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Préface du directeur général

Le projet de développement rural intégré de Keita a été lancé en 1984. Le Sahel était alors l'objet de l'attention générale et de la solidarité internationale en raison de la situation catastrophique des populations sahéliennes après des années de sécheresse répétées, premières responsables de l'accélération des processus d'érosion et de désertification, et du fait aussi d'une croissance démographique constante, qui avaient accentué le décalage préexistant entre besoins et ressources du monde rural.

Dix ans plus tard, s'il est certain que le choix de l'arrondissement de Keita pour la mise en oeuvre du projet constituait un défi, compte tenu de la localisation de l'arrondissement à la limite même des terres cultivables du Niger, de sa vulnérabilité extrême aux processus d'érosion à cause de sa topographie et de la densité relativement élevée de sa population, les résultats obtenus conduisent à penser que ce choix a été judicieux.

Cette brochure qui est dédiée aux hommes, aux femmes et aux enfants de l'arrondissement de Keita montre ce que les populations rurales sahéliennes sont capables de réaliser pour reconstituer leur environnement, améliorer leur sécurité alimentaire et promouvoir leur développement quand elles peuvent compter sur le soutien, le courage et l'imagination sans faille d'un projet tel que celui de Keita. En observant le chemin parcouru par le projet et ses résultats, motifs d'enthousiasme mais, parfois aussi, d'appréhension, on y remarque particulièrement l'application anticipée de principes majeurs adaptés par la Conférence de Rio de juin 1992 en vue de la pérennité des projets de développement: intégration systématique de la protection de l'environnement aux programmes des projets, mobilisation et association massives des populations, reconnaissance du rôle capital des femmes dans les processus de développement et la gestion des ressources naturelles.

Le projet est parvenu aux deux tiers de la durée qui lui a été fixée. Il n'est pas exclu qu'il puisse nous fournir d'autres leçons, mais la situation dans le Sahel où les périls de la désertification, de la faim et de l'exode demeurent entiers impose d'exploiter sans attendre le message en provenance de Keita. Après tant de projets de développement aux résultats décevants, ne convient-il pas d'abord de faire parvenir ce message d'espérance concrète aux populations sahéliennes? Ne serait-il pas non plus l'heure pour leurs gouvernements et pour la solidarité internationale de "repenser le Sahel" à la lumière de l'expérience particulière et provocante à bien des égards du projet de Keita, qui constitue de fait un véritable laboratoire de développement?

Jacques Diouf
Directeur général de la FAO


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