CCP: BA/TF 01/6


COMITÉ DES PRODUITS

GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LA BANANE ET LES FRUITS TROPICAUX

Deuxième session

San José (Costa Rica), 4 - 8 décembre 2001

BIOTECHNOLOGIE ET PRODUCTION DE BANANES

Table des matières


I. INTRODUCTION

1. À sa première session, le sous-groupe a conclu que le Projet d'amélioration de la banane, financé par le Fonds commun pour les produits de base, avait largement contribué à améliorer ce produit. Il a réaffirmé l'intérêt qu'il porte aux initiatives prises en matière d'amélioration de la banane reposant sur la diffusion d'informations à ce sujet. Le présent document récapitule les innovations biotechnologiques concernant la banane.

2. Les progrès des techniques de micro-propagation par culture tissulaire ont révolutionné la propagation de la banane au cours des 30 dernières années. Celle-ci se faisait auparavant à partir de rejets latéraux: il s'agit d'une technique relativement simple consacrée par l'usage, mais qui a pour gros inconvénient d'avoir contribué à diffuser dans le monde entier nombre de maladies et de ravageurs de la banane par le biais du matériel végétal. La culture tissulaire permet aux agriculteurs d'utiliser du matériel certifié exempt de maladies et de ravageurs. Dans bien des cas, cette stratégie peut permettre de retarder l'utilisation de produits chimiques. Malheureusement, la culture tissulaire n'élimine pas tous les virus qui attaquent la banane.

3. La plupart des cultivars de banane exploités commercialement ont été sélectionnés et diffusés au cours des deux derniers millénaires. Sélectionner de nouvelles variétés est fastidieux et ce n'est que récemment que des sélections des améliorateurs ont été diffusées et que leur acceptabilité par les agriculteurs et les consommateurs a été évaluée. Les exportateurs de bananes ont une idée très précise sur les qualités nécessaires à une variété commerciale idéale et les sélectionneurs ont des difficultés à intégrer dans les variétés d'autres caractéristiques importantes qui soient acceptables.

4. Pour l'exportateur, le remplacement des clones Cavendish vulnérables aux maladies et aux ravageurs doit préserver tous les caractères positifs après récolte concernant la durée de vie du fruit vert (période pendant laquelle le fruit peut être conservé dans un état de non-maturité), sa durée de conservation après mûrissement et son acceptabilité pour le consommateur, qui est liée de fait à sa saveur mais aussi à son apparence. Certaines variétés résistantes aux maladies, sélectionnées par le programme jamaïcain dans les années soixante, et les variétés de bananes de table du programme FHIA (Fundación Hondureña de Investigación Agricola) n'ont pas une durée de conservation ni un goût comparables à ceux des Cavendish; elles n'ont donc pas été adoptées pour l'exportation. Si les consommateurs formant les groupes de dégustateurs ne connaissent qu'une certaine saveur de banane, celle des Cavendish, qui pour la plupart des gens est la seule banane mûre en vente depuis toujours, il n'est pas surprenant que des variétés à la saveur légèrement différente leur plaisent moins, uniquement parce qu'elles ne ressemblent pas à la banane "type"!

5. Toutes les variétés de bananes de table cultivées pour l'exportation sont comparables : elles forment un groupe connu sous le nom de Cavendish (Musa AAA). Les diverses variétés sont le résultat de mutations relativement mineures qui en ont modifié la taille et le rendement. Il n'est pas possible de les distinguer d'après la saveur des fruits. Leur génotype étant presque identique, elles sont malheureusement vulnérables aux mêmes ravageurs et aux mêmes maladies. Les progrès du génie génétique pourraient permettre d'améliorer ces variétés qui ont la préférence du consommateur en introduisant des caractères spécifiques, tels que la résistance aux maladies, sans changer les autres.

II. CULTURE TISSULAIRE ET PROPAGATION IN VITRO

6. La technique de la culture tissulaire a vu le jour grâce à des travaux de recherche destinés à satisfaire deux besoins différents. Les sélectionneurs de bananes, confrontés à l'insuffisance de la germination des semences imputable à leur faible rendement, ont mis au point des techniques pour cultiver des embryons sur des supports déterminés; par ailleurs, en Chine, dans la Province de Taiwan, des techniques de culture in vitro ont été élaborées pour produire de nombreux plants exempts du champignon Fusarium oxysporum fsp cubense race 4, qui constitue une menace pour les producteurs de bananes Cavendish commercialisant leurs fruits dans certains environnements. La culture in vitro accéléré s'est vite développée et les nouveaux laboratoires de culture tissulaire du monde entier ont tiré parti des débouchés que représentait la fourniture aux producteurs de bananes d'exportation (Cavendish) de matériel végétal homogène exempt de ravageurs et de maladies.

A. CARTOGRAPHIE DU GÉNOME

7. Les techniques modernes ont permis, et permettront encore, de mieux comprendre la taxinomie de la banane. Jusqu'ici, les progrès considérables réalisés dans la différenciation des variétés d'après leurs caractéristiques morphologiques a permis d'éclaircir les origines des groupes les plus vastes, mais il reste difficile de faire la distinction entre des clones ayant une ascendance analogue d'après leur morphologie.

B. MUTATIONS INDUITES

8. Les difficultés liées à la sélection classique ont conduit à étudier d'autres techniques permettant d'introduire des caractéristiques utiles dans des clones par ailleurs valables. Des mutations peuvent être induites au moyen de produits chimiques et d'irradiations, ainsi que dans la culture tissulaire. Cette stratégie présente des difficultés d'ordre pratique, car elle entraîne la nécessité de produire puis de faire pousser et d'observer de grandes quantités de plants pour procéder aux sélections. Malgré les efforts considérables déployés et le succès partiel remporté en Chine, dans la province de Taiwan, où la situation est assez particulière, aucun progrès décisif n'a été enregistré et aucun clone obtenu par des techniques de mutation n'est actuellement utilisé à des fins commerciales sur une grande échelle.

C. GÉNIE GÉNÉTIQUE

9. Le génie génétique permet de mettre en place dans un clone par ailleurs idéal une structure génétique lui conférant une certaine caractéristique chimique, physiologique ou agronomique ou une résistance à des ravageurs ou des maladies données. De nombreux travaux de recherche actuels visent à perfectionner plusieurs méthodes permettant d'obtenir ce résultat.

III. AVANTAGES POTENTIELS DE LA BIOTECHNOLOGIE

A. PROPAGATION RAPIDE GRÂCE AUX TECHNOLOGIES
DE CULTURE TISSULAIRE

10. La culture tissulaire a révolutionné la culture de la banane et remplacé la méthode classique fondée sur l'utilisation des rejets végétatifs dans de nombreuses régions de production intensive. On estime que 50 millions de plants obtenus par culture tissulaire sont produits chaque année. Cette technique permet une production de clones en série à un rythme beaucoup plus élevé que ne le permet le prélèvement de rejets sur les plantes en développement. Les plantules récemment sevrées sont fragiles et nécessitent une manipulation délicate pendant les semaines qui suivent leur prélèvement sur le milieu de culture, mais lorsqu'elles sont en pleine terre et qu'elles ont pris leur croissance et leur rendement final sont supérieurs à ceux des plants produits par les moyens traditionnels. Il semble que leur vigueur et leur potentiel de rendement soient dus au caractère juvénile du matériel et à l'augmentation, par rapport aux plants produits par des méthodes classiques, de l'efficacité de la photosynthèse, de la superficie foliaire fonctionnelle, de la vigueur des racines et de l'accumulation de matière sèche totale. L'amélioration des rendements des fruits issus de plants obtenus par culture tissulaire peut persister l'espace de trois récoltes successives.

B. PLANTULES DE BANANE EXEMPTES D'AGENTS PATHOGÈNES

11. L'utilisation de matériel végétal obtenu par culture tissulaire peut prolonger la période durant laquelle le fruit est protégé contre les ravageurs pendant des mois, voire des années. Les ravageurs omniprésents qui sont Radopholus similis, le nématode du bananier, et Cosmopolites sordidus, le charançon du bananier, sont des exemples des difficultés que pose la culture de la banane. Ces deux ravageurs, originaires de la région du Pacifique, sont établis partout où le bananier est cultivé et le climat favorable . Cependant, puisqu'il ne s'agit pas de ravageurs indigènes dans la plupart des régions de production bananière, les terres qui n'ont pas encore été plantées en bananiers ne sont pas infestées. Le nématode compte quelques autres plantes hôtes, à l'inverse du charançon, qui ne s'attaque qu'au bananier. Une fois le charançon installé, il est difficile de l'éliminer. Partout où le bananier doit être cultivé pour la première fois, l'utilisation de plants issus de la culture tissulaire permettrait d'éviter l'infestation de nouvelles zones de culture.

12. Le problème que posent les virus n'a pas été résolu par la culture tissulaire et la circulation de matériel génétique à l'échelle mondiale est limitée, et le restera, tant que des méthodes satisfaisantes d'élimination des virus n'auront pas été mises au point. Le virus de la striure du bananier pose un problème particulier car il ne peut pas être au moyen des techniques classiques de traitement par la chaleur ni par la culture du méristème apical.

13. Les premières innovations commerciales reposant sur la culture tissulaire ont toutes porté sur les clones Cavendish dont le commerce des exportations internationales est tributaire. Les innovations concernant la production in vitro d'autres variétés (bananes de dessert, bananes à cuisiner ou plantains) ont été moins nombreuses. En fait, les autres variétés peuvent nécessiter des différences subtiles dans les conditions de développement de la culture tissulaire. Les divers génotypes de banane ont des réactions différentes en matière de rythme de prolifération in vitro et, inévitablement, les coûts de production des variétés spéciales seront plus élevés; les producteurs non exportateurs pourraient donc être tributaires de laboratoires de culture tissulaire publics ou financés par des ONG, voire de l'octroi de subventions ou de la mise en place de mesures d'incitation.

14. Il est relativement peu coûteux de créer des laboratoires de culture tissulaire (50 000 dollars pour l'équipement d'une petite installation). En Afrique du Sud, un laboratoire produit maintenant de grandes quantités de variétés Cavendish, de plantains et de certains nouveaux hybrides de la FHIA pour un coût d'environ 0,70 dollar le plant, nettement inférieur au coût des plants obtenus en Europe.

15. Des projets visant à appuyer et à encourager la replantation et la remise en état des bananeraies moyennant l'introduction de matériel végétal indemne et de génotypes dits améliorés ont démarré en Afrique de l'Est dans le cadre de programmes nationaux et internationaux. Des travaux analogues ont été menés par la FHIA au Honduras. Ces initiatives pourraient contribuer à résoudre les problèmes posés par les charançons, les nématodes et la sigatoka noire (Mycosphaerella fijiensis) qui, sans cela, ne peuvent pas être efficacement maîtrisés dans les systèmes africains de production agricole où la culture de banane occupe une place dominante.

C. ÉTABLISSEMENT DE LA CARTOGRAPHIE DU GÉNOME AU SERVICE DE LA PRÉVISIBILITÉ

16. La complexité des clones de bananes destinées à la vente a pendant de nombreuses années beaucoup gêné les sélectionneurs. En raison des difficultés rencontrées pour réaliser des hybridations (certains clones étant triploïdes et stériles), il n'a pas été possible d'établir de prévisions en matière de transfert des gènes, notamment ceux qui confèrent une résistance aux maladies. Le ou les gênes de la résistance à Fusarium oxysporum fsp cubense et Mycosphaerella spp et aux nématodes n'ont pas été identifiés, d'où l'intérêt de l'introduction de gènes dits de résistance provenant d'autres sources (que les bananes). Le séquençage du génome de la banane devrait permettre à terme de repérer les gènes indispensables qui pourraient être utilisés par la suite. On peut supposer qu'aucune nouvelle variété de banane ne peut être mise en circulation si elle n'est pas résistante au Fusarium et ne présente pas au moins une bonne tolérance aux cercosporioses, voire aux nématodes. La FHIA pourrait à juste titre faire valoir que ces objectifs ont été atteints avec la sélection classique. Si plusieurs hybrides produits dans le cadre du programme de sélection de la FHIA au Honduras sont cultivés et acceptés par les agriculteurs et les consommateurs à Cuba et dans quelques pays africains, le mérite en revient à M. Phil Rowe, aujourd'hui disparu.

17. En comprenant mieux les fonctions des composantes génétiques du génome de la banane, on disposerait des bases nécessaires pour développer et sélectionner des clones présentant les qualités voulues pour permettre la culture du fruit dans des environnements plus difficiles. Par ailleurs, on chercherait à obtenir des clones ayant des qualités après-récolte améliorées et certaines caractéristiques en ce qui concerne le fruit lui-même.

D. APPLICATION RÉDUITE DE PESTICIDES/FONGICIDES

18. Les producteurs exportant à des fins commerciales des variétés Cavendish de table, exploitées en tant que monoculture en Afrique de l'Ouest, dans les Caraïbes et en Amérique latine, sont fortement tributaires des fongicides et des nématicides pour lutter contre les cercosporioses (M. fijiensis M. musicola) et les nématodes respectivement. Cette stratégie n'est ni possible, ni souhaitable, pour les agriculteurs approvisionnant les marchés locaux. Les producteurs commercialisant leurs fruits, qui doivent avoir recours périodiquement aux pesticides, peuvent espacer l'application de nématicides si du matériel indemnevégétal propre est utilisé pour les nouvelles plantations, sur des terres qui ont été laissées en jachère ou sur lesquelles certaines plantes non hôtes ont été cultivées pendant 12 à 18 mois. Le risque de réinfestation en provenance des parcelles adjacentes demeurera et, tôt ou tard, il faudra avoir recours aux nématicides. L'utilisation de matériel végétal indemne ne réduira pas la présence de cercosporioses. La fréquence des applications de fongicides pourrait être limitée grâce à un suivi plus rigoureux de la maladie, voire à des cultures associées mais, dans les environnements où les maladies prospèrent, la seule solution de rechange est l'utilisation de variétés améliorées (résistantes aux maladies) dont les producteurs exportateurs ont désespérément besoin. Il a été suggéré de mettre en place un système dans lequel les Cavendish destinées à l'exportation seraient cultivées à proximité des bananes à plusieurs usage résistantes aux maladies (FHIA1) destinées aux marchés locaux, afin de réduire le potentiel d'inoculum des spores dans la plantation.

IV. OBJECTIFS ET PROBLÈMES FUTURS

A. L'HORIZON DE LA RECHERCHE

19. La recherche s'inscrit incontestablement dans le long terme: il serait surprenant que ces clones "idéaux" puissent être mis au point en moins de 15 ans. Ce sont les besoins commerciaux et économiques du secteur de l'exportation qui en seront forcément l'élément moteur. Cependant, plusieurs problèmes environnementaux et sociaux doivent encore être résolus. Les risques que présentent pour les humains les bananes génétiquement transformées, sécrétant des toxines antifongiques ou anti-nématodes dans leurs feuilles ou leurs racines, sont probablement faibles. Les risques pour l'environnement sont encore plus faibles puisque nombre de variétés de bananes (comme les Cavendish) sont stériles. Les fuites de nature transgénique sont donc considérées comme un risque mineur compte tenu en particulier de la forte dépendance à l'égard des pesticides.

20. Le 19 juillet 2001, des scientifiques de onze pays ont annoncé la fondation d'un consortium international qui doit séquencer le génome de la banane en l'espace de cinq ans. Cette initiative doit être coordonnée par l'INIBAP (Réseau international pour l'amélioration des bananes et des plantains). La poursuite des travaux de recherche en milieu universitaire, dans le cadre des instituts de recherche et des services nationaux de recherche de l'INIBAP, permet une diffusion des résultats telle que les nouvelles variétés ou les autres innovations seront accessibles aussi bien aux petites exploitations qu'aux plantations travaillant pour l'exportation.

21. Alors que les techniques de culture tissulaire sont maintenant répandues dans la plupart des pays et bien établies, les innovations technologiques consistant à améliorer les variétés par génie génétique sont relativement nouvelles et les activités de recherche encore largement cantonnées aux laboratoires spécialisés. Au cours des dix dernières années, des travaux de recherche très importants ont porté sur la production d'une banane génétiquement modifiée. Des protocoles ont été mis au point et des plantes ont été produites dans des conditions de confinement, ce qui a confirmé qu'en principe, la banane peut être modifiée. Grâce à la recherche, on continue à découvrir les méthodes les plus efficaces pour préparer le matériel végétal d'origine en vue de sa transformation et du transfert des caractères génétiques souhaités. Ce travail est mené par des sociétés commerciales, des universités des États-Unis et d'Europe, et dans les instituts de recherche agronomique. Le coût de cette recherche est élevé, car elle exige des laboratoires de pointe (avec des installations de confinement adéquates) et du personnel hautement qualifié. On peut espérer que ces laboratoires et ces instituts de recherche publieront les résultats de leurs travaux, les rendant ainsi accessibles aux pays en développement.

22. La modification génétique est un sujet qui fait couler beaucoup d'encre et suscite une vaste controverse. Il est peu probable qu'une variété de banane transformée destinée à la production commerciale soit mise en circulation avant dix ans au minimum. (Il faut partir du principe que toute "variété" nouvelle doit être soumise à une évaluation approfondie sur le terrain dans des stations expérimentales, puis dans les parcelles des agriculteurs). C'est ainsi qu'en Afrique de l'Est, il faudra au moins quatre ans pour obtenir d'une plante trois générations de floraison, condition minimum requise sur le plan agronomique). Par ailleurs, les résultats de la recherche doivent être diffusés gratuitement par les institutions de recherche et les organisations internationales dans les pays en développement producteurs de bananes. Quand des initiatives privées débouchent sur des produits ou des procédés brevetés, il pourrait se révéler nécessaire de payer des redevances au titre de la propriété intellectuelle. Souvent, ce sont ces redevances potentielles qui stimulent les travaux de recherche.

23. Les agriculteurs commercialisant leur production ont désespérément besoin de variétés résistantes aux cercosporioses, aux nématodes et, dans certaines régions, aux charançons. Ils peuvent probablement prendre à leur charge les techniques de transformation étant donné qu'il leur est permis d'espérer faire l'économie de multiples applications de fongicides et d'au moins deux applications de nématicides par an, ce qui pourrait représenter environ un millier de dollars ou plus par hectare.

24. Pour les petits exploitants écoulant leur production sur le marché local, les pertes dues aux ravageurs et aux maladies peuvent également être réduites et l'efficacité des nutriments peut être améliorée parallèlement à la productivité. La durée de conservation des produits à valeur ajoutée peut aussi être prolongée. Augmenter les superficies et prolonger les campagnes agricoles peut stimuler la production et contribuer à couvrir la demande croissante de produits alimentaires. Dans le long terme, la durabilité pourrait être améliorée.

25. Parmi les professionnels du secteur des échanges internationaux, l'opinion selon laquelle seules les variétés Cavendish ont la qualité souhaitée par le consommateur des pays importateurs de l'hémisphère Nord est très répandue. Jusqu'ici, les bananes ayant un goût différent des Cavendish n'ont pas trouvé grâce auprès des consommateurs. On peut donc s'attendre à ce que les travaux de recherche-développement continuent à se concentrer sur les variétés Cavendish.

B. L'ÉLÉMENT SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

26. Les agriculteurs approvisionnant les marchés locaux en bananes de divers types (de table, à cuire de qualité brassicole et plantains), qui n'ont habituellement pas recours des traitements chimiques, doivent également avoir accès à des clones résistants, mais ils n'auront pas les ressources financières nécessaires pour acquérir la technologie. Une fois de plus, la diffusion des résultats de la recherche auprès des agriculteurs produisant pour les marchés locaux joue un rôle essentiel dans l'application pratique de la recherche à la sécurité alimentaire. Il existe un lien direct et évident entre les variétés résistantes aux maladies et l'accroissement des rendements des agriculteurs dont la production est destinée à la consommation locale, qu'il s'agisse des bananes ou des plantains.

27. Il est peu probable que toutes les variétés actuellement cultivées dans des pays comme l'Ouganda ou l'Inde, où il existe une grande diversité de bananes correspondant à des préférences spécifiques, fassent l'objet d'innovations technologiques. Cependant, si ces innovations technologiques étaient couronnées de succès, elles pourraient entraîner une perte de diversité génétique, risque déjà pris en compte par l`INIBAP puisque les clones anciens, naturellement moins productifs, sont oubliés ou abandonnés à mesure que les goûts évoluent. Les producteurs ont intérêt à conserver la diversité des variétés tout en incorporant de nouvelles innovations améliorant la productivité.

28. Quand les bananes représentent une source importante de nourriture, en particulier dans le cas des petits exploitants des pays en développement, la biotechnologie peut offrir de nouvelles possibilités d'améliorer la sécurité alimentaire. Si de nombreux gènes différents relatifs à la résistance aux maladies, au contrôle du mûrissement et d'autres facteurs étaient mis au point et que de nombreux clones différents de bananes ayant des gènes divers étaient mis à la disposition des petits exploitants, le risque qu'une quelconque maladie nouvelle cause des dégâts imprévisibles sur une grande échelle serait faible. Dans ce sens, la biotechnologie pourrait réellement améliorer la situation des petits exploitants, notamment grâce au contrôle du mûrissement, leur permettant de prolonger la campagne et d'augmenter les quantités de fruits offertes pour la consommation locale et la durée des périodes pendant lesquelles ces fruits sont disponibles.

C. ASPECTS LIÉS AUX CONSOMMATEURS ET À L'ENVIRONNEMENT

29. Dans les régions constituant d'importants marchés, le public est très réservé vis-à-vis des modifications génétiques. Peut-être que si les aspects liés à la protection de l'environnement et à la sécurité des travailleurs étaient mis en avant, les consommateurs se rendraient sans doute mieux compte que l'application de ces techniques aux bananes présente des avantages allant au-delà de l'amélioration de la productivité. L'argument le plus convaincant en faveur de la transformation génétique dans le cas de la banane est qu'elle permet de réduire l'utilisation de fongicides et de nématicides. C'est pour cette raison que les structures génétiques ont déjà été identifiées et que des tentatives d'incorporation dans les Cavendish (et dans d'autres bananes) ont peut-être déjà eu lieu, mais elles sont protégées par des accords commerciaux destinés à préserver le secret. Les caractères de résistance reposant sur l'inhibition des protéases seront exprimés dans les racines (contre les nématodes) et dans les feuilles pour les composants antifongiques (contre les cercosporioses).

30. Les mouvements écologistes admettent depuis longtemps que l'application de fongicides par pulvérisation à partir d'avions est préjudiciable à la santé des travailleurs et de la population locale. On a également estimé pendant un temps que le ruissellement des produits chimiques dans les cours d'eau locaux posait un problème. D'un point de vue environnemental, les innovations qui réduisent les effets secondaires de la culture intensive de la banane peuvent être considérées comme bénéfiques. L'une des préventions existantes a trait aux risques de fuites de gènes possédant ces caractères de résistance aux insecticides ou aux insectes dans la flore locale, qui porteraient atteinte à l'environnement naturel. Ces problèmes se posent pour la plupart des cultures ; cependant, étant donné que les bananiers, stériles, ne produisent pas de pollen, le problème de la dispersion dans l'environnement des gènes des bananes transformées ne se pose pas.

31. Néanmoins, les craintes des consommateurs, en Europe en particulier, pourraient continuer à influer fortement sur l'introduction de plantes et/ou de variétés transgéniques, malgré l'avantage que présentent celles-ci pour les producteurs et les travailleurs, si les consommateurs ne sont parfaitement informés des risques. Les consommateurs demandent à avoir le choix en matière de plantes et/ou de variétés transgéniques. Les décisions concernant l'évaluation des risques doivent reposer sur des connaissances sûres.

32. Les étiquettes tendent à privilégier la description du contenu, mais certains consommateurs s'intéressent aussi à la méthode de fabrication, et, dans le cas des cultures, ils souhaitent savoir si des technologies géniques sont employées. Toute exigence en matière de traçabilité comporte un coût qui devra être intégré dans le prix de revient des bananes génétiquement modifiées, si ce type de bananes est mis un jour sur le marché. Le problème complexe de l'étiquetage soulève de nombreuses questions quant aux caractères modifiés qu'il convient de signaler au consommateur.

V. CONCLUSIONS

33. Les cinq ou dix années à venir pourraient être fertiles en événements pour le secteur de la banane avec l'application croissante des biotechnologies à cette culture, si importante pour la sécurité alimentaire de populations très nombreuses dans les pays en développement (voir également les documents CCP: BA/TF 01/4, CCP: BA/TF 01/CRS.5 et CCP: BA/TF 01/CRS.6) et génératrice de revenus pour les personnes jouant un rôle aux différents stades de la production et de la commercialisation. On peut s'attendre à des progrès décisifs dont il faut espérer qu'ils permettront de : réduire l'impact sur l'environnement des produits chimiques appliqués aujourd'hui par nécessité dans les zones de production ; faire baisser les coûts de production ; améliorer la sécurité des travailleurs ; et augmenter la productivité. Cependant, ces avantages se matérialiseront seulement s'il est vérifié que les risques pour l'environnement et pour les consommateurs sont limités (condition préalable à l'acceptation par les consommateurs et par la profession). Au cours du temps, le sous-groupe voudra peut-être jouer un rôle dans cette initiative, compte tenu des avantages potentiels pour les producteurs, les négociants et les consommateurs. La transparence et l'information sont des objectifs fondamentaux du sous-groupe et il s'agit là d'un domaine dans lequel il lui est possible d'intervenir.

34. Le 14 mai 2001, le Directeur général de la FAO, M. Jacques Diouf, a déclaré ce qui suit: Les technologies de modification génétique offrent de grandes possibilités de construire un monde véritablement à l'abri de la faim, mais nous ne devons pas oublier que les membres de la communauté scientifique et de la communauté internationale, les sociétés multinationales s'occupant des sciences biologiques, les donateurs et les gouvernements nationaux ont tous une responsabilité fondamentale à assumer pour faire en sorte que les pays en développement puissent profiter de façon équitable de ces progrès excitants de la science, selon des modalités ne présentant aucun danger pour leurs populations et leur environnement. Cela exige une participation plus ouverte, intégrée et coopérative de toutes les parties prenantes contribuant à la production agricole et alimentaire des pays en développement. Ces perspectives s'appliquent parfaitement au secteur de la banane.