)

Partant du principe que les villageois viennent au marché non seulement pour acheter ou vendre, mais aussi pour s'informer et informer les autres, l'OAPF y expose différentes techniques disponibles pour la protection de l'environnement telles que les foyers ou les ruches améliorés, les scies et couteaux de graffage, les matériaux pour une mini-pépinière. L'exposition des produits est accompagnée d'explications fournies par des agents forestiers et un paysan-collaborateur formé aux différentes techniques.

Afin "d'accrocher" le passant et de déclencher le débat, les forestiers exposent sur leur stand des images grand format illustrant différents thèmes liés à la gestion des ressources naturelles.

L'animateur/forestier est installé comme n'importe quel vendeur au marché. Le public défile devant son aire de vente, regarde les produits et demande des renseignements. Les passants, hommes et femmes, posent souvent dans ce cadre des questions qu'ils ne poseront pas dans les réunions ou assemblées générales au niveau du village. L'expression semble être plus individualiste et plus libre....

Lors d'une première évaluation, l'OAPF a mis en évidence certains avantages et inconvénients que présente cette expérience. Parmi les problèmes identifiés, on peut citer:

  • La réticence de certains forestiers qui se croient au-dessus d'une telle activité;
  • Le faible pourcentage de femmes a visiter les lieux de ventes des forestiers;
  • La perception du forestier par les populations comme commerçant (avec l'idée qu'il veut profiter des paysans);
  • Le temps nécessaire: L'agent responsable ne peut avoir d'autres activités au moins pour le jour du marché;
  • Le transport des produits.

Parmi les points positifs, et déjà considérés comme des acquis, on peut citer:

  • L'ambiance décontractée du marché, qui facilite le dialogue;
  • L'intensification des échanges d'informations entre forestiers et paysans;
  • La régularisation des contacts paysan-forestier;
  • La démonstration que le forestier a quelque chose de concret à offrir au monde rural;
  • L'évaluation par le marché de l'efficacité des produits;
  • La diffusion des technologies et concepts de gestion des ressources naturelles;
  • La sensibilisation simultanée d'un grand nombre de personnes provenant de plusieurs

3.3.4. Communication institutionnelle

Comme il a été rappelé dans la partie consacrée aux conditions de réussite de l'approche participative, les enjeux liés à la gestion rationnelle des ressources naturelles impliquent divers intervenants et secteurs poursuivant des objectifs particuliers. La communication institutionnelle va jouer un rôle essentiel pour assurer une action cohérente et harmoniser les différentes approches. Elle va favoriser la régulation des flux d'informations entre les différents acteurs en présence et une meilleure coordination des approches et programmes d'activités.

Il arrive en effet très souvent que les intervenants ignorent les actions entreprises par d'autres secteurs. On observe ainsi le développement de programmes séparés, voire contradictoires de la part de départements ministériels travaillant dans le domaine du développement rural, d'organisations non gouvernementales, d'institutions de recherche, de formation, d'intervention, de projets, groupements ou associations, etc.

La communication institutionnelle s'appuie principalement sur:

Par ailleurs, le développement de l'informatique et des télécommunications fournit à la communication institutionnelle de nouveaux outils, que ce soit au niveau de la transmission des données, images ou rapports, ou encore à travers le courrier électronique. les bananes de données consultables à distance, les réseaux interactifs d'information et de communication électronique, etc.

3.4. Principaux outils et méthodes de communication utilisés en appui a l'approche participative

Des outils, méthodes ou canaux de communication spécifiques et adaptés correspondent à chaque type de communication (communication de masse, communication de proximité, communication traditionnelle, communication institutionnelle). Le plus souvent, ces différents outils et canaux seront utilisés en association. Leur utilisation conjointe s'appuie sur une stratégie de communication élaborée préalablement de manière à répondre aux objectifs poursuivis.

Les différents outils de communication qui sont le plus fréquemment utilisés, notamment en appui aux actions menées pour une gestion participative des ressources forestières, sont décrits ci-après en fonction des types de communication décrits ci-dessus. Ces différents outils - dont les fiches techniques des principaux d'entre eux figurent en Annexe 2 - sont illustrés par des exemples concrets issus des expériences menées au niveau des divers projets forestiers.

Par ailleurs, deux tableaux synthétiques (Tableaux 4 et 5) situent les principaux supports de communication privilégiés qui peuvent être mobilisés lors de la mise en œuvre de chaque étape de l'approche participative.

3.4.1. Outils de communication de masse

Les supports imprimés (presse écrite, journaux, magazines, prospectus...) sont encore peu répandus dans le milieu rural, essentiellement en raison du taux important d'analphabétisme. Il s'agit donc de supports réservés aux agents d'encadrement, notables lettrés et fonctionnaires.

Toutefois, le développement de l'alphabétisation fonctionnelle en langues nationales et les progrès de la scolarisation permettent de penser que ces supports seront amenés à se développer à l'avenir Le problème du coût relativement élevé de production et de diffusion de ces supports peut toutefois constituer une limitation importante à leur usage.

Il faut également à ce niveau insister sur le rôle que peuvent jouer les écoles pour diffuser ce type de support. Cependant, pour plus d'efficacité les élèves et leurs enseignant doivent être étroitement associés à la production de ces supports, comme le montrent les extraits suivants et l'Encadré n°5.

Ce sont les jeunes qui, demain, protégeront la forêt, explique le chef de poste de Cascas (Sénégal - Projet n°2. Mais déjà, ils représentent de formidables vecteurs d'opinion. C'est pourquoi nous avons fait de l'école un nouveau lieu d'intervention. Pendant un an, j'ai donné deux heures de cours par semaine et organisé des sorties de terrain avec les élèves. Personnellement, j'ai beaucoup appris avec eux. transmettre mes connaissances techniques à un public non averti, mais aussi être prêt à répondre à toutes les questions, même celles que je n'aurais jamais imaginé.

Pendant deux ans, raconte le directeur de l'école de Podor (Sénégal) un forestier est venu chaque semaine exposer aux élèves les vertus des arbres et les initier concrètement à quelques techniques forestières. Pour ma part, je pense que c'est une expérience à renouveler. Cela a été l'occasion d'une rencontre fructueuse entre deux professions qui se sont enrichies mutuellement. L'instituteur a enseigné au forestier à préparer un cours, à concevoir une fiche pédagogique. Mais il a aussi beaucoup appris du forestier, notamment à sortir du cadre conventionnel de sa classe et à se familiariser avec une nouvelle forme de pédagogie. l'apprentissage à travers L'action


Encadré N°5

DES JOURNAUX D'ÉDUCATION ENVIRONNEMENTALE POUR LES ÉLÈVES

Des journaux d'éducation environnementale se sont développés dans plusieurs pays du Sahel (Mali, Burkina Faso, (Guinée-Bissau, Niger, Sénégal), à l'initiative de l'Alliance Mondiale pour la Nature (UICN), en collaboration avec les ministères concernés.

Ces journaux d'éducation environnementale sont destinés à éveiller la curiosité des Jeunes scolarisés SUT les problèmes environnementaux qui leur sont propres et a les amener à mieux connaître, comprendre, aimer et protéger leur environnement. Ils leur fournissent des connaissances nouvelles sur les techniques de gestion de l'environnement et leur permettent de devenir des relais de l'information acquise auprès de leurs familles et de leurs villages.

Ces journaux sont réalisés en relation étroite avec les élèves eux-mêmes, leurs enseignants et les agents des services forestiers et autres structures engagées dans des actions de protection et de gestion des ressources naturelles.

Ils sont imprimés sur un format A4, chaque feuille étant pliée en deux pour donner un format A5. Ils ressemblent ainsi à des cahiers d'écoliers et sont faciles à manipuler. Ils contiennent de nombreuses rubriques, des jeux, des dossiers thématiques et sont très abondamment illustrés, soit par un dessinateur qui fait partie de l'équipe de rédaction, soit par des dessins fournis par les élèves eux-mêmes.

La diffusion du journal est accompagnée par des animations menées en milieu scolaire par l'équipe de rédaction du journal et les enseignants. Ces animations permettent d'approfondir les thèmes abordés, de recueillir les réactions des élèves SUT le Journal, de choisir les thèmes a aborder dans les numéros ultérieurs en fonction de l'intérêt manifesté et des informations recueillies.

La télévision est peu captée en milieu rural, bien que la couverture des différents pays concernés s'améliore régulièrement, notamment à travers des centres collectifs de réception. De plus, les émissions consacrées aux questions forestières sont encore aujourd'hui plutôt destinées à un public citadin. On observe toutefois le développement rapide de l'usage des magnétoscopes, disponibles notamment au niveau des notables, fonctionnaires et commerçants; certains opérateurs privés proposent - à travers des systèmes itinérants de diffusion et moyennant une contribution financière - la diffusion de programmes divers, essentiellement de divertissement.

A l'avenir, ce mode de communication en milieu rural mériterait d'être davantage exploité pour tirer parti des possibilités de cet outil performant d'information, d'éducation et d'échange d'expériences par la diffusion d'images télévisuelles (voir également le paragraphe consacré à la vidéo).

La radio rurale est le moyen de communication de masse le mieux adapté au monde rural. Dans les villages, de nombreux foyers possèdent un récepteur radio, celui-ci étant de surcroît souvent équipé d'un lecteur/enregistreur de cassettes.

Tous les pays d'Afrique sahélienne disposent au moins d'une structure de radio rurale. D'abord situées au niveau national, les stations de radio rurale se développent désormais au niveau régional et local. Prenant en compte les particularités socio-économiques et culturelles du monde rural, elles sont à même de satisfaire les besoins d'un public large et varié, à qui elles s'adressent dans les diverses langues parlées par les populations.

Pour être écoutée par son auditoire, la radio rurale doit répondre a ses attentes: cela demande un travail préalable d'écoute afin de recueillir les besoins des populations et ensuite y répondre de manière adaptée en termes d'information, d'échange entre communautés, de dialogue avec les décideurs, de divertissement et de valorisation du patrimoine.

La méthodologie de production et de diffusion des émissions de la radio rurale est fondée sur trois principes simples:

Les sorties sur le terrain en situation de dialogue avec la population rurale fournissent un matériau sonore de base qui va permettre à son tour de réaliser une gamme très variée d'émissions diffusées à partir de la station-mère. Ces émissions sont diffusées sous forme de jeux publics, de microprogrammes, de magazines thématiques, de feuilletons radiophoniques, de radio-services, etc.

L'Encadré n°6 montre deux types d'émissions radiophoniques complémentaires qui ont beaucoup de succès auprès des populations rurales: l'émission publique et les microprogrammes (22).

Encadré N°6

ÉNIGMES ET MICROPROGRAMMES

Les émissions publiques de radio rurale sont introduites par une énigme qui est proposée à l'assemblée villageoise sous forme de jeu et qui débouche sur un concours d'éloquence sur le thème caché par l'énigme. Sur la base de l'ensemble des données issues des assemblées, des microprogrammes peuvent être confectionnés sur le même thème.

ÉNIGME:

L'énigme est formulée sur un thème précis et est adaptée aux problèmes spécifiques identifiés préalablement. Exemple d'énigme proposée par la radio rurale au Sénégal dans le cadre d'une émission publique villageoise dont le thème est la protection des plantations et des cultures: Un monstre s'approche; il dévore tout sur son passage. Moi qui suis d'apparence très faible, je lui casse les dents. Qui est ce monstre? Qui suis-je?

Réponses données ou possibles: Un médicament qui arrête la maladie, une digue qui contient l'inondation, un verre d'eau sauve de la soif.
Réponse recherchée: Un arbuste arrête l'avancée du sable.

MICROPROGRAMME:

Message éducatif de courte durée, le microprogramme dure environ deux minutes, mais aborde un thème précis sur le mode publicitaire. L'objectif est de diffuser des messages faciles à retenir, qui vont s'adresser au cœur et à la raison de l'auditeur, qui vont l'intriguer, l'émouvoir ou le faire rire. Très soigneusement préparé, il est parfois extrait d'enregistrements effectués lors des sorties de terrain ou inspirés par des propos; ou des témoignages particulièrement convaincants ou percutants. Il peut être également composé par les producteurs de la radio rurale, mais toujours à partir d'une réalité vécue, pour conserver sa crédibilité et son impact. Pour chaque thème choisi, il peut s'agir d'un témoignage personnel, d'une explication rationnelle, d'un conte, d'un dialogue entre deux personnages ou encore d'un sketch. Chaque microprogramme est précédé et suivi par un message introductif et un message final. Ceux-ci sont toujours les mêmes, quel que soit le développement qui est proposé, de manière à créer une complicité d'écoute avec l'auditeur.

Exemple de microprogramme: Thème de la lutte contre les feux de brousse (Burkina Faso).

Message introductif et final: Si ton propre fils frappe ta mère, est-ce que tu le laisses faire?

Développement, sur le mode parabole: Autrefois, il v avait beaucoup d'arbres et de broussailles. Nos vieux allumaient des feux de brousse. Mais allumer un Jeu, c'était une grande cérémonie. Tous les feux étaient contrôlés par les habitants du village. Aujourd'hui, avec la sécheresse, les feux sont devenus plus dangereux. Tous les feux doivent, comme autrefois, être contrôlés. On doit savoir qui en est le père. Alors, tu fais un pare-feu autour du champ, tu allumes le feu quand il n'y' a pas de vent. Tu réunis la famille et les amis. Ton pays ne devient pas un desert.

Ton fils, le feu de brousse, tu le connais? Il travaille bien tant que tu le surveilles. Si tu le laisses faire, il attaque ta mère la brousse, il détruit ses biens, il la bat à mort jusqu'à ce qu'elle devienne désert. Toi, le père, eh!, qu'attends-tu pour réunir le Conseil de famille?

Très populaire dans toute l'Afrique, la radio rurale, par la souplesse de son utilisation en milieu rural, va jouer plusieurs rôles:

  1. instrument d'investigation et de diagnostic, elle va permettre de recueillir des informations notamment sur la compréhension qu'ont les villageois de la gestion des ressources forestières;
  2. instrument de valorisation du patrimoine culturel des sociétés rurales;
  3. instrument de sensibilisation et de mobilisation de la population autour des thèmes de la protection et de la gestion des ressources forestières.
  4. instrument d'expression pour les villageois qui peuvent par ce canal échanger leurs idées, expériences, savoirs, savoir-faire ou dialoguer avec les décideurs;
  5. instrument de suivi-évaluation des actions entreprises et de leur impact.

La radio rurale est donc l'instrument de participation par excellence. Il est de plus en plus utilisé avec succès dans le cadre des programmes de développement ou de sensibilisation à une gestion participative des ressources forestières sur base durable, notamment au Sénégal, Burkina Faso, Mali, Niger. L'exemple suivant, donné par le Chef de poste de Pambal (Sénégal - Projet n° 1), montre l'intérêt et l'enthousiasme suscités par les émissions de radio rurale dans les villages:

Amener la radio au village, c'est porter la vox du village à l'extérieur, le sortir de son isolement, c'est favoriser la circulation des expériences, donc stimuler la naissance d'idées nouvelles. Récemment, en collaboration avec l'équipe de la radio rurale, nous avons organisé une émission sur la plantation du rônier dans le village de Ngoye. Autour d'une énigme et de concours d'éloquence et de chant, nous avons réfléchi, discuté sur le rôle du rônier dans la vie du village. Tous les notables de la région étaient là. les autorités politiques et religieuses du village et des villages voisins, des représentants des autres services techniques, le sous-préfet, etc. Une émission de radio, c'est aussi pour nous l'occasion de réunir tous les partenaires mobilisés autour de la gestion des ressources naturelles, de renforcer les liens et de consolider les engagements pris. C'est aussi pour les auditeurs du pays l'occasion, rarement manquée, de se divertir. Il faut savoir que cette émission est une des plus populaires au Sénégal.

3.4.2. Outils de communication de proximité

Dans les situations de communication de proximité, de nombreux supports, notamment audiovisuels, peuvent être utilisés à toutes les étapes de l'approche participative. Ils apportent aux agents forestiers, encadreurs, vulgarisateurs ou animateurs des outils pratiques leur permettant d'instaurer un dialogue avec les communautés villageoises. Favorisant l'expression de l'ensemble des groupes qui constituent ces communautés, ils permettent d'identifier les attentes ou encore les capacités d'intervention de la population et de construire des programmes d'actions concertés en matière de gestion des ressources forestières. De plus, par l'enregistrement sous une forme ou l'autre des accords de partenariat conclus entre les communautés et leurs partenaires, ils constituent une mémoire des divers engagements.

Le Diapo-langage est à la fois un instrument de dialogue entre les animateurs et le communautés villageoises, de sensibilisation et d'aide à la décision. Il est essentiellement utilisé au niveau de la phase 1 de l'approche participative (programmation de l'action).

La technique du Diapo-langage consiste à projeter une série de quelques diapositives (cinq à six). Celles-ci décrivent diverses situations caractéristiques de l'exploitation du milieu ou de la dégradation des ressources forestières dans la zone agro-écologique concernée. Ces images servent de support à une séance d'animation conduite avec un groupe de villageois.

Les diapositives sont choisies dans une banque d'images ou mieux sont réalisées dans la zone-même. Elles sont généralement riches en informations. La conception des diapositives est d'ailleurs une étape très délicate. Elle exige de définir au préalable les objectifs poursuivis et demande une grande compétence dans la conduite des débats, comme le montre l'exemple suivant:

Lors de leur premier contact avec la technique du Diapo-langage, beaucoup de forestiers pensent que l'outil peut tout et surtout peut faire tout à leur place. Or, des, diapositives projetées devant une assemblée villageoise pour stimuler ses réactions peuvent être sans effet si le forestier ne déploie pas toutes ses qualités d'animateur pour encourager la prise de parole. Afin de se donner une contenance, souvent par manque d'assurance, il n'est pas rare que le forestier chargé de l'animation fasse lui-même le commentaire des images ... devant un public muet ou distrait. C'est pourquoi la maîtrise par les forestiers des techniques d'animation est tout aussi importante que l'acquisition des supports eux-mêmes. Mieux, c'est un préalable indispensable.

La séance d'animation va permettre aux participants de réfléchir, d'identifier et d'analyser le ou les problèmes que les images évoquent. Ils vont s'exprimer, confronter leurs perceptions et leurs sentiments par rapport à ces problèmes, échanger leurs points de vue et leurs expériences, voire proposer des solutions.

Sur cette base, l'animateur pourra évaluer le niveau de connaissance du groupe et sa maîtrise des solutions techniques à mettre en œuvre et identifier en connaissance de cause les actions qu'une communauté villageoise est prête à entreprendre sur un thème donné. L'exploitation de l'ensemble des informations issues de ces séances va permettre de réfléchir aux réponses adaptées en termes d'appui technique, de formation et/ou de transfert de techniques ou de savoir-faire.

La séance d'animation, qui doit être conduite par un animateur expérimenté est, dans la mesure du possible, sonorisée afin de donner plus de convivialité aux échanges. Enregistrée, elle permet un décryptage et une exploitation ultérieurs des déclarations et des divers échanges et réflexions.

En termes de participation, le Diapo-langage est un outil particulièrement adapté aux phases de diagnostic, de sensibilisation, d'identification et recherche de solutions. Il valorise la fonction du technicien-animateur et lui permet de modifier son approche du milieu en favorisant le dialogue et l'expression du groupe de villageois sur des thèmes variés et en aidant à l'émergence de solutions proposées et réalisables par les populations.

Avec cette méthode du Diapo-langage et de la démarche participative? on arrive à connaître les préoccupations des paysans et surtout leur niveau de compréhension. Nous voyons même ce qu'il est possible de faire pour améliorer leur environnement. Ils arrivent aussi à donner des solutions par rapport aux problèmes qu'ils ont évoqués...

Cette démarche est intéressante, on ne se fatigue pas de regarder l'image. C'est autre chose que de venir écouter les agents d'encadrement qui viennent parler, parler, parler... Finalement, ils n'ont pas envie de retenir quelque chose (témoignage d'un agent d'encadrement - Niger).

De plus, les techniques du Diapo-langage peuvent être mises en œuvre avec un équipement simple et peu coûteux.

Le tableau langage est une variante du Diapo-langage et est destiné à des groupes plus restreints, constitués par 12 ou 15 personnes. Il exploite un support graphique et non photographique. Il s'agit de plusieurs toiles peintes, de grande dimension (0,80 m à 1,20 m) réalisées par un artiste local. Elles décrivent des situations d'exploitation du milieu ou de dégradation des ressources naturelles rencontrées dans la zone agro-écologique.

Comme pour le Diapo-langage, ces images servent de point de départ à une séance d'animation qui va susciter la prise de parole des participants, engager une réflexion sur la problématique de la gestion des ressources naturelles, dégager des solutions réalisables par la population et identifier les appuis nécessaires.

Le tableau langage, à l'instar de la technique du Diapo-langage, peut être associé à d'autres outils, notamment la cassette audio (voir ci-après) qui a l'avantage de laisser un enregistrement des débats et permet leur exploitation ultérieure.

Le témoignage suivant montre l'intérêt et les attentes des agents de terrain vis-à-vis de l'outil:

En fin de compte, à partir des images, les populations élaborent quelque chose de clair, d'applicable, parce que les gens ne vont pas proposer des actions qu'ils ne sont pas capables de mettre en œuvre, et des techniques qui ne les arrangent pas... Cette démarche permet à l'agent de mieux programmer des activités qui correspondent aux activités des paysans...Ce qui peut m'inquiéter, c'est le matériel: est-ce que je peux en disposer? Peut-être faudra-t-il être plus modeste et utiliser les moyens du bord plus simples, comme la boîte à images. Maintenant, je ne conçois plus de venir voir les paysans en leur expliquant les foyers améliorés: c'est comme ci, c'est comme ça... Non, il faut leur laisser le temps de s'exprimer. Cela permettra à l'agent de comprendre et de connaître leur degré de compréhension et de savoir ce qu'il faut ajouter comme notions complémentaires. (Témoignage d'un agent d'encadrement, Niger)

Créée dans les années 1970, la méthode GRAAP regroupant plusieurs outils et techniques de communication vise à susciter la réflexion et la prise de décision par les populations. En matière de sensibilisation à la protection de l'environnement, la méthode GRAAP propose une série éducative "Vivre dans un environnement vert", qui est constituée de trois recherches thématiques: "Les changements de notre environnement", "Nous avons besoin des arbres" et "La vie de la terre". D'autres thèmes sont proposés, comme "Pour une meilleure utilisation du bois de chauffe" ou encore "Comment assurer un bon futur à nos enfants".

Elle exploite des supports qui facilitent l'approche d'une communauté villageoise, l'analyse en commun des problèmes environnementaux rencontrés et la recherche de solutions propres au milieu et réalisables localement, et notamment un support simple comme le tableau de feutre ou flanellographe sur lequel des figurines munies d'un adhésif sont déplacées autant de fois que nécessaire.

L'exploitation de ce support par un animateur formé à la méthode permet au groupe de villageois réunis de visualiser, d'analyser diverses situations de la vie quotidienne et de décider des actions à entreprendre pour résoudre les problèmes qui se posent à la communauté. Le support visuel a pour objectif d'abord de susciter l'expression des participants, ensuite de fixer ou mémoriser cette expression et de rendre plus compréhensibles certaines explications ou idées nouvelles.

En termes de participation, la méthode GRAAP constitue un outil particulièrement bien adapté aux étapes de diagnostic, de sensibilisation, d'identification et recherche de solutions.

Très populaire, la méthode GRAAP est utilisée dans de très nombreux projets de gestion des ressources naturelles en Afrique sahélienne où elle a contribué à modifier la méthodologie d'approche des populations et a créé les conditions d'un dialogue et d'une analyse approfondie des problèmes par les communautés elles-mêmes.

J'ai une conviction. Celle que la nature, que les hommes ont besoin d'arbres, s'exclame le chef de poste de Thillé Boubacar (Sénégal- Projet n°2). Si je ne parviens pas toujours à la faire partager, je veux au moins pouvoir l'exprimer le plus clairement possible aux habitants de ma zone d'intervention. A cet effet, j'utilise la première recherche de la méthode GRAAP ("les changements dans notre environnement" qui m'indique les principales étapes d'un débat à mener sur le thème et me propose un jeu d'images illustrant les éléments de la discussion. A travers les figurines qui se déplacent sur un tableau de feutrine, les villageois diagnostiquent, s'interpellent, proposent. A condition de renouveler le jeu de figurines au fur et à mesure de l'apparition de nouveaux enjeux, c'est un support de communication très efficace pour faire réf1échir un groupe sur un thème précis et l'amener à se rapprocher de nos préoccupations en matière d'environnement.

Présente dans tous les villages africains où de nombreux ménages ont un lecteur/enregistreur, la cassette audio est un outil de communication pratique, souple et peu coûteux.

La cassette audio peut être utilisée à toutes étapes de l'approche participative: information/connaissance du milieu, sensibilisation, identification des actions à entreprendre, programmation, formation thématique, suivi-évaluation. Elle peut être utilisée seule et plus souvent en association avec un autre support, comme le Diapo-langage ou tableau langage, les figurines de la méthode GRAAP, les diapositives ou films fixes.

La cassette audio présente l'avantage d'enregistrer les réunions les plus importantes durant lesquelles des décisions sont prises et constitue ainsi une véritable mémoire pour la communauté; elle sert également à enregistrer toute manifestation culturelle ou artistique (fêtes, chants, récits, théâtre villageois) ou les émissions radio qui pourront être réécoutées et retransmises dans d'autres villages non couverts par les émetteurs de la radio nationale ou des stations régionales et locales.

A ce titre, la cassette audio est un moyen de communication inter-villageoises très pertinent. Elle permet d'échanger des informations spécifiques, des chansons, des musiques et des récits entre communautés villageoises.

Elle est enfin un instrument de témoignage mémorisé des opinions, des attentes de différents groupes qui peut être transmis aux responsables et décideurs et/ou être diffusé par la radio. De surcroît, conservées au sein de la communauté, les cassettes audio constituent une véritable audiothèque au niveau local, mémoire de la communauté et moyen de conservation des savoirs locaux.

Conçue sous la forme de blocs-notes géants, la boîte à images constitue un support intéressant pour une séance d'animation ou de formation.

La boîte à images permet de présenter un problème technique de façon synthétique et schématique avec des images dessinées, des schémas ou des graphiques et est destinée à:

Elle se présente sous la forme d'une série d'images de grand format reliées entre elles et disposées sur un chevalet qui est présenté face au groupe et permet de passer d'une image à l'autre en "tournant la page", en quelque sorte. A l'heure actuelle cependant, les boîtes à images sont de plus en plus souvent réalisées sur des supports en tissu, plus résistants et plus faciles à transporter. Les dessins sont réalisés par des artistes locaux. Leur coût de réalisation est peu élevé.

La boîte à images - utilisée en association avec le Diapo-langage, le film fixe (voir ci-après) et la cassette audio - est généralement intégrée dans des dossiers techniques de vulgarisation. Ces dossiers de vulgarisation sont utilisés par un nombre croissant de projets forestiers au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali, au Niger... L'encadré n°7 donne l'exemple de dossiers multimédia conçus pour la formation paysanne et mis au point au Burkina Faso.

Encadré N°7

FORMATION PAYSANNE MULTIMÉDlA AUX TECHNIQUES DE GESTION FORESTIÈRE

Le projet d'aménagement des formations naturelles (Burkina Faso - Projet n°5) assure la formation de moniteurs villageois, désignés par les groupements, sur des thèmes en liaison avec l'aménagement et la gestion des forêts. Cette formation, d'une durée d'environ 10 semaines, est donnée au Centre de formation paysanne de Nabilpaga Yarço, situé au cœur de la forêt classée du Nazinon. Ces moniteurs sont responsables de l'encadrement des travaux et ont la charge d'enseigner par la suite aux autres membres du groupement les techniques apprises pendant leur propre formation.

Ces paysans-moniteurs jouent un rôle essentiel sur le plan des rapports chantiergroupements et dans l'encadrement technique de l'exécution des différents travaux. En tant que détenteurs des connaissances indispensables pour l'exécution des travaux, ils sont également un facteur d 'encouragement à l'autoformation. Ce système de transfert de connaissances permet de réduire de façon significative les coûts de formation.

Pour permettre cette formation des formateurs, le centre de formation a préparé des dossiers de vulgarisation qui .s'appuient sur la combinaison de plusieurs supports audiovisuels ou imprimés, à savoir:

  • un dossier réalisé par des spécialistes comportant l 'ensemble des données techniques concernant le thème à vulgariser;
  • une boîte à images qui propose une série d'images en format A3 et de diapositives, pour illustrer un thème;
  • un livret illustré sous forme de cahier explique l 'ensemble des illustrations et le contenu des diapositives. Celui-ci est un aide-mémoire pour le moniteur;
  • une série de diapositives qui reprendra les mêmes thèmes en se rapprochant de la réalité du milieu. Une partie des diapositives peut être utilisée en diapo-langage afin de développer la communication avec les communautés villageoises et d'évaluer leur niveau de connaissance ainsi que leurs besoins en formation; la deuxième partie, plus didactique, développera les différents éléments techniques du thème à vulgariser;
  • enfin, une cassette audio en langue locale fait la synthèse des thèmes abordés.

Ces paquets pédagogiques permettent aux moniteurs villageois de prendre une part active à leur propre formation et une fois formés, de se mettre en situation de formateurs et de s'initier aux techniques de la pédagogie. Ils apprennent ainsi à restituer ce qu'ils ont appris pour être à même de le faire au niveau des villages. Lors de la conception des supports didactiques? l'équipe a veillé à proposer un questionnaire permettant au formateur d'ajuster son intervention en fonction des connaissances des stagiaires. L'introduction de ces nouveaux supports pédagogiques a totalement transformé la méthodologie de formation au centre de formation paysanne de Nabilpaga. La formation se fait par petits groupes autour des feuillets illustrés. Ces supports ont cependant un défaut. celui de n'avoir pas été conçus avec les utilisateurs. Il est important que les prochains soient réalisés avec les intéressés,. Les forestiers auront alors à leur disposition un /formidable instrument de formation en matière de gestion des ressources naturelles. (J.Y.Clavreul, 1994)

Le film fixe ou diaporama est constitué par une série de diapositives portant sur un thème particulier ou un scénario didactique. Le film fixe est conçu de manière à favoriser la réflexion logique.

Ce support de communication, moins interactif, se différencie du Diapo-langage parce qu'il intervient directement comme support de sensibilisation, d'information ou de formation sur un thème technique donné et non comme support d'animation pour le diagnostic d'une situation donnée par les populations.

Le film fixe propose à l'agent forestier ou au vulgarisateur une série d'images (accompagnées ou non d'un commentaire enregistré) qui va lui permettre d'illustrer ou de décomposer les différentes étapes d'une activité technique, comme la réalisation d'une pépinière ou la construction d'un foyer amélioré. Il décrit une activité réalisée sur le terrain en mettant en scène des personnages réels qui effectuent les gestes techniques précis correspondant à l'activité dont l'apprentissage est visé. Le film fixe alterne généralement plans généraux et gros plans, schémas ou graphiques: il permet ainsi une description détaillée de l'activité technique à vulgariser.

Un aide-mémoire sous la forme d'un livret technique reprenant les principales étapes de l'activité sous forme de dessins et/ou de schémas peut être remis à chaque participant, afin qu'il puisse s'y référer si nécessaire. L'utilisation d'une bande sonore n'est pas indispensable. L'animateur peut jouer ce rôle en restituant lui-même son contenu et en l'adaptant à la langue parlée par le groupe.

Le film fixe visionné sur un grand écran constitue un excellent support didactique. Le film fixe constitue par ailleurs un excellent auxiliaire pour l'information, la sensibilisation ou l'apprentissage d'une technique, comme le montre l'exemple suivant:

Dans le meilleur des cas, un arbre met au moins 5 ou 6 ans à pousser, explique l'expert forestier du projet de Zinder (Niger - Projet n°6). On peut le décrire, on peut expliquer tous les bienfaits à venir grâce aux efforts qui seront consentis aujourd'hui. Mais tout cela reste théorique. Le temps de croissance de l'arbre est incompressible! Aussi, projeter l'image d'un paysage verdoyant là où les arbres n'existent encore que sous forme de graines, c'est une façon pour nous d'être plus concrets, de contourner la contrainte du long terme propre aux activité forestière. Un montage diapo ou une vidéo présentant les résultats d'une expérience de reboisement permet à des villageois qui s'apprêtent à initier une action dans ce domaine de mesurer les effets probables de leur action et de renforcer leur détermination.

La vidéo est un support très intéressant de par sa souplesse d'utilisation et la riches se évocatrice des images animées. Toutefois, son utilisation n'est pas toujours aisée pour diverses raisons techniques et économiques: il existe de nombreux standards, normes et formats souvent incompatibles entre eux; une source d'énergie électrique est nécessaire; la manipulation des équipements pour produire des images de bonne qualité nécessite une formation; la maintenance des équipements peut poser des problèmes si l'on est éloigné d'un centre urbain important, etc. De plus, pour des raisons économiques, ce support est souvent écarté: en effet, même si le coût des équipements a baissé ces dernières années, il reste relativement élevé surtout si on vise un matériel de qualité.

Malgré cet inconvénient, les perspectives de cet outil sont larges. La vidéo peut être utilisée dans des contextes et avec des objectifs très différents selon que l'on s'en sert comme un "carnet de notes" pour décrire une situation, rendre compte d'un événement, recueillir un témoignage ou une déclaration sans rechercher une qualité d'image et de son professionnelle. Elle peut également être utilisée en tant qu'outil d'information ou de formation plus performant et complexe.

Dans le premier cas, un équipement simple est suffisant, mais son efficacité est relativement limitée. La vidéo est dans ce cas essentiellement utilisée pour échanger des témoignages, rendre compte d'événements ou de cérémonies importantes, filmer des groupes musicaux, griots, représentations de théâtre ou de marionnettes. Les cassettes vidéo ainsi produites peuvent servir comme élément d'animation dans les débats sur les thèmes de la gestion des ressources forestières.

Dans le deuxième cas, il est nécessaire de passer par une stucture professionnelle de production qui dispose des équipements et des techniciens pour produire des documents de qualité. Le coût de ces équipements et de ces productions est nettement plus élevé; il est donc indispensable de rentabiliser les investissements consentis. Des centres de production vidéo doivent être mis en place pour produire les documents d'information ou de formation. Mais ceux-ci devront obligatoirement rechercher un équilibre de rentabilité économique et monnayer leurs services.

De tels centres existent dans plusieurs pays:

Au Mali, le CESPA (Centre de services de production audiovisuelle) produit des documents vidéo de formation paysanne qui s'intègrent dans des paquets multimédia sur tous les thèmes du développement, des documentaires vidéo de sensibilisation ou d'information, des documents à caractère culturel, des documents de fiction ou des documents institutionnels. Les documents sont produits et diffusés à la demande de différentes structures et services, le CESPA assurant l'ensemble de la chaîne depuis la conception, la production jusqu'à la formation des utilisateurs.

Au Sénégal, le ministère de l'Environnement et de la protection de la nature a créé un Centre de production multimédia qui dispose des équipements nécessaires pour produire des documents vidéo de qualité professionnelle. Une centaine de documents ont été produits dans le domaine de la protection de l'environnement et la gestion des ressources naturelles. Ces documents peuvent être exploités par la télévision nationale dans le cadre des émissions d'information ou des magazines spécialisés sur les questions environnementales ou peuvent être utilisés sur le terrain, par les projets ou structures locales qui disposent d'un magnétoscope et d'un téléviseur.

Au Burkina Faso, une trentaine de films sur des thèmes intéressant directement la restauration et la gestion des ressources forestières ont été produits et sont disponibles au niveau de la DFVAF (Direction de la foresterie villageoise et de l'aménagement forestier) relevant de la Direction de l'environnement.

La carte du village ou du terroir constitue un outil privilégié dans l'analyse et le diagnostic de l'occupation de l'espace et des modes d'organisation sociale de la communauté. Réalisée par la population avec l'appui des agents techniques dès la première étape de l'approche, elle permet de matérialiser et donc de mémoriser dans un endroit public désigné par la communauté la situation du terroir à un moment donné et son évolution. L'échelle de représentation doit permettre de situer les diverses infrastructures (puits, école, mosquée, église, dispensaire...), les quartiers et les rues, les espaces boisés, les champs, les points d'eau (marigots, puits), etc.

La carte permet également de visualiser les actions à entreprendre, d'en mesurer les interactions et de débattre des priorités en termes d'aménagement. Les décisions d'aménagement et les diverses actions identifiées sont également portées sur cette carte, celle-ci devenant dès lors le support des plans d'aménagement et de gestion des terroirs.

La réalisation pratique de cette carte sera précédée de nombreuses sorties sur le terrain avec les responsables de la communauté. Par ailleurs, l'utilisation de photographies aériennes, et/ou à défaut de cartes topographiques, facilitera les relevés, ainsi que la détermination des limites et composantes du terroir ou de l'espace villageois.

L'album photographique est un instrument qui permet de renforcer la mémoire visuelle du village à un moment donné. Il sera utilisé comme instrument d'animation à plusieurs étapes du processus de l'approche participative, comme le diagnostic et le suivi-évaluation.

Le contenu de l'album est discuté et décidé au niveau villageois. Au départ, le nombre de photographies sera limité à 20 ou 25. Celles-ci doivent être caractéristiques du village et du terroir. Complémentaire de la carte du terroir, le rôle de l'album est également de constituer une mémoire visuelle de l'état des ressources naturelles du village à un moment donné.

L'exemple suivant donné par le Chef de poste de Matam concernant une expérience réussie par le PROGONA (Sénégal - Projet n°2) montre l'intérêt des photos comme indicatrices d'une situation à un moment donné:

Les photos ont été prises à deux époques. avant la mise en place des actions du projet et après celles-ci. Ces photos portaient aussi bien sur les actions techniques que sur la vie du village. Aujourd'hui, grâce aux interventions du projet, la végétation s'est reconstituée dans plusieurs endroits et les populations sont très fières de montrer les photos du tapis herbacé revenu (qu'elles aiment comparer aux photos d'avant aux agents qui viennent visiter la zone. Là où il n'y avait rien, les activités économiques se sont développées aujourd'hui de façon extraordinaire. Et sur le plan de la faune? même certains animaux sauvages disparus comme les chacals ont rejoint leur apparition. Toujours sur cet album se trouvait la photo de leur ancien chef de village décédé. A chaque fois que les villageois ouvrent l'album, ils se remémorent également la disparition de ce chef de village. Vous comprenez alors que les gens ont vraiment compris l'intérêt de l'album photo dans ce village.

3.4.3. Outils de communication traditionnelle ou communautaire

Les supports de communication traditionnelle ou communautaire sont nombreux et variés. Ils diffèrent d'une région à une autre selon le contexte historique, culturel et religieux. Pour les animateurs d'un programme de gestion des ressources forestières, il est indispensable de connaître ces supports, d'évaluer leur apport spécifique et d'encourager leur mobilisation dans le cadre d'une stratégie de communication. En effet, ce sont les outils les mieux intégrés dans les communautés villageoises. Ils représentent souvent les vecteurs les plus efficaces pour informer, sensibiliser et mobiliser les communautés autour des enjeux de la protection et de la gestion des ressources forestières.

Ces supports traditionnels ou communautaires ont comme qualité première d'être interactifs. A ce titre, ils permettent:

Ils contribuent ainsi à la recherche de consensus entre différents groupes d'intérêt au sein de la communauté villageoise ou entre communautés.

Les principaux supports de communication traditionnelle ou communautaire, pour lesquels des fiches techniques figurent à l'annexe 2, peuvent être regroupés en trois catégories:

Les acteurs principaux sont les griots, les musiciens, les montreurs de marionnettes, les troupes de théâtre locaux, etc.

Certains outils audiovisuels, comme la radio, la vidéo, la cassette audio, la photographie, les affiches ou même certains supports imprimés journaux et brochures en langues nationales) sont d'excellents instruments de mise en mémoire et de diffusion de la communication traditionnelle et communautaire.

L'intérêt de ce type d'outils de communication traditionnelle et leur caractère interactif peuvent être appréciés à travers l'exemple suivant, donné par un socio-animateur de l'OAPF au Mali à propos d'une séance de marionnettes. Le scénario avait été préparé préalablement par les marionnettistes conjointement avec les agents forestiers:

A la suite de ces différentes animations, un certain nombre de remarques peuvent être faites. la marionnette est une technique qui permet une grande mobilisation dans les villages parce que le public est intéressé par 1'aspect divertissement. Un autre aspect est que le public ne reste jamais aussi passif puisqu'il participe aux débats et il est invité à faire jouer des rôles à la marionnette qui peuvent enrichir le débat. Un autre aspect de la marionnette est qu'elle permet de briser certains tabous, parce que même si le public se retrouve dans les différents rôles joué par les marionnettes, ce qui est dit ou montré n'engage personne, mais permet en même temps de parler de ce tabous.

3.4.4. Outils de communication institutionnelle

Souvent négligés ou utilisés seulement pour assurer la promotion des activités d'un projet, d'un service ou d'une institution, les supports de communication institutionnelle ont pourtant un rôle essentiel à jouer pour faire circuler l'information entre les institutions et les acteurs en présence dans le secteur de la protection et de la gestion des ressources forestières. Ils contribuent ainsi à l'amélioration de la concertation entre ces acteurs, à l'harmonisation des méthodes d'approche et à la coordination des programmes d'action.

Les lieux de la communication institutionnelle sont souvent les réunions ou rencontres, les séminaires, journées d'études, de réflexion ou d'information,... organisés par les différents acteurs concernés, que ce soit au niveau national ou régional ou à l'échelle des projets.

La plupart des supports audiovisuels déjà évoqués sont utilisés pour faciliter et rendre plus concrets les échanges d'information. A cet égard, la vidéo est un instrument particulièrement intéressant, car elle permet de rendre compte des activités d'un projet, de visualiser les progrès accomplis, de synthétiser les activités étalées sur de longues périodes de temps. Enfin, la vidéo apporte des témoignages des divers acteurs impliqués dans ces activités.

Le bulletin de liaison est également un instrument de communication institutionnelle qui assure plusieurs rôles: il permet de maintenir un contact concret entre les différents protagonistes, d'échanger des informations et des expériences entre ces différents acteurs, de véhiculer des témoignages sur des initiatives novatrices, de diffuser des fiches techniques sur les différents volets du programme, d'inciter de nouveaux partenaires à se joindre au programme, ou encore d'assurer la promotion des activités du programme en direction des partenaires extérieurs et bailleurs de fonds. A ce titre, sa production et sa diffusion doivent être encouragées.

Les nouvelles technologies de communication associant l'informatique, les techniques multimédia et les télécommunications apportent également de nouvelles possibilités intéressantes de communication institutionnelle, tant au niveau de la transmission des données, des images et des rapports d'expériences et de projets, qu'à celui de la communication en réseau, avec le courrier électronique et les autoroutes de la communication. Même si ces possibilités sont encore peu développées au niveau des programmes et projets de gestion des ressources forestières en Afrique sahélienne, tout porte à penser, compte-tenu de la présence de systèmes informatiques au niveau de tous les projets et de l'amélioration des réseaux téléphoniques, que ces nouveaux outils devraient rapidement être accessibles aux acteurs institutionnels de ces programmes.

3.4.5. Outils de communication et étapes de l'approche participative

Comme l'ont montré les exemples ci-dessus, les outils et moyens de communication qui peuvent être mobilisés pour favoriser la mise en œuvre de l'approche participative sont nombreux et variés.

Ces différents outils peuvent être utilisés seuls ou en combinaison pour chacune des étapes de l'approche participative. Le tableau suivant (Tableau 4) reprend, en fonction des objectifs poursuivis lors de chaque étape, les principaux outils qui peuvent être exploités par les agents d'encadrement.

Tableau 4. Étapes de l'approche participative et supports de communication privilégiés

ÉTAPES OBJECTIFS POURSUIVIS SUPPORTS DE COMMUNICATION PRIVILÉGIÉS REMARQUES
1.
INFORMATION/
CONNAISSANCE
  • Etablir le bilan/diagnostic du terroir (Situation de référence)
  • Créer une base de concertation et les conditions de l'installation d'un partenariat
  • Assemblée villageoise
  • Radio rurale (émissions publiques)
  • Cassette-audio
  • Carte du village (MARP)
  • Album photo
  • Vidéo
  • Moyens de communication traditionnelle et communautaire
  • A cette étape, les outils de communication doivent être mobilisés pour instaurer le dialogue et pour recueillir l'information la plus complète sur les plans qualitatif et quantitatif. Ils doivent donc privilégier l'expression de tous les groupes d'intérêt au niveau de la communauté. Ils doivent permettre également d'identifier et de mémoriser la situation de départ sur supports sonores et visuels.
2.
SENSIBILISATION/
PRISE DE CONSCIENCE
  • Sensibiliser les populations aux enjeux environnementaux
  • Faire prendre conscience des changements intervenus et des responsabilités
  • Assemblée villageoise
  • GRAAP - Tableau-image
  • Diapo-langage
  • Radio rurale (microprogrammes, magazines)
  • Film fixe - Vidéo - Cassette-audio
  • Visite inter-villageoise
  • Moyens traditionnels et communautaires de communication
  • Il est important à cette étape de susciter une dynamique et un dialogue au sein de la communauté elle-même et entre les populations et les partenaires extérieurs. Plusieurs outils peuvent être combinés. Ils doivent être interactifs et valoriser l'expression libre et spontanée de tous les groupes concernés.
3.
IDENTIFICATION
DES PROBLÈMES/
RECHERCHE
DE SOLUTIONS
  • Recenser les différents problèmes et priorités
  • Réfléchir et identifier les solutions les mieux adaptées susceptibles d'améliorer la situation
  • GRAAP
  • Diapo-langage - cassette-audio
  • Carte du village
  • Radio rurale (magazine, témoignages, reportages,...)
  • Moyens traditionnels et communautaires de communication
  • La dynamique créée à l'étape précédente doit se traduire par un recensement des problèmes et des potentialités existantes et la proposition de solutions réalisables localement.
  • Les mécanismes traditionnels de communication ainsi que les pratiques et savoir faire traditionnels doivent être recensés et pris en compte.
4.
PROGRAMMATION
  • Organiser la mise en œuvre du programme d'actions identifiées
  • Susciter la création de comités et groupements responsabilisés par groupes d'actions
  • Rechercher une caution de solidarité villageoise sur les programmes d'actions et arrêter la répartition des différentes responsabilités et des modalités de partenariat
  • Assemblée villageoise
  • GRAAP
  • Cassette-audio
  • Carte du village
  • Radio rurale (reportages, magazines)
  • Moyens traditionnels de communication
  • A cette étape, les outils de communication doivent aider au partage des responsabilités et des tâches entre les différents partenaires. Ils serviront également à enregistrer les engagements pris par les différents groupes concernés, ainsi que la chronologie des actions décidées. Les circuits traditionnels de prise de décision devront être pris en compte.
5.
FORMATION THÉMATIQUE
  • Apporter les compléments de formation, les connaissances techniques ou transfert de savoir-faire nécessaires à la réalisation de l'action programmée
  • Dossier technique de vulgarisation
  • Boîte à image
  • Film fixe/Livret technique
  • Vidéo - Cassette-audio
  • Visite inter-villageoises
  • Radio rurale (magazines)
  • A cette étape, les outils de communication serviront à faciliter les transferts et échanges de connaissances, savoirs et techniques. La production et l'exploitation de ces outils devra tenir compte des savoirs et techniques traditionnels.
6 et 7.
EVALUATION
DES ACTIONS
EN COURS
ET DES RÉSULTATS
  • Assurer un suivi-évaluation périodique de l'état d'avancement, de la participation, des résultats acquis... Identifier les sources éventuelles de blocage
  • Effectuer le bilan critique de l'ensemble du processus et de l'application de la méthodologie
  • Sur la base de ce bilan, faire redémarrer le processus par l'identification de nouvelles actions prioritaires
  • Assemblée villageoise
  • Carte du village
  • Cassette-audio- Vidéo
  • Radio rurale (émissions publiques, magazines, reportages...)
  • Album photo
  • Moyens traditionnels de communication
  • A cette étape, les outils de communication seront mobilisés à la fois pour rendre compte et mettre en mémoire les résultats obtenus, analyser les causes de blocage ou d'échec, identifier de nouvelles actions à entreprendre. Ils permettent à l'ensemble des partenaires de s'approprier la méthodologie.

3.5. Conditions de mise en œuvre des activités de communication

Le rôle de la communication est multiple. Elle constitue un facteur essentiel de réussite de la mise en œuvre de l'approche participative, à condition que les divers outils, canaux et méthodes de communication qu'elle met en œuvre soient maîtrisées par les différents agents.

Les activités de communication interviennent à plusieurs niveaux (national, régional, local) et visent des objectifs diversifiés (information, communication interactive, formation). Elles s'adressent à plusieurs types d'acteurs (communautés villageoises, agents locaux d'encadrement, ONG, structures centrales de décision, partenaires). Elles empruntent des outils et canaux de communication variés (outils de communication de masse, de communication de proximité, réseaux traditionnels et communautaires de communication, outils de communication institutionnelle).

Le succès de la mise en œuvre d'activités de communication dans le cadre de la gestion des ressources forestières implique qu'un certain nombre de conditions soient réunies, et notamment qu'une stratégie de communication soit élaborée au niveau national et au niveau de chaque projet ou structure locale d'intervention. Par ailleurs, il rend nécessaire le renforcement de la formation en communication des agents d'encadrement et des divers acteurs intervenant en milieu rural.

3.5.1. Stratégie de communication au niveau national

Les activités de communication pourront être mises en œuvre avec d'autant plus de chances de réussite si les deux conditions suivantes seront réunies. Ces deux conditions ont déjà été énoncées comme conditions de réussite de l'approche participative (Point 2.4.; il s'agit de:

Ces deux conditions constituent un préalable à la définition d'un cadre de référence, qui servira de base à l'élaboration d'une stratégie nationale de communication en appui à la gestion des ressources naturelles. Cette stratégie doit être conçue en concertation étroite avec l'ensemble des partenaires (secteur public, privé ou associatif) et se fonder sur une méthodologie d'approche commune reconnue par tous.

Dans ce contexte, la stratégie de communication doit définir les objectifs généraux et spécifiques de la communication en appui à la gestion des ressources naturelles, ainsi que les différents thèmes à traiter, les acteurs et partenaires concernés, les besoins en formation, les outils et canaux de communication les plus adaptés. Logiquement, elle doit déboucher sur un plan national de communication en matière de gestion des ressources forestières qui s'appuie sur un cadre institutionnel de concertation entre tous les partenaires concernés et une structure de mise en œuvre et de suivi.

Sur la base de cette stratégie et de ce plan d'action, des accords de collaboration doivent être conclus avec les organismes susceptibles d'intervenir dans la conception, la réalisation, la diffusion et l'évaluation des produits de communication sur les différents thèmes abordés. Ces organismes peuvent être des médias au plan national et régional, des organismes de production multimédia ou encore des structures de formation spécialisées en communication.

L'Encadré n°8 montre l'expérience du Sénégal en matière d'élaboration d'une stratégie nationale de communication pour l'environnement.

La mise en œuvre des activités de la stratégie et du plan national de communication exige un certain nombre de moyens tant humains que financiers et logistiques. Ceux-ci doivent être trouvés en priorité en mobilisant les ressources existantes au niveau des différents partenaires déjà engagés dans le secteur. Vu le rôle de la communication et son importance pour la réussite des actions et projets de gestion participative des ressources forestières, le financement de cette composante doit être prévu systématiquement pour tout projet intervenant dans ce domaine.

3.5.2. Stratégie de communication au niveau local

A l'instar du niveau national, chaque projet ou structure intervenant dans la gestion des ressources forestières au niveau local doit formuler sa propre stratégie de communication.

La formulation et la mise en œuvre d'une stratégie de communication dans le cadre d'un projet impliquent une analyse précise de ses objectifs, de ses activités et du contexte dans lequel ces activités sont mises en œuvre. Elle tiendra compte également des orientations définies au niveau national.

Plusieurs éléments vont guider l'élaboration et la mise en œuvre de cette stratégie de communication au niveau local. Parmi ceux-ci, on peut citer:

Encadré N°8

UNE STRATÉGIE NATIONALE DE COMMUNICATION POUR L'ENVIRONNEMENT AU SÉNÉGAL

Depuis plusieurs années, le Gouvernement du Sénégal déploie de nombreux efforts pour encourager la participation de la population aux programmes de protection de l'environnement et de gestion des ressources naturelles. La FAO a apporté un soutien constant à cet effort, notamment à travers l'appui à la foresterie rurale (Projet n°7), qui a permis de formuler une méthodologie d'approche participative applicable à l'ensemble des activités de gestion des ressources forestières, d'expérimenter des outils de communication susceptibles d'accompagner cette approche, de former de nombreux agents forestiers à l'approche participative et à l'utilisation d'outils et méthodes de communication appropriés.

Sur la base de cette expérience, le Gouvernement du Sénégal a souhaité systématiser ces premiers acquis et généraliser le recours aux outils de communication à l'ensemble des programmes de protection de l'environnement et de gestion des ressources naturelles.

En mars 1995, avec l'appui du projet FAO "Communication pour l'environnement", un atelier national a été organisé par le ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature à Dakar pour définir les grandes lignes d'une stratégie de communication pour l'environnement. Cet atelier a constitué un moment exceptionnel de rencontre entre tous les acteurs engagés dans la lutte pour la protection de l'environnement: organismes publics, représentants de la société civile, opérateurs économiques, institutions de communication, représentants des partenaires au développement.

Il a permis de dégager un consensus sur la nécessité de développer une culture environnementale au Sénégal et de rompre avec les habitudes de communication verticale et autoritaire sans effet sur la population.

Cet atelier a également défini les objectifs de communication pour l'environnement en termes d'information, de sensibilisation et d'éducation, ainsi que les principaux thèmes à aborder. Il a permis d'identifier les outils et canaux de communication les plus appropriés et de proposer des mécanismes institutionnels de concertation intersectorielle, de suivi et d'évaluation.

Une opération pilote de communication pour l'environnement a été lancée. Celle-ci met l'accent sur deux médias principaux:

  • La radio, et notamment la radio rurale, en tant qu'elle constitue le moyen le plus fiable pour communiquer avec l'ensemble de la population dans les différentes langues parlées dans le pays; et,
  • Les outils de communication de proximité, en tant qu'ils permettent l'établissement d'un dialogue et d'un débat au niveau de chaque village, de chaque communauté et qui y facilitent la diffusion des informations, savoirs et techniques sur les principaux thèmes de la protection de l'environnement et la gestion des ressources naturelles.

A l'issue de cette opération pilote, un plan d'action en matière de communication pour l'environnement sera formulé. Il devrait logiquement s'intégrer au Plan national d'action environnementale, défini par le CONSERE (Conseil Supérieur des Ressources Naturelles et de l'Environnement).

 

 

Les activités découlant de cette stratégie devront s'appuyer sur la mobilisation d'outils de communication choisis en fonction de leur capacité à servir les objectifs visés, de leur impact, de leur coût, de la possibilité de les produire localement. La conception et la mise en œuvre d'une stratégie de communication au niveau local n'implique pas nécessairement l'utilisation de moyens sophistiqués et coûteux. Ces supports de communication peuvent être constitués par des supports simples comme le Diapo-langage, le flanellographe et les figurines de la méthode GRAAP, les cassettes audio pour enregistrer les réunions avec les communautés villageoises ou pour recueillir les éléments de la tradition orale (théâtre, musique, récits, contes, proverbes), les boîtes à images, diapositives et livrets techniques pour accompagner les séances de formation sur un thème technique donné, les images à grande échelle pour utilisation sur les marchés, le bulletin de liaison pour l'information des partenaires et la promotion des activités du projet, etc. Ces supports peuvent être produits localement, ou provenir d'un centre de production extérieur, ou encore faire l'objet d'un travail d'adaptation locale d'un outil élaboré par d'autres structures. Ils devront intégrer les moyens et réseaux traditionnels et communautaires de communication existants.

Le recours à des supports plus complexes (production de vidéos de formation, de diaporamas, d'émissions de radio rurale) peut faire l'objet d'une collaboration entre plusieurs projets ou structures d'intervention situés dans la même région ou être envisagé avec l'appui d'organismes spécialisés au niveau régional ou national: stations de radio, centres de production audiovisuelle, centres de formation, centres d'information ou de documentation.

La mobilisation de ces supports va permettre au projet de:

3.5.3. Formation

L'élaboration et la mise en œuvre d'une stratège de communication implique l'existence d'agents compétents et formés à la production de ces supports, à leur exploitation sur le terrain et à leur évaluation. La formation des divers intervenants dans le domaine de la communication repose sur les axes principaux suivants:

La stratégie de communication doit comporter un plan de formation en matière de communication et prévoir les ressources matérielles, humaines et financières nécessaires pour la mise en œuvre de cette formation, qui devra mobiliser les compétences existantes au niveau national, régional et local.


  1. L'impact des supports audiovisuels dans la gestion des ressources naturelles, par A. Nyamba. Ministère de l'Environnement et du Tourisme, 1994.
  2. Certains instruments d'investigation ou d'analyse comme la MARP ont été abordés au chapitre précédent, car ce sont d'abord des outils de recherche et d'analyse. Ils s'appuient toutefois sur des supports de communication comme la carte du village ou du terroir qui fera l'objet d'une fiche technique en annexe. D'autres outils, comme les fiches ou les cahiers de suivi, ne seront pas traités dans ce chapitre, car ce sont des instruments de gestion ou d'évaluation que des instruments de gestion ou d'évaluation que des instruments de communication.
  3. J. Anderson et A. AlmouJou, OAPF, Mali, 1992.
  4. Pour plus de détails, voir bibliographie et notamment: les mille et un mondes. Manuel de radio rurale, par F. Querre. FAO, Rome, 1991 .
  5. GRAAP: Groupe de recherche et d'action pour l'autopromotion paysanne (Burkina Faso)
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