D. Mazier, F. Baumgartner et C. Lepitre
La classification des terrains se rattache à lévaluation de laccessibilité des ressources forestières et intéresse, par suite, les chercheurs, les planificateurs et les gestionnaires de la forêt.D. MAZIER, F. BAUMGARTNER et C. LEPITRE ont tous collaboré avec le Centre technique forestier tropical. Le présent article, rédigé à lorigine pour Unasylva, figure dans une version plus détaillée à la publication du CTFT, Bois et forêts des tropiques n° 162.
De nombreux systèmes de classification, plus ou moins élaborés, ont été proposés; la plupart ont été conçus en vue dune application en zone tempérée et permettent essentiellement de prévoir les méthodes dexploitation les plus adéquates. Ces systèmes se révèlent dun emploi incommode en forêt tropicale, dans des régions non aménagées où la classification doit tenir compte des difficultés à la fois de création de linfrastructure (routes) et dexploitation proprement dite (débardage).
Un inventaire forestier important a été effectué au Gabon sur 3 000 000 dhectares dans une région située au nord, à lest et au sud de Booué, région qui sera desservie par le futur chemin de fer transgabonais (carte ci-contre). Il a été réalisé par le Centre technique forestier tropical pour le compte de la FAO agissant en qualité dagence dexécution du PNUD.
La région présente une grande variété de types de terrains allant de zones assez plates à dautres où le relief complique singulièrement lexploitation. Il a donc paru indispensable de compléter linventaire du potentiel forestier par une étude de terrain permettant de caractériser les diverses zones autrement que par de simples appréciations qualitatives. Pour cela, il a fallu mettre au point rapidement une méthode pratique et adaptée susceptible de donner un classement fiable et homogène du terrain.
Plusieurs voies possibles ont été envisagées, dont celle basée sur la géomorphologie structurale. Finalement, une méthodologie originale adaptée aux conditions de la forêt gabonaise et aux informations disponibles a été mise au point qui est présentée succinctement dans la suite de cet article.
Classification du terrain au Gabon
Lexploitation forestière au Gabon diffère de lexploitation en région tempérée par deux points essentiels, à savoir le volume extrait à lhectare et linexistence dinfrastructure à lexception dune ossature très lâche de routes publiques. La première des activités de lexploitant est donc de doter sa zone dexploitation dun réseau de routes et de pistes de débardage. Le relief intervient donc au niveau de deux des facteurs de coût les plus importants dans la production de bois, à savoir létablissement de linfrastructure et le débardage.
Quelques informations sur les caractéristiques physiques de la région forestière étudiée sont nécessaires pour une meilleure compréhension de létude réalisée.
CLIMAT
Bien que le climat ne soit pas vraiment une caractéristique du terrain, il a trop dimportance pour ne pas être pris en considération.
Le Gabon situé à cheval sur léquateur bénéficie dun climat équatorial humide. Dans la zone qui nous intéresse, les données climatiques varient peu et les hauteurs deau annuelles séchelonnent entre 1,6 et 2 mètres avec quatre saisons. Les formations géologiques (précambrien inférieur et moyen) sont relativement homogènes et ce sont les mouvements tectoniques qui ont une influence sur le relief.
On ne peut guère ranger le sous-bois, de consistance en fait très variable, parmi les obstacles à lexploitation. Quant aux chablis, ils sont uniformément répartis et ne gênent que peu lexploitation. Si donc les obstacles dus à la végétation ont peu dimportance, il nen est pas de même des roches qui peuvent encombrer le parterre. Ces obstacles sont parfois des dalles rocheuses et plus généralement de gros blocs rocheux qui, sils sont nombreux et groupés, empêchent la pénétration par lexploitation. Cette affirmation doit cependant être nuancée selon que lon considère la construction de routes ou le débardage. Lexploitant fera tout son possible pour que les routes évitent les zones rocheuses. Par contre, si une zone renferme un certain potentiel et quelle est couverte de rochers à un point tel que les tracteurs à chenilles de débardage ne puissent approcher, cette zone ne sera pas exploitée. Au Gabon, ces zones inexploitables sont généralement disséminées et de peu détendue. Les rochers sont dautant plus nombreux que la pente du terrain est plus forte, et ils apparaissent essentiellement sur les flancs de montagne escarpés.
QUALITÉ DU SOL
Pour la construction de routes, la qualité du sol joue un rôle très important. Lexploitant doit terrasser et asseoir la plate-forme routière dans les couches superficielles qui sont souvent relativement uniformes dans une zone donnée. Ce qui lintéresse au plus haut point cest la fréquence de la latérite ou de tout matériau de granulométrie convenable pour constituer les couches de roulement. Le taux de sondage de la plupart des inventaires est trop faible pour servir de base à une recherche systématique des gîtes à matériaux graveleux: cette recherche dépasse les moyens dun inventaire classique. Seuls les indices très visibles sans travaux complémentaires peuvent être relevés. Ces indices latéritiques peuvent être notés dans le lit des marigots, aux ruptures de pente, dans le système radiculaire des arbres déracinés, etc. Il convient de programmer dans toute prospection une recherche et un relevé systématique de ces indices.
La majorité des facteurs évoqués ci-dessus ne seront pas examinés plus en détail en raison soit de leur homogénéité dans lensemble de la zone étudiée, soit de limpossibilité den déterminer objectivement limportance et la localisation. Seule létude détaillée du terrain est considérée dans ce qui suit. Il y a deux manières dy procéder:
- Par une microdescription du terrain à partir des documents établis par les équipes de terrain.- Par une macrodescription du terrain à partir des documents photographiques et cartographiques existants: sur les 3000000 dhectares à étudier, la moitié environ est couverte par des restitutions au 1/50000 avec espacement de 20 mètres des courbes de niveau, lautre moitié étant presque intégralement couverte de photographies aériennes à une échelle généralement proche du 1/50000.
Microdescription du terrain
On peut définir la microdescription du terrain comme la description du microrelief, cest-à-dire du terrain tel quil apparaît à celui qui circule en forêt. Il sagit dun relief local, mais cest celui qui conditionne effectivement les terrassements routiers et sur lequel les engins de débardage circulent. Cette microdescription du terrain est obtenue à partir des informations contenues dans les formulaires remplis par les équipes dinventaire. Le taux déchantillonnage pour la connaissance du terrain est donc le même que pour lévaluation du potentiel forestier.
Dans le cas de linventaire réalisé au Gabon, les arbres sont comptés et mesurés dans des bandes de 25 mètres de large à cheval sur le layon. La surface des unités de relevé est en général de 1 hectare (400 mètres de long sur 25 mètres de large). La feuille de comptage, en plus des indications se rapportant aux arbres, comporte lindication, tous les 50 mètres le long du layon, de quatre pentes, à savoir les deux pentes longitudinales dans le sens de la progression et dans le sens opposé (pentes moyennes sur 25 mètres) et les deux pentes prises perpendiculairement au layon et de part et dautre de celui-ci (pentes moyennes sur 12,50 mètres).
Bien que déterminées au départ pour servir au calcul de la surface en projection horizontale des unités de relevé de linventaire, elles peuvent servir aussi à la description du microrelief.
Il est aussi possible de déterminer tous les 50 mètres le long du layon la plus grande pente dans chacun des quatre quadrants 25 X 12,5 mètres de lunité de relevé situés autour du point, par la formule
P1 et P2 étant les pentes lues selon les deux directions qui limitent le quadrant. Pour une unité de relevé de 1 hectare, de 400 mètres de long, on a ainsi 32 valeurs de P qui sont rangées dans les classes suivantes:
0 à 20 %Les pentes ainsi classées sont ensuite regroupées pour chacun des carrés de 6 kilomètres de côté où linventaire a lieu (ce sont les «unités primaires» réparties systématiquement dun échantillonnage à deux degrés dont léchantillon au second degré, dans chaque carré, est constitué de deux bandes parallèles continues de 6 kilomètres de long et de 25 mètres de large, chacune contenant 15 unités de relevé de 1 hectare).
20 à 30 %
30 à 40 %
40 à 50 %
50 à 60 %
plus de 60 %
RÉPARTITION EN POURCENTAGE PAR CLASSE DE PENTES PONCTUELLES
Unité primaire |
Classes en pourcentage |
|||||
Moins de 20 |
20 à 30 |
30 à 40 |
40 à 50 |
50 à 60 |
Plus de 60 |
|
E 2 |
95,3 |
2,6 |
1,2 |
0,7 |
0,2 |
- |
E 3 |
90,0 |
6,9 |
1,7 |
1,4 |
- |
- |
F 5 |
72,8 |
15,3 |
6,4 |
4,3 |
1,0 |
0,2 |
G 5 |
26,7 |
23,1 |
18,1 |
15,1 |
9,6 |
7,4 |
V 12 |
7,8 |
8,6 |
15,5 |
18,8 |
18,1 |
31,2 |
Y 15 |
20,8 |
15,3 |
12,8 |
16,0 |
12,7 |
22,4 |
Z 16 |
15,5 |
7,1 |
17,6 |
14,3 |
14,3 |
31,2 |
En résumé, lanalyse des documents de terrain (feuilles de comptage) offre un certain nombre davantages: elle permet des comparaisons globales entre permis et traite des pentes réelles au sol ce qui, par rapport aux photographies aériennes et aux cartes, est très intéressant car les photographies, du fait de limportance du couvert forestier masquant le relief de détail, ne permettent pas lexamen direct du relief réel du sol. Cependant, il convient de la compléter par une étude des documents photographiques et cartographiques pour avoir une vue densemble (macrodescription du terrain).
Macrodescription du terrain
La macrodescription du terrain ne porte que sur les aspects du relief apparaissant sur photographies aériennes, et ne tient pas compte des détails que masquent la végétation et la petite échelle. Létude du macrorelief peut être réalisée à partir non seulement des photographies aériennes, mais aussi des cartes en courbes de niveau au 1/50000, ou des stéréominutes qui en tiennent lieu. Les documents cartographiques restitués facilitent lanalyse mais éliminent certains détails. Létude du macrorelief peut être effectuée presque partout au Gabon puisquon y dispose au moins de photographies.
Lélaboration dune méthode pour la macrodescription du terrain sest déroulée en plusieurs étapes, qui sont décrites ci-dessous.
PREMIÈRE PHASE (RASSEMBLEMENT DES DONNÉES)
Cette première phase a consisté à rassembler un certain nombre de données concrètes sur les cartes et stéréominutes au 1/50000 (avec courbes de niveau à lespacement de 20 mètres), qui couvrent la moitié de la zone inventoriée. Il fut décidé de travailler dans un premier temps sur les stéréominutes.
Sur chaque carte au 1/50000 - carré de 15 minutes sexagésimales de côté, soit approximativement 75 000 hectares - on a implanté systématiquement 9 unités de sondage, de façon à obtenir un dispositif homogène avec les feuilles voisines. Quelques zones en cours dexploitation ont été traitées avec un dispositif à taux variable mais beaucoup plus dense.
Lunité de sondage est un carré de 2 kilomètres de côté (400 hectares), soit 4 centimètres sur la carte. Le carré a été choisi parce que cest la figure géométrique la plus régulière permettant, par juxtaposition, létude complète dune zone (les côtés du carré sont orientés nord-sud et est-ouest).
Le choix de la dimension du carré est un compromis entre une très petite unité qui, à la limite, ne donne quune information ponctuelle restreinte, et un carré très étendu qui risque de couvrir plusieurs types de relief différents et de ne donner quune information moyenne masquant lhétérogénéité de la zone couverte.
GRAPHIQUE 1. - PENTES MOYENNES PONDÉRÉES PAR UNITÉ PRIMAIRE
Le plan de sondage sur le terrain est représenté en bas du graphique. Chaque unité primaire a une superficie de 6 km2; sa zone dextension est de 12 km2. Dans la partie supérieure du graphique, chaque unité primaire est figurée par sa zone dextension.Un certain nombre de paramètres, choisis pour représenter le maximum daspects du terrain, ont été mesurés dans ces carrés, à savoir:
x1: surface à pente inférieure à 20 pour centCes limites de 20 à 40 pour cent ont été choisies pour deux raisons principales: la première est quen dessous de 20 pour cent lexploitation est très facile, et quau-dessus de 40 pour cent, le débardage par chenillard devient difficile; la seconde est dordre pratique: aux pentes de 20 pour cent et 40 pour cent correspondent respectivement des écartements ronds entre courbes de niveau de 2 millimètres et 1 millimètre; limportance des surfaces est déterminée grâce à une grille de points.
x2: surface à pente supérieure à 40 pour cent
x3: nombre dinversions de pente sur les deux médiatrices du carréLe nombre de changements de pente et la densité du réseau hydrographique caractérisent le morcellement du relief. La distinction entre côtés et médiatrices du carré correspond à des dispositifs de sondage différents, ces lignes ayant été retenues pour leur facilité dimplantation. Il faut remarquer que les paramètres x3 et x4 sont fidèles et plus sensibles que les paramètres x5 et x6. Au franchissement dune rivière indiquée sur la carte correspond un changement de pente, mais la réciproque nest pas vraie. De plus, le détail du réseau hydrographique dépend des auteurs de la restitution et du type de relief.x4: nombre dinversions de pente sur les côtés du carré: il est supposé que chacune des lignes, médiatrice ou côté, est décrite par lobservateur qui compte le nombre de fois où la pente sinverse
x5: nombre de rivières coupées par les médiatrices
x6: nombre de rivières coupées par les côtés du carré
x7: nombre de courbes de niveau coupées par les médiatricesPROSPECTEUR FORESTIER - à la recherche de résultats pratiquesx8: nombre de courbes de niveau coupées par les côtés du carré (ces deux paramètres correspondent à une somme de dénivellations)
x9: dénivellation maximale dans le carré, exprimée en mètres
x10: longueur totale des rivières dans le carré (cette longueur a été déterminée au curvimètre avec une précision de ± 100 mètres)
Ces dix premiers paramètres sont une transcription directe des informations du document cartographique. Les paramètres suivants résultent dune élaboration plus poussée de ces informations brutes.
x11: longueur de la route permettant à partir du centre du carré de sortir du cercle inscrit en respectant la contrainte de pente maximale en long de 10 pour centCes deux derniers paramètres peuvent représenter la difficulté de terrain.x12: somme des pentes en travers exprimées en pourcentage, mesurées tous les 100 mètres le long de la route
A ces douze paramètres mesurés sur les stéréominutes ont été ajoutées deux autres valeurs combinant des paramètres précédents:
x13: x7/x3, cest-à-dire nombre de courbes divisé par nombre dinversions de pente, le tout étant mesuré sur les médiatricesEnfin chaque carré de sondage a été coté de 1 à 5 suivant lappréciation générale de sa difficulté:x14: x8/x4 (comme x13 mais pour les côtés du carré)
cote 1: terrain peu ou pas accidentéCette première phase de mesures a porté sur 124 unités dans la zone dinventaire (non exploitée) et une trentaine dans la zone en cours dexploitation.
cote 3: terrain moyennement accidenté
cote 5: terrain fortement accidenté les cotes 2 et 4 étant intermédiaires.
DEUXIÈME PHASE (ANALYSE STATISTIQUE)
Chaque unité de sondage peut être représentée par un point dans lespace à 14 dimensions, dont les coordonnées sur les 14 axes seraient les valeurs prises dans cette unité par les 14 paramètres précédents. La dispersion géométrique des points ne peut être illustrée concrètement. La méthode statistique la mieux à même de visualiser le nuage des points représentatifs des unités de sondage est l«analyse en composantes principales» qui consiste, entre autres, à projeter le nuage dans des plans privilégiés1 de lespace total afin de pouvoir ainsi en avoir des représentations graphiques aussi représentatives que possible.
1 Dans la suite on se limitera au plan déterminé par la première composante principale (C1) - droite telle que la somme des carrés des distances des points à leurs projections sur elle soit minimale - et par la deuxième composante (C2), perpendiculaire à la première et telle que la somme des carrés de distance des points à leurs projections sur le plan de ces deux droites soit minimale.Cette méthode danalyse a été appliquée aux 156 points de sondage étudiés et a permis dobtenir les résultats suivants:
- Corrélation entre les 14 variables deux à deux.TROISIÈME PHASE- Corrélation entre chacune des variables et chacune des quatre premières composantes principales.
- Histogramme de fréquence des variables.
- Graphique situant les 156 points sur le plan des deux premières composantes principales C1 et C2.
Les corrélations entre les 14 variables et les composantes principales montrent que les paramètres x1, x2, x7, x8 et x9 ont une bonne corrélation avec la composante C1 et que les paramètres x3, x4, x5, x6 et x10 sont bien corrélés avec la composante C2. Parmi les paramètres restants, x12 et x14 sont médiocrement corrélés avec C1 et aucune corrélation très nette ne se dégage pour x11 et x13.
Il semblerait que la composante C1 corresponde à la pente du terrain: la corrélation est forte avec x1 et x2. La composante C2 correspondrait alors au morcellement du relief.
Lun des buts de lanalyse entreprise est de voir sil est possible de classer les types de terrain sur un graphique plan grâce à deux variables que cette analyse permet de choisir au mieux. Ces paramètres doivent répondre à deux critères:
- Etre bien corrélés avec les résultats de lanalyse.Le classement du terrain par deux paramètres permettrait un travail rapide. Par contre, la mesure de 12 paramètres ne peut être généralisable à létude de grandes régions.- Etre mesurables sur cartes en courbes de niveau, mais aussi sur photographies aériennes de façon à pouvoir travailler où il ny a pas de cartes.
a) Selon la première composante (C1)
x1 et x2 satisfont aux conditions ci-dessus. x2 a linconvénient de présenter beaucoup de valeurs nulles ce qui diminue fortement son intérêt. x1 est beaucoup mieux dispersé mais, si lapplication porte sur un terrain très accidenté, ce paramètre manquerait de finesse en fournissant beaucoup de valeurs nulles. Il est alors concevable de prendre une combinaison de ces deux paramètres permettant une description complète du terrain, tant dans les zones intermédiaires où lemploi de chacun des paramètres est valable, que dans les zones extrêmes où lemploi de x1 en terrain très accidenté, et de x2 en terrain plat, manque de précision. Cette combinaison a été trouvée sous la forme dun indice i défini par la relation:
(x1 et x2 exprimés en pourcentage dans un carré donné)
i est exprimé en grades:
i = 0 en terrain platDans la suite, langle i, exprimé en grades, sera appelé indice de pente.
i = 100 si tout le terrain a une pente supérieure à 40 pour cent
b) Selon la seconde composante (C2)
x3, x4, x5, x6 et x10 répondent tous aux critères de corrélation avec la seconde composante. De plus, ils sont largement indépendants de x1 et x2. x4 (nombre dinversions de pente sur les côtés du carré) présente certains avantages par rapport à x10, (longueur totale des rivières). En effet, la densité du chevelu hydrographique sur carte dépend de lauteur de la carte, cet inconvénient de x10 sera encore plus gênant sur les photographies où on ne saura pas très bien où sarrêtent les rivières. x4 sera donc retenu. Pour améliorer la qualité du paramètre lié à la seconde composante, il est possible dy ajouter x3. La variable globale, nombre dinversions de pente sur les côtés et les médiatrices du carré, sera appelée m, indice de morcellement.
Le graphique 2 indique la position de chacune des 156 unités de sondage dans un graphique où i, indice de pente, est en abscisse et m, indice de morcellement, est en ordonnée. Les cinq classes dappréciation générale ont été reproduites pour chaque point. Lexamen de ce graphique montre que la difficulté dexploitation, estimée subjectivement, correspond aux variations de lindice de pente malgré un certain chevauchement. Les deux valeurs - i inférieur à 1 et m inférieur à 15 - représentées en bas et à gauche du graphique correspondent à des points de sondage en Côte-dIvoire dans la région de Daloa où lexploitation forestière est réputée facile. Lunité de sondage au Gabon qui sen rapproche le plus - i égal à 2,5 et m égal à 18 - provient dune zone plate marquée de flats marécageux situés au nord de Koumameyong. Ce graphique montre également la grande variabilité de lindice de morcellement m.
GRAPHIQUE 2. - UNITÉS DE SONDAGE
Les indications Points dans la région de... montrent où se situent un certain nombre de points provenant de diverses régions du Gabon. Les points Monts de Cristal sont très dispersés: lindice i varie énormément selon quon se situe dans une vallée ou dans une zone de relief.QUATRIÈME PHASE (MISE AU POINT PRATIQUE)
Les classes de difficulté (graphique 3) ont été déterminées en tenant compte dune part des cotes de difficulté précédentes et dautre part de la nécessité de conserver approximativement le même nombre de classes; de plus, lexamen du graphique et de documents au 1/50000 en courbes de niveau de zones très accidentées ont montré la nécessité de prévoir davantage de classes en terrain difficile.
GRAPHIQUE 3. - CLASSES DE DIFFICULTÉ - Echelle: 1/50 000
La classification adoptée pour lindice de pente i est finalement la suivante:
0 à 12: |
terrain facile |
|
|
13 à 24: |
terrain moyen |
|
|
25 à 38: |
terrain moyennement difficile |
|
|
39 à 54: |
terrain difficile |
|
|
55 à 69: |
terrain très difficile |
|
|
> 70: |
terrain extrêmement difficile |
La mesure de i dans une unité de sondage se fait de la façon suivante: le carré de 4 centimètres de côté, pris sur une carte au 1/50 000 avec courbes de niveau tous les 20 mètres, est couvert dune grille de 64 points par carré, le nombre de points où la pente est inférieure à 20 pour cent - écartement supérieur à 2 millimètres - et celui où la pente est supérieure à 40 pour cent - écartement inférieur à 1 millimètre - sont déterminés à laide dun double décimètre transparent gradué à la face inférieure au contact de la grille et en utilisant dans les cas limites une loupe - un grossissement relativement faible suffit. Si y1 est le premier chiffre obtenu et y2 le second, lindice de pente i est égal à la valeur de i en grades tels que
Ensuite le nombre dinversions de pente est compté sur les côtés du carré et sur les deux médiatrices représentées sur la grille. Différentes mesures ont été faites sur les mêmes unités afin destimer la précision: lerreur relative entre mesures peut atteindre 15 pour cent mais ne peut dépasser 5 pour cent avec lutilisation de la loupe.
Différents essais ont été conduits sur une coupure au 1/50 000 couvrant 60 000 hectares pour mettre au point le dispositif pratique de sondage. En sappuyant sur le carroyage U.T.M., un dispositif systématique de sondage a été implanté à des taux de plus en plus élevés; pour un taux donné, les contours de zones déquidifficulté (daprès lindice de pente) ont été portés à vue sur la carte; ensuite une étude exhaustive de tous les carrés de la carte a permis de placer avec précision les limites des classes dindice de pente. Cela a montré que dexcellents résultats peuvent être obtenus en implantant un dispositif systématique où lécart entre deux carrés comptés est, en latitude et longitude, de deux carrés non comptés, soit un taux de sondage minimal de 1/9 = 11,1 pour cent. Ce dispositif systématique est complété par létude de quelques carrés supplémentaires pour lesquels la classe dindice de pente napparaît pas nettement. Dans les régions à relief très hétérogène, ces points de sondage complémentaire sont plus nombreux que lorsque le relief est relativement homogène. En définitive, le taux de sondage global a été de lordre de 14 pour cent. Le dispositif pratique, conduit par une étude par sondage, a déterminé les limites des zones déquidifficulté en sappuyant uniquement sur lindice de pente. Lindice de morcellement comprenant moins de classes et étant beaucoup plus facile à saisir a été gardé en seconde position.
CHARGEMENT DES GRUMES DANS UNE FORÊT AFRICAINE - le plancher doit être solide
Lexamen simultané mais rapide des photographies aériennes sest avéré intéressant et même nécessaire lorsque le terrain est facile - i de 0 à 12. En effet, deux cas typiques peuvent se présenter:
- Les documents au 1/50 000 ne sont pas des cartes topographiques complètes mais des stéréominutes qui nindiquent pas les formations marécageuses.- Les courbes de niveau indiquées sur les cartes sont à lespacement de 20 mètres; les mouvements de terrain de faible amplitude ne sont pas discernables tels que les micro-ondulations à pente parfois forte, qui sont par contre bien visibles sur les photographies (relief en «peau dorange»).
Application aux photographies aériennes
Au Gabon, vers la fin de lannée 1973, les stéréominutes au 1/50 000 couvraient environ la moitié de la zone inventoriée. Lautre moitié était couverte seulement par des photographies aériennes. Dans cette dernière région, une première possibilité pour classifier les terrains serait de transposer la méthode utilisée pour les stéréominutes aux photographies aériennes. La détermination de lindice de morcellement serait facile sous stéréoscope, les changements de pente apparaissant très bien. La détermination de lindice de pente pourrait être effectuée par application dune grille de points sur la zone choisie sur lune des photos du couple stéréoscopique et par détermination sous stéréoscope des points où la pente est inférieure à 20 pour cent et de ceux où elle est supérieure à 40 pour cent. Un tel procédé suppose que lobservateur est parfaitement entraîné à lestimation de la valeur des pentes sur photographies aériennes et quil contrôle périodiquement létalonnage de sa vision stéréoscopique. La seule difficulté théorique est celle de la variabilité de léchelle des photographies. Pour être rigoureux, il convient donc de déterminer léchelle exacte des photographies et den tenir compte pour la taille de lunité de sondage.
Une autre possibilité consisterait à procéder par analogie. Dans la partie couverte par les stéréominutes une couverture aérienne existe à une échelle approximative égale à celle du reste de la zone à inventorier. On pourrait ainsi dans un premier temps établir un échantillon témoin de stéréogrammes représentatifs des différents types de terrain et dans un second temps classer la zone à étudier en se référant à léchantillon.
Les photographies aériennes sont examinées sous stéréoscope; en se reportant aux stéréogrammes témoins, les limites des différentes classes dindice de pente sont portées sur les photos dune même bande. Ensuite, un assemblage des photos par bande puis entre bandes est réalisé et lhomogénéité des limites tracées est vérifiée. Souvent, le raccordement des limites de classe entre bandes nest pas parfaitement réalisé; cela provient de la moins bonne qualité des photographies sur les bordures, et il est alors nécessaire dajuster ces raccords par examen stéréoscopique de bande à bande - recouvrement faible de lordre de 10 à 20 pour cent - et, éventuellement par un nouvel examen sous stéréoscope des photos dune même bande.
CAMION EMBOURBÉ - cest une fois la route construite quon apprend ce que vaut le sol
Lindice de morcellement étant divisé en catégories beaucoup plus grossières, ses différentes valeurs nont pas, au Gabon, été matérialisées en détail sur une carte, dautant plus quil varie peu sur des zones assez étendues; certaines régions sont peu morcelées, alors que dautres régions présentent une topographie uniformément hachée.
Conclusions
Il apparaît généralement une bonne corrélation entre les résultats fournis par les deux méthodes de description. Mais la macrodescription du terrain utilisant les documents cartographiques donne une image atténuée des pentes réelles du terrain. Elle a cependant lavantage de pouvoir éventuellement fournir une vue exhaustive de lensemble du terrain alors que la microdescription sappuyant sur les relevés au sol donne des indications dont la portée est limitée par le taux de sondage de linventaire.
Par ailleurs, il importe de replacer les résultats de la macrodescription par rapport à luniformité générale (ou au contraire la variabilité générale) du relief. Ainsi, une colline localisée, à pentes difficiles, mais située au milieu dune zone facile, ne posera pas de problèmes graves dexploitation: il sera toujours possible détablir, à bon compte, les routes daccès indispensables. Mais un relief identique à celui de cette colline, sil est généralisé, sans vallées larges, rendra lexploitation difficile, ne serait-ce quen raison du coût de la pénétration du massif.
Dans la péninsule dAzuero à Panama, où lon a appliqué cette méthode de macrodescription du terrain, les difficultés du relief résultent, certes, des indices de pente élevés, mais aussi de ce que le relief est partout le même sans vallées de pénétration. Les difficultés constatées au Gabon, dans la région est de Mouila doivent être évaluées aussi en tenant compte de ce que le relief reste le même, sur de vastes superficies (une seule grande vallée existe).
Enfin, létude réalisée, qui ne prétend en aucune manière sappliquer dans tous les cas, permet de tirer un certain nombre de recommandations. Tout dabord, il apparaît important quen plus des relevés habituels (arbres, pentes) les équipes dinventaire au sol enregistrent dautres renseignements intéressant lexploitation future tels que, par exemple, les indices de matériau apte à une utilisation en revêtement de chaussée ou la présence de dalles ou blocs rocheux. Par ailleurs, la macrodescription du terrain faite sur les cartes et les photographies aériennes devrait être entreprise conjointement avec les études de photo-interprétation nécessaires à linventaire forestier proprement dit. Outre que ces documents seraient utilisés en une seule fois par les mêmes interprétateurs, la procédure permettrait de mettre en évidence des corrélations intéressantes entre types de forêt et types de relief.