C 2003/16


Conférence

Trente-deuxième session

Rome, 29 novembre – 10 décembre 2003

VERS UNE PLUS GRANDE COHÉRENCE DES INITIATIVES DE LA FAO EN MATIÈRE DE LUTTE CONTRE LA FAIM (Point 10)

Table des matières



I. INTRODUCTION

1. Au cours des dernières années, la FAO a mis en œuvre plusieurs initiatives visant à faire face aux problèmes de la faim et de l’insécurité alimentaire. Ces initiatives sont décrites dans le présent document, qui montre les liens qui les relient dans le contexte de l’approche double appliquée à la lutte contre la faim. Il est également fait état du rapport entre ces initiatives et le Cadre stratégique de la FAO 2000-2015 et des principaux éléments de la philosophie et des activités stratégiques de la FAO en matière de lutte contre la faim.

2. Les activités et les programmes de la FAO jouent tous un rôle dans la lutte contre la faim, que ce soit directement ou indirectement. Dans le présent document, seules sont mentionnées les activités les plus récentes entreprises dans le cadre de la suite donnée au Sommet mondial de l’alimentation et du Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après, notamment des activités liées aux Objectifs du Millénaire pour le développement. Parmi ces initiatives figurent l’Alliance internationale contre la faim, le Programme de lutte contre la faim, les Systèmes d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV), l’initiative axée sur la révision et l’actualisation des Stratégies nationales en matière de sécurité alimentaire et de développement agricole: Horizon 2015, les Programmes régionaux pour la sécurité alimentaire, dont l’appui au Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA) dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD)1, le Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA), l’appui au Groupe de travail intergouvernemental chargé d’élaborer un ensemble de directives à l’appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale et le renforcement de la coopération avec la société civile dans le cadre de la suite donnée au Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après et du Forum ONG/OSC organisé parallèlement.

3. La FAO fonde ses initiatives de lutte contre la faim sur la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale qui, à l’instar du Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation, reprend les conclusions du Sommet mondial de l’alimentation de 1996. Leur incidence sur les activités de l’Organisation est énoncée dans le Cadre stratégique 2000-2015 de la FAO, approuvé par la Conférence en novembre 1999, et qui fait « autorité pour les futurs programmes de l'Organisation, qui seront élaborés dans les Plans à moyen terme et Programmes de travail et budget successifs ».

4. Le Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après était axé sur les questions interdépendantes de la stimulation de la volonté politique et de la mobilisation des ressources, et a abouti à la Déclaration du Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après, intitulée Alliance internationale contre la faim. Cette déclaration est née du constat qu’il ne serait possible d’atteindre l’objectif de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim avant 2015, fixé lors du Sommet mondial de l’alimentation, que si toutes les parties concernées – soit les gouvernements qui s’étaient engagés lors du Sommet, mais également la société civile et le secteur privé - déployaient des efforts considérables, de manière concertée. De ce constat est né le souhait de créer une Alliance internationale contre la faim.

5. Le présent document est articulé comme suit: présentation, dans ses grandes lignes, de l’approche double en matière de lutte contre la faim et la pauvreté, appliquée tacitement à toutes les initiatives de la FAO, puis description des modalités de prise en compte de l’insécurité alimentaire dans le cadre des activités appliquant cette approche, description des liens unissant les initiatives et le Cadre stratégique de la FAO, et enfin, cohérence des différentes initiatives de lutte contre la faim.

II. UN CADRE POUR LA LUTTE CONTRE LA FAIM

6. Dans cette section, quelques-unes des grandes questions liées à la faim sont abordées, afin d’axer l’argumentation qui s’ensuit sur le rôle joué par les initiatives de la FAO dans la lutte contre la faim. Il convient de mentionner certaines données essentielles:

Cap sur une stratégie d’intervention contre la faim

7. Le fait que des personnes continuent à souffrir de la faim va à l’encontre du droit à une alimentation adéquate, reconnu comme droit de la personne dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Or d’un point de vue économique, il s'agit d'un raisonnement à court terme: la faim et la malnutrition à grande échelle entravent les rendements économiques non seulement des particuliers et de leurs familles, mais également des pays. Les enfants souffrant de la faim accusent un retard de croissance et présentent des difficultés d’apprentissage. Les adultes souffrant de la faim ne sont pas en mesure d’effectuer un travail physique intense, sont plus souvent sujets à la maladie et ont tendance à mourir plus jeunes. Ils ne peuvent effectuer des investissements plus risqués, susceptibles d’être plus rentables, par crainte des implications d’un échec. Pire encore, le cycle de la faim se reproduit lorsque des mères sous-alimentées donnent naissance à des bébés trop maigres qui, dès les premiers jours de leur existence, affrontent la vie grevés d’un handicap. Les carences en oligoéléments, notamment en fer, en iode et en vitamine A, que l’on appelle souvent la « faim cachée », coûtent cher à la société.

8. Si la faim est injustifiable d’un point de vue moral, si elle pèse lourd d’un point de vue économique et si les éléments d’une stratégie efficace de lutte contre la faim sont bien définis, comment se fait-il qu’elle demeure une réalité ? La réponse la plus évidente est qu’il n’y a pas de volonté politique pour lutter plus activement contre la faim, et, par conséquent, pas de mobilisation des ressources nécessaires. Les stratégies de lutte contre la faim doivent bénéficier du concours d’importantes coalitions de parties prenantes pour pouvoir stimuler la volonté politique et pousser à agir contre la faim.

9. On ne choisit pas d’avoir faim. La faim frappe en raison de nombreux facteurs, de nature économique, sociale et politique, qui maintiennent les personnes dans un cercle vicieux. D’aucuns souffrent de la faim en raison d’une incapacité ou d’un malheur. Les politiques mises en œuvre pour lutter contre la faim doivent être plurielles et permettre aux personnes souffrant de la faim et de la pauvreté de briser le cercle vicieux de la faim.

10. Les interventions doivent offrir de nouvelles possibilités aux personnes touchées, en leur permettant de se doter des moyens de profiter de ces possibilités et de se protéger lorsqu'ils ne sont pas en mesure de se nourrir en raison d'un malheur.

11. L’expérience montre que les stratégies de lutte contre la faim peuvent être durables lorsqu’elles sont fondées sur une croissance économique générale mettant l’accent sur un développement rural créant des débouchés économiques pour les personnes souffrant de la faim et de la pauvreté. Il convient également de garantir la mise en place de filets de sécurité protégeant ceux qui ne sont pas en mesure d’assurer une alimentation adéquate par leurs propres moyens.

12. Le fait de briser le cercle vicieux de la pauvreté et de la faim a des effets particulièrement bénéfiques, qui peuvent notamment se traduire par l’allongement de la durée de vie et l’amélioration de la santé des personnes ne souffrant plus de sous-alimentation et des populations mieux nourries dans leur ensemble. Les premières estimations semblent indiquer que si l’apport calorique augmentait jusqu’à atteindre le niveau requis pour atteindre l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation, les bénéfices se chiffreraient à environ 120 milliards de dollars par an, grâce à l’allongement de la durée de vie et à l’augmentation de la productivité.

Une approche double pour la lutte contre la faim

13. Tous ces arguments indiquent qu’en matière de lutte contre la faim, il convient d’adopter une approche double intégrant toutes les composantes de la sécurité alimentaire et alliant création de débouchés, démarginalisation et protection. Une telle approche pourrait associer la stimulation de la croissance rurale et agricole impliquant notamment les ménages d’agriculteurs vulnérables et exposés à la pauvreté, et des programmes ciblés visant à garantir que les personnes souffrant de la faim, qui n'ont ni les capacités de produire leurs propres aliments ni les moyens de se les procurer, aient accès à des produits alimentaires adéquats. Les investissements dans le développement agricole et rural doivent être au cœur des stratégies de lutte contre la faim et la pauvreté, car 75 pour cent des personnes souffrant de la faim dans les pays en développement vivent dans des zones rurales et sont directement ou indirectement tributaires de l’agriculture pour leur subsistance.

14. Le premier volet de l’approche double crée des débouchés permettant aux personnes souffrant de la faim d’améliorer leurs moyens de subsistance grâce à une réforme des politiques et aux investissements dans le développement agricole et rural. Le second volet, quant à lui, permet aux personnes souffrant de la faim et de la pauvreté de se doter des moyens de tirer profit de ces débouchés en améliorant l’accès immédiat à l’alimentation, et, ce faisant, en augmentant leurs potentiels de production. Les deux volets ont un effet de synergie, car les programmes axés sur l’amélioration de l’accès à l’alimentation créent de nouvelles possibilités d’augmenter la production.

III. LES QUATRE COMPOSANTES DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

15. Cette section fait état des actions entreprises dans le cadre de l’approche double en vue de renforcer la sécurité alimentaire et montre dans quelle mesure ces actions intègrent les composantes de la sécurité alimentaire.

16. La sécurité alimentaire, c’est-à-dire « l’accès de tous à tout moment à une nourriture saine et nutritive, en quantité suffisante, sans risque injustifié de restriction de cet accès », repose sur quatre composantes, qui doivent être prises en compte dans toutes les stratégies relatives à la sécurité alimentaire:

17. Pour que la sécurité alimentaire soit une réalité, il faut que les quatre composantes soient réunies. La simple présence d’aliments ne signifie pas qu’une personne a le droit de les consommer, ce qui a une implication fondamentale: la sécurité alimentaire est définie à l’échelle de l’individu, alors qu’elle dépend d’un ensemble de facteurs liés aux individus, aux ménages, aux communautés, aux pays, voire à la communauté internationale.

18. Les activités et les politiques susceptibles d’être mises en œuvre au titre de chaque volet de l’approche double sont présentées au Tableau 1, où elles sont mises en relation avec les quatre composantes de la sécurité alimentaire. Des politiques et des conditions de nature plus générale y sont également indiquées, tout comme des questions fondamentales de politiques intersectorielles devant être prises en compte pour toute stratégie relative à l’insécurité alimentaire.

19. Il est possible de dégager de ce tableau un message fondamental: en matière de lutte contre la faim, la réussite des programmes d’investissements fondés sur l'approche double dépend de l’existence d’un cadre de référence axé sur les pauvres et sur lequel les politiques générales peuvent être fondées.

20. Les programmes ayant pour effet d’augmenter la productivité (comme ceux axés sur la recherche, la vulgarisation, la promotion de variétés à haut rendement, l’eau et l’irrigation) devraient être associés à des programmes visant la réduction des coûts de l’accès aux marchés et le renforcement des capacités des producteurs en matière de commercialisation et de gestion. Ces programmes permettent d’améliorer les disponibilités alimentaires et la nutrition directement au niveau des familles d’agriculteurs et d’augmenter les approvisionnements en aliments sur les marchés locaux. Il est important d’accroître les approvisionnements alimentaires urbains en investissant dans les infrastructures de communication, dans les opérations post-production et dans les procédures liées à la manutention et à la sécurité sanitaire des aliments.

Tableau 1: Lien entre l’approche double et les composantes de la sécurité alimentaire

Approche double

Disponibilités alimentaires

Accès

Stabilité

Utilisation

Renforcement du développement rural et augmentation de la productivité

Augmentation de la productivité et des capacités de production, notamment des petits exploitants

Investissement dans les infrastructures et les marchés ruraux

Augmentation des approvisionnements alimentaires urbains

Rationalisation du fonctionnement des marchés vendeurs et acheteurs

Mise en valeur des débouchés créant des revenus

Amélioration de l’accès aux biens

Promotion de la création d’entreprises rurales non agricoles

Amélioration du fonctionnement des systèmes financiers et des marchés du travail en zone rurale

Amélioration de la transition et du séquençage des initiatives de remise en état d’urgence et de développement

Promotion de la diversification

Diminution de la variabilité de la production (irrigation, collecte de l’eau, maîtrise des ravageurs, etc.)

Contrôle des déficits de production et de consommation

Amélioration de l’accès au crédit et aux services d’épargne

Manutention des aliments et infrastructures de stockage

Réglementation et institutions relatives à la sécurité sanitaire des aliments

Eau potable sure et assainissement

Accès direct et immédiat aux aliments

Aide alimentaire

Information sur les marchés

Transport et communication

Repas scolaires

Programme nourriture contre travail

Transferts de fonds

Structures communautaires et familles élargies

Secours alimentaire d’urgence

Filets de sécurité

Programme d’intervention et d’éducation sur la nutrition

Conditions intersectorielles

Croissance, commerce, stabilité macroéconomique, institutions responsables de la gouvernance, participation, garantie de l’accès aux ressources naturelles, droit à une alimentation adéquate, institutions relatives aux marchés.

Cadre politique

Commerce international

Politiques de fixation des prix agricoles

Stabilité macroéconomique

Intégration des marchés du travail
Redistribution des biens (notamment réforme foncière)

Politiques relatives aux prix des produits alimentaires

Politiques relatives au crédit

Gestion des stocks alimentaires

Politiques et réglementation relatives à la sécurité sanitaire des aliments

21. Pour améliorer l’accès, il convient de renforcer les droits relatifs à l’alimentation en augmentant les revenus et en améliorant de manière durable les moyens d'existence. Certains des arguments développés au paragraphe précédent sont également valables ici, car l’augmentation de la production alimentaire entraîne une hausse des revenus des ménages. Les activités rurales non agricoles, notamment la transformation artisanale de produits agricoles, créent une demande pour la production primaire, qui est souvent à forte intensité de main-d’œuvre et représente une importante source de revenus pour les ménages ruraux. Il a été montré que la mise en valeur de ces activités grâce à l’augmentation de la productivité avait des incidences considérables sur la lutte contre la pauvreté.

22. Des efforts concertés sont nécessaires si l'on veut que les femmes bénéficient pleinement de ces débouchés. En ayant recours à des techniques bon marché permettant d’économiser la main-d’œuvre tant pour les activités de production que pour les travaux domestiques, il est possible d’éliminer les principales contraintes auxquelles les femmes sont confrontées, notamment d’un point de vue temporel. Cela est particulièrement vrai pour les ménages ruraux touchés par le VIH/SIDA, qui souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre et où les femmes (et les jeunes filles) voient leurs responsabilités augmenter, ce qui diminue d’autant le temps dont elles disposent pour des activités agricoles ou autres.

Développement rural et augmentation de la productivité

23. La composante axée sur le développement rural prévoit plusieurs actions permettant de renforcer la disponibilité alimentaire, comme l’amélioration des rendements des petites exploitations des communautés pauvres, dans les zones rurales et périurbaines.

24. La rationalisation de l’utilisation nécessite souvent que des mesures soient prises dans d’autres secteurs, comme ceux de l’approvisionnement en eau propre et de l'assainissement. Le renforcement de la stabilité requiert la mise en place de systèmes de contrôle et de surveillance, ainsi que l’application de mesures visant à atténuer l’instabilité de l’offre, des prix et des revenus. Les équipements d’entreposage permettent de réduire l’instabilité de l’offre et des prix, alors que les facilités de crédit et d’épargne jouent un rôle modérateur au niveau de l’instabilité de la consommation. Les activités rurales non agricoles offrent des débouchés considérables en matière de diversification des revenus pour les ménages des zones rurales. Le rôle de la composante du développement rural dans la stabilité peut également impliquer des mesures de remise en état après des conflits ou des catastrophes, comme le redressement de la production agricole dans les pays en guerre, ainsi qu'une meilleure transition entre les opérations de secours, de remise en état et de développement effectuées au bénéfice des pays touchés.

Accès direct et immédiat aux aliments

25. La composante de l’aide alimentaire directe joue un rôle au niveau de la disponibilité alimentaire, principalement grâce à différents programmes d’aide alimentaire (ou, dans certains cas, grâce à l’achat d’aliments sur place). Ces programmes ont permis d’augmenter les disponibilités alimentaires ou de faire face à des déficits en cas d’urgence, voir les deux simultanément. L’efficacité de l’aide alimentaire d’urgence est tributaire de la précision et des capacités prévisionnelles des systèmes d’alerte rapide.

26. En général, les particuliers ont accès à une certaine quantité d’aliments grâce aux systèmes traditionnels, à la famille élargie et à la communauté, dont les moyens de réaction doivent être renforcés. Les actions mises en œuvre dans le cadre de cette composante devraient être axées sur des mesures complétant l'accès et devraient notamment comprendre les éléments suivants: programmes d’alimentation directe ciblés, comme les repas scolaires et autres interventions dans le domaine de la nutrition; programmes d’échange de nourriture contre du travail, venant soutenir les familles d'agriculteurs pendant la période de soudure et qui peuvent créer de nouveaux biens de production; et programmes de transfert de revenus, en espèces ou en nature.

27. Afin de garantir la stabilité de l’accès, il convient de mettre en place des filets de sécurité au bénéfice de ceux qui ne sont pas en mesure de satisfaire leurs besoins essentiels grâce à la production, à l’achat ou aux systèmes traditionnels de réaction. Le secours alimentaire d’urgence représente un important filet de sécurité en cas de catastrophes naturelles ou d’urgence causées par l’homme. Les filets de sécurité revêtent une importance particulière pour les ménages dont les capacités de production se trouvent, en l’espace de peu de temps, lourdement entravés par des maladies comme le VIH/SIDA. Il est indispensable que les politiques reposent sur l’élément essentiel qu’est la disponibilité d’informations qui permettent de cibler avec précision les personnes souffrant de la faim et leur localisation.

Cadre de politiques générales et composantes de la sécurité alimentaire

28. Un cadre de référence, tant international que national, axé sur les pauvres et sur lequel les politiques générales peuvent être fondées peut jouer un rôle important en ce qui concerne l’efficacité et la durabilité des programmes visant la sécurité alimentaire. Ce cadre de politiques générales devrait être propice à une croissance économique générale et à une utilisation durable des ressources naturelles. Il devrait également être favorable aux investissements privés faisant pendant aux investissements publics.

29. À l’échelle internationale, un cadre de politiques générales favorable se traduit par des mesures visant la promotion de la paix et de la stabilité politique et économique, ainsi qu’un environnement commercial protégeant et mettant en valeur les intérêts des pays en développement en matière de développement et de sécurité alimentaire.

30. À l’échelle nationale, les politiques macroéconomiques devraient assurer la stabilité nécessaire pour encourager l’épargne et les investissements. Le cadre de politiques générales favorable doit comprendre des politiques se traduisant pour les gouvernements par une plus grande obligation de rendre des comptes aux populations et par un renforcement des capacités des communautés et des organismes locaux à exiger des prestations bien précises des fournisseurs de services. Les politiques qui définissent des droits protégés et sans équivoque favorisent l’égalité des sexes et un accès plus équitable aux ressources naturelles et contribuent à une utilisation durable des ressources et à la lutte contre la pauvreté. De plus, il convient de définir des politiques axées sur l’amélioration de l’accès des pauvres aux connaissances et à l’information dont ils ont besoin et qui leur donnent les moyens de bénéficier des retombées positives des progrès techniques. En s’engageant à l’échelle nationale vis-à-vis de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate, il est possible de mobiliser les énergies en faveur de politiques exhaustives de lutte contre la faim.

IV. UNE ACTION MIEUX CIBLÉE

31. Reconnaissant la nécessité de mieux cibler son action sur les besoins des populations affamées, l’Organisation a réévalué ses programmes à la lumière du Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation et du Cadre stratégique. Outre les récentes initiatives, qui sont examinées ci-dessous, une des grandes réalisations du processus du Sommet mondial de l'alimentation a été la réorientation et le réaménagement des activités en harmonisation avec les stratégies et les objectifs de l'Organisation qui sont énoncés dans le Cadre stratégique. Le processus a permis d’améliorer la cohérence des programmes de lutte contre la faim de l'Organisation.

32. Le Cadre stratégique de la FAO pour 2000-2015 comprend, parmi les trois principaux objectifs poursuivis par les États membres conformément au mandat de la FAO, l’objectif suivant: « Accès à tous à tout moment à une nourriture saine et nutritive, en quantité suffisante, de façon à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation chronique d’ici à 2015 ». Le Cadre stratégique envisage cinq stratégies pour répondre aux besoins des membres et 12 objectifs stratégiques plus spécifiques guidant le processus de planification de l'action fondamentale de l'Organisation.

33. Un certain nombre d’initiatives ont été prises en réponse à l’appel invitant l’Organisation à aborder le problème de la faim dans le monde de manière globale et à apporter sa contribution aux Objectifs du Millénaire pour le développement. Les programmes existants ont été réaménagés pour tenir compte de la nouvelle orientation de la lutte contre la faim. Le tableau 2 présente ces grandes initiatives et les stratégies de l’Organisation dans lesquelles elles s’insèrent.

34. La reconnaissance accrue des aspects multiples que recouvre la lutte contre la faim a amené à concevoir des interventions basées sur des approches plus globales et interdisciplinaires qui tiennent compte des différentes dimensions de la sécurité alimentaire. Étant donné que les populations rurales sont extrêmement dépendantes, pour leur subsistance, du revenu de la production agricole et des activités connexes, la disponibilité et l'accès à la nourriture sont inévitablement interdépendants. De même, la disponibilité des aliments et l'état nutritionnel sont étroitement liés, car les denrées produites localement donnent aussi « accès » à des aliments nutritifs. La plupart des initiatives prises récemment en réponse au Sommet mondial de l’alimentation comportent une importante composante de sensibilisation (stratégie E) en réponse à la nécessité de susciter une mobilisation des ressources et une volonté politique, qui doivent englober à coup sûr toutes les dimensions de la sécurité alimentaire2. La plupart de ces initiatives bénéficient aussi d’un dialogue et d’une collaboration avec la société civile qui s’est mobilisée pour le Sommet mondial de l’alimentation et le Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après.

Tableau 2: Contributions des récentes initiatives de la FAO en matière de lutte contre la faim aux stratégies de l’Organisation

Initiative

Stratégie A: Contribuer à éradiquer l’insécurité alimentaire et la pauvreté rurale

Stratégie B: Promouvoir, développer et renforcer les cadres généraux et réglementaires

Stratégie C: Assurer des accroissements durables de l’offre et de la disponibilité de denrées alimentaires

Stratégie D: Soutenir la conservation, l’amélioration et l’utilisation durable des ressources naturelles pour l’alimentation et l’agriculture

Stratégie E: Améliorer le processus décisionnel par l’information et l’évaluation et promouvoir la gestion des connaissances

AICF1

++

+++

PLCF2

++

+

++

+

+++

SICIAV3

++

++

+

+++

SNSADA4

+++

++

+++

+

+++

PRSA5

++

++

++

+

++

NEPAD/ PDDAA 6

++

+

+++

++

+++

PSSA7

+++

+++

++

Droit à la nourriture8

+++

++

++

Note: +++ Première priorité; ++ Deuxième priorité; + Autres priorités
 

1. AICF: Alliance internationale contre la faim
2. PLCF: Programme de lutte contre la faim
3. SICIAV: Système d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité
4. SNSADA: Stratégies nationales en matière de sécurité alimentaire et de développement agricole
5. PRSA: Programme régional pour la sécurité alimentaire
6. NEPAD/PDDAA: Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique/Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine, qui comprend trois composantes: SNSADA, programmes à moyen terme et projets bancables
7. PSSA: Programme spécial pour la sécurité alimentaire
8. Droit à la nourriture: Élaboration de directives volontaires à l’appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale.

L’Alliance internationale contre la faim

35. Depuis plusieurs années, l’idée d’une alliance globale servant à renforcer la volonté politique de lutter contre la faim et la pauvreté a pris forme et a bénéficié d’un soutien. Elle s'est concrétisée lorsque le Sommet mondial de l'alimentation: cinq ans après a adopté, en juin 2002, sa Déclaration intitulée l’Alliance internationale contre la faim, dont l’objectif général était de garantir que le problème de la faim reste une priorité pour la collectivité internationale.

36. L’objectif de l’Alliance est de favoriser les initiatives visant à permettre à la population pauvre et affamée de parvenir à la sécurité alimentaire de façon durable. Il est prévu que d'autres alliances analogues seront lancées au niveau national. Elles viseraient à:

37. Les organisations pour l'alimentation et l'agriculture ayant leur siège à Rome – FAO, Fonds international de développement agricole (FIDA), Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI) et Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que des ONG internationales – s’efforcent de créer un réseau pour faire de cette Alliance une réalité. La Journée mondiale de l'alimentation 2003 a pour thème l'Alliance internationale contre la faim et offre l'occasion de présenter des manifestations, des conférences et des expositions, aux niveaux national et international, autour du slogan suivant: « En collaborant, nous pouvons surmonter le problème de la faim ».

Le Programme de lutte contre la faim

38. La FAO a présenté l’avant-projet de Programme de lutte contre la faim au Sommet mondial de l'alimentation: cinq ans après. Il s'agit d'une approche conceptuelle à l'éradication du problème de la faim qui définit des domaines prioritaires pour des actions nationales en vue d’atteindre l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation. Il fournit une estimation grossière des ressources publiques supplémentaires nécessaires pour couvrir les dépenses. Il repose sur une double approche à la lutte globale contre la faim.

39. Le Programme de lutte contre la faim définit cinq domaines d'investissement prioritaires. Il estime qu’un investissement public supplémentaire d’environ 24 milliards de dollars EU par an est nécessaire pour que la lutte contre la faim puisse revenir à des niveaux qui permettront d’atteindre l'objectif fixé par le Sommet mondial de l'alimentation d’ici 2015. Comme on l'a vu précédemment, les retombées s’élèveraient, d'après les estimations, à quelque 120 milliards de dollars EU par an. Cet ensemble d'investissements a pour objectifs:

40. Les quatre premiers domaines prioritaires se rapportent au volet « développement rural », tandis que le cinquième concerne directement le volet « assistance alimentaire directe ». Le document du Programme de lutte contre la faim a fait l’objet d’examens internes et externes, notamment lors des manifestations parallèles organisées au Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après en 2002 et au Sommet de Johannesburg la même année, ainsi que des observations et des suggestions formulées durant les débats de la vingt-neuvième session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale de la FAO et de la cent vingt-quatrième session du Conseil. Une troisième et dernière version sera soumise à la trente-deuxième session de la Conférence de la FAO en novembre/décembre 2003.

Le droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale

41. La Déclaration du Sommet mondial de l’alimentation reconnaissait explicitement le concept du droit à une alimentation adéquate. Un effort supplémentaire était nécessaire pour traduire ce concept en directives opérationnelles. La FAO assure actuellement le secrétariat du Groupe de travail intergouvernemental pour l’élaboration d’une série de directives volontaires à l’appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale. Une fois adoptées, ces directives devraient aider les pays membres à établir la base juridique et institutionnelle qui leur permettra d’assurer la sécurité alimentaire de tous et de définir les responsabilités qui incombent à chacun pour sa réalisation.

Cartographie de l’insécurité alimentaire et de la vulnérabilité

42. Reconnaissant que la condition préalable de toute stratégie visant à lutter efficacement contre la faim est de savoir exactement quels sont ceux qui souffrent d’insécurité alimentaire, là où ils se trouvent et pourquoi ils sont dans cette situation d'insécurité alimentaire, de vulnérabilité nutritionnelle ou de risque, le Sommet mondial de l'alimentation a décidé d'établir des mécanismes permettant d'identifier les personnes qui souffrent de la faim et de malnutrition. L'objectif de l’initiative interorganisations appelée Système d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité est d’établir un mécanisme, aux niveaux mondial, national et sous-national, pour rassembler, analyser et diffuser des renseignements sur les caractéristiques de l’insécurité alimentaire et de la vulnérabilité. L'idée fondamentale de ce système est qu'il est nécessaire de disposer d'informations très précises pour pouvoir cibler les politiques et les programmes sur les activités visant à réduire le nombre de personnes sous-alimentées et à assurer la sécurité alimentaire pour tous.

43. La FAO accueille le secrétariat du Groupe de travail interinstitutions sur le Système d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité, mais elle soutient aussi l’établissement de systèmes d'alerte rapide et d'information sur la sécurité alimentaire aux niveaux régional, national et sous-national dans de nombreux pays. En tant qu'outil de ciblage et de contrôle, le Système d'information et de cartographie sur l'insécurité alimentaire et la vulnérabilité est extrêmement utile pour orienter les interventions, identifier les bénéficiaires et mieux comprendre les différents modes de subsistance et les mécanismes d’adaptation des populations.

44. La contribution éventuelle de ce système à l’initiative du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale est à l'étude. Sans doute serait-il possible d'utiliser le Système d'information et de cartographie sur l'insécurité alimentaire et la vulnérabilité pour surveiller les progrès accomplis dans la réalisation de ce droit. Ce système est aussi un moyen efficace pour suivre les progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier la réduction de la faim aux niveaux national et mondial.

Appui aux stratégies de sécurité alimentaire nationales et régionales

45. La FAO met tout en oeuvre pour soutenir l'élaboration de stratégies de sécurité alimentaire spécifiques à un pays et à une région, en appliquant la double approche. À l’issue du Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après et de l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement, elle s’efforce de revoir et de mettre à jour les Stratégies nationales en matière de sécurité alimentaire et de développement agricole. Ces stratégies, qui avaient été élaborées précédemment à l’horizon 2010, sont à présent mises à jour à l’horizon 2015. L’appui aux stratégies nationales vise à promouvoir l’investissement dans la sécurité alimentaire et la réduction de la faim dans les pays membres. L'assistance et les conseils de politique générale de la FAO fournissent une structure au niveau des pays pour mettre en oeuvre le Programme de lutte contre la faim, renforcer la volonté politique et intégrer les composantes de la sécurité alimentaire aux autres initiatives, en particulier les Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté.

46. Le cadre conceptuel des stratégies nationales englobe des politiques et des programmes qui visent l’ensemble de l’espace rural et tiennent compte des liens spatiaux et intersectoriels et de la diversité des moyens de subsistance. La dimension urbaine de l'insécurité alimentaire est également prise en compte. Ce cadre englobe les questions multisectorielles, comme la réforme du secteur public et la décentralisation, les répercussions des réformes commerciales et macroéconomiques, et le VIH/SIDA. Dans les pays où des activités semblables à celles du Système d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité existent ou sont mises en place, les liens entre les activités visant à caractériser et surveiller l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité et les stratégies nationales sont encouragés.

47. Le processus de mise à jour des stratégies nationales englobe la promotion d'un débat général au niveau national visant à harmoniser les stratégies et les politiques avec les objectifs du Sommet mondial de l'alimentation: cinq ans après et les Objectifs du Millénaire pour le développement, en veillant à ce que le pays prenne lui-même en charge le processus et les résultats obtenus et à adapter les allocations de ressources pour réduire la pauvreté et assurer le développement agricole et rural. Les pays qui souhaitent adopter une approche basée sur les droits, pour la réalisation progressive du droit à une alimentation adéquate, peuvent le faire dans le cadre de leurs stratégies nationales.

48. Une action régionale est également nécessaire dans les situations où une coopération transfrontière est indispensable à la sécurité alimentaire nationale. Les questions en jeu incluent l’harmonisation des politiques et des institutions, la promotion des échanges et la coordination des mesures en matière de sécurité sanitaire des aliments. À cet égard, la FAO appuie les Programmes régionaux pour la sécurité alimentaire, mis au point et demandés par les groupements économiques régionaux.

49. La mise en application des accords commerciaux pose souvent des problèmes qui sont communs à de nombreux pays d'une région. Par conséquent, et pour accroître la participation des pays en développement et des pays en transition aux négociations commerciales multilatérales, la FAO a organisé des ateliers sous-régionaux sous l'égide du programme-cadre sur le renforcement des capacités en matière commerciale. Ce programme vise à mieux faire comprendre les accords de l'OMC qui influent sur le commerce des produits agricoles, y compris en ce qui concerne les pêches et les forêts, en particulier l'Accord sur l'agriculture, les Accords SPS et OTC et l'Accord ADPIC. Certains pays membres ont demandé un élargissement de ce programme.

50. Dans le contexte des activités régionales, la FAO et d’autres partenaires ont aidé le Secrétariat du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique à élaborer le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine. Le NEPAD est une initiative conçue par l’Afrique, qui lui appartient et qu’elle dirige, de par laquelle les pays se sont engagés à assumer la responsabilité de leur propre développement et à réduire la marginalisation du continent sur la scène internationale. L’agriculture est le seul secteur économique identifié spécifiquement dans le cadre du premier Plan d'action du NEPAD car c'est celui qui influe directement sur les moyens de subsistance de plus de 70 pour cent de la population. Le Programme détaillé offre un cadre intégré de priorités pour le développement visant à redresser l’agriculture africaine et il assimile de nombreux éléments du Programme de lutte contre la faim; il intègre aussi une partie de l’expérience acquise par le Programme spécial pour la sécurité alimentaire dans cette région.

51. Outre le soutien qu’elle accorde aux stratégies nationales, la FAO aide aussi les pays membres du NEPAD à préparer des programmes nationaux à moyen terme sur cinq ans et des projets d’investissements bancables. Ces programmes d’investissement traduisent l’engagement, pris par les membres du NEPAD dans la Déclaration de Maputo de l’Union africaine sur l’agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique, d'accroître progressivement les sommes allouées à l'agriculture pour atteindre 10 pour cent au moins des budgets nationaux, d'ici cinq ans. Les projets d'investissements bancables sont conformes aux priorités définies dans la Déclaration, notamment en ce qui concerne la maîtrise de l'eau et l'infrastructure rurale. En outre, la FAO aidera les pays membres de l'Union africaine à concevoir, le cas échéant, des instruments juridiques (loi Programme) qui permettront à leur gouvernement d'allouer, dans le cadre des budgets nationaux, les ressources nécessaires au développement du secteur agricole.

52. Le Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) est l’un des moteurs de l’assistance de l’Organisation aux pays pour leur permettre de remplir les engagements du Sommet mondial de l’alimentation. Ce Programme, qui est à présent appliqué dans une centaine de pays, a été conçu pour prouver, avant tout, qu'il est possible aux pays à faible revenu et à déficit vivrier de faire des progrès significatifs en matière de sécurité alimentaire en accroissant la productivité des petits agriculteurs et en surmontant les contraintes auxquelles ils doivent faire face. Étant donné que la faim touche essentiellement les zones rurales et plus particulièrement les petits agriculteurs, l'amélioration de la productivité et du revenu de ces derniers devrait non seulement apporter des avantages immédiats pour la sécurité alimentaire des ménages, mais aussi entraîner un accroissement de la production agricole et contribuer à améliorer le développement rural, l’emploi et la sécurité alimentaire. Au départ, l’objectif du Programme spécial était d’introduire des technologies simples et bon marché qui soient à la portée des agriculteurs pauvres. Dès le départ, il était prévu que les projets pilotes du Programme spécial seraient étendus à l'échelle nationale et axés sur la réforme des politiques et des institutions et la participation responsable des organisations d'agriculteurs.

53. À l’issue d’une évaluation extérieure indépendante effectuée en 2001-2002 et pour aligner le Programme sur la nouvelle conception des stratégies de sécurité alimentaire, l’Organisation, avec l’aide du Groupe de contrôle du Programme spécial, a apporté des modifications significatives à ce programme. Un nombre croissant de pays en développement expriment leur détermination à atteindre l’objectif du Sommet mondial de l'alimentation et se tournent vers la FAO et ses partenaires pour obtenir une assistance, d’une envergure beaucoup plus vaste que celle qui avait été demandée lorsqu’ils se sont engagés dans les opérations pilotes du Programme spécial. En réponse à leur demande, les pays qui se sont engagés à lutter contre la faim sont encouragés à lancer des programmes de sécurité alimentaire nationaux polyvalents, à l'échelle du pays, dans le cadre de la double approche, qui englobent des éléments du Programme de lutte contre la faim. Ces programmes pourraient être financés par une variété de donateurs nationaux et internationaux. Conformément au concept de l'Alliance internationale contre la faim, ces programmes nationaux devraient bénéficier du soutien d'une alliance nationale de parties intéressées reposant, si possible, sur des groupes existants. Encourageant la prise en charge par les pays eux-mêmes, la FAO se confinera à un rôle secondaire et complémentaire.

54. Un des objectifs initiaux du Programme spécial pour la sécurité alimentaire - convaincre les donateurs et les gouvernements des pays en développement de la nécessité de centrer les efforts sur les petits agriculteurs - a manifestement été atteint et se reflète dans les principales stratégies nationales, notamment dans la préparation des Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté.

55. Depuis le Sommet mondial de l’alimentation, les organisations de la société civile se sont mobilisées davantage en faveur des problèmes alimentaires, s’efforçant de les replacer au centre des débats sur le développement. Les préparatifs du Sommet mondial de l'alimentation: cinq ans après ont amené à établir un réseau global d’organisations d’agriculteurs, d'éleveurs, de pêcheurs, de travailleurs agricoles et de populations indigènes, ainsi que d’ONG. Ce mécanisme, le Comité international de planification des ONG/OSC pour le SMA: cinq ans après, a organisé le Forum de la société civile qui s’est tenu parallèlement au Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après et a été chargé de mener à bien son programme d’action visant à promouvoir une approche à la sécurité alimentaire basée sur les droits, l’accès et la gestion des ressources productives par les populations locales, des approches agroécologiques à la production alimentaire basées sur la famille et des politiques commerciales qui renforcent la souveraineté alimentaire des communautés et des pays. La FAO collabore avec le Comité international de planification, essentiellement au niveau régional, pour faire en sorte que les organisations qui représentent les intérêts des populations rurales et urbaines pauvres participent de façon active au dialogue et aux décisions en matière de politiques et de programmes visant à lutter contre la faim.

V. CONCLUSION

56. Le processus du Sommet mondial de l’alimentation s’est avéré utile pour susciter une attention accrue de l’Organisation pour les stratégies visant à aborder de manière globale le problème de la faim chronique et pour en tenir compte dans ses programmes. La double approche décrite ci-dessus représente le cadre conceptuel qui guide la FAO dans la formulation de ses programmes et initiatives, ainsi que pour sa participation aux autres initiatives comme le mécanisme des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier l’Atelier sur la faim du projet du Millénaire, dont elle est un membre actif. Autour de cette approche, la FAO, le FIDA et le PAM continuent à développer leur coopération.

57. L'Organisation est parvenue à démontrer clairement que a) une action concrète de lutte contre la faim est nécessaire pour réduire la pauvreté et b) la complexité et l'étendue du problème de la faim nécessitent un effort concerté de toutes les parties prenantes au niveau national et de la communauté internationale du développement. Les arguments développés par l'Organisation ont été confortés par quatre considérations essentielles qui sont de mieux en mieux prises en compte par les responsables:

58. L’Organisation a mené des études et elle a pris la tête d'une campagne de sensibilisation en vue d'harmoniser l'action nationale et internationale contre la faim avec les engagements pris par les gouvernements au Sommet mondial de l’alimentation. La FAO a pu prouver de façon convaincante que la faible réduction du nombre de personnes sous-alimentées n’est pas sans rapport avec la baisse des ressources que les gouvernements et la communauté internationale dans son ensemble consacrent au développement agricole et rural.

59. Certains signes montrent que l’action de la FAO et des autres parties prenantes dans la lutte contre la faim donnent des résultats, en particulier le fait que les principales institutions financières, les donateurs et les gouvernements réexaminent sérieusement le budget qu’ils consacrent à l’agriculture. La Déclaration de Maputo des chefs d’État et de gouvernement de l'Union africaine formule l'engagement d'allouer 10 pour cent au moins des ressources budgétaires nationales à la mise en application de politiques et d’investissements stables dans le contexte du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine du NEPAD.

60. La FAO peut à juste titre se prévaloir de la cohérence et du renforcement mutuel de ses activités de sensibilisation, de ses conseils de politique générale et de ses programmes et projets à l'appui de la sécurité alimentaire.

61. Il est urgent de prendre aussi rapidement que possible des mesures concrètes pour lutter contre la faim à une échelle qui soit équivalente à l’ampleur du problème lui-même. Cela signifie essentiellement qu’il faut veiller à ce que les pays qui se sont engagés politiquement à réaliser les objectifs du Sommet mondial de l'alimentation et du Millénaire pour le développement soient capables de mobiliser les ressources nécessaires de sources intérieure et extérieure. La communauté internationale doit de même s’engager à aider ces pays.

VI. QUESTIONS SOUMISES À L’ATTENTION DE LA CONFÉRENCE

62. Le présent document indique aux membres la cohérence des diverses initiatives importantes qui sont prises pour lutter contre la faim conformément aux Déclarations du Sommet mondial de l'alimentation et du Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après.

63. La Conférence est invitée à fournir au secrétariat des orientations sur ces initiatives afin d’accélérer les progrès dans la réalisation de l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation de réduire la faim de moitié d'ici 2015.

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1 Dans le cadre du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine du NEPAD, la FAO appuie les préparatifs liés aux programmes quinquennaux nationaux à moyen terme, aux projets d’investissements bancables et, le cas échéant, aux instruments législatifs correspondants, les Lois Programmes.

2 Il est difficile, du point de vue conceptuel, de concevoir des programmes qui visent uniquement les dimensions de la sécurité alimentaire. Dans les pays en développement, les programmes et les politiques qui promeuvent la disponibilité par exemple, par l’accroissement de la productivité, améliorent également l’accès des ménages aux aliments. Ceci est une conséquence de la production accrue des ménages et des emplois et du revenu supplémentaires qui constituent une des retombées de la croissance agricole dans le secteur de l'économie non agricole.