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Section 6 - Le bois dans l'habitation des pays en développement

O.H. KOENIGSBERGER

Le professeur O.H. KOENIGSBERGER est le chef du Département du développement et des études tropicales, Architectural Association School of Architecture, Londres, Royaume-Uni. Ce document a été préparé en collaboration avec la Division des industries et du commerce des produits forestiers du Département des forêts de la FAO d'après les notes documentaires citées à la fin. Leurs auteurs sont priés de trouver ici de sincères remerciements. Des remerciements sont aussi adressés à l'Office suédois pour le développement international (SIDA) qui a permis, grâce à son appui financier, de travailler sur le terrain à trois architectes spécialistes des problèmes que pose l'utilisation du bois dans la construction de logements dans les pays en voie de développement. Les travaux effectués par ces trois architectes, en qualité d'experts au titre du Fonds de dépôt de la FAO en Afrique, en Asie et en Extrême-Orient, et en Amérique latine, ont abouti, entre autres résultats, aux trois études régionales sur l'utilisation du bois pour la construction de logements dans les pays en voie de développement et aux études nationales de complément qui ont fait l'objet de communications spéciales à la Consultation figurant à la fin de cet article.

Cette section a pour tâche de dégager les facteurs qui influent sur le choix des produits du bois comme matériaux de construction, d'étudier les tendances dans ce domaine et d'examiner les moyens d'accroître l'utilisation du bois pour la construction de logements à coût peu élevé dans les pays en voie de développement. C'est donc un sujet qui recouvre celui de toutes les autres sections, mais en se référant expressément aux pays en voie de développement. Le présent exposé n'essaie donc pas de traiter tous les points relevant de ce sujet dont bon nombre ont été étudiés à fond dans d'autres sections. Certains aspects qui tiennent à des facteurs particuliers aux pays en voie de développement seront soulignés.

Parmi les facteurs qui influent sur l'utilisation du bois dans la construction, on étudie ici le climat - facteur important dans les pays en voie de développement, dont la plupart sont situés sous les tropiques, les facteurs sociaux et les répercussions du taux élevé d'urbanisation qui amènent souvent à considérer le bois comme le «matériau du pauvre»; l'approvisionnement en produits du bois, en traitant en particulier du développement insuffisant des industries forestières; les facteurs économiques et l'incidence des bas niveaux de revenu; enfin les facteurs techniques qui peuvent être très différents de ceux qui prédominent dans les pays développés des zones tempérées.

Après avoir dégagé ces facteurs, le document récapitule les aspects positifs et négatifs et en tire un tableau des tendances actuelles. Il suggère enfin les mesures que pourraient prendre les gouvernements nationaux et les organisations internationales pour accroître l'utilisation du bois dans la construction de logements, en indiquant les grandes lignes directrices à partir desquelles la section 6 pourra engager un débat et formuler des recommandations précises.

Possibilités d'utilisation du bois pour la construction de logements

Les énormes besoins de logements des pays en voie de développement doivent être considérés à la fois du point de vue quantitatif et du point de vue qualitatif. Du point de vue quantitatif, on constate une forte disproportion entre le nombre de ménages et celui d'unités de logements disponibles, disproportion dont les répercussions varient de l'encombrement excessif au manque total d'abri. Du point de vue qualitatif, on doit reconnaître le niveau très bas de la plupart des logements qui sont souvent privés des installations les plus rudimentaires.

Ces insuffisances continuent d'être aggravées par le taux élevé d'accroissement démographique, l'émigration des zones rurales vers les zones urbaines et la nécessité de renouveler en grande partie les logements existants par suite de leur dégradation et de catastrophes naturelles. Le taux d'accroissement démographique se situe généralement entre 2 et 3 pour cent par an dans les pays en voie de développement, de sorte que la population double à peu près tous les 25 ans. Toutefois, nombre de grandes villes s'agrandissent à un rythme plus de deux fois supérieur et doublent de population tous les dix ans, sinon à intervalles plus rapprochés. En outre, l'accroissement démographique le plus rapide peut se produire dans les zones d'urbanisation incontrôlées aux abords des métropoles qui doublent généralement de population tous les cinq ou sept ans. Si l'on ne fait rien pour arrêter les tendances actuelles, les pays en voie de développement verront s'aggraver sans cesse le problème que posent ces quartiers, qu'on appelle bidonvilles, shanty towns, favelas ou barriadas (1) 1.

1 La situation mondiale du logement a été exposé dans son ensemble dans la section 1 de la Consultation. Le présent document ne porte donc que sur quelques aspects particulièrement pertinents de la situation des pays en voie de développement.

D'après la méthode d'estimation des besoins en logements suggérée par le Centre de l'habitation, de la construction et de la planification des Nations Unies (2), les besoins mondiaux pourraient être satisfaits si l'on fournissait annuellement dix unités d'habitations par millier d'habitants. Il est possible de se faire une idée approximative de l'ampleur des besoins en logements d'après cette formule si l'on sait que dans les pays en développement le nombre annuel moyen de nouveaux logements officiellement enregistré a été seulement de 2 ou 3 unités par millier d'habitants au cours de la dernière décennie ². Ce nombre ne serait même pas suffisant pour un accroissement démographique inférieur de moitié; il est a fortiori insuffisant pour réduire le déficit actuel ou pour satisfaire la demande croissante des populations migratoires ou encore pour remplacer les vieux logements. Autrement dit, pour satisfaire leur demande, les pays en développement auraient dû construire 27 millions d'unités par an, soit 3,4 fois la production effective, qui a été de 8 millions d'unités par an au cours des dix dernières années.

² Contre environ 7,5 logements (chiffre estimatif) dans les pays industrialisés par millier d'habitants au cours de la même période.

II faut néanmoins comprendre que les chiffres officiels de la construction de logements ne comprennent pas les logements «spontanés», construits principalement dans les régions rurales sans la moindre surveillance municipale, ni le nombre croissant d'abris de fortune construits sans autorisation de façon anarchique dans les zones urbaines. Malgré la gravité de la situation, la plupart des gens font face à leurs besoins en logements par leurs seuls efforts, sans aucune aide économique ni technique, et construisent des abris rudimentaires en utilisant des techniques traditionnelles frustes et des matériaux faciles à trouver (22).

LE RÔLE DU BOIS DANS LA CONSTRUCTION

Si l'on veut avoir une idée approximative des quantités annuelles de bois consommées actuellement ou utilisables pour la construction, on peut avancer - au risque d'une généralisation abusive - un chiffre compris entre 0,5 et 6 mètres cubes de produit final par unité d'habitation. Cette estimation englobe les deux extrêmes: de la maison dont seules la charpente du toit, les portes et les fenêtres sont de bois, à la maison à bon marché tout en bois ³. De toute évidence, les quantités moyennes de bois réellement utilisées dans cette gamme dépendent des conditions locales, examinées plus loin, et peuvent varier considérablement d'une région à l'autre.

³ Même dans les régions pauvres en bois, la charpente des grandes ouvertures demande un minimum de bois, comme les poteaux, notamment lorsque les couvertures sont lourdes comme dans les régions chaudes et arides, et lorsque les volets de portes et de fenêtres, bien que rares, sont importants. Le chiffre correspondant aux maisons tout en bois est tire de l'exemple du Plan de logement FLDA de Malaisie qui utilise 6 mètres cubes par unité de 45 mètres carrés de surface de plancher. Le chiffre très bas de 0,5 mètre cube pour la charpente du toit de la même maison représente la consommation minimale par maison. Une étude de la FAO sur la construction de maisons en bois à bon marché industrialisées au Honduras estime la quantité de bois nécessaire à 4 mètres cubes pour 36 mètres carrés de surface de plancher.

TABLEAU 1. - CONSOMMATION ESTIMATIVE DE BOIS POUR LE LOGEMENT DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT PAR MILLIER D'HABITANTS




Nombre d'unités

Consommation de bois

Chiffres extrêmes

Moyenne

Mètres cubes

Construction de logements au cours des dix dernières années (chiffres officiels)

2,5

1,25 à 15,00

8,13

Objectif à atteindre pour satisfaire les besoins totaux en logements

10,0

5,00 à 60,00

32,50

HYPOTHÈSE: 0,5 m³ à 6 m³ de produits du bois par unité de logement.

Le tableau 1 représente les estimations sur la consommation annuelle actuelle de bois pour le logement, et sur la consommation annuelle nécessaire pour satisfaire tous les besoins en logements des pays en développement. On voit qu'actuellement environ t; mètres cubes de bois par millier d'habitants sont utilisés annuellement. En fait, la consommation réelle est plus élevée étant donné le grand nombre de constructions non enregistrées. Il est évident que le potentiel de consommation de bois pour le logement dans les pays en développement représente plus du double de la consommation actuelle.

Facteurs géophysiques

L'un des objectifs fondamentaux de ha construction est de fournir une protection contre les éléments. En plus de la protection contre la pluie et le vent sous les tropiques, il est particulièrement important d'entretenir une température et une humidité acceptables. Dans certaines parties du monde, la construction doit également pouvoir résister aux tremblements de terre et aux ouragans.

Presque tous les pays en développement se trouvent sous les tropiques. Aussi, pour étudier l'influence du climat, considère-t-on les grandes zones suivantes: climats chauds humides; climats chauds secs; climats mixtes. On examinera a part les exigences particulières, des zones de tremblements de terre et d'ouragans.

CLIMATS CHAUDS HUMIDES

Ces climats se situent entre les latitudes 15° nord et 15° sud. Ils sont caractérises par une forte humidité, des températures ambiantes généralement élevées et de faibles variations diurnes ou annuelles. Les précipitations sont généralement abondantes et parfois exceptionnellement élevées. Les vents sont généralement faibles mais peuvent devenir violents pendant les grains. Le ciel peut être d'une luminosité intense et la réverbération provoquée par le rayonnement diffus dû à la couverture nuageuse fréquente peut être pénible.

Dans ces climats, les constructions doivent comporter de larges ouvertures pour faciliter les mouvements de l'air destinés à protéger contre la chaleur et l'humidité, et des toits en saillie pour abriter les murs extérieurs du rayonnement solaire. Les matériaux de construction doivent présenter des caractéristiques thermiques telles que la grande résistance au flux calorique et la faible capacité thermique pour éviter l'accumulation thermique et le rayonnement nocturne de la chaleur accumulée.

Le bois répond parfaitement à ces besoins. Ses propriétés physiques lui permettent d'être utilisé pour la charpente de larges ouvertures permettant une circulation maximale de l'air et pour l'ossature nécessaire aux toits en surplomb. Sa faible densité et sa structure interne qui emprisonne l'air dans les cellules après le séchage lui donnent une haute résistance et une faible capacité thermique. En outre, les zones chaudes et humides sont très riches en bois, leurs ressources étant estimées aux trois cinquièmes des ressources mondiales. Ainsi, il n'est pas surprenant que la construction dans ces climats repose souvent sur les maisons tout en bois.

Traditions de la construction tout en bois dans les climats chauds humides

De nombreuses zones chaudes et humides, comme la côte de Malabar en Inde, certaines régions de Chine et du Japon, ont des traditions bien établies de construction tout en bois. Ces maisons sont principalement rurales. Le plan et la construction sont le résultat de traditions artisanales qui dépassent les simples considérations utilitaires. Elles sont ornées de sculptures recherchées et de détails élégants. La dimension des maisons varie selon la fortune du propriétaire, mais la décoration de bois n'est pas l'apanage de tel ou tel groupe de revenus. On connaît des temples, des palais et de très humbles maisons rurales entièrement en bois et d'une grande perfection de facture.

Une maison rurale tout en bois typique, par exemple en Malaisie, est formée d'une charpente importante en bois ou en bambou avec des colonnes reposant sur une base de pierre (dans certains pays, on utilise des poteaux de bois comme fondations), sur lesquelles est bâti un plancher surélevé, isolé du sol, pour protéger les habitants contre les inondations et les animaux. Les pièces de charpente sont assemblées par des mortaises et des entailles, à l'exclusion de clous ou de toute fixation métallique, et les espaces entre les montants sont occupés par des panneaux faits de planches fixées à des baguettes. Les cloisons intérieures sont faites de panneaux de bois ou d'herbe tressée. De larges ouvertures protégées par des panneaux de bois à jour sculptés ou par des treillis laissent le vent circuler et sont protégées de la pluie et du soleil par des surplombs importants. Les toits sont essentiellement simples, mais des ventilateurs de faîte, des faîtages décoratifs et des chanlattes créent un sentiment de richesse et de variété de formes. Les toits sont toujours en pente et recouverts de roseaux ou de feuillages qui reposent sur des substructures entièrement en bois. Dans certains pays, des bardeaux de bambou ou de bois, divers matériaux en plaques ou même des tuiles vernies sont utilisés comme couverture imperméable.

La construction tout en bois est une forme naturelle pour les pays chauds humides et elle est devenue une tradition rurale.

Traditions de la construction mixte dans les climats chauds humides

Les maisons de construction mixte sont communes dans les régions urbaines et suburbaines des tropiques chauds humides. L'industrialisation et le commerce urbain ont apporté aux villes des pays en développement des matériaux nouveaux qui passent pour être plus adaptés à la vie moderne. Les murs de brique ou de parpaing demandent moins de métier de la part des ouvriers que les murs de bois et passent pour être plus durables. Les toits de tuiles d'argile, d'amiante, de ciment ou de métal offrent moins de protection contre la chaleur que le chaume ou les bardeaux, mais sont plus faciles à construire, d'un entretien moins onéreux et moins inflammables. La durabilité et la facilité d'entretien séduisent l'investisseur urbain.

CLIMATS CHAUDS SECS

Ces climats se présentent principalement dans deux bandes situées, l'une à une latitude comprise entre 15° et 30° nord, l'autre à une latitude entre 15° et 30° sud. Il y a deux saisons marquées: un été très chaud et un hiver un peu plus frais. La température monte rapidement dès le lever du soleil et atteint un maximum élevé, même au cours de la période fraîche. Les nuits sont froides et pendant la saison fraîche, très froides. L'humidité est généralement faible et les précipitations négligeables. Le ciel est normalement très limpide et le rayonnement solaire est direct et puissant. L'absence de nuages permet de libérer facilement la chaleur accumulée sous forme de rayonnement d'ondes longues. Lorsque ces climats se trouvent près de la mer (climat désertique maritime) la variation diurne est un peu moindre, l'humidité est constamment élevée et le rayonnement solaire comporte un élément diffus important.

Les matériaux denses, comme la pierre ou la brique, sont les mieux adaptés à ces climats, car ils permettent d'emmagasiner des quantités considérables de chaleur avant de les renvoyer par rayonnement. Ce décalage peut être mis à profit pour utiliser la chaleur du jour afin de compenser la fraîcheur de la nuit.

Outre le fait que le bois est rare sous ces climats, il présente des caractéristiques thermiques opposées. Ce matériau a une forte résistance à l'influx calorique, mais une faible capacité thermique; aussi son utilisation est-elle limitée à l'encadrement des ouvertures de portes et de fenêtres et aux substructures du toit. Ses caractéristiques thermiques peuvent être mises à profit s'il est utilisé pour des dispositifs d'ombrage et des volets de fenêtre, mais la gamme de ces applications n'est pas très étendue. L'accroissement de la fabrication des produits dérivés du bois peut cependant permettre d'utiliser plus largement les éléments de bois dans la gamme limitée de ces applications.

CLIMATS MIXTES

Ces climats sont de deux types: les climats de mousson et les climats de montagne tropicaux.

Les climats de mousson sont situés suffisamment loin de l'équateur pour présenter des changements saisonniers marqués en ce qui concerne le rayonnement solaire et la direction des vents. Il y a normalement trois saisons. Pendant la saison chaude sèche, qui dure environ les deux tiers de l'année, les températures vent très élevées le jour et plus fraîches le soir, avec une variation diurne importante. Il n'y a pas de précipitations pendant cette saison. Durant la saison chaude humide, l'humidité atteint des niveaux très élevés. Les précipitations sont importantes pendant la période de mousson. La nébulosité et le rayonnement solaire varient sensiblement avec les saisons. Les vents sont chauds et chargés de poussière pendant la période sèche, assez violents et bien établis pendant la mousson.

Les climats tropicaux de montagne règnent sur les massifs et les plateaux situés entre 900 et 1200 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les variations saisonnières sont faibles près de l'équateur, mais au-delà elles suivent celles des plaines avoisinantes. Les températures sont caractérisées par d'importantes variations diurnes: la chaleur n'est jamais extrême mais le froid peut être vif. L'humidité est variable, mais élevée. Il en est de même des précipitations. La pluie tombe souvent par grosses averses. Le rayonnement solaire, notamment le rayonnement ultraviolet, est puissant lorsque le ciel est limpide.

Utilisation traditionnelle du bois dans les zones de climats mixtes

Certaines des villes les plus importantes et les plus anciennes se sont développées dans les grandes vallées fluviales de la ceinture climatique mixte. Les villes situées dans les vallées de l'Indus, du Gange et du Brahmapoutre, la vallée du Nil et la Mésopotamie figurent parmi les exemples les mieux connus. A part quelques périodes relativement brèves de mousson ou de crues fluviales, ce sont des régions essentiellement sèches aux ressources en bois peu abondantes. La population est très concentrée, depuis de nombreux siècles, grâce à une culture intensive des terres irriguées.

Les maigres ressources en bois qui existaient dans les vallées et les collines avoisinantes ont depuis longtemps été épuisées par suite du défrichage en vue de: la mise en culture et de l'extraction du bois de chauffage et de construction. Les habitants considèrent le bois exactement comme ceux des déserts. Pour eux, c'est un matériau devenu précieux, apporté de forêts lointaines, à utiliser avec parcimonie pour les éléments de leurs maisons qui ne peuvent être fabriqués à partir des matériaux inorganiques plus facilement disponibles. Les villes des climats mixtes des tropiques utilisent traditionnellement le bois avec un art consommé, mais jamais en grandes quantités.

Les zones montagneuses tropicales sont caractérisées par des concentrations démographiques plus faibles et des réserves forestières plus importantes qui comprennent, en altitude, des peuplements importants de résineux. Le fait que certaines forêts de montagne étaient presque inaccessibles leur a évité d'être dépeuplées par une extraction abusive. C'est dans les villes des montagnes tropicales comme Srinagar et Katmandou que nous trouvons les quelques exemples traditionnels de maisons et de palais urbains en bois.

CONSTRUCTIONS DE BOIS DANS LES RÉGIONS A TREMBLEMENTS DE TERRE ET A OURAGANS 4

4 Ces problèmes ont été exposés de manière assez détaillée dans la section 4, première partie.

Certains pays en voie de développement sont situés dans des régions sismiques: c'est le cas de certaines parties du Pakistan, de l'Inde, de l'Iran, de l'Indonésie, des Philippines, de certains pays d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale et de certaines parties de l'Afrique de l'Est.

Le bois, qui est un matériau léger de grande résistance à la traction, a toujours été utile dans les zones sismiques. Les éléments d'une construction en bois peuvent être assemblés de manière efficace et former des ossatures très rigides qui résistent aux charges horizontales et verticales. Le Japon est un pays qui a élaboré au cours des siècles l'art de fabriquer de superbes maisons de bois qui ont aidé les populations des villes à survivre à de graves tremblements de terre. Ces expériences trouvent leur reflet dans les codes de construction japonais, qui placent les ossatures de bois et d'acier au-dessus des constructions de brique, de pierre ou de béton.

De nombreuses maisons de bois ayant été détruites lors d'incendies ayant suivi des séismes, certaines cités ont préféré utiliser un béton armé conçu spécialement pour résister aux tensions horizontales qui se produisent au cours des tremblements de terre. Cette attitude est compréhensible, mais il aurait fallu voir plus loin et chercher à éliminer les causes de ces incendies, notamment les conduites principales de gaz et les installations défectueuses de cuisine et de chauffage. Il est significatif que les équipes d'experts internationaux aient choisi des maisons de bois préfabriquées pour reloger les milliers de sans-abri après les récents séismes de Yougoslavie, de Turquie et du Chili.

Dans les pays où sévissent les ouragans et les tornades, comme dans les régions de tremblements de terre, la construction en bois présente l'avantage de pouvoir être assemblée assez facilement. Les vents violents soumettent les murs et les toits des bâtiments à des pressions positives et négatives. Les couvertures, les surplombs et autres projections sont particulièrement vulnérables. L'utilisation du bois comme matériau principal de charpente permet d'assembler solidement toutes les parties d'une maison et d'ancrer l'ensemble de l'édifice au sol. Certaines régions d'ouragans, comme la Floride, ont des législations particulières destinées à faire respecter ce principe (3).

II ne suffit pas de supposer qu'une construction qui résiste au séisme résistera également aux ouragans ou aux tornades, bien que cela se soit vu quelquefois. Dans les régions où les deux catastrophes se produisent, les constructions de bois peuvent être conçues résister à l'une comme à l'autre (4).

Facteurs sociaux

Dans les régions rurales des zones chaudes et humides, où le bois et les autres matériaux organiques sont abondants et facilement disponibles, la tradition montre qu'ils sont adaptés à la construction des maisons. Leur utilisation se justifie également pour des raisons de régulation climatique. Le bois est extrait, traité et utilisé par la population rurale lorsqu'elle en a besoin. La construction des maisons de bois est une activité de routine qui demande des compétences existant dans le village. La réparation et l'entretien de ces maisons, qui font généralement partie du cycle annuel des travaux ruraux, sont parfaitement intégrés au mode de vie rural (5).

Dans les régions où le bois est moins facilement disponible, par exemple dans les zones chaudes sèches, ce matériau est utilisé en combinaison avec d'autres et seulement pour des fonctions où il ne peut être remplacé par aucun autre matériau local, par exemple les poutres et les fermes de toit et les linteaux au-dessus des grandes ouvertures. Le travail du bois est considéré comme une spécialité et ne fait pas partie du mode de vie rural ordinaire (6).

MODE DE VIE ET PROBLÈMES DE STATUT DANS LES RÉGIONS RURALES

Les fonctions d'une maison paysanne sous les tropiques sont généralement limitées à celles d'abris d'urgence et de lieux sûrs d'emmagasinage des biens du propriétaire, car le climat permet de poursuivre la plupart des autres activités à l'extérieur. Il est cependant une fonction qui n'est pas affectée par le climat. C'est le besoin d'exprimer la position du propriétaire dans la société par la dimension ou la décoration de la construction. Dans la plupart des cas, le statut du propriétaire s'exprime clairement en termes spatiaux; la maison du chef dans un village est immédiatement reconnaissable par sa taille et celle des bâtiments secondaires et des locaux d'emmagasinage. Dans d'autres cas, la décoration très poussée de certains éléments contribue à affirmer l'importance du propriétaire. Lorsqu'il existe une tradition de construction en bois, comme en Malaisie ou en Thaïlande, les maisons des chefs comprennent des éléments de bois richement décorés et des sculptures traditionnelles recherchées qui renseignent amplement la communauté sur le propriétaire.

Dans de nombreux cas, la préférence de l'administrateur colonial pour les matériaux étrangers les a valorisés et ils sont devenus un symbole de statut prééminent. C'est ainsi qu'on a fini par utiliser des matériaux inorganiques pour la construction des maisons de village. C'est un processus qui n'est pas facilement réversible, sauf lorsque les sentiments nationaux cherchent à s'exprimer par une remise en honneur des formes traditionnelles, dont l'utilisation des matériaux locaux, notamment du bois.

MODE DE VIE ET PROBLÈMES DE STATUT DANS LES ZONES URBAINES

Peu de coutumes anciennes des communautés rurales survivent au transfert sur la scène urbaine. Le mode de vie dans les villes a davantage de chances d'être réglé par des mesures administratives que dans les petites communautés où le comportement obéit à la tradition. Le prix élevé des terrains dans les villes impose une forte densité du logement, de sorte que les maisons détachées deviennent de plus en plus rares.

La forte migration démographique des zones rurales vers la ville crée des problèmes de logement et d'intégration. Ces populations doivent vivre dans des logements surpeuplés, temporaires, souvent dans des taudis de bois mal construits situés sur des terrains de prix, très proches du centre des villes. Le fait que cette couche mobile de la population n'est pas acceptée par la société ajoute au préjugé qui s'attache à l'utilisation du matériau dont leurs baraques sont construites - il s'agit de bois de qualité inférieure. Dans tout environnement urbain, la construction où le bois domine passe pour être naturellement vulnérable aux incendies. D'où un préjugé injustifié contre l'utilisation extensive du bois. Les mesures législatives inspirées par la peur et appliquées à la hâte pour faire face à cette situation créent des restrictions qui tendent à décourager l'utilisation du bois.

Le caractère artificiel de la vie urbaine, l'influence de modes nouvelles, de matériaux et de types de construction nouveaux sapent les méthodes traditionnelles de construction. Le bois se trouve lui-même en concurrence avec une vaste gamme de matériaux de construction disponibles sur les marchés des villes. Certaines parties des bâtiments, jusqu'ici construites en bois, sont faites d'autres matériaux sont d'une utilisation plus pratique ou plus conforme au mode de vie urbain. Les constructions urbaines réclament des savoir-faire plus divers et une plus grande spécialisation. La construction de maisons passe pour une opération qui excède la compétence normale des citoyens ordinaires: c'est un travail de spécialistes.

Rares sont les villes des pays en développement qui ont des traditions bien établies de construction urbaine. Parmi elles, on compte les villes d'Afrique du Nord, du Rajastan, les cités mogoles de l'Inde du Nord-Ouest et du Pakistan, et des villes du Nigeria du Nord, de l'Iran et de la Chine continentale. Elles sont toutes situées dans des climats arides où les matériaux sont rares. Les maisons sont principalement construites en pierre ou en brique, le bois étant utilisé pour les poutres des toits, les fenêtres et les portes.

La plupart des villes qui se sont étendues dans les régions humides des pays en développement sont relativement jeunes et n'ont pas créé un style de maisons urbaines particulier. Bien que le bois et les autres matériaux de construction soient facilement disponibles dans les campagnes environnantes, l'usage du bois pour la construction des maisons urbaines ne s'est pas instauré.

Les matériaux organiques tendent à devenir l'exception dans les maisons des villes habitées par les clans aisés. Ils sont restés le matériau du pauvre et le seul expédient des nouveaux venus qui émigrent des campagnes. Ne pouvant acheter les matériaux manufacturés, qui sont souvent importés et qui coûtent cher, les nouveaux venus ont employé leur compétence rurale et utilisé les matériaux qu'ils trouvaient. N'étant pas propriétaires de terrains, ils n'avaient pas le choix, ils ont dû construire des baraques temporaires et insuffisantes sur des espaces découverts publics ou privés, le plus près possible du centre des villes; ces constructions rappellent inévitablement les inégalités sociales et économiques.

Tout cela a contribué à convaincre la bourgeoisie des villes de l'importance des maisons durables et permanentes comme base de leur position relative dans la société urbaine. La valeur de prestige des matériaux importés a été encore plus forte dans les villes que dans les villages. Les fenêtres d'acier, les colonnes de béton et les toits en tôle ou en amiante ont fini par témoigner que le propriétaire possède un bien durable et recherché.

Facteurs de l'offre

RESSOURCES EN BOIS

Beaucoup de pays en développement sont riches en ressources forestières naturelles. Les forêts de feuillus y prédominent et recouvrent une superficie considérable des terres disponibles. La section 2, Offre de matériaux de bois pour la construction d'habitations, traite de ce sujet assez longuement et nous nous en inspirons pour résumer, dans le tableau ci-après, les ressources forestières des pays en développement et les quantités enlevées déclarées annuellement.

On voit, d'après le tableau 2, que sur un total de quantités enlevées de 185 millions de mètres cubes de bois d'œuvre et d'industrie dans les pays en développement, 123 millions de mètres cubes appartiennent à des catégories convenant aux industries de traitement mécanique du bois (sciages, panneaux dérivés du bois). L'exportation nette des pays en développement s'est montée à 32 millions de mètres cubes®, ce qui signifie que 93 millions de mètres cubes de bois rond ressaient pour l'usinage et la consommation sur le marché intérieur. Il faut se souvenir que les chiffres ci-dessus ne comprennent pas une quantité considérable de quantités enlevées non déclarées qui accroissent sensiblement la quantité de bois disponible pour la consommation.

TABLEAU 2. - MATÉRIEL SUR PIED ET QUANTITÉS ENLEVÉES ANNUELLEMENT DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT


 

Volume du matériel sur pied 1

Bois d'œuvre et d'industrie, quantités enlevées déclarées en 1968²

Total

Résineux

Non résineux

Millions de m³

Afrique ³

34 900

300

34 600

434 (16)

Asie et Pacifique 5

5 900

6 000

34 900

107 (73)

Amérique latine

122 900

2 800

120 700

44 (36)

TOTAL DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

200 900

9 100

191 800

185 (123)

TOTAL DES PAYS DÉVELOPPÉS

156 600

115 400

41 200

1 012 (601)

Total mondial

357 500

124 500

233 000

1 197 (724)

1 Chiffres adaptes d'après l'Inventaire forestier mondial 1963, FAO. - ² Chiffres pour 1969 d'après l'Annuaire des produits forestiers 1969-70, FAO. - ³ Non compris l'Afrique du Sud. - 4 Les chiffres entre parenthèses indiquent les volumes utilisés pour le traitement mécanique - 5 Non compris le Japon, Israël, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, mais y compris la Chine.

On estime que 60 à 70 pour cent des 93 millions de mètres cubes ont été utilisés par le secteur de la construction, qui a produit en moyenne 8 millions de nouvelles unités d'habitation déclarées et une quantité considérable de constructions non résidentielles, ainsi qu'un grand nombre d'abris non enregistrés au cours des dix dernières années; de grandes quantités de bois ont également été absorbées par les réparations, modifications et améliorations des habitations et constructions existantes.

En comparant sur le tableau les quantités de bois d'œuvre et d'industrie enlevées et le matériel sur pieds, on constate que les forêts devraient contribuer beaucoup plus qu'elles ne le font aujourd'hui à cette activité. De toute évidence, les comparaisons entre le volume des quantités de bois enlevées et le volume du matériel sur pied doivent donner lieu à de nombreuses réserves, étant donné les facteurs limitatifs tels que l'inaccessibilité de vastes superficies forestières, le petit nombre d'espèces commercialisables, le sous-développement général des industries forestières, etc. Cependant, il semble possible d'affirmer que même si le secteur de la construction triple ou quadruple sa production annuelle de nouveaux logements de manière à satisfaire pleinement les exigences, le potentiel de bois des forêts sera suffisant pour les décennies à venir, pour peu qu'il existe un aménagement forestier rationnel.

A part les forêts naturelles, les plantations artificielles de conifères exotiques à croissance rapide pourraient fournir des matières premières sous les tropiques. Le succès de leur introduction a été démontré dans de nombreux pays. La rapidité de la croissance et la brièveté de la période de révolution de ces espèces, de même que leur aptitude à la fabrication de panneaux de fibres et de particules, peuvent s'améliorer considérablement et contribuer aux disponibilités en matériaux de construction des pays en développement. En Afrique de l'Est, où les essences exotiques sont cultivées depuis plus de 30 ans, les produits du bois provenant des arbres de plantation fournissent d'ores et déjà des matériaux pour l'industrie de la construction. Toutefois, il reste à résoudre des problèmes qui tiennent aux propriétés de ces essences.

DISPONIBILITÉS EN PRODUITS FORESTIERS

Extraction

Une grande partie des forêts tropicales sont actuellement improductives parce que matériellement ou économiquement inaccessibles. La production de produits forestiers présuppose la construction de routes et d'infrastructures de vidange et l'installation d'usines locales de traitement dans le cadre d'une politique forestière réfléchie et déclarée en vue de l'utilisation la plus complète des ressources disponibles.

Malgré l'abondance apparente des essences, la production est faible à cause de la structure historique de l'exportation des grumes qui concentre l'exploitation, l'extraction et la conversion sur certaines espèces. Cet abattage sélectif donne de faibles rendements par hectare. Les dépenses pour la construction de routes de vidange, souvent très élevées, sont ainsi imputées comme frais généraux à quelques arbres abattus seulement. On pourrait en imputer une partie à d'autres essences (possédant des propriétés physiques et mécaniques également intéressantes), qui ne font pas actuellement l'objet d'une demande sur le marché des exportations - les espèces dites secondaires.

Ainsi donc, un abattage et une extraction moins sélectifs aboutiront à l'enlèvement de volumes beaucoup plus grands, ce qui abaissera les coûts de production et permettra de mieux utiliser les ressources forestières. Du point de vue de l'approvisionnement, cela permettra de jeter davantage de bois sur le marché local et de satisfaire les besoins de l'industrie du logement. L'exportation de bois est souhaitable dans la mesure où elle apporte au pays des devises extrêmement précieuses pour l'achat de machines et d'équipement. Mais, si on envisage exclusivement les exportations, sans développer simultanément les marchés locaux, l'aménagement forestier reste souvent insuffisant, les prix de revient demeurent élevés et on prive le marché intérieur alors que le bois ne manque pas, sauf les espèces primaires.

Usinage

L'existence de vastes superficies forestières dans un pays en développement est certes importante, mais ne suffit pas à résoudre les problèmes d'approvisionnement en bois de construction. Cette disponibilité dépend aussi nécessairement de l'installation d'usines de traitement. Dans presque tous les pays en développement, cela suppose des investissements, presque toujours avec fort apport de devises, notamment pour la production de panneaux. Les coûts d'exploitation, notamment le combustible, les lubrifiants, les transports, etc., dépendent également des devises. Abandonnant la technique rudimentaire du sciage de long, la plupart des pays en développement ont désormais des scieries pour la transformation primaire. Cependant, la plupart de ces scieries sont désuètes et mal gérées, si bien que la modernisation et des améliorations s'imposent. L'usinage local permettra d'obtenir des produits d'exportation ayant une valeur accrue. En outre, le traitement d'espèces autres que primaires sera une source d'approvisionnement en bois de construction. La Malaisie offre l'exemple d'un pays où l'exportation des grumes a été temporairement interdite et où la politique forestière a encouragé l'abattage et l'enlèvement de tous les bois utilisables pour la transformation locale. A la suite de cela, d'abondantes quantités de bois à meilleur marché ont été régulièrement disponibles, notamment dans les qualités inférieures, ce qui a encouragé fortement la construction de maisons en bois (11).

DISTRIBUTION ET COMMERCIALISATION 5

5 Cette question a été traitée de manière assez détaillée dans la section 2.

La distribution des matériaux transformés est depuis quelque temps aux mains des grossistes et des détaillants. Une structure de commercialisation s'est donc créée. L'objectif essentiel de la transformation et de la commercialisation devrait être d'approvisionner, de manière régulière et continue, les marchés en essences et en dimensions aussi diverses que possible, le bois étant bien séché et classé pour assurer un matériau uniforme, et traité avec des produits de préservation lorsque la durabilité naturelle est insuffisante; en bref, le produit devrait être de qualité sûre et présenter des caractéristiques techniques le rendant propre à être utilisé comme matériau de construction.

La commercialisation implique également la promotion. C'est particulièrement important pour l'introduction des espèces moins connues. De nombreuses recherches ont contribué à constituer vaste fonds de connaissances en matière d'identification des essences, de leurs propriétés physiques et mécaniques et de l'utilisation qu'on en peut faire. Lorsque les espèces moins connues ont des propriétés comparables à celles des espèces déjà bien établies, l'effort de promotion, dirigé vers les consommateurs finals, contribue grandement à les faire accepter comme produits de remplacement et leur permet d'entrer ensuite sur le marché.

Facteurs économiques

COÛTS DU LOGEMENT ET CHOIX DES MATÉRIAUX

Avec les données dont on dispose, il n'est pas possible de tirer des conclusions d'une application générale sur les coûts du logement et la façon dont ils sont affectés par le choix des matériaux. En effet, les coûts des matériaux et de la main-d'œuvre varient considérablement de pays à pays. En outre, lorsqu'on envisage le bois en tant que matériau de construction, on doit se souvenir que les coûts actuels dans les pays en développement pourraient être fortement réduits par la rationalisation de l'approvisionnement.

Si l'on veut comparer les coûts de manière générale, il faut mieux le faire élément par élément et se limiter aux pays chauds humides où le bois est bien adapté au climat et relativement facile à trouver. La plupart des constructeurs à bas revenu sont des pragmatistes qui décident du matériau à employer pour chaque élément en fonction du coût, de la disponibilité et de la durabilité, et obtiennent ainsi une construction hétérogène.

Fondations. Les bases en béton préfabriquées pour les montants d'une charpente en bois reviennent généralement un peu moins cher que les assises d'un mur de maçonnerie

Murs. Les murs en brique ou en aggloméré sont généralement moins chers que les ossatures à poteaux et poutres en bois avec revêtement. Cet avantage compense, dans la plupart des cas, les coûts plus élevés des fondations

Toiture. Les petites maisons dans les pays chauds humides, à précipitations abondantes, réclament des toits inclines. Les poutres, les chevrons et les pannes de bois pour les couvertures en tôle ou en tuiles sont presque toujours moins chers que les couvertures de béton ou d'acier.

Portes et fenêtres. Chaque fois que les dimensions des portes et fenêtres sont normalisées, les éléments en bois fabriqués en quantité industrielle reviennent moins cher que les fenêtres d'acier ou d'aluminium ou les encadrements de portes en béton.

Solives et planchers. Dans les bâtiments à un étage, le constructeur trouve généralement que la solution la moins chère consiste à utiliser des solives et des plan chers en bois. Cependant, dans les grands projets, Ils unités de béton préfabriquées peuvent revenir moins cher.

Diverses tentatives ont été faites pour essayer de quantifier les coûts des maisons entièrement ou partiellement en bois. A l'université de Kumasi (Ghana), R. Falconer a fait une construction expérimentale en bois servant de prototype pour les groupes à revenu moyen. Il a publié des chiffres comparés démontrant que ce type de construction est moins cher que les logements hétérogènes. Il donne le chiffre de 54 dollars par mètre carré et affirme que ces coûts pourraient être réduire par la fabrication industrielle de composants en bois pour un grand nombre d'unités. Par contre, les maisons construites par des agences au Ghana coûtent entre 65 et 75 dollars par mètre carré avec une ossature en béton (7).

En 1970, une étude de viabilité sur la production de maisons en bois préfabriquées a été effectuée par une entreprise française pour le compte du ministère camerounais du Développement (11). L'étude avait pour but de créer une usine pilote qui produirait 400 unités par an après la troisième année de fonctionnement. Le plan type, qui comportait une superficie de plancher de 90 mètres carrés et comprenait trois chambres à coucher, un salon, une cuisine et une salle de bains, a fait l'objet d'une étude de coûts comparant la construction tout en bois et la construction avec murs en béton La première était 17 pour cent moins chère. Le coût total, y compris des suppléments facultatifs, comme les sanitaires, l'électricité, la peinture intérieure, l'installation, de gouttières, etc., était de 4 800 dollars, soit 53 dollars par mètre carré pour la maison de bois contre 5 800 dollars, soit 64 dollars par mètre carré pour la maison en maçonnerie. Le plan de la maison lui-même ne pouvait pas être réellement considéré comme une unité bon marché quel que fût le matériau utilisé. Cependant, la leçon est la suivante: une étude de viabilité, qui envisageait les aspects de fourniture du bois comme une partie essentielle de l'équation, a démontré que la construction en bois présentait des avantages considérables, même si l'on tient compte des coûts d'entretien plus élevés.

L'un des exemples les plus frappants de construction de maisons en bois à bon marché est offert par la Malaisie, où les maisons de bois fabriquées en quantité industrielle reviennent à un prix extrêmement bas. Ce résultat est dû principalement à la Federal Land Development Authority (FLDA) qui fournit à ceux qui veulent s'installer des maisons de bois de 45 mètres carrés en vente à crédit à un prix de 500 à 600 dollars, soit 12 dollars le mètre carré. La FLDA commande environ 2 500 de ces maisons chaque année à l'industrie privée. Le plan adopte dans une certaine mesure celui des maisons traditionnelles de Malaisie qui comprennent une chambre à coucher, un salon, une salle à manger, une cuisine, une salle de bains et une véranda.

Ce sont là naturellement des exemples isolés. Cependant, dans le cas des pays en développement riches en bois des climats chauds humides, ils démontrent que des résultats favorables peuvent être obtenus si l'on respecte certaines conditions préalables essentielles.

NIVEAUX DE REVENU ET CAPACITÉ D'ACHAT D'UNE MAISON

Le niveau du revenu est le plus important des facteurs économiques influençant l'habitation standard dans les pays en développement. On peut le mesurer, bien que de façon quelque peu inadéquate, d'après le produit national brut.

Comme on peut le voir d'après le tableau 3, sur 174 pays en développement, 23 seulement, avec une population de 117 millions, avaient un revenu moyen par habitant dépassant 500 dollars en 1965. Tous les autres pays, comptant 1 426 millions d'habitants à eux tous, avaient un revenu moyen par habitant de 150 dollars par an.

En règle générale, dans les pays en développement un ménage peut acheter une maison évaluée à environ trois fois son revenu annuel. Si l'on suppose un ménage moyen de 4 personnes, la maison familiale moyenne ne doit pas coûter plus de:

4 x 3 x revenu annuel par habitant

Cela indique que la gamme de prix dans laquelle doivent être cherchées les solutions des problèmes du logement en ville dans la plupart des pays en développement devait avoisiner 1 800 dollars par maison en 1965 ou 2000 dollars en 1970 (voir tableau ci-dessous).

De toute évidence, ces chiffres ne sont que des indicateurs très généraux et ne prennent pas en considération la distribution des revenus au sein des pays ou entre eux. Sur les 151 pays dont le PNB moyen par habitant était de 170 dollars en 1970, 23 pays, groupant une population d'un milliard de personnes, avaient un PNB moyen de 104 dollars seulement; là, le coût moyen d'une maison ne doit pas dépasser une somme de l'ordre de 1 250 dollars. Dans les grandes villes, 20 à 40 pour cent du coût est consacré à l'acquisition d'un terrain. Le reste suffit généralement à peine pour construire un abri élémentaire. Lorsque le bois est abondant, il est utilisé - rarement pour les murs, mais presque partout pour les poutres, les cloisons, les chanlattes, les portes et les fenêtres.

TABLEAU 3. - COMPARAISON DES REVENUS DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT ENTRE 1965 ET 1970 (EN PNB 1 PAR HABITANT AUX PRIX CONSTANTS DE 1970 EN $ U.S.)



Nombre de pays


1965

1970²

Moyenne PNB

Population en millions

Moyenne PNB

Population en millions

Pays en développement dont le PNB par habitant dépassait 500 dollars en 1965

23

702

117

813

134

Tous autres pays en développement ³

151

150

1 426

170

1 625

TOTAL DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

174

185

1 543

219

1 759

Total mondial

225

696

3 362

803

3 718

1 Produit national brut. - ² Série provisoire de la FAO sur les revenus basée sur les statistiques des Nations Unies des comptabilités nationales. - ³ Non compris la Chine.

Grâce aux exemples de coûts donnés dans la section précédente, et si l'on se rappelle que ces chiffres sont liés à des conditions assez favorables qu'on ne rencontre généralement pas actuellement, on peut voir qu'une grande partie de la population du monde en développement est condamnée à vivre dans des installations qui ne répondent pas aux normes, à moins que des politiques et programmes précis et à long terme pour l'amélioration des conditions de la construction soient élaborés et mis en œuvre de façon systématique. L'utilisation croissante des matériaux de construction indigènes, notamment du bois, peut jouer un rôle important et double dans la stratégie d'ensemble de la lutte contre les problèmes du logement: d'une part, les maisons de bois sont probablement moins chères et utilisent des matériaux locaux dont on peut penser qu'ils seront disponibles à des prix de moins en moins élevés, par suite des améliorations de l'économie d'échelle des opérations d'usinage; d'autre part, le développement accéléré dû à l'expansion des industries forestières fera augmenter les niveaux de revenu par habitant.

FINANCEMENT

Les organismes de crédit pour le logement existent dans la plupart des pays en développement. Ce sont les sociétés de construction, les mutuelles d'épargne et de prêt, les banques de crédit foncier, les coopératives du logement, les banques du logement, les sociétés immobilières, les crédits sociaux et les banques de développement. La plupart de ces organismes n'octroient de prêts qu'aux investisseurs à haut revenu et aux couches supérieures des investisseurs à moyen revenu. Certains pays ont également des fonds de dépôt du logement financés par le gouvernement grâce à des prêts à faible intérêt pour les catégories à bas revenu. Les activités des instituts privés de financement sont limitées par le petit nombre d'investisseurs qui peuvent accepter leurs conditions, et celles des organismes publics le sont par la pénurie de capitaux qui peuvent être investis de façon non économique. A elles deux, ces catégories d'organismes n'affectent qu'une petite partie du marché du logement. Un récent sondage effectué à Kampala (Ouganda) a montré que moins de 14 pour cent des maisons de la ville étaient construites avec l'aide du gouvernement ou des instituts de financement du logement (8).

Dans le crédit immobilier, une loi fondamentale veut qu'une maison placée comme gage d'un prêt doit avoir une durée probable supérieure à la période de remboursement du prêt. Cette loi est si évidente qu'elle est rarement: couchée par écrit. Cependant, elle exerce une influence profonde sur les décisions tendant à fournir ou à retenir des crédits concernant un projet immobilier. En l'absence de données statistiques sur la durabilité des maisons dans les villes tropicales, les banquiers et leurs experts n'abandonneront pas facilement l'idée que les matériaux inorganiques sont de meilleure qualité et méritent davantage un appui financier que le bois et les autres matériaux organiques.

Autrement dit, s'il ne se produit pas de changements majeurs dans les organismes de financement et dans leurs méthodes de financement immobilier, le bois sera utilisé pendant longtemps encore, plus largement dans les maisons des secteurs de la population assurant leur propre financement, qui sont plus pauvres, mais aussi, et de loin, plus nombreux que la minorité privilégiée bénéficiant d'un financement institutionnel.

Facteurs techniques

SÉCHAGE, CLASSEMENT PAR QUALITÉ, CONTRÔLE DE LA QUALITÉ

Séchage 6

6 Cette section a été préparée par M.C.K. Tack, du Laboratoire des produits forestiers, Princes Risborough, Royaume-Uni.

La plupart des matériaux de construction subissent des changements de dimensions à l'usage, par suite de variations de température ou de modifications hygrométriques. Le bois est hygroscopique et réagit aux changements de l'humidité atmosphérique par une contraction ou une dilatation, accompagnée de perte ou d'augmentation de la teneur en eau. Ce «jeu» est généralement négligeable dans le sens de la longueur, mais peut avoir de l'importance transversalement et doit être prévu dans la conception des assemblages, soit entre bois et bois, soit entre bois et autres matériaux. L'intégrité de ces assemblages est d'une importance fondamentale si l'on veut réduire l'entretien au minimum et assurer un long service à la construction.

Lorsqu'on fait sécher le bois vert jusqu'au degré d'humidité des conditions d'emploi, la contraction peut être considérable et s'accompagner de déformations excessives, et le bois se craque ou se fend si l'on ne surveille pas le séchage. Pour éviter ce phénomène, les bois verts doivent être séchés ou préparés avant l'utilisation. Le séchage aide également à utiliser avec succès les produits de finissage, à empêcher la pourriture et à traiter les bois non durables avec des produits de préservation. En climat chaud humide, le séchage à l'air est suffisant, l'humidité du bois utilisé pour la construction étant à peu près la même que celle que l'on obtient à l'extérieur sous abri (sauf lorsque les logements sont climatisés).

Le bois peut être séché à l'air ou au four. La première méthode est longue et dépend du climat, mais elle utilise des installations peu coûteuses, un personnel peu spécialisé et elle permet de surveiller dans une certaine mesure le séchage du bois. Dans les régions où les précipitations sont abondantes, il est essentiel de couvrir les piles de bois à sécher. Lorsqu'on dispose d'installations de séchage au four, les résultats seront plus rapides et plus sûrs si le séchage est étroitement surveillé. Cependant, dans les pays en développement, le séchage au four ne donne pas nécessairement les avantages financiers qu'il permet généralement dans les économies avancées. On pourrait envisager également le séchage forcé, méthode qui consiste à accélérer le procédé de séchage à l'air, tout en réduisant les dépenses dé capital.

Le séchage n'impose pas nécessairement des limites d'ordre technique à l'utilisation du bois dans les pays en développement. L'équipement et l'organisation d'une installation de séchage à l'air sont relativement simples. Le problème est d'ordre financier. L'emmagasinage du bois pour le séchage immobilise des capitaux pendant plusieurs mois, même sous les tropiques. Le séchage au four demande des investissements, un personnel spécialisé et coûteux et des frais d'entretien relativement élevés; or le capital et la main-d'œuvre spécialisée sont justement ce dont manquent les pays en développement.

Classement par qualité et contrôle de la qualité 7

7 La partie concernant le classement par qualité a été rédigée par D.T. Priest, du Laboratoire des produits forestiers, Princes Risborough, Royaume-Uni.

L'utilisation massive du bois dans le logement n'est possible que si l'on dispose sur le marché de stocks du type convenable, aux dimensions ou aux normes voulues, classes par qualité et possédant la qualité recherchée. Jusqu'à une date récente, les normes, classement par qualité et contrôle de la qualité ont fait de faut dans les pays en développement, sauf en ce qui concerne les rares essences exportables.

Les principaux pays producteurs de résineux ont chacun leur règlement en ce qui concerne le classement par qualité. Ces règles sont généralement fondées sur un système de classement d'après les défauts, qui précise pour chaque type de défaut et pour chaque qualité, la taille ou la quantité maximales permises, généralement en fonction des dimensions de la pièce de bois. Les défauts habituellement considérés sont les nœuds, les crevasses et les fentes, les flaches et les déformations, les décolorations et la pourriture, et le défaut principal de la pièce détermine la qualité appropriée. Pour la commercialisation, les qualités supérieures sont souvent: regroupées et désignées comme qualités classées. Les qualités individuelles dans un règlement donné ne sont généralement pas directement comparables avec les qualités classées suivant un autre règlement, mais on admet des équivalences approximatives. Les bois de qualité supérieure sont utilisés principalement pour la menuiserie et les éléments travaillant beaucoup, tandis que les qualités inférieures sont utilisées pour la construction générale, comme la charpente et les fermes de toits. Les règles de classement par qualité des résineux sont publiées pour la Norvège, la Finlande, la Pologne, la Suède, le Royaume-Uni, l'est Canada et la côte Pacifique de l'Amérique du Nord; l'U.R.S.S. ne publie pas ses règlements.

D'autres régions, qui produisent des quantités commercialement importantes de sciages de feuillus, vendent leur bois conformément aux règles fixées pour leurs grandes espèces, ou s'inspirent des règles générales en vigueur en Amérique du Nord ou en Malaisie. Parfois, ces règles sont établies en fonction des conditions exigées pour l'exportation et ne sont donc pas généralement applicables aux transactions intérieures.

Certains pays ont essayé d'établir des règles de classement par qualité et un contrôle de la qualité pour les bois utilisés sur place dans la construction. C'est ainsi, par exemple, que l'Inde a élaboré des normes et une classification par espèce. L'Afrique de l'Est a introduit un système riche de promesses concernant le contrôle de la qualité fondé sur la spécification de la performance. Selon Campbell (12), ce système permet d'utiliser les qualités inférieures de bois pour la construction, tout en plaçant le contrôle de la qualité entre les mains du constructeur; en outre, il est simple et peut être appliqué sans attendre que soient élaborées les règles locales de classement par qualité.

PRÉSERVATION DU BOIS

Beaucoup d'espèces de bois ne sont pas naturellement durables et sont attaquées par les termites, les champignons ou les borers, soit seuls, soit en combinaison 8, A l'exception des régions arctiques, on trouve une ou plusieurs espèces de ces ravageurs partout où l'on utilise le bois. L'attaque est d'autant plus grave que le climat est plus chaud. La majorité des pays en développement se trouvant dans les régions tropicales, la protection du bois de construction contre la dégradation biologique ou l'attaque des insectes y est essentielle. Si l'on appliquait des traitements de protection aux espèces secondaires (c'est-à-dire les moins connues) qui ne sont pas naturellement durables, on pourrait leur demander une performance équivalente à celle des espèces primaires qui sont quelquefois rares et réservées principalement à l'exportation.

8 Les problèmes des ravageurs du bois sont examinés en détail dans les documents de référence des sections 4 a et 6. On en trouvera un résumé dans la section 4, partie I.

Divers produits chimiques et techniques de traitement permettent de lutter contre les champignons, les termites et les borers attaquant le bois. Les méthodes de traitement le plus couramment employées sont soit chimiques, soit mécaniques.

Moyens chimiques

Brossage, bain et pulvérisation. Ces méthodes de traitement du bois sec ne permettent généralement pas au produit de pénétrer suffisamment pour empêcher l'attaque si le bois est ensuite coupé ou perce, ou si des crevasses ou des fentes se produisent. On peut obtenir de meilleurs résultats, mais guère supérieurs, en utilisant des solvants à faible viscosité.

Méthode à chaud et froid de la cuve ouverte. On peut obtenir de meilleures pénétrations du produit en utilisant cette méthode bien que le degré d'absorption varie considérablement. La méthode est un peu plus coûteuse dans la mesure où il faut au moins une cuve et une source de chaleur. L'imprégnation est obtenue par le chauffage du bois dans le bain de préservation suivi d'un refroidissement ou d'un bain dans une autre cuve contenant un liquide de préservation froid. L'air contenu dans le bois se contracte et aspire la solution de préservation dans la profondeur du bois.

Traitement par diffusion. Dans ce cas, des produits de préservation, véhiculés par de l'eau, sont introduits dans le bois vert immédiatement après le sciage. La méthode n'exige pas que le bois soit transporté dans une usine centrale de traitement. On a intérêt à le traiter près du point d'abattage, et on a obtenu de bons résultats avec un certain nombre d'espèces réfractaires à d'autres méthodes. Il est important de surveiller soigneusement le site du traitement pour s'assurer que l'humidité initiale est suffisamment élevée et que le bois est soigneusement empilé dans des conditions d'humidité élevées afin de permettre la plus grande diffusion possible. Il est possible dans certains cas d'usiner le bois après le traitement, mais étant donné qu'on utilise des produits hydrosolubles, le bois traité de cette manière ne peut être utilisé qu'à l'intérieur. Pour l'extérieur, il faut appliquer sur le bois une couche de peinture permanente. Une autre possibilité, appliquée aux Etats-Unis, est la méthode dite de la double diffusion, qui rend insolubles les produits de préservation véhiculés par l'eau (voir section 4, partie I).

Imprégnation forcée sous vide. Une usine de ce type réclame des investissements plus élevés que tous les autres systèmes. Il n'est habituellement pas possible de l'installer dans les scieries. Généralement, on crée des dépôts de traitement centralisés, soit indépendants, soit sous la dépendance d'entrepreneurs ou de scieries plus considérables. Cette méthode de traitement permet d'assurer la pénétration complète de l'aubier menacé et, dans le cas de certaines essences, la pénétration du cœur. Il est possible également de régler la quantité de produit déposée à l'intérieur du bois. Les bois traités par ce procédé avec des produits chimiques qui s'y fixent ne sont pas lessivés; par exemple les produits arsenicaux au chrome-cuivre peuvent être utilisés dans toutes les situations exposées, et même être mis en contact avec le sol (voir tableau 4). Le traitement forcé sous vide devrait uniquement être effectué sur le bois séché, coupé à ses dimensions finales avant le traitement.

Méthodes mécaniques

II est possible d'empêcher les termites d'accéder au bois en établissant des barrières physiques. Diverses méthodes ont été inventées pour protéger le bois contre les attaques des termites souterrains, notamment par la mise en place d'une avancée de béton au-dessus de la plinthe et par un tablier de béton entourant le bâtiment. Il y a d'autres méthodes: utilisation de capuchons de métal au sommet des piliers, fixation d'une dalle de béton continue autour des murs de fondation en maçonnerie de brique et emploi de divers produits chimiques, poisons et produits répulsifs dans le sol. Les obstacles mécaniques et les poisons présentent l'avantage de protéger non seulement le bois de structure, mais également le contenu de la maison, par exemple tapis, livres, rideaux, vêtements, etc. Aucune de ces méthodes ne peut être considérée comme pleinement satisfaisante et toutes sont inefficaces contre les termites du bois sec.

TABLEAU 4. - PRINCIPALES MÉTHODES DE PRÉSERVATION DU BOIS

Utilisation

Méthode de traitement

Ennemis

Conditions requises du produit de préservation

Produit de préservation recommandé

Pilastres, pilotis, barrières en contact avec le sol

Imprégnation forcée sous vide

Termites, borers et champignons

Non lessivable; efficacité totale

Créosote, pentachlorophénol, arsenic au chrome-cuivre, arsenic au chrome-zinc, arsenic au chrome-fluor, etc.

Poutres extérieures non en contact avec le sol

Imprégnation forcée sous vide ou bain chaud et froid

Termites, borers et champignons

Non lessivable; efficacité totale

Créosote, pentachlorophénol, arsenic au chrome-cuivre, etc., naphtanate de cuivre et autres produits de préservation appropriés

Bois intérieurs

Imprégnation forcée sous vide, bain chaud et froid et diffusion

Termites, borers et champignons

L'action de préservation doit être suffisante pour enrayer tous les types de dégradation

Produits organiques solvants véhiculés par l'eau

Perspectives du traitement du bois

Sous les tropiques, les paysans utilisent depuis des siècles des matériaux périssables pour construire leur maison et acceptent la nécessité d'un remplacement fréquent. Cela s'applique aussi bien au bois qu'au pisé ou au chaume.

Avec la migration vers les villes, ces attitudes ont progressivement changé. Le citadin a appris à penser en fonction du coût; il a un métier à plein temps et il tient de moins en moins à passer tous ses loisirs et à dépenser tout son argent pour réparer et remplacer les éléments usés de sa maison. Il a commencé à préférer les matériaux durables. Cette transformation d'ensemble de l'attitude envers les constructions et les matériaux de construction est due, pour beaucoup, au fait que les avantages du bois traité sont reconnus.

De manière générale, le traitement de protection ajoute entre 10 et 20 pour cent au coût du bois scié, et par conséquent 5 pour cent environ au coût total d'une petite maison tout en bois. Ce surcroît peut être considéré comme une prime d'«assurance» vitale pour la maison. Il donne une protection permanente au bois et lui assure ainsi une vie aussi longue que celle des habitants. La protection fournit également une sécurité pour les autorités qui louent ou hypothèquent la maison et assument les risques financiers pendant l'occupation des lieux 9.

9 certains petits entrepreneurs de scieries ou fournisseurs de bois ont combattu l'introduction du bois traité, croyant que le marché pour le remplacement des bois attaqués par les termites, les champignons, etc., en serait réduit ou finirait par disparaître. Cette attitude n'a pas aidé L'industrie du bois. Au contraire, elle a accéléré l'introduction de matériaux compétitifs comme l'acier et le béton et réduit d'autant les occasions de croissance du marché du bois.

Dans un certain nombre de pays, la législation ou les mesures d'encouragement prises par les pouvoirs publics ont abouti à la création d'une industrie de préservation saine et largement implantée. On en trouve de bons exemples en Malaisie et au Chili, où les maisons traditionnelles à bon marché utilisent largement le bois préservé. On estime qu'environ 2 000 usines de traitement forcé sous vide existent dans le monde, dont 80 pour cent environ utilisent des produits de conservation véhiculés par l'eau particulièrement adaptés au traitement du bois de construction. On estime également qu'au moins 700 à 800 usines se trouvent dans les pays tropicaux et subtropicaux et qu'un grand nombre d'entre elles travaillent à environ un tiers de leur capacité de 24 heures. En plus, un grand nombre d'usines de bains de préservation fonctionnent dans les pays en développement. Un grand nombre d'entre elles n'ont qu'un tonneau d'acier pour les bains et une réserve de produits. La plupart des usines de traitement sont installées dans les régions urbaines près des centres de consommation. De nombreux fournisseurs d'équipement et de machines de traitement offrent des crédits à des conditions favorables pour réduire les investissements initiaux, qui sont élevés. L'utilisation accrue du traitement permettra (selon le procédé adopté) d'utiliser les espèces secondaires possédant une durabilité naturelle moindre, des revêtements sans finissage de protection et le bois traité pour les fondations, pilotis, pilastres, chevrons, etc.

Le tableau 4 indique les méthodes de traitement recommandées pour les maisons dans les pays en développement.

Protection contre le feu

Celui qui a habité une ville en croissance rapide dans un pays en développement a sûrement assisté à l'un de ces incendies désastreux qui ravagent de temps à autre les colonies de squatters près du centre des villes. Ces incendies ont provoqué une réaction affective forte parce qu'avant l'arrivée des squatters ils étaient rares dans les villes des climats tropicaux chauds et humides. Cela était dû à l'absence de chauffage domestique, à la préférence pour les murs et les planchers en dur, au mobilier réduit au strict minimum, à l'absence de rideaux et de garnitures et à l'habitude de faire la cuisine à l'extérieur. Seules les grandes villes ont des services de lutte contre l'incendie, des casernes de pompiers et des motopompes.

La croissance «sauvage» des bidonvilles censément peuplés a transformé tout cela: elle a ravivé les souvenirs d'incendies de villages s'étendant avec une rapidité foudroyante d'une chaumière à l'autre, et a créé une atmosphère de crainte qui empêche de prendre des décisions rationnelles.

Les habitants des villes surpeuplées et à croissance rapide des pays en développement ont peu de chances de savoir que, par lui-même, le bois est, en fait, difficile à enflammer et peut résister au passage des flammes pendant très longtemps. Du reste, le feu commence en général par s'attaquer au contenu des habitations plutôt qu'à des parties de la construction elle-même (9). Ils seraient surpris d'apprendre que les fermes d'acier s'effondrent à des températures plus basses que les fermes de bois et qu'une porte de bois à revêtement d'amiante est une barrière plus sûre contre le feu qu'une porte d'acier.

On fait peu de chose actuellement pour lutter contre la peur et les préjugés qui ruinent les discussions sur l'utilisation du bois dans les villes des pays en développement. Il y a peu d'espoir de changement sans une vaste campagne, appuyée sur des faits confirmés par les résultats de la recherche, pour éclairer non seulement les milliers de constructeurs en puissance, mais aussi les architectes, les ingénieurs de travaux publics, les entrepreneurs, les administrateurs, les assureurs et les animateurs agréés de sociétés urbaines.

Méthodes d'utilisation du bois dans la construction des maisons

Le bois peut être utilisé à des fins structurales ou non structurales. Les conditions économiques des pays en développement limitent le choix des méthodes d'utilisation du bois dans la construction des maisons. Les utilisations non structurales (menuiserie, meubles encastrés, etc.) augmentent néanmoins dans le monde 10, et les pays en développement pourront sans doute suivre la tendance générale, quoique plus lentement. Le bois à fonction structurale peut être utilisé dans la construction des maisons sous une ou plusieurs des formes suivantes:

Structures de bois supportant des charges. Elles comprennent tous les bâtiments ayant des pieux, poutres, fermes de toit, pannes et chevrons en bois. Elles portent généralement le nom de «maisons en bois» ou «structures tout en bois», même lorsque le revêtement extérieur et le revêtement intérieur du mur sont faits d'autres matériaux. C'était autrefois la méthode de construction de choix sous les tropiques, où le bois est souvent facile à obtenir et répond parfaitement aux nécessités climatiques.

Revêtements intérieurs et extérieurs en bois. Le revêtement extérieur en bois était autrefois considéré comme «une utilisation non structurale». Par contre, les architectes modernes ont reconnu la contribution que peut apporter un revêtement en bois à la résistance et à la solidité de toute la construction et ils ont utilisé diverses formes de revêtements contraints pour réduire la section des poteaux et des poutres et, par conséquent, le volume de bois massif entrant dans la construction.

Les pays en développement seront sans doute lents à adopter toute méthode qui laisse voir le bois de l'extérieur, tant qu'ils n'auront pas surmonté le préjugé largement répandu, qui veut que le bois soit «le matériau du pauvre».

Utilisation du bois pour le coffrage du béton. Le bois est de plus en plus utilisé dans un autre domaine. Depuis 1950, le contre-plaqué et les panneaux sont devenus moins chers et commencent à être utilisés largement pour les coffrages. La situation économique des pays en développement favorise cette forme d'utilisation du bois. La plupart d'entre eux possèdent les matières premières permettant de fabriquer le béton, mais non l'acier. Les formes de béton préférées sont celles qui demandent le moins d'acier. Ainsi, dans plusieurs pays en développement, les voûtes en coquille, les dômes, les paraboles hyperboliques, etc., ont été portés à un point de perfection remarquable. Ces formes requièrent une main-d'œuvre importante du fait qu'elles exigent des coffrages compliqués. Les pays en développement, avec leurs vastes réserves de travailleurs semi-spécialisés, utiliseront sans doute de plus en plus le béton en coquille, d'abord dans les bâtiments publics et peut-être, plus tard, dans la construction privée 11.

10 Voir section 5.

11 Ce n'est pas par hasard que le Mexique a montré l'exemple dans l'art de couvrir de vastes pièces avec des dômes de béton en coquille, et que les premières expériences d'utilisation des dômes de béton du type igloo pour la construction de maisons bon marché ont eu lieu à Dakar (Sénégal) au début des années cinquante.

PRÉFABRICATION EN BOIS

En raison du rapide accroissement des villes dans les pays en développement, on s'attendrait à un élargissement du marché des articles de menuiserie et d'éléments de construction en bois produits industriellement. Les portes, les fenêtres, les stores à lames, les dispositifs d'ombrage, les balustrades et les éléments du faîte devraient trouver un marché régulier, à la condition que les articles soient suffisamment légers et petits pour être transportés sur le chantier dans des charrettes, à bicyclette ou sur la tête, et y être assemblés et mis en place sans l'aide de grues ou autres instruments mécaniques.

Dans la plupart des pays en développement, le progrès des industries d'éléments en bois a été d'une lenteur désespérante. Dans les villes de l'Afrique de l'Ouest et de l'Inde du la fabrication industrielle des fenêtres en acier a augmenté plus vite que celle des fenêtres en bois. Les causes en sont difficiles à trouver. Elles sont peut-être liées au sous-développement des industries du bois locales ou à un manque de normalisation des dimensions, voire aux deux.

II y a peu d'avenir immédiat pour une heureuse utilisation de la préfabrication de maisons entières ou pour la fabrication de grands panneaux de murs préassemblés et finis. Le mur préfabriqué le plus efficace ne peut rivaliser avec les matériaux locaux. La préfabrication n'offre de réels avantages que lorsque les coûts de main-d'œuvre sont élevés, ce qui n'est pas le cas dans les pays en développement. L'avenir est quelque peu meilleur pour les éléments de couverture préassemblés. Les toits posent un problème technique au constructeur de petites maisons et les habitants des tropiques ont l'habitude de payer comptant les matériaux des combles 12.

12 Deux notes documentaires (15 et 18) traitent des économies substantielles qu'on peut réaliser en utilisant des fermes de bois à la place des fermes d'acier. Les maisons pour les petits revenus n'ont généralement pas besoin de fermes, mais il parait intéressant de savoir si les méthodes qui ont permis de réduire le coût des fermes en bois pourraient être utilisées également pour diminuer le prix des poutres et pannes faîtières fabriquées industriellement pour les petites maisons.

Les seuls domaines où la préfabrication du bois à grande écuelle peut jouer un rôle sont les logements d'urgence (par exemple, en cas de tremblement de terre) et les logements des travailleurs et cadres des grands projets de travaux publics. On trouve un exemple concernant ce dernier point dans la colonie de maisons de bois préfabriquées installées avec succès à Akosombo (Ghana), fabriquées en partie en Angleterre et en partie sur place, et assemblées rapidement pour les travailleurs du barrage du fleuve Volta. Les maisons d'Akosombo ont été utilisées de manière intensive pendant dix ans et sont toujours en très bon état. Elles font maintenant partie d'un lotissement qui offre tous les signes de la permanence.

En résumé, la préfabrication en bois de maisons entières ou de murs entiers peut jouer un rôle lorsque la rapidité est plus importante que le coût, mais ni les unes ni les autres ne peuvent contribuer de manière substantielle à la solution du problème du logement de masse dans les pays en développement au stade actuel de leur développement.

Résumé et pronostic

De nombreux pays en développement ont de vastes ressources forestières sous-utilisées, et il semble possible d'avancer au moins que ces pays pourraient tirer avantage de l'utilisation de ces ressources pour satisfaire leurs besoins en logements. Nous avons examiné les facteurs influençant actuellement l'utilisation du bois en tant que matériau de construction dans les pays en développement. Nous allons maintenant envisager les conclusions qu'il faut tirer de cette analyse. Pour ce faire, nous devons nous rappeler que notre étude se base principalement sur les circonstances présentes et que le facteur négatif d'aujourd'hui peut, dans de nombreux cas, devenir demain un facteur positif si des mesures appropriées sont prises. Aussi, l'analyse qui va suivre des facteurs positifs et négatifs devra-t-elle être comprise en ce sens.

Facteurs positifs

Les conditions favorables pour l'accroissement de l'utilisation du bois dans les maisons des pays en développement constituent certains des éléments essentiels de l'expansion et du développement d'une manière générale. Les plus importants parmi eux sont les forces économiques à l'œuvre dans les pays en développement. L'urbanisation et d'autres facteurs créent une demande croissante de logements. Le coût des matériaux de construction importés augmente, et les pouvoirs publics se voient obligés d'encourager l'utilisation des matériaux locaux, notamment du bois. Le développement de l'infrastructure, notamment des réseaux routiers, a fait de grands progrès et permettra de réduire progressivement les difficultés liées à l'extraction du bois dans les forêts.

Les exportations de bois visent de plus en plus les produits transformés: une certaine partie de ces produits ne répondent pas à toutes les exigences qualitatives des marchés d'exportation, mais ils sont parfaitement: adaptés à toute une gamme d'utilisations dans l'industrie locale de la construction.

Il y a, dans une maison, d'importants cléments pour lesquels le bois est le mieux approprié et le plus économique.

Les techniques de fabrication des contre-plaqués et des panneaux de particules se sont considérablement améliorées.

Le nombre d'usines pour le traitement du bois contre les attaques des agents biologiques s'accroît. Les constructeurs urbains commencent à comprendre que les coûts de traitement sont minimaux et les gains immenses.

Des facteurs sociaux favorables sont égale ment à l'œuvre, notamment les traditions séculaires de la manutention et du travail du bois dans les villages des climats tropicaux chauds et humides. Il faut également ajouter l'orgueil national des pays en développement qui cherche à s'exprimer en faisant revivre d'anciennes traditions de l'artisanat du bois.

Les conditions climatiques sous les tropiques chauds et humides, où se trouvent de nombreux pays en développement, favorisent la végétation de type forestier, et ces régions possèdent en effet les trois cinquièmes du couvert forestier mondial. En même temps, c'est dans ces zones climatiques particulières que le bois est le matériau de construction le plus adapté, du fait de ses propriétés thermiques et structurales. Le bois présent des avantages particuliers dans les régions à séismes et à ouragans.

Facteurs négatifs

Un nombre considérable de facteurs militent contre l'utilisation du bois dans la construction de logements.

II existe des préjugés sociaux contre le bois en tant que matériau de construction des maisons. Il est considéré comme le matériau du pauvre du fait qu'il habituellement utilisé dans les bidonvilles. Il passe, d'une façon générale, pour être moins durable que les autres matériaux et augmenter les risques d'incendie.

L'offre de produits du bois est insuffisante dans la plupart des pays en développement. Les forêts tropicales possèdent, à l'hectare, beaucoup moins d'arbres considérés comme utilisables que celles des climats tempérés, et ceci accroît le coût d'extraction. Une grande partie de l'industrie des sciages est périmée et l'industrie des panneaux dérivés du bois est inexistante dans un grand nombre de pays en développement du fait que l'économie d'échelle des opérations dépasse la capacité des marchés locaux limités.

Des dispositifs rudimentaires de commercialisation et de distribution ne permettent pas aux produits du bois d'être facilement disponibles au moment et à l'endroit voulus.

En ce qui concerne les aspects techniques, un grand nombre d'espèces qu'on trouve dans les pays en développement ne sont pas assez connues. Le séchage est en général de mauvaise qualité. Les règlements de classement par qualité sont insuffisants et la normalisation est généralement inexistante ainsi que le traitement de préservation des espèces non durables.

Bilan

Si l'on compare les facteurs négatifs et positifs, il apparaît que, si les choses sont laissées en l'état actuel, le bois n'aura pas vraiment l'occasion de jouer son rôle potentiel et de rendre moins aigu le problème du logement dans le monde.

Cependant, de nombreux facteurs couramment classés parmi les facteurs négatifs peuvent devenir positifs si l'on prend les mesures appropriées. Par exemple, les insuffisances actuelles en ce qui concerne le séchage, le classement par qualité et la préservation militent contre l'utilisation du bois, mais si on les élimine, on renverse la tendance. Les problèmes de l'offre et les questions connexes du coût du bois sont dus en grande partie au fait que la ressource n'est pas utilisée en quantité suffisante pour qu'on puisse rationaliser les industries d'extraction et de traitement; un accroissement du marché augmenterait les quantités offertes et abaisserait leur coût. Le bas niveau des revenus est un facteur important; un accroissement de la demande intérieure stimulera le développement des forêts et des industries forestières et, par conséquent, relèvera le niveau de l'emploi et du revenu. Ainsi, il apparaît de façon certaine que, dans les pays en développement riches en bois, des mesures vigoureuses et positives destinées à éliminer les facteurs négatifs peuvent accroître grandement l'utilisation du bois dans le logement et en même temps contribuer au développement général.

Mesures à prendre pour accroître l'utilisation du bois dans le logement

Une utilisation accrue du bois dans la construction des logements conduirait à des progrès importants vers une solution du problème mondial du logement; il convient donc de prendre d'urgence des mesures pour éliminer les facteurs négatifs et s'appuyer sur les facteurs positifs. Des actions doivent être entreprises par les gouvernements et par les organisations internationales. Bien que leur rôle soit, en de nombreux sens, complémentaire, il vaut peut-être mieux les considérer séparément.

LE RÔLE DES GOUVERNEMENTS

A moins de changements institutionnels spectaculaires, la fourniture de logements dans les pays en développement continuera pendant longtemps à dépendre de l'auto-assistance et de l'initiative individuelle. Ni les administrations locales, ni les gouvernements nationaux n'ont les moyens de construire des maisons pour tout le monde. Cependant, ils peuvent apporter leur aide à des tâches que le constructeur ne peut lui-même assurer. En ce qui concerne les facilités liées directement à la construction de maisons, ils peuvent fournir l'infrastructure nécessaire, par exemple les routes d'accès, le drainage, l'approvisionnement en eau et les terrains. Les gouvernements peuvent et doivent aider les populations à s'aider elles-mêmes. Cela implique que la plupart des gouvernements ne peuvent exercer qu'une influence indirecte sur les types de maisons que construisent les populations et les matériaux qu'elles utilisent. Cependant, en ce qui concerne l'offre de bois de construction sur des bases économiques, les gouvernements peuvent faire beaucoup indirectement pour compenser les facteurs négatifs signalés ci-dessus. Dans les pays en développement, les pouvoirs indirects détenus par les gouvernements sont considérables, et s'ils sont utilisés avec énergie et à propos, ils peuvent contribuer grandement à changer le tableau assez sombre des contraintes sociales et économiques et à éliminer la plupart des obstacles techniques qui s'opposent à l'utilisation du bois dans la construction de logements.

Un gouvernement qui souhaite utiliser plus efficacement ses ressources forestières pour contribuer à la solution de ses problèmes de logement doit se fixer deux tâches:

S'assurer que les produits du bois désirés sont disponibles dans les quantités souhaitées, au moment voulu, et dans les régions où les activités de construction sont le plus intenses.

En même temps, encourager une utilisation large et rationnelle des produits du bois dans la construction.

MISE A DISPOSITION DES PRODUITS DU BOIS

La première condition préalable est une politique forestière valable orientée pour servir les besoins locaux autant que l'exportation. De plus, les projets de développement général, comme les routes, les chemins de fer et autres moyens de communication, doivent toujours tenir compte des besoins infrastructuraux de l'abattage et de l'extraction. Ce sont des questions sur lesquelles les gouvernements ont une autorité directe.

En ce qui concerne la politique forestière, les gouvernements accourraient encourager et, si besoin est, rendre obligatoire l'utilisation d'essences moins connues afin de fournir des matériaux de construction plus nombreux sans affecter la quantité des espèces primaires pour l'exportation.

Les gouvernements nationaux pourraient utiliser des leviers économiques pour encourager la modernisation et l'expansion des industries forestières. Ils ont également les moyens de veiller à ce que les industries installées s'intègrent dans un réseau planifié général de fourniture-traitement-commercialisation.

Dans beaucoup de pays en développement, la fragmentation considérable des industries forestières contribue grandement aux difficultés d'assurer une circulation continue des produits du bois d'une qualité et d'une taille appropriées. Pour éliminer ces insuffisances, les gouvernements peuvent, par exemple, poursuivre une politique systématique d'encouragement à la création de dépôts centraux de bois pour le séchage et l'emmagasinage de grandes quantités livrées sur une base coopérative par les petits producteurs. Ces dépôts centraux pourraient également permettre le classement par qualité, la préservation et le précoupage des produits du bois.

A mesure que la technologie, en faisant des progrès, transforme la position compétitive du bois en tant que matériau de construction, il conviendrait de renforcer la coordination des recherches et des démonstrations entre laboratoires de produits forestiers et organisations de recherches sur la construction, pour jeter les bases d'un développement viable à long terme des industries forestières en tant que source principale d'approvisionnement du secteur de la construction.

PROMOTION D'UN MARCHÉ POUR LE BOIS DE LOGEMENT

La deuxième tâche est d'une nature très différente. Elle implique la lutte contre les préjugés dont le bois est devenu victime dans les villes des pays en développement. Le bois doit être accepté pour ce qu'il est, un matériau durable pour la construction de haute qualité. Les premières à l'accepter doivent être les agences de construction gouvernementales, notamment le ministère des Travaux publics. Leurs activités de construction sont insignifiantes quantitativement, mais elles sont importantes dans la mesure où elles donnent l'exemple à des milliers de constructeurs privés.

Encore plus importantes que les résidences des hauts fonctionnaires construites par le ministère des Travaux publics, sont les maisons des riches, des idoles nationales et des célébrités influentes. Le bois cessera d'être le matériau du pauvre quand les millionnaires, les grands sportifs, les ministres et les diplomates commenceront à construire leur maison en bois ou avec des éléments en bois, et qu'on le verra de l'extérieur.

Pour éliminer les obstacles sociaux et culturels, il faut également introduire des règlements sur la construction ou réviser ceux qui causent souvent du tort au bois et qui sont hérités d'anciennes puissances métropolitaines. La propagande pour l'utilisation accrue du bois dans la construction devrait faire appel à tous les moyens de grande information dont dispose le gouvernement et ne devrait, en aucune manière, se limiter aux publications scientifiques, etc., mais s'adresser aux masses.

A première vue, on peut penser que ce n'est pas aux gouvernements de «faire les modes». Pourtant, l'histoire du costume, de la décoration ou de la construction montre que pareille chose s'est produite et pourrait se reproduire.

LE RÔLE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

La production de matériaux de construction devrait être basée essentiellement sur les ressources indigènes, dont les forêts sont généralement l'une des principales. Ainsi, étudier le potentiel des ressources forestières et les meilleurs moyens de transformer et d'utiliser une grande variété d'espèces de bois constitue une tâche majeure pour de nombreux pays en développement. C'est précisément cette tâche qu'essaient de mener à bien la plupart des projets parrainés par le PNUD et exécutés par la FAO. Actuellement, celle-ci exécute 61 projets forestiers dans 50 pays, et 80 peur cent d'entre eux concernent le développement d'ensemble des industries forestières. Ils comprennent généralement des usines de traitement pilotes comme les scieries, les installations de préservation, etc. Cet élément de démonstration dans les projets de terrain devrait cependant aller plus loin et ne pas se contenter de prouver qu'il est possible de produire des produits de bois pour le marché. Il est essentiel que des applications pratiques de ces produits soient également démontrées. Actuellement, quelques projets seulement comprennent un élément touchant à la construction effective des maisons à partir d'éléments de bois. Un effort considérable doit être fait pour donner une grande expansion à cet aspect des activités de terrain de sorte, qu'à l'avenir, la majorité des projets ayant trait aux industries de traitement du bois prévoient de démontrer les applications pratiques des éléments de construction en bois. Les tâches de cet ordre peuvent être menées à bien grâce à une coopération entre les diverses organisations internationales intéressées, notamment le PNUD, la FAO, le Centre de l'habitation, de la construction et de la planification des Nations Unies, l'ONUDI, l'OIT et les Commissions économiques régionales.

II y a bien d'autres problèmes auxquels les organisations internationales peuvent chercher des solutions. Elles peuvent compléter l'activité gouvernementale de promotion à l'aide de leurs services de documentation; contribuer grandement à la promotion et à coordination des activités de recherche à l'échelon régional et sous-régional; aider au transfert de la technologie par la création de centres régionaux ou sous-régionaux dans le domaine de la production et de l'utilisation des éléments de maison en bois.

Références

(1) HAGMÜLLER, G. 1970. La ville prise au collet. Cérès, (18): 44-47. Rome.

(2) NATIONS UNIES. 1967. Méthodes d'estimation de logement. New York. ST/STAT/SER. F/12.

(3) DALDY, A.F. 1969. Regulations for small buildings in earthquake areas. London, HMSO. (Building Research Station, Garston)

(4) GARSTON, ENGLAND. BUILDING RESEARCH STATION. 1959. Building in earthquake areas. London, HMSO. Overseas Building Note N° 63.

(5) MUNTAZ, G.F. BABAR KHAN. Transition: a study of the community in the north of Ghana. Kumasi, Ghana, Faculty of Architecture, University of Science and Technology. (Inédit)

(6) CROOKE, PATRICK. 1967. Peuplement rural et tendances de l'habitat dans un pays en développement: un exemple au Nigeria. Revue internationale du travail, 96: 308-321.

(7) FALCONER, J.P.R. 1970. A building system for Ghanaian housing. Paper submitted to American Institute of Architects' Research Conference, U.S.A., 1970.

(8) LUBEGA, A. 1969. The financing and production of private houses in urban districts of Kampala, Uganda. London. (Thèse)

(9) DESCH, H.E. 1968. Timber: its structure and properties. 4th ed. London, Macmillan.

NOTES DOCUMENTAIRES

(10) BARROSO, J.R. & TINTO, J.C. 1971. Utilización de la madera para la vivienda en un país deficitario en esta materia. WCH/71/6/7.

(11) BURGESS, H.J. 1971. Experience with the promotion of wood in housing in the tropics.

(12) CAMPBELL, P.A. 1971. Performance specifications for the quality control of timber for housing in developing countries. WCH/71/6/2.

(13) FALCONER J.P.R. 1971. Design and production of tropical timber housing. WCH/71/6/6.

(14) GUISCAFRE, J. 1971. Le bois dans la construction en Afrique tropicale francophone. WCH/71/6/9.

(15) MASANI, N.J. 1971. Experience with timber engineering in the tropics. WCH/71/6/5.

(16) NOËL, G.A., BÉCHARD, J. & HUYGEN, J.P. 1971. Aspects pratiques de l'emploi du bois dans le logement dans les projets PNUD/FAO. WCH/71/6/10.

(17) ROBLES, G. & TENG, I. 1971. Wood in housing in Chile.

(18) STOKES, J.G. 1971. Wood in housing in South East Asia and the Pacific areas. WCH/71/6/4.

COMMUNICATIONS SPÉCIALES

(19) FINNSIO, C.T. 1971. Review of the use of wood in housing in Africa. FO: WH/71/21.

(20) HAGMÜLLER, G.A. 1971. Review of the use of wood in housing in Asia and the Far East. FO: WH/71/43.

(21) MARRA, A.A. 1971. The elements of wood in housing and their relationship to resources and processes. FO: WH/71/45.

(22) TENG, I. 1971. Review of the use of wood in housing in Latin America. FO: WH/71/15.

Rapport de la consultation

1. L'emploi du bois dans les habitations des pays en développement est un sujet qui est constamment revenu au cours des discussions de la Consultation, mais dans cette section tous les problèmes sont examinés du point de vue particulier des pays en développement et dans le cadre général de leur situation socio-économique.

2. La Consultation a passé en revue les aspects géophysiques, socio-économiques et techniques de la situation. Elle a essayé de faire des pronostics en juxtaposant les facteurs favorables et défavorables à l'utilisation du bois dans l'habitation. Elle conclut que l'emploi du bois dans les habitations de ces pays accusera une baisse si on n'adopte pas les politiques voulues et si on ne lance pas de programmes d'action. C'est pourquoi elle propose des mesures visant à augmenter l'offre de bois d'œuvre et à créer des marchés pour les matériaux de construction à base de bois.

3. Les discussions ont gravité autour de quatre sujets principaux: l'amélioration qualitative et quantitative des sources de bois d'œuvre; la mise au point et l'amélioration des techniques de dessin et de construction; la création de marchés; enfin, l'éducation et les services d'information.

4. La Consultation reconnaît que les questions capitales sont l'amélioration de la qualité des matériaux de construction à base de bois et leur acheminement régulier vers le secteur du bâtiment. Il faut améliorer les voies d'accès aux forêts, exploiter tout le bois valable, moderniser les scieries, établir et appliquer des règles de classement en fonction des emplois ultimes, et généraliser le séchage et le traitement de préservation.

5. La Consultation insiste sur le fait que la conception et la construction doivent convenir aux moyens économiques, aux conditions climatiques, aux traditions culturelles et à l'appareil social des pays intéressés. Les plans d'aménagement résidentiel doivent prendre en considération l'emploi du bois quand il s'agit de déterminer la densité de l'habitat et l'espacement des habitations. Il faudrait étudier la possibilité d'accroître la densité du logement par l'emploi mixte du bois et d'autres matériaux. Les plans des maisons devraient incorporer des innovations comme la fabrication de grands éléments à partir de petites pièces de bois, l'emploi du bois dans les parois contraintes et l'application de nouvelles techniques de charpenterie.

6. La Consultation reconnaît que l'absence de politiques suivies en matière de logement est l'un des principaux obstacles à l'établissement d'un marché sûr pour les produits du bois. Le développement commercial exige la normalisation des dimensions et un contrôle qualitatif. Le perfectionnement continuel des modèles devrait viser à renforcer la position concurrentielle des matériaux de construction en bois.

7. Le marché du bois est fortement influencé par des préférences qui s'expliquent par des préjugés sociaux, et la hutte contre ces préjugés par l'exemple et l'éducation est un élément essentiel de la stratégie commerciale.

8. La Consultation note que les structures commerciales de plusieurs pays en développement influencent considérablement l'utilisation du bois dans l'habitation. D'une part, il existe des pays qui exportent beaucoup de grumes et qui ont une industrie du bois de sciage peu développée et un marché intérieur mal desservi. D'un autre côté, il y a des pays dont les centres démographiques sont éloignés des ports de mer. Ces derniers devront forcément compter sur le marché intérieur, ce qui pourrait progressivement mener au développement d'une industrie du bois rentable pouvant approvisionner le secteur de la construction et peut-être même, en fin de compte, exporter des pièces de bois ouvrées et semi-ouvrées pour l'habitation.

9. La Consultation reconnaît le besoin urgent de former des techniciens sachant utiliser le bois dans la construction et de créer les moyens d'éducation et les services d'information voulus. Il serait particulièrement utile d'avoir une série de films sur l'emploi du bois dans l'habitation, des bandes magnétoscopiques pour l'éducation du consommateur et des manuels de référence pour les professionnels. Les services forestiers et les autorités gouvernementales responsables du logement et de la construction devraient créer des services d'information sur l'emploi du bois d'œuvre dans l'habitation.

10. Plusieurs points sont ressortis des discussions et la Consultation recommande que:

a) Les gouvernements formulent des politiques de logement bien définies pour assurer une demande soutenue de matériaux de construction fournis par les ressources indigènes, notamment les forêts.

b) Les gouvernements prennent des mesures pour encourager la modernisation de l'industrie de transformation du bois dans les pays en développement:, surtout l'industrie du sciage, afin d'assurer la production d'un bois possédant les qualités exigées par l'industrie du bâtiment.

c) Les autorités nationales des pays en développement mettent au point, en coopération avec les industriels, les entrepreneurs et les architectes des règles de classement spécifiques visant les principales utilisations finales du bois. En l'absence de telles règles, les architectes et les administrations responsables pourraient contribuer à préparer le terrain en incluant dans les contrats des normes de performance pratique.

d) Il soit mis au point, dans le cadre du Programme des Nations Unies pour le développement, un plus grand nombre de projets de terrain comportant davantage d'experts, d'essais de démonstrations et de moyens de formation, afin de renverser la tendance actuelle défavorable à l'emploi du bois dans la construction d'habitations. Les projets relatifs à la foresterie et à l'industrie forestière ne devraient pas s'arrêter au stade de la transformation primaire, mais prévoir aussi des démonstrations concernant l'emploi final dans l'habitat et la construction, les institutions spécialisées des Nations Unies coopérant entre elles comme il convient à cet effet.

e) L'on développe l'aide bilatérale aux pays en développement qui sont résolus à entreprendre la réalisation de programmes bien définis pour résoudre leurs problèmes de logement en faisant appel à des ressources locales telles que les forêts.

f) Les gouvernements et les services chargés de l'habitat dans les pays en développement tiennent compte des recommandations du rapport de l'ONUDI sur les techniques de production pour l'emploi du bois dans la construction d'habitations dans les conditions prévalant dans les pays en voie de développement (Vienne, 1969).

g) L'on ait recours aux techniques basées sur l'utilisation des bois de courte longueur et de: faible section provenant d'une grande gamme d'essences afin de surmonter la pénurie artificielle de bois dont souffrent actuellement plusieurs pays tropicaux.

h) L'on adapte la technologie au niveau de l'économie du pays en choisissant, si possible, pour fabriquer des éléments et construire les habitations, des méthodes faisant appel à une main-d'œuvre nombreuse et à peu de capitaux; le bois est un matériau particulièrement adaptable, susceptible d'être utilisé à tous les niveaux de la technologie.

i) Eu égard à la concentration démographique et à l'urbanisation rapides des pays en développement, on mette au point, pour les habitations plurifamiliales, des matériaux, des techniques et des systèmes de construction adéquats qui soient basés sur l'utilisation du bois dans les régions urbaines à forte densité de population.

j) Les pays ne disposant pas de ressources forestières importantes abordent le problème de l'emploi du bois dans la construction d'habitations sous deux angles: d'une part, en cherchant à adopter des systèmes de construction et des techniques ne demandant qu'une consommation minime de bois et, d'autre part, en explorant les possibilités de fabriquer des matériaux susceptibles d'être produits à partir de bois de pratiquement n'importe quelle dimension et qualité et à partir de sous-produits d'origine agricole (par exemple panneaux de fibres, panneaux de particules, etc.).

k) Les gouvernements encouragent la recherche en ce qui concerne la fabrication des couvertures de toit à partir de matières premières locales en tenant compte des besoins particuliers des pays en voie de développement.

l) Des architectes et des ingénieurs-constructeurs soient attachés aux services forestiers et aux organisations qui s'occupent de la promotion des produits du bois.

m) Les gouvernements et les organisations internationales devraient aider à:

organiser des concours d'architectes pour la création de différents types de maisons en bois, afin de susciter des idées nouvelles et d'intéresser le public à l'emploi du bois dans la construction d'habitations;

produire des films documentaires montrant les moyens d'utiliser et d'entretenir le bois dans la construction d'habitations;

rédiger et diffuser à l'échelle nationale et sous-régionale des manuels à l'intention de tous ceux qui prennent part à la conception, la production et la construction de maisons et d'éléments en bois.

11. Enfin, la Consultation recommande que les éléments essentiels et de caractère pratique des documents présentés à la Consultation et des contributions aux débats, y compris les illustrations et les graphiques, soient réunis dans un ouvrage concis qui fasse le point de la question et que cet ouvrage reçoive une diffusion aussi large que possible.


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