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Le maïs au Bénin: atouts et perspectives

Chabi-Gouro YALLOU
Direction de la recherche agronomique, Niaouli, Bénin

Généralités sur le Bénin

La république du Bénin s'étend sur une superficie de 112 660 km², dont 63 % de terres arables, avec une population de 4,74 millions d'habitants. Le pays est essentiellement agricole, avec environ 80 % de la population engagée dans les activités agricoles et para-agricoles.

Le pays forme un long corridor, s'étendant en latitude entre 6° et 12° Nord, et en longitude entre 1° 30' et Y Est dans la partie méridionale et entre 0° 45' et 3° 45' Est dans la partie septentrionale.

Il connaît deux types de pluviométrie; l'un bimodal (mars-juillet et septembre-novembre), depuis la région côtière jusqu'à Savè, l'autre monomodal (maioctobre) de Savè à Malanvilles, où une période d'harmattan est plus marquée de novembre à février.

La pluviométrie fluctue entre 900 et 1 300 mm, avec une moyenne d'environ 1 100 mm. La chaîne de l'Atacora est la plus arrosée (1 400 mm) et l'extrême nord et le sud-ouest sont les zones où les pluies sont moins abondantes (850-900 mm).

Les principaux types de sols rencontrés sont

La république du Bénin jouit de conditions favorables au développement de plusieurs cultures, dont les céréales, parmi lesquelles le maïs occupe le premier rang.

L'importance du maïs

La production et les zones de culture

Le maïs (Zeamays L.) est la principale céréale intervenant dans l'alimentation des populations au Bénin. Habituellement cultivé au sud et au centre (Ouémé, Mono, Atlantique et Zou), le maïs tend à se développer dans les régions septentrionales (surtout dans le Borgou), où autrefois seul le maïs jaune était cultivé pour les périodes de soudure.

Il est consommé sous diverses formes: épis grillés ou bouillis (maïs vert); grains torréfiés sous forme de semoules; farine pour la préparation de l'akassa, pâtes, galettes, etc., grains humidifiés pour la production de mawé ou ogui (farine fermentée traditionnelle) servant de farine de base pour la préparation de diverses bouillies d'akassa, d'akpan, etc.

Selon les statistiques des services du ministère du Développement rural (1993), la consommation par tête d'habitant et par an est la plus élevée dans le département de l'Ouémé, suivi de celui du Mono, puis de celui de l'Atlantique. Les autres départements sont en dessous de la moyenne (tableau 1).

Figure 1. Aptitude climatique à la culture du maïs.

Tableau I. Consommation par tête d'habitant des produits agricoles selon les départements (en kilogrammes et par an).

Départements Maïs Sorgho Riz Niébé Manioc Igname Arachide
Atacora 18 71 10 7 17 185 6
Atlantique 92 1 23 5 94 7 6
Borgou 31 63 10 8 42 150 6
Mono 96 1 10 5 140 6 6
Ouémé 103 1 16 8 90 23 5
Zou 52 12 8 8 90 168 il
Moyenne du Bénin 69 21 14 7 81 82 7

Source: DAPS/ministère du Développement rural (MDR).

La production a connu une certaine fluctuation ces sept dernières années, qui s'explique par la nature sédentaire de sa culture et quelquefois par la légère augmentation des superficies.

La production de 445 997 tonnes en 1991 s'explique en partie par l'utilisation par quelques paysans de certaines variétés améliorées (tableau II). Le département de l'Ouémé est le premier producteur (132 077 tonnes) de maïs au Bénin en 1991 (tableau III).

Tableau II. Statistique de la production de maïs au Bénin.

Année Superficie (ha) Production (t)
1988 486224 423490
1989 478995 424042
1990 456261 409292
1991 459143 445997
1992 470297 459546

Source: DAPS/MDR.

Les superficies

Les superficies ont aussi connu une fluctuation au cours des sept dernières années. Dans les départements de l'Atacora et du Borgou, on constate une nette augmentation des superficies, de 13 858 ha en 1985 à 26 789 ha en 1991 dans l'Atacora (+ 51 %) et de 41 419 ha en 1985 à 71 414 ha en 1991 dans le Borgou (+ 58 %).

Pour les départements du sud (Atlantique, Mono, Ouémé et Zou), les superficies ont évolué en dents de scie d'une année à une autre, soit en augmentant, soit en diminuant (tableau IV).

Toutefois, il convient de remarquer que les superficies emblavées ainsi que les productions obtenues dans le département de l'Ouémé sont à la baisse: 183 350 ha en 1985 contre 135 703 ha en 1991 puis 159 123 tonnes en 1985 contre 132 073 en 1991.

Les rendements

L'évolution en dents de scie des rendements s'explique par l'utilisation des écotypes locaux par beaucoup de paysans et de certaines variétés améliorées par un nombre très restreint de paysans. Elle est aussi due à la baisse de fertilité des terres surexploitées des zones de grande production de maïs (tableaux V et VI).

Les systèmes de culture

Au Bénin, le maïs est presque toujours cultivé en association avec soit le manioc, soit le sorgho, soit l'arachide, soit le niébé, à des densités très variables. Dans certaines régions, on le cultive dans un système d'alternance avec l'igname ou avec le riz.

La récolte

Les modes de récolte sont presque les mêmes d'une région à une autre. Dans les zones septentrionale et centrale où les conditions climatiques offrent des possibilités de séchage au champ et surtout sur pied, la récolte s'effectue en épis déspathés. Au sud, le mode de récolte diffère car celle-ci s'effectue dans des conditions climatiques spécifiques en grande saison (épis non secs) et surtout à cause des habitudes. La récolte s'effectue en épis non déspathés.

Tableau III. Evolution de la production de maïs par département de 1985 à 1991 (en tonnes).

Département 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991
Atacora 12694 169945 16871 22457 22867 24124 30191
Atlantique 104868 108878 67711 104786 92253 83006 80503
Borgou 39324 42941 40937 50758 61 796 60672 78044
Mono 61 901 54647 34 553 59800 55 237 47499 60205
Ouémé 159 123 111 570 80607 132 565 136208 149289 132077
Zou 56765 43 366 36558 53 124 55681 44702 64977
Total 434 675 531 347 277 237 423490 424042 409292 445997

Source: ministère du Développement rural et de l'action coopérative, direction des études et planification/SSD - 1975 à 1991.

Tableau IV. Evolution des superficies emblavées en maïs par département de 1985 à 1991 (en hectares).

Département 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991
Atacora 13858 16269 18963 22 133 22247 22945 26789
Atlantique 111 896 103 159 92631 113 379 102460 95365 79 113
Borgou 41 419 44759 45 312 53439 61 208 65091 71 414
Mono 73837 74241 54 985 80121 74096 65345 70538
Ouémé 183350 148892 132232 152576 150504 147472 135703
Zou 64585 55 555 47717 64576 68480 60043 75 586
Total 488945 442875 391 840 486224 478995 456261 459143

Source: MDRAC DEP/SSD - 1975 à 1991.

Tableau V. Rendement moyen du maïs (en kg/ha).

Département 1985 1986 1987 1988 1989 1990

Maïs local

Atacora 916 1042 890 979 1 001 993
Atlantique 883 987 684 854 842 812
Borgou 826 842 787 827 855 811
Mono 836 734 625 742 666 721
Ouémé 862 747 601 848 766 973
Zou 842 725 685 732 688 622
Moyenne 859 817 668 761    

Maïs améliore

Atacora       1 130 1 190 1 294
Atlantique 1 841 2000 1 288 1 843 1 425 1 462
Borgou 1 600 1 749 1 762 1 837 1 974 1 626
Mono 1 222 971 844 1 038 972 920
Ouémé 1 678 1 056 983 1 474 1 124 1 990
Zou 1 178 1 256 1 243 1 160 1 115 1 051
Moyenne 1 531 1 629 1 331 1 440 1 300 1 374

Source: MDRAC DEP/SSD.

Tableau VI. Evolution des rendements par département de 1985 à 1991 (en kg/ha).

Département 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991
Atacora 916 1042 886 1015 1028 1051 887
Atlantique 937 815 634 924 900 870 1018
Borgou 949 959 809 950 1010 932 1093
Mono 740 736 628 746 745 845 854
Ouémé 868 749 620 869 905 1012 973
Zou 879 767 766 824 013 744 860
Moyenne 889 845 677 671 005 897 971

Source: MDRAC DEP/SSD - 1975 à 1991

Le stockage

Le maïs récolté pendant la première saison des pluies dans la partie sud du pays est porté directement sur les marchés.

Il faut stocker pour procéder à un approvisionnement contrôlé du marché. Ce même besoin de contrôle est indispensable pendant la période de soudure, où la pénurie de la denrée est énormément ressentie par les populations. Le stockage apparaît comme une nécessité pour maintenir les prix et favoriser à la fois les producteurs et les consommateurs.

Le maïs est stocké:

La vente sur les marchés

Cette modalité est la plus pratiquée, tant par les femmes des paysans et les paysannes elles-mêmes que par les commerçants. Elle s'effectue suivant la demande et selon une multitude de circuits commerciaux tels que:

C'est surtout dans les grands centres urbains que le commerce du grain de maïs est le plus florissant.

Le prix du maïs

Dans les régions de forte production, le maïs est porté sur le marché et les prix s'effondrent. Il faut donc stocker pour procéder à un approvisionnement contrôlé du marché, c'est-à-dire à un contrôle des prix. Ce contrôle est aussi indispensable pendant la période de soudure, où la pénurie de la denrée conduit à une flambée des prix intolérable pour les consommateurs.

Les prix pratiqués par les producteurs varient non seulement suivant les zones de production, mais, surtout, suivant le type de commerçant. D'une façon générale et selon les données de la Direction du contrôle et du conditionnement des produits agricoles, les prix mensuels pratiqués sur les principaux marchés varient énormément d'une année à une autre. Cependant, on observe généralement les prix maximaux en mai et juin au sud et au centre et en juillet et août au nord (tableaux VII, VIII et IX). Les bas prix sont observés pendant ou juste après la récolte, surtout dans le sud.

Dans le marché de Dantokpa, selon PREUSS et CELTZIEN (1990), les prix fluctuent aussi d'une année à une autre, avec des maxima surtout en mars, mai, juin et juillet (tableau X).

Les formes d'utilisation du maïs

L'importance du grain de maïs provient des multiples types de transformation qu'il subit, que ce soit en transformation traditionnelle ou industrielle. Au Bénin, les écotypes locaux de maïs sont très souvent utilisés pour les diverses transformations.

Les produits traditionnels de première transformation a Maïs grillé: l'épi déspathé est grillé, puis consommé soit seul, soit associé avec l'amande de coco ou l'arachide grillée.

• Maïs bouilli: l'épi, despathé ou non, est bouilli et consommé comme le maïs grillé. Le maïs grain sec peut être cuit jusqu'à éclatement (bokoun en fon) et consommé avec de l'arachide grillé ou bouillie.

• Les farines:

Ces farines constituent des produits semi-finis pour la fabrication d'autres produits.

• Les pâtes fermentées:

Les produits traditionnels de deuxième transformation

LES PRODUITS DE TRANSFORMATION DE FARINES

• Pâte cuite ordinaire (en fon owo; en baatonou dibou; en dendi: hâbourou etc.), obtenue à partir du mélange de la farine sèche de maïs et de l'eau à une certaine température.

• Pâte à huile assaisonnée (en fon: amiwo), obtenue à partir du mélange de la farine sèche de maïs et de la sauce (poulet, viande, poisson, etc.) à une certaine température.

• Galettes de maïs (en fon: akléklé), obtenues à partir d'une bouillie cuite (1/3 de farine de maïs) salée et sucrée puis consolidée par de la farine sèche. Le produit obtenu est frit à l'huile.

Abia de maïs, obtenu à partir du mélange de farine de maïs torréfié, d'huile de palme, d'eau chaude et de condiments. Le produit obtenu est emballé dans des feuilles de bananier et cuit à la vapeur.

continue


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