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INTRODUCTION - PROCEDURE OF THE SESSION (continued)
INTRODUCTION - QUESTIONS DE PROCEDURE (suite)
INTRODUCCION - CUESTIONES DE PROCEDIMIENTO (continuación)

Adoption of the First Report of the Credentials Committee
Adoption du premier rapport de la Commission de vérification des pouvoirs
Aprobación del primer informe del Comité de Credenciales

CHAIRMAN: Distinguished delegates, ladies and gentlemen, good morning, I now declare the meeting open and call upon the Chairman of the Credentials Committee, Mr Poulides,.to give the report of the Credentials Committee.

Fotis G. POULIDES (Chairman, Credentials Committee): I have the honour to present the first report of the Credentials Committee.

The Credentials Committee held its first meeting on 11 November 1989 at 11.00 hours to examine the credentials of the delegations of Member Nations to the Twenty-fifth Session of the FAO Conference. The Committee elected the Ambassador Fotis G. Poulides of Cyprus as its Chairman.

In accordance with Rule III-2 of the General Rules of the Organization and criterion established by previous committees, the Credentials Committee examined the credentials of 132 delegations and found them to be valid. The Member Nations to which these delegations belong are shown on the attached list, on which I will give a report. To date, 22 Member Nations have not presented valid credentials. Four Member Nations have advised the Secretariat that they will not attend the Conference. They are Bahamas, Belize, Cook Islands and St. Christopher and Nevis.

Any other credentials which will be received, as well as the credentials of the specialized agencies of the United Nations and of the observers from the intergovernmental and non-governmental organizations, will be examined by the Committee at subsequent meetings.


This is the list of Member Nations whose delegations have presented credentials found to be in order:-

Afghanistan, Albania, Algeria, Angola, Antigua and Barbuda, Argentina, Australia, Austria, Bangladesh, Barbados, Belgium, Benin, Bhutan, Bolivia, Botswana, Brazil, Bulgaria, Burkina Faso, Cameroon, Canada, Cape Verde, Central African Republic, Chad, Chile, China, Colombia, Congo, Costa Rica, Cuba, Cyprus, Czechoslovakia, Democratic People's Republic of Korea, Denmark, Dominica, Dominican Republic, Ecuador, Egypt, El Salavador, Ethiopia, Fiji, Finland, France, Gabon, Gambia, the Federal Republic of Germany, Ghana, Greece, Grenada, Guinea, Guinea-Bissau, Haiti, Honduras, Hungary, India, Indonesia, Islamic Republic of Iran, Iraq, Ireland, Israel, Italy, Jamaica, Japan, Jordan, Kenya, Republic of Korea, Laos, Lebanon, Lesotho, Liberia, Libya, Madagascar, Malawi, Malaysia, Maldives, Malta, Mauritania, Mauritius, Mexico, Mongolia, Morocco, Mozambique, Myanmar, Nepal, Netherlands, New Zealand, Nicaragua, Niger, Nigeria, Norway, Oman, Pakistan, Panama, Paraguay, Peru, Philippines, Poland, Portugal, Qatar, Romania, St. Vincent and the Grenadines, Samoa, Saudi Arabia, Senegal, Seychelles, Sierra Leone, Somalia, Spain, Sri Lanka, Sudan, Swaziland, Sweden, Switzerland, Syria, Tanzania, Thailand, Togo, Trinidad and Tobago, Tunisia, Turkey, Uganda, United Arab Emirates, United Kingdom, United States of America, Uruguay, Venezuela, Viet Nam, the Yemen Arab Republic, Peoples' Democratic Republic of Yemen, Yugoslavia, Zaire, Zambia, Zimbabwe.

Mohamed Moussa CHEHEM (Djibouti): Djibouti a présenté les pouvoirs, mais je n'ai pas entendu prononcer ce nom. Est-ce que c'est une omission ou est-ce que c'est moi qui n'ai pas bien entendu?

Fotis G. POULIDES (Chairman, Credentials Comittee): The list was complete as far as Saturday afternoon. All credentials received after Saturday will be examined during the Second Meeting on Wednesday morning.

CHAIRMAN: Is the representative of Djibouti satisfied with that? Thank you.

Are there any comments on the Report now that we have had all the country names read? As there are are none, I declare the Report of the Credentials Committee adopted, and as I said before, it is my understanding that this document will be distributed this morning as C89/LIM/7.

Adopted
Adopté
Aprobado


SIXTEENTH MCDOUGALL MEMORIAL LECTURE
SEIZIEME CONFERENCE MCDOUGALL
16o DISERTACION EN MEMORIA DE MCDOUGALL

CHAIRMAN: Distinguished delegates, this is the sixteenth lecture which began with that delivered by Professor Arnold Toynbee at the 1959 Conference. These lectures commemorate the late Frank L. McDougall who played a leading role in the foundation of FAO and the initiation of its activities. I now ask the Director-General to introduce this year's McDougall Lecture.

LE DIRECTEUR GENERAL: Monsieur le Président, Excellences, Mesdames, Messieurs, le moment est venu d'écouter la seizième Conférence McDougall.

C'est en 1959 que cette tradition fut inaugurée, en vertu d'une décision de la 29ème session du Conseil de la FAO; d'une part, elle nous permet de perpétuer l'expression de notre reconnaissance envers le grand citoyen de l'Australie et du monde que fut Frank Lidgett McDougall, un de nos pères fondateurs dont le rôle décisif dans la création de notre Organisation demeure inoubliable; d'autre part, elle offre à la Conférence la possibilité d'entendre dès l'ouverture de ses travaux, afin de nourrir sa réflexion tout au long des débats, un exposé d'une personnalité éminente sur l'un des grands problèmes de notre temps.

L'environnement, les menaces que fait peser sur lui l'action de l'homme et la question de savoir s'il est possible de produire ce qu'il faut pour vivre sans porter au milieu naturel des atteintes irrémédiables: voilà le problème qui représente peut-être, à ce moment de notre histoire, l'enjeu le plus décisif pour l'avenir de l'humanité.

En le choississant pour thème de la Journée mondiale de l'alimentation, nous entendions bien ne pas limiter notre effort de réflexion à cette seule manifestation.

Nous devons creuser ce problème et voir comment il s'articule, non seulement avec celui du développement durable, ce qui est assez évident, mais aussi avec toutes les grandes questions qui font notre angoisse et notre espérance: la croissance, la responsabilité collective, l'équité et la justice, la paix - c'est-à-dire, en fin de compte, le bien commun et le bonheur de l'homme.

C'est pourquoi je suis extrêmement heureux d'accueillir aujourd'hui Son Excellence M. Giorgio Ruffolo, Ministre de l'environnement de la République italienne, qui a bien voulu accepter de prononcer la Conférence McDougall.

M. Ruffolo n'est pas seulement un homme politique dont la carrière au service de son pays et de l'Europe l'a conduit à exercer de hautes charges parlementaires et gouvernementales; c'est aussi un théoricien et un praticien éminent de l'économie et de la sociologie, particulièrement expert en matière de finances, de programmation économique, d'analyse des politiques, de problèmes relatifs au chômage.


Mais surtout - et c'est la principale raison pour laquelle nous l'avons invité à nous adresser la parole aujourd'hui - M. Ruffolo est un humaniste animé par un sens exceptionnellement vif de la justice, de la solidarité entre les hommes, et pour qui la qualité de la vie compte beaucoup plus qu'une croissance purement quantitative.

Je trouve particulièrement significatif à cet égard le titre d'un de ses ouvrages les plus connus: "La qualità sociale", la qualité sociale.

Monsieur le Ministre, je suis persuadé que les paroles que vous allez nous adresser aideront la Conférence à mieux appréhender les problèmes qu'elle est appelée à traiter au cours de cette session.

Giorgio RUFFOLO (langue originale Italien): Monsieur le Directeur général, Messieurs les Ministres, Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs, je suis hautement honoré de l'invitation qui m'a été adressée pour prononcer la XVIe Conférence Mc Dougall à cette XXVe Conférence générale de la FAO, organisation qui a des responsabilités sur le plan mondial quant aux politiques et aux initiatives dans le domaine de l'alimentation, de l'agriculture, de la sylviculture, de la pêche ainsi que des intérêts fondamentaux pour les questions d'environnement.

Je remercie tout particulièrement le Directeur général, M. Edouard Saouma, pour les paroles extrêmement flatteuses avec lesquelles il m'a accueilli ainsi que pour l'invitation à m'entretenir devant vous sur la grande question de l'environnement, invitation dans laquelle il a bien voulu rappeler le rôle chaque fois plus important de l'Italie dans ce secteur de la coopération internationale. En abordant la question qui m'a été proposée, je voudrais partir non pas d'une réflexion vraiment critique, mais d'un sentiment spontané et diffus présent maintenant partout dans le monde, quel que soit le rôle de chacun dans la société. Il existe la sensation que tout ce que nous faisons, les problèmes qui nous assaillent, les intérêts qui nous font mouvoir, les choix que nous devons faire sont en quelque sorte mal placés, ils sont dépassés par des problèmes et des besoins auxquels nous ne sommes pas à même de donner des réponses adéquates, problèmes et besoins qui sont pour nous de graves difficultés parce qu'ils nous intéressent directement. Je pense à la faim dans les zones sous-développées et à l'émargination des faibles dans les zones riches ainsi qu'à la menace écologique dans le monde entier. Ou alors, il s'agit de menaces que nous sentons véritablement à nos portes et trop souvent notre réaction est de mettre des oeillères. C'est par exemple le cas des pays à hauts revenus où des couches sociales opulentes se protègent contre la violence en érigeant des "barrières" qui assurent leur sécurité.

Le fait est que dans la géographie politique, dans la géographie sociale également, les limitations de ces domaines font que l'on est amené à donner des réponses qui ne correspondent pas à la dimension des problèmes, problèmes qui très souvent d'ailleurs dépassent nos possibilités de réaction. Un monde divisé implique des "souverainetés" plus apparentes que réelles, car très souvent les possibilités d'intervention sont bien en dessous de l'importance des problèmes à résoudre. Alors ces barrières dont s'entourent les plus forts, qui peuvent vivre dans l'illusion qu'ils sont ainsi protégés dans un domaine privilégié et qu'ils résistent à la pression de ceux qui n'ont pas accès à leur bien-être, ces barrières ont au moins deux conséquences négatives.


Il y a d'abord un appauvrissement moral, c'est-à-dire que ce bien-être est simplement la jouissance de biens matériels. Il y a de plus une insécurité due à la menace que ressentent les nantis devant le désespoir des exclus.

Ce déphasage entre ce que l'on voudrait faire et ce que l'on peut faire, ce sens d'impuissance qui en découle, ont leur origine dans la conscience que le pouvoir politique n'a pas suivi dans sa croissance l'extraordinaire développement technologique des dernières décennies, qui a amené l'homme à constituer une menace pour la biosphère dans laquelle il vit.

A notre époque l'apparition de cette force, et en conséquence l'interdépendance qui existe sur toute la planète dans un vaste réseau d'interférences et d'interconnections, postule de manière toujours plus précise et pressante cette "unité du monde" qui est contredite par le fait que les gouvernements n'ont pas eux-mêmes d'unité, ce "pouvoir à la hauteur" sans lequel cette puissance ne peut être gouvernée et contrôlée. Au moins trois grands motifs ont aujourd'hui une importance planétaire: la paix, l'environnement, le développement des pays du tiers monde. Ce ne sont pas des domaines séparés mais ce sont des problèmes et des exigences qui ont une interaction profonde. La paix est par définition le "problème du monde entier", puisque la guerre est devenue synonyme d'autodestruction totale; l'environnement, parce que tout ce qui rompt les équilibres globaux et régionaux risque d'étouffer les conditions mêmes qui permettent la vie; le développement des pays du tiers monde, parce que l'on ne peut pas compter sur une opposition entre une aire dans laquelle se concentre la richesse du monde (une économie dont la valeur est de 17 millions de milliards de lires) et une autre zone où la population a un taux de développement démographique qui représente 90 pour cent du taux démographique total, qui vit dans des conditions de sous-développement et dont une partie importante (500 millions d'individus) vit dans la faim.

Dans le Rapport Brundtland (Our Common Future), on fait remarquer que pour la première fois dans ce siècle nous avons pu voir véritablement ce qu'est la terre dans l'espace. C'est une petite boule fragile. Ce sujet avait d'ailleurs été traité par Arnold Toybee dans son Histoire de l'Homme, quand il parle de la fragilité de l'écosphère: "cette petite pellicule d'air et de vapeur qui entoure le globe". Sur cette terre petite et fragile, une espèce, l'espèce humaine, est devenue si forte et si nombreuse et dans un temps si bref, à cause de l'accélération prodigieuse de ses moyens de production et de son rythme démographique, qu'elle constitue une menace pour la continuation même de la vie sur la terre. Et l'Institut World Watch nous met en garde tous les ans dans son State of the World contre les graves dangers qu'entraîne l'affaiblissement de ce qui fait la vie de la planète: les forêts sont de moins en moins importantes, la désertification augmente, ainsi que l'érosion du sol, la réduction de l'ozonosphère et l'augmentation de la température.

Pour répondre de façon adéquate à ces défis mondiaux: l'environnement, le développement, il faut penser à des réponses qui vont au-delà des initiatives que peut réaliser à l'heure actuelle la collaboration internationale. Les accords bilatéraux et multilatéraux sont à même de donner sans aucun doute des résultats très positifs. Mais c'est une voie risquée qui est plutôt une somme des intérêts des politiques nationales, et non pas une synthèse nouvelle de collaboration efficace et confiante pour porter remède de façon générale aux "abus séparés".


Les organisations mondiales et les grandes initiatives au niveau planétaire ont souvent, et dans de nombreux domaines, fait un travail important et très utile. Il est presque superflu, dans cette enceinte, de souligner le rôle précieux de la FAO pour la façon passionnée dont elle a lancé et développé des initiatives de grand intérêt et de grande efficacité dans son domaine d'activité en faveur du développement. Je ne peux que m'associer à ce qu'a dit il y a quelques semaines, le Directeur général, M. Edouard Saouma, lors de la Journée mondiale de l'alimentation et je le cite: "Oui, la FAO a fait et continue à faire du bon travail, mais le manque de moyens et les difficultés de trésorerie sont un obstacle à son action."

Quant aux grandes réalisations intellectuelles, je voudrais rappeler ici le travail de pionnier d'un grand italien aujourd'hui disparu, Aurelio Peccei, honoré également par la FAO qui a frappé une médaille à sa mémoire, et de son Club de Rome, si injustement contesté à l'époque; l'important travail réalisé également par Willy Brandt et sa Commission Nord-Sud; enfin, ce qui a été fait par la Commission mondiale pour l'environnement et le développement, présidée par Mme Brundtland, Commission absolument indépendante et financée sur la base du volontariat, qui de 1983 à 1987 a fait des recherches sur les problèmes d'environnement à l'échelle planétaire.

Grâce à un grand nombre d'entrevues de personnalités scientifiques, culturelles, politiques et du domaine technique accordées à des institutions et des associations publiques et privées, nationales et internationales, qui traitent de l'environnement, réparties dans 23 pays aux quatre coins du monde, la Commission a recueilli une mine d'informations, d'opinions et de données qui éclairent de façon très nette et parfois terrible la situation. Elle a présenté des propositions qui constituent un élément essentiel de la politique de l'environnement. Le rapport a été reconnu pour son importance par le PNUE, d'abord, puis par l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies qui a demandé à tous les intéressés de lui donner un "suivi" concret.

Et nous voici arrivés au point le plus difficile: le "suivi". Même dans le cas des organisations mondiales et au-delà de leur volonté et de leur engagement, il est évident, avec le pouvoir politique dont elles disposent, qu'il y a un grand écart entre la dimension et le caractère d'urgence des problèmes et la possibilité de les contrôler par le pouvoir politique. Cela est dû au fait qu'il n'existe pas une politique responsable qui soit à la hauteur du problème, à la hauteur de son interdépendance et de sa complexité, une politique à un niveau systémique supérieur à celui des Etats eux-mêmes. Un gouvernement mondial? Evidemment, cela serait la réponse systémique juste. Mais, aujourd'hui, cela ne peut être - et pour combien de temps encore? - qu'une utopie, encore qu'une utopie séduisante et stimulante. Entre le gouvernement mondial et les ententes fragiles de l'époque actuelle, il y a une voie possible et praticable: c'est la constitution de gouvernements partiaux, ad hoc, pour résoudre des problèmes déterminés, peut-être en utilisant certaines des organisations existantes, mais au-delà de leurs mandats qui sont encore trop liés à l'idée de l'aide, qui projette sur les pays bénéficiaires des modèles de productivité et de technologie du monde industrialisé. Cette formule d'instances partielles pourrait être utilisée dans le domaine de l'environnement, pour administrer les grands intérêts communs: les fameux "Commons". Il s'agit d'intérêts qui, par leur nature même, échappent partiellement ou totalement au contrôle des Etats souverains. Le Rapport Brundtland les appelle des "écosystèmes partagés", ou "biens communs mondiaux".


A cette catégorie appartiennent, par exemple, les terres de l'Antarctique, les océans qui couvrent plus de deux tiers de la planète, et naturellement l'espace extra-atmosphérique qui, seulement dans les dernières décennies, est devenu le quatrième grand océan du monde. On a fait sans aucun doute, dans ce domaine, des progrès importants sinon vers une administration commune, tout au moins vers une gestion de ces biens communs sur la base d'un accord: avec la loi de la mer, avec le traité sur l'espace extra-atmosphérique, avec le traité sur l'Antarctique. Le Rapport Brundtland souligne la nécessité de développer ces modalités prometteuses encore qu'insuffisantes en vue d'arriver à une véritable gestion collective.

Si l'on passe du plan des politiques et des institutions à celui de la teneur des questions, et si nous tenons compte des rapports entre les problèmes de l'agriculture et de l'alimentation et ceux de l'environnement, nous constatons le paradoxe suivant: l'agriculture est à la fois la source la plus importante de richesses renouvelables et le secteur d'où proviennent les plus grandes pressions exercées sur l'environnement. C'est un système "construit" mais qui se greffe directement sur le cycle biologique de la nature. S'il n'est pas surchargé, il fonctionne d'une façon qui ressemble beaucoup à un système naturel; mais quand il est surchargé, il est comme une usine qui, évidemment, produit des choses utiles mais également des décharges polluantes et des déchets. Les quatre grands systèmes agricoles mondiaux - comme l'a relevé Jean Mayer à la Conférence McDougall, il y a deux ans - les cultures, les prairies, les forêts et la pêche, sont arrivés à la limite de ce qu'ils peuvent supporter. Et la "révolution verte" est et continuera sans doute pendant plusieurs années à être un processus requiérant une quantité énorme de capitaux, d'énergie, de fertilisants et d'eau. Face à cette situation lourde de risques et de préoccupations, il y a celle d'un demi milliard de personnes qui souffrent de la faim, bien qu'il y ait des excédents alimentaires; mais nous savons qu'au niveau mondial, ces excédents sont insignifiants et dérisoires pour qui n'y a pas accès. Les experts nous disent que les nations qui produisent beaucoup d'aliments pourraient nourrir de façon satisfaisante le reste du monde. Mais même où ce mécanisme de répartition pourrait être appliqué, les conséquences sur l'économie agricole et la société des régions pauvres récipiendaires seraient dévastatrices. C'est là un tableau chargé de problèmes et de contradictions dont on ne peut pas sortir si l'on ne pense à une réorientation importante des politiques de développement. Le cas des forêts tropicales en est un exemple.

La sauvegarde des forêts tropicales est l'un des grands objectifs de l'environnement à l'échelle planétaire. C'est un domaine où la politique de l'environnement peut se mesurer aux problèmes de développement au niveau international.

Les forêts tropicales - vous le savez - diminuent de 11 millions d'hectares par an, c'est-à-dire une superficie égale à celle du Benelux, alors que les déserts progressent à la vitesse de 6 millions d'hectares par an et la perte en couches superficielles de terres cultivables s'élève à 26 millions de tonnes par an. Le déboisement menace d'étouffer l'écosphère. Les forêts tropicales constituent une sorte de grand poumon de la terre; elles absorbent le nitrate carbonique et produisent de l'oxygène. Leur destruction provoque une sorte d'emphysème écologique, l'atmosphère est empoisonnée, la température augmente - il s'agit du fameux "effet serre" - et en plus, il y a un bouleversement des bassins versants et la destruction d'un million d'espèces animales et végétales prévue pour la fin du siècle.


Pourquoi détruit-on les forêts? Pour deux raisons: d'abord la pression démographique et la commercialisation du bois. Les paysans pauvres du tiers monde qui vivent d'une agriculture extensive de subsistance, déboisent et cultivent des terres qui sont normalement couvertes de forêts, terres qu'ils épuisent rapidement, parce qu'elles ne contiennent pas beaucoup de substances nutritives et qui deviennent des savanes poussiéreuses. Avec le bois des forêts tropicales ainsi dévastées exporté dans les pays industrialisés, les pays du tiers monde obtiennent une partie des devises qui leur permettent de rembourser leur dette. C'est ainsi que l'on fait la plus mauvaise utilisation possible de ressources d'une importance colossale. Pour payer les intérêts de leur dette, les pays pauvres détruisent leur capital écologique, s'appauvrissant davantage et portant préjudice à l'équilibre écologique du monde entier. Il y a quelque temps, dans un article, l’Economist calculait que la possibilité d'évaluer les biotopes encore inconnus des forêts tropicales dans le domaine médical pourrait donner à elle seule des richesses supérieures à celles que l'on recueille actuellement de la vente du bois et des cultures des terres déboisées. Il faudrait évidemment pour cela un travail de recherche structuré et bien financé.

Que fait-on pour arrêter ce processus pervers? Et que peut-on faire de plus? On fait quelque chose mais ce que l'on fait est évidemment encore bien insuffisant quant au rythme et aux moyens. L'initiative la plus importante est le Plan d'action forestier tropical. Si cette opération à laquelle participent aussi la Banque Mondiale, le PNUE, le JURC représente -le Secrétaire à l'agriculture des Etats-unis, Clayton Yeutter, l'a rappelé dans l'intervention qu'il a faite aux Nations Unies à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, le 17 octobre dernier - un remarquable exemple d'action coordonnée en vue de promouvoir la conservation des forêts, la reforestation et le développement des activités agroforestières, nous le devons à l'initiative et au rôle de coordination de la FAO.

On a également créé une Organisation internationale des bois tropicaux, dont le siège est à Yokohama, au Japon, qui vise à rationaliser le commerce des bois. Mais il faut constater ici que, tout d'abord, très souvent les accords internationaux sont en contradiction flagrante avec les politiques nationales (politiques fiscales, financières et administratives, qui encouragent une utilisation rapide des ressources forestières et une agriculture de rapine); et deuxièmement, les accords internationaux ne sont pas pourvus d'une structure d'exécution dotée des ressources financières et des pouvoirs politiques appropriés pour attaquer directement la cause de ce problème.

Que peut-on faire de plus? En premier lieu, il faut essayer de trouver les moyens à la hauteur du problème. Il faut utiliser ces moyens d'une façon nouvelle en cherchant d'autres méthodes de développement qui aillent au-delà de cette vieille conception de "l'aide au développement", comme du reste le fait déjà la FAO. Et il faut ajouter à cela une formule qui permette d'éponger la dette extérieure, comme cela a été proposé.

La question des forêts tropicales, que j'ai voulu rappeler vu l'importance qu'elle revêt pour l'environnement, nous renvoie à un problème plus général: ce qui doit changer dans les rapports Nord-Sud, surtout dans le domaine de l'agriculture, dans une optique générale et intégrée du développement "soutenu" au niveau mondial.


I1 faut partir de l'énorme importance des besoins alimentaires et d'une amélioration des conditions de vie dans les régions les moins développées où seront concentrés 90 à 95% de la population mondiale dans les prochaines décennies (environ trois milliards de personnes en plus, en 2025). Comment pourra-t-on satisfaire cette demande croissante et avec quelles conséquences pour l'environnement? Les points critiques sont représentés par le poids, qui est devenu absolument intolérable, de la dette extérieure qui étouffe actuellement les perspectives de développement des pays les plus faibles; le maintien de politiques protectionnistes qui font obstacle au commerce international des produits alimentaires dans les pays en développement; et le fait que l'on manque d'infrastructures, de moyens de transport et de technologies dans les pays les moins développés, ce qui entraîne un gaspillage des ressources même dans des conditions de pénurie, un manque d'efficacité et des effets destructeurs sur l'environnement.

Il existe déjà des indices positifs d'une meilleure façon de répondre aux besoins des pays les moins développés, en particulier pour ce qui est de la dette extérieure. Mais si l'on considère surtout les incidences sur l'environnement, il ne s'agit pas seulement de redonner vie aux mécanismes de développement, mais d'intervenir sur les modalités et la qualité du développement; et cela non seulement dans les régions les plus faibles mais aussi - et surtout, pour bien des raisons - dans les pays qui ont les revenus les plus élevés.

Et c'est ici que l'augmentation importante des biens et services et d'un bien-être matériel incomparable a eu pour conséquence un gaspillage de ressources, une pollution et une accumulation de déchets sans précédent découlant de l'utilisation incontrôlée de matières premières provenant du sol et du sous-sol ainsi que d'autres ressources de l'environnement. C'est là que l'accélération des cycles de production agricole produit des excédents et de la pollution.

Les technologies utilisées sont trop souvent des technologies lourdes, qui accentuent la productivité du travail en diminuant la productivité des ressources: matières premières, sources d'énergie non renouvelable, végétation et territoire. Si l'on veut arriver à concilier développement et environnement, il faut faire un grand effort de recherche de technologies nouvelles compatibles avec l'environnement. Dans le domaine de l'agriculture, on peut beaucoup attendre d'un bon développement des biotechnologies.

Le transfert des technologies est l'un des points clé de cet effort d'équilibre qui doit caractériser les nouveaux rapports Nord-Sud, mais sans oublier que les technologies adoptées dans un pays développé ne sont pas toujours valables pour un pays en voie de développement. Les technologies doivent être déterminées en fonction des besoins et du type d'organisation productive et sociale du pays où elles sont introduites.

L'Italie aujourd'hui s'est finalement mise à développer une politique d'environnement progressiste fondée non seulement sur une action de sauvegarde et de réparation de l'environnement, mais de prévention et d'orientation du développement et de l'environnement, action qui engage d'importantes dépenses publiques. On est passé de 0,6 à 0,7 pour cent du produit intérieur brut en 1987 et nous arrivons maintenant, en deux ans, à 1 pour cent. Cette action de sauvegarde et de réparation trouve sa place, dans notre plan triennal, par le biais d'un certain nombre de projets de


programme et d'action et de réparation ayant pour but l'assainissement du Pô, de la lagune de Vénétie, de l'Adriatique, des zones métropolitaines, de conservation des parcs et réserves et du développement du milieu' surtout dans le sud.

En dehors de cette action de sauvegarde nous voulons faire des prévisions à dix ans et créer une sorte de grille territoriale de référence, donnant une vision globale des conditions du territoire, permettant de voir quelles sont les conséquences sur l'environnement et le territoire, des activités de production, de l'habitat, de tout ce qui modifie l'environnement, ainsi que des méthodes de production et de consommation; nous voulons faire une sorte de comptabilité des secteurs où l'impact est le plus fort. Enfin, par la création d'une taxe sur l'environnement nous voudrions susciter l'initiative de la protection du milieu; cette taxe aurait 'pour base le fait que le marché par lui-même ne doit pas gaspiller les ressources naturelles; le marché ne répercute pas sur les prix la valeur de l'environnement qui est un bien libre.

Aujourd'hui, la méthode utilisée pour l'administration des ressources de l'environnement est basée sur une réglementation directe, sur des normes et des limites. Mais nous voulons faire mieux et aller dans le sens de l'encouragement et de la dissuasion fiscale. La méthode de la simulation des prix permettrait d'incorporer dans ces derniers les conséquences de la fabrication des produits sur le milieu, et la protection de l'environnement. Ainsi donc, dans la loi de finances, nous avons demandé au gouvernement d'introduire toute une série de mesures d'encouragement et de dissuasion dans le but du développement de la protection de l'environnement. C'est un véritable tournant dans la politique de l'environnement qui, je pense, trouvera son écho au niveau international.

Et c'est tout particulièrement au niveau international qu'il faut traiter de ce problème car c'est véritablement à partir de cela que l'on arrivera à un développement ordonné, mettant les divers pays dans les mêmes conditions concurrentielles.

C'est également la raison pour laquelle nous voulons présenter une proposition à la Communauté économique européenne, proposition qui serait la conséquence logique des mesures que nous introduisons en Italie; nous connaissons l'importance primordiale des grands problèmes qui existent à l'échelle internationale et mondiale sur cette question de la protection de l'environnement. Nous participons dans un esprit de solidarité à toutes les initiatives de protection de l'ozone, des forêts tropicales, plans de la Méditerranée et normes de la CEE, toujours dans le but d'une meilleure protection de l'environnement.

Je voudrais conclure, Monsieur le Président, Monsieur le Directeur Général, Mesdames, Messieurs, par quelques brèves réflexions sur les aspects qui nous donnent des espérances dans le domaine de l'environnement. En effet, dans un tel domaine, il n'y a pas seulement des menaces, des catastrophes et des rappels pour cette sauvegarde, il n'y a pas seulement à rappeler les freins et les interdictions, il y a également le refus d'une certaine croissance purement quantitative et qui détruit l'écologie, la biosphère, et les bases sociales de la solidarité.

Une politique de l'environnement doit nous permettre de répondre à un développement différent, en partant de technologies plus sobres et plus intelligentes par une plus grande solidarité sociale.


Bien évidemment il faut que les questions et les réponses se fassent de façon logique, qu'elles soient nettes et qu'on n'utilise pas l'environnement au nom de politiques de déstabilisation, en direction d'idéologies fondamentalistes, visant à une sorte de paradis mythique aboutissant à une nouvelle forme d'antihumanisme.

Nous ne comptons pas sur un développement niant les apports de la technique, de la technologie et de la recherche scientifique d'un bien-être matériel; nous ne nions en aucun cas les valeurs de l'Occident. En deux ans l'Occident a eu raison de fêter la démocratie, la révolution industrielle et la révolution technologique; tout cela a permis d'amener l'humanité à un bien-être qu'il n'avait jamais connu, mais il est également bien clair que l'on ne peut pas continuer un développement qui détruit les ressources écologiques de base.

La question de l'environnement ne se réduit pas au traitement des déchets, ni à des questions de technologie, de recyclage ou d'utilisation d'énergies renouvelables; il s'agit non seulement de la façon d'utiliser les ressources, mais plus encore de la façon dont on conçoit la vie sociale; personne ne peut nier l'apport qu'a eu une concurrence agressive sur l'incroyable développement de la civilisation occidentale; mais trop souvent il en a coûté à d'autres pays, à d'autres civilisations, et par rapport aux ressources de la biosphère ces aspects ont trop souvent été négligés.

Mais une chose est certaine, dans le monde actuel de l'interdépendance, des comportements purement agressifs et concurrentiels entre les hommes pour les ressources de la planète ne mèneraient qu'à la ruine.

La question de l'environnement soulève aussi une question déguisée de solidarité.

Toute nouvelle civilisation impliquera non seulement une augmentation des ressources matérielles dont disposera l'humanité, mais une distribution plus équitable et une utilisation plus intelligente de ses biens. Et, comme disait Stuart Mills, "le faire pour cultiver les grâces de la vie".

Applause
Applaudissements
Aplausos

CHAIRMAN: Thank you very much, Mr Ruffolo, for your very thoughtful, challenging and informative lecture. I will call upon the representative of Australia, the home country of Mr McDougall, to respond to your words.

Geoffrey Lee MILLER (Australia): It is my very pleasant duty to respond to the extraordinarily profound address that we have just heard from the Italian Minister for Environment, His Excellency Giorgio Ruffolo. It is fitting that the address in honour of the late Frank McDougall should be given by a Minister of the host government of the FAO on a subject so


crucial to the future of food and agriculture and of the FAO, namely sustainable development. It is a great privilege for me as a professional bureaucrat to respond to that address in memory of a professional bureaucrat from Australia, namely Frank McDougall, with an Australian Minister in the chair of this Conference. But I do not wish to eulogize Frank McDougall. It is my view that the address in itself is an adequate testimony to his key role in articulating a vision for this Organization. A vision that has become a reality through the work of many others, and I might mention there, an American President and his First Lady, Eleanor and Franklin D. Roosevelt. But in recalling the work of our founding fathers and mothers, Mr Chairman, I do wish to comment on the circumstances surrounding the creation of this great institution, the FAO, and the circumstances it faces today. The FAO was conceived during the great depression. It gestated during World War II; it was born as hostilities ended in 1945. It was then nurtured as an infant through the balance of payments crises of the early post-war period and through the Cold War, yet it has recorded 44 years of outstanding achievement as an adult. As do many of us in our mid-40s, Mr Chairman, FAO has been facing some difficult mid-life problems, but the 1980s have been difficult times for all of us in the fields of agricultural policy and economic development. Many of the gains of the 1970s have been lost in the 1980s, whether we look at the balance of economic development in the world, or the numbers of starving and malnourished people, or the efficiency and coherence of world agricultural markets, or the ecological sustainability of our production systems, we have very great challenges ahead of us.

But let us reflect on the challenges facing the founders of this great Organization 44 years ago. They faced those difficulties with a clear choice. They could choose recrimination for past and continuing wrongs, and they would have had just cause, or they could subjugate their differences and emphasize the common good. These are the same choices we face here in this Conference over the next couple of weeks.

Your address, Mr Minister, has reminded us yet again of the common goals that we share and of the potential benefits of clearly focusing on the common good, especially in relation to the fragility of the ecosphere, and the work of Mrs Brundtland and her Commission, a Commission which has again shown that international cooperation can achieve substantial progress in providing world leadership. At the same time, emphasizing the complexity of the effective follow-up that we now face.

Mr Chairman, as we applaud Minister Ruffolo for his fine address, let us also applaud the vision of our founding fathers and mothers, including Frank McDougall, and let us resolve to keep our focus clearly on what we can achieve by pursuing our common interest together here in the FAO.

Mr Chairman, Ladies and Gentlemen, would you now join with me in expressing our sincere appreciation to Minister Ruffolo.

Applause
Applaudissements
Aplausos


CHAIRMAN: Thank you very much. Ministers, distinguished delegates, the Director-General will now deliver his statement to the Conference.

DIRECTOR-GENERAL'S STATEMENT TO THE CONFERENCE
DECLARATION DU DIRECTEUR GENERAL A LA CONFERENCE
DECLARACION DEL DIRECTOR GENERAL A LA CONFERENCIA

LE DIRECTEUR GENERAL: Monsieur le Président, Excellences, Mesdames, Messieurs. Que s'est-il passé dans le monde depuis la dernière session de notre Conférence? Le tourbillon des grands événements politiques, des découvertes de la science, des faits de société, des catastrophes naturelles ne doit pas nous dissimuler un phénomène dont on pourrait difficilement s'exagérer les conséquences; en deux ans, du ler novembre 1987 au 1er novembre 1989, la population du globe a augmenté de 178 millions d'unités.

Songez-y: 178 millions de bouches à nourrir en plus; et 90 pour cent de ces vies nouvelles, de ces destinées nouvelles,de ces besoins nouveaux sont apparus dans les pays en développement - c'est-à-dire les plus pauvres, les moins bien armés pour faire face à pareil afflux. De plus, quels que soient les efforts déployés pour y mettre un frein, cette croissance exponentielle n'est pas à la veille de s'arrêter; en l'an 2000, nous serons plus de 6 milliards.

Voilà qui ne peut manquer d'entraîner des répercussions d'une portée immense; en particulier, l'action, les orientations, la mission, la vie même de notre Organisation vont profondément s'en ressentir - en fait, s'en ressentent déjà. Avec cette augmentation impressionnante du nombre de ceux qui ont et auront besoin de ses services, la FAO voit grandir ses responsabilités: d'une part, l'agriculture va devoir couvrir les besoins alimentaires de ces masses humaines supplémentaires; d'autre part, en grande majorité, ceux qui viennent grossir l'effectif de la population appartiennent au monde rural.

Quels sont les autres éléments principaux de la situation au moment où s'ouvre la 25ème session de la Conférence? En premier lieu, une évolution rapide et très frappante des rapports entre l'Est et l'Ouest. Ce n'est pas seulement la détente et l'atténuation des conflits, c'est l'aube de la coopération, l'ouverture politique et économique "tous azimuts". Cette ouverture se manifeste notamment par un changement décisif dans l'attitude de l'URSS à l'égard des institutions du Système des Nations Unies: n'a-t-elle pas proclamé, du haut de la tribune de l'ONU, son intention d'adhérer à l'ensemble de ces institutions, et en particulier à la FAO? Nous nous réjouissons de cette perspective; en effet, l'immense Union soviétique, avec ses 280 millions d'habitants et son territoire de 22 millions de km2 , joue un rôle de tout premier plan dans l'agriculture mondiale; de toute évidence, c'est seulement lorsque cette grande nation aura décidé d'exercer son droit à devenir membre de la FAO que notre Organisation pourra réaliser sa vocation à l'universalité.

D'autres signes attestent tout aussi vigoureusement l'intérêt que suscite notre Organisation et l'importance que l'on attache à son action: ainsi, la Communauté économique européenne a exprimé le désir de devenir membre de plein exercice; des discussions préparatoires se poursuivent sur cette question aussi délicate qu'importante.


A côté de ces éléments positifs, il faut bien reconnaître que d'autres aspects de la conjoncture donnent lieu à de graves inquiétudes. Comme chacun sait, la crise économique persiste; elle n'épargne pas nombre de pays développés, qui connaissent des problèmes d'inflation, de chômage, de déficits budgétaires. Les agriculteurs en pâtissent; mais, soit dit sans minimiser leurs difficultés, c'est leur niveau de bien-être et non pas leur survie qui se trouve menacé, contrairement à ce qui se passe dans les pays en développement. Les pays industrialisés ont pu prendre certaines mesures pour protéger leurs agriculteurs; nous le verrons, ces mesures sont en même temps lourdes de conséquences pour les économies agricoles des pays du tiers monde.

Pour les pays en développement, au contraire, il n'est pas question de subventionner leur agriculture, qui constitue pourtant la base de leur économie. Ils exportent surtout des matières premières et des produits tropicaux, qui représentent leur principale source de recettes en devises, et donc le principal moyen dont ils disposent pour financer leurs importations, notamment d'intrants agricoles. Or, les cours de ces denrées - en particulier ceux du café, du cacao, du sucre - sont tombés à des niveaux si bas que parfois le prix de vente ne couvre même plus les cours de production. Comment, dans ces conditions, les pays en cause pourraient-ils se libérer de l'endettement qui les étrangle? De plus, leur production vivrière est souvent insuffisante, et la facture de leurs importations céréalières ne cesse de s'alourdir. Dans la seule année 1987, les pays avancés ont dépensé pour la protection de leur agriculture la somme colossale de 290 milliards de dollars E.-U.! Cette politique gêne bien entendu les importations en provenance des pays pauvres. Dans le même temps, l'aide publique au développement diminue; en 1987, les pays de l'OCDE ne lui ont consacré que 42 milliards de dollars E.-U., soit 0,35 pour cent de leur PNB, c'est-à-dire la moitié à peine de l'objectif internationalement accepté. L'aide alimentaire régresse elle aussi: son volume est tombé à 7 millions de tonnes. Même si des pays créanciers ont effacé certaines dettes (notamment au bénéfice de pays africains), le problème de l'endettement demeure très grave, et la hausse des taux d'intérêt ne fait rien pour l'atténuer.

Le résultat, c'est que, depuis trois ans, les pays en développement connaissent un flux de capitaux négatif; autrement dit, ils envoient vers les pays développés plus d'argent qu'ils n'en reçoivent de ces derniers. En 1988, par exemple, la différence - c'est-à-dire le solde négatif des flux de capitaux - s'est élevé à 43 milliards de dollars E.-U.! Les pays pauvres sont en train de se vider de leur sang.

Trop souvent, les efforts entrepris pour remédier à la situation demeurent vains. Je pense en particulier au Fonds commun des Nations Unies pour les produits de base, dont la CNUCED avait lancé l'idée dès 1976 et qui n'a toujours pas commencé à fonctionner. Rappelons qu'il s'agissait de créer un fonds de 500 millions de dollars E.-U. qui consentirait des prêts à des organismes importateurs et exportateurs pour leur permettre de gérer des stocks régulateurs en vue de stabiliser les cours des matières premières.

Aujourd'hui, on peut espérer que des accords de produits finiront par se matérialiser, mais il faut bien se rendre compte que les sommes prévues à l'origine sont devenues dérisoires.


Autre problème de première grandeur et qui affecte aussi bien les pays industrialisés que les pays en développement: la dégradation de l'environnement. Chez les premiers, c'est la production intensive dans les domaines de l'énergie, des industries et de l'agriculture qui provoque une pollution catastrophique de l'atmosphère, des eaux et de la terre elle-même. A force de vouloir réaliser un maximum de profit immédiat et satisfaire tous les besoins d'une société de surconsommation, l'homme a déclenché contre la nature une véritable guerre chimique, voire nucléaire. Dans le tiers monde, la nécessité de nourrir des populations toujours plus nombreuses provoque une surexploitation des terres, un empiétement des cultures sur des sols de plus en plus marginaux, la destruction massive des forêts tropicales; à une cadence uniformément accélérée, de telles pratiques mènent à l'érosion, à la dégradation irréversible des terres, à la désertification. Les conférences internationales se succèdent, les déclarations se multiplient, mais en pratique le monde s'obstine dans son comportement suicidaire. Tout se passe comme si la richesse aussi bien que la pauvreté rendaient l'homme incapable de voir plus loin que l'immédiat, de gérer sagement les ressources de la planète en les ménageant pour les générations futures. On dirait que, dans notre rage de tirer tout le parti possible de l'espace, nous sommes en train de perdre le sens du temps.

Dès lors, il n'est pas étonnant que le nombre des mal nourris ne diminue pas, bien au contraire. Notre dernière Enquête mondiale sur l'alimentation estimait qu'ils étaient 500 millions; aujourd'hui, ce chiffre est sans doute au-dessous de la réalité. Or, au niveau global, il n'y a pas de pénurie d'aliments; si des centaines de millions d'êtres humains sont mal nourris ou sous-alimentés, c'est parce qu'ils sont pauvres. L'aide ne peut éliminer la pauvreté; seule une participation équitable à l'activité économique et aux échanges pourra la faire vraiment reculer. Le fait est que les pays en développement n'ont pas une part suffisante du commerce mondial. Il faut souhaiter ardemment que les négociations de l'Uruguay Round leur permettent de bénéficier d'une part accrue du commerce d'exportation.

Ayant ainsi esquissé à grands traits certains aspects de la conjoncture mondiale qui me paraissent primordiaux, je voudrais maintenant évoquer la situation de notre Organisation telle qu'elle se présente en cette fin de l'année 1989.

Le plus grave des problèmes auxquels la FAO ait à faire face provient d'une situation financière sans précédent. Les contributions impayées pour l'année 1989 se montent à 80 millions de dollars E.-U.; les arriérés des années précédentes s'élèvent à 94 793 000 dollars E.-U.; au total, ce sont donc près de 175 millions de dollars qui ne sont pas rentrés dans nos caisses. Ces arriérés constituent un dû que les Etats Membres intéressés n'ont pas le pouvoir d'effacer. Malheureusement, je n'ai jusqu'ici pu obtenir aucune indication quant à la date et aux modalités de leur paiement.

Dès 1976, j'avais entrepris d'éliminer les dépenses inutiles et les éléments à faible priorité; depuis, j'ai poursuivi sans relâche mes efforts dans ce sens. Dans ces conditions, une réduction de nos ressources aussi forte que celle dont je viens de parler affecte inévitablement la réalisation de notre programme. De fait, sur trois ans, il nous a fallu réduire de 68 millions de dollars E.-U. nos activités et les services que nous fournissons à nos Etats Membres. Alors que la diffusion de l'information est une des missions fondamentales de la FAO, notre programme de publications est réduit à sa plus simple expression, et nos revues ne paraissent plus: Cérès, Unasylva, la Revue mondiale de zootechnie et d'autres encore, qui servaient à répandre les connaissances et à former dans l'opinion l'image même de la FAO. Le


multilíñguisme sans lequel il n'est pas d'organisation vraiment internationale se trouve menacé, notamment par la suppression de la formation linguistique du personnel. Nous avons dû supprimer un grand nombre de réunions, pourtant si nécessaires à la concertation entre Etats Membres qui est à la base même de notre Organisation; notre action touchant les transferts de technologie a elle-même subi de sérieuses réductions. On le voit, il ne s'agit pas;de bois mort que nous pourrions couper sans dommage; du bois mort, il n'y en a plus depuis longtemps; hélas, nous taillons dans le vif.

Ces conditions très pénibles ont précipité dans une phase critique une difficulté à laquelle nous nous heurtons depuis des années. Je veux parler de la pression constante d'un certain nombre de pays qui ne sont pas favorables à l'expansion des activités, non seulement à la FAO, mais dans tout le système des Nations Unies. Nous ne connaissons pratiquement aucune croissance depuis huit ou neuf ans alors que les besoins ne cessent d'augmenter. En raison de l'accroissement démographique et de divers autres facteurs que j'évoquais tout à l'heure, nos Etats Membres font de plus en plus appel à nous pour obtenir des services plus consistants et plus diversifiés. Un autre fait milite contre le déni de croissance qui nous est imposé: ni l'agriculture ni le développement rural ne sont des sciences exactes, et les données des problèmes à résoudre évoluent sans cesse. Jamais nous ne pouvons considérer un sujet comme épuisé, une question comme définitivement réglée. Qu'il s'agisse de problèmes techniques ou de problèmes humains et les deux sont étroitement imbriqués - nous n'en avons jamais fini; il nous faut constamment chercher des voies nouvelles, renouveler notre optique et nos efforts. C'est là une des raisons qui font que la FAO n'est pas une mécanique, mais un organisme vivant et donc soumis à une dynamique de croissance.

Quoi qu'il en soit, j'ai fait le maximum pour gérer la situation avec réalisme. Grâce à une gestion saine et prudente, notre navire a pu tant bien que mal tenir la mer et garder son cap, bien que ses superstructures aient subi de graves dégâts, qu'il ait fallu colmater des voies d'eau et que le combustible soit presque épuisé. J'ai même réussi jusqu'à présent à m'abstenir d'utiliser la faculté d'emprunter que la Conférence m'avait donnée.

Les considérations qui précèdent ne sauraient manquer de colorer la réflexion que la Conférence va consacrer à deux sujets de première importance: d'une part, le Programme de travail et budget 1990-1991, et d'autre part l'Examen de certains aspects des buts et opérations de la FAO, Plus qu'aucune autre, ces deux questions appellent des décisions à prendre par accord général, car l'avenir de l'Organisation va largement en dépendre. Vous le savez, je suis un partisan résolu du consensus, qui est pour moi un véritable credo; sauf dans les cas où un vote est obligatoire, je souhaiterais que toutes les décisions soient prises ainsi, dans un climat de concorde et d'harmonie. En particulier, ce souci m'a constamment inspiré dans l'élaboration de mes propositions budgétaires. Je ne saurais citer de meilleure preuve des efforts déployés dans ce sens que la démarche suivie cette année pour la préparation du Programme de travail et budget; nous avons en effet multiplié les possibilités offertes aux Etats Membres de s'exprimer et, au besoin, d'infléchir les orientations proposées.

Nous avons commencé par soumettre au Comité du programme et au Comité financier, dès le mois de janvier, un avant-projet, un bref schéma traçant les principales orientations envisagées et indiquant le niveau budgétaire que je comptais utiliser dans la préparation de mes propositions. Compte


tenu des observations des comités, nous avons ensuite établi le Sommaire du Programme de travail et budget, qui a été examiné au printemps par les Comités de l'agriculture et des pêches pour les parties relevant de leur compétence, puis par le Comité du programme et le Comité financier, et enfin par le Conseil à sa session de juin. Compte dûment tenu, là encore, des avis qu'ils avaient exprimés, nous avons rédigé la version complète et définitive du document, qui a été lui aussi scruté, examiné par les deux comités , et le Conseil, avant d'être soumis, dans quelques jours, à l'examen de la Commission II. A ma connaissance, aucune autre organisation du système des Nations Unies ne passe les propositions budgétaires à un crible aussi minutieux. Au terme d'un tel parcours, après de tels efforts pour que tous les points de vue soient pris en compte, ne serait-il pas simplement normal que le Programme de travail et budget soit adopté, je l'espère, par consensus?

Les priorités que nous avons choisies ont reçu l'aval des organes délibérants; nous sommes donc assurés qu'elles reflètent les préoccupations majeures des Etats Membres. Nous avons estimé les augmentations de coûts avec la plus grande circonspection, et nous nous sommes efforcés d'en absorber un maximum. Ainsi, je n'ai pas inclus dans mes prévisions les 3 millions de dollars E.-U. que représente l'accroissement des coûts pour consultants, voyages officiels et reclassements de postes. Si donc, en apparence, mes propositions comportent une très modeste augmentation de programme de 5,5 millions de dollars E.-U., soit un pour cent, l'augmentation nette se trouve ramenée, par l'absorption de ces 3 millions, à 2,5 millions, c'est-à-dire 0,45 pour cent. De plus, je suis à peu près sûr que ces 2,5 millions seront complètement érodés, mangés par la progression des coûts durant les deux années à venir.

Mon plus grand regret, c'est de ne pouvoir répondre aux aspirations des pays qui auraient légitimement souhaité une augmentation beaucoup plus forte, ne serait-ce que pour rattraper le retard pris ces dernières années. Je connais leurs besoins et je déplore de ne pouvoir leur donner satisfaction, mais j'espère qu'ils conviendront avec moi que nous devons tout faire pour assurer une adoption consensuelle, unanime de notre Programme de travail et budget.

L' "Examen de certains aspects des buts et opérations de la FAO", pour reprendre les termes de la résolution 6/87 de la Conférence, a constitué l'un des principaux exercices qui ont mobilisé nos énergies pendant le biennium 1988-1989. Il s'agissait, je le rappelle, de rechercher les moyens de renforcer la FAO afin qu'elle puisse continuer de jouer son rôle de chef de file dans l'agriculture, les pêches et les forêts à l'échelle mondiale, et de relever les défis des années 1990 et au-delà avec plus de force et d'efficacité. La Conférence avait confié le soin de mener cette étude au Comité du programme et au Comité financier, assistés si nécessaire par des experts. Parallèlement, à mon initiative, une étude de gestion a été réalisée par des consultants extérieurs. Les résultats de cette vaste entreprise, qui nous a coûté quelque 2 millions de dollars, sont consignés dans les documents dont la Conférence est saisie et sur lesquels elle est appelée à se prononcer en dernier ressort.


Deux millions de dollars, c'est une somme considérable, surtout dans les circonstances difficiles que nous traversons. Les consultants, les experts, les comités - et aussi, permettez-moi de le dire, le Secrétariat - ont fait un travail extrêmement sérieux. Au terme de ce cheminement, l'accord s'est fait sur pratiquement toutes les recommandations; il est éminemment souhaitable que la Conférence parvienne elle aussi à un accord unanime, et c'est afin de favoriser ce consensus que j'ai souscrit aux conclusions et recommandations des comités.

Un obstacle majeur subsiste: les experts avaient souligné qu'une majoration des ressources de la FAO serait extrêmement souhaitable, et les comités ont reconnu que la mise en oeuvre des recommandations entraînerait des coûts supplémentaires; cependant, ils n'ont pas indiqué comment le financement devrait être assuré. Avant d'aborder cette question, je voudrais évoquer certaines activités nouvelles qui me paraissent revêtir une importance particulière.

Il me faut tout d'abord m'arrêter un instant sur les opérations de terrain, que j'avais moi-même proposé d'inclure dans l'Examen. Non seulement les comités ont approuvé cet élargissement, mais leurs conclusions sur les recommandations des experts ouvrent des perspectives nouvelles. Je pense en particulier à la recommandation de créer un service d'identification/ formulation des projets, qui donnerait à notre travail de terrain plus de souplesse et de pertinence. Je pense à la recommandation de nommer immédiatement des chargés de projets supplémentaires et du personnel de soutien technique pour aider nos fonctionnaires surchargés à faire face aux besoins. Je pense à l'idée de renforcer l'inspection des opérations de terrain, et aussi à la proposition d'étoffer et équiper nos représentations dans les pays, qui rejoint tout à fait mes propres préoccupations. J'y ajoute une question mentionnée par les experts mais non traitée par les comités, à savoir l'opportunité d'offrir à notre personnel technique des possibilités de se recycler. J'en suis persuadé, la mise en oeuvre de telles recommandations ne pourrait que contribuer à l'indispensable renforcement de notre capacité de répondre aux immenses besoins de nos Etats Membres.

Les comités ont estimé, comme les experts, qu'il y avait lieu de développer la coopération de la FAO avec la Banque mondiale, notamment par des consultations périodiques entre hauts fonctionnaires des deux organisations. Je suis heureux de vous annoncer qu'en vue de mieux informer la Banque sur nos activités et d'intensifier notre coopération, j'ai d'ores et déjà engagé un dialogue permanent avec elle sous forme de réunions périodiques.

Dans le même ordre d'idées, j'ai pu le mois dernier jeter avec M. Camdessus, Directeur général du Fonds monétaire international, les bases d'une coopération élargie entre nos deux organisations touchant les programmes d'ajustement structurel. Le FMI souhaite que la FAO puisse, dans l'élaboration de ces programmes, faire bénéficier les pays intéressés et le FMI lui-même de son expertise et de son expérience en matière d'alimentation et d'agriculture, notamment pour les questions relatives à la sécurité alimentaire, à la nutrition, à l'élimination de la pauvreté rurale, à la commercialisation et au crédit. Comme dans le cas des relations avec la Banque mondiale, nous avons désigné des fonctionnaires qui serviront de points focaux et se réuniront une fois par an pour échanger des informations sur les questions d'intérêt commun.


Au total, nous avons estimé à 26 750 000 dollars le montant des dépenses supplémentaires qu'entraînerait la mise en oeuvre de toutes les recommandations entérinées par les comités si elles étaient entérinées par la Conférence. Que représente cette somme par comparaison avec les pertes que nous avons subies ces dernières années? De plus - et surtout -n'est-elle pas incroyablement modeste si l'on songe à l'ampleur des besoins résultant de l'accroissement démographique, des autres problèmes que j'évoquais tout à l'heure, et des ouvertures nouvelles dont certaines sont prodigieuses, par exemple dans le domaine des biotechnologies? Soyons réalistes: cette somme représente simplement une base pour l'expansion qui sera indispensable afin de nous préparer à faire face efficacement aux défis de l'an 2000. J'ai prévu trois catégories de dépenses, par ordre de priorité et selon qu'elles pourraient être financées par le Budget ordinaire ou par des fonds extrabudgétaires. En tout état de cause - et je veux être parfaitement clair sur ce point - je ne saurais en aucun cas préconiser le financement de ces dépenses par des ajustements de programme qui auraient inévitablement pour effet de mutiler des activités dont nos Etats Membres ont si grand besoin et qui font l'objet de demandes pressantes de leur part.

La Conférence peut, je crois, s'estimer satisfaite de la façon dont sa résolution 6/87 a été mise en oeuvre. Elle est maintenant saisie de documents substantiels et qui font le tour de la question. Je suis persuadé que, dans sa sagesse, elle saura en tirer pleinement parti pour mener un débat clair, loyal et bien circonscrit, et aboutir ainsi, dans la sérénité et sans digressions inutiles, à des décisions fécondes pour l'avenir de l'Organisation.

Permettez-moi d'évoquer encore, très brièvement, trois points qui figurent à l'ordre du jour de la Conférence et qui méritent de retenir tout particulièrement l'attention.

D'une part, je voudrais rappeler l'importance fondamentale que revêt le Plan d'action pour l'intégration des femmes dans le développement agricole et rural, qui fait l'objet du point 11. Je suis heureux de signaler que nous avons fait ce que la Conférence attendait de nous et que, pour l'exercice 1990-1991, nous avons majoré les ressources affectées au sous-programme pertinent; le Comité du Programme nous en a du reste exprimé sa satisfaction.

D'autre part, nous poursuivons avec toute la vigueur possible les travaux en vue de l'introduction du principe de l'information et du consentement préalables dans le Code international de conduite pour la distribution et l'utilisation des pesticides (point 10 de l'ordre du jour); nous voyons dans une telle clause un instrument de première importance pour la protection sanitaire et écologique des pays en développement.

Votre ordre du jour fait aussi mention d'une Conférence internationale sur la nutrition. La mission fondamentale de la FAO est de libérer l'humanité de la faim. Or, dans un contexte d'abondance mondiale, comme je le disais en commençant, des centaines de millions de nos semblables souffrent encore de sous-alimentation et de sous-nutrition. En termes de vies humaines, de souffrance, d'infirmités, d'arriération mentale, le prix est effrayant. Quand on évoque ce problème, on pense d'abord au tiers monde; mais la faim et la malnutrition sévissent aussi dans les pays développés, en particulier à la périphérie et dans certains quartiers des grandes villes. Inversement, les nantis sont menacés par la suralimentation et les régimes déséquilibrés.


Contrairement à d'autres grandes questions économiques et sociales, ce problème à la fois brûlant et universel n'a encore jamais fait l'objet d'une véritable Conférence internationale. C'est ce qui a conduit le Sous-Comité du CAC sur la nutrition au niveau politique - qui comprend les représentants de plusieurs agences et organisations des Nations Unies - à proposer la convocation d'une telle Conférence. Notre Conseil a souscrit à cette idée, sur laquelle vous êtes maintenant appelés à vous prononcer d'une façon définitive.

La Conférence envisagée aurait pour buts d'identifier les problèmes, d'y sensibiliser l'opinion, d'élaborer une stratégie, de mobiliser les ressources nécessaires, et de mettre en place un système mondial d'information sur ces problèmes. Organisée conjointement par la FAO et l'OMS en coopération avec d'autres institutions internationales intéressées, elle se tiendrait pendant l'exercice 1992-1993, vraisemblablement à Rome. Je ne doute pas que la Conférence étudiera cette proposition avec tout l'intérêt qu'elle mérite.

Je voudrais dire également quelques mots de la Journée mondiale de l'alimentation, que nous avons célébrée pour la neuvième fois le mois dernier. Une fois de plus, nous avons pu constater que, par la décision qu'elle avait prise en 1979 d'instituer cette journée, la Conférence a donné naissance à un événement mondial de grande portée. En effet, c'est sur toute l'étendue de la planète que se déroulent des manifestations qui commémorent la fondation de la FAO et célèbrent la fête mondiale du paysannat. Cette année, nous avions choisi comme thème de la Journée une question d'un intérêt brûlant pour les pays industrialisés comme pour les pays en développement, à savoir: "Alimentation et environnement "... Au cours de la cérémonie organisée ici même le 16 octobre, nous avons pu entendre plusieurs interventions remarquables, et en particulier un exposé extrêmement stimulant de M. Lubbers, Premier Ministre du Royaume des Pays-Bas. Le lendemain, lors d'une cérémonie tenue au Siège des Nations Unies à New York, M. Yeutter, Secrétaire à l'agriculture des Etats-Unis, prononçait un discours d'une lucidité et d'une hauteur de vues exceptionnelles. Je n'en citerai qu'une phrase, qui situe admirablement le vrai problème: "Le pire ennemi, et de l'homme, et de l'environnement mondial, c'est la pauvreté".

La Journée mondiale de l'alimentation célèbre l'anniversaire de la FAO; je voudrais maintenant vous inviter à fêter un autre anniversaire: voici en effet 25 ans qu'a été créée la Division mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l'alimentation et l'agriculture. C'est en 1964 que les directeurs généraux des deux organisations décidèrent de fusionner deux services, l'un de la FAO et l'autre de l'AIEA, pour mettre à la disposition de leurs Etats Membres les technologies les plus récentes en matière d'isotopes et de rayonnements en vue de leur application à des programmes de recherche et développement intéressant l'alimentation et l'agriculture. Formée à l'origine d'une petite équipe, la Division mixte constitue aujourd'hui à la fois un centre de recherche, de développement et de formation qui jouit d'une réputation internationale, un lieu de dialogue pour l'échange d'informations et de connaissances, et un instrument pour le transfert des technologies nucléaires aux pays qui en ont le plus besoin. Installée à Vienne, elle s'appuie fortement sur le laboratoire agricole de Seibersdorf, qui est le seul laboratoire agricole géré par des institutions des Nations Unies.


Mais je ne veux pas m'appesantir sur les activités de la Division mixte, car vous pourrez entendre cet après-midi une déclaration sur ce sujet de mon collègue et ami M. Hans Blix, Directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, que j'ai la grande joie de saluer et d'accueillir parmi nous. Je me contenterai de dire bien haut combien nous sommes heureux de célébrer le premier quart de siècle d'une coopération exemplaire, harmonieuse et féconde entre nos deux institutions soeurs.

Cette harmonie, ce sentiment très fort d'appartenir à une même famille, je souhaite ardemment qu'ils se retrouvent dans les débats et les travaux de la présente session. Dans l'histoire de notre Organisation, il est arrivé un moment où la diversité des sensibilités et des conceptions a engendré une certaine tension. Pour surmonter cette phase, la Conférence a choisi avec une grande sagesse la voie de la réflexion, d'un examen approfondi des buts et opérations de la FAO. Comités, experts, Secrétariat, nous avons mené à bien cet examen, nous y avons consacré beaucoup de temps et d'efforts, nous y avons investi le meilleur de notre expérience, de notre compétence et de notre énergie. Maintenant que la Conférence est saisie des résultats de cet énorme travail, le temps de la sérénité, de l'accord et de l'action est venu.

Nos Etats Membres, et surtout les plus pauvres, ont trop besoin de nos services pour que nous puissions continuer de nous consacrer davantage à l'introspection qu'au travail concret. Je crois en toute sincérité que la Conférence dispose maintenant de propositions qui, une fois adoptées par accord général et assortiės des moyens indispensables à leur mise en oeuvre, nous permettront d'apporter à nos Etats Membres une aide efficace et bien ciblée pour qu'ils puissent enfin émerger du marasme. Il ne faudrait pas que le nécessaire examen de conscience auquel nous avons procédé tourne à l'auto-contemplation permanente. La Conférence dispose maintenant de tous les éléments nécessaires pour trancher et décider dans quelle direction nous devons avancer. Elle va le faire, j'en suis sûr, en toute sagesse et sérénité, nous donnant ainsi la possibilité d'affronter tous ensemble les immenses défis que lance à notre humanité l'approche de l'an 2000.

Je vous remercie.

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CHAIRMAN: Ministers, distinguished delegates, I am sure that I join all of you in thanking the Director-General for a very comprehensive statement which not only sets the tone for the Conference but has put before us an excellent summary of the problems and the prospects for FAO. It was a very comprehensive statement, and we are very grateful.

I now wish to call upon the Independent Chairman of the Council, Mr Lassaad Ben Osman, to make his statement to the Conference.


INDEPENDENT CHAIRMAN OF COUNCIL'S STATEMENT TO THE CONFERENCE
ECLARATION
DU PRESIDENT INDEPENDANT DU CONSEIL A LA CONFERENCE
ECLARACION DEL PRESIDENTE INDEPENDIENTE DEL CONSEJO A LA CONFERENCIA

Lassaad BEN OSMAN (Président Indépendant du Conseil): Monsieur le Président, distingués Délégués et Observateurs, je voudrais en tout premier lieu féliciter le Président de son élection à la présidence de la Conférence.

Je suis certain, Monsieur le Président, que grâce à votre compétence et votre doigté, vous saurez diriger nos travaux et les mener à bon port.

Comme le veut la tradition de l'Organisation, j'ai l'honneur, en tant que Président Indépendant du Conseil pour la période 1988-89, de présenter les résultats de l'examen des activités du Conseil au cours de ces deux dernières années. Je ne vous apprendrai rien en disant que l'Organisation traverse une phase difficile au cours de laquelle de grands efforts ont été faits pour mettre en pratique la Résolution 6/87 de la vingt-quatrième session de la Conférence générale portant sur l'Examen de certains aspects des buts et opérations de la FAO, y compris la possibilité d'apporter des réformes aux procédures utilisées pour la préparation du programme et la présentation du budget; tout cela pour que notre Organisation puisse offrir ses services de façon adéquate aux pays membres et aider à supprimer la faim, la malnutrition et la pauvreté dans le monde.

La tâche que la Conférence a confiée au Comité du Programme et au Comité financier en leur adjoignant un groupe d'experts a permis un examen complet des buts, des opérations et des stratégies de l'Organisation. Cela a également été l'occasion d'analyser les programmes de terrain et d'examiner le fonctionnement de l'administration de la FAO et de sa gestion financière. Ce dernier élément a été ajouté postérieurement au mandat original, à l'initiative du Directeur général.

Le fruit de ces travaux a été la présentation de deux rapports au Conseil, aux quatre-vingt quatorzième et quatre-vingt quinzième sessions, quant aux méthodes de travail à appliquer et a conduit à une analyse approfondie de l'examen lors d'une réunion du Conseil qui a eu lieu au mois de novembre, session qui a dû être prolongée à cette fin.

Que l'on me permette d'observer à ce sujet que les deux comités, le Comité du Programme et le Comité financier, ont inclus dans leurs rapports au Conseil et à la Conférence une évaluation faite par les experts selon laquelle la FAO a donné la preuve de sa capacité de rénover ses activités et a su s'adapter à l'évolution de la situation mondiale, en tenant compte des besoins nouveaux sur le plan mondial et régional, et il existe une possibilité bien nette de renforcer certaines activités de l'Organisation.

Les Comités ont conclu qu'il s'agissait d'une organisation solide et vigoureuse qui mérite la confiance de tous ses membres. Après avoir examiné ce document, le Conseil a convenu que les recommandations finales et leur mise en oeuvre devraient être décidées par consensus. Cela permettra de prendre les décisions qui s'imposent de la part de la Conférence. Nous avons l'espoir que tous ces documents et avis, particulièrement importants, pourront être analysés puis adoptés par la Conférence, de telle sorte qu'il en résultera des décisions permettant de renforcer l'Organisation, d'augmenter son efficacité afin qu'elle atteigne les nombreux buts qu'elle poursuit.


Par ailleurs, les Comités de Programme et de Finances ont présenté au Conseil une proposition tendant à modifier les dispositions pour la préparation du Programme de Travail et Budget et ce, suite à l'examen des procédures adoptées en ce sens par les Nations Unies et d'autres Organisations du système. Cette modification telle qu'adoptée par le Conseil pourrait être mise en pratique à titre expérimental pour le biennium 1990-91.

Le but de cette modification est que les Comités de Programme et Financier présentent au Directeur général des recommandations quant au niveau de budget et aux grandes priorités de l'Organisation pour le biennium suivant, et ce avant la préparation du sommaire du Programme de travail et budget par le Directeur général. Ces recommandations sont ensuite présentées au Conseil et à la Conférence. Remarquons que les deux Comités du Programme et Financier ont jugé cette procédure utile pour 1990-91 et ont recommandé qu'on la mette en application pour au moins un biennium de plus afin de procéder à son évaluation pendant un délai suffisant. Les deux Comités ont exprimé l'espoir qu'une telle procédure permettrait une amélioration de la situation financière de l'Organisation.

Je voudrais ajouter que l'Organisation traverse une situation financière difficile; c'est le second problème fondamental dans cette étape. En réalité, il s'agit d'une crise d'encaisse de liquidités beaucoup plus que d'une crise financière; en effet, un grand nombre de pays membres, et parmi eux les plus grands contribuables, n'ont pas payé leurs contributions à temps, ni selon les modalités prévues; cela a eu des conséquences quant aux activités de l'Organisation et il a fallu adopter des solutions très fermes pour faire face à une telle situation. Il a fallu faire une coupe dans le budget, de 25 millions de $ en 1987, de 20 millions de $ en 1988 et à nouveau 23 millions de $ en 1989 avec pour résultat la réduction de certaines activités portant en particulier sur les publications et les réunions.

Le Conseil s'est déclaré préoccupé de cette réduction du volume du programme et a fait observer que les coupures effectuées par le Directeur-Général qui a géré avec sagesse la question ont permis de réduire au minimum les effets négatifs sur les activités de l'Organisation; cependant, le Conseil a pris note avec satisfaction de ce que le Directeur général n'a pas eu à recourir à des prêts, quoique la Conférence l'y ait autorisé. Il a néanmoins souligné qu'il a été informé que cette possibilité risquait d'être retenue si la situation financière de l'Organisation arrivait à des limites que nous n'avons jamais connues.. à moins que la situation ne se renverse. Il est dificile pour l'Organisation de mener à leur terme des actions mondiales si sa situation financière n'est pas sûre; il est impératif que les cadres de l'Organisation et les experts puissent travailler sans souffrir des répercussions négatives d'une telle situation financière.

Je saisis donc cette occasion, au nom du Conseil, pour inviter tous les pays membres à effectuer à temps le payement de leurs contributions et à payer le plus vite possible leurs arriérés; en effet, si de tels payements qui sont inscrits dans les engagements internationaux n'avaient pas lieu, il est à craindre que l'Organisation ne puisse exécuter ses programmes, notamment, les programmes à moyen terme, touchant des domaines aussi importants que le Programme pour le développement durable et l'intégration de la femme dans le développement agricole, ainsi que le Plan pour le développement tropical et les plans d'action que vous connaissez.


Le Conseil a entendu avec satisfaction que l'on a affirmé le caractère d'universalité de la FAO; c'est en ce sens que les pays non membres ont été invités comme observateurs à notre Conférence et je pense tout particulièrement à l'Union des Républiques socialistes soviétiques comme observateur; ce sera certainement un premier pas pour qu'elle reprenne son rôle comme membre de plein droit.

Le Conseil a examiné les points importants adoptés par la 24ème Conférence générales : je pense au développement durable et à l'intégration de la femme dans les activités de développement,

La Conférence, dans sa résolution 9/87, a insisté sur l'importance de la conservation et de la protection du milieu; c'est fondamental à une époque ou il faut augmenter les productions agricoles, et il y a eu unanimité quant à la nécessité d'assurer le renouvellement des ressources naturelles en vue de l'application du concept du développement soutenu et de la sécurité alimentaire.

A sa quatre-vingt-quatorzième session, le Conseil a examiné les politiques, les programmes et le budget de l'Organisation, tout ce qui permet d'assurer un développement durable; il a insisté sur le fait que tout cela devait être réalisé sous forme de programme pratique; il a invité la FAO à renforcer les mécanismes de coordination dans les domaines de l'environnement et du développement durable.

Le développement équilibré est un autre point qui mérite toute l'attention de la Conférence, surtout si l'on songe que notre Organisation est parfaitement capable et armée pour ce faire.

S'agissant du Plan d'intégration de la femme dans le développement proposé par le Directeur général, le Conseil a recommandé sa mise en oeuvre progressive. Ce plan reflète une double cohérence, d'une part quant aux programmes destinés à la femme, et d'autre part quant à la prise en compte des besoins de la femme dans tous les programmes et tous les projets.

Le plan présenté à la Conférence pour examen contient des politiques et des programmes qui dépassent le budget actuel de l'Organisation.

Le Conseil demande instamment aux gouvernements membres d'intégrer de façon totale la femme dans leurs programmes de développement et, dans ce contexte, a approuvé une liste préparée conformément à la résolution 9/87 de la Conférence générale.

Pour ce qui est de la résolution 9/87, lors de la dernière Conférence il avait été ratifié l'insertion du principe d'information et de l'acceptation préalable, dans le contexte international, pour la distribution et l'utilisation des pesticides. Le Conseil a adopté les amendements proposés par le COAG lors de sa dernière session en avril et a proposé à la Conférence ratification de ces amendements au codex et insertion des instructions dans le système mentionné.

S'agissant des ressources phytogénétiques le Conseil, à sa 95ème session, après consultation de l'engagement international, a approuvé un projet de résolution portant sur les droits des agriculteurs, projet qu'il présentera à la Conférence pour ratification.


Pour ce que est du Programme de travail et budget et du projet de Programme de travail et budget 1990-91, ce projet a bénéficié de l'appui de la majorité des membres des deux Comités, Comité du programme et Comité financier qui ont tenu une session conjointe en septembre dernier. Les deux Comités ont manifesté leur satisfaction quant à l'amélioration de la teneur de ce projet fondé sur les priorités choisies par les organes directeurs.

Le Conseil espère que la Conférence ratifiera le projet à l'unanimité, ce qui serait une preuve d'esprit de solidarité et d'interdépendance de tous les Etats Membres, et irait dans le sens d'une amélioration des activités de l'Organisation.

Par ailleurs, j'ai l'honneur de vous informer que le Conseil a décidé d'accorder un rôle plus grand et plus large à notre Organisation dans les enceintes internationales s'occupant du développement, je veux parler du GATT, du PNUD et d'autres instances; le Conseil souhaite également que notre Organisation joue un rôle quant aux politiques agricoles et agraires des pays membres, notamment en ce que concerne la conception du Programme d'ajustement structurel mené à bien par un certain nombre de pays membres. Cette orientation renforcera incontestablement les liens de coopération entre l'Organisation et les autres organismes ou organisations internationales ou gouvernementales actives dans ce domaine.

Pour ce qui est des éléments nouveaux dans le système des Nations Unies, nous espérons qu'il sera possible de renforcer encore la collaboration entre les Organisations internationales sur un plan interrégional.

Pour ce qui est maintenant des points habituellement inscrits a l'ordre du jour du Conseil, comme par exemple la situation mondiale de l'alimentation et la sécurité alimentaire mondiale, le Conseil s'est montré très préoccupé de la détérioration de la situation depuis la 13ème réunion du Comité sur la sécurité alimentaire mondiale; face à la diminution des stocks de céréales qui atteignent des niveaux inférieurs au minimum nécessaire pour assurer une sécurité alimentaire, le Conseil a demandé à tous les pays donateurs de conserver au moins le niveau de leurs approvisionnements en produits alimentaires; à cet égard le Conseil a proposé la liste de 95 produits portant sur les approvisionnements volontaires pour le programme 1991-92; il a proposé un projet de résolution à soumettre à la Conférence dont l'objectif est de 1 500 millions de dollars E.-U.

D'autre part, le Conseil n'a pas dissimulé sa préoccupation à l'égard de la stagnation et de la diminution depuis 15 ans de la consommation de produits alimentaires par habitant dans de nombreux pays à faible revenu et déficit alimentaire.

Ceci démontre que le problème de la malnutrition et de la faim va encore s'aggravant; il est par conséquent nécessaire de donner une priorité absolue au développement de la production agricole et alimentaire dans les pays à faible revenu et à déficit alimentaire.

Le Conseil estime que le développement de la production alimentaire et de la sécurité alimentaire est lié aujourd'hui plus que jamais aux efforts de ces pays pour développer des politiques agraires pertinentes; d'autre part ce développement est lié à une situation économique mondiale juste; tout ceci exige une solidarité internationale constante et efficace.


Je voudrais maintenant faire état de nos espoirs. Nous espérons de tout coeur que l'Uruguay Round, en dépit des échecs enregistrés aujourd'hui, adoptera, avant la fin de ses travaux, une décision entraînant une véritable solidarité internationale que nous souhaitons tous efficace et fructueuse.

Le Conseil a adopté une proposition du Directeur général selon laquelle les pays membres qui le souhaitent peuvent confirmer la participation de la FAO dans la préparation de nouvelles orientations dans le secteur de l'alimentation et de l'agriculture, et ce dans le cadre des programmes d'ajustement structurel des économies de ces pays. Il est effectivement constaté que la participation de l'Organisation dans les enceintes internationales traitant du dévéloppement lié aux activités agricoles, améliore les perspectives et se révèle nécessaire. De ce fait, il semble nécessaire que l'Organisation soit présente dans toutes les enceintes internationales afin de faire connaître ses opinions. On a pu également vérifier l'efficacité des activités de l'Organisation dans de nombreux domaines tels que le système d'alerte rapide, l'identification des besoins en ce qui concerne l'assistance alimentaire et la réserve mondiale alimentaire pour des aides d'urgence. La FAO a collaboré également de façon remarquable au sein des Nations Unies pour la relance économique sur le continent africain.

Dans tous ces domaines, l'Organisation doit poursuivre ses activités fondées sur des plans, des programmes et des engagements moraux; elle est garante de toutes ces activités.

Les pays en développement attendent beaucoup de l'Organisation; nous devons lui permettre de s'acquitter de son rôle et de répondre aux aspirations de ces pays pour un monde meilleur pour tous les êtres humains. Tous nos efforts seront nécessaires pour renforcer l'efficacité, l'importance et l'éclat de la FAO.

Monsieur le Président, distingués délégués et observateurs, Mesdames, Messieurs, après avoir eu l'honneur pendant 4 années de participer aux travaux du Conseil de l'Organisation, il est de mon devoir de remercier d'abord mon pays, la Tunisie, qui m'a demandé de le représenter à cette haute charge, et ensuite tous les Etats Membres qui m'ont fait confiance pour assumer une charge si noble. J'ai essayé de faire de mon mieux pour être à la hauteur de mes responsabilités et conserver un climat de relations constructif entre les représentants du Conseil et le Secrétariat. Je tiens d'autre part à féliciter et à remercier tous les membres du Conseil pour leurs sentiments de responsabilité profonde quant à l'importance de leur rôle dans cette étape délicate de l'Organisation. La participation des membres du Conseil aux débats a été concrète et enrichissante. L'intérêt qu'ils ont porté à toutes les questions présentées a été soutenu et intense; je n'en veux pour preuve que le très grand nombre d'interventions sur chacun des points examinés.

Enfin, permettez-moi de remercier le Directeur général pour l'esprit de coopération dont il a fait preuve pendant toute la durée de mon mandat à la présidence du Conseil de cette Organisation.

Je remercie également le Secrétariat pour tous ses efforts visant à faciliter la tâche du Conseil. Ceci est pour nous une preuve, s'il en est besoin, de la volonté de tous de renforcer l'Organisation en augmentant son éclat et son efficacité dans cette lutte contre la faim et la malnutrition dans le monde.


Que la paix soit avec vous !

Applause
Applaudissements
Aplausos

CHAIRMAN: Ministers and delegates, I am sure you join with me in thanking Mr Ben Osman for a very informative and workmanlike statement and also for the four years work he has done on our behalf. The meeting stands adjourned, I thank you.

The meeting rose at 12.15 hours.
La séance est levée à 12 h 15.
Se levanta la sesión a las 12.15 horas.

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