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4. LA PISCICULTURE AU BURUNDI

4.1 Introduction: Historique de la Pisciculture au Burundi

L'aquaculture fut introduite dans le protectorat de Ruanda-Urundi a l'epoque, par l'Administration coloniale belge, au debut des annees cinquante. Les methodes employees par les eleveurs de carpes et d'anguilles europeens, de l'epoque, furent modifiees. Elles furent caracterisees par l'utilisation de systemes extensifs de grande echelle et des vastes etangs individuels, dont la taille variait generalement entre 0.25 ha et 0.50 ha. Moines, canalisation et autres, etaient construits en briques ou en beton. La vulgarisation reposait sur un systeme d'ecloseries pour la distribution des alevins aux eleveurs. Celles-ci servaient aussi a la formation professionnelle du personnel sur le terrain. Differentes sortes de Tilapia etaient a la base de toute production. On estimait a 352 le nombre d'etangs construits au Burundi bien qu'en 1966, un seul ne restait en service (Meschkat, 1967).

Chez les paysans, le manque d'autosuffisance, et donc la dependance excessive sur la vulgarisation pour des apports tels que materiaux de construction, alimentation, alevins et les conseils pratiques, etaient la cause de ce declin. Lorsque ces services ne furent plus disponibles, les travaux d'amenagement s'arreterent. Ajoute a cela, le mouvement d'expansion d'un programme d'amenagement, mis en place et dirige par un service de direction force d'accroitre au maximum les etangs et etat de fonctionnement, fut probablement la cause du recrutement de nombreux paysans tres peu motives, et des faibles niveaux de production des etangs tres mal geres.

Le Centre piscicole de Karuzi, le plus important au Burundi, et acheve en 1952, fonctionna normalement jusqu'en 1959, puis s'arreta progressivement. Aux environs de 1960, et jusqu'en 1972, on remarque qu'il ne se passa rien au Centre piscicole, si ce n'est que quelques tentatives, qui echouerent pour essayer de le relancer. En 1972, l'AIDR de la Belgique (l'Association internationale pour le developpement rural) relanca le centre, et la production reprit. Bien qu'il n'y ait aucun rapport de disponible, il semble que la production soit restee a un niveau tres faible, et qu'a la fin du projet AIDR en 1974, les etangs ne furent plus utilises. En 1977, le Gouvernement fit une autre tentative pour relancer le centre, et du poisson fut rendu en 1978. En fevrier 1979, les fonds financiers furent a nouveau retires. En 1980, quelques etangs etaient encore pleins mais non approvisionnes, et en 1984, tous etaient secs et donnaient des signes de deterioration structurale. Aucune activite piscicole semble n'avoir eu lieu, jusqu'a celle relancee recemment et decrite ci-dessous.

4.2 Les Activites Piscicoles en Cours

Apres l'echec de plusieurs tentatives pour la mise en place d'une pisciculture et son integration dans le systeme agricole national, il semblerait que le Gouvernement y apporte de nouveau de l'interet; en consequence, des etangs individuels, de famille et de cooperatives se sont construits.

Au Burundi, il y a trois initiatives principales en cours pour l'amenagement piscicole:

4.2.1 Les initiatives prises en province

Depuis un an, un an et demi, de nombreux services administratifs provinciaux ont montre une activite considerable pour la promotion de la construction d'etangs d'elevage. Il n'y a, cependant, aucune coordination dans le deroulement de ce programme, et de nombreux etangs, fabriques par le travail communautaire, quelques-uns sont tres mal construits et tres mal situes. Dans beaucoup de cas, les methodes de gestion et les apports en main-d'oeuvre n'ont pas ete pris en consideration ou planifies en detail. De plus, il n'existe ni de reproducteurs, ni de services auxilliaires. Il est fort probable que par ces contraintes l'interet se degrade peu a peu, et que cette tentative d'introduction de la pisciculture chez les paysans echoue une fois de plus.

Il existe peu d'expertise technique disponible dans les methodes piscicoles ou dans le genie aquacole au niveau du Service administratif provincial, et les amenagements en question se deroulent sans aucune reference a la Sous-direction des peches et de la pisciculture, et sans reference a aucune politique d'ensemble nationale pour la normalisation des methodes et des techniques.

4.2.2 Le Programme piscicole du Corps de la Paix americain

Le Corps de la Paix americain, sous le controle de, et en collaboration avec la Sous-direction des peches et de la pisciculture et finance par le Ministere de l'agriculture et de l'elevage et par USAID, a mis en route un programme d'amenagement piscicole dans quatre provinces (Kayanza, Ngozi, Muramvya et a Mwisale dans la province de Bujumbura). Les provinces de Kayanza, Ngozi et Muramvya ont ete choisies parce qu'elles representent les regions du pays les plus peuplees, tandis que Mwisale a ete selectionne pour la mise en place d'un Centre de production des alevins, base sur un ensemble de petits etangs d'elevage actuel.

Le programme en arrive au terme des deux premiers mois de ce qui a l'origine a ete concu comme un programme d'activite de six ans. Six volontaires sont au travail, et on prevoit de mettre cinq volontaires de plus sur le terrain en 1986.

Le Programme piscicole du Corps de la Paix americain fonctionnera avec l'aide d'eleveurs selectionnes et motives, pour former des groupes possedant une connaissance des methodes de base simples, necessaires a la construction des etangs d'elevage, et capables de faire de l'elevage piscicole avec un minimum de supervision de la part des services de vulgarisation, des Centres pour l'elevage de reproducteurs, etc.

L'Annexe E determine bien la technologie simple qui est la base de la vulgarisation du Programme du Corps de la Paix americain. A l'interieur de ce programme, il est techniquement conseille de faire adopter cette facon de faire par chaque fermier, ou bien par de petites cooperatives qui n'auraient pas plus d'un membre de cooperative pour chaque are de surface d'eau.

Ce programme piscicole est le seul programme coordonne pour l'amenagement piscicole, actuellement en cours au Burundi.

4.2.3 Les initiatives bilaterales et non-gouvernementales de petites proportions

Centre canadien d'etudes et de cooperation internationale (CECI)

Dans la commune de Butaganzura dans la province de Ruyigi, le CECI apporte son appui a un projet d'amenagement rural integre, comprenant deux etangs de demonstration (ensemble des superficies d'eau, approx. 8 ares). Le CECI est aussi en train de prendre en consideration la presentation des offres de projet pour la mise en place d'un certain nombre de centres de production de reproducteurs, de petites proportions.

Programme suisse d'appui pour l'amenagement communal (PADC)

Le PADC s'occupe du projet d'amenagement rural a Mwisale, en province de Bujumbura. Ce programme soutient aussi par son aide financiere, le Programme du Corps de la Paix americain pour le relancement de l'ensemble piscicole a Mwisale comme centre de alevinage.

Communita Impegno Servizio Volontariato (Italie)

A l'interieur de son programme d'amenagement rural, cette organisation a insere la reconstruction d'un des etangs situes au Centre de pisciculture abandonne, a Karuzi. Cette tache est accomplie sous la protection du Service d'etudes et des projets cooperatifs du Gouvernement du Burundi. Ce dernier a aussi formule des projets pour la reconstruction totale de l'ensemble des centres piscicoles de Karuzi. Ces projets sont apparemment preparees en dehors de toute consideration de planification nationale d'ensemble.

4.3 Le Potentiel et les Contraintes pour une Pisciculture au Burundi

4.3.1 Les possibilities techniques

La temperature

Les emplacements offrant un potentiel pour les etangs d'elevage se situent generalement a des altitudes comprises entre 1 500 m et 1 800 m. Les temperatures sont generalement plus basses que celles enregistrees durant les operations piscicoles en Afrique tropicale. Les temperatures de l'eau peuvent varier entre 18 C et 28 C sur la plupart des emplacements disponibles, et bien que cet ecart de temperature soit inferieur a la norme optimale pour les Tilapia nilotica, ce qui implique un taux d'accroissement plus bas et des niveaux de production d'ensemble plus bas, on a decouvert qu'en realite, des cycles de croissance de neuf mois donnaient des recoltes acceptables (voir Annexe F).

Les ressources hydrologiques

La plupart des provinces situees au centre et a l'ouest du pays, ont un ample approvisionnement d'eau, provenant des ruisseaux avec un debit relativement constant toute l'annee. Cette eau est generalement basse en pH, variant entre pH 5.5 et pH 6.5. Les variations de pH de courte duree peuvent etre elevees, dues a une faible concentration des mineraux dissouts (conductivite < 100 ymhos), et a la pauvre capacite concomittante d'equilibrage ionique de l'eau (voir Annexe F).

Bien que la qualite de l'eau soit inferieure a la norme optimale pour la pisciculture, l'experience au Rwanda (ou les conditions sont tres semblables a celles du Burundi) montre qu'en realite, dans les etangs qui ont atteint leur maturite par les methodes de production utilisees (comprenant si necessaire l'usage de la chaux), le contenu faible en pH de la source ne presente pas un probleme considerable.

Les niveaux de production

Bien que les niveaux de production actuels dependront largement des niveaux de competence de l'amenagement, l'experience montre que, localement, avec les Tilapia nilotica, on peut s'attendre a des recoltes de 500 kg a 1 500 kg/ha/an, a partir d'un cycle de production de neuf mois. On peut envisager que le gros du poisson recolte, consiste de poissons pesant chacun entre 150 gr et 300 gr.

4.3.2 L'attitude des fermiers

Toute discussion sur les possibilites de mise en place d'une pisciculture au Burundi, doit prendre en consideration un passe d'echecs encourus durant les tentatives precedentes, qui etaient d'encourager les paysans a faire de l'elevage de poissons.

L'administration coloniale tentait pour la premiere fois d'introduire la pisciculture au debut des annees cinquante. En general, les methodes utilisees et l'echelle des projets exigeaient une trop grande consommation de materiaux exterieurs et chers, et necessitaient un personnel competent pour les services auxiliaires. Les eleveurs etaient donc forces de s'en remettre aux mains d'une infrastructure relativement compliquee, avec un composant d'expatries. Avec le retrait de cet appui, les eleveurs ne pouvaient pas maintenir un mouvement d'expansion independant dans l'amenagement, et la pisciculture fut vite abandonnee.

Au debut des annees soixante-dix, le Gouvernement du Burundi commenca un programme pour la reconstruction du centre piscicole abandonne a Karuzi. Quelques etangs furent employes pour la production, mais en 1979, une penurie des fonds financiers causa l'abandon du projet. Tres peu de vulgarisation semble avoir ete entreprise durant cette periode.

L'impression qui en ressort, et qui se verifie par les experiences vecues dans d'autres pays de l'Afrique tropicale, est que l'imposition de methodes d'elevage, sans que pour cela l'eleveur puisse vraiment apprecier la valeur de la marche a suivre et des systemes d'elevage qu'il utilise, font que ces methodes sont rapidement abandonnees, lorsque les autorites n'exercent plus de pression.

Il en decoule que la pisciculture ne pourra etre introduite avec succes, que si elle est basee sur l'autosuffisance, dont les methodes conviennent aux capacites et aux ressources des paysans, pour lesquels la pisciculture ne sera au debut qu'un seul volet d'interet parmis d'autres. Pour ce qui est des autres recoltes cultivees, les eleveurs ne dependront d'une large infrastructure gouvernementale d'appui, que si peu d'apports financiers sont necessaires, et que si l'eleveur peut s'en remettre a lui-meme pour son approvisionnement en alevins.

La pisciculture est techniquement a la portee des agriculteurs, et on peut supposer que les agriculteurs traditionnels pourront l'assimiler, au moins aussi facilement que les autres formes d'elevage, de plus les methodes requises sont semblables a celles utilisees pour la production des recoltes. L'absence d'un besoin d'apports saisonniers et reguliers dans la pisciculture, avec des exigences de travail accommodantes, capables d'etre integrees a tout autre travail du cycle agricole, est de plus grande importance aux eleveurs de cultures de subsistence intensives.

Le programme d'amenagement piscicole du Corps de la Paix americain considere la pisciculture comme faisant partie integrale du systeme agricole traditionnel de petites proportions du pays. Dans la phase initiale, toute production ne comportera qu'une seule espece de poissons (Tilapia nilotica) et toutes les methodes de construction et de gestion seront aussi simples que possible. Le compost sert a la fois de nourriture et d'engrais; cette facon de faire ressemble aux methodes d'utilisation du compost recemment introduites, et que les eleveurs ont bien adoptees. Il faut preciser que cette technologie simple est aussi utilisee pour tous les etangs de demonstration, les etangs pour la production d'alevins, etc.

4.3.3 Les emplacements disponibles

N'ayant pas d'enquete poussee du terrain, il n'est possible que de generaliser sur les emplacements disponibles, appropries a la construction d'etangs d'elevage. Par contre, la topographie du pays, avec ses collines a pentes raides et ses fonds de vallee plats, bien souvent marecageux, offre de nombreux emplacements, qui pourraient servir a la construction des etangs, et ou il serait facile de superviser l'apport en eau et l'ecoulement. Dans les regions de population elevee et donc avec des fermes plus petites, les eleveurs sont principalement interesses a la construction d'etangs plus larges, qui seraient geres par un systeme de cooperatives. La construction des etangs peut etre integree au programme d'ecoulement et de gestion des fonds de vallee, pour une agriculture intensive. Lorsque la terre disponible subit moins de contraintes, une plus grande importance est portee sur les petits etangs et les etangs de famille.

4.3.4 Les apports en elevage piscicole disponibles: la nourriture

Toute possibilite d'utilisation de produits alimentaires importes est exclue, due au niveau economique des paysans et des difficultes economiques du pays (en particulier la penurie de devises etrangeres). La production du poisson va donc dependre de l'utilisation des dechets et des methodes de fabrication du compost.

Les dechets disponibles, tels que ceux provenant des brasseries, des moulins, des usines a sucre et des abbattoirs, sont cependant deja en grande demande, en temps qu'alimentation supplementaire pour l'elevage d'animaux. Il n'y a apparemment aucun excedant de ces residus sur le marche. Introduire la pisciculture comme autre forme d'elevage et comme concurrente pour ces residus ne serait donc pas acceptable.

La methode de fabrication du compost (avec des enceintes de compost “fumiers” occupant 10% a 15% de la superficie d'un etang) est actuellement introduite, pour permettre aux paysans de se suffire a eux-memes. En procedant a l'ecoulement des etangs, le reste du compost peut etre recupere et utilise comme matiere fertilisante de tres haute qualite pour la terre.

Les methodes de pisciculture integree, qui fait partie de l'elevage d'animaux (tel que celui de boeufs, de cochons, de poules, de canards, etc.) seront aussi tout a fait appropriees aux besoins des eleveurs du Burundi. Cependant, il est bon de ne pas introduire cette facon de faire, avant que les methodes piscicoles ne soient mieux reconnues, et que l'elevage de petits animaux ne se pratique sur une plus grande echelle.

A present, il y a un manque considerable d'alevins, etant donne que les ecloseries ne produisent pas. La demande provient deja des etangs qui ont ete construits pour faire partie du plan des Autorites provinciales, et des eleveurs qui beneficient maintenant du Programme piscicole du Corps de la Paix americain. Comme mesure de rattrapage, il sera peut-etre necessaire de distribuer un melange inferieur d'especes de Tilapia captures a l'etat sauvage, pour surmonter cette penurie de depart. Des alevins de categories selectionnees pourront etre distribues dans six mois environ, lorsqu'il y en aura de disponible a l'ecloserie de Mwisale. On en attend des alevins provenant des reproducteurs d'une categorie de Tilapia nilotica selectionee (classe “egyptienne”), et importee de l'Universite d'Auburn aux Etats-Unis. Des indications montrent que cette classe d'alevins est en partie adaptee aux conditions climatiques creees par des temperatures basses, et il leur est parait-il necessaire d'avoir une periode de croissance plus longue, avant qu'ils ne murissent et ne commencent a se reproduire. Si ces qualificatifs prouvent etre corrects sous les conditions climatiques du Burundi, et s'ils sont maintenus chez les reproducteurs, cette classe sera tout a fait appropriee pour les conditions climatiques locales et pour les methodes piscicoles actuellement introduites.

4.3.5 Les possibilites economiques pour une pisciculture de petites proportions

Schmidt et Vincke (1981) ont discute en detail des possibilites economiques pour une pisciculture au Rwanda. Leurs impressions peuvent en general s'appliquer aux conditions climatiques du Burundi.

Ils remarquent que l'elevage de poissons sera probablement plus profitable a l'eleveur que la plupart des autres produits agricoles. Un etang familial de 5 ares, correctement gere et nourri (avec un potentiel de recolte de 5 t/ha/an) devrait rapporter environ FBU 5 000 brut par an (aux prix de 1981). Il est donc possible a une famille rurale posssedant un etang de 5 ares et utilisant les ressources disponibles locales, de se faire un salaire minimum de quelques FBU 2 000 par an et de disposer d'environ 45 kg de poissons pour la comsommation familiale.

Au Burundi, il est admis qu'au depart, ces niveaux de production seront difficiles a atteindre, et les niveaux previsibles pour les premieres recoltes seront compris entre 0,5 et 1,0 t/ha/an. En ameliorant les methodes de gestion et les services auxiliaires, il sera possible aux niveaux de production d'atteindre facilement 1,5 t/ha/an, avec une bonne gestion pour les etangs.

Schmidt et Vincke (1981) suggerent, apres avoir fait des assomptions pessimistes, que l'elevage piscicole devient profitable avec une recolte equivalente a 1,2 t/ha/an. Cette analyse tient compte d'un apport en appats au prix de FBU 10/kg, soit environ de 10% a 15% de la valeur du poisson.

4.4 Proposition de Projet

4.4.1 L'assistance technique

Les buts

Aider a former et a gerer un Service de pisciculture a l'interieur du Ministere de l'agriculture et de l'elevage, y compris l'amenagement des services auxiliaires pour la vulgarisation et la formation professionnelle.

Les conditions requises

Un specialiste avec des annees d'experience en aquaculture tropicale. Ce specialiste travaillera a l'interieur du Service de pisciculture, en tant qu'homologue du Chef de service. Il ou elle aura la charge de donner des conseils et des apports techniques, dans lesquels seront integres les aspects d'amenagement aquicole suivants:

Duree: 5 ans (de la lere a la 5eme annee du projet propose);

Ces specialistes apporteront leur appui aux services de vulgarisation et au Programme piscicole actuel du Corps de la Paix americain. Ils apporteront plus particulierement leur expertise dans la construction et le fonctionnement des ecloseries/centres de demonstration, ainsi qu'un appui reel et pratique pour la vulgarisation des travaux de ces centres.

Duree: 5 specialistes pour trois ans (de la lere a la 3eme annee du projet propose).

Couts

1 Conseiller technique principal pendant 60 m/h $ 505 750
5 Specialistes-adjoints pendant un total de 180 m/h $ 315 900
Voyages officiels a l'interieur du Burundi pendant 60 mois $ 10 000.

4.4.2 La formation professionnelle

Les buts

Fournir un encadrement de fonctionnaires avec des annees d'experience et une formation en pisciculture, capables de gerer les services de vulgarisation futurs du Service piscicole.

Conditions requises

Cinq bourses d'etudes seront offertes au personnel technique avec des annees d'experience, appartenant au Service piscicole propose. La formation professionnelle comprendra des cours de theorie et de pratique sur les methodes piscicoles, sous les conditions climatiques de l'Afrique tropicale. Il est aussi possible de suivre un cours approprie de la langue francaise a Bouake (Cote d'Ivoire).

On propose d'espacer sur une periode de trois ans, ces bourses d'etudes, valides six mois chacune, pour permettre au personne qualifie de s'integrer a l'interieur du Service piscicole.

1ere annee2 bourses
2eme annee2 bourses
3eme annee1 bourse

Couts

Estimation des couts tout compris 
chaque bourse d'etudes:dollars E.U. 15 000
total des couts75 000

4.4.3 Mise en place d'ecloseries de petites proportions

Le modele suivant avec evaluation des prix, n'apporte qu'un ensemble de directives et devra etre modifie suivant les exigences, la topographie et les ressources locales.

Buts

  1. Procurer une source de reproducteurs provenant des stocks selectionnes, pour les eleveurs situes a une distance facilement parcourue avec un moyen de transport. Une ecloserie avec une surface d'eau totale d'environ 35 ares pourra produire entre 100 000 et 200 000 alevins par an, ce qui equivaut, d'apres les normes d'approvisionnement, a environ 4 a 10 ha d'etangs pour la production.

  2. Amenager des centres de demonstration pour la vulgarisation des methodes appropriees a la construction d'etangs, et des methodes de gestion.

  3. Creer un centre pour des sources d'information et de communication entre les services de vulgarisation et les eleveurs.

Conditions requises de base pour chaque ecloserie

  1. 10 etangs de geniteurs et d'alevins en emplacement individuel de 1 a 3 ares chacun.

  2. 5 etangs de production pour la demonstration, de 2 a 5 ares chacun.

  3. 5 reservoirs-viviers d'environ 4 m3 chacun.

  4. logement pour un directeur et un assistant d'ecloserie.

  5. magasinage pour entreposer l'equipement et le materiel de petite taille.

  6. une camionette a 4 roues motrices de 0,5 a 1 tonne

  7. une motocyclette legere

  8. equipement secondaire (filets, balances, recipients) etc.

Couts

Depenses en capital

Les couts reels de construction varieront de region en region, suivant la disponibilite de la main d'oeuvre, des frais de transport, etc. On ajourtera les couts detailles aux estimations suivantes, apres avoir effectue une identification des lieux et avoir evalue la disposition de l'ecloserie.

Construction d'une ecloserie

Surface totale d'eau de 35 ares (y compris les canaux, les reservoirs, etc.) @ 200 h.j./are @ $3.00/h.j.
$21 000
Logement
 
2 × logement pour le directeur et un assistant (cout total)
$70 000
Magasin
 
1 unite
$25 000
Equipement
 
Vehicules
 
1 × 1 camionette aux 4 roues motrices d'l t$13 500
1 × 1 Motocyclette$ 2 000
TOTAL DES DEPENSES EN CAPITAL$146 500
COUTS ANNUELS FREQUENTS 
Salaires du personnel 
Directeur de l'ecloserie$3 500
Directeur-adjoint$2 000
Manoeuvres (2)$1 000
Gardien$ 500
TOTAL DES FRAIS DE PERSONNEL ANNUEL$7 000
Frais de revient des vehicules 
Camionette 20 000 km @ FBU 100/km$17 000
Motocyclette 10 000 km @ FBU 30/km$ 2 500
TOTAL DES FRAIS DE REVIENT DES VEHICULES$19 500
Frais d'entretien generaux @ 10% des depenses en capital$14 650

NB: Pour les extras en nourriture complementaire, il faut prevoir une somme de $3 000. On pense pouvoir garder au minimum l'alimentation en nourriture complementaire, afin de preserver le but ‘demonstratif’ de ces centres.

4.4.4 Reconversion de l'ensemble abritant les etangs d'elevage

Buts

  1. Mettre en place un Centre piscicole national, pour subvenir a l'amenagement piscicole a travers le pays en:

  2. Amenager des locaux pour le Service de formation de l'ITAB.

Conditions requises

Pour la reconversion du centre, il est necessaire de preparer tout un ensemble de programmes, comprenant une identification, une planification et des plans du projet.

Il est projete de lancer le dernier vers le debut de la deuxieme moitie du premier programme de cinq ans.

Un specialiste avec des annees d'experience en aquiculture tropicale serait employe pour une periode de 3 mois, pour organiser le document et les preparatifs du projet.

Couts

3 mois-homme$25 000

4.5 Aide-memoire; Sous-secteur de la Pisciculture

Elements de base

La dense population rurale du Burundi depend principalement de la production provenant des recoltes variees de petites proportions. Les niveaux actuels de consommation de proteines animales sont insuffissants et le poisson produit par les pecheries de captures du lac n'est pas toujours a la portee d'une grande partie de la population. En integrant la pisciculture de petites proportion dans le systeme agricole traditionnel, on pourrait remedier a la penurie de proteines animales.

Lorsqu'on considere le manque d'aliments de toutes sortes (et la concurrence pour l'approvisionnement disponible, avec les autres formed d'elevage d'animaux), il serait bon de faire usage du compost, dans les systemes d'ensemble d'un apport faible. L'idee d'utiliser du compost se pratique deja en agriculture.

Les temperatures basses, plus particulierement en haute attitude, et l'acidite de l'eau, sont des facteurs de reduction des niveaux de production (compare a d'autres regions tropicales), mais ils ne posent pas de contraintes considerables.

La situation actuelle

Depuis les deux dernieres annees, l'Administration provinciale a renouvele l'interet pour la pisciculture, en encourageant la construction d'etangs de familles, de cooperatives et de communautes. Les resultats sont promettant, car ils prouvent que le paysan montre un interet considerable pour la pisciculture; a n'en pas douter, la consequence de demarches intermittente de la part des autorites durant ces 30 dernieres annes. Seulement, les amenagements n'ont pas ete realises a l'interieur d'un programme d'ensemble a long terme, en particulier. La plupart de ces demarches sont prematurees, car les etangs sont mal concus et mal construits, et peu de services auxiliaires sont a la portee des eleveurs futurs, y compris l'approvisionnement en reproducteurs. On devra remedier a la situation avec urgence, si l'on ne veut pas que le Burundi ne subisse de nouveau un echec dans l'amenagement de ses ressources piscicoles.

Les activites d'amenagement

Le Departement des eaux et forets, par l'intermediaire de ses Services des peches et de la pisciculture, ne possede pas sur le terrain de specialiste pisciculturiste avec des annees d'experience. Il y a une bonne participation du personnel existant, dans le Programme de pisciculture du Corps de la Paix americain, initie recemment, et dans les activites du CECI dans la province de Ruyigi; cependant, mis a part l'amenagement non-planifie, qui decoule des efforts communs des administrations provinciales et communales, pratiquement toutes les activites d'amenagement piscicole au Burundi se resument par le travail de ces deux organisations: un seul etang de l'ensemble d'etangs abandonne a Karuzi, que la NGO italienne est en train d'amenager.

Les activites provinciales et communales

L'encouragement offert par les administrations provinciales et communales, a fait qu'un grand nombre d'etangs ont ete construits par des particuliers et des groupes. Ces amenagements ont de l'avant ces deux dernieres annees, sans structure pour l'amenagement naturel, ni normalisation des methodes de construction, ou avec peu de consideration pour des methodes optimales de l'elevage de poissons. Peu d'expertise en vulgarisation est disponible pour beaucoup de ces unites.

Programme piscicole du Corps de la Paix americain

Ce programme debuta il y a approximativement deux mois avec le placement de six conseillers techniques du CP dans 4 provinces (Bujumbura, Muramvya Kanyanza, Ngozi). Ces conseillers du CP assurent les services de vulgarisation pour les etangs deja en place, encouragent la construction d'autres etangs, et contribueront a l'approvisionnement en reproducteurs et a l'apport de services de conseils pour la suite des operations. Ajoute a cela, les etangs de production de geniteurs a Mwisale sont en train d'etre reconvertis et les cycles de production ont commence. Il est prevu de continuer ce programme jusqu'en 1991, avec le placement de cinq volontaires supplementaires en 1986.

Centre canadien d'etudes de cooperation internationale (CECI)

Le CECI a construit des etangs de demonstration; cette activite fait partie de son programme d'amenagement rural dans la province de Ruyigi.

Communita Impegno Servizio Volontariato (la NGO italienne)

Cette organisation a apporte ses conseils techniques a une cooperative en train de reconstruire un des etangs abandonne faisant partie de l'ensemble des etangs a Karuzi.

Les strategies pour l'amenagement piscicole

En vue des besoins specifiques et des ressources disponibles, la mise en place d'etangs de petites proportions avec des apports faibles, et dont les familles en “groupes” en sont les proprietaires, devrait etre la motivation dynamique de l'amenagement piscicole. Le but a long terme sera d'integrer dans le systeme agricole adopte, la creation d'une tradition de pisciculture, qui produira des recoltes satisfaisantes, sans l'utilisation d'apports provenant de l'exterieur, et qui progressivement ne dependra plus des sources exterieures de reproducteurs. La pisciculture n'aura du succes qu'en etablissant une tradition d'auto-suffisance, capable de maintenir son essor avec peu d'apports exterieurs.

Tous les conseils de vulgarisation, demonstrations, etc. devraient porter l'accent sur la marche a suivre la plus simple, la moins chere et la moins laborieuse, a toutes les etapes de la pisciculture, c'est-a-dire de la construction a la recolte.

Apercu des recommandations pour la mission

a) La mission offrira une strategie detaillee a court et a long termes, pour l'amenagement piscicole a travers le pays, qui sera integree dans la structure de l'Agence nationale d'ensemble, et de l'amenagement agricole.

Parmi les facteurs a considerer se trouvent:

b) Les projets identifies par la mission comprennent:

1. L'Assistance technique

2. Centres piscicoles de petites proportions

Projet pour la conception des plans et le financement de la mise en place des petites centres d'alevinage de geniteurs, et du centre Karuzi.

3. Reconversion du Centre piscicole de Karuzi

Projet pour la conception des plans et le financement de la reconversion de l'unite piscicole de Karuzi, en Centre piscicole national.

4. Bourses d'etudes

Des bourses d'etudes seront offertes a l'encadrement au personnel avec des annees d'experience du Centre Minagri pour leur permettre de suivre un cours de pisciculture des centres appropries a l'etranger.

TABLEAU: PROGRAMME PROPOSE DE 10 ANS POUR L'AMENAGEMENT PISCICOLE AU BURUNDI

  1. CREATION DE L'INSTITUTION

    1. Reorganisation de la base administrative
    2. Mise en place d'un centre de formation professionnelle
    3. Formation d'un encadrement
    4. Formation des agronomes
      1. formation nouvelle du personnel sur le terrain, deja etabli
      2. mise en place de cours de formation pour un personnel nouveau
    5. Mise en place d'un Centre piscicole national

  2. TRAVAUX DE VULGARISATION

    1. Programme piscicole du Corps de la Paix americain
    2. Mise en place des ecloseries
    3. Amenagement d'un Service piscicole et de Services de vulgarisation

  3. APPORTS IDENTIFIES DU PROJET

    1. Mise en place d'ecloseries
    2. Mise en place d'un Centre piscicole national
    3. Bourses d'etudes
    4. Assistance technique

TABLEAU DE PLANIFICATION. SERVICE PISCICOLE PROPOSE

Service piscicole
Responsabilites
1 × Chef de service
Directement responsable sous le Ministere de l'agriculture et de l'elevage pour une politique et une stragegie nationales de pisciculture, et pour le fonctionnement journalier du Service.
Departement technique et de vulgarisation
1 × agronome A1/A2Directement responsable sous le Chef de Service pour:
 a. l'evaluation des offres pour les amenagements piscicoles a travers le pays, y compris les offres internationales, bilaterales et de l'ONG.
 b. liaison avec le Programme piscicole du Corps de la Paix americain.
 c. liaison avec les autorites de l'education et aide a la preparation du materiel, des programmes pour les cours de formation, etc. pour les agronomes de commerce, les animateurs, etc.
Departement des centres piscicoles
1 × agronome A1/A2Directement responsable sous le Chef de Service pour les programmes des Centres d'alevinage
5 × agronomes A1/A4Directement responsable sous le Chef de Service pour le fonctionnement, le bon maintien et les programmes de production journaliers pour les cinq centres d'alevinage proposes

Centre piscicole national

Ce centre fera partie d'un projet d'amenagement separe, qui comprendra la formation du personnel aux niveaux et au nombre voulus.

Departement du Service administratif

Personnel de Secretariat et de service administratif pour l'appui au travail du service piscicole.

Note

A present, trois membres de personnel avec des annees d'experiences sont disponibles a la Sous-direction des peches et de la pisciculture. Parmi eux, un a recu une formation pour les methodes piscicoles, un autres des fonctionnaires avec des annees d'experience et une formation en pisciculture est du Ministere de l'agriculture et de l'elevage, mais ne travaille pas a la Sous-direction.


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