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II POTENTIEL HALIEUTIQUE

1. Milieu naturel

Les ressources halieutiques du secteur maritime se trouvent disséminées sur un plateau continental couvrant jusqu'à l'isobathe de 200 mètres, une superficie d'environ 117.000 km2 et prolongeant une côte longue de plus de 4.500 km. Ce plateau continental est très étroit sur la côte Est, où il compte de 3 à 5 milles (sauf à la baie d'Antongil où il est beaucoup plus vaste) et relativement large dans le canal de Mozambique où il oscille entre 30 à 60 milles. Au cours de leur migration, d'importantes cohortes de thons se rencontrent à l'intérieur de la zone économique exclusive malgache ayant une superficie de 1.140.000 km2. Des ressources en crustacés ont par ailleurs été localisées jusqu'à l'isobathe de 800 m. Mais la forte productivité tant en crustacés qu'en poissons pélagiques et benthiques est constatée particulièrement dans les baies et les estuaires (riches en matières organiques) qui découpent essentiellement la côte occidentale de Madagascar. Les autres eaux qui baignent les côtes malgaches sont en général pauvres en éléments nutritifs.

Le plateau continental est bordé au niveau du talus par des barrières récifales immergées et parsemé en deça de cette zone de massifs de coraux, concentrant la pêche par chalutage sur les rares fonds vaseux ou sablo-vaseux localisés dans les baies à fort taux de sédimentation ou à proximité immédiate de celle-ci.

Sur le plan météorologique, les côtes malgaches sont soumises à l'alternance de la mousson du Nord-Ouest, de novembre à mars (saison humide) et de la mousson du Sud-Est ou Alizé, de mai à septembre (saison sèche).

L'ensemble des côtes est soumis à un régime de marée semi-diurne avec un marnage très faible à l'Est et au Sud, mais qui est relativement important à l'Ouest. La thermocline qui est située autourde 150 m sur la côte Ouest, est peu marquée. Dans certaines régions, elle disparaît (de Maintirano à Morondava). Sur la côte Est elle est par contre plus accentuée vers 100 m (A. Ralison, 1982). Les mangroves, qui ont une importance halieutique et écologique bien reconnue, ont une superficie de 300.000 ha d'après Kiener (1963). Des vérifications rapides montrent toutefois que cette superficie est sous estimée.

On estime que Madagascar dispose d'environ 250.000 ha de plans d'eaux continentaux, dont 155.000 ha de lacs et lagunes directement concernés par la pêche. Les rivières ne sont pas des zones de pêche potentielles, sauf quelques cas exceptionnels, à cause de leur turbidité trop élevée.

En général, la faune piscicole naturelle malgache est pauvre par rapport à celle du continent africain et de l'lnde. La superficie totale des eaux continentales propices à la pêche est limitée. Elle constitue un peu moins de 0,5% de la superficie de l'île.

En ce qui concerne la pisciculture, des potentialités certaines de développement ont été identifiées, notamment dans le domaine de la rizipisciculture et dans la mariculture en zone de mangroves. ll y a à Madagascar, plus de 900.000 ha de rizières dont un minimum de 15 pour cent seraient appropriées à la culture simultanée du riz et du poisson, soit plus de 150.000 ha potentiellement capables de produire à long terme 30.000 tonnes de poissons environ par an. La mariculture, dont essentiellement l'élevage de crevettes, semble être très intéressante, compte-tenu des résultats encourageants du projet pilote à Nosy-Be et l'existence de 55.000 hectares de sites propices sur l'ensemble de la côte Ouest de Madagascar, entre Antsiranana et Morombe.

2. Ressources halieutiques

Les prospections halieutiques, les pêches expérimentales ainsi que la production déjà réalisée démontrent l'existence d'un potentiel assez important en ressources exploitables dans la zone économique exclusive malgache et à l'intérieur du pays. Dans l'état actuel des connaissances elles sont estimées à environ 450.000 tonnes (prise maximale équilibrée - PME).

ll faut insister sur le fait que pour certaines ressources maritimes, comme les petits poissons pélagiques, les poissons démersaux, les langoustes et les crevettes profondes ainsi que pour les ressources estuarines, les quantités présentées au tableau 1 ne sont que des évaluations auxquelles on ne peut accorder qu'un faible degré de fiabilité. D'autres ressources (trépangs, langoustes néritiques, algues rouges) sans avoir bénéficié de la moindre étude préalable sont déjà exploitées et le chiffre cité dans le tableau ne présente que la production annuelle maximale obtenue jusqu'à maintenant. D'autres ressources mineures tant en potentiel qu'en production (coquillages à nacre, pieuvres, oursins, crapauds, etc.) existent, mais ne sont pas mentionnés dans le tableau 1. Seules les connaissances sur la pêcherie de crevettes pénéides du plateau continental sont suffisamment maîtrisées.

A cette remarque concernant la fiabilité des chiffres, il faut encore ajouter ceci :

Dans cette situation, il semble prudent d'utiliser, pour la planification du développement des pêches, les chiffres plus bas du potentiel marin et estuarien (220.000 tonnes environ). Cette estimation se base sur le fait que seulement la moitié du potentiel en petits poissons pélagiques et en poissons démersaux constituent les ressources commerciales exploitables.

Tableau 1 : Potentialités des eaux malgaches
RessourcesPotentiel (tonnes)Niveau exploitableObservations
I. Ressources marines et estuarines320.400  
- Crevettes Pénéides du plateau continental (pêche industrielle)8.000optimalCaptures en 1987 supérieures à 9.000 tonnes
- Crevettes Pénéides du plateau continental (pêche traditionnelle)1.700?Estimation de capture en 1989/90
- Crevettes profondes1.000non-exploitéesPotentiel mal connu, peut être à partager avec le Mozambique
- Crabes de palétuvier (Scylla serrata)7.500sous-exploitésEstimation basée sur une productivité de 25 kg/ha/an pour 300.000 ha de mangroves
- Langoustes rouges du plateau continental340mésexploitéesCapture réalisée en 1988
- Langoustes vertes du plateau continental1.000sous-exploitéesPotentiel mal connu
- Petits poissons pélagiques160.000non-exploitésEvaluation acoustique, grande partie constituée d'espèces non commerciales et/ou en poissons de très petite taille
- Poissons démersaux45.000sous-exploitésEvaluation acoustique et pêches d'essais, poissons de fond meubles seulement, moins de 50% du potentiel sont de valeur commerciale
- Thons51.600sous-exploitésEvaluation à la base des captures réalisées auparavant et à l'existence du stock localisé dans le triangle Madagascar - Comores - Seychelles
- Algues rouges3.600sous-exploitéesRamassage en 1973
- Trépangs670surexploitésRamassage en 1990
- Poissons des eaux estuarines40.000sous-exploitésEstimation sur la base de la surface des eaux des lagunes et des mangroves localisés sur la façade maritime
II. Ressources des eaux continentales40.000proche maximalEstimation sur la base de la surface des eaux douces propre à la pêche
III. Aquaculture88.000  
- Pisciculture30.000sous-exploitéeEstimation sur la base de la surface de rizières irriguées qui pourraient être aménagées pour la rizipisciculture (150.000 ha)
- Mariculture de crevettes58.000non-exploitéeEstimation sur la base de l'existence, à l'Ouest de Madagascar, de 53.000 ha environ des sites propices (élevage semi-intensif)
IV. TOTAL448.400  

Sources : Rapport du projet MAG/77/009, du projet MAG/80/008 et de R/V Fridtjof Nansen (1983), du projet MAG/86/006, A. Ralison (1982), A. Ralison (1987), A. Collart et M. Vincke (1989), M. Autrand (1990). Rapport de terrain No25. Rapports d'activités de la DPA.

Parmi les principales ressources peu ou pas exploitées actuellement, qui pourraient attirer à l'avenir l'attention des opérateurs, figurent : les thonidés et autres gros poissons pélagiques, les poissons démersaux, les requins de profondeur, les petits poissons pélagiques ainsi que les crabes de palétuviers et les langoustes néritiques et de profondeur. A part ces ressources, la côte malgache, particulièrement celle de la partie occidentale, est très propice au développement de la mariculture de crevettes.

La prise maximale équilibrée de la pêche continentale (lacs, marais et certaines lagunes), est estimée à environ 40.000 tonnes. La production actuelle est très proche de cette PME. Pour l'aquaculture, notamment la rizipisciculture, la potentialité a été calculée à environ 30.000 tonnes par an. Il semblerait que l'élevage des poissons puisse constituer à l'avenir une source non négligeable de poissons d'eau douce.

Sil'on compare le potentiel maritime et estuarien (pêche et aquaculture) avec celui des eaux douces, on constate que le premier constitue presque 85% du potentiel halieutique total de Madagascar.


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