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A. PREMIERE PARTIE
CONSTRUCTION D'UN CENTRE PISCICOLE COTIER, TRIBUTAIRE DES MAREES

I. INTRODUCTION

L'aquaculture côtière permet la mise en valeur des basses terres salées, soumises à l'influence des marées, donc impropres à l'agriculture. Elle constitue souvent une étape transitoire dans le processus de récupération de ces terres du milieu marin, en vue de les restituer à long terme au secteur agricole. Ce genre de terrain abonde à Madagascar, notamment sur toute la côte Ouest.

Les élevages piscicoles côtiers poursuivent deux buts fondamentaux ; améliorer le ravitaillement des populations en poisson (protéines) et relever le niveau de vie des populations côtières par l'augmentation substantielle des revenus que peut leur procurer cette activité. Indirectement, l'aquaculture offre un moyen de lutte efficace contre la désertion du milieu rural en fixant les populations sur place (emplois et revenus). Tout en poursuivant ces objectifs socio-économiques, le développement de la pisciculture côtière à Madagascar devrait servir également de structure d'appui et de support indispensable à l'industrie des pêches thonières, en procurant à celle-ci les types d'appâts dont elle a besoin.

La conception comme l'édification d'exploitations piscicoles côtières tributaires des marées, représentent des opérations multidisciplinaires très complexes qui doivent tenir compte de nombreux facteurs, dont notamment ; le type d'exploitation et le système d'élevage qu'il convient d'appliquer ; les aspects physiques du terrain et la topographie des lieux; les propriétés et la richesse des sols ; la quantité et la qualité de l'eau disponible ; les conditions climatiques de la région (températures, pluies, insolation, vents, évapo-transpiration, hasards, etc.…) ; la disponibilité (et les coûts) des équipements et matériels nécessaires ; les moyens de transport et de communication ; les aspects socio-économiques (disponibilité en main d'oeuvre adéquate) ainsi que les conventions, lois et coutumes locales.

Par ailleurs, la conduite de telles exploitations demande un personnel qualifié et spécialisé de haut niveau, ayant acquis une expérience suffisante dans ce genre particulier d'élevage en eaux saumâtres ; il faut en effet pouvoir mener à bien l'aménagement des bassins, créer et maintenir un environnement favorable à la croissance et au bien être du poisson, assurer le contrôle efficace de l'eau (salinité) et des diverses opérations requises pour une gestion rationnelle de l'exploitation, et avoir notamment une parfaite maîtrise de la manipulation des stocks.

De l'analyse qui précède, il ressort clairement que la planification et la conduite du développement de l'aquaculture côtière doivent faire appel à de nombreux spécialistes ayant une large connaissance scientifique, technique et pratique des problèmes relatifs à l'hydrologie, l'hydraulique, au génie rural (mécanique), la pédologie, l'hydrobiologie, l'économie, etc.… Ceux-ci devront être consultés de manière à obtenir leurs avis sur les potentialités des sites aquicoles à développer et des techniques à mettre en oeuvre : type, intensité et niveau d'exploitation piscicole en fonction des disponibilités en eau, en alevins d'espèces à élever, des investissements à réaliser et de l'évaluation de leurs rapports économiques.

Dans ce processus de développement à long terme, l'administration responsable de ce secteur aura pour tâches principales, le dégagement des budgets nécessaires aux investissements d'infrastructure aquicole, soit publics ou privés (collectivités - prêts bancaires - aides extérieures, etc…) ainsi que la formation préalable de personnels suffisamment qualifiés, de niveau d'Ingénieur halieutique, pour assurer l'encadrement valable de ces opérations de grande envergure.

2. CRITERES POUR LA SELECTION D'UN SITE AQUICOLE

Le choix du site tiendra compte des considérations suivantes ; caractéristiques des marées, altitude, type de sol, type et densité de la végétation, stabilité des berges litterales, vulnérabilité aux crues, obstacles matériels (rochers, relief, etc.…) et facteurs socio-économiques. Parmi d'autres facteurs importants, figurent le système d'aménagement des étangs à utiliser, le climat et l'environnement ; on veillera particulièrement à l'absence de pollution présente ou future du site choisi, en tenant compte notamment des courants marins côtiers. On tirera parti maximum de la topographie des lieux (économie des terrassements) en veillant à préserver la fertilité des sols et à assurer un environnement immédiat approprié à l'exploitation piscicole envisagée.

2.1 - Conditions et exigences pour la construction d'un site piscicole tributaire des marées

2.1.1 - Elévation du sol / Altitude

Les élévations de sol d'un site aquicole se rapprochent des niveaux des marées de Pleine Mer Moyenne ou de Vive-Eau Moyenne à marées de morteseaux. L'écart de ces niveaux de marée dépend des variations de l'amplitude des marées. En général, où l'amplitude des marées est faible, par exemple 1,20 m, les élévations de sol du site aquicole seront situées dans l'amplitude entre le niveau moyen des marées et le niveau des vives-eaux moyennes à marée de mortes-eaux ; et où l'amplitude des marées est grande, par exemple 2,50 m, les élévations de sol tomberont entre les niveaux des vives-eaux moyennes à grandes marées et à marées de mortes-eaux. Les terrains soumis au régime des marées ayant une altitude hors des limites entre le niveau moyen des marées et le niveau des vives-eaux moyennes aux grandes marées, sont généralement impraticables pour servir à ce type de développement piscicole, en raison de leurs difficultés conjuguées, techniques et économiques.

A Madagascar, les marées sont du type semi-diurnes irrégulières (forte inégalité dans les amplitudes et la durée des 2 marées) ; les grandes vives-eaux ont lieu au voisinage des équinoxes.

Dans la baie de Diégo-Suarez, l'amplitude des marées de mortes eaux (Premier et Dernier Quartier de Lune) est de 1 m. environ, tandis que sur la côte Ouest elle est de 3 m.

Elévation du terrain d'un site aquicole, en relation avec l'amplitude des marées.

0.0 – 0.2msous le niveau des basses-mers moyennes (ou des vives-eaux moyennes, à marées de mortes-eaux) =1.0 – 1.20 m
Se rapproche du niveau des basses-mers moyennes (ou des vives-eaux moyennes, à marées de mortes-eaux) =1.2 – 2.0 m
0.0 – 0.6mau-dessus du niveau des basses-mers moyennes (ou des vives-eaux moyennes, à marées de mortes-eaux) =2.0 – 3.0 m

2.1.2 - Types de sols

Les caractéristiques structurales et la texture des sols déterminent leur capacité de supporter les fondations et d'assurer la stabilité des digues, tout en affectant les coûts des travaux de terrassements et de construction. La texture des sols alluvionnaires distribués le long des zones deltaïques est généralement lourde, allant des terres grasses sableuses à de l'argile lourde. Les sols de ce type ont de bonnes propriétés de rétention d'eau, mais ils sont très mous et difficiles pour servir dans la construction des digues. De plus, ces alluvions ont généralement un très pauvre développement structurel, s'étandant approximativement sur 2m. de profondeur. Ils sont caractérisés par une faible densité de masse, une haute teneur en eau et une grande plasticité. A saturation d'humidité, les sols de ce type s'avèrent pauvres et de faible capacité pour supporter les fondations des digues. Il est recommandé d'utiliser le sable et le limon qui se trouvent généralement dans les couches du sol avoisinant le littoral, et les bancs des grosses rivières, pour remplir les fondations et asseoir les digues.

2.1.3 - Type et densité de la végétation

Le déboisement en zone forestière tropicale pluvieuse est coûteux et demande du temps. Le type et la densité de végétation, la grosseur, la densité du bois et le système d'enracinement particulier des arbres affectent beaucoup les méthodes de déboisement, le processus du développement aquicole et les coûts. La distribution de la végétation caractéristique en terrains soumis aux marées sous les tropiques, dépend principalement de l'élévation du sol, de la nature du sol, de la salinité des eaux et des courants. Les caractéristiques générales et la distribution des principaux types de végétation en cause dans les travaux de déboisement figurent au tableau ci-après :

TypeCaractéristiquesD i s t r i b u t i o n
Densité du boisEnracinementDimensions normales ÆcmElévation-zone de dispersionSalinité
(ppt)
Type de
sol
Rhizophoramodéréelatéral30 – 100entre les niveaux du niveau moyen des marées et la moyenne maximale des marées hautes10 –35vase et argile
Avicennialourde"10 – 70au-dessus du niveau de la moyenne maximale des marées basses.5 – 30vase et argile
Nipalégère"10 – 30au-dessus du niveau de la moyenne maximale des marées hautes.0 – 20terres grasses et vase

2.1.4 - Autres exigences

• La stabilité du littoral et des digues : les digues périmétriques près du littoral ou des berges des rivières qui sont sujet à érosion exigent une forte implantation et une solide protection des pentes (inclinaison). Les sédiments le long des côtes ou des berges peuvent affecter le futur canal d'amenée des eaux et de drainage du Centre Piscicole.

• La vulnérabilité aux inondations : les sites pour les Centres Piscicoles envisagés, qui sont situés dans une région où il y a de fréquentes destructions par inondation, entraînent des coûts substantiels pour la construction d'une puissante structure de contrôle des eaux et conséquemment exigent un coût plus élevé à l'entretien.

• Rivières et tributaires : dans les zones où de trop nombreuses petites rivières et tributaires existent, plus de digues et autres facilités de contrôle des eaux sont nécessaires, entraînant des coûts plus élevés de réalisation.

• Monticules, rochers et autres obstacles : tout obstacle aux travaux de construction dans la zone aura pour conséquence une augmentation des coûts et un allongement du temps de réalisation.

• Facteurs socio-économiques = une attention particulière doit être accordée à la disponibilité des matériaux de construction, à l'accessibilité à la zone, aux facilités de transport notamment pour les équipements lourds, à la disponibilité de main-d'oeuvre qualifiée et ordinaire, etc..... De même, les lois et règlements ayant rapport aux droits légaux de l'utilisation des terres soumises aux marées doivent être revus, et des consultations tenues avec les autorités concernées.

2.2 - Conditions et exigences pour la gestion d'un Centre aquicole

2.2.1 - Environnement des bassins :

La température de l'eau requise pour la gestion d'un Centre aquicole en eaux saumâtres se situe entre 25–33°C. Les exigences relatives au niveau de l'eau et à la salinité dépendent de la croissance des différents groupes d'algues et sont données ci-après :

Eventail des niveaux d'eaux des bassins et des salinités requises pour la production des principaux types de nourriture consommée par le poisson :

Types de nourritureNiveau d'eau requisSalinité requise
• Algues microbenthiques20–50 cm25–45
• Algues vertes filamenteuses30–60   "    5–25
• Algues planctoniques70–120 "    0–25

Les propriétés du sol, particulièrement leur fertilité, structure et texture, affectent directement la croissance des différents groupes d'algues. En général, les sols à texture grasse et riches en matières organiques sont favorables à la production d'algues filamenteuses bleu-vert qui sont l'une des nourritures les plus consommées par le poisson dans une pisciculture tributaire des marées.

2.2.2 - Maîtrise de l'eau des bassins

En général, les sites ayant une bonne élévation de sol située dans les limites décrites ci-avant, présentent l'avantage d'un meilleur drainage, tandis que ceux ayant un sol plus bas ont l'avantage d'une alimentation plus facile en eau. Dans la sélection d'un site aquicole, la commodité de la conduite des eaux dépendra des exigences de drainage du Centre. En d'autres termes, les sites situés dans une zone soumise à des pluies excessives, avec un sous-sol saturé d'eau, demandent une élévation de sol plus importante, tandis que des sols moins élevés seront mieux indiqués pour des sites n'ayant pas de problèmes de drainage.

2.2.3 - Autres exigences :

• Climat : la durée et l'intensité de l'insolation, les pluies et leur distribution ainsi que l'évaporation directe ou indirecte influencent la croissance des organismes ou éléments nutritifs des poissons, et conséquemment, la production poisson. Les cyclones et inondations détruisent la production de nourriture du poisson ainsi que les installations des sites aquicoles. Dans le choix de sites, ces facteurs doivent être pris en considération. Un climat favorable à la conduite d'un Centre aquicole tributaire des marées devrait avoir une saison sèche de 1 à 3 mois au moins, pour permettre la préparation du sol en vue d'une production optimum d'algues. Sous ce rapport, la région de Diégo-Suarez et toute la Côte Ouest de Madagascar répond amplement à ces exigences.

• Disponibilité et coût des intrants : la disponibilité et le coût des intrants tels que les larves de poisson, les fertilisants, la nourriture, les pesticides, la main-d'oeuvre qualifiée et le personnel de maîtrise du Centre doivent également être pris en considération dans le choix d'un site.

• facilités - infrastructures : une attention particulière doit être accordée à ces questions, notamment aux facilités d'accès et de transport, ainsi qu'aux systèmes possibles de commercialisation et de distribution des produits.

3. PLAN GENERAL (conception)

Un Centre aquicole est un complexe de différentes réalisations consistant en :

Diagramme montrant une méthode facile et économique d'un projet de bassins à Chanos chanos avec les divers étangs situés le long des trois côtés du bassin commun. C = approvisionnement commun de l'eau où toutes les matières indésirables sont arrêtées. M = multiples vannes d'admission d'eau au bassin commun. H = logis du gardien. N = bassin nurserie. I = bassin intermédiaire. F = bassins principaux de production.

Diagramme montrant une méthode facile et économique d'un projet de bassins à Chanos chanos avec les divers étangs situés sur les deux côtés d'un bassin commun. C = approvisionnement commun de l'eau servant de bassin d'arrêt à toute matière indésirable. M = multiples vannes au bassin commun (une ou plusieurs vannes, selon les besoins en eau du site). H = logis du gardien. N = bassins nurseries. I = bassins intermédiaires. F = bassins principaux, de production.

Fig. 1

Fig. 1

Types d'amenagement de sites aquicoles

A.Bassin de répartition des eauxC.Bassin d'acclimatation du frai
B.Bassin de productionD.Fossés
 ___________ Digues ___________ Fossés

Fig. 2

FIG.2

A.Bassin de répartition des eauxC.Bassin d'acclimatation du frai
B.Bassin de productionD.Bassin d'alevinage
 ___________ Digues ___________ Fossés

Un tracé adéquat consiste dans l'arrangement de ces structures et facilités adapté au site proposé, basé sur les particularités physiques de l'endroit aussi bien que sur les exigences de gestion du Centre. Dans le tracé des étangs et autres structures, on cherchera à tirer le meilleur parti de la topographie des lieux. Ce principe de base dans la conception d'un site ne vise pas seulement l'économie dans les coûts des travaux de terrassements et de construction, mais aussi à préserver la fertilité du sol et à présenter un meilleur environnement pour les opérations immédiates du Centre.

3.1 - Principaux types d'opération en aquaculture tributaire des marées.

Sur la base des produits envisagés par l'aquaculture, les Centres piscicoles tributaires des marées peuvent mener 3 types d'opérations :
Type d'opérationProduits - Piscicoles
Produit de baseProduit intermédiaireProduit final
1Frai-alevin - appâts    
2Alevin-poisson de table
3Fraialevin - appâtspoisson de table

Il est clair que le type 1 représente une opération de production d'alevins, le type 2 un système de production de poissons de table et le type 3 une combinaison des deux premiers systèmes répondant aux objectifs poursuivis à Madagascar. La conception et le tracé d'un Centre aquicole tributaire des marées seront basés sur le type d'opérations envisagées.

3.2 - Exigence de surface pour une aquaculture productrice d'alevins

La première étape dans le tracé d'un Centre aquicole tributaire des marées pour mener des élevages de type 1 et 3 est de connaître la surface nécessaire des bassins d'alevinage.

Un Centre d'alevinage consiste en bassins d'acclimatation du frai (larves de poisson), en bassins d'alevinage et en bassins de stockage des alevins.

Un bassin d'acclimatation du frai est un petit étang en terre construit dans un coin du bassin d'alevinage. Le Frai de Chanos chanos est généralement acclimaté dans ces bassins soumis à une salinité déterminée pendant 24–48 heures, avant qu'ils ne soient dirigés vers les bassins d'alevinage. La surface nécessaire en bassins d'acclimatation du frai est d'environ 0,01% de la surface des bassins d'alevinage.

La surface requise en bassins d'alevinage peut être déterminée par le nombre et la taille des alevins désirés, la capacité de production des étangs, la durée de la saison de l'approvisionnement du frai, la demande d'alevins ainsi que d'appâts de types divers pour les pêches thonières à Madagascar.

La capacité d'un bassin de stockage d'alevins dépend principalement des conditions d'environnement du bassin, particulièrement du taux d'oxygène de l'eau. Dans des conditions normales, un mètre cube d'eau du bassin de stockage peut contenir 1,7 Kg d'alevins. Dans la pratique courante, les alevins de Chanos chanos sont maintenus dans le bassin de stockage du Centre aquicole où ils restent entreposés jusqu'à leur destination selon les besoins, soit pour la mise en charge de bassins de grossissement pour la production de poisson de table, soit pour la cession à d'autres Centres aquicoles opérant des élevages du type 2 évoqué ci-avant.

Exemple:

Une pisciculture de Chanos chanos de 50-Ha produit annuellement 125 Tonnes de poisson de table. En supposant que la taille moyenne de ce poisson soit de 0,25 kg (4 poissons au kilo) avec un taux de survie de 95 % en partant de la taille d'alevin, et que la capacité de production en bassin d'alevinage soit de 450 Kg/Ha, avec un poids moyen individuel de 2,5 gr (400 alevins au kilo), la surface nécessaire en bassins d'alevinage sera de :

(125.000 × 4) : (450 × 400 × 95%) = 2,93 Ha.

Si la période entre l'approvisionnement en frai et la demande d'alevins est assez longue pour obtenir 2 récoltes, la surface nécessaire en bassins d'alevinage pour cette aquaculture de 50-Ha, serait alors de 1,46 Ha. De plus, en admettant que 3 récoltes de poisson de table peuvent être réalisées annuellement, le volume du bassin de stockage sera de :

(125.000 × 4) : (400 × 95%) : 1,7 × 2 : 3 = 515 m3

Si ce bassin est de forme trapézoïdale avec une section transversale de 9 m2 (largeur du fond, 3m, hauteur 1,50 m et des pentes de côté de ½) la longueur de ce bassin de stockage sera de 57m.

3.3 - Exigences en surface proportionnée des bassins pour les différentes phases du processus de production

Le tracé d'une suite de bassins d'élevage sera basé sur les systèmes que l'on prévoit adopter dans la conduite de l'élevage du poisson. En général il y a deux principaux systèmes d'élevage du poisson :

  1. un processus de production en une phase caractérisée par le stockage d'une combinaison de groupes de poissons de différentes tailles, dans un bassin, pendant la période totale de la saison d'élevage.

  2. un processus de production en deux phases ou davantage caractérisées par le stockage d'un groupe de poisson de même taille dans une suite de bassins de taille différente pendant une période d'élevage déterminée.

Pour maximiser l'efficience de la production, la surface requise par ces bassins dans la suite des opérations de production conduites dans ce dernier système d'élevage doit être aménagée proportionnellement à l'exigence minimale des groupes de poissons de différente taille durant une période d'élevage déterminée. Le nombre de phases dans la suite des opérations de production indique l'intensité du contrôle de la conduite de l'élevage appliquée dans ce système.

Les surfaces proportionnées d'étangs qui sont requises par les différentes phases des opérations de production dans 4 niveaux d'intensité de conduite de populations de poissons figurent ci-après :

Niveau d'intensité de conduite des populations de poissonsNombre de phases dans la suite des opérations de productionPériode approximative de temps dans chaque phase de production (en jours)Types de bassins d'élevage nécessairesProportion de surface de bassins nécessaire
1une phase140Bassins d'Elevage (B.E.) -  
2deux phases  70B.E pour production phase 1 (B.E.1) et phase 2 (B.E.2)B.E.1 - B.E.2
 =  
1 4,5
3trois phases  47B.E pour production phase 1 (B.E.1), phase 2 (B.E.2) et phase 3 (B.E.3)B.E.1 -B.E.2
  B.E.3
  = 
 139 
4quatre phases  35B.E pour production :     
phase 1(B.E.1),B.E.1 - B.E.2
phase 2(B.E.2),B.E.3 - B.E.4
phase 3(B.E.3)     
phase 4(B.E.4)13927

3.4 - Réglage du niveau d'eau et du degré de salinité dans les bassins individuels

Le niveau de l'eau et le degré de salinité d'un bassin sont notamment déterminés par l'amplitude des marées, l'élévation du sol, les apports d'eaux douces (eaux défluant de rivières, pluies) et l'intensité de l'évaporation du site. Cependant, dans les bassins composant un site aquicole (ou dans la zone d'un site aquicole protégée par la même digue périphérique), les niveaux d'eaux et la salinité peuvent être réglés jusqu'à un certain point, si les caractéristiques topographiques de la zone sont exploitées au mieux lors de la conception et du tracé du site. Par exemple, les étangs qui demandent des eaux plus profondes peuvent être localisés dans les dépressions naturelles et ceux qui requièrent une plus haute salinité peuvent être situés dans la zone proche des vannes de la prise d'eau principale.

Diagrammes montrant le plan d'un site aquicole de 10 Ha (a) et d'un site de 30 Ha (b).

3.5 - Dimension optimum, configuration et alignement adéquat des étangs.

En règle générale, plus grand est le bassin, plus efficients sont l'utilisation du terrain et de l'eau, et plus bas seront les coûts de construction. D'autre part, plus petits sont les bassins, moins les coûts d'entretien seront élevés et plus commode sera le contrôle du site aquicole. Ceci est particulièrement vrai quand le poisson est récolté au moyen de filets maillants.

En général, pour des opérations de petite et moyenne envergure, par exemple des unités de 10–50 Ha, une dimension de 4–5 Ha par bassin d'élevage est la mieux indiquée ; par ailleurs, pour des entreprises aquicoles de grande envergure, (50–200 Ha) la taille désirable des étangs d'élevage sera de l'ordre de 5–6 Ha.

Les bassins de forme rectangulaire conviennent pour la récolte périodique du poisson au moyen de filets maillants. Ces étangs rectangulaires doivent être alignés l'un à la suite de l'autre sur le côté de leur largeur, tandis que leur longueur sera disposée de manière à faire face aux vents dominants, de façon à minimiser les dégâts provoqués aux digues par l'action des vagues.(batillage).

3.6 - Considérations écologiques

Les sites pour les Centres aquicoles côtiers en région tropicale sont généralement couverts par une forêt dense de palétuviers (mangrove) qui en plus de sa valeur économique propre, contribue largement au maintien de l'environnement. Dans la conception et le tracé d'un site aquicole côtier, des mesures de conservation protégeant la plus grande partie de ces forêts retiendront la meilleure attention. Ceci est d'autant plus vrai à Madagascar, que les mangroves constituent entre autres, les lieux de prédilection de croissance des crevettes juvéniles (larves et post-larves), stocks de très grande valeur économique, exploités industriellement et dont il convient de garantir la pérennité.


Plan type d'une prise d'eau principale

4. PLAN TYPE

Les structures de contrôle des eaux d'un site aquicole côtier consistent en : - vannes et canaux pour l'adduction d'eau et le drainage ; les levés des digues périphériques protégeant le site des vagues des marées, des eaux d'inondation, mais retenant l'eau dans les étangs; les digues secondaires séparant les étangs individuels. En planifiant ces structures, il convient de s'inspirer des principes directeurs, de l'expérience et des données de base relatives aux particularités physiques du site.

4.1 - Principes directeurs

4.1.1 - Calculs des besoins en eau

Etant donné que les structures assurant le contrôle de l'eau comprennent les coûts majeurs dans la construction de sites aquicoles, et que l'eau représente l'un des intrants les plus importants en pisciculture, l'évaluation des besoins en eau d'un site aquicole déterminé, pendant une période de temps donnée, est essentielle pour la planification et le tracé de ces structures de maîtrise des eaux.

Un exemple indicatif est donné dans le tableau ci-après, basé sur le contexte propre à un site aquicole taïwanais :

Estimation des besoins en eau pour un site aquicole tributaire des marées

MoisNiveau d'eau requis en bassinPertes en eauEau complémentaireBesoin net en eau
* (1)Niveau
moyen
VolumeSuintementEvaporationVolumePluiesVolumeNiveau d'eau en bassinsVolume
(cm)(m3/Ha)(cm)(cm)(m3/Ha)(cm)(m3/Ha)+ ou -(cm)(m3/Ha)
Avril252.500  6,016,02.200  6,0   600+25,0+ 4.100
Mai303.00010,024,83.48015,01.500+5,0+ 2.480
Juin4540010,516,02.65038,03.800+15,0+ 350
Juillet505.00011,6  7,01.86042,04.200+ 5,0-(1.840)*2
Août505.00011,6  6,01.76056,05.600 0 --(3.840)
Septemb.454.50010,5  8,01.85021,02.100-(5,0)*3-(750)
Octobre404.00010,518,02.85015,01.500-(5,0)-(850)
Novembre303.000  9,010,01.900  4,0   400-(10,0)-(500)

* (1) La saison d'élevage du poisson commence dans ce cas spécifique la seconde semaine du mois d'Avril et finit la dernière semaine de Novembre.
* (2) Excédents en eau nécessistant un drainage.
* (3) Le niveau d'eau diminue.

4.1.2. - Etablissement de facilités adéquates de drainage

Les facilités de drainage d'un site aquicole, non seulement assurent la maîtrise de l'eau requise en gestion piscicole, mais doivent aussi tenir compte de la nécessité d'améliorer le sol des bassins.

La mise à sec périodique des étangs est une pratique d'usage courant en gestion piscicole, visant particulièrement à provoquer une bonne oxygénation du sol des bassins, à accélérer la minéralisation des matières organiques (accompagnée d'une diminution d'acidité), à améliorer l'état sanitaire des sols (parasites, etc.…) et dans certains cas à créer un environnement meilleur, nécessaire à la croissance des groupessélectifs d'organismes composant la nourriture du poisson.

Les facilités adéquates de mise à sec (drainage) d'une aquiculture sont essentielles pour l'amélioration des structures du sol. Ceci est particulièrement vrai pour les terrains soumis aux marées nouvellement reconvertis en aquiculture; les alluvions sur la côte consistent principalement en argile lourde (glaise) ayant généralement un degré d'acidité élevé ; ceci est dû notamment à l'accumulation de sels sulphydriques de fer existant dans le sous-sol, à des profondeurs de 0,50 à 1,50 m. Ces sels solubles doivent disparaître avant que le bassin ne devienne productif en organismes nutritifs pour le poisson, aussi bien que pour les poissons euxmêmes ; le meilleur moyen de les faire disparaître est le lessivage du sol, et ceci est impossible sans un système de drainage satisfaisant. De plus, les racines des palétuviers qui constituent 30–50% en volume du sol superficiel des terrains soumis aux marées disparaitront et se désintègreront si elles sont maintenues dans l'humidité. Ces racines en se décomposant se transforment progressivement en sol humique productif, si un système de drainage adéquat est disponible.

4.1.3 - Création d'un environnement convenable

Le but principal en concevant et en édifiant un système adéquat du contrôle de l'eau pour un site aquicole, est de créer un environnement aquatique convenable pour satisfaire aux exigences maxima de croissance des organismes nutritionnels du poisson et simultanément pour couvrir les exigences minima pour l'élevage du poisson.

Excluant le système de pisciculture basé sur des apports de nourriture artificielle, la croissance des organismes nourrissant le poisson est essentielle pour le plein succès des opérations de la plupart des systèmes d'élevages aquicoles. Cependant, dans de nombreux cas, les exigences de l'environnement pour la croissance de la nourriture du poisson en eau saumâtre, sont en conflit avec celles pour le poisson; par exemple l'amplitude optimale de salinité pour la croissance des algues microbenthiques en bassins se situe entre 24–45 , alors que leur degré de tolérence va de 10 à 55 , tandis que pour le Chanos chanos les amplitudes correspondantes sont respectivement de 5–25 et 0–60 .

Dans le tracé des structures du contrôle de l'eau pour ce type d'élevage aquicole, l'accentuation doit être donnée vers une prise d'eau maximum de haute salinité. Ce principe de conception en aquiculture diffère de la conception des parcs marins et aquariums qui visent à créer un environnement convenant seulement au poisson.

4.1.4 - Autres principes directeurs :

4.2 - Particularités physiques du site

Les données de base sur les particularités physiques du site aquicole requises pour la conception et la planification des structures propres aux installations du contrôle de l'eau comprenment l'amplitude des marées, les eaux de décharge des rivières (défluants, etc…) les inondations, l'altitude et la topographie du sol, les propriétés du sol et l'évapo-transpiration, les pluies et leur distribution, les tornades et cyclones dans la région. Ces données sont généralement disponibles auprès des Services gouvernementaux concernés, tels que Météorologie, Hydrographie, Sols, Forêts, Marine, Recherche, etc......

Les sites aquicoles tributaires des marées sont souvent situés dans les estuaires deltaïques des rivières importantes. Les principaux affluents de la rivière ou du fleuve coulent à travers le delta, formant généralement un réseau de nombreuses rivières, cours d'eaux et chenaux (par exemple la Betsiboka, de Marovoay à Majunga). Les fluctuations des marées dans cette zone sont très compliquées et varient généralement avec la pente du lit de la rivière, le volume et la vitesse du courant de la rivière, ainsi que de la distance du littoral. En général les caractéristiques des fluctuations des marées dans le réseau des rivières des régions deltaïques, comparées à celles des eaux côtières adjacentes sont les suivantes :

Les fluctuations des marées d'un site aquicole par rapport à celles prévues dans l'Annuaire des Marées peuvent être mesurées jusqu'à un certain degré d'exactitude en mettant sur place un observateur de marée chargé de contrôler les marées à la rivière proche du site aquicole. En se basant sur les données recueillies par l'observateur, une courbe des marées peut être tracée mettant en parallèle la courbe des marées de la Station de référence des marées. Un calcul du coefficient de marée qui est l'évaluation des différences du niveau des marées à la Station de référence des marées par rapport à celles du site aquicole peut être établi, comme l'indique l'exemple ci-après se référant à Singapour;

Calculs de l'amplitude des marées à une Station de référence des marées et celle d'un site aquicole choisi :

Amplitude des maréesDifférence de Hauteur
(m)
Différence de Durée
(H.mn)
Calcul du coefficient
de marée
Station de référenceSite aquicoleStation de référ.Site aquicole
G M E F *- 0,3      --         -     -
G M E0,61,0-         -1,66
B M M1,11,5-         -1,36
N M M1,62,0-         -1,25
P M M2,12,7-         -1,29
G V E2,83,5-         -1,25
V E E3,2   --     -
V E M-   --00 : 50    -
M E M-   --01 : 10    -

*GMEF = marée astronomique de Grande Morte-Eau la plus faible
GME = marée de Grande Morte-Eau (basse descendante)
BMM = marée de Basse Mer Moyenne (basse montante)
NMM = Niveau Moyen des Marées (Pleine Mer Moyenne - Basse Mer Moyenne)
PMM = marée de Pleine Mer Moyenne (haute descendante)
GVE = marée de Grande Vive-Eau (haute montante)
VEE = marée astronomique Extraordinaire de Vive-Eau (équinoxe)
VEM = marée de Vive-Eau Moyenne (étale haute)
MEM = marée de Morte-Eau Moyenne (étale basse).

Basé sur les données des marées recueillies par l'observateur de marées au site aquicole choisi, un plan des points de repères peut être établi et de ce fait, les élévations de sol du site aquicole envisagé peuvent être déterminées. La hauteur des différentes digues ainsi que la profondeur des canaux d'alimentation et de drainage des eaux seront également déterminées sur la base des repères établis.

4.3 - Système d'alimentation en eau et de drainage

Le système d'adduction d'eau et de drainage consiste en un certain nombre de vannes (prises d'eau) et de canaux de dimensions et de niveaux différents. Ceux-ci doivent être conçus de manière à utiliser au maximum l'énergie de la marée et la gravitation, ainsi que pour un contrôle adéquat de l'entrée et de la sortie des eaux pendant une période de temps donnée, requis par le système de gestion du site aquicole. Dans la plupart des cas, les structures d'adduction d'eau peuvent être utilisées simultanément pour la vidange des bassins. Cependant, dans les sites à haute densité de contrôle, il est nécessaire de séparer ces structures les unes des autres, de façon à éviter toute possibilité de contamination des eaux d'approvisionnement par les eaux de vidange des bassins ; toutefois en cas d'urgence, les deux systèmes peuvent être employés simultanément.

4.3.1 - Tracé des principales structures d'adduction d'eau

Un site aquicole côtier a généralement 3 sortes d'adduction d'eau (vannes) ; l'entrée principale ou prise d'eau principale ; prises d'eau secondaires d'où partent les canaux de distribution des eaux et les vannes tertiaires. La (ou les) vanne principale est implantée dans la digue périphérique pour la prise en quantité adéquate des eaux de marées, et simultanément pour la vidange des eaux du site selon les exigences du contrôle du niveau des eaux dans les bassins, suivant la pratique de gestion des eaux d'un site aquicole. Les vannes secondaires et tertiaires sont installées respectivement dans les digues du canal d'alimentation et dans les digues de séparation des bassins. La vanne (ou prise d'eau) principale est très importante dans un site aquicole tributaire des marées parce qu'elle contrôle et conditionne l'entrée et la sortie des eaux, facteurs clés pour le plein succès des opérations d'élevage du poisson.

Structure

La structure de la vanne principale (prise d'eau) comprend ; les ailes des murs extérieurs recevant le flot des marées, les murs de côtés, la protection du fond, le seuil et les contreforts. La structure du système de prise des eaux de marées (alimentation) est identique à celle de décharge des eaux des bassins (vidange), excepté pour les murs de côtés qui sont construits en suivant les pentes de la digue. Les rainures du dispositif de blocage (vannes) sont généralement placées du côté de l'entrée du flot de marée.

Les dimensions de ces structures dépendent aussi bien de la capacité de prise du flot de marée que de celle de vidange des bassins, selon les exigences de gestion des eaux du site. Quand la largeur de la prise d'eau principale est supérieure à 1,50 m, elle peut être divisée en plusieurs ouvertures (deux ou davantage). Des dispositifs de levage (vannes) sont habituellement employés dans les opérations de contrôle d'entrée et de sortie des eaux, A cause de la faible charge porteuse des fondations, les structures seront en construction légère ; il a été expérimenté que ces structures ne déploient pas une pression de contact de plus de 150 gr/cm2.

Exemple : On présume qu'un site aquicole de 40 Ha avec un niveau d'eau désigné de 0,30m sera rempli par 3 marées consécutives de Grande Vive Eau, dans une période donnée pendant la saison d'élevage.

De plus, on suppose que le site dispose de 2 prises d'eaux principales ayant chacune une ouverture de 1,50 m de largeur. Si la perte en eau due au transfert est estimée à 20%, le volume d'eau nécessaire à chaque entrée pendant une marée de Vive-Eau ou de Grande Vive Eau sera de :

- 400.000 m2 × 0,30 m × 1,2 : 3 : 2 = 24.000 m3

En supposant que l'élevation du sol du site soit de 3m et que la courbe des marées le jour de la prise d'eau soit identique à celle donnée dans le graphique ci-après, le volume de prise d'eau de marée de cette entrée peut être calculée selon l'équation suivante :


où :V=Volume de prise d'eau
S=Surface en section du flux (calculé en multipliant la largeur de l'ouverture de l'entrée (1,50m) par la hauteur du flux (fluctuation diurne de la marée).
A=Coefficient de décharge
g=Accélération de gravitation (9,80 m/sec2)
H=Niveau de la marée dans la rivière
h=Niveau d'eau dans le canal ou les bassins
T=Durée (calculée à 0,2 - Heure ou 720 secondes d'intervalles).

- Exemple de calcul du volume d'entrée d'eau de marée d'une prise d'eau désignée

Graphique montrant les relations entre les fluctuations du niveau de marée et le niveau d'eau des bassins sous la manipulation de la prise d'eau (vanne).

D U R E ENiveaux d'eau en bassinNiveaux d'eau en rivièreH - hQ (*)
SecondesHeuresElévat. ElévationH
(m)(m)(m)(m)(m)(m3)
   0   03,000,003,00     0     0      0
7200,23,000,003,03     0     0      0
7200,43,000,003,071,070,03   660
7200,63,010,013,101,100,071.010
7200,83,020,023,131,130,091.160
7201,03,030,033,151,150,111.290
7201,23,050,053,191,190,121.370
7201,43,070,073,221,220,141.490
7201,63,090,093,251,250,151.560
7201,83,100,103,271,270,161.640
7202,03,120,123,301,300,171.710
7202,23,150,153,321,320,181.820
7202,23,160,163,331,330,171.820
7202,43,170,173,331,330,171.830
7202,63,180,183,321,320,161.790
7202,83,190,193,301,300,141.690
7203,03,200,203,281,280,111.510
7203,23,210,213,263,260,081.300
7203,43,220,223,233,230,051.030
7203,63,230,233,233,230,01   470
       25.150

(*) Total Q. après 3,6 Heures = 25.150 m3

En vue de vérifier la justesse de la vanne de décharge (vidange) des eaux des bassins en cas d'inondations dues à de fortes pluies, il est nécessaire de connaître l'importance et la fréquence des crues du réseau des rivières, et des précipitations maxima, pendant un temps donné dans la région. Par exemple, les précipitations des pluies dans la région totalisant plus de 0.35 m en 48 Heures apparaissent à des intervalles d'environ 7 ans, et le niveau des crues de ces rivières atteint une hauteur supérieure à 4,60 m (sur la base des lignes de repères ou du niveau des marées de Basse Mer Moyenne) en général à des intervalles d'environ 10 ans.

Le temps nécessaire pour évacuer les excédents d'eaux de crue (qui endommageront les digues de séparation des bassins par l'action des vagues et détruiront les chaines alimentaires du poisson par la réduction de la salinité des eaux) peut être calculé en utilisant la même équation que ci-avant. Cependant, le drainage par gravitation apparaîtra seulement quand le niveau de crue des rivières sera inférieur à celui des eaux des bassins qui seront à 3,65 m après que les eaux de crue aient monté de 0,35 m. On prévoit en conséquence que les vannes d'admission d'eau prévues pour ce site aquicole de 40 Ha pourront avoir quelques difficultés dans l'évacuation des eaux de crue en cas de précipitations exceptionnelles accompagnées d'inondations sérieuses, mais de telles difficultés n'apparaîtront vraisemblablement qu'une fois tous les 7 à 10 ans.

4.3.2 - Tracé des canaux

Un site aquicole côtier a habituellement deux sortes de canaux ; le canal principal et les canaux secondaires. Le premier est construit soit entre 2 prises d'eaux principales ou entre une prise d'eau principale et un réservoir de distribution, et les seconds entre 2 réservoirs de distribution. Dans l'approvisionnement en eau, le canal principal distribue la masse des eaux des prises d'eaux principales dans les canaux secondaires et en conséquence dans les bassins individuels, et à l'opposite pour le drainage des eaux (vidange).

En plus des fonctions d'approvisionnement et de drainage des eaux exigées par le contrôle du niveau d'eau des bassins, les canaux assurent la régulation de la nappe phréatique à l'intérieur du site aquicole, ce qui est très important pour l'amélioration du sol par lessivage. Les canaux servent également de refuge pour le stockage temporaire du poisson. Cette opération est nécessaire pour le stockage et les manipulations des populations de poisson.

Le tracé des canaux doit profiter au maximum de l'avantage des voies d'eaux naturelles dans la zone du site aquicole proposé.

Dimensions :

La section transversale du canal est généralement de forme trapézoïdale, avec des pentes de côté de 1/1 (pour des sols du type alluvion argileux).

La profondeur des canaux principaux se situe entre le niveau des Grandes Vives Eaux (à l'exclusion du franc-bord, et celui des Grandes Mortes Eaux (plan des repères) ; celle des canaux secondaires, du niveau d'eau exigé dans les bassins, au niveau moyen des marées. La limite inférieure de l'eau des canaux dépend de l'amplitude de marée. Généralement une amplitude plus faible de marée nécessite un fond de canal plus bas.

Quand les canaux servent temporairement de refuge au poisson, leurs dimensions doivent être calculées d'après la quantité de poisson à stocker. Dans des conditions normales, la quantité maximale de Chanos chanos qui peut être maintenue en eau de marée est d'environ 1,3 à 1,7 Kg/m3.

Exemple : La capacité de décharge des eaux d'un canal est déterminée par la surface de section transversale du canal et la vitesse du flot, ce qui peut être exprimé par l'équation :

Q = S.V.

Q=le volume de décharge des eaux
S=la surface de la section transversale du canal
V=la vitesse du flot (vélocité ou courant).
 Or, V peut être calculé par la formule : V = R . S ½ /n
V=Vitesse du flot
R=Epaisseur du flot
S=Pente du lit du canal
n=Coefficient de rugosité (0,02)

et supposant que R = 1,25m et S 1/5.000, alors ;

Plan type de digue périphérique (Section)

(a) Digue Côté Mer

(b) Digue Côté Rivière

De plus, en admettant en cas de forte pluie que l'excédent des eaux des bassins doit être évacué du site aquicole de 40 Ha pendant la durée de reflux d'une marée basse (3,5 Heures ou 12,600 secondes) la capacité de décharge du canal devra être de :

400.000 m2 × 0,35 m : 2 : 12.600 = 5,6 m3/sec

La largeur du fond du canal (1) peut être calculée par l'équation :
(2 l + 1,25 × 2) × 1,25 × ½ = 6,8 ; par conséquent,
la largeur du fond du canal sera de : … 4,20 m

4.4. - Tracé des digues périphériques :

Les fonctions des digues périphériques sont de retenir les eaux à utiliser dans les opérations du site aquicole, ainsi que de protéger celui-ci de la destruction du poisson et des installations pouvant être causêe par les crues ou les inondations de marées. Le tracé et la construction de ces digues doivent être basés sur de solides principes de technique et d'économie. Un plan type de digue périphérique en front de mer ou de rivière est donné en annexe.

4.4.1 -. Alignement

Les digues périphériques d'un site aquicole côtier sont alignées le long des berges de rivière ou du côté du front de mer. En fixant le tracé, une ceinture de mangrove de 50 – 100 m de largeur doit être conservée pour assurer la protection des digues contre les vagues et courants, l'absorption de l'énergie des vagues et jusqu'à un certain point, pour le contrôle des crues ou inondations, ainsi que pour l'amélioration de l'environnement.

L'alignement est habituellement déterminé par une étude du contour du site à enclore qui peut nécessiter des réajustements pour éviter ;

4.4.2 - Section transversale

La section transversale des digues périphériques doit être conçue pour prévenir le passage par dessus des eaux de grandes marées, combinée avec le maximum de décharge du réseau des rivières ; prévenir toute défaillance due aux glissements et suintements (ou infiltrations).

En raison du mauvais terrain et de la consistance molle du sol des marais côtiers, l'endiguement nécessite un procédé de consolidation avant qu'il ne devienne stable. La consolidation est un phénomène naturel et il apparaît sous le contre-poids entre la mise en place et la capacité de support de la fondation. Glissements et affaissements d'un endiguement construit en mauvais terrain apparaissent quand des irrégularités ou des conditions de déséquilibre (ou d'instabilité) se développent dans les fondations.

En raison de sa forte humidité, la faible densité de masse et la haute plasticité de l'argile alluvionnaire, l'endiguement à partir de ce type de sol entraînera des changements considérables de volume et le craquèlement de surface lors des mises à sec. La mécanique des sols est en rapport avec les propriétés physiques du matériau léger d'endiguement et des terres médiocres de construction. Basée sur des analyses de tests, l'élévation entrainée par la raideur de la pente de ce type d'endiguement est limitée à environ 2 m.

La hauteur définie d'une digue périphérique comporte normalement un franc-bord, après tassement et installation, de 0,60 – 1,00m au-dessus du niveau de crue indiqué et qui est habituellement déterminé par l'occurence et la fréquence des niveaux de crue à des intervalles d'une période de 10–15 ans, au site aquicole proposé.

Exemple :

Considérant un site aquicole proposé dont l'élévation du sol est de 3 m. et le niveau de marée astronomique de 3,90 m, et supposant que les relevés antérieurs indiquent que des niveaux de crue de plus de 4,60 m. surviennent dans ce site, à intervalles de 10 ans, que le taux de tassement du sol après finition de l'endiguement est de 20 % et que le franc-bord est de 0,60m, la hauteur définie de la digue périphérique peut être calculée comme suit :

( 4.60 m - 3.0m + 0.60 m) / (1 - 20 %) = 2.75m(arrondi).

4.4.3. Pertes d'eau

Pour maintenir un bassin étanche et prévenir les fuites, une attention particulière doit être donnée au tracé et à la construction des digues. Ces fuites sont habituellement causées par la détérioration des digues provoquée par l'intrusion de crustacés qui creusent dans la vase molle sous la digue, déclenchant de ce fait un “pompage” par lequel les particules de limon et de sable sont entrainées par le courant des eaux de suintement. Les mesures effectives pour prévenir les fuites comprennent ; minimiser l'ensemble du courant des eaux de suintement (voir chapitre suivant) et minimiser les détériorations provoquées par les crustacés par dessalement et par assèchement des sols d'endiguement.

4.4.4. Suintements - Infiltrations

Une ligne normale de suintement dans une digue construite en matériaux homogènes sur une fondation imperméable est une parabole (figure annexe) et le volume des suintements peut être calculé par la formule de Casagrande :


q=volume des suintements (cm3 / Heure)
k=coefficient de perméabilité (cm / Heure)
h=la hauteur du niveau d'eau
d=la largeur efficiente de la digue.

Ligne de suintement dans une digue faite de matériau homogène assise sur fondation perméable

Quand la digue est placée sur une fondation perméable, le volume des suintements sera :

k1=coefficient de perméabilité de la fondation (cm3/Heure)
H =épaisseur de la fondation perméable.

Comme la perméabilité de l'argile alluvionnaire est relativement constante, le total du volume de suintement dans un site aquicole côtier dépend principalement des fluctuations du niveau des marées et de la largeur effective de la digue qui peuvent être déterminés par le calcul montré dans la figure annexe.

Exemple : En supposant que la perméabilité de l'endiguement et du sol de fondation soit de 1,32 cm/Heure (selon la méthode Fireman) et que le niveau d'eau dans les bassins est maintenu constamment à 3,30 m, alors que le niveau des marées est à 4,80 m, le volume de l'infiltration à travers les digues ayant respectivement 3 degrés de pente : 1/1, ½ et ⅓ est donné dans le tableau cidessous ; et quand le niveau de marée est à +/- 0,0 (la ligne des repères), le volume de suintement à travers ces digues correspondant aux mêmes degrés de pente pendant les marées montantesest également donné dans ce même tableau. Il est évident que pour minimiser le suintement, les digues demandent un sommet plus large et une pente plus douce donnant un empattement plus large, particulièrement quand ces digues sont situées où l'amplitude des fluctuations de marées est plus grande.

Volume de suintement des digues correspondant à 3 largeurs effectives :

Dimensions des diguesVolume maximum d'infiltration à marée montante (m)Volume maximum de suintement à marée descendante
Largeur au sommetHauteurPenteLargeur effective de la digueTotal volume infiltrationLargeur effective de la digueTotal volume suintement
(m)(m) (m)(cm3/H)(m)(cm3/H)
2.02.011.00.1314.00.28
2.02.0½8.00.1810.00.32
2.02.01/15.00.296.00.69

4.5 - Construction

La création d'un site aquicole tributaire des marées comprend 3 grands types de travaux : le déboisement du terrain, les terrassements(endiguement-canaux) et la construction des prises d'eau. L'exécution de ces travaux nécessite un plan et un budget détaillés, ainsi qu'un emploi du temps ponctuel pour leur réalisation.

4.5.1 - Déboisement - nettoyage du terrain

Du fait que le sol est inondé aux marées et que le sous-sol est de composition trés diluée, le déboisement d'un type de forêt dense est très coûteux et prend beaucoup de temps. En général, les opérations de nettoyage sont divisées en 3 phases : débroussaillement, dessèchement, abattage et mise à feu.

Débroussaillement : le débroussaillement doit être fait par travail manuel et cette opération doit commencer quand les fondations des prises d'eau principales et des digues périphériques sont établies.

Dans ce nettoyage, les plantes rampantes, la broussaille, les jeunes palmiers et autres arbustes de la jungle jusqu'à un diamètre de 0,10m sont coupés aussi près que possible du sol. Cette opération doit être menée systématiquement en parcellaire et sera terminée immédiatement avant que les digues périphériques et les prises d'eau principales soient elles-mêmes terminées, et que la totalité de la surface des bassins soit prête à être mise sous eau. La végétation ainsi coupée doit rester sur place pour servir de matière organique à mélanger par après au sol.

Dessèchement : le dessèchement vise à faire dépérir les arbres par la mise sous eau des bassins. Il a été expérimenté que la mangrove, spécialement le groupe Rizophora dépérit quand leur tronc est constamment baigné dans une eau de profondeur supérieure à 0,50m, pendant une période de 4 – 6 mois ; la mangrove peut éventuellement mourir si l'inondation se poursuit pendant une période d'environ 1 an.

Abattage et mise à feu : les opérations d'abattage doivent débuter quand l'écorce des arbres commence à peler, mais avant que les feuilles tombent. L'abattage est nécessaire pour assécher et durcir le terrain, ce qui peut être mené à bien en maintenant le niveau de la nappe phréatique de la totalité des bassins à 0,30 – 0,50m sous la surface pendant une période de 1 à 3 mois selon les conditions climatiques. L'abattage s'effectue manuellement ou mécaniquement ou encore en combinant les deux méthodes. La méthode choisie dépend de beaucoup de facteurs tels que la disponibilité des équipements, le coût du travail, le type et la densité de végétation, les sols et les conditions climatiques, etc.....

En général quand il s'agit d'opérations de petite envergure, par exemple quelque cent Hectares, la méthode manuelle ou encore la combinaison des méthodes manuelle et mécanique peut convenir, mais quand il s'agit d'opérations à grande échelle, les méthodes mécaniques paraissent mieux indiquées.

L'abattage mécanique commence quand le sol est devenu suffisamment sec et assez dur pour supporter des équipments lourds. Il existe une variété d'équipements qui ont été mis au point pour le déboisement, tels que lames de scie cisaillant et tranchant directement les jeunes rameaux et les branches, les jeunes arbres et arbustes ; des scies-tronçonneuses pour abattre les gros arbres, dessoucheuses pour déraciner les arbres de petite et moyenne grosseur, etc.….

La première mise à feu se fait habituellement dès que les arbres morts sont secs. L'élagage et la remise à feu commencent aussitôt que le site est suffisamment refroidi pour en permettre l'accès. Cette phase des opérations vise à enlever les troncs qui n'ont pas été consumés aux premiers feux et toutes les souches laissées sur place lors de l'abattage et mise à feu précédents.

Estimation des coûts : l'estimation des coûts de débroussaillement, abattage et mise à feu dépendra beaucoup des informations recueillies par un inventaire forestier exécuté sur le terrain à nettoyer et qui comprendront, le nombre, la taille, la densité du bois ; le système d'enracinement des arbres et la croissance des plantes grimpantes et autre végétation. L'estimation sera réajustée par l'évaluation des salaires et des autres facteurs affectant l'efficience du travail. La durée de travail approximativement nécessaire au débroussaillement est d'environ 20 Hommes/Jour/Hectare. Pour l'abattage et la mise à feu d'une forêt de mangrove de moyenne densité, 50 Hommes/Jour/Ha et pour l'élagage et la remise à feu, environ 70 Hommes/Jour/Ha. La totalité des travaux nécessaires aux opérations de déboisement d'une forêt typique soumise aux marées, pour servir au développement de l'aquiculture, incluant le débroussaillement, l'abattage, la mise à feu, l'élagage et remise à feu, est de l'ordre approximatif de 140 Hommes/Jour/Ha.

Le coût pour l'abattage et l'empilage par méthode mécanique dépend de beaucoup de facteurs, dont le type d'équipement utilisé, l'efficacité du travail, le comptage des arbres, le sol et les conditions climatiques. Généralement le rendement horaire - engin d'un tracteur à chenilles (ou bulldozer) de 250 – 270 CV sera d'environ 0,05 à 0,07 Ha/heure ; un exemple de calcul des propres coûts horaires et des coûts horaires opérationnels par bulldozer est donné en annexe (C).

4.5.2 - Terrassements

Le terrassement d'un site aquicole côtier comprend la construction des digues et canaux, et le nivellement des fonds des bassins qui représentent les coûts majeurs de réalisation et le gros de la période de construction.

(i) Méthode manuelle ou mécanique : l'adoption de l'une de ces méthodes ou de leur combinaison dépendra principalement de la nature du travail, du coût des opérations, du temps nécessaire ainsi que de considérations sociales ou politiques. En général, la méthode mécanique aura les avantages de la réduction de temps de durée de construction, la diminution des coûts de construction et l'amélioration de la qualité du travail ; par ailleurs, la méthode manuelle aura l'avantage de procurer de l'emploi et d'économiser les devises étrangères ce qui est particulièrement important dans la plupart des contrées en développement. Une comparaison de ces deux méthodes sur la base d'évaluations techniques et économiques est donnée dans le tableau ci-après :

Comparaison entre méthodes mécanique et manuelle de terrassement pour la construction d'un site aquicole tributaire des marées (*) :

T r a v a u xMéthode MécaniqueMéthode Manuelle
- Coût de Construction par nature de travail en $ E.U /m3  
  • digue périphérique         1.15    1.38
  • canal principal         0.62    0.77
  • digues de séparation des bassins         0.62    0.46
  • nivellements ($ E.U /Ha)     200.00600.00
- Travail nécessaire (Hommes/Jour/million m3)  
  • main d'oeuvre expérimentée qualifiée80.000.00-
  • main d'oeuvre ordinaire-440.000.00      
- Durée de Construction nécessaire  
  • main d'oeuvre expérimentée (500 Hommes/Jour/million m3)160 jours-
  • main d'oeuvre ordinaire (1.000 Hommes/Jour/million m3)-440 jours

($) sur la base d'un cas d'espèce, aux Philippines, en 1974.

(ii) Maintien de la stabilité des fondations :

Considérant la médiocrité du terrain et le sol mou, argileux, la capacité de support de la fondation sur laquelle doit s'élever la digue, est faible. En vue de maintenir la stabilité des fondations, les méthodes suivantes sont généralement employées ;

  1. préservation du réseau des racines de la mangrove ; il a été démontré que le réseau des systèmes d'enracinement de la mangrove ont une fonction de renforcement de la capacité de support des fondations. En d'autres mots, le réseau des racines des mangroves peut être utilisé comme piliers pour renforcer la stabilité des sols de fondation dans la construction des digues. En fait il a été prouvé après la coupe des arbres que les racines de la mangrove ne se désintègrent pas quand elles baignent continuellement dans des eaux saumâtres. Dans la préparation du terrain pour la construction des digues, le réseau des racines de mangrove doit être préservé.

  2. remplacement des vases molles par du sable et / ou limon : comme les digues périphériques d'un site aquicole tributaire des marées sont alignées le long du littoral ou des berges de la rivière, le limon et le sable sont habituellement disponibles pour servir dans le renforcement des fondations. Une drague ou une pompe à sable peuvent être utilisées pour déplacer le sable du bord de mer ou de rivière et remplir le noyau de digue peu profond dont les côtés en terre molle sont soutenus par des fascines, de manière à maintenir et mettre en place ces matériaux de remplacement (réf : figure représentant la construction des digues).

  3. couverture de la surface de glissement par une charge convenable de matériau d'endiguement ; quand le sol argileux est utilisé pour l'endiguement d'un site aquicole, la terre déchargée devrait pouvoir s'étaler jusqu'à un certain point au-delà de la banquette de côté (réf : figure représentant la construction des digues). Ceci est fait de manière à maintenir un équilibre entre la fondation et la surface de glissement. Généralement, la terre déchargée se met en place et sèche pendant une période de 1 à 3 mois. Après cela, une stabilité initiale de la fondation doit être atteinte et le sommet du tas de déblai doit être capable de supporter un équipement léger pour arranger les terres et former un profil initial de la digue proposée.

(iii) Equipement de construction :

Pour une opération de grande envergure, on trouve que des dragues ou pompes aspirantes d'une capacité de 500/600 m3/Heure sont bien adaptées pour réaliser les fondations et l'endiguement. Des pompes à sable d'une capacité de 60 – 70 m3/Heure sont également très appréciées pour ce genre de travail.

Quand le sol argileux sert de matériau d'endiguement du site, les dragues excavatrices donnent de bonnes performances. Elles doivent être supportées par des clayonnages en bois quand elles opèrent en sols mous, ou par une barge légère quand elles travaillent dans des petites rivières ou dans des canaux. Une drague excavatrice plus petite, avec une capacité de bac de 0,3 – 0,5 m3 semble convenir pour ce genre d'opération et de manipulation.

Un bulldozer d'une faible pression de contact au sol (0,2–0,3 Kg/cm3) donne de bons résultats dans la découpe des terres déchargées pour dresser le profil de l'endiguement, et il convient également pour le nivellement du fond des bassins.

(iv) Estimation des coûts.

Le coût des terrassements est habituellement estimé par le calcul des dépenses dans le déplacement d'une unité de volume de terre pour l'endiguement, l'excavation et le nivellement exigés par les spécifications techniques. Le coût pour chaque unité sera alors analysé sur la base des coûts actuels pour les machines, la main d'oeuvre, les outils et la gestion. Le coût des machines sera de plus analysé sur la base de leur propre coût horaire et sur le coût horaire opérationnel. Un exemple d'estimation des coûts des terrassements pour la construction d'un site aquicole de 500 Ha est donné en annexes (a), (b) et (c).

4.5.3 - Construction des prises d'eau

  1. Construction de la fosse :

    En pratique, les prises d'eau sont construites in situ. Pour assurer une bonne construction, une préparation attentive de la construction de la fosse est nécessaire. Le fond de la fosse doit devenir progressivement assez dur pour supporter le poids d'un travailleur quand la mise à sec de l'emplacement peut être exécutée efficacement.

  2. Renforcement du sol :

    L'emplacement de la fondation étant constitué de terre molle, l'enfoncement de piliers dans le sol sur lequel la prise d'eau doit être construite peut devenir nécessaire. Si des pieux de bambou ou de mangrove sont utilisés, 30 à 40 pieux (d'environ 5 – 6m de long) par 10 m2 de surface de sol seront suffisants pour supporter le poids d'une prise d'eau normale.

  3. Estimation des coûts :

    Les éléments majeurs de l'estimation consistent en :

    Un exemple d'estimation des coûts, avec prix unitaire des matériaux de construction et l'analyse des travaux nécessaires pour une prise d'eau principale typique, est donné en annexes (d) et (e).

- Tableaux annexes.

(a) - Estimation des coûts de terrassements dans la construction d'un site aquicole côtier de 500 Ha (en Dollars E.U.)
(sur la base d'un cas d'espèce aux Philippines, en 1974).

TravauxDesoriptionUnitéQuantitéPrix unitTotal
Endiguement     
• Digue périphériqueCreuser, remblayer tasserm3200.0001.15230.000
• Digues de séparat.remblayerm3120.0000.46  55.200
Excavation     
• Canal principalCreuser, remblayerm310.0000.62    6.200
• Canaux secondairesCreuser, remblayerm3  8.0000.62    4.960
NivellementCreuser, remblayerm3     500200.00      10.000
Moyenne / Ha           612

(b) - Estimation des coûts de terrassements dans la construction d'un site aquicole côtier de 500 Ha (en Dollars E.U.)
(sur la base d'un cas d'espèce aux Philippines, en 1974)

T r a v a u xUnitéQuantitéPrix unitaireTotal
Digue périphérique (1000m3)    
- BulldozerHeure  259.00225
- Drague excavatriceHeure1058.00840
- Divers---  85
Digues de séparat. (1000m3)    
- Travail manuelHomme/Jour3001.50450
- Dépréciation de l'outillage   10   10
Excavation du canal (1000m3)    
- BulldozerHeure  259.00225
= Excavation(ou pelle mécanique)Heure  408.00320
- Divers---  75
Nivellement (ha)    
- BulldozerHeure  189.00162
- Divers---  38

(c)- Coût Horaire d'un bulldozer (75–100 CV) en Dollars E.U.

- Coût initial =30.000- Coût opérationnel Horaire
- Période d'amortissement7 ans- Coût des réparations = =1.70
- Heures annuelles de travail:2.000
- Taux d'intérêts10% an- Consommation gasoil, 4 H = 8 × 0,40=3.20
- Amortissement accéléré
(péridode réduite de 50%)
- Consommat. huile moteur 0,07×2.00 0.14
- Valeur résiduelle = 15% du coût initial- Consommation huile boite de transmission = 0,07×2.00=0.14
- Coût horaire propre :- Consommation fluide hydraulique = 0,04×2.00=0.08
- Valeur à déprécier =30.000×(1–15%) = 25.500- Filtre (5% du gasoil=0.16
- Opérateur/Conducteur=0.83
- Dépréciation Horaire- Coût opérationnel 6.25
- Amortissement accéléré =- (Coût horaire propre) + 2.75
- Coût Intérêt Horaire =- Total coût Horaire 9.00
- Coût Horaire propre =(1.82 + 0.93)=2,75   

(d)- Estimation du coût de construction d'une prise d'eau principale (modèle de dimension de 1.25 × 2.50m) en Dollars E.U.

ElémentsUnitéQuantitéPrix UnitaireTotal
- Bétonm3121,5  27.703.365,50
- Coffragem2433,5    2.451.067,00
- ArmatureTonne    8,0523.104.184,50
- Pieux en bois Æ 20cmx7.00mPièce  36,0  30.001.107,50
- Excavationm3496,0    0.46   229,00
- Comblement / endiguementm3235,0    0.23     54,00
- Assèchement---   461,00
- Vanne (dispositif blocage en bois)m3    4,7104.00   489,50
- Cornières et tôles en acierKg  50,0    7.00   353,00
- Volant de commande et arbreun jeu    1,0230.00   230,00
Total---11.541,00 

(e) Analyse des coûts unitaires par m3 de beton - en Dollars E.U.

ElémentsUnitéQuantitéPrix unitaireTotal
- CimentTonne0.3649.20  18.00  
- Sablem30.543.802.00
- Gravierm30.943.803.50
- Mélangem31.002.102.10
- Mise en placem31.001.501.50
- Divers---0.60
Total---27.70  

(c) (d) (e) : Sur la base d'un cas d'espèce aux Philippines, en 1974.

Echantillon de CHANOS chanos (Vango) récolté en bassin expérimental à Diégo Suarez. Juin 1978

Photo Achilson RANDRIANJAFIZANAKA


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