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SITUATION MONDIALE DE L'ALIMENTATION ET DE L'AGRICULTURE

Situation de l'alimentation et de l'agriculture, 1966

7. Le Conseil a examiné la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture à la lumière du rapport du Directeur général intitulé “La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 1966” (CL 47/2) ainsi que d'un document supplémentaire sur les faits plus récents (CL 47/2 Sup. 1).

8. Il fait sienne l'analyse de la situation telle qu'elle est présentée dans ces documents et note avec inquiétude que la production alimentaire, pendant la campagne agricole 1965/66, a été la plus mauvaise que l'on ait enregistrée depuis quelque temps. La sécheresse a sévi dans un nombre exceptionnellement élevé des principales régions agricoles du monde, notamment l'Argentine, l'Australie, l'Inde, l'U.R.S.S., une grande partie de l'Afrique ainsi que dans de nombreuses parties de l'Europe. Si, pendant les années précédentes, la production alimentaire mondiale n'augmentait pas assez rapidement pour permettre une amélioration sensible de l'état nutritionnel, du moins avait-elle suivi à peu près le rythme de l'accroissement démographique. Or, pour 1965/66, les estimations préliminaires indiquent que la production n'a pas progressé du tout, alors qu'il faut nourrir près de 70 millions de bouches de plus que l'année précédente.

9. Sans les excellentes récoltes de l'Amérique du Nord, la production mondiale aurait presque certainement baissé en 1965/66; en fait, elle a diminué dans chacune des régions en voie de développement, à l'exception du Proche-Orient. On estime qu'en Afrique, en Extrême-Orient et en Amérique latine, qui ensemble comptent quelque 60 pour cent de la population mondiale (Chine continentale non comprise), la production alimentaire a baissé, en 1965/66, d'environ 2 pour cent au total et de 4 à 5 pour cent par habitant.

10. En ce qui concerne les régions en voie de développement prises dans leur ensemble, la production alimentaire par habitant est probablement retombée au niveau de 1957/58, c'est-à-dire au niveau insuffisant d'avant-guerre. La population de ces régions augmentant en moyenne de 2, 5 pour cent par an, il faudrait que leur production alimentaire totale augmente de presque 7 pour cent en 1966/67 pour regagner simplement le faible niveau par habitant atteint en 1964/65.

11. Des expéditions massives de céréales prélevées sur les stocks de l'Amérique du Nord ont contribué largement à prévenir une famine généralisée en 1965/66 en Inde et dans d'autres régions frappées par la sécheresse. Toutefois, ces expéditions d'urgence, plus les récentes et fortes importations de céréales par l'U.R.S.S. et la Chine continentale, ainsi que les efforts déployés par les Etats-Unis pour maintenir leurs stocks dans certaines limites, ont ramené les stocks de céréales à leur niveau le plus bas depuis bien plus d'une décennie. Les stocks excédentaires de céréales, tout au moins en ce qui concerne le blé, ont cessé d'exister. Aux Etats-Unis, dont la production représente encore presque un cinquième de la production agricole mondiale, le Gouvernement a réagi à cette nouvelle situation en supprimant, pour la première fois depuis de nombreuses années, certaines des limitations imposées à l'expansion de la production céréalière. Toutefois, ces mesures ne produiront guère d'effet avant la campagne 1967/68 pour laquelle les contingents de superficie ont été augmentés de 32 pour cent.

12. C'est donc avec une certaine inquiétude que l'on attend les résultats de la récolte en cours 1966/67. La situation mondiale de l'alimentation est aujourd'hui, plus qu'à aucun autre moment depuis la période de pénuries aiguës et généralisées qui a suivi la deuxième guerre mondiale, à la merci de la production courante et, par conséquent, des conditions météorologiques.

13. Il est encore trop tôt pour se faire une idée très précise du niveau global de la production alimentaire en 1966/67. La situation évolue assez rapidement. Ces dernières semaines, par exemple, les perspectives de la production céréalière mondiale se sont quelque peu améliorées. Selon les estimations révisées, la récolte de blé des Etats-Unis ne diminuerait que d'environ 2 pour cent, et l'on sait maintenant que la récolte canadienne a atteint un niveau record. On annonce une récolte céréalière sans précédent en U.R.S.S. qui, ces dernières années, a été un gros importateur. Il n'est donc pas impossible que les stocks mondiaux de blé augmentent légèrement à la fin de la campagne 1966/67. Toutefois, cela ne signifie nullement que la situation redevienne excédentaire et le Conseil souligne qu'il n'y a pas lieu de se montrer trop optimiste.

14. On ne dispose encore que de renseignements fragmentaires sur la production agricole de l'Hémisphère sud où la campagne 1966/67 chevauche sur la prochaine année civile, mais il est à présent certain que la récolte australienne sera meilleure. En Inde, la situation est encore incertaine mais, une période de sécheresse venant de sévir dans l'Etat de Bihar, il faudra sans doute importer à nouveau de grandes quantités de denrées alimentaires. Le Conseil s'est ému du manque général de données sur la production alimentaire de 1966/67 dans les pays en voie de développement. Il souligne une nouvelle fois que c'est dans ces pays que des progrès de la production sont le plus nécessaires. C'est également là que son recul a été le plus sensible en 1965/66. Toutefois, bien que les premiers renseignements aient fait essentiellement état de périodes de sécheresse et d'autres calamités, au point que les estimations préliminaires ont généralement dû être révisées en hausse lorsque des rapports signalant des récoltes moyennes ou bonnes ont commencé à être publiés, il semble déjà établi qu'en 1966/67 le relèvement de la production dans les régions en voie de développement sera de loin inférieur à ce qu'il devrait être pour que la production alimentaire par habitant retrouve le niveau qu'elle avait atteint avant le recul de 1965/66.

15. Bien qu'il soit essentiellement le fait de conditions météorologiques défavorables, le recul de la production alimentaire dans les pays en voie de développement fait ressortir à nouveau combien il est urgent d'accélérer le progrès agricole dans ces régions. Le Conseil espère que ce recul, qui a très largement alerté l'opinion, incitera les gouvernements des pays fournissant une aide comme ceux des pays en voie de développement à accorder une priorité de rang plus élevé à l'expansion agricole.

16. Le Conseil insiste sur l'utilité d'analyser les raisons pour lesquelles certains pays ont mieux réussi que d'autres à réaliser une expansion de leur production agricole en rapport avec l'accroissement de leur population. Il note que, sur les 55 pays pour lesquels il existe des indices FAO de la production, chacun des onze dont la croissance démographique est la plus élevée (3 pour cent et plus par an) ont connu, pendant les dix dernières années, une augmentation moyenne annuelle de leur production agricole égale ou supérieure à l'accroissement démographique. Les causes de cet état de choses mériteraient d'être analysées, car il apparaît paradoxal et en contradiction avec ce que l'on croit généralement. Des études monographiques relatives à l'expérience acquise dans divers pays, sur le modèle de celles qui ont déjà été effectuées sur le Japon et sur le Mexique, pourraient présenter une grande valeur. Le Conseil note aussi qu'un grand nombre de renseignements sur les raisons du succès ou de l'échec de divers pays figurent dans des études récentes effectuées par la FAO et le Département de l'agriculture des Etats-Unis. 1

1 Les résultats de l'étude du Département de l'agriculture des Etats-Unis sont publiés dans Changes in Agriculture in twenty-six developing Nations, 1948 to 1963, Foreign Agricultural Economic Report No. 27, Washington, D.C., 1965. Les études de la FAO, qui n'ont pas été publiées à part, ont été effectuées de concert avec ce projet et parviennent, en gros, aux mêmes conclusions.

17. La réussite du développement agricole dépend de nombreux facteurs différents, et il n'existe en la matière aucune formule universellement applicable. On a constaté que les activités entreprises dans des domaines comme la réforme agraire, la recherche, l'enseignement et la vulgarisation agricoles, ainsi que l'amélioration des moyens de crédit et de commercialisation, avaient eu plus d'ampleur dans les pays où la production agricole s'était développée avec rapidité. Des délégués ont mentionné le rôle d'autres facteurs essentiels: structure saine des prix intérieurs pour faciliter le passage de l'agriculture de subsistance à l'agriculture commerciale, fourniture d'engrais et d'autres biens de production, méthodes rationnelles d'aménagement des eaux, technologie alimentaire, réduction des pertes en cours d'entreposage et d'autres causes de gaspillage. Dans certains pays, notamment aux Philippines, en Inde, au Pakistan et au Kenya, la récente introduction de variétés de semences à haut rendement - tant hybrides qu'exotiques - a montré qu'il était possible d'accroître rapidement la production de céréales vivrières sur les terres actuellement cultivées. Le Conseil note que la réussite de ces programmes de production exige non seulement l'adoption généralisée de pratiques culturales améliorées, mais également l'utilisation de quantités beaucoup plus grandes d'engrais et d'autres biens de production pour l'achat desquels la plupart des pays en voie de développement ont un urgent besoin de ressources. (voir par. 63 à 70 ci-dessous).

18. On a fait observer qu'à mesure que les pays en voie de développement augmenteront leur capacité productive un nouveau problème d'excédents risque de surgir et s'est même déjà posé dans certaines régions. Le stockage de ces excédents est une entreprise très coûteuse. Le Conseil invite le Directeur général à accorder une attention particulière à cette question. Il note que l'utilisation possible de semblables excédents pour l'aide alimentaire multilatérale que la FAO et l'ONU doivent effectuer conjointement (voir Point 5 (c) de l'ordre du jour, par. 51 à 55 ci-dessous).

19. Bien que l'évolution des disponibilités alimentaires ait eu tendance à faire passer au second plan d'autres aspects de la situation, le Conseil a également pris note des faits récents intervenus dans le commerce international des produits agricoles. Les recettes provenant des exportations agricoles, dont dépendent étroitement les ressources en devises de la plupart des pays en voie de développement, ont légèrement diminué en 1965 par suite surtout d'une nouvelle baisse des prix moyens. Jusqu'à présent, il semble que ces recettes se soient améliorées en 1966. Le volume des importations agricoles des principaux pays participant aux échanges a été nettement plus élevé dans le premier semestre de 1966 qu'au cours de la même période en 1965, et les prix moyens pratiqués sur les marchés mondiaux ont aussi augmenté. Néanmoins, la situation suscite encore bien des inquiétudes et l'on a souligné la nécessité pour la FAO de prendre pleinement part aux débats sur les problèmes commerciaux qui ont pour cadre les organes compétents de l'UNCTAD.

20. Tout en louant l'analyse présentée dans le rapport intitulé “La Situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture”, ainsi que les chapitres spéciaux sur l'agriculture et l'industrialisation et sur le riz dans l'économie alimentaire mondiale, contenus dans le rapport de 1966, quelques délégués ont estimé que la conception du document pourrait à l'avenir être modifiée sur certains points. Il a été suggéré de consacrer désormais le rapport à l'analyse de la situation alimentaire et agricole récente, les chapitres spéciaux faisant l'objet de documents séparés. De façon générale cependant, il a été jugé souhaitable de conserver la formule actuelle qui plait à un large public et autorise une certaine souplesse dans la façon de combiner les données de fait et les exposés analytiques.

21. Quelques délégués ont été d'avis que le rapport devrait pousser plus loin l'étude des problèmes intéressant le développement agricole et la recherche de solutions. Il a réussi, au cours des années, à fournir les éléments du problème alimentaire mondial, mais le moment est venu de formuler des propositions concrètes d'action. Avec l'expérience qu'elle a accumulée, l'Organisation est maintenant mieux en mesure d'avancer de telles propositions. Plusieurs délégués ont de leur côté insisté sur la nécessité de se montrer prudents et d'éviter les analyses tendancieuses et les conclusions hâtives. Tout en étant probablement la mieux connue et la plus largement suivie des publications de la FAO, la Situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture ne représente qu'un des très nombreux documents publiés par l'Organisation et l'étude de maints sujets techniques aurait davantage sa place dans des ouvrages plus spécialisés. Le Conseil ayant manifesté le désir que des propositions concrètes d'action soient formulées, le Directeur général adjoint a fait état des travaux en cours concernant le Plan indicatif mondial. Le Conseil exprime l'espoir que des propositions de ce genre se dégageront de ces travaux.

22. Le Conseil approuve la proposition du Directeur général tendant à inclure dans le rapport de 1967 sur la Situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture des chapitres spéciaux sur l'aménagement des ressources halieutiques et sur les stimulants économiques destinés aux agriculteurs des pays en voie de développement. D'autres sujets qui pourraient être traités dans les chapitres spéciaux des rapports futurs ont été proposés: les pertes en cours d'emmagasinage et autres causes de gaspillage, les problèmes posés par la mise en valeur des ressources en terres et en eaux et le coût de tels travaux, l'administration du crédit rural, la recherche agricole et l'influence de l'assistance technique dans les pays en voie de développement. Il a également été suggéré que, dans les prochains rapports annuels, une section soit consacrée au financement international du développement agricole, selon le modèle du rapport de 1965; en outre, dans la mesure du possible, l'Europe nord-occidentale et l'Europe méridionale devraient faire l'objet d'exposés distincts.

Plan indicatif mondial pour le développement de l'agriculture, et projections concernant les produits1

23. Le Conseil a décidé d'examiner les deux points en même temps (Points 4 et 5 b) de l'ordre du jour). En présentant ces deux points, le Directeur général a souligné que le rapport sur l'état d'avancement des travaux, dont le Conseil est saisi, ne pouvait, pour le moment, que fournir des indications préliminaires. Néanmoins, une première version des projections concernant les produits est maintenant prête et les deux premières études sous-régionales - Proche-Orient et Afrique de l'Est - sont sur le point d'être achevées. Certaines conclusions de ces travaux ont été utilisées pour décrire la méthode suivie et le genre de résultats auxquels on peut s'attendre.

24. Les projections concernant les produits sont établies à partir de deux séries d'hypothèses concernant les facteurs-clé influant sur les besoins alimentaires: croissance démographique, niveau de revenu et production agricole. Selon la plus optimiste des deux hypothèses, la faim ne sera pas vaincue en 1975, mais en 1985 la pénurie de calories sera en grande partie surmontée, à condition toutefois que les disponibilités alimentaires s'accroissent de 4 pour cent par an environ. Cependant, le problème de la malnutrition protéique demeurera, ce qui souligne la nécessité de prévoir des programmes spéciaux visant à accroître la production d'aliments végétaux riches en protéines ainsi que de produits animaux. Dans l'hypothèse la moins optimiste, la consommation alimentaire sera freinée par la faiblesse des revenus et il n'y aura qu'une légère amélioration de la ration calorique moyenne par personne. Il y aurait alors en 1985 à peu près autant de personnes souffrant de la faim qu'aujourd'hui et, si des conditions météorologiques défavorables survenaient, on pourrait encore s'attendre à certaines situations critiques, Pour modestes que soient ces progrès, ils exigeraient, dans les pays en voie de développement, un taux de croissance des disponibilités alimentaires plus rapide qu'il n'a été ces derniers temps.

25. On peut s'attendre à ce que les importations brutes de produits alimentaires dans les pays en voie de développement augmentent considérablement. En ce qui concerne les céréales, ces importations sont passées de 15 millions de tonnes en 1951 à 23 millions en 1962. Elles ont atteint le chiffre record de 32 millions de tonnes en 1966 et, selon les projections fondées sur l'hypothèse pessimiste, les besoins d'importations brutes devraient encore augmenter jusqu'à atteindre au moins 50 millions de tonnes en 1975. Pour les produits de l'élevage, il est prévu aussi que le déficit des pays en voie de développement croîtra rapidement, mais le manque de devises et les possibilités de production limitées freineront probablement les importations.

1 Voir également par. 50 et 131 à 133 ci-dessous.

26. En même temps, les perspectives continuent d'être médiocres en ce qui concerne les exportations traditionnelles des pays en voie de développement. On estime, en effet, que les besoins d'importations agricoles nettes des pays riches n'augmenteront guère plus de 2 à 2,5 pour cent par an en valeur, et même ces chiffres supposeraient, de la part de ces pays, un taux d'expansion économique rapide et certains changements essentiels de politique. Il est donc urgent de trouver de nouveaux marchés et de nouveaux produits pour l'exportation.

27. Il existe de vastes possibilités d'échanges de produits alimentaires et agricoles entre les pays en voie de développement eux-mêmes. Il pourrait se constituer ainsi un secteur d'exportation nouveau et dynamique, qui tendrait à accélérer la croissance économique d'un grand nombre de ces pays. Mais ceci imposerait de grands changements dans la structure des échanges commerciaux. Il faudrait peut-être instaurer un nouveau système de compensation fondé sur quelque espèce de troc multilatéral ou sur une unité négociable seulement entre pays en cours de développement. Les deux études sous-régionales en voie d'achèvement (sur l'Afrique de l'Est et sur le Proche-Orient) donnent un intéressant exemple de commerce possible entre pays en voie de développement. Le Proche-Orient pourrait céder de l'ammoniaque, produit à un faible prix de revient, afin de permettre la fabrication des engrais dont l'Afrique de l'Est a besoin pour accroître ses rendements agricoles; il recevrait en échange du maïs et de la viande, deux grands articles d'importation qui lui sont indispensables.

28. Pour les pays en voie de développement, le problème essentiel reste d'accélérer la croissance de leur production alimentaire. Cette croissance devra être beaucoup plus rapide à l'avenir qu'elle ne l'a été dans le passé et il faudra, à cette fin, compter davantage sur l'intensification de la production que sur l'extension des superficies. Les deux études sous-régionales montrent que les changements devront être radicaux. Même si la production céréalière doublait en 20 ans et si la production animale augmentait considérablement, les importations nettes de produits alimentaires continueraient d'augmenter de plus de 4 pour cent par an. Rien que pour obtenir ces modestes résultats, il serait indispensable d'augmenter énormément les facteurs de production, les investissements financiers et les moyens structuraux et institutionnels. La sous-région d'Afrique de l'Est devrait augmenter encore ses exportations de produits alimentaires et le Plan souligne la nécessité d'accroître la productivité des petits exploitants africains et de les intégrer dans l'économie de marché. Le Plan recommande des interventions concentrées sur des zones particulièrement favorables, avec fourniture d'un ensemble organique de facteurs de production et de services. La création d'une industrie de traitement des produits de l'agriculture jouera souvent un rôle essentiel dans ces séries d'actions intégrées. Elle importe particulièrement dans le cas de l'Afrique de l'Est où le développement de la production agricole serait stimulé davantage si les industries liées à l'agriculture poursuivaient leur expansion.

29. Le Directeur général a conclu que, dès maintenant, l'on peut se rendre compte que la solution à long terme du problème des disponibilités alimentaires réside dans l'accroissement de la production des pays en voie de développement. La nécessité des fournitures de produits alimentaires à des conditions de faveur ne fera que grandir pendant plusieurs années, mais il sera tout aussi nécessaire de transformer l'agriculture traditionnelle des pays à faible revenu. Ce qu'il faut, c'est augmenter considérablement les biens de production et les investissements dans les industries liées à l'agriculture et dans l'infrastructure. De l'avis du Directeur général, c'est là le principal terrain sur lequel les pays développés devraient concentrer leurs efforts d'assistance pour un certain temps.

30. Le Conseil acueille avec satisfaction le rapport sur l'état d'avancement du Plan indicatif mondial. Dans des débats qui ont porté sur nombre d'aspects, il s'est déclaré à nouveau très favorable à la conception même du Plan, et a souscrit vigoureusement aux conclusions préliminaires exposées dans le document et dans l'exposé du Directeur général. Encore qu'il soit bien entendu que l'objet essentiel du Plan est de trouver une solution aux problèmes de la pénurie alimentaire et de la faim, plusieurs délégués ont souligné qu'il ne fallait pas s'en tenir là; la production des denrées alimentaires ne peut être considérée isolément de celle d'autres secteurs de l'agriculture, des pêches et des forêts, pour des raisons d'ordre agronomique et parce que, même s'il était possible de satisfaire les besoins alimentaires intérieurs, le développement des industries transformatrices et de l'exportation est indispensable pour la diversification de la production agricole. En outre, il est impossible de considérer le développement agricole sans avoir égard au développement des autres secteurs économiques.

31. Le Conseil note que, dans les études sous-régionales, l'analyse détaillée du secteur agricole a été faite dans le cadre d'un modèle de croissance s'appliquant à l'ensemble de l'économie. Ce modèle n'était pas destiné à servir de plan d'ensemble pour l'économie, mais devait fournir uniquement des hypothèses valables et cohérentes pour les variables-clés affectant l'agriculture. Ainsi, il fallait avoir quelque idée de la croissance des secteurs de l'industrie et des services; pour l'Afrique de l'Est, les hypothèses sur ces points ont été faites en se fondant sur des études déjà effectuées par la Commission économique pour l'Afrique. Il fallait également disposer d'un ordre de grandeur estimatif du déficit global des ressources et du commerce, étant donné les effets qu'il exercerait tant sur l'opportunité d'appliquer des politiques d'importation visant à remplacer certains produits alimentaires, que sur les fonds disponibles pour les investissements agricoles. A cet égard, la situation est nettement très différente entre la Zambie et l'Ethiopie, en Afrique de l'Est, et entre les pays exportateurs et les pays non exportateurs de pétrole, au Proche-Orient. Une collaboration étroite s'est établie avec d'autres organismes internationaux afin d'obtenir les connaissances et les renseignements nécessaires. Le Conseil note également que le choix des experts constituant le Groupe consultatif du Plan montre bien que le lien entre l'agriculture et les autres secteurs de l'économie n'a pas été perdu de vue.

32. De nombreux membres du Conseil ont discuté du rapport entre les études sous-régionales et les projections relatives aux produits. Ces deux types d'études sont conçues pour être complémentaires, bien que chacune ait une valeur propre; elles partent toutes deux des mêmes hypothèses concernant le taux global de croissance économique et l'accroissement démographique. Les projections mondiales relatives aux produits constituent le cadre dans lequel peuvent s'insérer les premiers travaux concernant les études sous-régionales; ces projections indiquent la demande probable de produits alimentaires dans chaque pays et donnent un aperçu sur les perspectives mondiales du marché des principaux produits agricoles. Ceci permet d'étudier plus en détail les niveaux de production dans les rapports sous-régionaux et d'insister sur les moyens d'accroître la production dans le cadre d'un développement économique équilibré. La préparation des études sous-régionales, dont un aspect essentiel est la tentative de concilier toutes les données disponibles, fournit à son tour des renseignements qui permettent de réviser les projections relatives aux produits. Il peut alors devenir nécessaire de modifier les hypothèses de départ sur le taux de croissance économique et l'importance des excédents exportables ou des besoins d'importation. Ces projections révisées constituent à leur tour le cadre mondial qui permet de déterminer et, si possible, de résoudre toute incompatibilité entre les objectifs indiqués pour l'importation et l'exportation dans les diverses études sous-régionales.

33. Plusieurs délégués ont exprimé des doutes sur la mesure dans laquelle les études sous-régionales seraient utilisées pour la formulation des politiques et des programmes nationaux. Le Conseil observe que, si la plupart des données sont indiquées pays par pays dans les annexes statistiques, les conclusions, par contre, sont présentées par groupes de pays et illustrées d'exemples tirés de pays particuliers. Ceci indique que les études sous-régionales ne visent pas à se substituer à la planification nationale, mais seulement à fournir un cadre pour l'analyse des problèmes nationaux dans un contexte régional et mondial. Ce cadre régional, qui se borne à indiquer les grandes lignes des politiques et des programmes nécessaires, ne constitue que le premier stade du Plan. Le deuxième stade, pour lequel les pays devront travailler en étroite collaboration avec la FAO, sera constitué par la définition de politiques nationales à l'intérieur du cadre régional et par la formulation de programmes et de projets déterminés.

34. Le Conseil souligne qu'il importe pour les Etats Membres de participer à tous les stades de la préparation des études sous-régionales. On s'assurera ainsi que toutes les données disponibles sont utilisées au mieux; d'autre part, la participation active des pays à tous les stades de la planification améliorera leur comprehension du Plan indicatif mondial et favorisera, par la suite, une meilleure application des conclusions du Plan. Le Secrétariat a fait savoir qu'il maintenait des rapports étroits avec les Etats Membres intéressés et que plusieurs gouvernements avaient détaché des experts auprès du Plan pour de courtes périodes. Certains pays exécutent des études spéciales pour aider le Secrétariat dans les travaux qui les concernent.

35. Certains délégués ont estimé qu'il serait mutuellement profitable que les équipes de planification sous-régionale puissent se rendre dans les pays intéressés durant une phase initiale des travaux. On a observé que c'était la question financière qui avait limité jusqu'ici et continuait à limiter les possibilités de voyage. Une autre méthode que l'on applique pour tirer parti des connaissances locales et des contacts établis avec des ressortissants des pays intéressés, consiste à détacher, pour de courtes périodes, auprès du Siège des fonctionnaires sur le terrain et des fonctionnaires régionaux de la FAO pour travailler à un aspect donné du Plan. On reconnaît néanmoins que, le travail se faisant essentiellement à Rome et avec des disponibilités très limitées en personnel et en temps, il sera nécessaire que des experts nationaux revoient les premières rédactions des plans sous-régionaux, pour vérifier tant les données de base que les objectifs proposés. On espère pour cette raison présenter chaque étude sous-régionale, aussitôt que possible après son achèvement, à une réunion de tous les pays de la sous-région intéressée. Le rapport sur le Proche-Orient sera présenté à la session commune des Commissions de la planification agricole et des statistiques agricoles pour le Proche-Orient qui se tiendra à la fin de novembre, et l'on espère organiser au début de 1967 des réunions sous-régionales pour examiner les études intérimaires sur l'Afrique de l'Est et sur les pays de la côte occidentale de l'Amérique du Sud.

36. Le Conseil exprime sa satisfaction de ce que les rapports sur l'état d'avancement du Plan indicatif mondial aient été communiqués tant à lui-même qu'au Comité des produits, et recommande de maintenir cette pratique. Il se félicite de ce que le rapport concernant les Projections sur les produits sera envoyé à tous les Etats Membres en novembre, ce qui laissera amplement le temps d'étudier cet important rapport avant la réunion du CP au début de l'année prochaine. Le CP se propose d'entreprendre à cette réunion l'examen détaillé des aspects méthodologiques et politiques de ce travail de projections et le Conseil attend avec intérêt le résultat de ces débats. Il reconnaît l'utilité que présente l'analyse détaillée des facteurs à long terme affectant les marchés des différents produits, qui sera une caractéristique essentielle des projections. Plusieurs délégués ont exprimé l'espoir que les projections sur les produits seront publiées dès que possible après la réunion du CP au début de 1967. Certains ont également souhaité que le CP étudie, à la lumière des projections, les changements de politiques de nature à améliorer les perspectives des exportations de produits agricoles par les pays en voie de développement.

37. Le Conseil a entendu certaines réserves quant aux conséquences que la priorité donnée au PIM aurait sur le Programme de travail ordinaire de la FAO. On a fait observer que la perturbation occasionnée était moins grave qu'il ne semblait, puisque la plus grande partie des crédits retirés aux divisions techniques leur ont, en fait, été reversés pour les travaux qu'elles effectuent au titre du Plan. L'expansion des activités inter-divisionnaires, donne aux divisions la possibilité de définir les politiques à long terme de leur contribution au développement général de l'agriculture. Grâce au cadre que fournit le PIM, ces politiques peuvent être étroitement intégrées et se renforcer mutuellement.

38. De nombreux orateurs ont exprimé la crainte que la qualité du Plan soit sacrifiée à l'exigence de dates limites. Bien que l'on ait estimé que l'importance de ce travail le rendait urgent et qu'à ce titre il devait avoir un ordre de priorité très élevé, on a reconnu que sa nouveauté et sa complexité suscitaient des problèmes particuliers encore accentués par des difficultés financières. On a souligné que la préparation du Plan constituait un programme permanent, qui ne peut progresser que par phases successives d'approximation. Plusieurs délégués ont fait observer que si l'on recherchait la perfection, aucun plan ne verrait le jour. Le Conseil reconnaît que le but du PIM n'est pas de fournir un rapport final, mais d'élaborer un cadre de planification qui fera constamment l'objet de modifications, de révisions et d'améliorations au niveau mondial, régional et sous-régional. Il a été reconnu également que les conclusions provisoires qui deviendront disponibles, de temps à autre, fourniront des directives utiles pour les programmes, aussi blen à court terme qu'à long terme, des gouvernements qui s'efforcent d'accroître rapidement la production agricole de leurs pays. Même si elles sont loin d'être parfaites, les diverses parties du Plan général doivent être communiquées, aussitôt prêtes; ce n'est qu'après leur diffusion, en effet, que l'on pourra entreprendre leur examen et leur amélioration à la lumière des observations et des critiques constructives formulées par ceux qui travaillent en dehors de l'équipe du Plan. Bien qu'il paraisse peu probable que d'ici 1968 on puisse traiter à fond les onze sous-régions en voie de développement, on espère cependant que le premier rapport provisoire à l'échelle mondiale sera prêt en 1968. Les études sous-régionales achevées ultérieurement et les versions révisées des précédentes études sous-régionales, ainsi que les projections sur les produits, seront utilisées pour l'établissement des versions révisées du Plan mondial. Bien que le travail doive se poursuivre de façon permanente, plusieurs délégués ont suggéré qu'il soit procédé, à des intervalles d'environ cinq ans, à un examen plus formel du Plan au niveau mondial.

Problèmes de produits

Rapport de la quarantième session du Comité des produits

39. Le Conseil a examiné le rapport de la quarantième session du Comité des produits (CP) et reconnaît que ce Comité, dont les tâches deviennent de plus en plus complexes, parvient à adapter son programme à l'évolution des besoins.

40. Le Conseil partage les conclusions du Comité touchant la situation générale des produits. Elles font ressortir la nécessité d'une action plus résolue en vue de stimuler la croissance actuellement lente de la production agricole, surtout dans les pays en voie de développement, et d'améliorer les recettes provenant de l'exportation des produits agricoles. Le Conseil prend note des cinq éléments principaux qui caractérisent la situation mondiale des produits agricoles et qui ont été ainsi définis par le Comité:

  1. retard technique de l'agriculture dans les pays en voie de développement;

  2. politiques nationales et autres obstacles au commerce des produits agricoles dans les pays développés;

  3. concurrence accrue entre les produits naturels et les produits synthétiques de remplacement;

  4. projets régionaux et questions de diversification;

  5. caractère nouveau de l'aide alimentaire.

41. Il a été relevé que la lente croissance de la production agricole dans les pays en voie de développement est due aux difficultés recontrées dans l'introduction de méthodes plus modernes de culture et dans l'application d'autres mesures tendant à obtenir des rendements plus élevés. Les autres obstacles graves sont le manque de crédit et l'insuffisance des services de vulgarisation, eu égard aux conditions particulières des pays en voie de développement. L'accent a été mis sur le fait que le type de programmes coopératifs entrepris par la FAO avec la Banque intéraméricaine de développement pourrait utilement être pratiqué avec d'autres banques régionales de développement comme il en existe en Afrique et en Asie.

42. Au cours du débat, plusieurs délégués ont insisté sur l'importance qui s'attache à la libéralisation des importations par les pays développés, en tant que moyen d'accroître les recettes que les pays en voie de développement tirent de l'exportation des produits agricoles. D'autres délégués ont fait valoir que la façon la plus directe d'atteindre ces objectifs consisterait à prendre des mesures pour organiser les marchés de telle sorte que les prix internationaux se maintiennent à des niveaux rémunérateurs. Ces mêmes délégués ont fait observer que, dans le cadre de la Recommandation A II/1 de la première Conférence de l'UNCTAD, il y avait eu accord général pour considérer que le degré de libéralisation ou le degré d'organisation des marchés à rechercher devraient faire l'objet d'examens produit par produit. A ce propos, on a également fait état de la Résolution 2/65 de la Conférence de la FAO sur l'organisation des marchés mondiaux de produits agricoles. On a également fait observer que, si le fait de rendre plus accessibles les marchés des pays développés revêt une importance primordiale dans le cas de certains produits, des mesures visant l'organisation des marchés auraient une portée plus considérable dans le cas de quelques grands produits exportés par les pays en voie de développement.

43. Le Conseil souligne la contribution que les dispositifs régionaux d'intégration économique peuvent apporter à l'expansion du commerce des produits agricoles et à l'accélération de la croissance économique dans les pays en voie de développement. Certains délégués ont évoqué les avantages que les pays en voie de développement pouvaient tirer d'arrangements contractuels bilatéraux ou même triangulaires, en vertu desquels un pays s'engage à fournir des quantités déterminées de produits agricoles à l'état brut ou après transformation, en échange d'engagements à long terme d'achat.

44. Il a été observé que la FAO devrait prendre une part plus active à l'étude des problèmes posés par la menace croissante de concurrence que représentent les produits synthétiques et autres produits de remplacement.

45. Le Conseil note que l'aide alimentaire change de caractère à mesure que les stocks mondiaux, particulièrement ceux de céréales, cessent d'être excédentaires; il note aussi la modification de la loi américaine sur les ventes à des conditions de faveur. Certains délégués ont exprimé l'espoir que la nouvelle législation tient dûment compte des intérêts commerciaux des pays en voie de développement et des pays fortement tributaires de leurs exportations commerciales. On s'est généralement accordé à reconnaître l'importance de l'aide alimentaire comme moyen de promouvoir, entre autres choses, le développement de la production agricole dans les pays bénéficiaires. Le Conseil demande, comme le CP, qu'il soit fait une nouvelle démarche auprès des gouvernements afin qu'un plus grand nombre d'entre eux acceptent les principes de la FAO en matière d'écoulement des excédents et participent aux travaux du Sous-comité consultatif de l'écoulement des excédents.

46. Le Conseil a été unanime à reconnaître que le Rapport de la FAO sur les produits est utile non seulement pour la FAO, mais aussi pour d'autres organismes tels que l'UNCTAD. Le Conseil note que le CP a demandé l'inclusion d'un certain nombre de sujets nouveaux, qui augmenteraient notablement l'intérêt du rapport. Ils devraient permettre au Comité de mieux évaluer les facteurs de base qui sont à l'origine des problèmes de produits et de formuler des recommendations précises quant à la politique à adopter. Il a été signalé qu'en plus des matières indiquées par le CP il serait souhaitable de comparer, dans les pays en voie de développement, les tendances de la production destinée au marché intérieur avec celles de la production destinée à l'exportation. Il n'apparaît pas nécessaire de traiter, dans chaque rapport annuel, la totalité des sujets proposés.

47. Le Conseil note avec satisfaction qu'entre la FAO et les autres organismes compétents en matière de produits, notamment l'UNCTAD, la coopération se développe de façon satisfaisante dans des domaines toujours plus larges. Le Conseil a appris que, lors de la session qu'elle doit tenir du début de 1967, la Commission des produits de base de l'UNCTAD commencera à préparer la deuxième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. La FAO doit coopérer sans réserve avec le Secrétariat de l'UNCTAD pour faciliter la préparation de cette Conférence. On s'est également accordé à reconnaître que la coordination entre la FAO et l'UNCTAD devait déborder le cadre des Secrétariats. A cette fin, le Conseil est convenu que le Président du CP et les Présidents des Groupes d'étude subordonnés au CP, devraient, à l'occasion, participer aux activités de la Commission des produits de base de l'UNCTAD pour lui soumettre les opinions, décisions et conclusions auxquelles le CP et les Groupes d'étude sont amenés par leurs travaux et qu'ils consignent dans leurs rapports. Le Président du CP pourrait également prendre part aux travaux de la deuxième Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le développement. Il est apparu aussi que la participation du Président de la Commission des produits de base de l'UNCTAD aux réunions du CP contribuerait à resserrer la coordination entre les deux organismes.

48. Le Conseil a pris note de la création d'un groupe d'étude des fibres dures (voir par. 204) ci-dessous). Certains délégués ont estimé qu'il était souhaitable de créer un groupe d'étude du thé, tandis que, selon d'autres, les problèmes qui pourraient être résolus sans qu'il soit besoin de constituer un groupe d'étude. Le Conseil note qu'un échange de vues sur les problèmes du thé doit avoir lieu dans un proche avenir. De l'avis de quelques délégués, les travaux concernant les agr mes devraient porter de façon plus approfondie sur les problèmes de la production et de l'exportation dans un plus grand nombre de pays en voie de développement. On s'est déclaré intéressé par l'étude qui sera faite sur les disponibilités de lait en poudre pour les pays en voie de développement et par l'offre formulée par plusieurs délégués au CP de contribuer à la mise en oeuvre de programmes laitiers réalisables dans ces pays. Quelques délégués ont demandé de plus amples renseignements à ce sujet afin de pouvoir tirer parti de l'assistance qui pourrait être offerte.

49. Certains délégués ont invité la FAO à réserver à l'avenir une plus grande place au tabac et au coton, tout en évitant un double emploi avec les activités du Comité consultatif international du coton. Il a été également suggéré que la FAO entreprenne des études sur les aspects économiques des facteurs de production agricole, tels les engrais et les pesticides.

50. Il est rendu compte, dans une autre section du présent rapport, des débats du Conseil sur les travaux de la FAO relatifs aux projections concernant les produits (voir par. 23 à 38 ci-dessus).

Etude sur l'aide alimentaire multilatérale1

51. Le Conseil rappelle qu'à sa quarante-cinquième session, il avait prié le Directeur général d'examiner quelle serait la meilleure manière d'entreprendre une étude d'ensemble des problèmes posés par la Recommandation A.II.6 de l'UNCTAD sur le Programme mondial d'aide alimentaire, ainsi qu'une proposition présentée par le Gouvernement de l'Argentine à la septième session du CIG et tendant à ce que le Programme alimentaire mondial soit modifié. La Conférence avait souscrit à cette demande à sa treizième session. Par la suite, l'Assemblée générale des Nations Unies, à sa vingtième session, a adopté la Résolution 2096 (XX), dans laquelle elle demande au Secrétaire général, de concert avec le Directeur général et en consultation avec d'autres institutions internationales spécifiées, d'entreprendre un programme d'études sur l'aide alimentaire multilatérale.

52. Le Conseil note que le CP a examiné à sa quarantième session l'avant-projet de l'étude établi par le Directeur général. En conformité des voeux exprimés par le CP, le Directeur général a soumis au Secrétaire général des Nations Unies le rapport sur les débats du CP en la matière; ce document a été distribué lors de la session tenue par l'ECOSOC en été 1966. Après avoir consulté le Directeur général, le Secrétaire général des Nations Unies a également fait distribuer une note supplémentaire proposant de préparer un rapport d'activité à soumettre à la session d'été 1967 de l'ECOSOC, avant l'achèvement de l'étude d'ensemble prévu pour le milieu de 1968. Cette proposition est conforme au point de vue du CP.

53. Dans un projet de résolution qu'il doit soumettre à l'Assemblée générale, l'ECOSOC invite le Secrétaire général et le Directeur général à soumettre, après avoir consulté les autres institutions intéressées, en conformité de la Résolution No 2096, l'étude finale aussitôt que possible en tenant compte des propositions faites quant à sa teneur par le CP et l'ECOSOC. Dans ce projet de résolution, l'ECOSOC se félicite en outre de la proposition tendant à la préparation d'un rapport d'activité.

1 Voir aussi par. 18 ci-dessus.

54. Le Conseil note que ce rapport analysera les caractéristiques essentielles de la situation alimentaire dans les pays en voie de développement, évaluera à titre provisoire les besoins d'aide alimentaire qui se feront vraisemblablement sentir d'après diverses hypothèses, déterminera la proportion de l'aide alimentaire par rapport à l'assistance totale et étudiera succinctement les autres moyens à mettre en oeuvre en vue d'une action internationale. Avant d'être soumis à l'ECOSOC, le rapport d'activité sera examiné lors d'une réunion spéciale des institutions internationales intéressées. Le Conseil note que le Secrétariat, en consultation avec l'ONU, répondra également aux voeux du CP qui souhaite être saisi d'un rapport d'activité à sa prochaine session.

55. Le Conseil est convenu que le rapport d'activité et l'étude d'ensemble devraient être conçus de manière à fournir des directives pratiques sur la politique à suivre. Il souligne l'importance qui s'attache à analyser avec soin le rapport entre l'aide alimentaire et l'assistance totale, et les incidences éventuelles de l'aide alimentaire sur le commerce international, et il se félicite des dispositions prises en vue d'une coopération inter-institutions.

Rapports à fournir au titre de l'Article XI de l'Acte constitutif

56. Le Conseil a examiné les paragraphes 85 à 92 du document CL 47/4. Il a pris note des arguments pour et contre la présentation de ces rapports et il reconnaît qu'ils pourraient être encore utiles à la FAO ainsi qu'aux Etats Membres, s'ils contenaient des informations analytiques sur la situation nationale de l'alimentation et de l'agriculture et s'ils exposaient les résultats obtenus et les principaux problèmes rencontrés par chaque pays, ainsi que la manière dont on s'attaque à ces problèmes.

57. En ce qui concerne la teneur de ces rapports, le Conseil convient qu'ils pourraient, au lieu de se borner à énumérer les événements survenus, se composer de trois parties:

  1. une section générale, passant en revue les principaux faits nouveaux de la situation alimentaire agricole nationale, et qui devrait être commune à tous les rapports;

  2. des sections particulières, comparables aux chapitres spéciaux de la “Situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture”, fournissant des informations analutiques sur un ou plusieurs sujets importants qui seraient suggérés par la FAO et qui pourraient figurer dans la prochaine édition de la “Situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture” ou fournir le sujet de débats à la session suivante de la Conférence;

  3. une partie contiendrait les informations que les gouvernements pourraient juger utile de fournir sur les problèmes particuliers qu'ils rencontrent, par exemple: plans, politiques et programmes; priorités établies dans la planification; modification éventuelle du rapport disponibilités alimentaires/population; mesures prises en face de cette évolution et succès ou échec de ces mesures, etc.

58. Quant à la périodicité des rapports, le Conseil estime que la fréquence triennale actuelle est trop espacée pour que les rapports offrent un intérêt pratique, et qu'un rapport annuel pourrait présenter des difficultés à de nombreux pays. Le Conseil souscrit donc à la recommandation du Comité du Programme selon laquelle la meilleure solution serait d'établir des rapport biennaux, portant sur la dernière année de l'exercice précédent et sur la première année de l'exercice en cours.

59. Le Conseil approuve également la suggestion du Comité du Programme tendant à ce que chaque pays fournisse au moins, éventuellement sous forme miméographiée ou dactylographiée, un premier rapport provisoire adressé à la FAO avant le 31 mars des années où siège la Conférence, de sorte que le Secrétariat ait le temps de l'étudier et d'utiliser les informations qu'il contient pour rédiger ou compléter les documents destinés à la Conférence. Le Conseil convient également qu'il faudrait nécessairement que les gouvernements eux-mêmes distribuent parmi les Etats Membres les exemplaires de la version définitive. Des exemplaires supplémentaires pourraient aussi être fournis durant la Conférence, afin que les délégations puissent s'y reporter au besoin.

60. Le Conseil convient en outre, qu'étant donné les difficultés éprouvées dans le passé à propos de ces rapports, il y a lieu d'appliquer, à titre expérimental, la procédure décrite cidessus pendant les deux prochains exercices biennaux, après quoi la Conférence réexaminera la question.

61. Le Conseil approuve la suggestion du Comité du Programme tendant à ce que le Directeur général adresse un rappel à tout Etat Membre qui n'aurait pas envoyé son rapport à une date donnée.

62. Le Conseil décide que les rapports à soumettre en mars 1967 devront porter non seulement sur 1965 et 1966 mais également sur 1964, année pour laquelle il n'a été reçu aucun rapport, afin d'éviter toute solution de continuité (la dernière série de rapports portait sur la période triennale 1961–1963). Le rapport suivant, qui devra être présenté en mars 1969, portera sur les années 1967 et 1968. Le Conseil estime que les rapports devraient, autant que possible, être courts et concis.

Programme d'aide matérielle à la production alimentaire1

63. Le Directeur général, présentant le document CL 47/9, a rappelé que la création d'un Programme d'aide matérielle à la production alimentaire, proposée pour la première fois en 1958, lors de la Conférence régionale de la FAO pour l'Extrême-Orient, avait fait l'objet de suggestions répétées depuis cette date. Elle est devenue extrêmement urgente étant donné la situation alimentaire critique des pays ene voie de développement. Ceux-ci n'ont pas d'autre choix désormais que d'augmenter le plus rapidement possible leur production alimentaire et ils ne peuvent y parvenir que par une utilisation plus intense et plus efficace des moyens de production. Or, ces pays sont incapables de mettre en oeuvre plus de biens de production étant donné qu'ils n'ont ni les devises voulues pour les importer, ni la possibilité de les fabriquer eux-mêmes en quantités suffisantes. Une assistance internationale accrue se justifie donc manifestement.

64. Le Directeur général a ajouté que pour exercer l'impact nécessaire sur la production alimentaire, le Programme devrait disposer annuellement de 500 millions de dollars, fournis en majeure partie sur une base bilatérale. Il faudrait également instituer dans ce cadre un programme multilatéral de 50 millions de dollars qui ne concurrencerait pas, mais compléterait et renforcerait les élements bilatéraux du Programme. La principale règle à suivre pour l'octroi d'une assistance au titre du Programme devrait être de diriger les biens de production vers les pays qui en ont le besoin le plus urgent et qui peuvent les utiliser immédiatement et sans gaspillage. La FAO, grâce à sa compétence technique, et grâce à l'expérience qu'elle a acquise en travaillant dans les pays en voie de développement, pourrait aider à orienter et à soutenir ce programme. Cela ne serait pas autre chose qu'un prolongement logique des activités de l'Organisation dans ce domaine, et les dispositions administratives pourraient demeurer simples et de caractère souple. En outre, le Programme contribuerait fortement à la transformation de la FAO en un organe opérationnel ayant pour tâche de venir directement en aide aux pays en voie de développement pour les aider à atteindre un rythme de production alimentaire satisfaisant.

1 Point 7 de l'ordre du jour. Voir aussi par. 17 ci-dessus et 203 ci-dessous.

65. Le Directeur général a fait remarquer que ses propositions soulevaient deux séries de problèmes qu'il conviendrait d'examiner. Il y a d'abord les problèmes de ressources, par exemple la question de savoir où l'on pourra se les procurer et si elles viendront s'ajouter à l'aide actuellement octroyée. Ce problème met en cause non seulement la politique des principaux pays donateurs et de la FAO, mais également celle d'autres institutions internationales comme la BIRD/AID, le PNUD et l'OCDE. La deuxième série de questions concerne le rôle de la FAO dans l'exécution de la partie multilatérale du Programme. Si c'est principalement la FAO qui doit s'occuper de la partie multilatérale du Programme en vertu des dispositions de son Acte constitutif lui enjoignant d'élever les niveaux de production agricole et les niveaux de nutrition, cela soulève toute une série de problèmes d'inter-relations, qui devront être étudiés de concert avec les institutions et programmes des Nations Unies intéressés.

66. Le Conseil est d'accord avec l'analyse faite par le Directeur général de la situation alimentaire critique et reconnaît l'importance du problème de l'aide matérielle à la production alimentaire. Il convient qu'il serait utile d'augmenter, dans les programmes d'assistance, la part affectée aux moyens de production agricole. La plupart des délégations ont approuvé en principe l'idée lancée par le Directeur général et beaucoup se sont déclarées favorables à plusieurs éléments de ses propositions. Quelques délégations cependant ont exprimé des doutes sur certains aspects des propositions, par exemple: prolifération des fonds multilatéraux; droit des pays bénéficiaires à décider eux mêmes de la forme d'assistance dont ils ont besoin; incidence que pourrait avoir le programme sur les industries de biens de production agricole déjà existantes dans les pays en voie de développement; possibilité qu'un tel programme nuise aux programmes bilatéraux ou à d'autres programmes multilatéraux d'assistance. D'autres délégations, cependant, souhaiteraient que l'on donne plus d'importance à la partie multilatérale du programme.

67. Le Conseil accepte l'idée d'une étude, à entreprendre de concert avec les autres organisations internationales intéressées au premier chef, concernant tous les problèmes que pose l'effort pour fournir aux pays en voie de développement une aide matérielle accrue à la production agricole et pour en assurer l'utilisation plus efficace.

68. Le Conseil décide de constituer un Comité intergouvernemental ad hoc composé d'Etats Membres de la FAO, où seront représentés de manière à peu près égale les pays développés et les pays en voie de développement, pour procéder avec le Directeur général à des échanges de vues touchant l'exécution et le contenu d'une étude qui, compte tenu des propositions du Directeur général, des observations formulées à leur sujet par les gouvernements ainsi qu'au Conseil, et de toutes autres informations pertinentes, examinerait le problème de l'accroissement de cette aide matérielle. Il est décidé que le Comité comprendra les vingt pays ci-après: Australie, Brésil, Canada, Danemark, Ethiopie, France, République fédérale d'Allemagne, Inde, Iran, Italie, Japon, Corée, Pays-Bas, Pakistan, Pologne, Sénégal, Soudan, Royaume-Uni, Etats Unis d'Amérique, Venezuela.

69. Le Conseil prie également le Directeur général d'inviter à participer à cette étude des représentants de la BIRD/AID, de l'ONU, en particulier du PNUD, du PAM et de toutes autres institutions ou programmes appropriés des Nations Unies, ainsi que de l'OCDE.

70. Le Comité ad hoc présentera à la quarante-huitième session du Conseil un rapport d'activité sur cette étude. En même temps, le Directeur général appellera l'attention du Conseil sur les incidences financières supplémentaires éventuelles. Le Directeur général est prié de faire en sorte qu'un rapport sur l'étude soit soumis au Conseil à sa quarante-neuvième session, pour transmission à la Conférence à sa quatorzième session.


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