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PREMIERE PARTIE
ANALYSE DES SECTEURS DE LA PECHE ET DE LA PISCICULTURE AU BURUNDI (continu)

6. LES LACS DU NORD

6.1 Introduction

6.1.1 Le cadre géographique

Les cinq lacs du Nord font partie du bassin du Nil et sont situés dans la vallee de la Kanyaru-Nyabarongo-Kagera. Les caractéristiques principales de ces lacs sont données dans le tableau suivant:

Nom du lacAltitudeSuperficie (ha)TotaleBurundaise
Rwero1.32410.200  8.000
Cohoha1.351 7.8506.125
Kanzigiri1.324   750  750
Rwihinda1.330   340  340
Gacamirinda1.310  250  250
Superficie19.390  15.465 

6.1.2 La production potentielle de l'ensemble des lacs du Nord

La production potentielle des lacs du Nord a été évaluée (Bureau Courtoy, 1979) de la façcon suivante:

 Surface au Burundi (ha)Potentiel (t)
Rwero8.000 600 à 800 
Cohoha6.125 460 à 615 
Kanzigiri  790  56 à 75
Gacamirindi  290   19 à 25
Rwihinda  340   34 à 42
TOTAL15.465  1.170 à 1.557

L'avis de la mission, basé sur notre visite et sur les études hydrobiologiques effectuées dans le passé, est que le potentiel a été largement surestimé par ce bureau.

Le potentiel exploitable devrait être autour de 700 t/an, sur une base estimée de 400 t/an pour le Rwero, 200 t/an pour le Cohoha et 100 t/an pour l'ensemble des autres lacs.

6.2 Le lac Cohoha

6.2.1 Aspects hydrobiologiques

A. Morphologie du lac

Les aspects hydrobiologiques des lacs Cohoha et Rwero ont été analysés par R.B. Kiss (1977). Par conséquent, cette partie de l'étude sectorielle est une synthèse de son rapport.

Le lac a une forme allongée et très découpée; en fait, ce lac est composé de huit bras plus importants et d'autant de plus petits rattachés à un couloir central. Les côtes sont souvent élevées et abruptes et le fond dur. Le nombre de plages est assez limité. Le développement côtier est de 227 km; 63 km de côtes rwandaises et 167 km de côtes burundaises. La profondeur en général est comprise entre 8 et 10 m dans la partie sud pour remonter de 7 à 5 m dans la partie septentrionale.

Vu la forme extrêmement découpée du lac, il est difficile de donner un chiffre exact pour la profondeur moyenne et pour le volume d'eau.

B. Le milieu physico-chimique

Thermométrie

Pendant les jours ensoleillés, la température des trois premiers mètres est de 2 à 3° C plus élevée et varie entre 24 et 27° C.

Conductivité

L'eau de Cohoha est suffisamment chargée d'ions : de 450 à 600 ymhos.

Transparence

La transparence est élevée : 0,70 - 0,8 m. Ceci ferait penser à une faible concentration de phytoplancton.

Ph, alcalinité, CO2, cations et anions

Le pH varie entre 9 et 8,5 ; l'alcalinité est de 2,5 - 2,8. Le CO2 équilibré et libre existe jusqu'à 5/6 m de profondeur.

La durée totale est de 8,45 français. Parmi les anions, c'est la quantité de CO3 - HCO3 qui est la plus importante.

L'oxygène dissout

Le lac Cohoha subit une stratification pendant les saisons des pluies et souvent ses derniers mètres sont dépourvus d'oxygène.

Le plancton

Le phytoplancton et le zooplancton sont pauvres en espèces et en quantité.

C. Principales espèces de poisson

Les principales espèces commerciales sont représentées par trois Tilapia (nilotica, variabilis, esculenta) deux Haplochromis, un Clarias et un Synodontis.

6.2.2 Production potentielle

La production potentielle du lac a été évaluée de 460 t à 615 t/an (Bureau Courtoy, 1979).

Dans cette hypothèse, les eaux du lac seraient largement sous-exploitées.

Cependant, il resterait à expliquer la raison pour laquelle le nombre de pêcheurs est très réduit par rapport au lac Rwero, malgré que le marché principal de la région se trouve plus proche au lac Cohoha, et l'effort de pêche peu rentable (d'après les statistiques de la coopérative 0,8 kg/jour/pêcheur).

L'avis de la mission est le suivant :

Les éléments suivants viennent en appui de cette thèse :

On estime qu'une étude hydrobiologique approfondie sur les eaux du lac serait extrêmement utile avant de lancer des programmes d'exploitation plus intensive de ses ressources.

6.2.3 Les pêcheurs

Le nombre estimé de pêcheurs du lac Cohoha est de 100 personnes, dont 50 au Burundi et 50 au Rwanda. Les pêcheurs du Burundi pratiquent également l'agriculture et doivent être considérés comme des pècheurs à mi-temps. Deux coopératives constituées respectivement par 16 et 11 pêcheurs, encadrent une bonne partie des pêcheurs du lac. La principale raison d'association est représentée par l'utilisation de deux sennes de plage achetées à crédit aux coopératives.

Les autres unités de pêche vivent une vie autonome basée sur un individualisme accentué.

6.2.4 Méthodes de pêche et approvisionnement en équipement

A. Les méthodes de pêche

Le nombre d'engins de pêche est pratiquement limité aux sennes de plage et aux filets maillants dormants. Compte tenu du nombre réduit de plages et de la profondeur de l'eau, la diffusion des sennes est automatiquement limitée.

Les filets dormants sont à mailles de 3 pouces et d'une longueur de 25–50 m. L'obstacle principal pour la diffusion de ces filets est représenté par les vols d'équipement, qui obligent les pêcheurs à contrôler continuellement leurs filets.

B. Approvisionnement en équipement

Les filets maillants se trouvent facilement dans les marchés locaux: les filets de 100 m à 26 mailles sont vendus à 700 FBu.

Par contre, le matériel pour les sennes se trouve avec difficulté au Burundi

Les prix des pirogues varient entre 5.000 et 6.000 FBu.

6.2.5 La production

On estime la production du lac Cohoha à 50 t/an, en raison d'une tonne/an/pêcheur. Il s'agit d'un montant assez faible par rapport au potentiel exploitable.

Cependant, les raisons évoquées dans la partie hydrobiologique nous portent à croire qu'il pourrait s'avérer difficile de développer une pêche plus importante et rentable à cause de la possible faible densité du poisson dans le lac.

6.2.6 Le traitement

Le poisson du lac Cohoha est, pour l'essentiel, vendu frais sur les marchés locaux.

Les quantités fumées sont par conséquent infimes.

6.2.7 La commercialisation

La production du Cohoha est vendue à Kirundo et dans les marchés voisins. Le prix pratiqué par les coopératives est de 120 FBu/kg/tilapia. On a constaté que l'écoulement du poisson est lent, soit à cause du prix qui reste élevé par rapport au pouvoir d'achat des consommateurs, soit à cause des habitudes alimentaires de la population.

6.3 Le lac Rwero

6.3.1 Aspects hydrobiologiques

A. Morphologie du lac

Le lac Rwero en réalité est une surface d'eau libre à la forme et aux contours perpétuellement changeants. Toutes les parties nord, nord-est et nord-ouest sont pratiquement situées en territoire rwandais. Elles ont des rives limitées par l'immense étendues marécageuses, de papyrus. Les côtes sont mieux dessinées du côté du Burundi et les bordures de papyrus sont plus minces et plus rares.

Une armada d'îles flottantes groupées en général par deux ou trois se déplace régulièrement sous le régime du vent N.E., en direction de la zone Nyabarongo-Kagera-Lac vers les côtes S.O. La superficie du lac est d'environ 100 km2 dont 80 km2 pour le territoire burundais. La longueur maximale est de 18 km et la largeur maximale de 14.5 km. La profondeur maximale est de 3,9 m et la moyenne de 2,1 m. Le volume d'eau peut être estimé à 210 × 10 m3.

B. Le milieu physico-chimique

Thermométrie

La température de l'eau est influencée par la température de l'air qui est extrêmement variable. En février à 16 heures la température moyenne de l'eau était de 23° C, pour décroître à 22,5 C à 1,0 m et devenir constante à 21,7° C à 2,0 et 3,0 m.

Conductivité

La conductivité indique une faible concentration en électrolytes : elle est de 156 ymhos à 0 m, 157 à 1 m et 158 à 3 m de profondeur.

Transparence

La transparence est faible, à savoir 0,3 m, ce qui indique une grande concentration de plancton, surtout végétal. Il faut cependant tenir compte de l'influence importante de la quantité élevée des matières en suspension due aux ruissellements pendant les saisons des pluies, et la présence d'une biomasse importante de papyrus.

pH et alcalinité

Le pH subit un changement important en rapport avec la profondeur pourtant insignifiante. En surface, le pH était de 8,8 en passant de 8,1 à 1 m et de 7,5 à 3 m près du fond. L'eau reste donc alcaline jusqu'au fond.

L'alcalinité est faible, à savoir : 1,5 ml de n/10 Cl en présence de méthylorange.

Cations

La quantité des sels alcalino/terreux est de 4,45 français. Il est important de remarquer l'absence du Fe, tout comme au lac Cohoha.

Anions

La teneur en CO3 - HCO3 est élevée.

Oxygène dissout

L'eau du lac Rwero est bien oxygénée. En surface et jusqu'à 1 m de profondeur on trouve 120 à 150 % d'oxygène en saturation pour en rester de 70 à 90 % au dessus du fond.

Plancton

Le plancton est pauvre du point de vue des espèces mais il est abondant surtout en phytoplancton, dont la densité s'accroît pendant les saisons des pluies.

C. Principales espèces de poisson

Les principales espèces commerciales sont représentées par les Tilapia (variabilis, esculenta et rendalli) qui trouvent une nourriture abondante dans ce lac : vase organique avec bactéricides phyto et zooplancton en abondance, débris végétaux et insectes qui forment un ensemble varié et bien équilibré. On signale, en outre, les Clarias et les Synodontis.

6.3.2 Production potentielle

La production potentielle du lac a été estimée (Bureau Courtoy, 1979) entre 600 et 800 t/an. Il nous paraît que ce chiffre est très élevé, surtout à cause “du nombre restreint de plages indispensables pour la reproduction de certaines espèces de tilapia” (Kiss, 1977). L'avis de la mission serait d'un potentiel exploitable d'environ 400–500 t/an.

6.3.3 Les pêcheurs

Neuf camps de pêche hébergent à peu près 250–300 pêcheurs dont 200 burundais et 100 rwandais. La plupart des rwandais pêchent, au Burundi car les côtes burundaises sont plus dégagées de papyrus. D'après les informations reçues, il s'agit de pècheurs-agriculteurs, la pêche occupant la plupart du temps de travail. La surface de 100 km2 du lac est plutôt un chiffre cartographique car en réalité on ne pêche que sur les trois quarts de sa superficie. Certaines zones ne sont pas fréquentées par les pêcheurs à cause des îles flottantes poussées par les vents. On peut donc pratiquement compter six pêcheurs par km2 ce qui est suffisant pour le lac Rwero et il faudrait éviter que ce chiffre n'augmente.

Vingt-six pêcheurs sont membres de deux coopératives et utilisent les sennes de plage.

6.3.4 Méthodes de pêche et approvisionnement en équipement

A. Méthodes de pêche

Les engins les plus utilisés sont les filets maillants dormants et les sennes de plage.

On signale des vols assez fréquents des filets dormants qui rendent problématique l'utilisation de cette technique.

B. Approvisionnement en équipement

Les filets maillants se trouvent facilement dans les marchés locaux; par contre, il est difficile de trouver le matériel pour les sennes.

6.3.5 La production

On estime que la production du lac Rwero est d'environ 350–400 tonnes/an sur une base de captures de 7 kg/jour/pêcheur × 200 jours de pêche, soit une production de 1,4 tonnes/an/pêcheur. Dans ce cas, les captures seraient en équilibre avec le potentiel exploitable du lac.

6.3.6 La réfrigération et le traitement

A. Réfrigération

Une chaîne de froid a été développée du côté rwandais du lac pour commercialiser une partie de la production à l'état frais à Kigali.

B. Fumage

Une partie négligeable de poisson est fumée sur place dans les camps et vendue aux commerçants qui la transportent sur les marchés éloignés.

6.3.7 La commercialisation

Une partie importante de la production du lac, estimée par Kiss à 70% des captures, est vendue au Rwanda, à cause soit de l'organisation commerciale réalisée au bord du lac, soit de la proximité des centres importants de consommation dans ce pays. Au Burundi, le prix payé au pêcheur est d'environ 50 FBu/kg, tandis que le prix aux consommateurs est d'environ 100 FBu/kg.

7. LA PISCICULTURE AU BURUNDI

7.1 Introduction : Historique de la Pisciculture au Burundi

L'aquiculture fut introduite à l'époque du protectorat Ruanda-Urundi à l'époque, par l'Administration coloniale belge, au début des années cinquante. Les méthodes européennes employées par les éleveurs de carpes et d'anguilles, de l'époque, furent modifiées. Elles furent caractérisées par l'utilisation de systèmes extensifs et la création de vastes étangs individuels, dont la taille variait généralement entre 0.25 ha et 0.50 ha. Moines, canalisation et autres, étaient construits en briques ou en béton. La vulgarisation reposait sur un système d'écloseries pour la distribution des alevins aux éleveurs. Celles-ci servaient aussi à la formation professionnelle du personnel sur le terrain.

Différentes espèces de Tilapia étaient à la base de toute production. On estimait à 352 le nombre d'étangs construits au Burundi bien qu'en 1966, un seul restait en service (Meschkat, 1967).

Chez les paysans, le manque d'autosuffisance, et donc la dépendance excessive sur la vulgarisation pour des apports tels que matériaux de construction, alimentation, alevins et les conseils pratiques, étaient la cause de ce déclin. Lorsque ces services ne furent plus disponibles, les travaux d'aménagement s'arrêtèrent. Ajouté à cela, l'expansion forcée d'un programme de développement, mis en place et dirigé par un service de direction forcé d'accroître au maximum les étangs et les superficies cause probablement du recrutement de nombreux paysans très peu motivés, et des faibles niveaux de production observés et de la mauvaise gestion des étangs.

Le Centre piscicole de Karuzi, le plus important au Burundi, a été achevé en 1952, fonctionna normalement jusqu'en 1959, puis fut rapidement abandonné. De 1960 à 1972, le Centre demeure quasiment abandonné à l'exception de quelques brèves et infructueuses tentatives de relance. En 1972, l'AIDR belge (Association Internationale pour le Développement Rural) relance le Centre et la production reprit. Bien qu'aucun rapport de projet soit disponible, il semble que le niveau de production soit resté très faible et que l'essentiel des activités de production aient cessées après la fin du Projet AIDR en 1974.

En 1977, le Gouvernement tente de nouveau de relancer le Centre. La production de poisson reprit en 1978 mais en février 1978, les fonds nécessaires furent retirés, conduisant à un nouvel abandon du Centre.

En 1980, quelques étangs étaient encore pleins mais non approvisionnés, et en 1984, tous étaient secs et donnaient des signes de détérioration structurale. Aucune autre activité piscicole ne semble avoir eu lieu, jusqu'à celle démarrée récemment et décrite ci-dessous.

7.2 Les Activités Piscicoles en Cours

Après l'échec de plusieurs tentatives pour la mise en place d'une pisciculture et son intégration dans le système agricole national, il semblerait que le Gouvernement y apporte de nouveau de l'intérét; en conséquence, des étangs individuels, de familiaux et coopératifs se sont construits.

Au Burundi, il y a trois initiatives principales en cours pour le développement de la pisciculture :

7.2.1 Les initiatives prises en province

Depuis un an, un an et demi, de nombreux services administratifs provinciaux ont montré une activité considérable pour la promotion de la construction d'étangs d'élevage. Il n'y a, cependant, aucune coordination dans le déroulement de ce programme, et parmi les nombreux étangs, construit sur la base du travail communautaire, quelques-uns sont très mal concus et très mal situés. Dans beaucoup de cas, les méthodes de gestion et les apports en main-d'oeuvre n'ont pas été pris en considération ou planifiés en détail. De plus, il n'existe ni reproducteurs, ni services auxiliaires. Il est fort probable que sur cette base l'intérêt se dégrade peu à peu, et que cette tentative d'introduction de la pisciculture chez les paysans échoue une fois de plus.

Il existe peu d'expertise technique disponible en méthodes piscicoles ou en génie aquacole au niveau du Service administratif provincial, et les aménagements en question se déroulent sans aucune supervision de la Sous-direction des pêches et de la pisciculture, et sans référence à aucune politique nationale d'ensemble pour la normalisation des méthodes et des techniques.

7.2.2 Le Programme piscicole du Corps de la Paix américain

Le Corps de la Paix américain, sous le contrôle de, et en collaboration avec la Sous-direction des pêches et de la pisciculture et financé par le Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage et par USAID, a mis en route un programme d'aménagement piscicole dans quatre provinces (Kayanza, Ngozi, Muramvya et à Mwisale dans la province de Bujumbura). Les provinces de Kayanza Ngozi et Muramvya ont été choisies parce qu'elles représentent les régions du pays les plus peupiées, tandis que Mwisale a été sélectionné pour la mise en place d'un Centre de production des alevins, basé sur un ensemble de petits étangs d'élevage existants.

Le programme en arrive au terme des deux premières années de ce qui à l'origine a été conçu comme un programme d'activité de six ans. L'équipe actuelle est composée de six volontaires et on prévoit que cinq volontaires supplémentaires seront sur le terrain avant 1987.

Le Programme piscicole du Corps de la Paix américain fonctionnera avec l'aide d'éleveurs sélectionnés et motivés, pour former des groupes possédant une connaissance des méthodes de base nécessaires à la construction des étangs d'élevage, et capables de faire de l'élevage piscicole à partir de techniques très simples avec un minimum de supervision de la part des services de vulgarisation, des Centres pour l'élevage des reproducteurs, etc.

L'Annexe V indique la technologie simple qui est la base de la vulgarisation du Programme du Corps de la Paix américain. A l'intérieur de ce programme, il est techniquement conseillé de faire adopter cette façon de faire par chaque fermier, ou bien par de petites coopératives qui n'auraient pas plus d'un membre de coopérative pour chaque are de surface d'eau.

Ce programme piscicole est le seul programme coordonné pour l'aménagement piscicole, actuellement en cours au Burundi.

7.2.3 Les initiatives bilatérales et non-gouvernementales de petites proportions

Centre canadien d'études et de coopération Internationale (CFCI)

Dans la communauté de Butaganzwa dans la province de Ruyigi, le CECI apporte son appui à un projet d'améeragement rural intégré comprenant deux étangs de démonstration (ensemble des superficies d'eau, approx. 8 ares). Le CECI est aussi en train de prendre en considération la recherche de financement pour la mise en place d'un certain nombre de centres de petites proportions pour la production de reproducteurs.

Programme suisse d'appui pour l'aménagement communal (PADC)

Le PADC s'occupe du projet d'aménagement rural à Mwisale, en province de Bujumbura. Ce programme soutient aussi par son aide financiére, le Programme du Corps de la Paix américain pour le relancement de l'ensemble piscicole à Mwisale comme centre d'alevinage.

Communita Impegno Servizio Volontariato (italie)

A l'intérieur de son programme d'aménagement rural, cette organisation a inséré la reconstruction d'un des étangs situés au Centre de pisciculture abandonné, à Karuzi. Cette tàche est accomplie sous la supervision du Service d'études et des projets coopératifs du Gouvernement du Burundi. Ce dernier a aussi formulé das projets pour la reconstruction totale de l'ensemble préparés en dehors de toute considération de planification nationale d'ensenble.

7.3 Le Potentiel et les Contraintes pour une Pisciculture au Burundi

7.3.1 Les possibilités techniques

La température

Les emplacements offrant un potentiel pour les ésangs d'élevage se situent généralement à des altitudes comprises entre 1,500 m et 1 800 m.

Les températures sont généralement plus basses que celles enregistrées durant les opérations piscicoles en Afrique tropicale. Les températures de l'eau peuvent varier entre 18 °C et 28°C sur la plupart des emplacements disponibles, et bien que cet écart de température soit inférieur à la norme optimale pour les Tilapia nilotica, ce qui implique un taux d'accroissement plus bas et des niveaux de production d'ensemble plus bas, on a découvert qu'en réalité, des cycles de croissance de neuf mois donnaient des récoltes acceptables (voir Annexe F).

Les ressources hydrologiques

La plupart des provinces situées au centre et à l'ouest du pays, ont un ample approvisionnement d'eau, provenant des ruisseaux avec un débit relativement constant toute l'année. Cette eau est généralement basse en pH, variant entre pH 5.5 et pH 6.5. Les variations de pH de courte durée peuvent être élevées, dues à une faible concentration des minéraux dissouts (conductivité < 100 ymhos), et à la pauvre capacité concomittante d'équilibrage ionique de l'eau (voir Annexe F).

Bien que la qualité de l'eau soit inférieure à la norme optimale pour la pisciculture, l'expérience au Rwanda (où les conditions sont très semblables à celles du Burundi) montre qu'en réalité, pour les étangs qui ont atteint leur maturité (avec si nécessaire l'usage de la chaux), le contenu faible en pH de la source ne présente pas un problème considérable.

Les niveaux de production

Bien que les niveaux de production dépendront largement des niveaux de compétence de l'encadrement et des paysans, l'expérience montre que, localement, avec les Tilapia nilotica, on peut s'attendre à des récoltes de 500 kg à 1.500 kg/ha/an, à partir d'un cycle de production de neuf mois. On peut envisager que le gros du poisson récolté, consistera en poissons pesant chacun entre 150 gr et 300 gr.

7.3.2 L'attitude des fermiers

Toute discussion sur les possibilités de mise en place d'une pisciculture au Burundi, doit prendre en considération un passé d'échecs encourus durant les tentatives précédentes, qui étaient d'encourager les paysans à faire de l'élevage de poissons.

Comme on l'a dit dans le paragraphe 7.1, l'administration coloniale tentait pour la première fois d'introduire la pisciculture au début des années cinquante. En général, les méthodes utilisées et l'échelle des projets exigeaient une trop grande consommation de matériaux extérieurs et chers, et nécessitaient un personnel compétent pour les services auxiliaires. Les éleveurs étaient donc forcés de s'en remettre aux mains d'une infrastructure relativement compliquée, avec un composant d'expatries. Avec le retrait de cet appui, les éleveurs ne pouvaient pas maintenir un mouvement d'expansion indépendant, et la pisciculture fut vite abandonnée.

L'impression qui en ressort, et qui se vérifie par les expériences vécues dans d'autres pays de l'Afrique tropicale, est que l'imposition de méthodes d'élevage, -(sans que pour cela l'éleveur puisse vraiment apprécier la valeur de la marche à suivre et des systèmes d'élevage qu'il utilise)-, font que ces méthodes sont rapidement abandonnées, lorsque les autorités n'apportent plus leur soutien effectif à ces activités.

Il en découle que la pisciculture ne pourra être introduite avec succès, que si elle est basée sur l'autosuffisance, avec des méthodes qui conviennent aux capacités et aux ressources des paysans, pour lesquels la pisciculture ne sera au début qu'un seul volet d'intérêt parmi d'autres. Comme pour les autres types de culture et d'élevage, les pisciculteurs ne devraient pas, à terme, dépendre d'une infrastructure gouvernementale d'appui, si peu d'apports financiers sont nécessaires, et que si le pisciculteur peut s'en remettre à lui-même pour son approvisionnement en intrants et en alevins, en particulier.

La pisciculture est techniquement à la portée des agriculteurs, et on peut supposer que les agriculteurs traditionnels pourront l'assimiler, au moins aussi facilement que les autres formes d'élevage, de plus les méthodes requises sont semblables à celles utilisées pour la production des récoltes. L'absence d'un besoin d'apports saisonniers et réguliers dans la pisciculture, avec des exigences de travail accomodantes, capables d'être intégrées à tout autre travail du cycle agricole, est d'une grande importance pour les paysans réalisant des cultures de subsistance intensives.

Le programme d'aménagement piscicole du Corps de la Paix américain considère la pisciculture comme faisant partie intégrale du système agricole traditionnel de petites proportions du pays. Dans la phase initiale, toute production ne comportera qu'une seule espèce de poissons (Tilapia nilotica) et toutes les méthodes de construction et de gestion seront aussi simples que possible.

Le compost sert à la fois de nourriture et d'engrais; cette façon de faire ressemble aux méthodes d'utilisation du compost récemment introduites, et que les éleveurs ont bien adoptées. Il faut préciser que cette technologie simple est aussi utilisée pour tous les étangs de démonstration, et les étangs réservés à la production d'alevins.

7.3.3 Les emplacements disponibles

N'ayant pas d'enquëte poussée sur le terrain, il n'est possible de généraliser que sur les emplacements disponibles, appropriés à la construction d'étangs d'élevage. La topographie du pays, avec ses collines à pentes raides et ses fonds de vallée plats, bien souvent marécageux, offre de nombreux emplacements, qui pourraient servir à la construction des étangs, et où il serait facile de superviser l'apport en eau et l'écoulement. Dans les régions de population élevée et donc avec des fermes plus petites, les éleveurs sont principalement intéressés par la construction d'étangs de plus grande dimension qui seraient gérés par un système de coopératives.

La construction des étangs peut être intégrée au programme d'écoulement d'eau et de gestion des fonds de vallée, pour une agriculture intensive. Lorsque la terre disponible subit moins de contraintes, le développement pourra porter sur les petits étangs et les étangs de familiaux.

7.3.4 Les apports en élevage piscicole disponibles la nourriture

Toute possibilité d'utilisation de produits alimentaires importés est exclue, à cause du niveau économique des paysans et des difficultés économiques du pays (en particulier la pénurie de devises étrangères). La production du poisson va donc déprendre de l'utilisation des déchets et des méthodes de fabrication du compost.

Les déchets disponibles, tels que ceux provenant des brasseries, des moulins, des usines à sucre et des abattoirs, sont cependant déja en grande demande, en tant qu'alimentation supplémentaire pour l'élevage d'animaux. Il n'y a apparemment aucun excédent de ces résidus sur le marché. Introduire la pisciculture comme autre forme d'élevage et comme concurrente pour ces residus ne serait donc pas acceptable.

La méthode de fabrication du compost (avec des enceintes de compost “fumiers” occupant 10% à 15% de la superficie d'un étang) est actuellement introduite, pour permettre aux paysans de se suffire à eux-mêmes. En procédant à la vidange des étangs, le reste du compost peut être récupéré et utilisé comme matière fertilisante de très haute qualité pour la terre.

Les méthodes de pisciculture intégrée, qui font partie de l'élevage d'animaux (tel que celui de porcs, de poules, de canards, etc.) seront aussi tout à fait appropriées aux besoins des éleveurs du Burundi. Cependant, il est bon de ne pas introduire cette façon de faire, avant que les méthodes piscicoles ne scient mieux connues, et que l'élevage de petits animaux ne se pratique sur une plus grande échelle.

A présent, il y a un manque considérable d'alevins, étant donné que les écloseries ne produisent pas. La demande provient déjà des étangs qui ont été construits pour faire partie du plan des autorités provinciales, et des éleveurs qui bénéficient maintenant du Programme piscicole du Corps de la Paix américain. Comme mesure de rattrapage, il sera peut-être nécessaire de distribuer un mélange inférieur d'espèces de Tilapia capturés à l'état sauvage, pour surmonter cette pénurie de départ. Des alevins de catégories sélectionnées pourront être distribués dans six mois environ, lorsqu'ils seront disponibles à l'écloserie de Mwisale. On attend des alevins provenant des reproducteurs d'une catégorie de Tilapia nilotica sélectionnée (classe “égyptienne”), et importée de l'Université d'Auburn aux Etats-Unis. Des indications montrent que cette classe d'alevins est en partie adaptée aux conditions climatiques créées par des températures basses, et il leur est; paraît-il nécessaire d'avoir une période de croissance plus longue, avant qu'ils n'atteignent le stade adulteet ne commencent à se reproduire. Si ces caractéristiques sont corrects sous les conditions climatiques du Burundi, et si elles sont maintenues chez les reproducteurs, cette classe sera tout à fait appropriée pour les conditions climatiques locales et pour les méthodes piscicoles actuellement introduites.

7.3.5 Les possibilités économiques pour une pisciculture de petites proportions

Schmidt et Vincke (1981) ont discuté en détail des possibilités économiques pour une pisciculture au Rwanda. Leurs impressions peuvent en général s'appliquer aux conditions climatiques du Burundi.

Ils remarquent que l'élevage de poissons sera probablement plus profitable à l'éleveur que la plupart des autres produits agricoles. Un étang familial de 5 ares, correctement géré et alimenté (avec un potentiel de récolte de 5 t/ha/an) devrait rapporter environ 5,000 FBu brut par an (aux prix de 1981). Il est donc possible à une famille rurale possédant un étang de 5 ares et utilisant les ressources disponibles locales, de se faire un salaire minimum de quelques 2,000 FBu par an et de disposer d'environ 45 kg de poissons pour la consommation familiale.

Au Burundi, il est admis qu'au départ, ces niveaux de production seront difficiles à atteindre, et les niveaux prévisibles pour les premières récoltes seront compris entre 0,5 et 1,0 t/ha/an. En améliorant les méthodes de gestion et les services auxiliaires, il sera possible aux niveaux de production d'atteindre facilement 1,5 t/ha/an, avec une bonne gestion des étangs.

Schmidt et Vincke (1981) suggèrent, après avoir fait des hypothèses pessimistes, que l'élevage piscicole devient profitable avec une récolte équivalente à 1,2 t/ha/an. Cette analyse tient compte d'un apport en alevins aux prix de FBu 10/kg, soit environ de 10 à 15% de la valeur du poisson.

8 LA COMMERCIALISATION ET LA CONSOMMATION DU POISSON AU BURUNDI

8.1 Ressources disponibles pour la consommation

En 1984, les ressources en poisson pour la consommation se répartissent de la façon suivante:

SourcesTotal (tonnes)
Production lac Tanganyika12.000  
Lacs du Nord  400
Autres plans d'eau    50
Ressources totales12.450 
dont exporté (70% production lac Rwero)- 210
Total disponible12.240 

8.2 Consommation du poisson dans le pays

En 1984, la population du Burundi était estimée à 4.500.000 habitants. Les ressources en poisson disponibles pour la consommation s'éléveraient à 2,7 kg par personne et par an. On sait que le seuil de carence pour le poisson est de 21 kg/an/habitant: le déficit par rapport au minimum recommandé est donc d'environ 19,3 kg/an/habitant.

8.3 Consommation par zones géographiques

On ne dispose pas de renseignements récents sur les ressources disponibles pour la consommation dans les différentes provinces du pays.

De toute façon, on remarque de grandes disparités dans la consommation du poisson au Burundi, comme le révèle le Tableau suivant:

CONSOMMATION DES PRODUITS FRAIS DE LA PECHE PAR ARRONDISSEMENT EN 1974

(Source : Atlas du Burundi)

ArrondissementConsommation (en kg/hab/an)
Bujumbura17,9    
Bubanza11,2    
Mwisale3,7  
Cibitoke2,5  
Gitega 1,25
Muramvya0,35
Kayanza0,08
Ngozi0,09

Depuis 1974, la situation présentée par ce tableau a évolué avec le développement de la production du poisson séché et fumé, ainsi qu avec l'amélioration des routes. Cependant, ce tableau reste toujours utile pour donner les grandes lignes.

On peut affirmer qu'à l'exception des zones riveraines du lac, de la province de Bujumbura, de Bubanza et des lacs du Nord, le poisson est rarement distribué à l'extérieur des principales agglomérations de chaque province. La population vivant loin de ces aggloméerations n'en reçoit que dans la mesure où elle s'y rend pendant les jours de marché. On a de bonnes raisons de penser qu'au cours de la période avril/mai - novembre/décembre, où la pêche est moins abondante, les livraisons faites à l'extàrieur de Bujumbura et des zones riveraines du lac diminuent brutalement. En ce qui concerne le règlement qui impose la livraison de toute la production industrielle au marché de Bujumbura, il constitue une des causes de la pénurie de poisson dans les marchés de l'intérieur : par conséquent, on estime que ce règlement devrait être éliminé.

8.4 Evolution des prix aux producteurs

L'essentiel de la production étant constitué de poissons pélagiques, l'offre et le prix du poisson varient fortement selon les différentes périodes de l'année.

Pendant la période de visite de la mission, le prix de vente en gros sur les plages variait entre 2.500 FBu et 4.000 FBu par caisse (40–45 kg) de Ndagala et entre 3.500 et 5.000 FBu par caisse de Mukeke. L'évolution des prix des principales espèces commerciales de 1932 à 1985 a été la suivante:

TABLEAU DE L'EVOLUTION DES PRIX MOYENS (Source : SUPOBU)

Espèce de PoissonPrix kg (FBu)
 1982198319841985
Ndagala88100100100
Mukeke133125116180
Tilapia222200300300
Lates276331300400

8.5 Les prix de détail

En général, l'augmentation du prix de détail varie entre 60 et 100% par rapport aux prix de gros.

Par conséquent, le poisson reste la source de protéines animales la plus économique du pays, le prix moyen de la viande (boeuf ou porc) étant d'environ 450 FBu dans le marché de Bujumbura. Malgré le bas niveau des revenus de la population, la demande de poisson reste donc élevée dans le pays.

9. ESQUISSE D'UNE STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DES PECHES

9.1 Les besoins en poisson

En 1984, la population du Burundi était de 4.500.000 habitants. La population du pays prévue pour l'année 2000 est de 7.200.000 habitants.

Sur une base théorique de consommation de 21 kg/an/habitant (seuil de carence), les besoins actuels en poisson seraient de l'ordre de 95.000 t/an et pour l'année 2000 de 150.000 t/an.

9.2 Les ressources nationales en poisson

Le potentiel du lac Tanganyika au Burundi a été évalué à 20.000 tonnes/an. Ce chiffre est cependant une moyenne technique, les stocks montrant de fortes variations naturelles. Le potentiel des lacs du nord et des autres plans d'eau du pays est d'environ 800 t/an.

Par conséquent, les ressouces nationales sont largement insuffisantes par rapport aux besoins en poisson de la population. Le développement de la production passe par les étapes suivantes:

9.3 Le système de production

La pêche se pratique à 3 niveaux différents:

9.4 La pêche industrielle et la recherche de sources de poisson à l'extérieur des eaux du pays

Il n'y a pas de problèmes spécifiques relatifs à la technologie utilisée par la pêche industrielle.

La réduction des captures des deux dernières années doit être imputée à la raréfaction des stocks de Ndagala qui semblent proches du maximum soutenable pour l'équilibre actuel.

Par conséquent, le développement de ce secteur de production passe nécessairement par des accords de pêche avec les pays voisins.

Cette situation entraînera une modification profonde de la structure de la pêche et des armements qui implique l'élaboration d'un programme à long terme et des études approfondies à savoir:

L'étude devra indiquer l'équipement et les investissements nécessaires pour réaliser cette reconversion. En même temps, on estime que le Gouvernement devra adopter les mesures suivantes dans le cadre d'un programme à long terme afin de promouvoir les investissements nécessaires:

9.5 La pêche artisanale - coutumière et la rationalisation de l'exploitation des ressources nationales

Les contraintes de la pèche artisanale sont nombreuses et peuvent être résumées comme suit :

On estime que, à part la première contrainte de cette pècherie, les autres problèmes de la pêche artisanale pourraient être en bonne partie résolus par une intervention à court et à moyen terme réalisée par un projet d'aménagement des pêches artisanales.

Ce projet devra donner son appui technique et matériel à la pêche coutumière aussi, car elle exploite des stocks qui ne sont pas pêchés par les autres unités.

L'amélioration technique de la pêche artisanale devrait permettre de rationaliser l'exploitation des ressources nationales en équilibrant les captures des Ndagala et des Mukeke.

9.6 Effets du programme à long et court termes sur les besoins en poisson du Burundi

Il est difficile de prévoir les quantités de poissons qui seront capturées par les unités industrielles dans le cadre du programme à long terme. Il s'agira de voir concrètement les types d'accord qui seront réalisés avec les pays voisins, le nombre d'unitées qui s'ajouteront, etc.

Il est certain que le potentiel du lac permet de couvrir les besoins actuels de la population en poisson. Les résultats exprimés par la rationalisation de la pêche artisanale et coutumière seront donc nécessairement limités à court terme. L'augmentation envisagée de la production est de l'ordre de 15–20%, soit 1.000 tonnes environ. Il s'agit d'une quantité limitée, mais qui doit être considérée importante dans la situation actuelle de carence de protéines animales dans le pays.

9.7 Programme à court et long terme pour l'administration des pêches

9.7.1 Programme à court terme

Le premier pas à franchir dans la réalisation du programme sera d'éliminer la SUPOBU. En méme temps, il faudra structurer la sous-direction des pêches qui aura toutes les responsabilités technico-administratives et promotionnelles du secteur.

Compte tenu de l'urgence de la relance du développement du secteur des pêches, le renforcement de la sous-direction fait l'objet d'un programme à court terme qui devra étre réalisé dans le cadre d'un projet.

Le renforcement sera effectué par la création d'une cellule de conception, d'exécution et de suivi du programme de développement qui sera formée de deux spécialistes internationaux qui travailleront en collaboration avec leurs homologues. Les tâches immédiates de la cellule seront la réalisation d'un plan général de développement des pêches et l'exécution du projet d'aménagement des pêches artisanales (programme à court terme). En même temps, la création d'un Comité des pêches pourrait faciliter les actions de planification et de mise en oeuvre des projets locaux.

9.7.2 Programme à long terme

Le plan général de développement des pêches représentera le cadre de référence pour la réalisation du programme à long terme. Il s'agit d'élaborer une stratégie ayant comme objectif principal l'augmentation soutenue de la production de poissons.

Cette stratégie aura des aspects politiques (accords de pêche avec les pays limitrophes, politique de promotion des pêches, etc.) et technique (création des infrastructures, reconversion des bateaux industriels, etc.) qui devront étre resolus en même temps. Dans ce contexte, qui demande une grande capacité de programmation, cette cellule sera l'organisme le plus directement chargé d'assister le gouvernement en matière de développement et d'aménagement des ressources halieutiques.

10. ESQUISSE D'UNE STRATEGIE POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA PISCICULTURE

10.1 La coordination des projets d'aménagement piscicole

Dans le secteur piscicole, l'aide reçue par les autorités du Burundi provient de différentes sources, et on peut penser qu'il en restera ainsi dans le futur immédiat. Les apports en aide ont normalement tendance à étre proposés comme des projets isolés, qui reflètent les stratégies de développement particulières des agences individuelles de financement ou d'exécution, ainsi que leurs méthodes préférées et leurs objectifs immédiats. Il est essentiel qu'un programme de développement suivi et détaillé, soit adopté, si l'on veut éviter toute situation inefficace et désordonnée. Il faut noter que les éleveurs futurs semblent déjà recevoir des conseils techniques contradictoires, voire même erronés.

Le Programme piscicole du Corps de la Paix américain représente actuellement la force dynamique principale du développement de la pisciculture. La politique de développement retenue par ce programme est celle d'une mise en place d'une pisciculture, située au niveau du petit paysan, et qui ne dépende qu'au minimum des apports extérieurs pour ses services auxiliaires. Ceci pourra se faire en conseillant les méthodes piscicoles très simples, d'apport et de coût faibles, et qui s'insèrent facilement dans la vie traditionnelle du paysan. Une fois ce type de pisciculture établi, il est possible d'introduire des systèmes techniquement plus compliqués et efficaces, lorsqu'ils représentent un avantage pour l'éleveur. (par exemple les élevages associés)

Un Programme piscicole national devra établir des lignes directrices de base pour un encadrement technique, qui permettra aux projets futurs de s'intégrer dans un système de développement normalisé et dûment planifié. Un tel programme devra être évalué et révisé à intervalles réguliers. Les organisations donnatrices éventuelles devraient être mises au courant des conditions de participation au programme le plus tôt possible.

Il sera nécessaire de rationaliser le double système de responsabilités actuel pour l'aménagement piscicole à travers le pays. Ce système a déjà eu les conséquences défavorables, décrites ci-dessus, et pourrait amener à une perte de motivation qui réduirait l'effet des efforts de vulgarisation futurs. Les démarches de la part des autorités provinciales sont prématurées, particulièrement en ce qui concerne l'absence quasi-totale d'expertise en pisciculture.

Ce problème pourrait éventuellement être évité, si de telles initiatives de développement étaient ssupervisées par le nouveau service piscicole proposé. Une des responsabilités principales de ce service serait alors de répartir le personnel qualifié disponible, ainsi que les autres ressources, qui représenteraient les apports principaux nécessaires à surmonter les contraintes durant les premières années du Programme piscicole national. De plus, le service serait chargé d'estimer les possibilités techniques des aménagements proposés.

10.2 La formation professionelle

Bien que les programmes, tels ceux du Corps de la Paix, dépendent durant une courte période d'une assistance technique, extérieure qui permettra la mise en marche des aménagements piscicoles, il est urgent de corriger la déficience de la formation en pisciculture. Le manque de cadre et de moniteurs dûment formés et expérimentés exige un programme intensif à tous les niveaux, ce qui inclut aussi la formation complémentaires des agronomes déjà sur le terrain. Avec la coopération du Ministère de l'Education, les curricula scolaires actuels devraient aussi être révisés, pour y intégrer la pisciculture ; ce qui amènerait à répartir progressivement, à travers toute la population, une conception d'ensemble des possibilités, contraintes et méthodes, qui s'appliquent à la pisciculture. Cela permettrait aussi aux agronomes de la nouvelle génération de se familiariser dans ce domaine.

10.3 Encadrement pour la planification du développement de la pisciculture

10.3.1 Les buts

Le but primordial est de suppléer des récoltes de haute valeur nutritive au système traditionnel agricole au Burundi, en introduisant les méthodes piscicoles appropriées sur une base d'auto-suffisance de petites proportions.

10.3.2 Rationale - justification

La pisciculture offre une alimentation de haute valeur en protéines animales et est susceptible de fournir directement et de façon décentralisée les zones rurales y compris celles ou l'élevage est peu développé. On peut la comparer à d'autres formes de “petit élevage”, tel que celui des porcs, poules, etc. Pour surmonter les difficultés que posent la mise en place de services auxiliaires sophistiqués pour l'approvisionnement en nourriture, en alevins et en matériaux de construction, les méthodes introduites doivent permettre aux éleveurs une auto-suffisance totale à très court terme. Les méthodes agricoles doivent être bon marché et simples, et les éleveurs capables de subvenir à leur propre approvisionnement en reproducteurs.

10.3.3 Principales conditions requise pour la planification

La stratégie à suivre pour le développement de la pisciculture au Burundi est présentée ci-contre comme un projet de dix ans, comprenant une première période de 5 ans pour la mise en place d'une infrastructure de base, suivie d'une période de consolidation de 5 ans. On peut identifier trois élements principaux : a) l'instauration d'une institution par la mise en place d'une infrastructure d'appui ; b) la vulgarisation sur le terrain; c) l'identification de projets spécifiques. Le tableau présenté dans l'annexe IV résume le programme proposé.

10.3.3.1 Création d'un Service pisciculture indépendant

L'association actuelle entre la pisciculture et les pècheries de capture, qui appartient au même Service des pêches et de la pisciculture du Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage, n'est pas utile aux besoins de ce secteur agricole au Burundi. La pisciculture est un élevage d'animaux (petit élevage), et a en quelque sorte très peu de rapport avec l'administration, les compétences, les types de formation et les services auxiliaires appropriés à l'exploitation des stocks de poissons en eau naturelle. Un Service pisciculture indépendant devrait être créé, soit en association avec le Service d'agronomie, soit avec le Service de l'élevage du Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage.

Le service piscicole aurait la charge de développer une politique suivie pour l'aménagement piscicole, et des détails de la strategie projetée pour l'exécution de cette politique. De plus, il maintiendrait un service de vulgarisation composes de fonctionnaires qualifiés en vulgarisation, capables d'apporter des conseils sur la normalisation des méthodes appropriées, il aiderait les éleveurs à réaliser les plans de construction et la gestion des étangs, et procurerait une assistance, si nécessaire, dans la distribution des intrants, tels que la chaux et les alevins.

Le service de vulgarisation devrait aussi remplir le rôle de coordonnateur national pour les activités du Programme piscicole du Corps de la Paix américain, ainsi que pour toutes autres activités de vulgarisation qui pourraient être entreprises par des organismes de coopératives ou des collectivités.

Le Tableau de planification (annexe IV) ébauche la structure proposée pour le Service piscicole et le profil du personnel requis.

10.3.3.2 Mise en place de centres d'élevage piscicoles

Un certain nombre de petits centres d'alevinage seront mis en place, pour procurer une source d'approvisionnement en alevins à vendre aux éleveurs, ainsi qu'un local de démonstration pour étudier les aspects de l'alevinage et de la production. Ils constitueront aussi une base pour les services de vulgarisation de la région.

Ces centres doivent être petits (une surface d'eau totale moins de 0,5 ha) et de construction très simple, “rustique”. Le centre actuel à Mwisale représente le genre de centre qu'il s'agit de développer. Cinq centres sont proposés au départ, situés probablement dans les provinces de Bubanza, Cibitoke, Gitega, Kayanza, Ngozi. Un modèle de ce genre de centre, avec une évaluation des prix est présenté en annexe.

10.3.3.3 Mise en place d'un Centre National de la Pisciculture

Le fait que la pisciculture se développe et que les éleveurs l'adoptent, va nécessiter la mise en place d'un Centre piscicole national à fonctions diverses. Le Centre abritant le vieil étang à Karuzi sera un emplacement approprié. Un tel centre servira pour la survie et l'aménagement des stocks de reproducteurs sélectionnés ; il servira aussi pour la démonstration et le développement des méthodes piscicoles améliorées; il procurera un local pour la formation professionnelle en collaboration avec l'Institut de Techniques Agricoles du Burundi; il procurera enfin, quelques étangs de production, qui seront gérés par de petites coopératives d'éleveurs.

Le vieux centre piscicole à Karuzi a été choisi en fonction de sa position centrale à l'intérieur du pays et de son altitude, caractéristique de la plupart des emplacements favorables à la pisciculture.

Il est aussi à proximité de l'ITAB, et peut faire usage des structures existantes. Il faut souligner que toute reconversion devra être basée sur une technologie simple, plus facile à adopter par le paysan.

10.3.4 Programme d'aménagement piscicole

Le Tableau de l'annexe V récapitule le programme d'aménagement proposé pour la mise en place d'une pisciculture intégrée dans le système agricole à travers le pays. Ce résumé ne procure que des directives, et le programme devra ètre régulièrement revu et modifié suivant son évolution.

Il faut noter que le développement devrait s'effectuer progressivement, car le but est d'encourager certains membres des communautés agricoles à adopter une technique et une méthode de gestion, et la propagation ultérieure de ces méthodes vers d'autres zones. Pour atteindre ce but de manière solide et permanente, il faut disposer d'une main-d'oeuvre formée solide et qualifiée pour la vulgarisation, et des services auxiliaires nécessaires, disponibles avant que les éleveurs nne soient confrontés à un problème sévère. C'est pourquoi il sera nécessaire, durant les premières phases du programme, de porter fortement l'accent sur l'instauration d'une institution et d'une formation professionnelle.

Une fois la pisciculture établie, le programme d'aménagement entrera dans une autre phase, qui consistera à accroître les niveaux de production, en améliorant les méthodes de gestion des stocks pour l'élevage de poissons. A ce stade, la mise en place d'un Centre piscicole national deviendra nécessaire, et procurera un milieu pour la recherche pratique et l'aménagement, tout en faisant partie intégrale des services de formation et de vulgarisation.

10.3.5 Les besoins de la formation professionnelle

Il n'y a pas à présent, assez de personnel avec une formation satisfaisante et de l'expérience en pisciculture, et ceci à tous les niveaux; en allant du personnel avec des années d'expérience de la sous-direction des pêches et de la pisciculture, jusqu'à la main-d'oeuvre de vulgarisation au niveau des communes.

Il faudra revoir la situation par l'intermédiaire d'un programme planifié pour la formation du personnel existant, qui contribuera à améliorer la compétence des fonctionnaires déjà établis sur le terrain, et qui offrira aux moniteurs des cours de recyclage.

La mise en place d'un encadrement qualifié de personnel de pisciculture avec des années d'expérience, exigera que cinq fonctionnaires du Service piscicole proposé suivent des cours de formation dans des centres de formation de réputation internationale. Le personnel qualifié et avec des années d'expérience sera donc au nombre de six. Dans une première étape, ces fonctionnaires auront pour tâches principales la gestion des écloseries et la direction des travaux de vulgarisation dans les provinces.

En plus de la formation du personnel d'encadrement, il faudra introduire la pratique de la pisciculture dans le programme de deux ans du cours de formation en agronomie de l'ITAB. Le but de ce cours devra être d'assurer à tous les agronomes des communes, une bonne formation de base, dans les méthodes piscicoles appropriées.

Des éléments de pratique et de théorie de l'agriculture sont actuellement intégrés dans les cours des écoles primaires et secondaires. Ce devrait être la responsabilité du Service piscicole de s'associer au Ministère de l'Education, pour assurer l'intégration de la pisciculture à ces niveaux de l'éducation. Le personnel du Service piscicole devrait activement prendre part à la composition des programmes scolaires et au choix du matériel d'enseignement; il devrait, aussi assurer une aide à la construction et à la gestion d'étangs dans les écoles.


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