3 périodes sont prises en considération : 1985 – 1990, 1990 – 95 et puis finalement l'horizon 2005, ce qui correspond au court, moyen et long terme.
Ce plan sous-entend une évolution constante de l'agriculture et de l'élevage pour permettre de disposer de suffisamment de sous-produits agricoles nécessaires à l'alimentation des piscicultures artisanales et familiales réparties à travers les zones piscicoles. Cette évolution cadrerait dans une évolution favorable de la situation économique générale du pays avec une augmentation correspondante du pouvoir d'achat de la population.
La pisciculture artisanale est pratiquée par des pisciculteurs confirmés dans des bassins de 2 ares jusqu'à 25 ares de superficie totale, construits correctement, munis d'élevages associés (porcs, volaille) et ayant accès à des aliments équilibrés pour poisson. Ceci suppose l'existence d'un crédit piscicole fonctionnant sous forme de fonds de roulement. 260 pisciculteurs sur 25 ares auraient une production de 80kg/a/an et 1.000 pisciculteurs sur 2a. produiraient 60kg/a/an en 1990.
La pisciculture familiale, stimulée par la vulgarisation soutenue par le service piscicole qui disposerait d'un fonds gouvernemental de vulgarisation, augmenterait de 10% par an avec une production de 30kg/are/an sur des étangs de 1 à 2 ares en 1990.
Les productions des stations piscicoles principales ne dépasseront pas leur potentiel (voir 2.2.).
Les besoins en alevins pour permettre d'obtenir les productions citées dans ce plan seront importantes. Les stations piscicoles principales ne pourront pas les produire (± 30t. nécessaires en 1990). Il est indispensable que le plus grand nombre que possible de pisciculteurs devienne autosuffisant en alevins. C'est aussi pendant cette période qu'une écloserie artisanale serait établie à Bouar et à Bambari.
3.2.1. - Court terme : 1985 – 1990
Pisciculture familiale
1985 | 1986 | 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | |
Nombre de bassins | 10.000 | 10.000 | 10.600 | 11.300 | 12.100 | 13.000 |
Superficie moyenne par bassin en are | 1,2 | 1,2 | 1,2 | 1,3 | 1,3 | 1,4 |
Superficie exploitée en ares | 12.000 | 12.000 | 12.720 | 14.690 | 15.730 | 18.200 |
Prod. moyenne kg/are/an. | 23 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 |
Prod. escomptée en kg | 276.000 | 312.000 | 343.000 | 411.000 | 456.000 | 546.000 |
Prod. commercialisée | 173.000 | 196.000 | 216.000 | 258.000 | 287.000 | 343.000 |
Pisciculture artisanale
1985 | 1986 | 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | |
1) Nombre de pisciculteurs sur 25a. | 30 | 80 | 130 | 180 | 210 | 260 |
Superficie expl. en ares | 750 | 2.000 | 3.250 | 4.500 | 5.250 | 6.500 |
Prod. moyenne kg/are/an | 80 | 80 | 80 | 80 | 80 | 80 |
Prod. escomptée en kg | 60.000 | 160.000 | 260.000 | 360.000 | 420.000 | 520.000 |
Prod. commercialisée | 45.000 | 120.000 | 195.000 | 270.000 | 315.000 | 390.000 |
2) Nombre de pisciculteurs sur 2a. | 250 | 500 | 750 | 1.000 | 1.250 | 1.500 |
Superficie expl. en are | 500 | 1.000 | 1.500 | 2.000 | 2.500 | 3.000 |
Prod. moyenne kg/are/an | 60 | 60 | 60 | 60 | 60 | 60 |
Prod. escomptée en kg | 30.000 | 60.000 | 90.000 | 120.000 | 150.000 | 180.000 |
Prod. commercialisée | 19.000 | 38.000 | 57.000 | 76.000 | 95.000 | 114.000 |
3) Prod. totale | 90.000 | 220.000 | 250.000 | 480.000 | 570.000 | 700.000 |
Prod. commercialisée | 64.000 | 158.000 | 252.000 | 346.000 | 410.000 | 504.000 |
3.2.2. Moyen terme : 1990 – 1995
Le crédit piscicole aura eu son maximum pendant les 5 ans passées et il peut être estimé que les pisciculteurs artisanaux établis continueront à augmenter légèrement leur production, soit 10% pendant la période 1990–1995, pour arriver à une production de 770t. par an, soit une production commercialisée de 570t. par an en 1995.
La production familiale, sous l'effet de la vulgarisation
et de l'exemple de la pisciculture artisanale, pourra continuer
à augmenter de 10% par an pour arriver à 21.000 pisciculteurs avec
880t. de poisson par an, soit une production commercialisée de
550t.
La production totale annuelle commercialisée sera à ce moment-là
1120t. Pendant cette période les besoins en aliments pour les poissons
se feront ressentir de plus en plus et un investissement
(meunerie - provenderie) dans ce domaine doit être prévu.
3.2.3. Long terme : Horizon 2005
Jusqu'à cette date la pisciculture artisanale, ayant atteint sa vitesse de croisière, pourra maintenir sa production annuelle de 770t. (570t commercialisées) de poisson frais par an.
Par contre la pisciculture familiale continuera à bénéficier de l'effet de l'extension de la pisciculture artisanale et de la vulgarisation pour s'étendre à raison de 10% par an et atteindre 55.000 pisciculteurs avec une production de 2.300t. par an (1.500t. commercialisées) en 2005.
Au total 2.070t. de poisson frais seront commercialisées par an.
3.2.4. Répartition des pisciculteurs
Le tableau 2 et la figure 3 donnent la répartition des
pisciculteurs en 1983 et 1984 dans les 10 préfectures où la pisciculture
est pratiquée. Ils sont présents dans toutes les zones
habitées et connaissent des concentrations autour des centres urbains.
Il est prévu que la pisciculture se développe à l'avenir de la
même façon avec une concentration des pisciculteurs artisanaux
à proximité des grands centres, dont essentiellement Bangui.
Les tableaux 3,4 et 5 donnent respectivement l'évolution de la population de la République Centrafricaine de 1985 à 2005, les besoins globaux en poisson frais de cette population et les besoins actuels en poisson des préfectures qui pratiquent la pisciculture. Le tableau 5 indique la dispersion régulière de ses besoins. A cet effet la figure 4 est également très explicite.
Les besoins théoriques en poisson frais ne pourront pas être couverts par la pisciculture, ni même pas par la pêche dont le potentiel est estimé à 26.000t. de poisson frais. En général, les pisciculteurs ne risqueront donc pas d'avoir des difficultés importantes de vente de leurs produits, après avoir prélevé le poisson pour leur propre consommation et pour le réempoissonnement.
3.5.1. Voies de communications et infrastructure facilitant la vente.
La figure 5 montre le réseau routier qui recouvre le pays et qui permet l'acheminement des produits à l'intérieur des zones rurales et vers les grands centres.
Tous les centres urbains disposent de marchés publics répartis suivant la densité de la population. Ils ont l'infrastructure nécessaire, sont contrôlés par la municipalité, et sont ouverts tous les jours.
Les villages des zones rurales disposent également d'un réseau de marchés hebdomadaires organisés à des jours fixes et situés à tel point que les villageois ne se trouvent pas à plus de 5 à 10 km d'un marché. Le gouvernement de la République Centrafricaine vient de créer un Office de Pêche et de la Commercialisation de Poisson. Bien que dans le domaine de la commercialisation le but essentiel de cet Office soit de favoriser l'écoulement des produits de la pêche, il pourra éventuellement assister les pisciculteurs artisanaux dans la commercialisation de leurs produits.
3.5.2. Commercialisation au stade actuel
Les stations piscicoles principales (voir 2.2.) écoulent leur production avec facilité. Seule la station de la Landjia prévoit l'aménagement d'un stand réservé à la vente au marché principal de Bangui pour faciliter le contact avec les acheteurs.
Les pisciculteurs familiaux produisent individuellement en moyenne 25kg de poisson (production nette), soit 15kg à commercialiser, dont 1kg seulement à vendre hors du village (au marché proche). Si le pisciculteur organise donc sa vidange en fonction du marché en question, il n'a pas de problème de conservation du poisson à vendre.
Les pisciculteurs artisanaux actuels se trouvent à proximité de grands centres et atteignent des productions dépassant parfois plusieurs centaines de kilos de poisson par an, commercialisés après prélèvement de leur propres besoins. Ces piscicultures sont toutefois subdivisées en plusieurs petits étangs et l'écoulement du poisson se fait au fûr et à mesure des vidanges avec une certaine accélération à la fin de la saison des pluies. Certaines disposent aussi de bacs ou de bassins de stabulation. Une partie du poisson se vend au bord des étangs. Le reste est amené en ville au marché. Les moyens de transport diffèrent suivant les pisciculteurs : charette, vélo, camionnette de location en commun, etc… Pour Bangui, le stand prévu au grand marché pour la station de la Landjia sera également à la disposition des pisciculteurs hors les jours de vente de la station.
Tout le poisson produit est écoulé sans perte notable et des moyens de conservation tel que le sèchage, la fumigation ou le froid ne sont pas utilisés.
3.5.3. Commercialisation à l'avenir
La production globale des pisciculteurs familiaux et artisanaux mise sur les marchés après prélèvement de leurs propres besoins et de leurs familles se chiffrera à :
1990 | 1995 | 2005 | |
Pisciculture familiale | 343t | 570t | 1500t |
Pisciculture artisanale | 504 | 550 | 570 |
TOTAL = | 847 | 1120 | 2070 |
L'écoulement de la production de la pisciculture familiale se fera sans difficulté jusqu'en 1995 en se servant de l'infrastructure des marchés telle qu'elle existe actuellement et en se basant sur la multitude de ses petits étangs et ses moyens de stockage, qui permet une présentation régulière de poisson frais sur le marché.
Pendant la période de 1995 à 2005 la production commercialisée augmentera progressivement de 570 à 1500t. Etant donné que cette augmentation est basée sur l'augmentation du nombre des pisciculteurs familiaux la quantité commercialisée sera toujours la même par pisciculteur. Toutefois la quantité plus importante de poisson présentée aux consommateurs nécessitera l'organisation méticuleuse de la rotation des vidanges, l'amélioration des systèmes de stockage et aussi l'apprentissage de techniques correctes de sèchage et de fumigation du poisson. Ce travail reviendra au service piscicole avec ses vulgarisateurs ou à l'Office de Pêche. La production commercialisée des piscicultures artisanales est présentée essentiellement aux centres urbains, dont la plus grande partie pour Bangui. Actuellement la ville de Bangui importe 300t. de poisson frais. Les ± 500t. de poisson frais produits sur place dès 1990 pourront soit remplacer une partie du poisson importé, soit s'ajouter au poisson importé suivant l'évolution favorable du pouvoir d'achat de la population. Dans ce cas il sera nécessaire de prévoir l'aménagement de stands de vente aux différents marchés de la ville et d'organiser le transport en commun du poisson. Le service piscicole ou l'Office de Pêche devront aider les pisciculteurs à organiser la rotation des vidanges surtout en fin de saison de pluie pour empêcher des pertes de poisson et pour présenter le plus possible de poisson frais directement aux consommateurs. Le surplus pourra aussi être stocké dans les frigos des poissonneries de la place et être vendu par leur intermédiaire.