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III. Distribution internationale

1. Le Comité international de la crise alimentaire

Le Conseil a examiné le rapport du Comité international de la crise alimentaire (CL 6/5) recommandant la cessation des activités de ce dernier, et, étant donné que les raisons pour lesquelles ce Comité avait été créé ont cessé d'exister, le Conseil a adopté la résolution suivante:

LE CONSEIL

Ayant examiné le rapport du Comité international de la crise alimentaire,

Approuve la recommandation prévoyant la suppression dudit Comité le 30 juin 1949;

Constate que le Comité du Cacao a proposé l'abolition du système des allocations du cacao à partir du 30 juin, mettant ainsi fin aux activités de ce Comité;

Note que le Comité du Riz a recommandé le maintien des allocations de riz pour l'année 1949;

Approuve la continuation des activités du Comité du Riz sous l'autorité du Directeur général;

Désire remercier le CICA et ses comités de leurs travaux qui ont largement contribué à atténuer les privations au cours d'une période de pénurie; et

Témoigne sa satisfaction des services si satisfaisants que le personnel technique de la FAO a rendus au CICA et à ses comités.

En adoptant la présente résolution, le Conseil tient à citer le CICA comme un exemple particulièrement heureux de la collaboration internationale dans un domaine où elle soulève des difficultés considérables.

2. Les problèmes internationaux des produits

Le Conseil s'est livré à un examen approfondi du rapport du Groupe de Travail sur les accords internationaux des produits ainsi que des tendances actuelles sur les principaux marchés mondiaux des produits agricoles. On craint déjà, de façon générale, que des excédents de produits agricoles ne commencent à s'accumuler dans certaines régions; c'est incontestablement un des principaux rôles du Conseil que de faire face à des éventualités de ce genre, et la Commission préparatoire chargée de l'étude des propositions pour l'alimentation mondiale a formulé à ce sujet des principes directeurs qui pourront rendre d'utiles services.

Le Conseil désire affirmer nettement et sans équivoque que l'intérêt qu'il porte actuellement à cette question est lié à l'objectif fondamental de la FAO qui est d'assurer à la population mondiale une alimentation plus abondante et meilleure. L'amélioration du régime des populations sous-alimentées peut être réalisée de deux façons: la première et aussi la plus satisfaisante consisterait à développer la production agricole nationale, et une grande partie des efforts de la FAO sont dirigés dans ce sens; en second lieu, les ressources alimentaires de ces populations peuvent être accrues dans une certaine mesure grâce aux importations, et la FAO doit chercher quels sont les moyens de développer le commerce international plutôt que de consentir à des restrictions de la production et du commerce, dans le cas d'excédents. Il est donc d'une importance capitale, si l'on veut que l'Organisation atteigne les buts qu'elle s'est fixés que des mesures concrètes soient prises afin de relever partout le niveau de la nutrition et d'encourager l'expansion de l'économie mondiale.

Au cours de la présente session du Conseil, plusieurs membres ont exprimé l'appréhension que leur inspire la baisse actuelle des prix de certains produits agricoles, cette baisse pouvant être le signe d'une accumulation réelle ou éventuelle des stocks excédentaires dans certains pays et ont dit leur crainte de voir le fléchissement des prix prendre de trop grandes proportions. Il faut éviter à tout jamais le retour d'une crise agricole comme celle dont tant de pays ont fait l'expérience au cours des années qui ont suivi 1930.

Le Conseil a entendu avec intérêt une déclaration faite au nom de la Fédération internationale des Producteurs agricoles dans laquelle celle-ci a exprimé ses craintes en ce qui concerne la situation actuelle, et présenté des propositions concrètes pour éviter l'accumulation d'excédents.

Les excédents continueront à s'accumuler dans certaines régions alors que la sous-alimentation sévit ailleurs, si on ne s'attaque pas à trois problèmes essentiels. Le premier est constitué par l'insuffisance du pouvoir d'achat de la plupart des populations sous-alimentées. Celles-ci manquent, en second lieu, de devises étrangères : elles n'exportent pas en quantité suffisante pour financer des importations alimentaires sur une vaste échelle.

Enfin le dernier problème est constitué par l'insuffisance du pouvoir d'achat en devises fortes qui affecte non seulement les pays insuffisamment développés, mais encore beaucoup d'autres. Le Conseil est d'avis, bien que certains aspects de ces problèmes ne relèvent pas directement de la compétence de la FAO, qu'il faut procéder à une étude plus poussée de ces derniers, avant de formuler des recommandations en vue d'une action appropriée.

Les excédents qui menacent à l'heure actuelle de s'accumuler sont surtout situés dans la zone du dollar et sont constitués par les produits agricoles. Lorsqu'on étudiera plus à fond le problème des produits, il faudra considérer plus spécialement les produits pour lesquels des difficultés semblent devoir surgir rapidement, en particulier les denrées alimentaires. Des accords intergouvernementaux sur les produits, ou toutes autres mesures appropriées sur le plan national ou international doivent être envisagés. Il ne faudra pas perdre de vue les liens étroits qui existent entre les produits agricoles, comme le montre par exemple la possibilité de transformer les céréales en produits de l'élevage, et l'interdépendance des prix agricoles et des prix industriels.

Etant donné que la situation peut s'aggraver rapidement, le Conseil estime qu'il est important que les Etats Membres, à la prochaine session de la Conférence, prennent des décisions en vue d'une action effective. Pour ce faire, les Etats Membres devront prendre connaissance suffisamment tôt avant la session de la Conférence de toutes les propositions et des informations supplémentaires de caractère fondamental. Etant donné que l'on ne dispose que d'un laps de temps assez court pour l'élaboration du rapport, ce dernier devra se limiter aux aspects les plus urgents du problème.

S'inspirant des considérations qui viennent d'être exposées, le Conseil charge le Directeur général:

  1. de préparer un rapport qui comprendra:

    1. un examen des raisons fondamentales pour lesquelles des excédents locaux, en particulier de denrées alimentaires, font actuellement leur apparition ou risquent d'apparaître incessamment;

    2. une étude de la situation particulière à chacun des produits devant faire l'object d'un examen;

    3. des recommandations à l'usage du Conseil, devant être soumises ultérieurement à la Conférence pour l'élaboration des mesures appropriées, de caractère national ou international, qui seraient susceptibles de supprimer ou tout au moins d'atténuer les aléas que les excédents actuels et éventuels des produits auxquels il vient d'être fait allusion pourront amener dans la production, le commerce et la consommation;

  2. et, au cours de l'élaboration de ce rapport :

    1. de tenir compte de l'article XXVI du Règlement intérieur et notamment du paragraphe I (c) et (d);

    2. de ne pas perdre de vue le rapport de la Commission préparatoire chargée de l'étude des propositions pour l'alimentation mondiale, notamment en ce qui concerne le chapitre V, en s'attachant particulièrement aux mesures qui permettraient de réduire l'écart actuel entre la demande effective de produits alimentaires et les besoins réels des populations, et de stabiliser les prix agricoles à des niveaux équitables tant pour le producteur que pour le consommateur.

    3. d'étudier les propositions présentées par la Fédération internationale des Producteurs agricoles à la présente session du Conseil; et,

    4. de s'assurer, dans la mesure où il le jugera nécessaire, la collaboration d'experts versés par exemple dans les questions touchant à l'économie en général, à la production, à la consommation, et aux échanges internationaux et celle de personnes ou d'organismes étrangers au Secrétariat de la FAO qui sont spécialement documentés sur les problèmes figurant dans le cadre de cette étude;

  3. de communiquer son rapport d'ensemble à tous les Etats Membres au plus tard le 30 septembre, ainsi que tout rapport complémentaire qui pourrait être établi par la suite avant la prochaine session du Conseil;

  4. de tenir le groupe de travail sur les produits périodiquement au courant de l'état de ses travaux et d'en consulter les membres si le besoin s'en fait sentir;

  5. de convoquer ce groupe de travail à une date appropriée avant la prochaine session du Conseil pour qu'il examine son rapport et élabore des recommandations concernant les mesures que devront prendre la Conférence et le Conseil.

  6. Le Conseil a décidé d'augmenter le nombre des membres de ce groupe de travail sur les produits en raison de l'ampleur prise par ses activités et a adjoint des représentants de la France, de Cuba et des Pays-Bas à ceux de l'Australie, de la Belgique, du Brésil, du Canada, de l'Inde, du Royaume-Uni et des Etats-Unis.


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