AUTHORITE POUR L'AMENAGEMENT DE LA VALLEE DU BANDAMA
CENTRE DE DEVELOPEMENT DES PECHES DU LAC DE KOSSOU

RAPPORT TECHNIQUE No 46

Cover
FORMULATION DES ALIMENTS DESTINES A L'ELEVAGE DE TILAPIA NILOTICA (L.) EN CAGES DANS LE LAC DE KOSSOU COTE D'IVOIRE


T A B L E    D E S    M A T I E R E S

par
David CAMPBELL

KOSSOU, JUILLET 1978


Les liens hypertextes vers d'autres sites de l'Internet ne signifient nullement que l'Organisation approuve officiellement les opinions, idées, données ou produits qui y sont présentés, qu'elle en assume la responsabilité ou qu'elle garantit la validité des informations qui s'y trouvent. Leur seul objectif est d'indiquer où trouver un complément d'informations sur des thèmes apparentés.

Cette version numérique du document a été scannérisé en utilisant des logiciels de reconnaissance optique de texte (OCR). La FAO décline toute responsabilité pour les éventuelles différences pouvant apparaître dans ce document par rapport à la version imprimée originale.


T A B L E    D E S    M A T I E R E S

RESUME

1. INTRODUCTION

2. MATERIAUX ET METHODOLOGIE

2.1. Caractéristiques Limnologiques du lac

2.2. Matériel d'élevage

2.2.1. Les poissons

2.2.2. Les Cages

2.2.3. Les ingredients de l'aliment

2.3. Methodologie

2.3.1. Fabrication des aliments et nourrissage

2.3.2. Conduite d'essai

2.3.3. Retournements d'eau

2.3.4. Formules des aliments mis en essai

3. RESULTATS

4. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

4.2. Considérations économiques

4.3. Expériences ultérieures

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

APPENDIX.

R E S U M E

Ce rapport présente les résultats obtenus dans le lac de Kossou, côte d'Ivoire, avec quatre formules alimentaires adaptées à l'élevage en cage de T. nilotica. La composition de l'aliment de base est la suivante :

Farine de riz : 65 % ; tourteaux d'arachide : 18% remoulage de blé : 12 % ; farine de poissons : 4 % ; et coquillages : 1 % . Le taux de conversion moyen obtenu est de 2,32 kg d' aliment/kg de poissons produits. Celui-ci indique que le T. nilotica économise les besoins en protéine par une haute teneur d'énergie dans l'aliment.

L'addition d'un complexe de vitamines à cette dernière formule n'est pas necessaire. Il semble qu'il y a suffisamment de ces éléments nutritifs présents dans l'aliment de base et le milieu de la cage.

L' augmentation du pourcentage de farine de poissons à 8 % a légèrement amélioré le taux de conversion (2,19).

La subtitution du tourteau d'arachide par le tourteau de coton a beaucoup diminué le prix de l'aliment sans avoir un effet sur l'élevage.

Les périodes de circulation totale des eaux du lac ont entrainé une mauvaise influence sur les résultats. La basse teneur en oxygène dissous, l'augmentation du taux de respiration subsequent et le manque de plusieurs jours d'alimentation a diminué le rendement de quelques essais (formule vitaminique).

Il est conclu que la teneur en protéine brute devrait être augmentée de 25 à 30 % pour rendre l'élevage plus efficace. Du point de vue économique, cette protéine est de sources végétales (tourteaux de coton) mais un certain pourcentage doit venir de sources animales (farine de poissons). Le reste de l'aliment peut se composer d'hydrates de carbone comme source d'énergie.

Du point de vue économique, les frais de l'alimentation avec les granulés complets revient à environ 100 F CFA/kg de poissons produits, par rapport à un prix de vente actuel de plus de 200 F CFA/kg de tilapia, nous pouvons dire que cette alimentation est rentable.

1. - I N T R O D U C T I O N

La recherche sur l'élevage de poissons en cages a commencée en Mars 1974 au Centre de Développement des Pêches du Lac de Kossou, organisme de recherche lacustre pour l'Autorité de l'Amenagement de la Vallée du Bandama. L'introduction de l'élevage intensif et contrôlé de poisson pourrait largement augmenter la production de poissons du lac et également offrir une activité autre que la pêche.

Le but de la recherche est donc de définir une méthode d'élevage en cage adaptée à une exploitation artisanale pour le Lac de Kossou.

Ce rapport concerne un aspect d'élevage en cage, la composition de la nourriture destinées aux poissons.

Dans lélevage en cage, l'aliment apporté est pratiquement la seule source nutritive pour les poissons. La composition de l'aliment équilibré à la fois en protéines, lipides, glucides, sels minéraux et vitamines, influence grandement la croissance, la production et le comportement des poissons.

Il y a très peu de connaissance sur les besoins nutritifs des poissons, sauf ceux en élevage intensif dont la truite, la carpe et le poisson chat americain. Les besoins spécifiques du Tilapia ne sont pas connus.

Le Tilapia nilotica est un omnivore à tendance végétarienne. Son régime alimentaire au milieu naturel consiste d'une part de phytoplancton filtré par les microbranchiospines et prise par le mucus sécrétée par des glandes buccales. Les diatômées sont les plus importants (Freyer et Iles, 1972). En même temps, le T. nilotica consomme des zooplanctons, insectes aquatiques et toute sorte de sous produits agricoles dont le son de riz, le tourteaux de coton, etc. (Yashouv et Chervinski, 1971), (Hastings, 1973).

Les besoins en protéines et l'équilibre en acide aminés sent les principaux facteurs affectant la croissance et posant le plus de problèmes quant à la source de nourriture. Pour toutes les espèces de poissons dont les études des besoins nutritifs sont faites, il y a dix acides aminés indispensables. La quantité de chacun de ces acides aminés presente dans l'aliment est liée directement à la croissance du poisson (Halver, 1976).

Il existe des acides gras essentiels necessaires aux poissons ; l'addition d'acide linolenique à l'aliment peut améliorer la croissance dans certains cas (Lee et Sinnhuber, 1972). Les lipides sont généralement bien digérés par les poissons et sont une bonne source d'énergie.

La digestion des glucides differt largement avec l'espèce de poissons. Le T. nilotica à tendance végétarienne, il semble donc que l'alimentation composée peut avoir une haute teneur en hydrates de carbone comme source calorifique. L'augmentation d'energie par lipides et glucides dans l'aliment peut introduire une économie des besoins en protéines (Philipps, 1972).

Les besoins en vitamines sont connus pour quelques espèces de poissons. Pour les poissons phytoplantoniques dont le T. nilotica la vitamine thiamine B1 prend alors plus d'importance car les besoins de cette vitamine sont liés à la consommation d'hydrates de carbonne. Les autres vitamines fonctionnent dans le métabolisme et système de coensymes: le manque d'une vitamine spécifique est manifesté par le défaut d'un système (Halver, 1972).

Les besoins de traces de minéraux sont très peu connus ; l'iode est necessaire pour le fonctionnement du thyroid (Halver, 1976).

Quant à la physiologie de digestion, les ensymes actifs dans l'estomac et les intestins reflètent les habitudes alimentaires de chaque espèce de poissons. Pour T. nilotica, l'alimentation à haute teneur d'amidon a diminuée l'activité des proteases et augmentée l'activité des amylases (Nagayama et Saito, 1969).

Le T. nilotica a la capacité d'adaptation physiologique à certains aliments.

Pour l'élevage de T. nilotica en étangs, les granulés faites avec 31,7% de protéines, 36,6% d'ENA (extrait non azoté) et 6,7% de lipides ont donnés de bons résultats (Hastings, 1973). Un aliment composé de tourteaux d'arachide et de soja, de farine de poisson, de levure de brasserie et de foie de boeuf a servi à nourrir T. nilotica en bac (Shell, 1967).

Pour l'élevage de Tilapia en cages, un mélange à 18% de protéine, 12,5% de lipides et 54,7 % d'ENA était mis en essai au Lac de Kainji (Konikoff, 1975). Un mélange simple de son de riz et de farine de poissons est utilisé en cages aux Philippines (Guerraro, 1977). Pour les premièrs essais d'élevage à Kossou, une alimentation de volailles à 24,5% de protéines, 4,3% de lipides et 53,6% d'ENA a donnéc des résultats acceptables, mais il y a énviron 30% de mais concassé dans l'alimentation qui n'est pas bien digére par le tilapia et le prix est excessif pour l'élevage de poissons.

Pour la composition des aliments complets de poissons, les sources des nutrients consistent pour la plupart de sous-produits industriels et agricoles. Parmis ces sous-produits, certains comme la farine et le son de riz, les drêches de brasserie, le remoulage de blé, les tourteaux de palmistes etc… sont actuellement disponible en Côte d'Ivoire et sont de bonnes sources d'hydrates de carbons. Les tourteaux de cotons, d'arachide et de copra sont de sources de protéines végétales; la farine de poissons est une source de protéines et de lipides animales.

Il existe beaucoup d'autres sous-produits en Côte d'Ivoire, pourtant les problèmes d'approvisionnement, de conservation, de transport et de transformation sous forme de granulés ont prohibité leur mise en essai à Kossou.

Les essais de formulation des aliments adaptés à l'élevage de T. nilotica en cages ont suivit les principes majeurs suivants:

2. - MATERIAUX ET METHODOLOGIE

2.1. - CARACTERISTIQUES LIMNOLOGIQUES DU LAC

Le Lac de Kossou date de 1971 après la fermeture du barrage de Kossou.

La côte maximale est de 204 m, mais pendant les essais d'élevage de poissons, le niveau a varié entre 186 et 191 m. Compte tenu que le niveau maximum n'est pas encore atteint et de la jeunesse du lac, ce n'est pas encore un écosystème stabilisé (Kassoum, 1977).

Du point de vue limnologique, le climat local et le régime fluvial en amont se combinent et déterminent dans le lac de Kossou les cycles thermiques et chimiques annuels (Krzelj dans Coche, 1975).

Dans le sud du lac, le lieu des essais, le cycle limnogique est caractérisé par quatre saisons qui se présentent comme suit : (Coche, 1975).

Saison I (Février à juin): pluies espacées. Températures élevées de l'eau (de 26,3 à 33°C) avoisinant en moyenne, à 1 m de profondeur, 29 – 30°C. Bonne oxygénation en surface (0 – 3 m).

Saison II (juillet à septembre): les grandes pluies déclanchent la première circulation totale et une diminution des températures de l'eau vers des valeurs absolues minimales (de 25 à 29,5°C). La moyenne à 1 m varie entre 27 – 28°C. Assez bonne oxygénation de l'eau en surface, avec de grandes variations (circulation totale) de fois diminuent au niveau mortel des poissons.

Saison III (septembre à décembre): fin des grandes pluies et début de la séchéresse. Température élevées de l'eau (de 26 à 32°C) la moyenne à 1 m variant entre 29–30°C. oxygénation bonne à très bonne (supersaturation), surtout près de la surface.

Saison IV (décembre à févirer): saison très sèche et froide (nuit) caractérisée par l'harmattan. Celui-ci engendre la seconde circulation totale, diminution des températures de l'eau (26–30°C) vers 28°C en moyenne à 1 m. Chute de la teneur en oxygène dissous qui atteint de fois des valeurs critiques.

A 1 m de profondeur l'amplitude thermique annuelle est donc de 9°C (24–33°C), la température moyenne de l'eau variant entre 27°C et 30°C. Le pH varie de 7, 8 à 9, 0 pour la plupart du temps, mais il peut descendre parfois jusqu'à 6, 8 pendant les retournements des eaux. La conductivité varie de 50 à 100 /umhos/cm. L'alcalinité évolue entre 0,6 et 1,3 meq/L. (Kassoum, 1977).

L'oxygène dissous, (le facteur le plus important pour l'élevage des poissons) varie en surface de 5 à 9 mg/L pendant les périodes de stratification, mais elle peut descendre jusqu'à des valeurs inférieures à 1 mg/L pendant les périodes de circulation totale (Kassoum, Campbell, 1976). L'influence de ces périodes sur les essais d'alimentation et les précautions prises pour éviter les mortalités sont mentionnées ci-après.

2.2 - LE MATERIEL D'ELEVAGE

2.2.1. - Les Poissons.

Les alevins necessaires pour les essais sont produits dans 14 étangs situés au bord du lac. Les petits poissons de 5 à 10 g sont élevés à la taille necessaire (20 à 30 g) dans des cages d'un metre cube de volume équipées de grillage plastique, maille 8 mm de côté. Après environ 1 mois d'élevage dans ces cages, les individus de 20 à 30 g sont triés et l'ensemble des poissons inférieurs à cette taille sont remis dans la cage. Les triages des fingerlings sont faites tout les mois jusqu'à ce que l'ensemble des alevins atteigent la taille necessaire.

La proportion sexuelle des poissons mis en essai peut avoir une grande influence sur les résultats. T. nilotica présente un dimorphisme sexuel caractéristique, la croissance des mâles est beaucoup plus élevée que celle des femelles. En élevage monosexe en étangs, Micha (1973) a observé une croissance moyenne des mâles deux fois supérieure à celle des femelles. L'élevage monosexe des mâles en cages à démontré une meilleure croissance globale que les autres élevages mixes (Coche, 1975).

Il est observé à Kossou que cette difference de la croissance est visible au stade de fingerlings (20 à 30 gm). Afin d'avoir une proportion sexuelle constante pour les essais d'aliments, les individus mis en essai sont ceux des deux premiers triages de chaque cage d'alevins. La proportion moyenne des mâles dans la population mise en essai est donc de 84 % (voir tableau 6 appendix).

2.2.2. - Les Cages

Les cages flottantes utilisées pour les essais d'alimentation sont de 6 m3 et 20 m3 de capacité. A ces dimensions, il n'y a pas de perte d'aliment signifiante. Le treillis immergé est soit le grillage plastique, maille 25 mm de côté soit le fillet nylon, fil 210/18, maille 14 mm de côté. Les cages sont placées individuellement dans le lac, la profondeur est de 12 à 16 m. Un espace d'au moins 10 m entre chaque cage assure une bonne repartition de l'oxygène dissous disponible dans les cages.

2.2.3. - Les Ingredients de l'Aliment

Certains ingredients necessaires pour la composition des aliments en essai sont pris directement chez le fournisseur (tourteaux de coton, farine de riz). Pour les autres élements plus difficiles à se procurer, un mélange de proportions necessaires est fabriqué par une usine d'aliments aux betails (SODEPRA, Bingerville). Les ingredients sont stockés jusqu'à leur utilisation, au maximum deux mois.

2.3. - METHODOLOGIE

2.3.1. - Fabrication des aliments et nourrissage

Les ingrdients dont la mixture concentrée fournit par l'usine d'aliments, la farine de riz, et les tourteaux de coton sont pesés en des proportions necessaires par lot de 20 kg. L'aliment sec est mélangé à la main pendant quelques minutes, ensuite passé dans un broyeur électrique à manioc équipé de perforations de 2 mm. Ce dernier sert à reduire tout ingredient en poudre et faire un mélange beaucoup plus exacte. La mixture farineuse est malaxée avec de l'eau en proportion de 50 % du poids sec de la farine (10 L/20 kg). Le mélange humide obtenu est ensuite passé dans un moulin à viande électrique muni de trous de 3 mm de diamètre. Les granulés formés sont séchés à l'air pendant un minimum de 24 heures. Ils sont récoltés du séchoir le même jour de leur utilisation.

Les aliments sont distribué à la main deux fois par jour, 9 heures et 16 heures chaque jour sauf le dimanche. La ration journalière est de 6 % de la biomasse présente dans la cage pour les individus inférieurs à 70 gm et 4 % pour les individus au dessus de ce poids. La ration alimentaire est augmentée tous les mois après une pesée de contrôle.

2.3.2. - Conduite d'essai

Les fingerfings de T. nilotica obtenus des deux premiers triages dans les cages d'alevins sont pesés, comptés et mis dans la grande cage. Trois cages sont empoissonnées pour chaque aliment en essai.

Compte tenu que la densité de la population présente dans la cage influence la croissance des tilapias (Coche, 1975), les charges sont beaucoup moins que le maximum possible : 80 à 180 individus par mètre cube. La charge dépend de la taille de la cage et du matériel de contruction. Les cages faites avec le filet nylon de maille 14 mm de côté reçoivent des charges moins importantes compte tenu que la circulation d'eau est moins que celles faites avec le grillage plastique. Ces charges moins importantes évitent une concurrence pour l'oxygène dissous disponible.

Après environ un mois d'élevage, un échantillon de plus de 30 individus est pris, pesé et compté. Ces données sont extrapolées pour l'ensemble des poissons dans la cage, et les corrections necessaires sont faites dans la ration alimentaire. Dès que le poids moyen des individus atteint la taille marchande (200 à 300 g ), la totalité des poissons dans la cage est pesée et comptée.

Le quotient nutritif, l'indicateur de la valeur de l'aliment est calculé comme suit :

2.3.3. - Retournements de l'eau

Pendant les périodes de retournements, la mesure d'oxygène dissous est prise journellement, et dès que la teneur en oxygène est moins de 3 mg/L, l'aliment est arrêté. Il a été observé que le T. nilotica cesse de digérer au dessous de cette teneur ; l'aliment reste dans l'estomac et peut être une cause de mortalité. (Kassoum et Campbell, 1976). Les effets de ces périodes sur les résultats sont établis ci-après.

2.3.4. - Formules des aliments en essai

Tableau I : Formules alimentaires mises en essai

IngredientsF 1F 2F 3F 4
Farine de riz65 %64 %61 %65 %
Tourteaux d'arachide18 %18 %18 %X    
Tourteaux de cotonX    X    X    18 %
Remoulage de blé12 %12 %12 %12 %
Farine de poissons4 %4 %8 %4 %
Coquillages1 %1 %1 %1 %
Premix vitamineaX  1 %X    X    
 100 %100 %100 %100 %

a la composition de la premix de vitamine se trouve dans l'appendix (tableau 7)

La formule 1 represente un aliment à haute teneur d'hydrates de carbone et de lipides avec relativement moins de protéines. La formule 2 avec la premix vitamines est pour déterminer les besoins de ces éléments nutritifs. La formule 3, le pourcentage de farine de poissons est doublé cet ingredient est très riche en acides aminés indispensables. Dans la formule 4 le tourteau de coton remplace le tourteau d'arachide ; cette formule vise à diminuer le prix de l'aliment. Le calcul des proportions des éléments nutritifs et les prix sont présentés dans l'appendix (voir tableau 3).

3. - RESULTATS

Dans l'interpretation de la valeur nutritive des formules alimentaires mises en essai, on devrait prendre en considération les saisons et conditions limnologiques. La température de l'eau et l'oxygène dissous disponible influencent le taux de métabolisme donc les besoins en énergie (Phillips 1972).

Dans le Lac de Kossou, il y a un amplitude thermique de 9°C mais la température moyenne à 1 m n'a variée qu'entre 27 et 30°C pendant les essais. Cette difference dans la température moyenne mensuelle ne devrait pas avoir un effet prononcé sur les résultats.

L'oxygène dissous prend alors beaucoup d'importance. A Kossou il a été observé que pendant les saisons où la teneur en oxygène est basse, la densité de population dans la cage devrait être limiter car la croissance des individus est affectée ; principalement par le manque d'oxygène dans la cage. Pendant les périodes de retournements où la concentration d'oxygène dissous est de fois critiques, il y a une diminution de la croissance bien que les poissons soient nourris (Coche, 1975).

La pointe critique de consommation d'oxygène pour T. nilotica est à 3,1 mg/L. Entre 3,1 et 2,6 mg/L, la consommation d'oxygène est uniforme, mais au dessous de ce dernier, la concentration est mortelle (Magid et Bubiker, 1975). Une basse teneur en oxygène et l'accroissement du taux de respiration subséquent augmentent les besoins en énergie de poissons (Phillips, 1972).

Dans les essais effectués sur la formule 2 et pour une cage alimentée avec la formule 3, il y avait des retournements. Les autres essais ont eu lieu pendant les saisons ou il y avait assez d'oxygène (plus de 4 mg/L).

Pour les cages où il y avait ces retourenemnts, les résultats des calculs du quotient nutritif mensuel par rapport aux saisons est présenté en figure 1.

Dans ces cages le rendement de la nourriture a beaucoup diminué compte tenu des deux facteurs suivants :

Les résultats de tous les aliments mis en essai sont présentés en tableau 2.

Les résultats obtenus avec la formule 1 ont démontré qu'une haute teneur en énergie dans l'aliment fait économiser les besoins en protéines chez T. nilotica. L'aliment contient environ 3 600 K Cals/kg et près de 20 % en protéines (voir tableau 3 appendix).

La formule 2 avec la premix de vitamines indique que l'addition des vitamines n'est pas necessaire. Il semble que le T. nilotica trouve les vitamines necessaires dans l'aliment et les algues provenant du lac. La quantité des algues récoltées dans la cage peut être importante ; des individus de T. nilotica tenus en cages ont démontré une croissance sans autre nourriture (Yashouv et Cherinski, 1960). Il est probable que cette source naturelle et fraîche apporte ces élements nutritifs nécessaires au tilapia.

La formule 3 a donné des résultats interessants. L'augmentation du pourcentage de farine de poissons a légèrement amélioré la croissance des poissons et le rendement de la nourriture. La farine de poissons est un ingredient riche en acides aminés indispensables.

L'augmentation de la teneur en protéines de source animale peut donc diminuer le temps necessaire pour élever les tilapia à la taille marchande. Cela est important pour un rendement plus efficace de l'élevage, et il serait aussi possible d'éviter les périodes de retournements.

TABLEAU 2
RESULTATS DES ALIMENTS MIS EN ESSAI A KOSSOU

R I S E   E N   C H A R G EV I D A N G E       
Cageno. ind.poidsp. moyerno.ind.poidsp. moyenalimentproductionquotient nutritifjours de alimentationmortaliteaobservations
   Formule No. 1        
A1 42031 49021,81 410299 625212,5600 000268 1352,2410810  0,7% 
B1 11036 74033,1868267 000307,6558 000230 2602,42118242  21,8% 
C1 46633 00022,51 460344 925236,3717 000311 9252,30131 0,4% 
   Formule No. 2   moyenne: 2,32   
D1 51553 72535,51 468385 500262,6927 200331 7752,7917747  3,1%2 retournements, 50 jours sans alimentation, cages D, E, F.
E1 24735 97028,81 183334 250282,5757 900298 2802,5417264  5,1%
F1 68241 21024,51 500370 000246,7949 400328 7902,89173182  10, 8%
   Formule No. 3   moyenne: 2,74   
G1 06433 70031,71 020252 800247,8461 300219 1002,1112444  4,1% 1 retournement, 20 jours sans alimentation, cage 1.
H1 09139 63036,31 065302 000283,6510 200262 3701,9412226  2,4%
11 40034 61024,71 228425 230348,2982 600390 6202,52181172  12,3%
   Formule No. 4   moyenne: 2,19   
J1 47533 45022,71 450170 665117,7273 000137 2151,997825  1,7% 
K1 11834 52030,91 100202 070183,7371 200167 5502,228918  1,6% 
L1 72337 56021,81 685274 320162,8478 800236 7602,029838  2,2% 
        moyenne: 2,08   

a La “mortalité” represente la totalité des poissons manquent à la fin de l'élevage. Des individus échapés ou autre mode de disparition y sont comptés.

FIGURE 1
RELATION ENTRE L'OXYGENE, TEMPERATURE, ET QUOTIENT NUTRITIF MENSUEL

FIGURE 1

Cependant, il reste à savoir pour l'élevage en cage si l'augmentation de la teneur en protéines de source vagétale aura le même effet. Hastings (1973) a observé qu'une teneur en protéines voisine de 30 % a donné le meilleur rendement, et une alimentation composée entièrement de produits végétaux a donné de bons résultats dans l'élevage en étangs. En toute probabilité, l'augmentation de la teneur en protéines végétales aura les mêmes résultats en cages.

On devrait considérer les résultats obtenus avec la formule 4 en vue de la courte durée d'essai. En général, dès que la taille moyenne des individus est élevée, il y a une augmentation dans les valeurs du quotient nutritif. Cet effet est causé par la physiologie des poissons, la mortalité, les pertes provenant des manipulations necessaires et la proportion des mâles dans la population etc… Malheureusement, des facteurs hors de notre contrôle nous ont obligés a arrêter ces essais avant que les individus aient atteint la taille marchande.

Cependant, on peut conclure que la substitution de tourteaux de coton au lieu de tourteaux d'arachide est possible ce qui effectivement a beaucoup reduit le prix d'aliment (voir tableau 3 appendix).

4. - CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

4.1. - Formulation des aliments

En conclusion l'aliment destiné au tilapia élevé en cage peut contenir un très haut pourcentage d'hydrates de carbone comme source d'énergie.

Il est recommandé que la teneur en protéines soit augmentée. Pour plusieurs espèces de poissons, une teneur d'environ 40 % de protéines brutes donne la meilleure croissance. Cependant, compte tenu du prix des sources protéiques, le pourcentage en protéines est souvent moins que l'optimum pour la croissance (Hastings and Dickie, 1972).

En terme d'utilisation d'énergie, les formules mises en essai à Kossou ne sont pas efficaces ; le tilapia nourrit avec la formule 1 a besoin d'environ 8 400 K Cals/kg de poissons produits. L'augmentation à deux pourcent en protéines (formule 3) a réduit ce besoin à 8 000 K Cals/kg. Par contre, les autres espèces dont la truite nourris en granulés à 30 et 40 % de protéines ont besoin d'environ 4 000 K Cals/kg (Phillips, 1972).

Il semble que l'augmentation en teneur de protéines brutes jusqu'à 25 à 30 % aura un bon effet sur le rendement de la nourriture et la croissance des poissons.

Du point de vue économique, la plupart des protéines devraient venir de sources végétales dont le tourteau de coton. Pourtant, un certain pourcentage de protéines doit venir de source animale dont la farine de poissons riche en acides aminés indispensables et des acides gras essentiels. Cette protéine de source animale est d'ailleurs l'ingredient le plus cher.

Après les résultats obtenus avec les formules mises en essai à Kossou, 4 % de farine de poissons ont donné des résultats satisfaisants et 8 % a légèrement amélioré le rendement, si la teneur en protéines végétales est augmentée ; il est probable que 4 à 6 % de farine de poissons serait acceptable.

La composition actuelle de l'aliment peut varier avec la disponibilité des ingredients. Les moyens disponibles pour le traitement de ces ingredients (séchage, broyage, stockage etc..) afin de les transformer en granulés peut être aussi limités pour le choix des ingredients. Par exemple, les déchets de brasserie humides peuvent servir dans l'aliment comme source d'hydrates de carbone et de protéines (levure) ; mais le stockage de ce produit humide est au maximum quatre jours. Le séchage de ces ingredients en quantité importante necessite d'outillage qui n'est pas disponible à Kossou.

En fin de compte, l'aliment de tilapia en cage doit contenir 20 à 30 % de protéines dont une portion de source animale. Le reste de l'aliment est des ingredients composés pour la plupart des hydrates de carbone. Le choix de ces sources d'énergie dépend de la disponibilité, du prix et des moyens de traitement disponibles.

4.2. - Considérations économiques

L'utilisation des aliments complets est une necessité pour l'élevage en cages, avec de rares exceptions ou l'eau est très riche en éléments nutritifs (Hickling, 1962). Le coût de fabrication de ces aliments complets est insignifiant compte tenu des résultats obtenus. Le prix de transformation de ces aliments sous forme de granulés à Kossou est reporté au tableau 5 (voir appendix).

Le prix de l'alimentation est le facteur le plus important dans les frais généraux de l'élevage en cages. La formule 4, la moins chère mise en essai coûte actuellement environ 16 F CFA/kg.

Les frais de transformation en boulettes est de 15 F/kg donc les granulés complets coûtent 31 F CFA/kg. Avec les frais divers et avariés dont le transport on arrive à environ 40 F CFA/kg. Il faut au maximum 2,5 kilogrammes d'aliments pour produire un kilogramme de tilapia. Le prix de l'aliment est donc de 100 F CFA/kg de poissons. Par rapport à un prix de vente de plus de 200 F/kg, on voit que l'alimentation avec les granulés complets est économique.

4.3. - Expérienqes ultérieures

Il est observé à Kossou que T. nilotica ne peut pas digérer les ingredients dont le mais concassé et les briseurs de riz. Ces mcrceaux durs traversent le tract digestif et sont facilement identifiés dans les excréments. Il faut donc que tout ingredient soit réduit en poudre.

La haute teneur en lipides et en énergie présente dans l'aliment a fait que le poisson produit est très gras. Bien que eci soit apprécié par les consommateurs locaux, le stockage et le transport de ces poissons à l'état frais posent des problèmes.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Avault, J., Shell, E., Smitherman, R., 1967 Procedures for overwintering Tilapia. FAO Fish. Rep., (44) vol. 4, PP. 343–345.

Coche, A., 1975 Premiers résultats de l'élevage en cages de T. nilotica (L.) dans le lac de Kossou, Côte d'Ivoire. Rapport technique no 38, Projet PNUD/AVB/FAO IVC 526 (mimeo).

Coche, A., 1976 A general review of cage culture and its application in Africa. FAO Public. FIR : AQ/Conf/76/E.72.

Gridland, C. 1960 Laboratory experiments on the growth of tilapia spp. the value of various foods. Hydrobio. 15/1–2 : 135–160.

Fryer, G. Iles, T., 1972 The chichlid fishes of the great lakes of africa. Edinburgh, Oliver § Boyd, 641 P.

Guerrero, R. D. 1977 Cage culture of tilapia. FAO Aquacult. Bull., 2(8): 8

Halver, J. E. 1972 The vitamines. En: Fish nutrition, J.E. Halver (Ed.). London, Academic Press, pp. 29–104.

Halver, J. E., 1976 Formulating practical diets for fish. J. Fish. Bord Can., 33: 1032–1039.

Hastings, W.H. 1969 Fish food processing. FAO EIFAC Tech. Pap. (9): 23–42.

Hastings, W. H., Dickie, L. M. 1972 Feed formulation and evaluation. En: Fish nutrition, J. E. Halver (Ed.) London, Academic Press, p. 327–374.

Hastings, W. H. 1973 Expériences relatives à la préparation d'aliments des poissons et à leur alimentation. FAO Pub. FI : DP/ RAF/66/054/1:24 p.

Hickling, C.F. 1962 Fish culture. London, Faber and Faber, 295 P.

Kassoum, T. Campbell, D. 1976 La circulation des eaux du lac de Kossou, ses causes, ses manifestations et ses conséquences. Rapport d'information AVB/IUET (mimeo).

Kassoum, T. 1977 Premières données sur les facteurs du milieu et sur la production primaire du lac de Kossou. Thèse de Doctorat de spécialité présentée à la faculté des sciences de de l'Université nationale d'Abidjan.

Konikoff, M. 1975 Feasibility of cage culture and other aquaculture schemes at Kainji lake. FAO Publi. FI:NIR/66/524/18.

Lee, D., Sinnhuber, R. 1972 Lipid requierements. En: Fish nutrition, J.E. Halver, (Ed). London, Academic Press, P. 145–180.

Magid, A., Babiker, M. 1975 Oxygen consumption and respiratory behavior of three nile fishes. Hydrobio. 46/4: 359–367.

Nagayama, F. Saitoo Y. 1969 Distribution of several hydrolytic ensymes in fish. En EIFAC Tec. Pap (9): 103–106.

Phillips, A. 1972 Calorie and energy requierement. En: Fish nutrition, J. E. Halver (Ed.). London, Academic Press, pp. 1–18.

Micha, J.C. 1973 Etude des populations piscicoles de l'Ubangui et tentatives de sélection et d'adaptation de quelques espèces à l'étang de pisciculture. Nogent-sur-Marne, France, Centre Technique Forestier Tropical, 110 P.

Shell, E. W. 1967 Relationship between rate of feeding, rate of growth, and rate of conversion in feeding trials wit two species of Tilapia, Tilapia mossambica Peters and Tilapia nilotica Linneaus. FAO Fish. Fep., (44) vol. 3: 411–415.

Yashouv, A., Chervinski, J. 1960 Evaluation of various food items in the diet of T. nilitica. Bamidgeh, 12:71–78.

Yashouv, A., 1961 The food of Tilapia nilotica in fonds of the fish culture ressearch station at Dor. Bamidgeh, 13: 33–39.

TABLEAU 3
ESTIMATION DE COMPOSITION NUTRITIF DES ALIMENTS MISE EN ESSAI

 protéineslipidscellulosecendresENAhumiditéprix/kgKCals/kg
Formule 120%9%3%7%51%10%24,44 F3 650
Farine de riz 65%        
Torteaux d'arachide 18%        
Remoulage de blé 12%        
Farine de poisson 4%        
Coquillage 1%        
 
Formule 220%9%3%8%50%10%28,88 F3 610
Farine de riz 64%        
Torteaux d'arachide 18%        
Remoulage de blé 12%        
Farine de poisson 4%        
Coquillage 1%        
Premix vitamines 1%        
 
Formule 322%9%3%8%48%10%28,88 F3 610
Farine de riz 61%        
Torteaux d'arachide 18%        
Remoulage de blé 12%        
Farine de poisson 8%        
Coquillage 1%        
 
Formule 420%9%3%7%51%10%15,44 F3 650
Farine de riz 65%        
Torteaux de coton 18%        
Remoulage de blé 12%        
Farine de poisson 4%        
coquillage 1%        

TABLEAU 4
Composition nutritive des ingredients mis en essai

IngredientProtéinesLipidesCelluloseCendresENAHumiditéPrix courrenta
Farine de riz12%10%X   7%61%10%6 F/kg
Tourteaux de coton45%6%10%7%26%6%30 F/kg
Tourteaux d'arachide 45%7%12%5%24%7%80 F/kg
Remoulage de blé14%4%5%6%58%13%17 F/kg
Farine de poisson58%12%X   22%1%7%100 F/kg

a juillet 1978

TABLEAU 5
Estimation du coût de la fabrication des granulés à Kossou Production de 300 kg/jour 7 500 kg/mois

MatérielPrixDurée de viePrix par kg d'aliment
Broyeur/moulin à viande470 0005 ans1,04
Sechoirs400 0005 ans0,87
Electricité 22 F/kwh   30 000/moisX4,00
Main d'oeuvre à 30 000/mois   60 000/moisX8,00
Misc. eaus, huile, etc.   XX1,00
   14,91 = 15 F/kg

TABLEAU 6
Pourcentage des mâles produits par les deux premiers triages d'alevins.

Nombre individus échantillonNombre de mâlesPourcentage de mâles.
20015477%
15612882%
18215585%
21217482%
26023992%
18514478%
19416987%
17214584%
16514286%
12010386%
 Moyenne    83,9%
 Erreur standard      4,4%

TABLEAU 7
Composition du Premix vitamines

S A R B E X    1 %    T I L A P I A

Premix de Vitamines et Mineraux pour poissons

ANALYSE EN %

• Matières Minérales75       %
• Phosphore   3 –  4 %
• Calcium25 – 30%

VITAMINES PAR KILO

• Vitamine A2.000.000 U.I.
• Vitamine D3400.000 U.I.
• Thiamine B1500 mg
• Riboflavine B21.000 mg
• Pantothénate de Calcium B37.500 mg
• Pyridoxine B6500 mg
• Vitamine B121.5 mg
• Acétate de Tocophérol E2.500 mg
• Acide Nicotinique PP10.000 mg

SUPPLEMENT

  • Choline (Chlorure)  50.000 mg

DOSE D'INCORPORATION

  • 1 % = 10 kilos par tonne d'aliment poisson. 

BackCover

Début de page