CCP ME/HS 01/6 |
COMITÉ DES PRODUITS |
GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LA VIANDE |
SOUS-GROUPE DES CUIRS ET PEAUX |
Septième session |
Rome, 4 - 6 juin 2001 |
CUIRS ET PEAUX BRUTS ET PRÉPARÉS: PROFIL DES PRODUITS ET STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT |
1. L'économie des cuirs et peaux bruts et préparés a subi de profondes modifications
au cours des vingt dernières années. L'objectif du présent document est d'en étudier
l'évolution durant cette période.
2. Les cuirs et les peaux sont des produits secondaires de l'industrie de la viande. Leur
production ne suit guère les variations du prix et de la demande des cuirs mais réagit
plutôt aux facteurs influant le marché des viandes.
3. Une extrême hétérogénéité, renforcée par l'existence de nombreuses phases de
traitement intermédiaires, caractérise ce groupe de produits. Les types de cuirs et de
peaux varient considérablement en fonction de la race, du sexe, de l'âge et la de taille
des animaux ainsi que du climat et des divers types de pâturages et de terres. Les
méthodes d'élevage, d'abattage et de séchage en affectent également la qualité.
4. Sur le marché international, les cuirs et peaux bruts et préparés prennent une
multitude de formes, depuis les peaux séchées à l'air jusqu'aux articles en cuir finis.
5. Il n'existe pas de technologie standard universelle pour préparer les cuirs et les
peaux bruts, puis pour les transformer en cuir, et de nombreux procédés peuvent être
utilisés. Les peaux et les cuirs bruts sont finalement transformés en une large gamme de
produits finis. Ils servent en premier lieu à fabriquer des chaussures, mais occupent une
place de plus en plus importante dans la confection et dans d'autres articles de mode.
Bien que parfois remplacé par des synthétiques, le cuir, pour ses principaux produits
finis, n'a pour ainsi dire jamais été contesté comme une matière de haute qualité et
au goût du jour.
6. La valeur globale de la production de cuirs et peaux bruts a dépassé 14 500
millions de dollars E.-U. en 2000 et selon les estimations, la valeur de la production
mondiale de cuirs approche les 28 000 millions de dollars E.-U. La valeur de la production
de chaussures en cuir a été de l'ordre de 70 000 millions de dollars E.-U. en 2000.
7. Les recettes mondiales tirées de l'exportation des cuirs et peaux bruts, des cuirs
tannés et des chaussures en cuir ont sensiblement augmenté entre les années 80 et le
milieu des années 90. La valeur globale a excédé celle des viandes et a atteint près
de 45 000 millions de dollars E.-U. en 2000, les pays en développement ayant plus de
doublé leur part du total mondial au cours des vingt dernières années. Il existe
toutefois de fortes disparités régionales. Parmi les pays en développement,
l'Extrême-Orient est devenu, de loin, la principale région d'exportation, du fait
surtout de sa compétitivité au niveau des coûts de traitement et de fabrication. En
revanche, la part relative des cuirs dans le total des recettes d'exportation en Afrique
et au Proche-Orient a diminué, en raison des difficultés que ces régions connaissent
pour pénétrer le marché international. Plusieurs facteurs, plus amplement détaillés
dans la dernière section du présent document, contribuent à empêcher ces pays de
répondre aux critères de qualité et de commercialisation exigés par les tanneurs des
pays importateurs.
8. L'approvisionnement en cuirs et peaux varie selon les changements de l'importance
des troupeaux, et notamment du nombre d'animaux abattus à des fins de consommation de
viande. La production dépend de l'abattage des animaux, qui est fonction des marchés non
seulement de la viande mais aussi du lait et de la laine, et varie peu selon la demande
des cuirs.
9. L'essor de la production mondiale de viande a nettement ralenti au lendemain de la
récession économique du milieu des années 70. Depuis lors, la production s'est
redressée, mais à un rythme plus lent, en particulier dans les pays développés qui
assurent aujourd'hui environ 47 pour cent du total des approvisionnements en viande.
Dans les régions en développement, la croissance de la production a fléchi au début
des années 80, en raison du plafonnement de la consommation de viande rouge par habitant,
avant de reprendre au début des années 90. Aujourd'hui, les pays en développement
fournissent près de 53 pour cent du total des produits carnés.
10. La production des peaux de bovins, d'ovins et de caprins a suivi l'évolution de celle
des viandes, mais à un rythme différent. En effet, les peaux et les cuirs ne proviennent
pas uniquement d'animaux abattus, mais de ceux morts, naturellement ou accidentellement;
de plus, les cuirs et les peaux sont parfois endommagés, et leur taille et leur poids
varient. Dans certains pays en développement, des pertes considérables proviennent de la
non-récupération des cuirs et des peaux, et leur mauvais état résulte de la gestion
médiocre des troupeaux et de traitements inadéquats pendant et après l'abattage. Des
pertes importantes sont également dues au manque de renseignements sur les marchés, au
mauvais état des installations d'abattage ainsi qu'à l'inadéquation des techniques de
conservation, de manutention et de classification. D'autres dommages sont imputables à la
défectuosité des processus de transformation, et à la putréfaction. La FAO a
contribué à promouvoir la production de ces précieuses matières premières. Un projet
pilote régional visant à réduire les pertes de cuirs et peaux et à en améliorer la
récupération a été mis en place par l'ONUDI, la FAO et le CCI de 1989 à 1992. Un
projet, soutenu par le Fonds commun pour les produits de base (FCP), est en cours
d'exécution dans les pays en développement de l'Afrique pour améliorer les méthodes de
classification et de fixation des prix.
11. Entre le début des années 80 et la fin des années 90, la production mondiale de
cuirs et peaux de bovins a augmenté de 14,4 pour cent, soit près de 1 pour cent par an
(voir Figure 2). L'essor s'est poursuivi dans les pays en développement, du fait d'une
meilleure gestion des troupeaux et du développement de l'élevage des bovins. Les pays en
développement, dont la production a dépassé celle des pays développés à la fin des
années 90, assurent aujourd'hui environ 53 pour cent des approvisionnements mondiaux en
viande, comme il a été noté auparavant. L'Amérique latine est le premier producteur
des pays en développement.
12. La production mondiale de peaux d'ovins s'est accrue de plus de 18 pour cent
(1,2 pour cent par an) au cours des dix dernières années et a atteint un niveau
record au milieu des années 90. Comme dans le cas des cuirs bruts de bovins,
l'accroissement de production de peaux d'ovins a surtout concerné les pays en
développement, du fait de l'amélioration des méthodes de séchage et d'une meilleure
gestion des troupeaux. De nos jours, les pays en développement assurent plus de la
moitié de la production mondiale de peaux d'ovins (Figure 4).
13. La production mondiale de peaux de caprins a augmenté de 3,7 pour cent par an au
cours des années 80 et 90. Les pays en développement, qui dominent cette production, ont
enregistré une hausse de près de 4 pour cent par an tandis que la progression a été
beaucoup plus faible dans les pays développés (1,5 pour cent en moyenne; Figure 6).
L'Extrême-Orient est le premier producteur de peaux de caprins et assure environ 70 pour
cent du total de la production mondiale.
14. Compte tenu de coûts de fabrication moins élevés et dans de nombreux cas, d'une
réglementation moins stricte en matière d'environnement, les pays en développement ont
pu concurrencer les industries du cuir des pays développés. Dans certains pays de
l'Asie, et dans une moindre mesure, de l'Amérique latine, des investissements
considérables ont été réalisés pour accroître les capacités de tannage. Ainsi les
pays en développement ont pu en général développer les tanneries et les industries du
cuir au cours des vingt dernières années; ils ont de plus en plus souvent utilisé des
matières brutes locales et sont devenus importateurs nets de cuirs et peaux bruts de
bovins à partir du début des années 70. Les importations nettes des pays en
développement sont passées, au total, de 145 000 tonnes au début des années 80 à
800 000 tonnes en 1999. (Les importations sont indiquées en tant qu'exportations
négatives à la Figure 7).
15. Le développement des activités de tannage dans les pays en développement s'est
traduit par un changement radical des flux commerciaux des cuirs et peaux bruts et
préparés ainsi que des produits en cuir. L'inversion des courants d'échange a
entraîné une vive concurrence au niveau des matières premières entre les nouvelles
industries de tannage des pays en développement, dont les ressources locales étaient
relativement limitées, et les tanneries établies de longue date dans les pays
développés. Selon de récentes données, certains pays producteurs de cuirs
bénéficiant d'importantes disponibilités de matières premières sur le marché
national (Inde, Pakistan et Thaïlande, par exemple) importent également de très grandes
quantités de cuirs bruts. Parallèlement, la compétition pour obtenir des parts sur les
marchés des produits finis dans la majeure partie des pays développés s'est
intensifiée, engendrant une concurrence acharnée entre les régions en développement.
16. Inversement, les pays développés ont changé de rôle; anciens importateurs nets
(dans leur totalité), ils sont devenus exportateurs nets de cuirs et peaux bruts de
bovins, traduisant ainsi le recul de l'importance relative de l'industrie des tannages en
Amérique du Nord et en Europe, du fait principalement de la vive concurrence des pays
dont les coûts de main-d'uvre sont moins élevés et la réglementation de
l'environnement moins sévère. Les exportations en provenance d'Amérique du Nord et
d'Océanie ont augmenté depuis 1970, et la demande d'importations nettes a baissé en
Europe. L'ex-URSS est devenue une région d'exportations nettes au milieu des années 90.
17. Compte tenu de ces transformations, la production de cuirs et peaux bruts de bovins
occupent aujourd'hui une place plus importante dans le commerce mondial (Figure 8). Elle
s'élève, au total, à environ 40 pour cent, soit 33 pour cent de plus qu'au début des
années 80. Les expéditions mondiales ont progressé en moyenne de 2,1 pour cent par an
au cours des années 80 et 90.
18. Un changement structurel est également intervenu dans le commerce international des
peaux brutes d'ovins et de caprins. Compte tenu de l'accroissement des activités de
tannage, les pays en développement sont devenus importateurs nets de peaux d'ovins au
milieu des années 90. Alors qu'ils sont encore exportateurs nets de peaux de caprins, les
excédents exportables nets ont diminué sous l'effet de la hausse du taux de
transformation au niveau national. Inversement, les pays développés, dans leur
totalité, sont aujourd'hui exportateurs nets de peaux d'ovins et ont considérablement
réduit les importations de peaux de caprins.
19. La part de production de peaux d'ovins sur le marché international a diminué de
46 pour cent au début des années 80, pour s'établir à 38 pour cent en 2000, en
raison de l'augmentation de la demande des tanneurs des pays producteurs (Figure 9).
L'Océanie est restée la principale région d'exportation, en dépit d'une légère
contraction, tandis que les expéditions en provenance de l'ex-URSS ont nettement
augmenté.
20. La proportion de peaux de caprins sur le marché international a reculé de 23 pour
cent au début des années 80, pour être ramenée à 7 pour cent à la fin des années
90, ce qui reflète également la progression rapide de l'utilisation par les pays
producteurs. Les expéditions ont diminué alors que la production a augmenté. Les pays
en développement, où les capacités de tannage se sont développées le plus vite, ont
réduit les exportations de peaux brutes d'environ 1,3 pour cent par an, en moyenne.
21. La transformation de cuirs et de peaux bruts exige une forte main d' et peut
être nuisible à l'environnement. Compte tenu de coûts de fabrication moins élevés et
d'une réglementation environnementale plus souple, de nombreux pays en développement ont
remporté la compétition sur les pays développés. Au milieu des années 80, les pays en
développement assuraient environ 40 pour cent de la production mondiale de cuir alors
qu'ils en assument aujourd'hui plus de 60 pour cent.
22. Du cuir léger de bovins est utilisé pour les empeignes de chaussures ainsi que pour
toute une gamme d'autres utilisations dans la confection et l'ameublement. La croissance
soutenue des activités de tannage dans les pays en développement s'est traduite par une
augmentation de la production de cuir léger de bovins dans les années 80 et 90. Tandis
que la production mondiale a augmenté de 1,5 pour cent par an, celle des pays en
développement a enregistré une hausse de 4,0 pour cent par an, ce qui a ainsi
porté leur part de tannage de ce type de cuir à plus de 55 pour cent. Cet accroissement
a été plus particulièrement marqué en Extrême-Orient. Les pays développés, dans
leur ensemble, ont diminué le tannage du cuir léger de bovins pendant cette période
(Figure 10).
23. Le cuir lourd de bovins est surtout utilisé pour fabriquer les semelles de chaussures
et représente, de manière assez stable, 3 pour cent de la production totale des cuirs
depuis les vingt dernières années.
24. La production totale de cuir d'ovins et de caprins a augmenté plus rapidement que
celle de cuir léger de bovins. Comme dans le cas de ce dernier, la production de cuir
d'ovins et de caprins a nettement progressé dans les pays en développement (Figure 11)
et leur part dans le total de la production mondiale est passée de 44 pour cent au début
des années 80 à 66 pour cent à la fin des années 90. L'Extrême-Orient, qui a
continué à dominer la production de cuir d'ovins et de caprins, et l'Afrique ont
enregistré les gains les plus forts en termes de pourcentage. Le tannage des peaux
d'ovins et de caprins a diminué dans les pays développés au cours de la même période.
25. Le déplacement des activités de tannage et de l'industrie du cuir vers les pays
en développement a également entraîné des modifications dans la structure du commerce
international des produits en cuir, finis et semi-finis.
26. Du début des années 80 jusqu'à la fin des années 90, le commerce du cuir léger de
bovins a fortement augmenté, s'établissant à environ 9,4 pour cent par an, en raison de
la demande soutenue de cuir et de produits en cuir (Figure 12). Les exportations de cuir
d'ovins et de caprins ont progressé, en moyenne, de 3,1 pour cent par an (Figure 13)
tandis que le commerce du cuir lourd est resté stable, reflétant un accroissement de
l'utilisation nationale.
27. La part du cuir léger dans les exportations totales des pays en développement a
augmenté de 39 à 60 pour cent, mais celle du cuir d'ovins et de caprins a baissé,
passant de 56 à 46 pour cent, en conséquence des échanges avec les pays développés.
L'Extrême-Orient a pris la place de l'Amérique latine en tant que première région
d'exportation de cuir léger de bovins et a continué à être le principal fournisseur de
cuir de d'ovins et de caprins parmi les régions en développement.
28. Les expéditions de cuir léger obtenu à partir du traitement de tous les types de
cuirs et de peaux bruts ont augmenté dans la majeure partie des régions les plus
développées au cours des années 80 et 90, notamment en Amérique du Nord.
29. Les chaussures représentent le principal produit fini du secteur des cuirs et
peaux bruts et préparés; une présentation des produits serait donc incomplète sans une
analyse de cette industrie.
30. Selon de récentes estimations, la production totale de chaussures à empeignes de
cuir dépasse aujourd'hui 4 500 millions de paires, cette production ayant augmenté
d'environ 2 pour cent par an dans les années 80 et 90 (Figure 14). Dans les pays en
développement, la production a augmenté de 6,6 pour cent par an, suite aux
investissements réalisés dans les activités de fabrication, et la part des pays en
développement dans la production totale a atteint 70 pour cent à la fin des années 90,
contre 35 pour cent en 1980. Comme pour le cuir, la hausse de la production de chaussures
en cuir a été plus marquée en Extrême-Orient, et dans une certaine mesure, en
Amérique latine. La production a fléchi dans presque toutes les régions développées,
en raison de coûts de main-d' plus élevés.
31. Le commerce mondial des chaussures à empeignes de cuir a fortement progressé avec
des taux de croissance annuels atteignant en moyenne 7,0 pour cent entre les années 80 et
la fin des années 90 (Figure 15). Les expéditions en provenance des pays en
développement ont augmenté le plus rapidement, de 16,2 pour cent par an, et leur part
dans les exportations mondiales est passée de 20 pour cent en 1980 à 65 pour cent à la
fin des années 90. Cette croissance a plus particulièrement concerné les pays
d'Amérique latine et d'Asie, reflétant les investissements consacrés par plusieurs de
ces pays au développement des capacités de production. L'Europe assurait environ 80 pour
cent des exportations mondiales de chaussures à la fin des années 70, mais elle a perdu
une part de marché au profit de l'Extrême-Orient au cours des vingt années suivantes,
en raison de la vive compétition des pays en développement bénéficiant de coûts de
fabrication beaucoup moins élevés. L'Extrême-Orient assume aujourd'hui 56 pour cent du
commerce international, contre 33 pour l'Europe.
32. La consommation des chaussures en cuir dans les pays en développement est passée de
32 pour cent du total mondial au début des années 80 à 55 pour cent à la fin des
années 90, du fait de l'augmentation des revenus des consommateurs, notamment dans les
pays d'Extrême-Orient. Au niveau mondial, les achats, par habitant, sont restés stables
bien qu'ils aient augmenté de 0,3 à 0,5 paire par an dans les pays en développement.
Les achats, par habitant, des consommateurs d'Extrême-Orient ont progressé tandis qu'en
Afrique, les achats annuels ont baissé, s'établissant à une paire par 10 habitants.
Diverses tendances sont apparues dans les pays développés. En Amérique du Nord, la
demande de chaussures en cuir, par habitant, a fortement augmenté. En Europe, les achats,
par habitant, semblent avoir reculé pour tomber à 1,5 paire par an, alors que dans la
région de l'ex-URSS, la demande s'est effondrée sous l'effet de la crise économique.
33. Comme l'indiquent les sections précédentes du présent document, la production et
le commerce des cuirs et peaux bruts et préparés a connu une forte hausse au cours des
dernières décades. Les cuirs et les peaux provenant des pays en développement sont
soumis à de plus nombreux traitements avant d'être exportés et la part des pays en
développement dans la valeur mondiale des exportations est passée de 20 pour cent à
plus de 40 pour cent entre le début des années 80 et la fin des années 90. Toutefois,
il faut encore résoudre certains problèmes, parmi lesquels: les pertes résultant de
cuirs et de peaux non prélevés, endommagés ou de mauvaise qualité; la réglementation
imposée à l'industrie en matière d'environnement; enfin, l'incidence de politiques
commerciales restrictives. En dépit des progrès réalisés au cours des vingt dernières
années, le secteur des cuirs et peaux bruts et préparés doit être encore consolidé
dans de nombreux pays en développement, notamment en Afrique, pour permettre d'accroître
les recettes d'exportation et les perspectives d'emploi de ces économies.
34. Malgré les efforts réalisés pour améliorer la qualité des cuirs et des peaux et
pour réduire le gaspillage, des pertes considérables sont encore imputables à la
non-récupération de ces matières précieuses et aux dommages résultant d'une mauvaise
gestion des troupeaux, des maladies et des traitements inadéquats pendant et après
l'abattage. Selon les estimations, les pertes de cuirs et peaux en Afrique dépassaient
800 millions de dollars E.-U. en 1998. En Afrique, plusieurs facteurs contribuent à
maintenir la production en deçà de son plein potentiel.
35. La réglementation de l'environnement peut nuire à la santé économique de
l'industrie. Celle-ci doit en effet engager des frais importants pour s'y conformer et il
est donc indispensable de rechercher les moyens de les maîtriser pour en réduire les
effets sur les activités de transformation et les échanges commerciaux. Les exigences de
plus en plus rigoureuses de la réglementation environnementale ont stimulé le
développement de technologies plus propres tout en encourageant une délocalisation des
activités de tannage vers les pays en développement qui disposent de règles plus
souples en la matière. Toutefois, même dans ces pays, les coûts de mise en conformité
sont importants et l'adoption de technologies moins polluantes est souvent limitée par
les investissements élevés qu'il est nécessaire de réaliser au départ. Il faut donc
continuer à fournir les techniques et le financement nécessaires pour que les pays en
développement puissent utiliser des technologies plus propres.
36. Le commerce des cuirs et peaux est encore entravé par diverses barrières imposées
par les pays tant importateurs qu'exportateurs. Ces obstacles, qui freinent la pleine
expansion des échanges commerciaux de cuirs, de peaux et de leurs produits dérivés,
prennent la forme de droits d'entrée et de contingents à l'importation, de taxes à
l'exportation et d'interdictions d'exportations.
37. Les restrictions à l'importation limitent le potentiel des exportateurs et réduisent
les disponibilités des matières premières pour les transformateurs et les fabricants
dans les pays importateurs. Une progressivité tarifaire est en général appliqué aux
échanges. Dans de nombreux pays, les cuirs et les peaux bruts peuvent entrer librement
(sous réserve des règlements techniques et sanitaires en vigueur), et malgré les
légères réductions consenties dans le cadre des négociations de l'Uruguay Round, les
droits de douane sur les cuirs et les produits en cuir restent élevés. Les tarifs
douaniers moyens pondérés en fonction des échanges internationaux pour les pays en
développement ont été estimés à 3,5 pour cent pour les cuirs et à 7,3 pour cent pour
les produits en cuir. Dans certains pays, toutefois, les droits sur certains articles,
comme les chaussures en cuir, continuent à atteindre 50 pour cent ou plus. Les
restrictions sur les normes sanitaires et la composition chimique des matières brutes et
partiellement traitées qui ont été imposées par les pays d'importation pour protéger
la santé et promouvoir la sécurité des hommes et des animaux servent également à
préserver les producteurs de cuirs et de peaux.
38. De plus, les restrictions à l'exportation sont préjudiciables au commerce car elles
limitent les approvisionnements des tanneurs et faussent donc la concurrence. Lors de sa
cinquième session en 1996, le Sous-Groupe a examiné les diverses restrictions de
nombreux pays en développement. Une pression continue visant à réduire les entraves au
commerce international contribuerait à faire augmenter les échanges et permettrait aux
pays producteurs d'accroître leurs recettes d'exportation.
39. Les pays en développement ont souvent des difficultés à obtenir l'information
voulue pour exporter effectivement leurs produits; de leur côté, les acheteurs des pays
développés ont de plus en plus besoin de s'approvisionner à de nouvelles sources. Afin
de prendre contact et d'échanger des renseignements entre vendeurs et acheteurs, les
missions et les foires ainsi que la publication d'informations commerciales sont des
ressources utiles. Depuis quelques années, des foires sur le cuir et des manifestations
parallèles sont organisées à Johannesburg, Le Cap et Casablanca, avec le parrainage du
Centre de commerce international CNUCED/OMC(CCI), et les intérêts commerciaux ont
stimulé les contacts. La facilité croissante d'accès à Internet permet également de
surmonter ces barrières. Toutefois, l'information commerciale dans cette industrie
fragmentée et diversifiée est encore insuffisante et continue à freiner l'expansion
réelle des exportations, notamment en ce qui concerne les pays africains. Une
participation active des associations du cuir et des produits en cuir pourrait jouer un
rôle important.
40. Les matières synthétiques ont peu progressé dans l'industrie du cuir. Cependant,
elles pourraient entrer sur le marché avec plus de force et le Sous-Groupe a exprimé
plusieurs fois dans le passé le besoin de suivre cette évolution afin que des parts de
marché ne soient perdues à l'avenir.
41. La stratégie de développement adoptée par le Sous-Groupe lors de sa cinquième
session en 1996 (CCP: ME/HS 96/9) établit les principales orientations sur lesquelles le
Sous-Groupe pourrait faire porter ses efforts pour promouvoir le développement de ce
secteur, à savoir:
a) Pertes de cuirs et peaux: non-récupération et endommagement,
b) Statistiques,
c) Politiques commerciales restrictives,
d) Réglementation de l'environnement,
e) Informations commerciales,
f) Concurrence des matières synthétiques sur le marché.
42. Les délégués peuvent modifier cette stratégie en fonction de l'expérience acquise au cours des cinq dernières années, ou bien la réaffirmer telle qu'elle se présente actuellement.
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