Selon les données actuellement disponibles, les stocks ichtyologiques du Lac Alaotra ont évolué comme suit, au cours des 20 dernières années :
Tableau No 6
Evolution des Stocks - Répartition par Espèces
LAC ALAOTRA Espèces | 1962 – 63 % (*) | 1969 % | 1970 % | 1978 % |
Tilapia macrochir | 77.3 | 62.0 | 49.0 | 61.1 |
T. rendalli | 3.1 | 24.0 | 24.0 | 11.6 |
T. nilotica | - | - | 4.0 | 4.7 |
T. mossambioa | - | - | 2.0 | 12.9 |
Ensemble Tilapia | 80.4 | 86.0 | 79.0 | 90.3 |
Carpe miroir | 19.2 | 10.0 | 20.0 | 6.6 |
Autres : | ||||
Black-bass | Æ | 4.0 | 1.0 | 1.0 |
Cyprin doré | 0.1 | Æ | Æ | 1.3 |
Anguille | Æ | Æ | Æ | 0.8 |
Paratilapia | 0.3 | Æ | Æ | Æ |
Totaux | 100 | 100 | 100 | 100 |
(*) réf. : Etude du Lac Alaotra - C.T.F.T. 1964
Ce Tableau reflétant des situations à près de 20 années d'intervalle semble très significatif. Il exprime aussi le résultat de l'effort de pêche croissant auquel sont soumis les stocks, surtout au cours de 10 dernières années (référence Tableau no 4 - Evolution des effectifs de pêche).
le stock Tilapia évolue par espèce, mais représente actuellement à lui seul 90% de la population piscicole pêchée; T. macrochir et T. nilotica se maintiennent; T. rendalli semble mis en difficulté, probablement par T. mossambica accusant une poussée spécifique importante résultant d'une reproduction intensive à très petite taille (7–8 cm). A signaler à certaines époques la maigreur de T. nilotica dont la cause est inconnue.
la Carpe, malgré une double reproduction probable paraît sérieusement menacée, si la tendance régressive constatée en 1978 se confirme : quoi qu'il en soit, il semble que ce stock demande à être protégé d'urgence. Les résultats de l'hybridation fréquente de Carpe et Cyprin en tant que constituante de stock piscicole méritent une étude particulière.
le Black-bass paraît stationnaire et suffisant comme prédateur, en raison de l'intensité même de la pêche.
Cyprin doré et Anguille se maintiennent à un taux très faible, de même que Paratilapia. En raison de l'effort de pêche actuel, ces stocks n'ont aucune chance de progresser.
Si l'on s'en réfère maintenant au Tableau 1 (Intensité de l'emploi des engins de pêche), l'emploi intensif de Sennes à mailles de plus en plus fines capturant le poisson “tout venant” (contrairement à la sélectivité des filets maillants), de même que les pêches en groupes, à l'épervier, de plus en plus répandues, entraînent une exploitation absolument irrationnelle des stocks : en effet ces techniques éliminent un pourcentage ahurissant de poissons juvéniles de toutes espèces, ce qui limite les possibilités de recrutement des futures générations. Seul, le groupe des Tilapias semble résister et a pu jusqu'alors surmonter cette pression, grâce à un pouvoir de résilience exceptionnellement élevé; toutefois ces stocks ne sont pas invulnérables et nul ne peut prévoir jusqu'à quel point ils pourront se maintenir. Le moment peut arriver où le seuil limite de la surexploitation étant dépassé, les stocks géniteurs décimés ne parviendront plus à se renouveler normalement, entraînant alors un déclin spectaculaire de la production.
Enfin, à cette situation critique de l'effort de pêche vient encore s'ajouter le problème de l'Eichhornia crassipes (Jacinthe d'eau). A certains moments cette plante aquatique envahissante constitue de véritables bouchons bloquant les bras de rivières ou les chenaux de communication qui sont les voies normalement empruntées par certaines espèces de poissons pour rejoindre leurs zones-frayères. Il reste à établir jusqu'à quel point cet élément de l'environnement perturbe ou non le cycle biologique de certaines espèces piscicoles.