IVC/77/003
Juillet 1981
COTE D'IVOIRE
DEVELOPPEMENT DE LA PISCICULTURE

 


Objectifs et modalités de leur réalisation
au cours d'une seconde phase d'assistance PNUD/FAO
au Ministère des Eaux et Forêts


par


André G. COCHE
Fonctionnaire principal (Aquaculture)
Service des ressources des eaux intérieures
et de l'aquaculture
Département des Pêches, FAO, Rome

FOOD AND AGRICULTURE ORGANIZATION OF THE UNITED NATIONS
Rome, 1981


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I N T R O D U C T I O N

Depuis mars 1978, le projet de “Développement de la Pêche et de la Pisciculture en Côte d'Ivoire” est exécuté en coopération avec le Ministère des Eaux et Forêts. Ce projet arrivant à terme cette année en décembre, une revue tripartite s'est tenue le 11 juin 1981 à Abidjan, réunissant les représentants du Ministère de Tutelle, du Ministère du Plan et des Industries, du PNUD et de la FAO.

En préparation à cette réunion, diverses consultations furent organisées à Abidjan et Bouaké ainsi que la visite sur le terrain de quelques unes des réalisations du project en vulgarisation de la pisciculture rurale (voir FIRI/TRAM/2096). En conclusion, les objectifs immédiats d'une seconde phase du projet furent définis ainsi que les modalités de leur réalisation.

Ce sont ces conclusions qui forment l'objet principal du présent rapport de mission, destiné à servir de base au nouveau document de projet.

1. LA PHASE INITIALE DU PROJET

Au cours de sa phase initiale (1978–1981), le projet IVC/77/003 a réalisé les objectifs immédiats suivants :

  1. remise en état des anciens centres d'alevinage piscicoles d'Aboisso, Bondoukou, Bouaké, Man et Korhogo ;

  2. construction de nouveaux centres d'alevinage piscicoles à Bouaké/Loka et Daloa ;

  3. formation initiale de 32 encadreurs piscicoles en deux sessions ;

  4. formation de recyclage (deux stages) de moniteurs et d'encadreurs piscicoles et formation de perfectionnement (quatre stages) pour les Assistants de P.V.A. ;

  5. mise en place et suivi du personnel de vulgarisation piscicole dans les six cantonnements piscicoles d'Aboisso, Bondoukou, Bouaké, Daloa, Man et Korhogo ;

  6. fonctionnement des centres d'alevinage et distribution d'alevins tilapia pour l'empoissonnement d'étangs ruraux privés et de petits lacs de barrage ;

  7. sensibilisation des populations rurales et vulgarisation active de la pisciculture semi-intensive. Au 30 avril 1981, 186 étangs ruraux (167000 m2) étaient en production et 163 étangs en construction. La production piscicole s'y élevait en certains cas jusqu'à plus de 100/kg/are/an ;

  8. développement, production et distribution de matériel inédit de sensibilisation, pour le développement de la pisciculture en milieu rural : affiches, tee-shirts, cassettes musicales en diverses langues vernaculaires, séries de diapositives, flannelographes, cartes Viewmaster (assistance UNICEF) ;

  9. création d'environ 27 étangs scolaires dans le cantonnement piscicole de Korhogo (assistance UNICEF) ;

  10. création d'un groupement piscicole à vocation coopérative (G.P.V.C.) aux environs de Korhogo, pour la construction et la gestion de 120 étangs ruraux produisant annuellement 52 tonnes de poisson frais. Au 15 juin 1981, 27 étangs (65000 m2) avaient été construits.

En addition à cette liste impressionante de réalisations, plusieurs autres objectifs immédiats du project ont été plus ou moins largement amorcés, comme par example :

  1. mise au point et distribution d'aliments composés pour poissons, en milieu rural ;

  2. études sur la pisciculture en cages flottantes et prévulgarisation de cette technologie au niveau des cantonnements piscicoles ;

  3. études sur l'élevage de la carpe commune (C. carpio) de la carpe chinoise herbivore (C. idella) après l'introduction en Côte d'Ivoire de cette dernière espècè par le projet ;

  4. développement de la pêche fluvio-lacustre dans les zones Est et Ouest Bandama ainsi que sur les retenues hydro-agricoles du Nord ;

  5. élaboration d'un statut donnant la personnalité civile et l'autonomie financière aux stations piscicoles du projet ;

  6. étude en vue de la réorganisation du Service de la Pêche et de la Pisciculture en eaux continentales, dans le cadre du Ministère des Eaux et Fôrets.

Faute de moyens financiers, les études en vue de la construction de fermes piscicoles pilotes n'ont pu être initiées. Une mission ADCP a cependant étudié les aspects économiques de la ferme pilote de Natiokobadara. Son rapport par MM. Wykstrom et Vincke est en préparation et pourra servir de base aux études ultérieures d'implantation de fermes similaires en d'autres régions du pays.

2. LES OBJECTIFS D'UNE SECONDE PHASE DU PROJET

Sur la base des excellents résultats obtenus en vulgarisation et animation rurales piscicoles, il est recommandé de poursuivre les efforts passés dans ce domaine, de les intensifier et de les étendre à de nouveaux cantonnements piscicoles, en fonction des ressources humaines et financières disponibles. Le maximum des ressources du future projet devrait être concentré au cours des trois prochaines années dans la création d'un service de vulgarisation adéquat pour assurer le développement de la pisciculture des zones d'action choisies. Parmi les objectifs amorcés au cours de la phase initiale, ne devraient être poursuivis et complétés que l'élaboration du statut des stations piscicoles et la réorganisation du Service de la Pêche et de la Pisciculture en eaux continentales. Le système de distribution des aliments devrait également se poursuivre conjointement avec la distribution des alevins. Une assistance ponctuelle dans la planification du développement de la pisciculture industrielle pourrait aussi être envisagée.

En effet, il apparaît clairement qu'un impact suffisant ne pourra pas être réalisé par le futur projet si sa durée n'atteint pas au minimum trois ans et si ses efforts ne se concentrent pas sur quelques objectifs limités, qui peuvent être atteints sur la base de la technologie actuellement disponible. La mise au point localement de nouvelles technologies (par exemple carpiculture, reproduction et élevage des carpes chinoises et pisciculture en cage) devrait être la responsabilité des organismes de recherche nationaux spécialisés dans ces domaines et finances dans ce but. De même, les problèmes de développement de la pêche sont tellement différents de ceux de la pisciculture qu'une structure spécialisée devrait être envisagée pour leur solution.

Le futur projet de “Développement de la pisciculture artisanale en milieu rural” posséderait ainsi deux objectifs immédiats principaux : la formation de personnel de vulgarisation et la vulgarisation piscicole proprement dite dans des zones rurales bien définies. D'autres objectifs, ne requérant que des moyens d'action beaucoup plus limités, pourraient compléter ces deux objectifs, afin d'assister le Gouvernement (i) à créer une structure administrative moderne adaptée aux besoins du développement futur de la pisciculture (aussi bien artisanale qu'industrielle) et (ii) à compléter les études préliminaires nécessaires au développement de la pisciculture industrielle. Ce développement pourrait ultérieurement fairel'objet d'une troisième phase du projet actuel, après la mise en place d'un service adéquat de vulgarisation de la pisciculture artisanale en milieu rural.

3. LA FORMATION DU PERSONNEL DE VULGARISATION PISCICOLE

3.1 La formation des cadres nationaux de supervision

La formation des cadres supérieurs nationaux (homologues et Chefs de Cantonnement piscicole) se poursuivra au projet même, au contact des cadres internationaux. La prise progressive de responsabilités administratives et techniques bien définies devrait être encouragée, surtout pour les homologues.

La formation locale de ces homologues devrait être complétée par des bourses de courte durée, centrées sur des aspects techniques bien précis ou orientées vers la visite de pays africains possédant déjà un service de vulgarisation piscicole fonctionnel. Pour une formation piscicole générale, il y aurait intérêt à envoyer régulièrement des stagiaires au Centre régional africain d'Aquaculture (Port Harcourt, Nigeria). Non seulement les cours y sont spécialisés et orientés vers la pratique de la pisciculture, mais ils offrent également l'occasion aux francophones d'établir d'utiles échanges avec les stagiaires anglophones.

La formation sur le terrain des Chefs de Cantonnement piscicole sera complétée par des stages de perfectionnement de courte durée (8–15 jours), traitant d'un thème spécialisé. Ces stages, organisés en fonction des besoins identifiés sur le terrain lors des tournées de vulgarisation, se tiendront à Kossou, au Centre de Formation du Ministère de tutelle (voir 3.3.).

3.2 La formation des cadres nationaux d'exécution

La formation des cadres nationaux d'exécution (moniteurs et encadreurs) sera organisée à deux niveaux. Le niveau inférieur comprendra les encadreurs/animateurs piscicoles dont un certain nombre d'individus supplémentaires devront être initiallement formés, tandis que de courts stages de recyclage seront régulièrement organisés pour tous les encadreurs déjà en place dans les cantonnements. Par contre les moniteurs piscicoles, assistants des chefs de cantonnement, ne recevront qu'une formation complémentaire ou spécialisées sous la forme de stages de recyclage. Ces diverses formations se donneront au Centre de Formation de Kossou et la participation à chaque stage sera limitée à 15 personnes au maximum.

Sur la base de l'expérience acquise, la durée des divers types de stage devrait être de trois à quatre mois pour la formation initiale d'encadreurs, de 15 à 30 jours pour le recyclage des moniteurs et de 8 à 15 jours pour celui des encadreurs. La fréquence des recyclages devrait être à l'avenir d'au moins une fois chaque 18 mois, cette fréquence pouvant augmenter cependant selon les individus, les problèmes rencontrés sur le terrain, les nécessités de spécialisation (voir 3.3.), etc.. En particulier, le premier recyclage des nouveaux encadreurs devrait être prévu, comme dans le passé, après leurs six premiers mois d'affectation sur le terrain.

3.3. Conclusions sur la formation

Sur de telles bases théoriques, le futur programme de formation du projet se présenterait comme suit, des modifications ultérieures pouvant y être apportées en fonction des nécessités, notemment d'organiser des stages supplémentaires de perfectionnement et de spécialisation pour les encadreurs.

Niveau de la formation197919801981198219831984
A. ENCADREURS   Durée de formation en mois
Formation initiale d'encadreurs
fév-avr jan-avr4,04,04,0
Recyclages
      
Promotion 1979
oct -0,5-0,5
Promotion 1981
- oct-0,5-
Promotion 1982
- -0,5-0,5
Promotion 1983
- --0,5-
Promotion 1984
- ---0,5
B. MONITEURS      
Rec./Perfect./Spécialisation
(1 stage)1,01,01,0
C. CHEFS DE CANTONNEMENT/HOMOLOGUES    
Perf/Spéc.
(4 stages)0,50,50,5
TOTAL DE LA FORMATION ACTIVE EN MOIS
6,56,57,0

La formation active s'élévera à 6, 5–7 mois par an, ce qui représente une charge maximum pour un expert international en formation à temps plein, compte tenu du temps nécessaire à la préparation matérielle des cours et des stages, des jours de congé (week-ends et congés annuels), et des délais imprévus de recrutement/affectation des stagiaires.

Cet expert en formation, responsable de l'organisation des stages et de certains cours, serait affecté en permanence au Centre de Formation de Kossou, Il sera assiste, au cours des stages et selon les nécessités, par le personnel d'encadrement du projet spécialisé en vulgarisation piscicole.

4. VULGARISATION DE LA PISCICULTURE ARTISANALE

4.1 Les zones d'action prioritaires

Il y a actuellement 32 encadreurs en place dans les cantonnements piscicoles. Au rythme annuel de formation de 15 encadreurs au cours des trois années suivantes, leur nombre atteindra environ 75 d'ici fin 1984. Leur rayon d'action individuel s'étendant en moyenne sur 20 km (soit une superficie d'environ 1 250 km2), le territoire couvert par l'action de vulgarisation piscicole en fin 1984 pourrait atteindre près de 95 000 km2.

Afin de maintenir cette action de vulgarisation relativement concentrée tout en l'intensifiant dans des zones de Côte d'Ivoire reconnues comme prioritaires pour la pisciculture, il est recommandé de limiter l'action du futur projet aux zones suivantes (Figure I) :

  1. anciennes zones d'action; soit les cantonnements piscicoles de Bondoukou, Bouaké, Korhogo, Daloa et Man ;

  2. nouvelles zones d'action; soit les cantonnements piscicoles de Touba et Gagnoa.

Le projet contribuerait ainsi au développement de la pisciculture dans sept cantonnements piscicoles, six d'entre eux étant situés dans la région centrale de Côte d'Ivoire. La partie occidentale de cette région d'action étant principalement forestière à l'opposé de la partie orientale caracterisée plutôt par des savanes, il est grandement souhaitable de définir deux zones d'action distinctes dans un but d'homogéneité accrue. Ainsi par exemple, les ressources locales en eau et en aliments piscicoles ainsi que les conditions topographiques, climatiques et de végétation sont différentes d'une zone à l'autre, requérant généralement des approches différentes pour le développement piscicole. Il est donc recommandé de considérer deux zones d'action distinctes comme suit :

  1. Zone de forêt, soit les cantonnements de Touba, Man Daloa et Gagnoa ;
  2. Zone de savane, soit les cantonnements de Bouaké, Bondoukou et Korhogo.

4.2. Les divers types d'action de vulgarisation

En grande majorité, l'action du projet consistera à sensibiliser les populations rurales sur la pisciculture artisanale et à promouvoir le développement de celle-ci par un suivi intensif et constant des nouveaux pisciculteurs. Ce suivi doit inclure non seulement des conseils techniques lors de la construction des étangs, en cours d'élevage et lors des vidanges/récoltes, mais également l'assurance pour le paysan pisciculteur qu'il aura en suffisance à sa disposition l'eau pour la période d'élevage, les alevins nécessaires aux empoissonnements et les aliments naturels/artificiels indispensables à une production semi-intensive suffisamment élevée que pour justifier les investissements réalisés.

Il faut donc prévoir une structure d'appui à la vulgarisation proprement dite (centres d'alevinage, distribution d'alevins, stocks et distribution d'aliments piscicoles) suffisamment efficace que pour assurer en tout temps les demandes de celle-ci. Cette structure d'appui devrait faire l'objet dans chaque zone d'action du projet d'une attention particulière, constituant ainsi un second type d'action de vulgarisation.

Un troisième type d'action consiste dans la création et la gestion d'étangs scolaires. Initialement limitée au cantonnement de Korhogo, il apparaît presque certain que l'assistance UNICEF se poursuivra au cours des années à venir, permettant de construire au moins 30 étangs scolaires par an. Cette action serait étendue en un premier temps aux cantonnements de Bondoukou, Bouaké et Man.

La création de groupements piscicoles à vocation coopérative constitue un quatrième type d'action où la sensibilisation des populations, la planification du développement, sa réalisation sur le terrain et enfin sa gestion requièrent une action quasi-continue du Service de Vulgarisation. Un premier GPVC est en voie de réalisation dans le cantonnement de Korhogo. Sur la base de l'expérience acquise dans cette première initiative, d'autres GPVC seront créeés afin d'accélérer le développement régional et d'augmenter les productions piscicoles.

D'importants développements agro-industriels soit existent déjà, soit se réaliseront au cours des prochaines années. L'intégration de la pisciculture à ces développements est bien souvent souhaitable pour plusieures raisons comme par exemple la production locale de protéines, la diversification de la production, l'utilisation plus complète des ressources existantes ou/et l'amélioration de la rentabilité d'exploitation. C'est le cas par exemple du programme SODEPRA de développement de 250 ré servoirs pastoraux dans la région de Korhogo et d'un projet similaire pour la région de Bondoukou. L'intégration de la pisciculture à l'agriculture irriguée offre également beaucoup de possibilités, comme par exemple dans les périmètres maraîchers SODEFEL ainsi que dans le périmètres de canne à sucre et de riz, en particulier en amont de ces cultures bien souvent traitées aux pesticides divers.

Un sixième type d'action se situe au niveau des lacs et réservoirs eux-mêmes, sous la forme soit de pisciculture extensive avec empoissonnement des masses d'eau et pêche, soit de pisciculture intensive en cage flottante. Bien que dans ces domaines également le projet puisse contribuer au développement, il faudrait cependant se limiter temporairement à des actions ponctuelles, réservées aux cas où toutes les chances de réussite économique sont réunies, en particulier pour les élevages en cage.

Enfin, ainsi que mentionné précédemment (Sec 3.3.), les responsables nationaux et internationaux de la vulgarisation devront activement participer à la formation des cadres de tous niveaux.

Cette participation devrait permettre d'assurer que l'enseignement dispensé s'accorde aux réalités du terrain.

4.3. Les besoins en personnel international

Pour assurer la mise en oeuvre d'un programme de vulgarisation rurale tel que décrit ci-dessus, il sera nécessaire d'affecter à chacune des deux zones d'action un expert en vulgarisation piscicole (responsable de toutes les actions de vulgarisation) et un Volontaire des Nations -Unies (responsable en particulier de la gestion des centres d'alevinage ainsi que la distribution des alevins et des aliments piscicoles aux pisciculteurs).

De plus, des Volontaires N.U. seront affectés dans les cantonnements où des actions ponctuelles nécessiteront un suivi constant, comme par exemple un programme d'étangs scolaires ou un GPVC.

Une réserve de consultants devrait être constituée en vue d'apporter le support technique nécessaire à la mise en route de certaines actions bien précises et requérant une technologie spécialisée, comme par exemple la planification d'un GPVC (études topographiques, pédologie, design), l'intégration de la pisciculture à l'agriculture, la pisciculture lacustre extensive, la pisciculture en cage, l'économie et la gestion.

Sur la base des actions piscicoles déjà identifiées (Figure 2), les besoins en personnel international se résument comme suit (mois-homme) :

Personnel198219831984Total
A. Zone de forêt    
Expert en vulgarisation
12121236
VNU (gestion/inputs)
12121236
B. Zone de savane    
Expert en vulgarisation
12121236
VNU (gestion/inputs)
12121236
VNU-GPVC/ES Korhogo
24242472
VNU-GPVC/ES Bondoukou
12121236
VNU-ES Bouaké
12121236
C. Consultants divers  3  3  3  9
Rem. VNU: Volontaire Nations Unies ; GPVC: Groupement piscicole à vocation coopérative ; ES: Etangs scolaires (UNICEF)

5. AUTRES OBJECTIFS DU PROJET

La définition de la nouvelle structure la mieux adaptée au développement piscicole national pourrait en grande partie être réalisée par le personnel du projet, et en particulier par le Directeur national. Il serait cependant souhaitable que les conclusions soïent revues et critiquées par un consultant spécialisé (par exemple fin 1982, pour un mois) avant qu'une solution finale ne soit prise, engageant à long terme le Gouvernement ivoirien. Le statut des stations piscicoles est en fait lié à la définition de cette nouvelle structure et passe ainsi en seconde priorité.

La planification du développement de la pisciculture industrielle devrait être entamée sur la base d'études de factibilité préparées par le Ministère du Plan et des Industries. Le support technique nécessaire a ces études pourrait être obtenu en partie à la direction du projet.

Additionnellement, un consultant devrait être recruté en vue d'une revue finale de synthèse de ces études (par exemple en 1983, pour un mois), avant que des investissements importants ne soient décidés par le Gouvernement.

6. LE PERSONNEL NATIONAL DU PROJET

Le personnel national du futur projet sera constitué comme par le passé, d'homologues et de personnel d'appui du Ministère des Eaux et Forêts.

6.1. Les homologues nationaux

Chaque expert international aura la responsabilité de former un ou plusieurs experts nationaux. Les besoins minimum s'établissent ainsi comme suit :

  1. Direction : - directeur national (responsabilités générales)
    - directeur national adjoint (responsabilités administratives)

  2. Formation : un responsable en formation piscicole

  3. Vulgarisation : - vulgarisation en zone de forêt
    - vulgarisation en zone de savane
    - génie civil/gestion des engins

6.2. Le personnel d'appui

Ce personnel d'appui devrait comprendre (a) les chefs des cantonnements piscicoles, leurs moniteurs et encadreurs piscicoles ; (b) un comptable affecté à la direction nationale ; (c) le personnel administratif divers ; (d) les chauffeurs ; (e) les ouvriers spécialisés et manoeuvres.

Afin de maintenir le budget de fonctionnement dans des limites acceptables, une grande attention devrait être apportée à la réduction du personnel administratif et des chauffeurs au strict minimum nécessaire.

7. OBSERVATIONS DIVERSES

7.1. Disponibilité future des inputs piscicoles

En vue de réaliser des productions piscicoles, qu'elles soient à l'échelle artisanale ou industrielle, il est indispensable de disposer des alevins d'empoissonnement nécessaires et d'un source d'alimentation.

Cette dernière peut être soit indirecte (fumure), directe (aliment) ou combinée. De nombreux échecs piscicoles passés trouvent en effet leur origine dans l'indisponibilité même périodique d'au moins l'un de ces deux inputs. Il convient donc dans le cadre du projet de mettre tout en oeuvre en vue d'assurer à long terme la permanence de ces inputs, par exemple, dans les régions où les populations rurales sont encouragées à investir dans la pisciculture. Dans cet ordre d'idée, les suggestions suivantes sont faites.

  1. Alevins d'empoissonnement. A long terme, il n'apparaît pas souhaitable que les pisciculteurs privés restent dépendants des centres d'alevinage de l'Etat pour la fourniture d'alevins d'empoissonnement. Au contraire, il faudrait graduellement diminuer cette dépendance soit en encourageant les pisciculteurs à produire eux-mêmes leurs alevins, soit en développant le commerce privé des alevins chez des pisciculteurs plus ou moins spécialisés. Les alevins produits en station pourraient alors être réservés aux nouveaux pisciculteurs et aux empoissonnements gouvernementaux.

  2. Fumure. Déjà aujourd'hui, la fumure des étangs reste la responsabilite du pisciculteur. En milieu rural principalement, c'est la fumure organique des étangs qui est la mieux adaptée. Elle peut être utilisée sous la forme soit de fumier animal (porcs et poulets principalement), soit de compost fabriqué sur place (au départ de pailles de riz par exemple). C'est cette dernière méthode qui semble la plus recommandable actuellement et qui devrait être vulgarisée avec insistance auprès des pisciculteurs privés, afin d'augmenter les productions sans frais importants supplémentaires.

  3. Aliments piscicoles. De nombreux sous-produits agricoles peuvent être directement utilisés pour l'alimentation semi-intensive des tilapias. L'aliment de base a été jusqu'à ce jour les farines basses de riz. Malheuresement, le même choix existe pour l'alimentation des porcs et des volailles. Il en résulte que, déjà cette année, il s'est développé une compétition entre les différents éleveurs et que les quantités de farines basses de riz produites en Côte d'Ivoire ne suffisent plus à la demande. Il semblerait ainsi qu'un avenir difficile s'annonce pour tous les élevages et en particulier pour les élevages industriels. En pisciculture, il faudrait donc se tourner vers d'autres aliments, en fonction de leur disponibilité. Peut-être serait-il même souhaitable de remettre à jour l'inventaire des sous-produits agricoles réalisés sous l'égide du Ministère des Eaux et Forêts, il y a quelques années. Il serait également utile si ce Ministère pouvait se réserver des quotas annuels de ces sous-produits, en vue du développement de la pisciculture, comme le fait actuellement la SODEPRA pour ses éleveurs.

7.2. Assistance financière UNICEF

Cette assistance est pratiquement acquise pour 1981–1982 (18 mois) pour US$ 63 000, soit la construction de 30 étangs scolaires. Il existe la possibilité qu'elle soit augmentée de US$ 65 000 en 1981, 1982 et 1983 par une assistance spéciale. Sinon, cette possibilité subsiste pour le budget UNICEF 1983–85.

Au cours du cycle budgétaire 1982–85, l'UNICEF pourrait également financer la formation des encadreurs affectés aux étangs scolaires. Un projet de financement devrait être préparé et présenté à cette organisation.

7.3. Réunions d'information et de coordination

  1. Recherche. Des réunions devraient être régulièrement organisées, réunissant chercheurs et vulgarisateurs engagés dans la pisciculture. Un courant d'échanges serait ainsi établi, permettant aux chercheurs de connaître les problèmes de terrain et aux vulgarisateurs d'être informés des plus récents résultats concrets de la recherche. Ceux-ci et ceux-là pourraient alors être utilisés à la fois pour l'orientation des recherches, la formation du personnel de vulgarisation et le développement piscicole rural.

  2. Vulgarisation. Dans chacune des deux zones d'action du projet, des réunions de personnel de vulgarisation devraient être régulièrement organisées, en vue de l'échange d'informations et de la coordination des activités au niveau de la zone d'action. Au moins une fois l'an, une réunion générale similaire devrait rénuir tous le personnel de vulgarisation du projet, en présence de responsables de la Direction centrale d'Abidjan. Ces diverses réunions pourraient se tenir tour à tour dans les différents cantonnements, afin d'y visiter les réalisations piscicoles et grandement contribuer à créer un esprit de corps chez le personnel de vulgarisation.

7.4. Centre d'alevinage piscicole de la Loka (Bouaké)

Le problème d'approvisionnement en eau de cette station semble être résolu, du moins pour le moment. Un plan de gestion de la station a été préparé pour la production continue d'alevins de tilapia du Nil à relativement grande echelle. Il sera indispensable d'en suivre de près les résultats afin de mettre au point une technique d'alevinage améliorée. Celle-ci pourra alors être généralisée aux autres stations nationales et même chez les privés. La rentabilité économique des opérations notemment devrait être établie pour chaque lot de production.

Actuellement, l'on compte utiliser des cages d'assez grandes dimensions pour le grossissement d'une partie des alevins. Dans ce but, il serait utile d'expérimenter également des cages plus petites (0,5 et 1 m3), donnant plus de souplesse à l'exploitation et de maniement plus facile. Pour de telles dimensions réduites, l'emploi de grillage plastique peut être envisagé, offrant plus de garantie de sécurité aux élevages et requérant moins d'entretien. Sa longue durée de vie minimise l'influence de son coût plus élevé sur le prix de revient des alevins produits. Il reste même à démontrer que ce coût ne sera pas plus favorable à long terme que celui basé sur l'emploi de filet de pêche à amortir en quelques années.

7.5. Elevages de tilapia en cage

Les résultats du projet on été jusqu'à ce jour peu encourageants, même dans les cages du lac de Loka. Il semblerait cependant que de meilleurs résultats seraient obtenus dans les élevages en cours. La prévulgarisation de cette technologie reste aléatoire aussi longtemps qu'elle n'aura pas été maîtrisée au projet même.

Plusieurs causes peuvent être responsables pour les importantes mortalités observées, dont la désoxygénisation des eaux de surface au moment de la mise en circulation des eaux de fond. Quand au taux de conversion élevé des aliments, il paraît être lié à la fois à des rations trop élevées et déséquilibrées ainsi qu'à la qualité de l'eau périodiquement inadéquate. Dans le cas des carpes communes par exemple, il faudrait utiliser en cage des rations riches contenant jusqu'à 35 pour cent de protéines.

Pour les tilapias, l'alimentation pourrait être sensiblement améliorée en distribuant par exemple le mélange recommandé par D. Campbell en rations journalières, réduites en fonction du poids moyen. L'on pourrait distribuer ces rations sous la forme d'une boule de pâte humide suspendue dans une poche de filet sous la surface de l'eau, afin de réduire les pertes de nourriture.

7.6. Sensibilisation et animation piscicoles

Le matériel de sensibilisation produit en Côte d'Ivoire avec l'assistance de l'UNICEF et du Service de Vulgarisation du projet représente une action entièrement nouvelle en Afrique. Elle sera donc d'application non seulement à l'échelle nationale mais aussi à l'échelle du continent et, en particulier dans les pays africains francophones. Il s'agit là d'une des contributions les plus importantes du projet au développement de la pisciculture artisanale dans le milieu rural. La distribution de ce matériel aux encadreurs piscicoles et son utilisation au niveau local en constitueront la prochaine étape. La formation des encadreurs en vue de l'exploitation optimum de ces aides audio-visuelles devrait donc constituer l'un des points importants du programme de formation.

L'équipement des encadreurs en petit matériel de construction d'étangs (valeur totale environ 150 000 FCFA) devrait se poursuivre pour chaque nouvelle promotion. De plus la possession d'un moyen de transport comme une mobylette par exemple est indispensable à l'exercice de leurs fonctions. Tout devra être mis en oeuvre à l'avenir afin qu'à aucun moment l'action de vulgarisation ne reste bloquée faute de moyens de transport indépendants. Le système de crédit actuel semble bien fonctionner. Il sera cependant mis à l'épreuve lorsqu'il s'agira de remplacer les premières mobylettes. A cette fin, un fonds de roulement devrait être constitué dans chaque cantonnement, garantissant la continuité du système de crédit à tous ses encadreurs piscicoles.

Figure I

Figure I - Côte d'Ivoire. Cantonnements piscicoles proposés pour une action prioritaire de vulgarisation au cours de la seconde phase du projet (1982–1984).

Figure 2  - Directeur international
 - Directeur national
 - Directeur adjoint national
 - Consultants (2hm-organisation/pisc. industrielle)
 
 
 
 

- centre de Formation, Kossou- QG Project, Bouaké
- Expert FAO en formation- Comsultants FAO divers (9hm)
- Homologue MINEFOR- Spécialiste national génie civil/engins

Figure 2
Expert FAO-VulgarisationExpert FAO-vulgarisation
VNU-Vulgarisation (inputs)VNU-Vulgarisation (inputs)
Homologue (s) MINEFORHomologue (s) MINEFOR
Chefs cantonnements piscicoles (4)Chefs cantonnements piscicoles (3)
VNU/Bouaké (étangs scolaires)
VNU/Korhogo (étangs scolaires)
VNU/Korhogo (GPVC et réservoires pastoraux)
VNU/Bondoukou (étangs scolaires, GPVC, etc.)

Figure 2. - Organigramme schématique du projet 1982–1984


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