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DIRECTOR-GENERAL'S STATEMENT TO THE CONFERENCE
DECLARATION
DU DIRECTEUR GENERAL A LA CONFERENCE
DECLARACION DEL DIRECTOR GENERAL A LA CONFERENCIA

Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,

La Conférence de la FAO, sommet de l'agriculture mondiale, se réunit tous les deux ans. Deux ans, c'est bref; à certains égards, on pourrait croire que notre dernière session date d'hier à peine. En même temps, l'histoire, dans notre accélération incontrôlée, a entassé en deux ans une telle masse d'événements et de changements que parfois nous aurions presque l'impression de ne plus vivre dans le même siècle.

Du dépaysement au désarroi, il n'y a qu'un pas. Nous peinons à comprendre et à analyser ce qui se passe, et nous craignons d'être submergés par un flot d'événements sur lesquels nous ne parvenons plus à assurer notre prise. Est-ce à cause des médias qui concentrent notre attention sur le spectaculaire? Toujours est-il que nous sommes portés à percevoir d'abord l'aspect tragique de notre époque. Et il faut bien constater, hélas, que notre temps regorge de tragédies.

Parmi les plus meurtrières, il faut d'abord citer les guerres, internes ou externes, les unes médiatisées à l'extrême, les autres tout à fait ignorées, qui pendant ces deux années ont semé à pleines mains la mort, la destruction, la souffrance et la misère: guerre du Golfe; hécatombe dans l’ex-Yougoslavie, où éclate l'impuissance de la communauté internationale; Somalie, où l'on voit que l'aide humanitaire elle-même peut connaître de sanglantes dérives; marches caucasiennes de l'ancien empire soviétique -Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie - que déchirent des affrontements entre communautés ethniques ou religieuses; Haiti, malheureux pays que sa pauvreté ne met pas à l'abri d'autres malheurs. A cette litanie déjà trop longue il faut ajouter les conflits mal éteints ou qui se rallument sans cesse au Cambodge, en Angola, au Mozambique, au Libéria, ailleurs encore.

La conjoncture économique ne nous présente pas un tableau beaucoup plus réconfortant. Les pays industrialisés subissent une récession obstinée. Les entreprises ferment l'une après l'autre, le chômage s'étend, des familles toujours plus nombreuses tombent au-dessous du seuil de pauvreté, la cohésion sociale se défait, les fléaux de la délinquance et de la drogue se répandent. Dans les pays de l'Est, l'ordre ancien s'en est allé, mais rien n'est encore venu le remplacer. Là où l'on espérait un passage harmonieux à l'économie de marché, le chaos règne; la production industrielle et agricole est complètement désorganisée, le ravitaillement se fait mal, la misère et la faim gagnent du terrain, l'anarchie et la criminalité prolifèrent. Que dire du tiers monde? Les prix des matières premières qu'il exporte étant moins rémunérateurs que jamais, il connaît un appauvrissement général et s'enfonce dans la dette. Les quelques "nouveaux dragons" qui prospèrent apparaissent comme l'exception qui confirme la règle. Là où l'on a entrepris de grands efforts d'ajustement structurel, ce sont les plus démunis qui en font les frais. Les pauvres se multiplient en Amérique latine. L'Afrique semble en perdition.

On avait coutume de dire que les riches ne cessaient de s'enrichir tandis que les pauvres s'appauvrissaient. Ce n'est plus tout à fait exact: les


pauvres continuent de s'appauvrir, mais les riches sont aujourd'hui moins riches.

Tout le monde se débat pour survivre, dans la frénésie du chacun pour soi et sans se soucier des générations futures. Le travail au noir, l'évasion fiscale et le manque de civisme des particuliers trouvent un écho dans la concurrence sauvage, les pratiques de dumping et le protectionnisme farouche des nations nanties, qui se livrent des guerres commerciales sans merci. Au moment où la menace du feu nucléaire paraît enfin conjurée, les anciens pays socialistes bradent des quantités énormes d'armements sans trop se soucier de qui les achète et, dans leur faim d'énergie, ils continuent d'exploiter des dizaines de centrales atomiques vétustés qui sont de véritables bombes à retardement, et de faire tourner des usines terriblement polluantes. Le tiers monde continue de réagir à la pauvreté par une démographie explosive; plus que jamais, "le lit de la misère est fécond", comme disait Josué de Castro voici quelque 40 ans. Il en résulte une exploitation dévastatrice des ressources naturelles, mais aussi des flux migratoires d'une ampleur jamais atteinte; à cette émigration souvent clandestine dans le sens Sud-Nord vient d'ailleurs s'ajouter un flot de migrants Est-Ouest. Dans le même temps, on recourt à tous les expédients possibles: trafic des stupéfiants et autres commerces illicites.

Sommes-nous donc en train d'assister aux soubresauts d'une civilisation à l'agonie? Gardons-nous de sombrer dans le pessimisme systématique; à côté, et parfois au coeur même de ces tragédies, l'espérance fait briller çà et là de timides rayons. Avec la naissance de l'Erythrée en tant qu'Etat, l'Ethiopie semble en passe de retrouver la paix. C'est aussi sur les voies de la paix dans l'équité raciale que l'Afrique du Sud s'est résolument engagée, et je salue ici les deux grands leaders dont le prix Nobel de la paix vient de récompenser les efforts. En Amérique latine, le dialogue démocratique commence à prendre le pas sur l'insurrection armée.

Enfin, l'espoir d'une coexistence pacifique n'apparaît plus comme une chimère dans la région du Proche-Orient, si cruellement éprouvée depuis près d'un demi-siècle.

Dans l'ordre économique, les difficultés et même les souffrances que connaissent d'innombrables familles ne doivent pas nous empêcher de voir que beaucoup de pays d'Asie et d'Amérique latine progressent vigoureusement, commencent à faire reculer l'inflation et à se dégager peu à peu du marasme et de l’endettement.

Pour ce qui concerne plus directement notre Organisation, les remarquables progrès de la production agricole dans nombre de pays ont redressé des situations naguère critiques; le Bangladesh a accédé à l’autosuffisance en blé et en riz; le Viet Nam est devenu exportateur; si les chances de paix se matérialisent, on peut espérer que le Cambodge va émerger.

On sait que la fureur des hommes réduit des populations entières à la disette et que les envois de vivres représentent une forme première de l'aide humanitaire. Si douloureuses que soient ces situations et si impérieuse que soit l'obligation d'y porter remède, il faut en même temps constater que le monde ne connaît pas en ce moment de famines dues à des calamités naturelles, et que la situation alimentaire et nutritionnelle apparaît dans l'ensemble un peu moins préoccupante.

Parmi les signes positifs enregistrés depuis votre dernière session, les plus importants et les plus porteurs d'espoir sont sans aucun doute les


deux grandes réunions internationales qui ont marqué l'année 1992. Je veux parler, bien entendu, du Sommet de la Terre, la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement qui s'est tenue à Rio de Janeiro en juin, et de la Conférence internationale sur la nutrition, organisée conjointement par la FAO et l'OMS et qui s'est déroulée en décembre à Rome, dans cette salle même où nous siégeons.

Il n'entre pas dans mon propos de vous exposer en détail ce qui s'est passé dans ces deux assemblées mondiales; beaucoup d'entre vous ont participé activement-à l'une ou à l'autre, la presse et les médias en ont largement rendu compte, et vous êtes saisi de rapports et de documents exhaustifs durant cette Conférence. Je voudrais simplement évoquer ici les instruments internationaux d'une portée immense qu'elles ont adoptés.

Le Programme "Action 21", fruit de la Conférence de Rio, constitue une véritable charte du développement durable et de la sauvegarde du milieu naturel. Je suis heureux de rappeler que l'essentiel des dispositions qu'il propose concernant l'agriculture, les forêts et les pêches reprend les conclusions formulées par la Conférence de den Bosch sur l'agriculture et l'environnement, que nous avions organisée conjointement avec le gouvernement des Pays-Bas; sur la base de ces conclusions, vous avez d'ailleurs vous-mêmes décidé en 1991 de lancer un Programme-cadre de coopération internationale pour l'agriculture et le développement rural durables.

Comme vous le savez, la Conférence internationale sur la nutrition a adopté une Déclaration mondiale et un Plan d'action qui définissent les grands objectifs nutritionnels et les moyens à mettre en oeuvre pour s'en rapprocher. Je me bornerai à rappeler leur caractère fortement intersectoriel et multidisciplinaire; à côté des dispositions visant l'accroissement de la production vivrière, les réseaux de distribution ou la prévention des maladies de carence, la Déclaration et le Plan d'action invitent les pays à revoir leurs politiques dans des domaines aussi divers que l'emploi et le revenu, le logement, l'instruction publique, les équipements collectifs, etc., le tout en faisant une grande place à la participation populaire et à la lutte contre la pauvreté.

Ainsi donc, les objectifs et les stratégies définis par la CNUED et la CIN ne s'articulent pas seulement entre eux; ils se rattachent à de nombreuses prises de position antérieures de la communauté internationale. Je pense en particulier aux grands textes adoptés ici même par la Conférence mondiale sur la réforme agraire et le développement rural et la Conférence mondiale sur les pêches, au Pacte mondial de sécurité alimentaire, au Programme d'action forestier tropical et aux engagements et codes de conduite dont nous avons pris l'initiative touchant les pesticides, les ressources phytogénétiques, etc. A travers la diversité des sujets, tous ces textes convergent vers une finalité unique: favoriser le plein épanouissement de l'homme dans un rapport harmonieux avec la nature.

Tel est, esquissé à grands traits, le cadre dans lequel se situe la vingt-septième session de la Conférence de la FAO. Sur beaucoup des éléments que j'ai mentionnés tout à l'heure, l'Organisation ne peut exercer aucune action directe, mais ils constituent l'environnement de son travail et contribuent à en façonner l'orientation. Je ne citerai à cet égard qu'un seul exemple, celui des prix des matières premières, qui nous fournit sans doute le meilleur des paramètres pour mesurer l'état de santé des pays pauvres. Depuis plusieurs décennies, ces prix accusent une tendance à la baisse en valeur réelle mais, au cours des 10 dernières années, ils ont


même diminué en dollars courants: de moitié environ pour Le café, de plus d'un tiers pour le cacao, d'un quart environ pour le thé et le coton. Or, il s'agit là, je le répète, de prix courants; la baisse apparaîtrait bien plus forte encore si l'on tenait compte de l'inflation. Il y a plus: dans le même temps, les prix des produits qu'importent la plupart des pays du tiers monde ont doublé, si bien que le pouvoir d'achat de leurs exportations ne représente plus qu'une faible fraction de ce qu'il était il y a 10 ou 15 ans. Quelle économie pourrait survivre à une pareille dégradation des termes de l'échange?

La FAO ne peut agir par elle-même sur le cours des matières premières et notamment des produits tropicaux qui sont fixés par le seul jeu des forces du marché, c'est-à-dire en fait par la loi du plus fort. Chacun sait que les pays producteurs se trouvent dans une position de faiblesse que leurs difficultés et leur endettement ne font qu'aggraver et qu'en réalité ils n'ont pas la parole. Il n'en reste pas moins que l'Organisation intervient de toutes les manières possibles pour essayer de remédier à cette situation aussi dangereuse qu'inéquitable: en s'efforçant de sensibiliser les gouvernements et l'opinion mondiale à la nécessité de mettre en place un système international de prix stables et rémunérateurs, en préparant des études solidement documentées sur le commerce et les prix des produits agricoles, en contribuant à l'élaboration et à la remise en vigueur des accords de produits, en apportant son concours à la CNUED et au GATT pour tout ce qui concerne le volet agricole des négociations menées sous leur égide.

Il était inévitable que les grands événements de ce monde et les tendances majeures de l'économie marquent de leur empreinte les orientations politiques sur lesquelles vous êtes appelés à vous prononcer, et au premier chef le Programme de travail et budget qui va déterminer les activités de l'Organisation pendant les deux prochaines années et modeler leur évolution future par le biais du Plan à moyen terme qui constitue son prolongement naturel. Je dirai d'emblée que le Programme de travail et budget pour 1994-95 est placé sous le signe de la contradiction: contradiction entre les contraintes et les besoins, entre le nécessaire et le possible.

Déjà immenses, les besoins ne cessent et ne cesseront de grandir. D'abord à cause de l'expansion démographique; même en limitant notre horison aux 25 prochaines années, nous pouvons compter que la population du globe aura encore augmenté de trois milliards d'êtres humains qu'il va falloir d'abord nourrir en doublant la production alimentaire mondiale, mais aussi loger, soigner, instruire, employer; 3 milliards de personnes à qui il va falloir assurer un niveau de vie décent, en veillant au respect de leur dignité et en leur donnant la possibilité de contribuer pour leur part au bien-être général. Le tout, bien entendu, sans causer à l'environnement des dégâts irréparables et en préservant la base de ressources.

En effet, ce n'est pas seulement la multiplication des bouches à nourrir qui fait croître les besoins. C'est aussi la nécessité de veiller à la sécurité alimentaire et d'améliorer les niveaux de nutrition; de perfectionner les institutions et les infrastructures; de favoriser l'avènement d'un ordre économique plus équitable; de lutter contre la pauvreté des personnes et des nations; d'aider les pays en développement à se libérer de la dette et à enclencher un processus de progrès; de contribuer à la réorganisation de l'économie et de l'agriculture dans les pays déstabilisés par l'effondrement du système soviétique; de protéger durablement notre milieu naturel - la terre, les eaux, les mers,


l'atmosphère et la foisonnante diversité des espèces biologiques qu'elles renferment.

Les priorités de l'Organisation sont toujours établies en fonction des orientations que définissent nos organes délibérants - comités techniques, conférences régionales, Conseil -, compte tenu de ce que peuvent dicter les circonstances. Pour 1994-95, le Programme de travail et budget que je propose porte en outre, dans toutes ses parties, l'empreinte de la CNUED et de la CIN, mais aussi celle d'autres réunions qui se sont tenues ou vont se tenir dans- leur sillage, notamment la Conférence sur la pêche responsable organisée par le Mexique avec notre concours, ou la future conférence technique internationale pour la conservation et l'utilisation des ressources phytogénétiques.

Je crois superflu de rappeler que les problèmes de la nutrition et de l'environnement tiennent depuis longtemps une place de premier plan dans nos programmes. La mission qui nous incombe en ce qui concerne le suivi de la Conférence de Rio et de la CIN projette un éclairage nouveau sur ces activités et met en évidence leurs liens avec l'ensemble de nos travaux. Tout se tient; les lignes d'action découlant de ces assises mondiales ont présidé au choix de nos priorités dans tous les domaines techniques et économiques.

Cette approche donne encore une autre dimension aux besoins dont je parlais à l'instant. Essayer de se faire une idée des moyens qu'exige la mise en oeuvre des principes et stratégies formulés par les deux conférences, c'est s'exposer au vertige. On a estimé que l'application intégrale des politiques et mesures énoncées dans Action 21 demanderait quelque 120 milliards de dollars par an. Nous n'avons pas osé chiffrer ce que coûterait la mise en pratique de toutes les recommandations émanant de la CIN.

De tels coûts dépasseraient-ils donc les possibilités de la communauté humaine? Le chiffre de 120 milliards de dollars est certes impressionnant, mais en réalité il ne représente guère plus que le dixième des dépenses annuelles que le monde a consacrées aux armements pendant les années 80. Si nos sociétés ont pu supporter de tels coûts pour assurer leur défense ou leur domination en construisant des armes capables de détruire la planète est-il inconcevable de penser qu'elles pourraient affecter une fraction de ces sommes à la cause du progrès humain indivisible?

Même si le coût financier de l'entreprise ne semble pas hors de la portée d'une humanité vraiment consciente des enjeux, la possibilité de répondre à tous les besoins que je viens d'évoquer demeure subordonnée à toute une série de conditions si difficiles à réunir qu'elle constitue une véritable gageure. Pour nous limiter à la production alimentaire, il s'agit de la doubler en cultivant moins de terres, sans empoisonner l'environnement et en préservant la base de ressources. Problème qui s'apparente à la quadrature du cercle. Cela exigera des technologies qui restent à inventer et dont il faudra assurer la bonne utilisation, non seulement par les grands industriels de la production agricole, mais aussi par des centaines de millions de petits paysans peu instruits. Il faudra éviter de mettre en culture des terres marginales qui s'épuiseraient vite, et s'accommoder de superficies réduites par le développment urbain et industriel, la construction de logements, d'installations destinées aux activités sociales et de voies de communication. Il faudra encore régler les problèmes d'érosion, de salinité, de gestion de l'eau, de pertes avant et après


récolte, et éviter aussi bien les mauvaises pratiques agricoles que les dérapages possibles des biotechnologies et de l'utilisation des intrants.

A l'immensité des besoins répond la très grande responsabilité qui incombe à la FAO d'aider les pays en développement à se nourrir. Mais l'exercice de cette responsabilité se heurte à des contraintes terriblement fortes. Comme toutes les organisations internationales, la FAO se trouve prise dans un étau budgétaire dont les mâchoires ne cessent de se resserrer depuis 1986. Le grand élan qui a conduit les gouvernements à adopter Action 21,- puis la Déclaration mondiale et le Plan d'action de la CIN, n'a pas été jusqu'ici assez puissant pour les décider à dégager les crédits dont nos institutions auraient besoin pour mettre en oeuvre la part des activités qui leur revient et que l'on attend d'elles. Il n'y a pas de commune mesure entre nos responsabilités et les moyens mis à notre disposition. Entre le nécessaire et le possible, l'écart se creuse.

Dans ces conditions, la préparation du Programme de travail et budget devenait un exercice relevant de la haute voltige: comment concilier des exigences aussi contradictoires. Comment, sans sacrifier des activités essentielles, faire la place voulue au suivi de la CNUED et de la CIN dans le cadre d'un budget d'austérité et en l'absence de ressources extrabudgétaires spéciales. Pour ajouter à la difficulté, les nouvelles modalités applicables aux opérations de terrain par le PNUD nous ont obligés à transférer au budget ordinaire bon nombre de postes financés jusque-là au titre des dépenses d'appui.

Bien à contrecoeur, je me suis résigné à proposer un budget qui ne prévoit aucune augmentation nette par rapport à l'exercice précédent. Ce n'est pas que je me sois converti au dogme de la croissance zéro: j'estime toujours que l'augmentation des besoins justifierait une croissance nettement positive, d'autant que nous allons avoir à servir une dizaine d'Etats Membres de plus. Le choix que j'ai fait m'a été dicté par plusieurs considérations: le souci de ne pas imposer une charge excessive aux pays pauvres qui ont déjà beaucoup de mal à s'acquitter de leur quote-part; le désir de ne pas laisser à mon successeur une situation difficile en risquant de provoquer, comme cela s'est produit en 1991, un décalage entre le montant du programme approuvé et celui des crédits ouverts; enfin, la volonté d'éviter à tout prix une bataille budgétaire qui diviserait la Conférence lors d'une session si importante, où il me paraît essentiel que le budget soit adopté à l'unanimité et non pas seulement par consensus. Je crois en effet nécessaire que le nouveau Directeur général, M. Jacques Diouf, puisse prendre le départ avec l'appui unanime des Etats Membres. Si l'on songe qu'en 1975 la Conférence avait adopté à l'unanimité, pour l'entrée en fonctions d'un nouveau Directeur général, un budget comportant une augmentation de 50 pour cent, est-ce trop demander que de l'exhorter aujourd'hui à voter unanimement un budget à croissance zéro?

Malgré cette stagnation - qui équivaut en fait à un recul -, nous nous sommes efforcés de préparer un Programme de travail et budget répondant aux besoins les plus immédiats qu'ont fait apparaître les deux grandes conférences de 1992. Dans une mesure hélas insuffisante mais correspondant au maximum de nos possibilités, nous avons renforcé en fonction d'Action 21 un grand nombre des programmes et sous-programmes du chapitre 2, qui définit nos activités techniques et économiques. De même, pour le suivi de la CIN, nous n'avons pas seulement prévu de renforcer les activités de la Division de la nutrition, mais aussi celles d'autres unités qui s'occupent de sécurité alimentaire, de commercialisation, etc.


Pour renforcer certaines activités sans majoration globale du budget, il faut trouver l'argent ailleurs, c'est-à-dire procéder à des suppressions ou à des réductions. D'aucuns estiment que l'on pourrait réduire les dépenses administratives, dégraisser les effectifs, supprimer certains de nos programmes, qu'ils jugent trop nombreux. J'inviterais volontiers ces critiques à regarder la réalité de plus près.

Depuis mon entrée en fonctions, nous n'avons cessé de comprimer les dépenses d'administration et de soutien, au point que nombre d'Etats Membres, estimant que nous allions trop loin dans cette direction, nous ont mis en garde à plusieurs reprises. Je suis fier d'avoir économisé sur nos frais de gestion de grosses sommes que nous avons pu affecter à des activités de fond, mais la rançon de cette politique est qu'il n'est plus possible de transférer aux programmes techniques des ressources prélevées sur les secteurs administratifs ou de soutien; de fait, rien que pour conserver le même niveau d'efficacité, nous allons devoir majorer quelque peu les crédits alloués à certains de ces secteurs.

Quand j'entends parler de dégraissage de nos effectifs, je me demande où l'on pourrait y trouver de la graisse. Les dépenses de personnel absorbaient plus des trois quarts du budget en 1974-75; elles représentent aujourd'hui à peine un peu plus de la moitié. Malgré la croissance des activités et la création des bureaux dans les pays, il y a aujourd'hui moins de postes du cadre organique qu'en 1975; de plus, beaucoup de ces postes sont restés vacants pendant des années, faute de ressources pour les pourvoir ou de candidats valables qui soient prêts à accepter les conditions que nous pouvions offrir.

Nos programmes sont-ils trop nombreux? Je voudrais qu'on m'en cite un seul qui soit inutile. Passés au crible par les comités techniques, le Comité du programme et le Comité financier, le Conseil et la Conférence elle-même, ils ont été approuvés dans leur totalité. Dans mes propositions initiales pour 1994-95, je n'en avais pas moins envisagé des coupes dans certains programmes - forêts, pêches, Programme de coopération technique. Cette idée souleva un tel tollé que nous avons dû non seulement rétablir les montants antérieurs, mais même proposer des augmentations nettes pour ces activités.

Où avons-nous trouvé l'argent? Nous avons, bien à contrecoeur, diminué les montants affectés à d'autres programmes techniques et économiques, notamment en tirant tout le parti possible des économies de personnel que permet l'informatisation. Nous avons réduit les crédits destinés aux représentants de la FAO et aux bureaux régionaux. Mais surtout, en raison des changements intervenus dans les modalités de notre coopération avec les institutions financières - et notamment la Banque mondiale -,nous avons proposé une réduction sensible des crédits alloués aux activités liées à l'investissement, et en particulier à notre Programme de soutien à l’investissement.

Je passe outre mes remarques sur les négociations que nous avons en ce moment avec la Banque mondiale puisqu'elles vont se poursuivre.

Je regrette aussi de n'avoir pu inscrire au budget des crédits plus importants pour la formation du personnel, alors que l'évolution accélérée des sciences et des techniques justifierait l'envoi de nombreux fonctionnaires à des stages de formation ou de recyclage. Si l'on songe que certaines entreprises n'hésitent pas à consacrer à cet objet des crédits


pouvant atteindre 5 pour cent de leur budget total, les montants que nous pouvons lui affecter apparaissent dérisoires.

Quoi qu'il en soit, mes propositions ont reçu l'approbation du Comité du programme, du Comité financier et du Conseil, même si la question de leur financement n'est pas encore réglée à la satisfaction générale. Le Programme de travail et budget va être encore une fois examiné par la Commission II avant de vous être présenté pour adoption définitive. Je le recommande chaleureusement à votre approbation, car je le crois nécessaire, intimement- lié à la mise en oeuvre des stratégies définies par la Conférence de Rio et la CIN, et donc partie intégrante d'un effort indispensable à la survie de l'humanité. Tout y est utile, il ne laisse place à aucun gaspillage. Vous qui m'avez tant de fois manifesté votre confiance, je vous demande une dernière fois de me la donner en approuvant à l'unanimité les propositions qui vous sont soumises et dont dépend l’avenir de la FAO.

Je peux vous dire que ce Programme de travail et budget va vous coûter beaucoup moins que celui de 1992-93 et que les contributions en dollars seront inférieures. Je pense que ceci est unique dans les annales de la FAO. Si nous regardons les contributions que vous devez verser aux budgets d'organisations spécialisées du même niveau que la FAO - je pense à l'Organisation mondiale de la santé et au Bureau international du travail dont les budgets biannuels ont déjà été approuvés - nous voyons que vos contributions pour 1994-95 vont être supérieures à plus de 10 pour cent de ce qu'elles étaient pour 1992-93. A la FAO vous aurez à payer 10 pour cent en moins.

Du reste, le Programme de travail et budget ne constitue pas un cadre rigide; il se prête aux accommodements que peuvent nécessiter l'apparition de problèmes imprévus ou les besoins des Etats Membres. Mon successeur ne va pas se trouver ligoté dans une camisole de force; il disposera d'une certaine marge de manoeuvre pour diriger une institution qui, dans le système des Nations Unies, se place au premier rang - non seulement parce que la nourriture est le premier des besoins de l'être humain, mais aussi parce que la nutrition et l’environnement concernent tous les habitants de la Terre et que 80 pour cent d'entre eux, qui peuplent le tiers monde, ont un intérêt vital à l'action que nous menons en matière de production et de commerce agricoles, de sécurité alimentaire et de développement rural.

Pour assurer l'exécution de ce Programme, j'ai conscience de laisser à mon successeur une équipe de haute valeur, parfaitement rodée et possédant toutes les qualités voulues en matière de programmation et d'administration aussi bien que d'analyse et de technique. Elle a fait de grandes choses: elle en fera encore.

Rien ne peut mieux illustrer la façon dont elle sait répondre aux sollicitations les plus urgentes et les plus imprévues que les succès remportés contre la lucilie bouchère ou les récentes invasions de criquets pèlerins. Rien n'atteste mieux sa compétence que les travaux sur l'agriculture et le développement durables qui ont trouvé leur expression dans les conférences de Den Bosch et de Rio de Janeiro, ou encore la contribution décisive qu'elle a fournie à la Conférence internationale sur la nutrition.

Au moment de quitter mes fonctions, je suis heureux et fier que cette équipe dispose désormais de locaux et de moyens de travail à la hauteur de sa mission. Tout en demeurant au coeur d'un site urbain qui est sans doute


le plus beau du monde, la voici réunie dans un même ensemble d'édifices, auquel va pouvoir s'ajouter un bâtiment supplémentaire, ce qui devrait amplement couvrir nos besoins pour les 20 ou 25 prochaines années. Nous devons ces installations à la générosité de notre pays hôte, et le Président de la République italienne nous a fait l'honneur de venir les inaugurer. Je suis sûr que la Conférence tiendra à lui exprimer, comme je l'ai fait moi-même, la profonde gratitude de l'Organisation.

De même, nous disposons maintenant d'un équipement efficace qui représente le dernier- cri de la bureautique et de l'informatique. Un système de communication sophistiqué permet à chaque agent d'être relié à tous par téléphone et par courrier électronique. Des dizaines de banques de données peuvent fournir à chacun, de façon quasi instantanée, des renseignements dont la recherche absorbait auparavant un temps précieux. Là encore, je veux remercier le Gouvernement italien de son importante contribution à l'acquisition et à la mise en place du matériel. Le développement des réseaux opérationnels doit beaucoup au travail acharné de mon regretté collègue Milan Trkulja, Directeur de la Division des Statistiques, qui s'y est consacré jusqu'à son décès prématuré. Permettez-moi de saluer ici la mémoire de ce grand serviteur de la communauté internationale, qui avait assuré pendant huit années la présidence du Comité du programme avant d'entrer au Secrétariat.

Voici donc notre FAO matériellement et moralement préparée à affronter les défis du 21ème siècle. Tout ce que je vous ai dit aujourd'hui - et aussi tout ce que j'ai cherché à faire au long de ces 18 années - atteste la conscience aiguë que j'ai de l'ampleur de ces enjeux et de leur importance capitale pour le développement harmonieux et même pour la survie de l’espèce humaine.

Dans cette perspective, les travaux de la session qui commence me semblent revêtir, s'il se pouvait, plus de valeur encore qu'à l'accoutumée. Je souhaite de tout coeur que, sous la conduite éclairée de votre Président, ce Sommet de l'agriculture mondiale se déroule dans un climat de dialogue, de compréhension réciproque et de concertation confiante qui lui permettra de porter les fruits qu'en attendent les ruraux du monde entier, mais aussi tous les habitants de notre vieille et toujours jeune planète.

Je vous remercie.

Applause
Applaudissements
Aplausos

CHAIRMAN: We have had a most impressive statement from the Director-General. It has been a comprehensive statement in which he painted a vivid picture of the social and economic situations in the world today. He proceeded to examine the role that FAO will need to play in discharging its functions against that particular backdrop. In the final analysis, he has assured us that FAO is materially and morally ready to fulfil its very important mandate.

The Director-General has examined the constraints against which FAO operates and has sought your support for the unanimous support of the budget which will be placed before you - a zero growth budget, he has


pointed out, in a situation in which the demands on FAO are constantly increasing if it is successfully to discharge its mandate.

The groundwork has been laid by the Director-General in his statement for a full debate during this and following sessions on the role that FAO has to play. I now call on the Independent Chairman of Council, Mr Antoine Saintraint, to make his statement to the Conference.

INDEPENDENT CHAIRMAN OF COUNCIL'S STATEMENT TO THE CONFERENCE
DECLARATION
DU PRESIDENT INDEPENDANT DU CONSEIL A LA CONFERENCE
DECLARACION DEL PRESIDENTE INDEPENDIENTE DEL CONSEJO A LA CONFERENCIA

Antoine SAINTRAINT (Président indépendant du Conseil): Il m'appartient, après le remarquable discours du Directeur général, Edouard Saouma, en ma qualité de Président indépendant du Conseil, de vous faire rapport des activités de votre Conseil et de son Président durant ces deux dernières années.

Je diviserai mon exposé en deux parties :

- la première tendant à fournir une synthèse des activités du Conseil ; les questions de principe que la Conférence doit examiner se trouvent toutes reprises dans le projet d'ordre du jour de la Conférence, déjà adopté ;

- la seconde partie me donnera l'occasion de vous faire part d'un certain nombre de considérations qu'après avoir exercé mes fonctions j'estime devoir faire. Ces considérations proviennent des conclusions que j'ai pu tirer de ma présidence au cours des deux mandats et de ma participation aux diverses sessions des comités restreints du Conseil.

Votre Conseil, Monsieur le Président, a tenu quatre sessions importantes depuis la dernière conférence de novembre 1991 : la l0lème, 102ème, 103ème et 104ème session du Conseil. Comme de coutume, lors de la lOlème session, il fut procédé aux différentes élections des comités restreints : Comité du Programme, Comité financier, Comité des questions constitutionnelles et juridiques, et il fut procédé aussi aux élections des membres du Comité des politiques et programmes d'aide alimentaire du PAM.

Durant l'année 1992, en ma qualité de Président du Conseil, j'ai pu suivre les différentes conférences régionales de la FAO : en février à Delhi, pour la Région Asie-Pacifique, en mai à Téhéran, pour la Région Proche-Orient, en juillet à Accra, pour la Région Afrique, en août à Prague, pour la Région Europe et enfin, en septembre à Montevideo, pour la Région Amérique latine et Caraïbes. J'ai pu mesurer l'importance considérable de la dimension régionale des activités de la FAO dans le monde. Je crois profondément que le rôle des bureaux régionaux est essentiel et devra être renforcé dans l'avenir avec des moyens financiers plus importants.

Le Conseil a tenu une session brève mais très dense en novembre 1992 et a pu se pencher sur toutes les questions importantes qui ont fait l'objet d'un rapport très exhaustif.

Les rapports des 64ème et 65ème sessions du Comité du Programme et des 73ème et 74ème sessions du Comité financier furent longuement examinés, ainsi que les rapports des 58ème et 59ème sessions du Comité des questions constitutionnelles et juridiques. Des progrès importants purent être


enregistrés dans le domaine des pêches internationales, principalement en ce qui concerne la pêche responsable et le régime juridique de la pêche en haute mer.

Seul, un amendement, tendant à incorporer dans le règlement financier les dispositions des résolutions pertinentes de la Conférence concernant le compte de réserve spécial, n'a pu aboutir devant l'obstruction faite par une petite minorité des Membres du Conseil : la Conférence étant souveraine, ces résolutions ont la même portée et valeur que les règlements financiera, mais il eut été plus clair d'incorporer les décisions prises dans le règlement d'ordre financier de l'Organisation.

Lors de cette session, des progrès purent être enregistrés en ce qui concerne la création d'un groupe consultatif sur le programme d'action forestier tropical ; j'ai personnellement beaucoup travaillé à préparer une décision favorable, qui fut prise lors de la session de juin 1993.

Durant la 103ème session de juin 1993, le Conseil a examiné les rapports d'une série de Comités : Sécurité alimentaire mondiale, Agriculture, Pêches, Forêts, etc. Les rapports des 75ème et 76ème sessions du Comité financier, ainsi que les rapports des 66ème et 67ème sessions du Comité des Programmes furent également examinés.

Le Programme 1992-93 fut étudié dans le détail ainsi que le projet de Programme de travail et budget 1994-95.

La création du groupe consultatif du PAFT fut décidée à l'unanimité. Il ne reste qu'à trouver le financement pour permettre le démarrage des activités du groupe et l'on peut espérer que ce sera possible dans un avenir pas trop lointain.

Le rapport de la 67ème session du Comité des questions constitutionnelles et juridiques fit l'objet d'un examen approfondi et, grâce à la constitution d'un Comité technique, des progrès sérieux purent être actes en ce qui concerne le projet d'accord sur l'attribution d'un pavillon aux navires péchant en haute mer. Lors de sa dernière session de début novembre, votre Conseil a déjà soigneusement préparé la 27ème session de la Conférence de la FAO, actuellement en cours.

Pendant sa 104ème session, votre Conseil, Monsieur le Président, a examiné entre autres les rapports de la 68ème session du Comité des Programmes et de la 77ème session du Comité financier. Elle a aussi étudié le rapport de la 61ème session du CQCJ.

Grâce au travail effectué dans une atmosphère qui fut toujours extrêmement franche, ouverte et agréable, votre Conseil a pu, ces deux dernières années, prendre dans la sphère de ses compétences une série de décisions importantes et préparer pour la Conférence des résolutions dont il sera discuté dans les jours qui viennent et qui, j'en suis convaincu, pourront faire l'objet de résolutions rencontrant l'accord de la grande majorité, si pas de l'unanimité des Membres de la FAO.

Le Programme de travail et budget 1994-95 fit l'objet de très longues discussions. Toutes les explications ont été fournies avec patience et minutie ; toutes les questions ont reçu réponse. Je ne puis que remercier le Secrétariat de la FAO car il a accompli une tâche que seuls ceux qui ont pu suivre l'élaboration du budget depuis février 1993 à ce jour apprécieront réellement.


Le Conseil de la FAO a fait face dans des conditions difficiles à une tâche, parfois ingrate, mais passionante, car elle a réellement "collé" à la vie de l'Organisation. Je n'en dirai pas plus. Les excellents rapports publiés à l'issue de chacun des Conseils sont des documents de référence importants qui méritent d'être consultés et de l'être souvent. Ils m'ont permis d'être bref dans ce rapport succinct que je viens de vous présenter et me permettront d'être un peu plus long dans la seconde partie où, comme je vous l'ai signalé, je vous fais part de quelques considérations, peut-être trop sommaires mais qui, je l'espère, constitueront des pistes de réflexion-pour le Conseil et ses organes subsidiaires dans l'avenir.

J'en viens maintenant, Monsieur le Président, à cette seconde partie de mon exposé que je voudrais la plus concrète et opérationnelle possible.

Les circonstances de la vie ont fait qu'avant d'être élu en 1989, au terme d'une compétition qui fut pour moi parfois assez pénible, j'ai pu durant trois années exercer les fonctions d'Ambassadeur, représentant permanent auprès des Organisations des Nations Unies à Rome. J'ai appris à connaître, petit à petit, notre Organisation : ses points forts, ses points faibles, au fil d'une patiente et longue recherche. Monsieur le Président, j'ai entendu tellement de jugements à l’emporte-pièce, rencontré tant de personnages ayant tout vu et tout compris et portant des jugements définitifs sur l'Organisation, sans en connaître rien, ou si peu! Tant de fois j'ai entendu parler de la lourdeur des agences spécialisées des Nations Unies, de leur pesanteur et de leur incapacité à répondre aux défis que doit affronter notre monde. J'ai moi-même, dans le passé, partagé cette approche. Monsieur le Président, j'ai vécu plus de dix ans dans le continent africain, plus de huit ans en Amérique latine et j'ai beaucoup voyagé en Asie. J'ai cru en la coopération bilatérale, avant d'assister à sa progressive décomposition, à son effondrement quasi total et complet, dans des nostalgies d'un passé définitivement révolu. Récemment encore, on me parlait des discussions et discours stériles et vains des grandes assemblées des Nations Unies où l'on perdait tant de temps à des jeux ne débouchant sur rien de précis, de concret ni d'opérationnel.

Cependant les problèmes de notre planète et la dimension des enjeux m'ont profondément convaincu de la faillite totale des relations uniquement bilatérales et, par mon expérience du système multilatéral, j'ai compris qu'il reste la seule voie possible pour l'établissement de stratégies d'ensemble et de vision globale des problèmes. La coopération internationale, même pour ceux qui n'y croient pas, même pour ceux qui n'y croient guère, s'impose parce qu'aucun pays ne peut plus vivre en autarcie et parce que chaque problème doit nécessairement se régler dans une vision globale.

J'ai toujours, en ce qui me concerne, été effrayé par la dimension du fossé qui sépare les discours et déclarations d'intention des actes, et j'ai rarement trouvé la traduction des concepts et idées en actions et opérations. On se gargarise de mots, on discute des grands problèmes, on parle de développement durable et, dans l'incapacité de prolongements concrets dans des projets et programmes qui impliquent des sacrifices importants, on établit des commissions. Qu'en résulte-t-il, de ces séminaires, de ces caucus, de ces shows, sans suivi et très souvent sans lendemain? Les démocraties parlementaires vivent dans des perspectives à court terme, quatre ans, cinq ans, six ans parfois, en bref la durée de mandats parlementaires ou présidentiels.


Le système multilatéral a essentiellement comme tâche de poursuivre une vision à long terme. C'est la grandeur et l'immense difficulté que rencontre une organisation comme la nôtre qui, jusqu'à présent, a pu maintenir ses deux caractéristiques essentielles : être opérationnelle et rester démocratique.

La FAO, qui est un centre d'information et de renseignements unique au monde, est aussi un forum technique et politique sur tous les grands problèmes de l'agriculture, de la forêt, de la pêche et de ses prolongements naturels, principalement "environnement et nutrition". La troisième mission de la FAO, après sa tâche de documentation et d'information, et sa mission de forum technique et politique, est bien sûr le programme de terrain dont on a beaucoup parlé dans ces locaux, depuis que le Directeur général a donné le meilleur de lui-même pour faire de l'Organisation autre chose qu'un centre d'études et de documentation au service de certains ... mais un centre capable de répondre sur le terrain par des projets et des programmes à toutes les interpellations qui se posent avec acuité dans le monde.

J'ai souvent dit que les projets et programmes de terrain étaient la vie, le sang et le moteur de notre Organisation. Je crois aussi, profondément, qu'à force de dire et de redire un certain nombre de vérités fondamentales, certains messages, ou éléments de message, finissent par passer. J'ai pu noter en quatre ans un changement de mentalité. Plus personne n'oserait mettre en cause ouvertement le programme de terrain, le programme de coopération technique, la représentation de la FAO dans les différents pays du monde. L'interpénétration entre les niveaux scientifiques et techniques des différents services techniques de la FAO et les programmes de terrain sont d'une telle évidence qu'on peut se demander comment on a pu en discuter pendant tant de temps. Peut-on une seconde imaginer l'existence d'un service valable dans le domaine vétérinaire, dans le domaine du service de la nutrition des plantes, dans le domaine du service des eaux, du service des sols, de la pêche, de la forêt, de la sécurité alimentaire, de la nutrition... sans prolongements sur le terrain dans des activités précises, concrètes, de qualité et apportant, de façon désintéressée (ce que les coopérations bilatérales ne font quasi jamais), les transferts de techniques et de technologie de pointe.

Le programme de terrain ne peut vivre sans un siège fort, compétent et expérimenté, et le personnel du siège ne peut avoir aucune valeur sans être impliqué et imbriqué dans des programmes de terrain.

Le seul reproche que je pourrais éventuellement adresser à notre Organisation est de donner parfois un poids trop grand (et cela provient des lourdeurs administratives) à certaines divisions de support et de soutien qui, au lieu d'être des leviers d'activités, constituent certains freins.

Les grandes difficultés financières qu'a connues l'Organisation ont empêché le renouvellement du personnel qui doit pouvoir garder sa grande compétence et son niveau de formation, sans cesse amélioré, ce qui n'est plus, hélas, possible dans l'immédiat. Il faudra pouvoir faire en sorte que tous les Membres de notre Organisation soient conscients des responsabilités qu'ils portent et, si certain pays ne s'estiment pas capables d'assumer certains pourcentages de contribution, il me paraît préférable que ce pourcentage soit diminué, mais qu'il soit effectivement honoré. La vie internationale nécessite que les obligations souscrites par les Etats ne soient pas soumises uniquement à des rouages nationaux, mais qu'elles relèvent du


respect d'un droit international, qui s'élabore doucement, dans beaucoup de heurts, de déchirements et de difficultés, mais qui devra, demain, régir notre vie en commun.

Je ne peux pas, en traitant de l'interdépendance des activités du siège et du programme de terrain, ne pas évoquer l’interrelation existant également sur le plan budgétaire entre le programme ordinaire et le programme de terrain. J'ai entendu bien souvent des plaidoyers demandant, au nom de la transparence, que le programme ordinaire ne puisse financer le programme de terrain, oe qui, bien sûr, montre que certains n'ont rien compris encore aux fonctions et responsabilités de notre Organisation. Il ne s'agit en effet pas seulement de moyens financiers, mais principalement de transfert de connaissances, de compétences et d'intelligence, qu'il est difficile ou impossible de peser en moyens monétaires.

Si une part de programme ordinaire sert à des programmes de terrain, tant mieux! Et je dis à tous ceux qui veulent, au nom de la transparence, refuser des moyens financiers du programme ordinaire pour des programmes de terrain, et ils sont quasi tous des représentants de pays n'ayant pas de programmes en fonds fiduciaires, qu'ils vont à contre-courant des orientations fondamentales de la FAO et de tout l'esprit qui, il y a bientôt un demi-siècle, a présidé à sa création. Je ne puis que leur conseiller la relecture du préambule de notre Acte exécutif, et de dire, une fois de plus, que les moyens financiers mis à la disposition de notre Organisation sont absolument dérisoires par rapport aux besoins du monde. Le budget ordinaire de la FAO, pour deux ans, représente moins que le budget de coopération d'un an d'un petit pays comme le mien, qui ne parvient pas à l'utiliser avec un minimum d'efficacité! Rappeler que la population de notre planète (cela a déjà été fait si souvent) va passer de 5 à 8 milliards en moins d'un quart de siècle, rappeler que la population du monde s'accroît de 250 000 personnes par jour, rappeler qu'un milliard d'êtres humains souffrent de sous-alimentâtion ... cela a déjà été dit et redit dans cette salle. Un jour, j'ai dit, je m'en souviens, lors d'une Conférence de la FAO, que le commerce de l'alimentation de quelques espèces de petits animaux domestiques (chats, chiens, canaris) représente un montant immensément plus important que les moyens budgétaires et extrabudgétaires de la FAO! J'ai souvent souffert d'entendre certains discours prononcés par d'aucuns, défendant des positions égoïstes moralement insoutenables. Je respecte les hommes et les femmes qui les défendent, mais lutterai sans relâche pour combattre des privilèges révolus.

Que de fois n'ai-je pas entendu dire que les pays riches connaissaient aussi leurs difficultés, mais peut-on décemment comparer la situation d'un pays ayant un produit national par tête d'habitant de 18 000 dollars avec la situation d'un pays dont le PNB par habitant n'atteint pas les 600 dollars.

Que de fois n'ai-je pas entendu défendre, en des groupes informels, groupes de pression défenseurs d'intérêts des puissants de ce monde parler de la croissance zéro. Cette contradiction interne des termes recouvre bien des égoismes et des refus de la construction solidaire de la planète. La croissance zéro est non seulement une non-croissance, mais c'est surtout un recul permanent, conscient, constant, face aux besoins qui ne font qu'augmenter.

Je n'ai pas entendu beaucoup de voix s ‘ élever contre ce concept de croissance zéro, qui est un non-sens total et qui relève du domaine de l'absurde. On assiste, alors que des moyens financiers, de plus en plus


considérables, échappent quasi totalement aux pouvoirs nationaux et se meuvent avec la rapidité de l'électronique au-delà de toutes frontières, à une série de replis, d'égoismes frileux, frisant l'indifférence la plus complète. Qu'on est loin maintenant des engagements internationaux de consacrer 0,7 pour cent du PNB à la coopération internationale! Les problèmes ne font qu'augmenter : pollution, dégradation de l'environnement, croissance des mégapoles, besoins de secours d'urgence ... et les moyens ne font que diminuer.

Quelques rares pays ont atteint l'objectif fixé il y a un quart de siècle. Ils remettent hélas, trop souvent en cause leurs engagements, et ceux qui n'ont jamais atteint l'objectif, ne font même plus l'effort nécessaire à l'amélioration de la situation. On assiste du reste pour le moment, à un glissement effrayant des moyens qui devraient être affectés au développement vers des opérations dites "humanitaires", en réalité des opérations de police qui financièrement sont de plus en plus difficilement couvertes.

Pour justifier le maintien d'un budget multilatéral réduit, j'ai entendu régulièrement certains membres de l'Organisation déclarer qu'il fallait fixer des priorités. Jamais, au grand jamais les groupes de réflexion informels n'ont pu établir quels étaient les domaines prioritaires par rapport aux domaines moins prioritaires, ou non prioritaires, ou aux secteurs à éliminer. Il est facile de faire des déclarations fracassantes sur la priorité à réserver à certains secteurs à la mode, encore faut-il aussi avoir le courage de déterminer ce que l'on peut négliger, réduire, ou même supprimer. La seule proposition concrète que j'aie entendue en quatre ans était de réduire le nombre de gardes, ce qui était une proposition plutôt farfelue!

Je sais qu'à l'heure actuelle, compte tenu de l'extraordinaire diffusion des moyens de communication et d'information beaucoup se posent la question de savoir s'il est encore possible et raisonnable, de poursuivre une aide au développement, et s'il ne vaudrait pas mieux concentrer les moyens sur l'aide alimentaire, les secours d'urgence et le problème de la dette, pour colmater des brèches, et mieux préparer le futur. On oublie trop souvent que les pays dits "développés" ont connu des siècles de luttes intestines, de divisions, de déchirements, de famines, de violations des droits de l'homme. Aussi, malgré le matraquage des images télévisées, appartient-il à des organisations comme la nôtre de poursuivre leur tâche de développement, malgré les difficultés, tout en évitant soigneusement de prendre en otage des populations en se servant des crédits de coopération, comme moyens de pression politique. C'est une des grandes leçons que j'ai tirées de l'enseignement et de la vision d'un de mes prédécesseurs (on a déjà cité son nom, le Directeur général l'a cité), mort il y a 20 ans, Josué de Castro, qui a lutté toute sa vie pour l'amélioration du sort de la paysannerie du monde. L'on parle tant, à l'heure actuelle, des droits de l'homme, et l'on fait si peu pour permettre à l'être humain de satisfaire à sa première nécessité: se nourrir. Qu’a-t-on fait pour répondre à l'appel pressant lancé en ce qui concerne la Réserve alimentaire internationale d'urgence et l'amélioration des moyens de stockage par des procédés modernes, qui permettraient des réponses rapides à des situations de famine? Il en est de même du commerce international. On en a beaucoup parlé dans cette enceinte mais l'on oublie trop souvent que le commerce mondial concerne une partie si réduite de la population de ce monde. Quatre-vingt-sept pour cent du commerce international se fait pour 10 pour cent de la population du monde. Ne serait-il pas temps de faire un examen de conscience, et de voir pourquoi certains organismes dans lesquels on a


placé tant d'espoirs ne peuvent fonctionner. Je songe au Fonds commun des matières premières qui dispose de moyens dérisoires, et dont se retirent déjà des pays importants. Je me souviendrai toujours des réactions négatives et même violentes de ces pays auxquels je reprochais de se retirer d'organisations des Nations Unies. La solidarité dans le système multilatéral doit être globale et l'on ne peut imaginer être présent dans certaines organisations quand on y a intérêt, et être totalement absent quand on risque de devoir consentir certains sacrifices. J'ai fait, Monsieur le Président, en suivant les travaux des Comités restreints et en y participant, des expériences peu ordinaires. Le simple fait de donner une information objective dans toute sa crudité était considéré par certains comme une immixtion politique intolérable dont on estimait même qu'il n'y avait pas lieu d'en faire état.

J'ai dit qu'une des caractéristiques principales de notre Organisation, est d'être parvenue à rester démocratique. Que le pays soit riche ou pauvre, qu'il soit grand ou petit, il a le droit de faire entendre sa voix, il a le droit de faire valoir son point de vue et sa vision. Dans les pays démocratiques le milliardaire, comme le citoyen le plus pauvre, ont les mêmes droits politiques. Aussi je crois que le consensus recherché sur les questions délicates et litigieuses ne peut être l'expression de ce que j'ai appelé et que j'appelle "le commun dénominateur de la médiocrité". Le consensus pour certains est devenu ou devient une sorte de droit de véto pour arrêter et casser la volonté d'une très large majorité. Il y a un danger certain de voir la démocratie internationale barrée et enrayée par l'établissement d'une "soi-disant" règle du consensus. Celle-ci est impossible à atteindre si l'on veut faire face aux-grands défis du monde, transcender les égoismes nationaux et permettre plus de justice dans une économie mondiale où ne peut régner la loi de la jungle, c'est-à-dire: de la domination du faible par le fort.

Monsieur le Président, j'ai durant ces dernières années vécu un certain nombre de problèmes précis et concrets qui ont été abondamment discutés et qui ont été tranchés sans équivoque et de manière claire par la Conférence, organe supérieure de l'Organisation. Je citerai sans vouloir être exhaustif: le coefficient d'abattement pour mouvement de personnel, l'existence et le fonctionnement du Compte de réserve spécial, l'affectation des arriérés de contribution, ... sur tous ces sujets des décisions nettes ont été prise à une très large majorité, sur la base de documentation précise et de fourniture d'explications détaillées, cent fois répétées. Nonobstant, inlassablement certains lobby préoccupés essentiellement par la réduction des moyens d'action de l'Organisation, remettent en cause régulièrement des décisions prises démocratiquement en cette enceinte. La procédure de prise de décision doit, Monsieur le Président, rester démocratique. Ce serait saper les fondations de l'Organisation que de ne pas y veiller constamment.

J'ai vécu ces dernières années au sein de la FAO une période passionnante. Une période, où on a beaucoup parlé de réformes, de revues, de revitalisation à la fois de l'Organisation et de ses organes directeurs. On n'améliorera pas le fonctionnement des comités restreints si les pays ne sont pas conscients qu'ils doivent y déléguer des hommes et des femmes de grande classe et de qualité, ouverts sur le monde, généreux et progressistes, ce qui n'est, hélas, plus toujours le cas, à l'heure actuelle. Il en est de même pour le personnel du siège (et cela existe dans toutes les organisations internationales). Très souvent, des pays cherchent à se débarrasser d'éléments médiocres en les casant dans des organisations


internationales où seuls devraient se trouver les tout meilleurs éléments des Etats Membres.

J'ai souvent dit que la grande richesse de l'administration de la FAO provenait de la qualité de ses membres, de l'extraordinaire diversité des langues, des cultures, des traditions. Aussi faut-il lutter contre le népotisme et cette tendance de certains pays à vouloir se débarrasser de gêneurs en leur proposant un poste important dans le secteur multilatéral.

Ce secteur doit continuer, comme il l'est actuellement, à être occupé par des éléments, hommes et femmes, de très grande qualité.

L'esprit multilatéral nécessite aussi une grande souplesse dans l'application des quota.

On a beaucoup parlé de la réforme du système des Nations Unies et de la coordination des efforts de toutes les organisations internationales. J'ai étudié les plans de ceux qui se sont imaginé qu'il était possible de construire un édifice par le sommet et non par sa base. J'ai assisté à la crise profonde du PNUD, dont les conséquences sont si lourdes pour la FAO. Créer un Conseil de développement au sommet est un "non-sens" dans la mesure où, dans des domaines de la compétence de l'organisation, tout le monde s'occupe de tout et spécialement des sujets d'actualité. Environnement, développement durable, suivi de Rio, forêts, bois tropicaux, promotion de la femme, groupes de populations cibles, etc.

Les Nations Unies doivent se servir des grandes agences spécialisées en déterminant le plus précisément possible leur aire de compétence. Celle de la FAO est claire et nette, aussi est-il si regrettable de voir que certains problèmes (je prendrai l'exemple des forêts) sont discutés dans tant d'enceintes différentes, et qu'on en arrive à vouloir créer de nouveaux organes pour répondre à des missions qui sont l'essence propre de notre Organisation.

On pourrait bien sûr parler de ce thème d'abondance, mais je manquerais à tous mes devoirs si je n'évoquais pas la coordination indispensable des organismes s'occupant d'agriculture et surtout de ceux situés à Rome. J'ai déploré et je déplore que le Programme alimentaire mondial ait voulu se constituer en agence de développement séparée de la FAO alors qu'incontestablement les activités du programme sont complémentaires et interdépendantes. Certains pays ont, pour satisfaire de mesquines ambitions personnelles, contribué à couper tous les fils unissant notre Organisation au programme alimentaire. N'y avait-il pas aussi l'idée de pouvoir utiliser comme arme ce qui ne peut qu'être et rester une aide et un secours? Je sais qu'un jour il faudra renouer ces liens sectionnés. L'éloignement physique bien loin au fond de la Via Laurentina est déplorable; j'espère quand même que le PAM continuera à tenir ses grandes réunion à la FAO. Dans la négative, ce serait la victoire très précaire et provisoire de ceux qui ont voulu le divorce et l’éloignement. Il sera difficile, très difficile de renouer les liens, mais il faudra, un jour, s'atteler à cette tâche.

Ne faudrait-il pas, aussi, revoir les statuts et le fonctionnement du FIDA qui, de banque de développement, s'est constitué en agence de développement, prétendant apporter des solutions techniques sans en avoir les compétences, même si le Fonds dispose de moyens importants. Organiser tous les ans une grande conférence de gouverneurs, une série de manifestations sur les sujets les plus divers, en prétendant ainsi trouver une formule magique pour améliorer le sort des plus pauvres parmi les


pauvres, ne permet pas de remplir modestement sa tâche, qui devrait être d'assurer le financement de bons projets et programmes en parfaite articulation avec une agence opérationnelle comme la nôtre. Consentir des prêts en devises convertibles même à des conditions extrêmement douces ne peut que contribuer à alourdir la dette du tiers monde et placer un certain nombre de pays, qui devront rembourser en devises convertibles, dans une position impossible.

Améliorer le sort de la femme rurale, permettre aux paysans de mieux satisfaire à leurs nécessités n'a pas permis et ne permettra pas de générer des monnaies transférables. Peut-être faudrait-il que les pays, dans les différentes enceintes internationales, qui souvent sont représentés par des personnes différentes, sachent que la coordination ne se fera jamais que sous l'égide d'une autorité et d'un responsable. La coordination est une de ces tartes à la crème dont on parle beaucoup, mais il faudra du courage pour recentrer le rôle de la FAO cotuteur du Programme alimentaire mondial, et dont le FIDA devrait devenir, conformément à sa mission essentielle de Fonds de développement, un financier important. Ne faudrait-il pas repenser ce rôle en articulation avec le destin futur du centre d'investissement, où le rôle de la Banque mondiale et de l'AID devrait être clairement précisé.

Il en est de même en ce qui concerne l'articulation avec le Groupe de la consultatif recherche agronomique internationale où, à l'heure actuelle, chaque centre suit la politique décidée par sa direction propre, sans nécessairement s'adapter aux priorités des besoins du monde. Le rôle du Comité consultatif technique du GCRAI devrait être repensé pour permettre une meilleure articulation avec l'Organisation.

J'en arrive maintenant, Monsieur le Président, avant de conclure, à vous parler de la grande espérance qu'avait suscitée l'adhésion à la FAO d'une organisation d'intégration économique régionale, en l'occurrence la Communauté européenne. Lors de la Conférence de 1991, la CEE, grâce aux modifications des Textes fondamentaux de l'Organisation, fut admise à devenir membre à part entière de celle-ci. Une très longue négociation avait été menée et j'avais pu y participer de manière très active. La grande majorité des membres de l'Organisation soutint cette demande d'adhésion, moyennant la promesse de voir la Communauté participer activement aux programmes et projets de terrain de l'Organisation. Nous sommes conscients que nous vivons dans un monde unijambiste où il est nécessaire que des groupes comme le groupe européen, qui représente beaucoup plus que le tiers des contributions à la FAO, puissent jouer un rôle actif. Hélas, deux ans après cette adhésion, peu de progrès ont été réalisés. Un accord de coopération a pourtant été signé, ainsi qu'une convention sur les modalités pratiques et budgétaires de l'application de l'accord, en adoptant la méthode facile et pratique des fonds fiduciaires.

La Communauté souffre incontestablement de langueur, et la lourde machine administrative, divisée en une multitude de Directions générales, n'a pu répondre à l'immense espérance qu'avait suscité la présence à part entière de l'entité politique européenne à la FAO.

Un mécanisme de coordination fut mis en place à Bruxelles, sous l'égide de la Direction générale des relations extérieures avec une réunion hebdomadaire. Ce mécanisme a progressivement permis d'assurer peut-être une meilleure coordination mais je crois qu'il n'en est pas sorti tout ce que nous aurions pu espérer.


Pourtant, quittant les horizons d'un pré carré élargi, limité aux anciennes colonies de ses Etats Membres, la Communauté européenne, en dépassant les nationalismes étroits de ses composantes, pourrait jouer un rôle essentiel dans tous les secteurs d'activité de l'Organisation. Je dois avouer une très grande déception et même un certain sentiment de frustration. Compte tenu des promesses faites et des engagements pris, je ne pourrai que passer le flambeau à mon très prochain successeur, le nouveau Président indépendant du Conseil, que vous élirez en fin de cette Conférence. Je lui demanderai, avec beaucoup d'insistance, de veiller, en lui rappelant les engagements pris, à ce que la présence de la Communauté au sein de la FAO et du Conseil ne soit pas que symbolique, ne se limite pas à des discours reflétant le consensus de douze Etats Membres obtenu par un nivellement par le bas. Une présence enthousiaste et dynamique appuyée par les moyens financiers très importants dont l'Europe dispose doit permettre demain de mieux faire face au formidable défi que jamais dans le passé le monde n'a connu. Je crois pouvoir espérer que la Communauté politique européenne pourra contribuer efficacement à un développement harmonieux, condition de notre survie.

Je termine cet exposé, peut-être trop long, mais loin d'être complet. Je n'ai pas évoqué par exemple l'important rôle nominatif de la FAO, sa fonction de catalyseur, de conseil aux gouvernements. Je n'ai probablement pas assez souligné le rôle du paysan du tiers monde et la nécessité de réfléchir à la place qu'il doit occuper.

J'aurais dû aussi souligner le rôle des bureaux nationaux et régionaux de la FAO et insister sur une décentralisation indispensable vers les bureaux régionaux qui devraient voir leur mission élargie.

Je me dois d'adresser mes remerciements aux amis qui, en 1989, ont soutenu ma candidature au poste important de Président de votre Conseil. Merci aussi à la majorité de la communauté internationale qui m'a fait confiance et m'a élu. Merci à tous ceux qui ont combattu ma candidature, me forçant ainsi à rencontrer leurs argumentations, à préciser ma pensée et à développer une vision qui pourra, peut-être, faciliter quelque peu l'accomplissement de la tâche formidable que doit assumer notre Organisation. Le monde progresse dans beaucoup de divisions et d'affrontements. Il progresse et progressera aussi dans la solidarité, la fraternité et le souci constant du mieux-être des plus pauvres et des plus démunis. J'ai beaucoup aimé le qualificatif "d'indépendant" attribué à la fonction que j'ai exercée. L'indépendance n'est ni la neutralité, ni l'impartialité. Je crois avoir été souvent partial, mais si je le fus c'est dans la ligne qui me fut tracée par beaucoup de mes prédécesseurs. J'ai tenté ainsi de contribuer quelque peu au maintien des orientations définies par l'Acte constitutif de notre Organisation.

"Chacun est responsable de tout devant tous" a écrit Dostoïevski dans son grand roman Les frères Karamazov. C'est dans cet esprit que j'ai travaillé modestement et c'est cette vision que je souhaite voir partagée par chacun d’entre nous.

Je vous remercie, Monsieur le Président.

Applause
Applaudissements
Aplausos


CHAIRMAN: Thank you, Mr Saintraint, for your very stimulating statement. You remarked at the close that you had not covered all the subjects on which you would wish to have had the opportunity to speak. However, in fact, in the early part of your statement you gave proper account of your stewardship since we last convened two years ago, and a full report of the work of the FAO Council.

In the second part of your statement, you came out in strong defence of FAO as a multilateral organization capable of responding to all the challenges which will- arise.

I think Conference will agree that your statement was a frank one. It was a statement in which you spoke plainly, you spoke feelingly and in which you gave us much food for thought.

I would encourage all those delegates who did not avail themselves of the opportunity of hearing firsthand the statement of the Independent Chairman of the Council, to be certain that they get a copy, so that they can read and inwardly digest it. It will be of assistance to every delegate assembled here at this Conference.

I wish to thank you very much, Mr Saintraint, for your excellent, powerful and hard-hitting statement.

POINT OF ORDER
POINT
D'ORDRE
PUNTO DE ORDEN

Constantin G. POLITIS (Greece): I want to express my congratulations and deep appreciation for the excellent speech of the Independent Chairman of the Council.

I am obliged to draw the Chairman's attention to this matter. It is a point of order. There was one inaccuracy which most probably slipped inadvertently into his speech. He was speaking about the European Community and mentioned the relationship of the Member States of the ex-colonies. He was speaking in very general terms. I want to draw his attention and the attention of the honourable delegates to the fact that there are some members of the European Community which have never been colonial powers, especially my own country, Greece. We have never been a colonial power. On the contrary, Greece has always been on the side of people struggling for their liberation and has paid a considerable price for its principal policies.

CHAIRMAN: We are grateful for that comment from Greece. We have taken note of your intervention.

Juan NUIRY SANCHEZ (Cuba): Entendemos, señor Presidente, que en esta cuarta Sesión Plenaria del dia de hoy de esta Conferencia en la cual el señor Saouma decía que era la cumbre de la agricultura y la alimentación mundial, hemos tenido la oportunidad, como usted ha recalcado, señor Presidente, de oír dos magistrales piezas oratorias de contenido humano y de realidad política existente. Por lo cual, en nombre de mi Delegación, las intervenciones del señor Saouma y del señor Saintraint las calificamos


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de magistrales por su sentido práctico de la realidad de un mundo complejo y difícil en el que vivimos.

Nosotros entendemos, señor Presidente, que ambas declaraciones deben ser repartidas en todos los idiomas oficiales, y no solamente en el verbatim, que lo recogería solamente en una lengua. Por su importancia, que usted recalcó, señor Presidente, creemos que ambas declaraciones deben ser repartidas en esta Conferencia en los distintos idiomas oficiales.

GENERAL DISCUSSION
DEBAT GENERAL
DEBATE GENERAL

- STATEMENTS BY HEADS OF DELEGATIONS
- DECLARATIONS DES CHEFS DE DELEGATION
- MANIFESTACIONES POR LOS JEFES DE LAS DELEGACIONES

CHAIRMAN: I am advised that the statement of the Director-General is already available in all languages. I do hope that that of the Independent Chairman of the Council can be made available in all languages so that delegates will have the opportunity of reading it.

We will now begin the general discussion proper.

I will give the floor to the Heads of Delegations who have requested speaking time in advance, as listed in today's order of the day. You will recall that Conference agreed to the Council's suggestion that Heads of Delegations, as at previous sessions, limit their statements to a maximum of 15 minutes. We have many requests for speaking time. This is really the only way to proceed. I would refer you to paragraphs 19-23 of document C 93/12 which we approved on Saturday, 6 November. In order to help speakers, there are two lights on the lectern. The white light will come on after 12 minutes and the red one after 15 minutes.

In view of the large number of speakers and the limited time at our disposal, may I appeal to you all to limit yourselves to the 15 minutes indicated.

Alfredo DIANA (Italie): Monsieur le Président, Monsieur le Directeur général, Messieurs les délégués, je suis particulièrement heureux et honoré de prendre la parole à l'occasion de cette Conférence en qualité de représentant du gouvernement du pays où siège la FAO depuis plus de quarante ans.

Permettez-moi avant tout d'exprimer mes plus vives et chaleureuses félicitations au nouveau Directeur général de l'Organisation, personne dont tout le monde connaît la grande expérience et les qualités professionnelles et humaines; je lui souhaite très sincèrement le meilleur succès dans l'exercice de ses fonctions d'une si haute responsabilité.

Notre appréciation la plus sincère et nos remerciements les plus vifs vont aussi à M. Edouard Saouma, le Directeur général sortant, qui a fortement contribué pendant dix-huit ans à la croissance de l'Organisation et à la politique de soutien social et économique des pays en développement. je


voudrais lui souhaiter de tout coeur le même succès dans les activités à venir.

J'aimerais, de même, souligner les excellents résultats atteints par la FAO au cours de l'année 1992, bien que les disponibilités financières soient restées, au fond, inchangées par rapport à la période précédente.

Je ne peux pas manquer, enfin, d'exprimer mes félicitations à l'égard du programme de travail qui nous est proposé pour les deux années à venir; malheureusement, ce programme devra se confronter à un bilan pratiquement inchangé.

Malgré cette situation défavorable, j'espère toutefois qu'on puisse faire face, comme je l'ai déjà mentionné à l'occasion de la récente Journée mondiale de l'alimentation aux croissants défis qui nous sont imposés par l'augmentation progressive de la population mondiale et par les besoins alimentaires de plus en plus dramatiques qui en sont la conséquence.

Je voudrais maintenant vous présenter brièvement les deux lignes directrices fondamentales qui sont à la base de la politique italienne en matière d'assistance aux pays en voie de développement.

D'une part, notre pays s'efforce de donner une suite concrète, dans les limites du possible, à deux principes étroitement liés, c'est-à-dire le "Good Governance" et le "Institution building".

Dans ce cadre, le soutien italien - qui depuis 1992 se monte dans l'ensemble à 0,31 pour cent du PIB - s'oriente principalement vers trois secteurs que nous avons considérés comme prioritaires.

Premièrement, ce sont les programmes qui visent l'organisation, la restructuration et l'amélioration des appareils administratifs locaux: notre objectif est celui de favoriser, là où les conditions le permettent, la réalisation des processus de décentralisation administrative.

Deuxièmement, notre philosophie de l'aide au développement nous conduit à soutenir des initiatives susceptibles d'introduire des éléments de "certitude du droit" dans l'action des pouvoirs publics.

Et enfin, il faut mentionner les efforts visant à favoriser la mise en place et le développement des petites entreprises locales, que nous jugeons être un facteur déterminant pour une croissance équilibrée.

D'autre part, l'Italie considère comme son propre devoir - et ceci en plein accord avec l'action des principaux pays industrialisés et des organismes multilatéraux de coopération - d'intervenir avec des aides économiques là où l'on se trouve en présence de situations de crise politique; néanmoins, il faut remarquer que l'assistance bilatérale aux pays en voie de développement s'est progressivement réduite ces dernières années, au profit d'aides de type plutôt multilatéral.

Il est évident que la nécessité d'un cofinancement des programmes trouve sa principale raison d'être dans les problèmes de bilan résultant des persistantes crises économiques.

Il existe cependant d'autres motifs qui ont induit l'Italie à préférer l’aide fournie par l’intermédiaire des grandes organisations multilatérales: nous avons estimé, en effet, que l’emiettement excessif des


interventions pouvait, d'un côté, réduire, et dans certains cas voir rendre vaine l'efficacité de l'effort financier.

D'un autre côté, nous avons considéré qu'en ce qui concerne la gestion, l'efficacité et les contrôles de l'utilisation correcte des fonds disponibles, de plus grandes garanties pouvaient être offertes par les structures opératives des organismes tels que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

Nous savons que ces derniers, dans le cadre des efforts visant à soutenir les économies des pays en voie de développement, se servent, entre autres, de fonds particuliers. Il s'agit de fonds destinés essentiellement à faciliter les arrangements structurels, considérés comme indispensables pour certains pays qui doivent faire face à de persistants problèmes de la balance des paiements. C'est le cas par exemple, des fonds alloués par "Enhanced Structural Adjustment Facility", auxquels l'Italie participe de manière considérable.

Néanmoins - et je ne fais qu'exprimer une idée personnelle -, je pense que des projets bilatéraux de coopération, qui soient gérés conjointement par le pays donateur et le pays bénéficiaire, puissent revêtir une utilité incontestable, surtout dans le secteur agricole et agro-alimentaire.

Il faudrait d'ailleurs réaliser de tels programmes tout en utilisant des technologies moins sophistiquées, et qui puissent en même temps s'adapter aux besoins, aux traditions et aux capacités d'assimilation des populations assistées.

Du côté italien, de toute manière, nous continuons à encourager et à favoriser une action de coordination de l'aide bilatérale avec celle multilatérale, dans le cadre des comités consultatifs opérant auprès des organismes internationaux que je viens de citer.

L'allusion que j'ai faite au secteur agricole et à celui de l'alimentation m'induit à prononcer encore quelques mots pour rappeler les aspects les plus saillants de la collaboration entre l'Italie et la FAO pendant ces dix dernières années.

Entre 1982 et 1992, la contribution italienne a permis de financer plus de 130 projets pour une valeur globale de quelque 340 millions de dollars.

Pour la bonne réalisation et la gestion correcte d'un programme de si grande haleine, il est naturellement nécessaire d'adopter une approche innovatrice; c'est la raison pour laquelle nous avons prévu, dès les premières phases de la détermination de chaque projet jusqu'au dernier stade de leur évaluation finale, une intense et étroite collaboration entre la FAO et la Coopération italienne.

C'est dans cette perspective qu'a été constitué un Comité consultatif ITALIE/FAO qui a les caractéristiques d'un organe conjoint d'orientation du Programme et qui se réunit avec une périodicité annuelle.

Il existe, à côté du Comité, un "Panel technique" ITALIE/FAO. Ce dernier est un organe dont les fonctions sont de veiller sur la bonne application des principes qui sont à la base de la formulation de chaque projet, d'en évaluer l'efficacité et de proposer des interventions possibles pour le futur.


A partir de 1990, le Comité consultatif a considéré comme prioritaires les projets concernant la sauvegarde des forêts et du milieu, la sécurité alimentaire, le soutien institutionnel aux organes régionaux ou nationaux des pays en voie de développement qui ont la responsabilité de planifier le développement agricole.

Dans ce cadre, parmi les projets les plus significatifs auxquels nous avons donné la priorité, je peux citer le "Tropical Forestry Action Program" dont la finalité est un développement économique équilibré dans le milieu forestier-en Argentine et en Angola, et le Programme d'action sur la sécurité alimentaire, focalisé au Laos et au Viet Nam.

En ce qui concerne le soutien institutionnel, celui-ci a été mis en oeuvre avec succès dans des projets:

- en Albanie, pour adapter le Ministère de l'agriculture aux nouvelles conditions socio-politiques et économiques du pays;

- en Amérique du Sud, pour soutenir les politiques de programmation du développement agricole et de l'aquaculture;

- en Chine, pour mettre au point une méthodologie de recensement agricole à réaliser sur l'ensemble du territoire national.

De même, d'autres initiatives plus en relation avec les techniques productives ont été mises en marche. Je cite, par exemple, l'amélioration de la production de semences en Amérique du Sud et la diffusion de l'utilisation des fertilisants en Ethiopie.

Ce ne sont là que quelques projets de coopération les plus significatifs que l'Italie a soutenus, en les finançant partiellement ou entièrement, pour favoriser la réalisation de l’autosuffisance alimentaire de certaines zones particulièrement défavorisées.

Pour les années à venir, la Coopération italienne dans le secteur agro-alimentaire a aussi l'intention de promouvoir des programmes de plus en plus focalisés vers le domaine de la protection de l'environnement.

Nous désirons, de cette manière, donner une suite concrète aux indications de la Conférence de Rio de Janeiro, dans l'esprit de sincère solidarité qui a toujours marqué l'action de mon pays à l'égard des nations moins favorisées.

Permettez-moi, enfin, Messieurs les délégués, de souhaiter que cette Conférence sache trouver des réponses appropriées aux besoins vitaux d'une si grande partie du monde, tout en confirmant la pleine disponibilité de l'Italie à continuer de jouer son rôle.

Merci de votre attention.

Jochen BORCHERT (Germany): Ten months ago I took over the office of Minister of Agriculture from my predecessor, Minister Kiechle. I would like to continue the traditionally good cooperation with the FAO. I am pleased to have this opportunity to be able to speak to you at this Conference, all the more so since the FAO family has become considerably larger. I wish to extend to you, especially to the new members of the FAO, the best wishes of the Federal Government.


Allow me, Mr Chairman, to congratulate you on your election. I wish you every success in chairing this Conference.

The Conference elected a new Director-General yesterday. It is therefore especially important to me to thank you sincerely, Mr Saouma, as the outgoing Director-General, for your tireless efforts and for the good and trustful cooperation with the Federal Republic of Germany. You gave the FAO a new impetus, and over many years you shaped its image and the orientation of the FAO. I wish you the very best for your future.

I would also like to congratulate the new Director-General on his election. We hope that under your guidance it will be possible to bring the serious problems in the areas of agriculture, forestry and fisheries as well as in the food sector closer to a solution. We wish you every success in this great task.

In the future, Germany will also continue to work constructively in the various bodies within the FAO.

It is indeed distressing when the media show us pictures of starving people, of people who have to fight for their daily bread, of people whose only goal is to secure the necessities of life. It is of great concern to us if we see the devastating consequences of environmental destruction. Human distress, exploitation and destruction of nature, are all sad realities. All people, especially those who live in wealth and affluence, are called upon to help to solve these problems. In the relationship between developing and industrialized countries it is necessary to overcome the field of tension between hunger and affluence, between poverty and wealth.

The UN Conference on Development and the Environment - UNCED - which was held in June 1992 in Rio de Janeiro, clearly declared its position on this issue. Allow me to refer to some of the areas touched upon. At the UNCED Conference in Rio, for the first time world-wide principles were established for the management and conservation of forests. The Federal Government makes every effort to ensure that these principles will be regulated under international law to be binding on all. Because this is in our view an effective approach to finally achieving progress worldwide in forestry conservation. Due to its technical competence FAO can assume an important task of coordination and help to improve international cooperation in the joint implementation, but also in the further development of the forest decisions taken in Rio.

We therefore welcome the planned strengthening of the forestry sector within FAO. In fishery policy as well it is especially important to fill the framework with concrete measures which was established by UNCED for the use and conservation of fishery resources. Germany will fully support these measures. In this connection, I would like to thank the FAO for its great commitment.

On the 16th October the FAO celebrated the World Food Day and it was held under the motto "Harvesting Nature's Diversity". That is an important theme because since the beginning of this century there has been a considerable reduction in the genetic diversity of agricultural crops. The situation is similar for animal breeds. Genetic diversity is still much greater in developing countries than in industrialized ones, but it is also under threat in the developing countries. We should not merely bewail the losses but we must realise the causes and take appropriate measures in order to reverse the trend, because the poor in rural areas depend on biological


resources for 90 percent and biological diversity provides in addition a protective system for our planet. It is at the same time an important prerequisite in order to improve with the aid of breeding yields, quality and the resistance of crops to nutrient and water deficits as well as to diseases and pests.

The UNCED Conference in Rio also had a strong impact on this sector which led to the Convention on the Conservation of Biodiversity. The document on activities relating to sustainable development and environment submitted by FAO to this Conference session provides an excellent basis for discussions on this subject.

I have already referred to the field of tension between hunger and affluence. The imbalance caused by natural, political and economic conditions cannot be overcome just by redistribution, in the form of aid, for example. On the one hand, it is difficult owing to the partly different consumption habits to ensure food in the long run in line with requirements.

On the other hand food aid would hamper the economic development and self-initiative of recipient countries and establish the dependence on industrialized countries. Food aid should therefore be used only as an emergency measure, especially in those areas afflicted by natural catastrophes, war and expulsion. Germany supports the efforts of the FAO and provides in these cases substantial bilateral food aid. In addition to bilateral aid, we help to relieve emergency situations within the framework of the European Community and multilaterally through the WFP. Our main goal in development cooperation continues to be to provide help for self-help. Therefore, we concentrate on projects which aim at rural development to fight against poverty and to increase agricultural production for food security.

The EEC agricultural policy is again and again accused of adding to the problems of the developing countries. In my opinion, in this across-the-board way this accusation is not justified.

The fact is that in the member countries of the Community and in all the Western industrialized countries technical progress has brought about a huge rise in productivity which has not only provided food security, but has also led to agricultural over-production and has caused environmental and structural problems.

There is no question about it: as far as the European Community is concerned, the agricultural policy of the Community has favoured this development.

In this context, and in view of the problems caused by the surpluses in the Community, the Community decided last year to carry out a far-reaching reform of its agricultural policy which will involve a substantial reduction of price support for important products and part of the arable land will be set aside on a compulsory basis. Adjustment requirements within the framework of this reform are substantial, especially in the east of Germany.

Here, a radical structural change has taken place in agriculture since the realization of German Unity in 1990. This far-from-complete process is being observed with great interest by many countries, in particular in the previously centrally-planned countries of Central and Eastern Europe. The


Federal Government is aware of its responsibility and therefore supports the economic reform process also in those countries.

International agricultural trade can also greatly contribute to solving worldwide agricultural problems, and in this connection high hopes are being set on the termination of the GATT negotiations. In 1992, Germany was by far the largest importer of agricultural products at US$44.6 billion, and was in fourth place with agricultural exports of US$23.7 billion. In its trade with third countries - countries outside the EEC - German agricultural exports were worth US$7.5 billion but imports were US$14.5 billion, 51 percent of all imports from third countries came from developing countries. The agricultural trade deficit of Germany with developing countries amounted to US$5.9 billion.

These figures show how closely Germany is bound into world agricultural trade. Therefore, it is in the interest of our agriculture to achieve a prompt and successful outcome of the GATT negotiations. Certain protective interests must, however, be safeguarded. Finally, all countries will benefit from a conclusion of the GATT negotiations, that means from a strengthening of international trade, in particular also the developing countries.

The goal of FAO is to strive for a higher standard of living, improved nutrition, and to overcome hunger. Germany will continue to support FAO in these efforts. I wish every success to this year's Conference.

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Adel N. CORTAS (Liban) (Langue originale arabe): Monsieur le Président, Monsieur le Directeur général, Mesdames et Messieurs,

J'ai l'honneur de participer à cette vingt-septième session de la Conférence de la FAO au nom du Liban. Je saisis cette occasion pour vous présenter, Monsieur le Président, nos chaleureuses félicitations à l'occasion de votre élection à la tête de cette session. Vous êtes à la hauteur de cette haute fonction, car vous jouissez d'un talent et de qualités indéniables. Vous avez de plus une grande expérience dans les affaires de cette Organisation.

Je voudrais saluer Monsieur le nouveau Directeur général de cette Organisation pour son élection à la tête de cette Organisation. Comme je l'ai déjà souligné hier, ces félicitations s'adressent également à l'Afrique et au tiers monde de manière générale, car M. Diouf est le meilleur représentant de ce continent. Nous sommes convaincus qu'il sera le meilleur soutien pour le tiers monde. Qu'il soit sûr que mon pays, le Liban, apportera toute sa contribution au bien-être et au succès de cette Organisation.

Vous n'êtes pas sans savoir, Monsieur le Président, que mon pays a connu des moments douloureux. En effet,l’agriculture, les ressources forestières et halieutiques ont été fortement touchées, l'infrastructure totalement détruite et les agriculteurs complètement démunis. De plus, les exportations agricoles vers nos marchés traditionnels se sont effondrées sans que nous puissions trouver des marchés alternatifs. Les institutions


chargées du développement agricole ont été soit démantelées, soit transférées. Il était donc nécessaire de procéder à une reconstruction de tout le pays. Pour cela, mon pays sollicite l'assistance de la communauté internationale des Etats amis, mais surtout celle de la FAO. Monsieur le Président, nous avons examiné le Programme de travail et budget pour l'exercice 1994-95. Nous avons aussi examiné le rapport du Comité du Programme et du Comité financier. Nous avons participé aux travaux de la cent quatrième session du Conseil. Et ma délégation voudrait émettre les observations suivantes quant au Programme de travail. D'abord, nous appuyons le budget tel qu'il est proposé par le Directeur général. En effet, ce budget, tel qu'il est soumis, c'est-à-dire sans aucune augmentation par rapport au budget de 1992-93, est le minimum nécessaire pour garantir la poursuite des programmes, des projets et des activités de l'Organisation. Surtout que nous savons que les budgets d'autres organisations des Nations Unies ont enregistré une hausse nettement supérieure à celle du budget de la FAO sans qu'il y ait désapprobation de la part des Etats Membres. Pourquoi donc priver la FAO d'une part modeste et l'empêcher de développer, de renforcer ses programmes et projets qu'elle met au service des peuples les plus démunis du tiers monde?

Deuxièmement, nous appuyons l'augmentation proposée pour les projets de pêche, de la santé animale, des ressources forestières, ainsi que pour la protection de l'environnement, afin de parer à la désertification. A ce sujet, nous voudrions rendre hommage à l'Organisation pour le rôle qu'elle a joué lors de la CNUED qui s'est tenue à Rio de Janeiro et dans le suivi des recommandations qui visent à renforcer la relation agriculture-environnement et garantir une agriculture durable.

Troisièmement, nous voudrions souligner le rôle que la FAO joue avec l'OMS dans le suivi des recommandations de la Conférence internationale sur la nutrition, tenue en décembre 1992. Vous n'êtes pas sans savoir, Mesdames et Messieurs, que le Programme de travail et budget a concentré son attention sur le rôle de la femme dans le développement rural. Et c'est là une heureuse initiative du Directeur général dans ce domaine essentiel, car la femme est l'élément efficace et actif dans les zones rurales de tous les pays en développement. Elle représente la plus grande part de main-d'oeuvre dans la production agricole et alimentaire, ainsi que dans la commercialisation.

Monsieur le Président, en vue de notre appartenance au monde arabe et convaincus de l'allégeance à notre nation arabe, nous accordons la plus haute importance à la conservation de la langue arabe, à son développement et à sa diffusion dans toutes les activités de l'Organisation et ce, dans le Programme de travail et budget actuel ainsi que dans tous les programmes qui seront mis sur pied à l’avenir par le nouveau Directeur général de l’Organisation.

En ce faisant, nous ne rendons pas seulement service à la langue arabe qui le mérite, mais également à l'Organisation et à la diffusion des activités de celle-ci à l'ensemble du monde arabe, composé de 22 Etats arabes, qui représentent un quart de milliard d'habitants.

Monsieur le Président, la délégation de mon pays partage l'opinion de toutes les autres délégations qui ont exprimé leurs souhaits au cours de la cent quatrième session du Conseil concernant l'importance de la participation des agriculteurs et travailleurs ruraux au développement agricole et rural. Nous exprimons tout notre appréciation et rendons hommage à la mémoire du regretté Josué de Castro qui a présidé le Conseil


de l'Organisation en 1955. Josué de Castro avait prévu depuis 40 ans l'importance de cette participation. Il a été le pionnier qui a élaboré un plan spécial à cet effet, plan qui a été adopté par la suite par cette Organisation.

Monsieur le Président, c'est un grand honneur pour mon pays, le Liban, que Son Excellence le Président de la République libanaise, M. Elias Hraoui, ait prononcé cette année la dix-huitième Conférence Mc Dougall. Lors de la l'inauguration de la vingt-septième session de la Conférence, Son Excellence avait participé aux travaux de l'Organisation et du Conseil et ce, tout au long de 12 sessions. Nous sommes fiers de ces excellentes relations qui existent entre mon pays, le Liban, et la FAO et ce, depuis sa fondation jusqu'à ce jour. Lorsque Son Excellence le Président de la République a prononcé la Conférence Mc Dougall en citant les liens étroits entre le Liban et la FAO, il a parlé au nom de tous les Libanais et a exprimé leurs espoirs ainsi que leur appréciation, leur reconnaissance et leur respect pour cette Organisation qui leur est très chère.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, à l'occasion de la fin du mandat de M. le Directeur général, notre frère et ami, M. Edouard Saouma, nous lui souhaitons le plein succès.I1 a été au service de cette Organisation pendant 31 ans, dont 18 ans au poste de Directeur général, il s'est pleinement acquitté de sa tâche au service de la communauté internationale et au service des agriculteurs et de ceux qui souffrent de par le monde. Je suis fier, du haut de cette tribune, de rendre hommage à ce qu'a accompli une éminente personnalité de mon pays au service de l'Organisation, au service de l'agriculture et du monde en développement. Il me faudrait beaucoup de temps pour énumérer les qualités et les succès de cet homme. Nous souhaitons au nouveau Directeur général le plein succès, en espérant également qu'il conservera les acquis réalisés par M. Edouard Saouma et ce, pendant 18 ans de travail incessant en tant que Directeur général de la FAO. Nous voudrions, avant toute chose, conserver le programme de coopération technique, le renforcer et l'élargir. Nous souhaitons également accorder une grande importance à la représentation de l'Organisation dans les pays membres et à la place de la langue arabe au sein de l'Organisation, et nous accordons également de l'importance au suivi des décisions de la Conférence mondiale sur la réforme agraire et le développement rural, la Conférence mondiale des pêches, la Conférence des forêts, le Pacte international de la sécurité alimentaire, la Conférence mondiale de la nutrition, toutes initiatives heureuses du Dr. Saouma qui ne devraient pas être laissées de côté. Si j'ai un espoir à exprimer au nouveau Directeur général, c'est de conserver cette mission, de la poursuivre dans le même esprit qui a inspiré notre frère et ami, Edouard Saouma.

Cher ami Edouard, je dis ceci en toute modestie et également en toute fierté. Vous vous êtes pleinement acquitté de votre tâche et vous avez rendu service à votre pays, ainsi qu'à la communauté internationale. Mon pays est fier de vous, de ce que vous avez donné et, comme l'a dit Son Excellence le Président Hraoui lors de son allocution, vous avez porté fidèlement la mission de la générosité; vous avez été fidèle aux pères fondateurs de cette Organisation; vous avez été fidèle aux attentes de cette Organisation, celle-ci vers qui se sont tournés tous les regards du monde, et qui est devenue un conseiller intègre, un observateur éveillé, ainsi qu'un ami digne de confiance.

En conclusion, Monsieur le Président, je voudrais exprimer ma foi, ma confiance en cette Organisation et mon attachement à celle-ci, que


j'ai servie personnellement pendant 21 ans, avant d'assumer mes responsabilités de Ministre de l'agriculture libanaise. C'est l'Organisation mère et la première au sein des Nations Unies, c'est la première organisation qui s'occupe des pauvres et de ceux qui souffrent de par le monde. C'est la seule organisation qui a pris pour slogan ce qu'a dit l'Imman Ali Ben Abi-Taleb: "Dieu impose aux riches de réserver une part de leur fortune aux pauvres, car le bien-être des nantis se réalise aux dépens des plus démunis".

Je vous remercie Monsieur le Président.

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Carlos TORRES MANZO (México): Señor Presidente de la Conferencia, distinguidos delegados, señor Director General, señoras y señores. Reciba usted, señor Presidente, la felicitación de mi Delegación por su nombramiento para elegir los trabajos de este período de sesiones de la Conferencia. Estamos convencidos de que su reconocida experiencia y habilidad política nos permitirán lograr los objetivos que nos hemos planteado.

La delegación de México saluda con beneplácito al nuevo Director General de este Organismo, señor Jacques DIOUF, su elección ha sido una muestra de la madurez que ha alcanzado la FAO para concertar y garantizar los intereses de los Estados Miembros y de las distintas regiones del mundo. Estamos convencidos de que con el nombramiento del señor Diouf, la FAO tomará un nuevo ímpetu que le permitirá cumplir cabalmente con su alta responsabilidad internacional.

La ocasión es propicia para reiterar a su nuevo Director General el apoyo irrestricto del Gobierno de mi país a su gestión para los próximos seis años.

Deseamos destacar la alta calidad profesional y técnica de todos y cada uno de los candidatos que contendieron para la Dirección General, su participación en la acogida al nuevo Director General.

El Gobierno Mexicano desea también dejar constancia de su más amplio reconocimiento a la fructífera labor realizada por el Excelentísimo Doctor Edouard Saouma durante los últimos 18 años, período en el cual siempre encontramos en la Oficina de la Dirección General al hombre talentoso y comprometido con su altísima responsabilidad.

El profundo proceso de transformación en el que ha entrado la Organización de las Naciones Unidas, cuyos rasgos definitorios son la eficiencia y la flexibilidad, plantea a la comunidad internacional el reto de llegar al más amplio consenso sobre el tipo de Organización que queremos en el futuro, desafío al cual también debe responder la FAO. Por ello, creemos firmemente que éste es un momento histórico para que las Naciones Unidas otorguen la más alta prioridad a la solución de los problemas del desarrollo.

La emergencia de un nuevo mundo ha obligado a adecuarse a un contexto dinámico contra la relación de fuerzas, contra la propia ONU como a los Organismos especializados entre los que se encuentra la FAO, es un hecho


que las armas han dejado de ser factor de equilibrio entre las potencias, ahora sus relaciones se establecen bajo criterios financieros y comerciales y muchos países se encuentran en el margen de estas decisiones y, sin embargo sufren sus consencuencias de manera inevitable. La gran mayoría de las naciones se han visto obligadas a ajustar sus políticas a las condiciones que emplean en una economía internacional cada vez global e interdependiente y en constante cambio.

México ha pugnado por que la reforma de las Naciones Unidas y en particular, la restructuración de los órganos del sector económico y social del sistema se enmarquen y conduzcan con base a los principios y directrices adoptados por el consenso, por la Asamblea General en sus Resoluciones 45/264 y 45/177. Sólo mediante un estricto apego a dichos principios se logra el objetivo fundamental de la reforma de la ONU, hacer más eficiente y efectivo el papel de la Organización en la solución de los problemas del desarrollo y simultáneamente fortalecer todo el sistema para que cumpla con sus objetivos y propósitos de la Carta en materia de cooperación internacional para el desarrollo.

Esto requiere la aplicación de un enfoque integrado, sobre todo en materia de políticas y programas de cooperación económica internacional.

Así, las propuestas tendientes a mejorar el funcionamiento y eficacia de las Naciones Unidas deben contemplar, no sólo los aspectos financieros con la eficiencia en la utilización de los recursos, sino también deben considerar los principios de la Carta, especialmente el de la igualdad soberana de los Estados en el proceso de toma de decisiones, y sustentarse en un genuino y real interés político de los países por resolver los problemas que afectan a la Organización.

Con ello contribuiremos a fortalecer la vida democrática de la ONU. Asimismo, deben respetar la competencia y atribuciones de cada uno de los órganos, organismos y organizaciones del sistema.

En este contexto, nuestro país apoya la elaboración de una nueva agenda para el desarrollo, que en el plano universal permita reorientar los trabajos de las Naciones Unidas en materia de progreso y desarrollo económico y social; que en el nivel institucional, propicie la participación coordinada en materia económica de los distintos órganos del sistema, mediante mecanismos de vinculación que eviten duplicar funciones o desperdiciar recursos, y que en lo funcional, contribuya a crear las condiciones internacionales favorables para acelerar el crecimiento y el desarrollo social de los países en desarrollo sobre una base sostenible y de largo plazo. Sin embargo, este propósito requiere lograr un consenso sobre la modificación de la estructura de la Organización e impulsar la cooperación multilateral para el desarrollo sobre la base del beneficio mutuo, el interés común y la corresponsabilidad.

Esto implica atender con base en un enfoque integral, las cuestiones de educación, salud, alimentación y nutrición, desarrollo industrial, transferencia de tecnología, comercio internacional, solución de la deuda externa, financiamiento, inversión, así como los nuevos temas como la protección del medio ambiente, el comercio de servicios, la protección de la propiedad intelectual y otros.

Por eso, el Gobierno mexicano se ha pronunciado porque los problemas del desarrollo sean atendidos mediante un enfoque integral.


Pensamos que el desarrollo económico y social es uno de los objetivos prioritarios y debe otorgársele ese carácter en todos los foros internacionales.

La labor de la FAO en los próximos años debe reiterar, en los hechos, que la cooperación internacional tiene una gran validez por sí misma en un ambiente que propicie un diálogo universal, transparente y constructivo que facilite la conjunción de una nueva asociación solidaria para la promoción del desarrollo.

Para todos es evidente que es muy difícil conservar la estabilidad política y la paz, si antes no se resuelven los problemas de carácter económico y social. La parte fundamental de esa estabilidad está representada por los aspectos de seguridad alimentaria y por los niveles de nutrición.

Para coordinar la política mundial contra el hambre y la malnutrición, se requieren instrumentos internacionales dotados de autoridad sin que lesionen la soberanía de los países. De aquí la importancia de la FAO, organismo que proyecta esquemas de acción multilateral respetando, en todos los casos, las leyes e instituciones que se han dado cada uno de los estados que la forman.

Para este nuevo esfuerzo que la FAO deberá emprender próximamente, México se ofrece a participar activamente en el desarrollo de la nueva estrategia y compromete, como siempre, su acción cooperativa.

Coincidimos con el Dr. Saouma en que existe una enorme distancia entre las necesidades crecientes de la humanidad y las posibilidades limitadas de la FAO. Por ello consideramos que debemos hacer un esfuerzo por consolidar la reforma y los logros de mayor eficiencia alcanzados gracias al trabajo infatigable del Director General.

El Programa de Labores y Presupuesto 1994-95 sienta las bases para tal consolidación, que permitirá a la FAO transitar hacia las altas responsabilidades que afrontará en el próximo siglo.

Hace 48 años al fundarse la FAO se establecieron cuatro objetivos muy claros y definidos, que nos permitimos recordar:

- elevar los niveles de nutrición y vida de los pueblos bajo su respectiva jurisdicción;

- mejorar el rendimiento de la producción y la eficacia de la distribución de todos los alimentos y productos alimenticios y agrícolas;

- mejorar las condiciones de la población rural;

- y contribuir así a la expansión de la economía mundial y a liberar del hambre a la humanidad.

Después de tantos años estos fines no han sido alcanzados a plenitud, por lo que los objetivos que dieron origen a nuestra Organización continúan teniendo plena validez. Por lo que sigue siendo urgente fortalecer el trabajo para avanzar en su consecución.

Podría parecer contradictorio que, por una parte, se proponga modernizar nuestro organismo y, por la otra, se sugiera retomar el mandato original. No existe tal contradicción. Con el paso de los años y la dinámica


mundial, la complejidad de los nuevos problemas han obligado a la FAO a diversificar sus acciones y a modificar sus sistemas operativos. Por lo tanto, sin olvidarnos de sus principios primigenios, los cuatro principios básicos, debemos modernizar las funciones y las estructuras de nuestra institución.

Debemos ser sumamente cuidadosos en el fiel cumplimiento de los mandatos de los organismos internacionales, de lo contrario, se corre el riesgo de quedar marginados, como sucede con el Consejo Mundial de la Alimentación, cuya existencia se encuentra en deliberación.

Ahora queremos referirnos a la experiencia de México en su esfuerzo por alcanzar la seguridad alimentaria, elevai: los niveles nutricionales de la población en general, y erradicar el hambre y la malnutrición.

De ninguna manera seremos exhaustivos, simplemente queremos exponer, en líneas generales, la experiencia del sector agrícola, dentro de la economía en proceso de ajuste estructural.

En la actual administración, México recuperó la autosuficiencia en la producción de sus alimentos básicos. Ahora contamos con excedentes exportables. No ha sido fácil, nos hemos sometido a medidas de rigurosa disciplina económica que han impactado a la sociedad en su conjunto y que, afortunadamente, ya han dado resultados positivos.

Los resultados a nivel macroeconómico son positivos; la economía en su conjunto está creciendo. Se ha logrado el saneamiento de las finanzas públicas; se mantiene la inflación a niveles de un solo dígito; la responsabilidad productiva recae fundamentalmente en los sectores social y privado; se ha liberalizado el comercio y se busca una mayor participación en los mercados internacionales.

En el sector primario de la economía se han dado los siguientes pasos fundamentales: se modificó el marco legal, otorgándole a los productores la seguridad de la posesión y propiedad de sus tierras; se creó un esquema de fomento a la producción de productos básicos, mediante un sistema de "precios de garantía"; y, recientemente, se ha puesto en marcha un paquete de apoyo financiero directo y en efectivo a los productores, tomando como base la superficie de su tierra y su volumen de producción.

Este importante programa "PROCAMPO", se coordina con el Programa Nacional de Solidaridad, creado por el Presidente, Carlos Salinas de Gortari, para combatir la pobreza extrema, promoviendo acciones inmediatas que inciden en el bienestar social de los más necesitados y motivan su participación.

Como todos ustedes saben, México, Canadá y los Estados Unidos, se encuentran próximos a integrar la zona de libre comercio más grande del mundo, con cerca de 380 millones de consumidores.

México sostiene que en el intercambio internacional justo, se finca una de las principales llaves para obtener un desarrollo permanente y sostenible. Lo está demostrando en los hechos al abrir sus fronteras de manera unilateral. Mi delegación desea manifestar su preocupación por la adopción de nuevas medidas proteccionistas en el marco internacional.

A grandes rasgos, ésta es la política y la acción que el Gobierno y el pueblo de México han adoptado durante los últimos años para procurar el desarrollo social y económico en el nuevo contexto internacional.


Finalmente, deseamos agradecer a los distinguidos delegados de los países miembros de la FAO la oportunidad para compartir sus experiencias nacionales y sus posiciones políticas respecto al futuro de nuestra Organización.

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José LOIRA RUA (España): En primer lugar, señor Presidente, deseo poner de manifiesto el alto honor que para mí supone intervenir en este foro de análisis y debate de la situación de la agricultura, la pesca y la alimentación a nivel mundial.

Quiero felicitar en nombre de mi Gobierno al nuevo Director General de la FAO, Señor Jacques Diouf, que la Conferencia acaba de elegir, deseándole grandes éxitos en el desempeño de su nueva función y asegurándole la tradicional colaboración de España con la FAO.

Asimismo, deseo agradecer al Señor Edouard Saouma la gran labor realizada a lo largo de estos 18 años en los que ha dirigido la Organización, período en el cual se han realizado numerosos progresos en el trabajo y en los objetivos de la FAO.

Deseo dar la bienvenida a los países que acaban de ingresar en la Organización y expresar nuestro deseo de que su incorporación contribuya a mejorar los niveles de bienestar en el mundo.

Quiero destacar que los profundos cambios que se están produciendo en el panorama internacional, realzan más, si cabe, la importancia de organizaciones como la FAO donde la práctica totalidad de los países de la Comunidad Internacional discuten democráticamente y adoptan decisiones tendentes a combatir el hambre y la pobreza en el mundo.

Entre el gran número de actividades relevantes en las que la FAO ha sido protagonista o ha desempeñado un papel importante, en el período 1992-93, me inclino a destacar tres que señalo por su importancia: la Conferencia Internacional de Nutrición; la Conferencia de las Naciones Unidas para el Medio Ambiente y el Desarrollo, y la Conferencia de Pesca Responsable.

Conscientes de que es una tarea de todos contribuir a aliviar la situación en la que se encuentran los pueblos de buen número de naciones, mi país viene colaborando decididamente con la FAO en distintos campos de actividad, tanto a nivel técnico y científico como financiero y de formación.

Quisiera también, como es lógico, hacer un breve comentario sobre algunos de los importantes temas que van a ser objeto de análisis en esta Conferencia.

Agradecemos el esfuerzo realizado por la FAO para ofrecer una visión de la agricultura a comienzos del próximo siglo en el documento "Agricultura: hacia el año 2010" del que cabe destacar las previsiones en relación con la agricultura de los países en desarrollo.


En el mismo orden de cosas, creo necesario valorar el impulso que desde la FAO se viene haciendo para potenciar las producciones agrícolas y ganaderas en las zonas geográficas más necesitadas de nuestro Planeta, de forma que tales alimentos sirvan, junto con otras medidas, a alcanzar uno de los objetivos básicos de nuestra Organización: la seguridad alimentaria.

Dado el interés que para España representan los recursos fitogenéticos, deseo expresar nuestro reconocimiento a la FAO por la función que ha desarrollado en este campo. La Organización fue pionera en despertar la conciencia mundial ante la amenaza que supondría para la humanidad la pérdida irreparable de estos componentes esenciales de la biodiversidad.

Por medio de la FAO se han ido estableciendo los hitos de un sistema mundial para la conservación y utilización sostenible de los recursos fitogenéticos para la agricultura y la alimentación. Toda esta labor forma parte de un proceso que tiene por objeto salvaguardar la diversidad biológica y promover su utilización duradera.

Este esfuerzo debe continuar y España considera que tal como recomienda la Resolución 3 del Acta Final de Nairobi, debe fortalecerse dicho sistema mundial de recursos fitogenéticos de la FAO y armonizarlo con el Convenio sobre la Diversidad Biológica.

En consecuencia, consideramos de suma importancia que se revise el compromiso internacional de recursos fitogenéticos, de acuerdo con el Convenio sobre la Diversidad Biológica, y apoyamos una estrecha colaboración entre la Comisión de Recursos Fitogenéticos y el Comité Intergubernamental del Convenio.

Debe ser una labor de todos sensibilizar a la opinión pública de la importancia de la biodiversidad y, en este sentido, debemos congratularnos del acierto de la FAO por haber elegido este tema de la celebración en este año de 1993 del Día Mundial de la Alimentación.

La biodiversidad tiene también para nuestro país un interés prioritario, por ser España el país de Europa que alberga una mayor diversidad de especies tanto vegetales como animales; así pues, estaremos presentes en aquellos proyectos que se refieran al manejo de los recursos naturales y la ordenación del territorio establecida con bases ecológicas. Consecuentemente mi país aprobó en 1989 una ley para la conservación de los espacios naturales y de la flora y la fauna silvestre.

Por nuestra condición de país mediterráneo, estamos poniendo reiteradamente de manifiesto nuestra preocupación por los problemas de medio ambiente y su relación con los bosques, principalmente en aquellos aspectos que se trataron en la Conferencia de Río, sobre cambio climático, desertificación, biodiversidad y deforestación.

Hemos defendido la necesidad de establecer convenios que vinculen a todos los países del mundo con estos temas, en particular un convenio mundial sobre los bosques, que constituye una cuestión pendiente.

En este sentido, hemos cumplido todos los trámites internos para la ratificación del Convenio sobre la Diversidad Biológica y participamos activamente en la negociación del futuro Convenio sobre Desertificación. La importancia que atribuimos a estas acciones y nuestro compromiso con ellas, nos ha llevado a proponer la ciudad de Sevilla como sede de estos convenios.


En nuestro país nos hemos comprometido a luchar contra la desertificación por medio de ambiciosos planes para controlar la erosión de las cuencas, disminuir los efectos de los incendios forestales y recuperar la cubierta vegetal en los terrenos desnudos.

El Proyecto Lucdeme desarrolla una metodología en este sentido y estamos dispuestos a hacer partícipes de nuestra experiencia a los demás países de la cuenca mediterránea y otras partes del mundo que se encuentren en situación similar a la nuestra.

En defensa del bosque apoyamos las resoluciones de la Conferencia de Helsinki sobre la Necesidad de la Ordenación Sostenible de los Bosques, tanto en los países con bosques tropicales como en los países industrializados, porque consideramos que buena parte de lo que las Naciones Unidas califican como catástrofes naturales, pueden reducirse incrementando las superficies boscosas. Todo ser humano tiene derecho a una alimentación suficiente y saludable y la Comunidad Internacional, los organismos internacionales, los gobiernos y los poderes públicos, deben reconocer este derecho y actuar en consecuencia contribuyendo a hacerlo efectivo.

En íntima relación con los contenidos de la Declaración de Barcelona se encuentra la Conferencia Internacional de Nutrición. En este sentido, quisiera resaltar que los regímenes alimenticios tradicionales y muy especialmente la dieta mediterránea, basada en cereales y legumbres, frutas y hortalizas, pescado, aceite y vino, también son un factor importante en el mantenimiento de la salud humana y supone al mismo tiempo una mejor utilización de las materias primas disponibles.

A España le preocupa el alejamiento progresivo de la dieta mediterránea y por extensión de las dietas tradicionales en otros ámbitos. En consecuencia, los organismos internacionales deben apoyar y potenciar la producción de aquellos alimentos tradicionales cuyo consumo es favorable desde el punto de vista nutricional.

La seguridad alimentaria es un objetivo permanente de la FAO. España quiere desde esta tribuna renovar su compromiso solidario con toda la comunidad internacional, y, particularmente, con los países más desfavorecidos para contribuir conjuntamente en aquellas líneas de actuación que permitan la disminución del hambre y la malnutrición en el mundo.

Debemos por tanto apoyar la gran labor que realiza el Programa Mundial de Alimentos con el que mi país viene colaborando habitualmente en diversas ayudas de emergencia.

Quiero aprovechar esta ocasión para poner de manifiesto el firme propósito de mi Gobierno de continuar con esta colaboración en el campo de la ayuda alimentaria.

Compartimos plenamente la necesidad, que la FAO ha hecho suya, en cuanto a la integración de la mujer en el desarrollo, de especial relevancia en los medios rurales. Todos los proyectos que acerquen a la mujer campesina a una mejor formación, a su acceso directo al crédito, a su implicación en el manejo de los recursos productivos, en definitiva a eliminar desigualdades seculares, cuentan y contarán con nuestra comprensión y apoyo.

La actividad pesquera, cuya importancia social y económica es indudable, nunca ha estado exenta de problemas, tanto en la conservación y gestión de


los recursos, como en la adecuación de las estructuras y la correcta ordenación de los mercados pesqueros.

Actualmente estos problemas, en lugar de presentarse aisladamente, han coincidido en el tiempo, produciendo una interacción negativa que ha agravado aún más la situación. Esta situación exige un análisis y planteamiento global de la problemática para poder así encontrar soluciones igualmente globales.

Por esta razón, España, como país con gran tradición pesquera, ha apoyado siempre el papel de la FAO en este ámbito, para forjar una nueva mentalidad internacional, fruto de una toma de conciencia colectiva de que la sostenibilidad de la actividad pesquera sólo es posible en el marco de un esfuerzo común y responsable, por medio de la cooperación internacional, honesta, comprometida y eficaz.

Deseo manifestar el importante trabajo realizado por la FAO en la elaboración de un Código de Conducta para la Pesca Responsable que asegure la conservación de los recursos vivos marinos y garantice la sostenibilidad de esta actividad, con el compromiso por parte de todos los países que pescan, de ejercer la actividad pesquera, tanto a nivel nacional como internacional, de forma responsable.

Señalo como hitos fundamentales en este sentido los dos últimos períodos de sesiones del Comité de Pesca de la FAO, la Segunda Conferencia Mundial de Ministros de la Pesca de La Toja, la Conferencia Internacional sobre Pesca Responsable de Cancún, la propia Conferencia de Río, las Consultas Técnicas sobre Alta Mar de la FAO y la Conferencia de Nueva York sobre stocks transzonales y especies altamente migratorias.

Destaca asimismo la aprobación por el último Consejo de la FAO del Texto del Acuerdo para promover el cumplimiento de las medidas internacionales acordadas de conservación y gestión para los buques que faenan en alta mar. Ahora bien, lo anterior, que representa un logro importante en la elaboración del Código de Conducta, es únicamente una parte del mismo. Por ello, y para consolidar y reforzar este proceso, España apoya la iniciativa recogida en el Documento C 93/LIM/23, y estima que en esta Conferencia debemos adoptar la decisión apoyada por el Consejo de aplicar la vía rápida a la discusión y formulación de los Principios Generales de este Código.

Con esta finalidad, España propone que el Programa de Labores y Presupuesto para el próximo bienio tenga en cuenta las necesidades de financiación para llevar a cabo estos trabajos.

Quisiera finalmente en este capítulo, destacar la importancia que concede España al Consejo General de Pesca en el Mediterráneo. Mi país considera que este organismo regional debe consolidar y fortalecer sus funciones de gestión y conservación, lo que requiere dotarlo de los recursos necesarios que hagan posible su óptimo funcionamiento.

Antes de terminar deseo aludir a una cuestión de gran importancia para el relanzamiento del comercio mundial : me refiero a las negociaciones en curso de la Ronda Uruguay del GATT.

Un marco justo, equilibrado y razonable para desarrollar el comercio tendrá cuantiosos beneficios para las economías de los países en desarrollo, que verán como se facilita la apertura de los mercados mundiales a sus producciones y simultáneamente podrán solicitar del mercado aquellos


productos que necesiten para proseguir en la senda del desarrollo sostenible. Los países desarrollados, con el fomento de los intercambios podrán mantener un ritmo de expansión en beneficio del desarrollo.

Estamos interesados en lograr el acuerdo final de la Ronda, y la agricultura, en sentido amplio, desempeña un papel importante en las negociaciones. Pero el carácter global del futuro acuerdo exige que se obtenga un equilibrio entre sectores económicos, entre áreas comerciales y entre países de uno u otro ámbito geográfico.

Es necesario, por lo tanto, el esfuerzo de todos para alcanzar este equilibrio que evitaría grandes problemas que podrían poner en peligro, por largo tiempo, la estabilidad de los mercados y el beneficio para la población mundial.

Termino, señor Presidente, haciendo votos por el éxito de la Conferencia, para que consiga resultados que beneficien al conjunto de los pueblos y en esa perspectiva la delegación española colaborará como en ocasiones anteriores.

Muchas gracias, señor Presidente.

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Jean PUECH (France): Monsieur le Président, Messieurs les Directeurs généraux, Mesdames, Messieurs les Ministres, Excellences, Mesdames, Messieurs les Délégués,

Je suis heureux de prendre la parole à cette tribune, dans l'enceinte de cette Organisation dont les activités, dans ces années 1990 si troublées par les désordres économiques et par les guerres civiles, revêtent un caractère absolument prioritaire puisqu'elles concernent la survie même de certaines populations.

Certes, des situations se sont améliorées à l'est de l'Europe, notamment de nouveaux pays industrialisés sont venus rejoindre ceux qui peuvent aider les moins avancés.

Mais les sujets de préoccupation restent fort nombreux.

Les disparités entre régions s'aggravent de même qu'entre groupes de populations à l'intérieur souvent du même pays; c'est le cas des plus pauvres et aussi des réfugiés subissant ces situations inacceptables qui jettent sur les routes, par faim ou par peur, des centaines de milliers de pauvres gens qui n'atteignent pas toujours le camp ou la ville qu'ils perçoivent confusément comme un havre possible et dans lesquels ils formeront quasiment tous une sous-population incapable de s'insérer dans des circuits économiques modernes.

L'analphabétisme et la malnutrition ne permettent pas en effet à ceux qui en sont les victimes de devenir les vrais acteurs d'un minimum de développement.


L'augmentation de la population mondiale, que votre Organisation évalue elle-même à presque un tiers à l'horizon 2010, va imposer une mobilisation encore plus grande de l'aide au développement, alors que, déjà, l'augmentation des aides d'urgence pose problème à la Communauté internationale qui tente de s'organiser le mieux possible pour y faire face malgré le coût élevé de l'extension du rôle de l'Organisation des Nations Unies.

Dans ce contexte d'interdépendance croissante entre les Etats mais aussi entre les différents secteurs d'intervention économique et sociale, et tout particulièrement dans les domaines de l'agriculture et de l'alimentation, l'objectif prioritaire doit être un appui au développement fondé sur une concertation étroite avec les Etats et avec les populations concernées.

Cet objectif ne peut être atteint que dans des conditions de paix qui permettraient de réaffecter progressivement les ressources financières à la santé, à l'alphabétisation, à la production, en un mot au développement des pays vers lesquels converge une aide d'urgence, certes indispensable, mais qui s•insère encore mal dans de véritables programmes de réhabilitation des forces morales et physiques des populations touchées.

Il faut donner à l'ONU, dès que possible, une véritable capacité de fédérer les efforts de développement et d'établir des conditions de l'aide universellement admises, les règles d'organisation sociale les plus élémentaires, notamment celles qui concernent les enfants, étant le socle nécessaire des soutiens de demain.

Pour cela la refonte du système économique et social des Nations Unies doit être poursuivie, de manière à faire disparaître toute concurrence entre les organisations, à les coordonner et à les faire agir en cohérence dans leurs domaines respectifs.

Pour améliorer l'efficacité des activités opérationnelles de développement, il faut donner au Conseil économique et social les moyens de remplir sa mission de coordination, au niveau central, de l'ensemble du système. Cette coordination doit se réaliser vis-à-vis des fonds et programmes, mais aussi des institutions spécialisées de la famille des Nations Unies, comme l'OAA.

Une véritable concertation doit être instaurée entre les pays bénéficiaires de l'aide et les donateurs bilatéraux et multilatéraux avec l'élaboration de programme unique par pays ou par régions, notamment entre grandes agences, le PNUD jouant le rôle coordonnateur qui lui est déjà assigné mais qu'il faut revaloriser et renforcer.

Certes les ressources de la production agricole mondiale permettent de nourrir toutes les populations du globe et même de faire face au spectaculaire accroissement démographique et à l'explosion urbaine annoncés mais, comme vous le savez, les disponibilités vivrières restent très faibles alors que l'accroissement de ces disponibilités vivrières est, pour des centaines de millions de personnes vivant en milieu agricole, le seul moyen de lutter contre la faim mais aussi contre la pauvreté.

La Conférence de Rio a donné un formidable élan. Il nous appartient aujourd'hui, en dépit d'une conjoncture difficile, au nord comme au sud, de continuer à porter ce mouvement pour parvenir à une synergie entre environnement et développement durable.


Il est donc nécessaire de donner aux agriculteurs des pays, en développement des garanties indispensables à la préservation d'une agriculture viable, là où c'est encore possible, pour éviter au moins l'exode, et pour que l’agriculture serve de socle au développement du pays.Dan le même esprit: il convient d'aider ces pays à mettre en oeuvre des méthodes de gestion et d'exploitation durables et rationnelles des forêts, tant pour répondre la demande domestique qu'aux besoins d'exportation.

II.s'agit là d'une préoccupation essentielle.

Mais il serait irréaliste par ailleurs et dangereux dans le contexte d'évolution démographique évoqué de ne pas maintenir une production agricole suffisante dans les pays à sols et climats favorables pour assurer la sécurité alimentaire mondiale.

Gardons-nous de faire de l'aide alimentaire une nouvelle arme internationale; ne décourageons pas les agriculteurs des pays donateurs à continuer à travailler et à produire car nous avons et nous aurons besoin de leurs efforts.

Faisons en sorte que les agriculteurs se rencontrent et échangent leur savoir-faire technique tout en apprenant à organiser des structures de concertation et d'organisation professionnelle.

Nous avons aussi besoin de trouver un équilibre raisonnable dans les règles régissant, sur le plan international, les échanges commerciaux agricoles et agro-alimentaires.

A cet égard, les négociations actuelles du cycle de l'Uruguay sont tout à fait déterminantes. Comme vous le savez, la Communauté européenne et tout particulièrement la France ont fait connaître leur sentiment et leur position sur ce sujet.

Pour résumer, je dirai que notre politique dans ces négociations est conduite par une seule préoccupation, d'éviter qu'un accord commercial international et multilatéral puisse déboucher sur une remise en cause du formidable potentiel agricole européen dont le monde a besoin, et tout particulièrement les pays les moins avancés.

Je voudrais enfin souligner qu'adoptant une réforme de sa politique agricole commune et notamment en introduisant le gel des terres comme instrument de régulation de l'offre - et on sait ce que cela peut représenter comme contraintes aux agriculteurs - l'Union européenne a démontré son souci de participer à une meilleure organisation des productions et des marchés au niveau mondial.

Quant à l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture, quel rôle peut jouer cette formidable structure dans ce monde où tant daméliorations restent à apporter et où tant de tensions se manifestent?

Malgré les difficultés financières qu'elle a rencontrées ces dernières années, l'OAA a su maintenir un potentiel remarquable de compétence et de capacité d'expertise et a su honorer le caractère universel de sa mission.


-146-

Sous l'impulsion donnée par le Secrétariat général des Nations Unies, l'OAA à la capacité de répondre aux défis du développement car, en effet, l'Organisation dispose d'atouts considérables:

- les grands Programmes Agriculture, Pêches et Forêts sont les piliers de son expertise et permettent d'accumuler des connaissances essentielles;

- l'OAA a un rôle majeur et incontesté dans la recherche du consensus international sur l’exploitation durable et la conservation des ressources végétales et animales. Je citerai les Codes de conduite et les Conventions Pêches et Ressources phytogénétiques ainsi que le Codex alimentarius;

- enfin, l'Organisation est le forum d'échanges privilégiés concernant l'agriculture et l'alimentation au plus haut niveau politique comme au niveau technique;

- enfin, elle EST suffisamment souple pour s'adapter à des défis nouveaux comme l'aide aux pays en transition, aux pays d'Europe centrale et orientale et aux nouvelles républiques d'Asie centrale.

La France considère que ces points forts confèrent à l'Organisation des atouts de premier ordre pour qu'elle affirme son identité et se fasse reconnaître comme le pivot de l'action internationale pour une augmentation des productions agricoles qui respectent l'environnement et pour la sécurité alimentaire. Sur ce dernier point, l'Organisation dispose d'outils remarquables d'observation de la situation alimentaire mondiale et d'alerte rapide, outils irremplaçables que le monde entier utilise et que l'OAA se doit de préserver.

N'oublions pas cependant la responsabilité des Etats Membres dans la qualité du travail fait dans les Conseils et les Conférences et leur responsabilité financière, car l'OAA ne peut rendre de bons services qu'en s'appuyant sur un budget régulièrement approvisionné. Les Etats qui ne payent pas ou payent avec beaucoup de retard leurs contributions sont responsables d'une partie des insuffisances qu'ils dénoncent parfois eux-mêmes, par ailleurs. Cette situation n'est pas acceptable surtout quand elle est créée par des pays solvables.

L'OAA doit, malgré ces difficultés, éviter la dérive vers un fonctionnement à la carte en mettant les programmes de terrain en phase avec les priorités fortes du Programme ordinaire ainsi qu'elle s'apprête à le faire. Cela est indispensable, surtout pour les projets sur fonds fiduciaires, si on veut éviter le détournement des principes de base de l'Organisation des Nations Unies, c'est-à-dire les principes de neutralité et d'universalité.

Les domaines d'excellence de l'OAA sont connus, ce sont ceux-là mêmes qui permettent de donner au développement agricole et alimentaire des bases solides :

- recueil et élaboration de données de base telles que les statistiques et le cadastre;
- développement institutionnel et réglementaire;
- promotion de réseaux de recherche;

- formation et appui aux Etats Membres dans ces domaines et transfert des connaissances issues des grands programmes.


Sur ces bases, une concertation par pays, s'inscrivant dans une politique mondiale de développement entraînant une interdépendance étroite de tous les intervenants, devient donc indispensable.

Cette concertation doit se faire notamment sur deux plans :

- le plan de la problématique du développement, en établissant la concertation avec les autres agences spécialisées (PNUE pour l'environnement, PAM pour la réhabilitation des capacités de production);

- le plan économique et financier, en recherchant des axes de travail communs avec les autres donateurs bilatéraux et multilatéraux au niveau de chaque pays ou au niveau régional.

Mais les organisations multilatérales, aussi puissantes et efficaces soient-elles, ne peuvent agir seules.

Tous les membres de l'OAA se doivent de définir des priorités incontestables et d'adhérer à un code de conduite qui définisse les conditions à remplir pour recevoir l'appui de l'Organisation.

Je ne voudrais pas terminer cette intervention sans rendre hommage à l'action "ardente" menée par M. SAOUMA, Directeur Général pendant ces dix-huit dernières années, dans les circonstances économiques, politiques et financières difficiles que chacun connaît.

Son approche des problèmes du développement agricole s'est appuyée sur les principes directeurs qu'il a définis récemment lui-même, ceux d'universalité et de neutralité entraînant le respect de tous ceux que concernait son action.

Qu'il en soit infiniment remercié.

Il appartiendra au nouveau Directeur général, M. Jacques DIOUF, que j'ai le grand plaisir de féliciter aujourd'hui, d'assumer, avec le soutien actif de tous, la lourde tâche de faire fructifier le bel héritage laissé par son prédécesseur et de s'attacher à sélectionner les branches d'activité les plus riches d'avenir, rationalisant ainsi la répartition des ressources disponibles, pour répondre, en perspective au moins aux besoins de populations qui doivent de plus en plus maîtriser elles-mêmes leur propre destin.

Monsieur le nouveau Directeur général, tous nos voeux vous accompagnent et la France sera la partenaire toujours attentive et active telle qu'elle l'a toujours été.

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Richard E. ROMINGER (United States of America): Mr Director General, Mr Chairman, fellow delegates, my purpose in speaking here this morning is simple. I have come to pledge to you, on behalf of the Clinton Administration, that the United States will dedicate new energy and renewed commitment to reaching the goals of the Food and Agriculture Organization.


- 148

We pledge ourselves especially to the ongoing battle against hunger that sadly persists in so much of the world.

Those who work at the higher political levels in government or in the United Nations system can become removed from the people we serve. But in person or on TV we have all seen the look in the eyes of women who have lost children to hunger and disease. We have seen the senseless and confused faces of refugees who have walked for days in search of food on bloody and swollen feet.

We must always remember. We must not let hunger become an abstraction, a statistical phenomenon distant from our daily lives. We must remember... remind ourselves that hunger is a face of fear, of pain, and also of hope that someone will care and that something will be done.

Secretary Espy and I have designated the elimination of hunger as our highest priority. I pledge that USDA will work to ensure that there is food for all - not just for the people of the United States, but for the people of every country. The idea that there are literally 800 million people who go hungry, who worry about their next meal, is something that offends us deeply.

Feeling offended by the spectre of hunger is important, but it is not enough. Today, I would like to share some thoughts - three strategies -that I believe may help all of us make further strides down the arduous road to eliminating hunger.

First, we must make food a priority in economic planning. We must give agriculture far greater emphasis in development strategies, especially in Africa and Asia.

To begin this effort, donor nations must find ways to reverse the relative decline in development assistance devoted to agriculture. During the 1980s, external assistance to agriculture dropped by more than a third. Assistance to agriculture in the developing countries now stands at only 14 percent of the total assistance they receive from donor nations.

When we envision an effective international development strategy, we see one that focuses on agriculture first, then on the countryside and the needs of the rural poor.

We also envision the benefits of such a strategy. It would - first and foremost - contribute greatly toward ending hunger. It would help to curb the incessant flow of people into the major cities of Africa, Asia and Latin America.

In our vision of an effective international development strategy, the developing nations themselves must shoulder much of the responsibility. They must resist political and social pressures to devote too much of their public funds to urban centres and industrialization projects.

They must put more resources into rural areas, or their cities will become intolerable nightmares of poverty and crime. Developing nations that have accorded agriculture high priority - Sri Lanka, Costa Rica and China, for example - have made real progress in curbing hunger and rural poverty. All culture begins with agriculture - agriculture is the basis for civilizations and viable economies.


Second, we must - quite simply - change the way we think. That is correct. We must stop the north-south polarity in the way we think - the "us" versus "them" approach that has frustrated global efforts to come to meaningful agreement on everything from trade to the environment.

Politics follows economics. Ittime we recognized politically what haslong been recognized economically:the economic fortunes of the north andsouth are more closely intertwinedthan ever before.Sometheclosesteconomic ties lie in agriculture.

The sheer scale of the economic partnership between the United States and the developing world is impressive. The U.S. buys more than one-third of its imports - US$175 billion worth - from developing countries.

This partnership is particularly strong in the food sector. Farmers in the developing world produce more than half of the food that we Americans import. And more than 40 percent of our food exports goes to the people of developing nations.

Yet, despite this clear economic partnership, the terms of trade in the 1980s were not kind to farmers of developing countries. Price drops in real terms for agricultural exports were more severe for the less developed nations.

Prices for their agricultural exports declined by an average 39 percent -compared to 19 percent for farm producers in the developed world.

The pressures from these losses make it very difficult for the developing nations to use their resources in sustainable and environmentally sound ways. The farmer who can barely feed his family does not have the luxury of looking to the future. He will not ask, "How can I best preserve the environment for the next century?" He will only worry, "How can I best feed my children today?"

Stronger economic ties between north and south are essential to wage effectively this ongoing battle against hunger and poverty. Further expansion in global trade is crucial to the well-being of this planet. This is especially so for the developing nations. They need an expanded and more equal role in world agricultural trade, a role that we sincerely hope and expect will be a principal outcome of the Uruguay Round.

A successful Uruguay Round will help the developing countries to build their export opportunities. Completion of the Uruguay Round will mean lower tariffs overall, conversion of tariff barriers into tariffs, lower levels of subsidized exports and reduced internal supports that distort trade.

The United States has fought hard for each of these objectives since the start of the Uruguay Round in 1986. We recognize - and other major exporters recognize - that these changes could create difficulties for some of the least developed countries and some developing countries that are net food-importing. We are aware of these special needs. For this reason, the draft final act requires reduced obligations for such nations and specifically addresses the need to continue food aid.

The message that I bring from President Clinton is this. The President remains fully committed to a successful conclusion of the Uruguay Round negotiations by December 15th. We must - all of us, all countries,


developing and developed - work diligently and in harmony to meet this goal in the short time that remains.

Third, the battle against hunger and poverty requires nothing less than a renewed commitment and dedication by all nations to the united Nations system.

The Clinton Administration believes in the ideals of the UN system and is working toward its revitalization. We have looked in the past - and will continue to look in the future - to the United Nations to take the lead in attacking some of the most complicated and explosive political and economic problems.

The International Conference on Nutrition - held here last December -strongly endorsed the right of the United Nations to intervene to bring an end to famine brought on by civil strife. We support and applaud that endorsement.

Ultimately, we believe, the precedent set in Somalia will be positive and hopeful. Perhaps we could have done better, moved earlier. But the fact remains - we made the right choice. Much of the credit for lessening the suffering in that ravaged land must go to the UN system - in particular the World Food Program - and to nongovernment groups like the International Red Cross, Crescent, CARE, and Doctors without Frontiers.

We congratulate the World Food Program on its 30 years of service to the world's poor.

We are proud that the United States was instrumental in founding the Program in 1963. We are gratified by the continuing support it has gained worldwide from both food aid donors and recipients.

The United States has long sought effective and meaningful cooperation on global food issues. Fifty years ago, President Roosevelt hosted the first UN Conference on Food and Agriculture. From this Conference came the inspiration to found the FAO.

A half century later, FAO continues to strive to counter serious threats to global agriculture. Scores of animal and plant species are lost to us each day; overly intense farming damages our environment and threatens the health of our people. Yet the demand to produce more food is constant, unceasing - each day there are a quarter of a million more mouths to feed.

To confront these challenges, the FAO must change and adapt. Like all of our countries, it must continually do more with limited resources.

Director-General Saouma ends his stewardship at a time when the FAO is fiscally sound and has laid the foundation to take on these challenges. The FAO has, for example, started initiatives in nutrition, plant and animal genetic resources, and sustainable development.

On behalf of the Government of the United States, I wish to thank the Director-General for his intensand personalde dication to the FAO.Mr Saouma, we appreciate your tireless efforts on behalf of the Organization during your eighteen years of service.

The technical and economic challenges facing the FAO and world agriculture are tremendous. In the next three decades we will need to boost food supply


by nearly 70 percent - just to maintain the food consumption levels we have today.

We also need to conserve our production soils. The good work that FAO has done in reducing soil erosion, desertification, and salinization must be continued. In the United States, we are also working to prevent our best soils from being paved over for housing subdivisions and commercial centres.

We will look to the FAO to play a strong role in many areas - harmonizing sanitary and labelling standards through the Codex Alimentarius which, in turn, will help world food trade, promoting sustainable production policies in the use of our forest and fisheries resources, and combating the rapid loss of diversity in plant and animal genetic resources.

We are losing 300 animal breeds each year. More than half of the animal breeds that existed in Europe at the start of the twentieth century will no longer exist at its close. There is a growing sense of unease - and rightly so - that the bulk of the world's food supply derives from just 20 plant species, only eight animal and five bird species.

We know too well that we cannot meet all of the challenges facing agriculture - we cannot conquer hunger - before the beginning of the new millennium.

But we can - and of this I am confident - make greater technological progress and lower the percentage of people who go hungry before the year 2 000.

We all know too well that many of the underpinnings of hunger are very deeply rooted within ourselves - in political conflicts, in ethnic and racial discrimination, in religious hatreds, and in sexism. This is the dark side of hunger and dealing with it will be our most difficult task.

Whether we care to admit it or not, hunger is often the economic symptom of the disease of bigotry that lingers - pervasive - within our societies.

Whether we act willfully out of hate or simply look away in neglect, we bear some guilt for that discrimination … and the hunger that is its result.

To those who question our responsibility, I urge them, as I urged you at the start of my talk, to remember the faces of hunger - the gaunt faces of Muslim children in Sarajevo, the malnourished young mothers in southern Sudan and the refugees from civil war in Armenia and Georgia, and some of the faces that many of us see on our streets, even in lands with surplus food.

In the nearly two decades since the World Food Conference and its grand pronouncements on forging a new world without hunger, our progress has been slower than hoped - far too slow for the tens of millions who have since died of hunger. This has not been a failure of science and technology, but a failure of political will and compassion. We can never truly help the poor until the day we feel their poverty as our poverty, their hunger as our hunger. When that day comes - and only then - will we succeed.

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Maynard JOSEPH (Dominica): Mr President, on behalf of the -delegation of Dominica, I am honoured to congratulate you and your country, Jamaica, on your election as President of the 27th Session of the United Nations Food and Agriculture Organization Conference. I am particularly pleased that this distinguished position is held this year for the first time by a national of a CARICOM country, and I have no doubt that your intellect and wide experience as one of the Caribbean's outstanding diplomats will ensure excellence in the perfomance of your duties. I assure you Mr President, of the full cooperation of my delegation in your conduct of the affairs of the Conference. Permit me immediately to express the concerns of my country at this prestigious gathering. I intend to be brief in my statement. Hence I wish to come to the point as quickly as possible.

Dominica, with the usual assistance of the FAO, has developed and is now implementing the Agricultural Sector Plan (1993-95). The plan seeks to achieve the following goals: (1) to improve the quality of the life of the rural people in Dominica; (2) to achieve expansion in export earning; (3) to raise the standard of living through greater income and employment creation; (4) to meet the nutritional requirement of the general population; (5) to foster economic stability through diversification, and (6) to maintain the production potential of agricultural resources and to preserve the environment.

The development policy hinges on agricultural diversification as a means of cushioning the economy against the risks of external and internal shocks. Efforts are directed at improving the productivity and competitiveness of bananas while at the same time pursuing the diversification programme.

The plan gives prominence to the expansion of non-traditional exports and to import substitution. It calls for investment in the development of livestock, fisheries, forestry/agroforestry and environmental management. Particular attention is being paid to the strengthening and coordination of institutional support.

It is by no means an accident that bananas occupy the top position in the list of priorities for the Commonwealth of Dominica. The Dominican economy is entirely dependent at present on the banana industry and on favoured access to our traditional markets in Europe. The banana industry, so vital to the survival of the Dominican people, is under serious threat by the major banana producers of Latin America, although the Windward Islands industry accounts for only 2 percent of the world's production of bananas.

The threat to the banana industry in Dominica threatens the fundamental human rights of its people and the collapse of the industry will lead to economic collapse, social upheaval and political disaster. The same is true for the other Windward Islands of St. Lucia, Grenada and St. Vincent and the Grenadines, with consequential effects on the other Members of the Organization of Eastern Caribbean States.

Dominica calls on the international community to support Dominica and the other Windward Islands in their efforts to ensure the survival of the economy and the protection of political, civil, economic, social and cultural rights of the people in those islands. Particularly, I call on our Latin American neighbours to honour the spirit of the Declaration of Managua, and to take into account the severely adverse impacts on the economies of the OECS Member States that their policies on bananas, not as critical to their economies, are likely to have.


I believe that the FAO can and should assist in this very-critical matter, given the good record of the Organization in my country. Not only can it provide guidance to our countries on the issue of the protection of Windwards banana industry but it can assist in fostering amicable relations among all members of the banana-producing Latin America and Caribbean group so as to promote a common understanding and goals for the continued survival of our industries.

In recent times FAO, has been consistent in its efforts in assisting the development of the agricultural sector and the diversification programme being pursued. Between 1983 and 1992, a total of 22 projects have been implemented in Dominica, most through the TCP mechanism of the FAO, for which we are grateful.

Recently, considerable attention has been paid to the development of small island states such as Dominica and the ever-present threats of destruction to their fragile environment and the sustainability of agriculture. The call for careful and planned production must constantly be made and every assistance provided to countries such as ours when limited technical manpower in particular makes the need for external assistance, both financial and technical, ever more important.

Critical issues such as greater investment, attitudes, labour, research, mechanization, training, reorientation in agriculture, the hostile global environment, trade pacts that fail to create equal opportunities must be addressed and not ignored.

The fisheries sector plays an important social and economic role in small coastal states like Dominica. It contributes to food security, foreign exchange, employment and development of rural communities as occurs in many developing countries. Despite the threats of the world's declining marine resources due to overfishing, we are linked to the belief that the ocean is the last frontier for our nation. We are preparing for our turn to begin to explore to the optimum of that resource, conscious of all the measures related to "responsible fishing" and the conservation of endangered fish species. We are adapting and developing techniques to make our fishermen and fisherfolk more efficient at what they do.

We have strengthened our institutional base and have concentrated on the training of our fisheries personnel. It is our wish to continue along these lines. With these developments we want the continued promotion of TCDC (technical co-operation between developing countries) initiatives.

We have introduced appropriate management plans, development plans, and fisheries legislation in keeping with standards set by the UN/FAO. We have developed our capacity in aquaculture with the culture of prawn and tilapia fish species. There is good potential for future expansion. We are thankful to FAO for the assistance rendered in the past in the above areas, much of which have been in the area of technical cooperation projects (TCP), a programme we pray will, and must, continue.

We remain concerned as to the degree of attention now granted to the Eastern Caribbean/Lesser Antilles region vis-à-vis that given to the larger Latin and South American Region. There is need to extend much of the programmes which are being initiated into the eastern Caribbean. The Caribbean sea is regarded by some as a barren desert. This should not be used to divert attention from our needs and our determination to develop our fishing industry. As a small state which has demarcated its exclusive


economic zone (EEZ), Dominica needs the capacity to monitor and control what goes on in that marine space. Therefore assistance is required in the form of basic equipment to execute the appropriate surveillance.

Mr President, distinguished delegates, the Food and Agriculture Organization has given timely assistance to Dominica in promoting the wise use of its forest and wildlife resources. Recent assistance has focused on forest legislation, forest inventory, forest management and the well-publicized Tropical Forestry Action Programme.

We are happy that the necessary data have been compiled and the appropriate management plans have been developed. Now the necessary funding is to be mobilized to ensure that the forestry sector optimizes its contribution to our national development. Forestry impacts most forcefully on the rural communities by creating jobs, providing raw materials and conserving genetic material. Whenever rural development is in harmony with nature there is bound to be meaningful progress, since such development is expected to be sustainable.

The rural folk in Dominica depend on proper forest management to be able to continue to reap benefits such as the abundance of wildlife in the open hunting season, timber for shelter and fuelwood, herbs and plants for medicinal purposes, an abundance of water and effective soil conservation, among others. The Tropical Forestry Action Programme in Dominica was designed to capture the views of a wide cross-section of the population, especially persons in the rural communities. A number of projects have been identified, all designed to improve the quality of life of Dominicans. I must, Mr President, therefore express my concern about the general slowness in which the Tropical Forestry Action Programme has actually progressed, especially in the organization of the necessary financing of the various projects identified. It is therefore with great anticipation that we await the allocation of financial resources to implement the Tropical Forestry Action Programme in Dominica.

The global concerns so forcefully expressed in Rio last year for special attention towards the forestry resource in particular need tangible expressions of support by the wealthier industrialized countries, who, incidentally, have contributed to much of the global environmental situations existing today, through the funding of forestry and environmental enhanced projects.

Mr President, Dominica has been, and will continue to be, the nature-island. Visitors to our shores marvel at the green landscape and the abundance of natural beauty which abound everywhere. Forests, rivers, waterfalls, wildlife, lakes, sulphur springs and unique features are in abundance. Historic sites, marine resources and a rich culture provide great diversity to the tourism industry. It is very clear why forest and fisheries management are so important to Dominica. Forest resources, and to a lesser extent fisheries resources, provide the backbone to the tourism development programme. The development of tourism is part of the overall programme to diversify the national economy, to be less dependent on agriculture. Dominica has established national and marine parks to support the tourism industry, as well as to promote sound environmental management. Eco-tourism is alive in our blessed country. The establishment of marine reserves will further consolidate our position as a nature destination.

There is no doubt that Dominica has developed slowly. However, slow development has worked to our advantage, since costly mistakes have been


avoided. The country is virtually unspoilt and the opportunity now exists to become a world model in terms of sustainable development. A number of international agencies have recognized the value of Dominica as an international heritage, given the rich diversity of plant and animal life and the number of endemic species found on the island. While we are eager to share these resources with our visitors and researchers, we jealously guard against the over-exploitation which has inflicted untold damage on some of our neighbouring islands.

The strategy to develop the tourism sector makes provisions for linkages with the agricultural sector. The use of local foods in the food and beverage business is another important aspect of our tourism industry. In providing such effective links, Dominica should avoid the migration of rural folk into the cities and towns. Many books have been written about the negative impacts of such migration into cities on the agricultural sector of many developing countries.

Mr President, what I am outlining to this prestigious gathering is the integrated approach to national development which has gripped Dominica, an approach to development which has at its cornerstone the participation of all sectors of the population. The private and public sectors, nongovernmental agencies and the public at large make their contribution to national development. Dominica has a strong tradition of local government, cooperative endeavours and self-help schemes, which are the envy of many developing countries.

The drive towards national development to foster economic growth caters for the development of the human resources of the country, a well-nourished and educated population is essential for long-term economic development. The Food and Nutrition Council has made tremendous strides in sensitizing the public in matters related to balanced diet. The Council has also provided for the nutrition of the underprivileged through various programmes, especially the School Feeding Programme, funded by the World Food Programme. Dominica will soon be approaching the FAO for assistance in adopting a national nutritional plan which will guide the nation on food and nutrition matters.

The role of women in national development is not overlooked in Dominica. In recent times, women in Dominica have occupied top positions, such as Prime Minister, Speaker in the Parliament, Mayor and Judge. The present Prime Minister, Dame Eugenia Charles, who could not make it here for this Conference, has been in office for the last 13 years, and continues to perform outstandingly. Women play important roles in agriculture, education, health, local government, services, manufacturing and trade. The rest of the world can learn a great deal from Dominica in the area of Women in Development.

Mr President, I take this opportunity to thank the FAO for coming to Dominica's assistance in the past. On behalf of the delegation of Dominica, I thank the outgoing Director-General for his distinguished term in office. On the same note, we look forward to the new Director-General's term with the customary high expectations.

My country is prepared to face the challenges that are brought about by the changes in the global environment. However, Dominica is unable to meet these challenges on its own and calls on the assistance of the international community, especially the FAO, to assist us in meeting these challenges. The role of small island states in world affairs may not have


been prominent in the past, but this is changing rather quickly. Small island states are beginning to make an impact in world affairs, and this should be encouraged and supported.

In conclusion, on behalf of the Commonwealth of Dominica, I thank the Republic of Italy for hosting this historic Conference.

I thank you so much.

Applause
Applaudissements
Aplausos

Roberto S. SEBASTIAN (Philippines): At the outset, we wish to congratulate you, Mr Minister Mullings, on your election as Chairman of this Conference.

We meet at a time when the world community presses onward to the year 2000 with a mixed sense of optimism and anxiety. While we pin much hope on the wave of democratization that has swept across many countries, we also view with apprehension and sympathy the turmoil and difficult adjustments these "societies-in-transition" must surmount. While the end of the Cold War bolsters our confidence in the viability of "laissez faire", we must nevertheless deal with the lingering recession which continues to bedevil the economies of developed and developing nations alike. And, while we rejoice at the world's increasing capability to produce more than enough food to feed its burgeoning population, we are alarmed by the persistence of hunger and malnutrition in many developing countries as they cope with the vicious cycle of rapid population growth, worsening poverty, and environmental degradation.

These turn-of-the century ironies serve to underscore the urgency of stronger and more focused global cooperation to ensure food security for all, achieve more stable and open markets, and protect the sustainability of the earth's resources. FAO has the capability and the potential to play a unique role as a catalyst for global action to address these pressing concerns. As it opens a new chapter under the stewardship of a new Director-General, the Organization faces the challenge of maximizing its comparative advantage as a forum for developed and developing nations to arrive collectively at common solutions to food and agricultural issues, as a nexus for the exchange of statistical and scientific information among countries, and as a broker of technical assistance provided to member countries through bilateral and multilateral funding. Indeed, these are the cornerstones of FAO's mission which President Hraoui of Lebanon underscored and commended to Member Nations as he opened this important 27th FAO Conference. We are convinced that judicious management and deployment of the Organization's financial and human resources in accordance with these mandates entrusted to FAO by Member Nations will bolster donor countries' confidence in its ability to discharge its unique role as a catalyst and facilitator of agricultural and rural development. We are faced with the reality of declining contributions to FAO from major donor countries as a result of intractable global economic difficulties, and yet we have seen the cost of supporting a large bureaucracy increase through the years. As FAO turns a new leaf, therefore, my delegation calls for more vigorous efforts to streamline its organization, strengthen its field programmes, and decentralize its services to enable it to respond more quickly and more efficiently to the growing needs of its developing member countries.


We support FAO's Medium-Term Plan and its Programme of Work and Budget. We commend the Plan's focus on actions to abolish hunger and malnutrition within the larger context of sustainable agricultural development.

In particular, we applaud the follow-up actions to the International Conference on Nutrition, specifically the allocation of increased resources to the Nutrition Division and the Food Security Assistance Scheme. These priorities further encourage our government to abide by its commitments to the ICN, foremost of which is the implementation of the Philippine Plan of Action for Nutrition launched in July 1993.

We also join other delegations in adding our support to the follow-up measures to Agenda 21, specifically the implementation of the Framework for Sustainable Agriculture and Rural Development, as well as the sub-programmes on land management, conservation of plant and animal genetic resources and crop protection, including the broader adoption of integrated pest management approaches. We call for more substantial international collaboration and networking in these areas.

The Philippines would undoubtedly benefit from such collaboration as it embarks on a renewed bid to modernize agricultural production through what we call the "Key Production Area" strategy, an agricultural diversification approach whereby crops are grown in areas best suited agroclimatically for those crops.

Infrastructure support, appropriate post-harvest facilities and marketing assistance would then be focused in these key production areas to optimize the use of scarce resources and boost farmers' returns from their investments. Through this strategy, we hope to attain food security, if not food self-sufficiency, in our main staples, build up our cattle and dairy industries from scratch, and improve the range and quality of our export products.

Indeed, FAO's emphasis on the optimal and prudent utilization of agricultural resources inspires us to continue refining our strategies in order to improve agricultural productivity, increase farm income and enhance the global competitiveness of our exports, while conserving the sustainabilty of our forest, marine and land resources.

We are gratified by FAO's recognition of the crucial role that agricultural planning and policy analysis play in charting the course of rural development and growth. This is underscored by the budgetary increases for the sub-programmes on statistical processing and analysis, global perspective studies, as well as agricultural planning assistance under the Technical Cooperation Programme.

We in the Philippines particularly appreciate the TCP project currently being undertaken to strengthen our analytical capability in the Department of Agriculture to assess the implications on the agricultural sector of macro-economic and structural reforms. We are especially concerned with the development of appropriate safety nets to cushion the impact of trade liberalization on our farmers and fisherfolk even as we strive to put in place the rural infrastructure they sorely need to become competitive.

This brings me to the issue of agricultural trade protectionism, an issue that is of fundamental concern to agricultural exporting countries like the Philippines. It is clear that our shared aspiration for "more trade rather than aid" for developing countries hinges on the removal of protectionist


trade barriers and the achievement of a more balanced and open global trade regime for agricultural products. The Philippines, therefore, joins other Cairns Group countries in calling once more for a successful conclusion of the Uruguay Round by mid-December, with a satisfactory agreement on agriculture.

In conclusion, my delegation commends Director-General Edouard Saouma, for having steered FAO towards a more substantive, people-oriented and environment-friendly perspective, having provided his distinct brand of pro-active- leadership through the many challenges and crises that confronted the Organization during his incumbency.

Let me also once more extend our congratulations and support to Ambassador Jacques Diouf as he assumes his place at the helm of this Organization. We wish him the best as he guides the Secretariat and field staff in giving substance to the goals and priorities laid out by Member Governments during his six-year term.

CHAIRMAN: This intervention brings us to the end of this Session. Before we rise I would ask the Assistant Secretary-General to make an announcement.

ASSISTANT SECRETARY-GENERAL: Namibia has asked for its statement to be inserted in this morning's verbatim record. Thank you for your cooperation.

Anton VON WIETERSHEIM (Namibia): Mr Chairman, distinguished delegates, ladies and gentlemen. It is my singular honour and a distinct pleasure to have been accorded this opportunity to share a few thoughts with you on this important Organization of ours, the FAO.

Mr Chairman, Namibia, a newly independent nation, joined the FAO recently, but our association with this Organization is a longstanding one. During the relatively short period of Namibia's independence, the FAO provided us with invaluable assistance in the fields of agriculture, fisheries and forestry.

There is no doubt that the FAO possesses the technical capacity to render the requisite assistance to the member countries, for this we must give the Organization credit.

The Technical Cooperation Programme is a very valuable mechanism which enables the FAO to respond rapidly when required, to encourage pilot operations and to provide bridging finance in key projects. However, when projects have been identified and formulated, there is not always the guarantee that such projects will be founded on a sustainable basis. This is an area of serious concern to us, and I would prefer to see a continuation in terms of the funding of TCP studies/projects to carry them through to fully fledged projects. This is an area which we should pay undivided attention to in the future.

Mr Chairman, a few years ago, we used to talk about development, today we talk of sustainable development. The issues of genetic resources conservation as well as bio-diversity have gained prominence in recent years. This is a reflection upon our experiences along the development path


we have hither to traversed. The FAO is competent in these, issues and we shall expect it to provide the necessary leadership in this area.

On the other hand, if we want to be relevant to our people, particularly to the rural poor, we must conduct our business in such a manner which is acceptable to them. First of all, we must involve them and, secondly, we must build up local capacity. On the former issue, there is certain sensitivity about it within the FAO. Nevertheless, in the latter respect, we still have a long way to go. Technical consultants are welcome when they are really- needed, and indeed we acknowledge the fact that they provide a valuable service.

However, we must also learn to use local consultants or mixed, counterpart teams to build up local capacity. After all, they are much more familiar with the prevailing local situation. If the incumbent skills are there, let us apply them. This is also an effective way of developing our own people and will contribute to sustainable development in the long run. I am looking forward to a situation where the FAO uses more local consultants, if and when the necessary skills and expertise are available, in order to build up national capacities.

Mr Chairman, this Organization of ours has thus far persevered, but it can only survive the tough times ahead if it can adjust to diverse and demanding circumstances. It must consistently strive to make itself relevant to those whom it's serving. In conclusion, Mr Chairman, I would like to express my sincere wish that the FAO remains relevant to its Member States. I am confident that it can rise to such a challenge.

Thank you, Mr Chairman.1

CHAIRMAN: Conference will no doubt recall a decision to deal with the admission of South Africa at some time today. In all probability this will be dealt with this afternoon at about 4.00 o'clock. I urge all Member Nations to have at least one delegate present at that time, to deal with this important event of the admission of South Africa to membership of FAO.

The meeting rose at 13.35 hours.
La séance est levée à 13 h 35.
Se levanta la sesión a las 13.35 horas.

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1.Statement inserted in the verbatim record on request

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