SDW-801/2





CONSULTATION DE HAUT NIVEAU
"FEMMES RURALES ET INFORMATION"

Rome, 4-6 octobre 1999

STRAT�GIE D'ACTION POUR DES POLITIQUES HARMONISANT LES ENJEUX DE LA S�CURIT� ALIMENTAIRE ET CEUX DE L'�GALIT� DES SEXES
Le r�le de l'information

Table des matières


Cette strat�gie d'action est soumise, pour examen et discussion, aux participants de la Consultation de haut niveau �Femmes rurales et information�. Les avis �mis aideront la FAO et ses Membres � atteindre leurs objectifs visant la s�curit� alimentaire et le d�veloppement durable. Les participants pourront, s'ils le consid�rent n�cessaire, formuler des recommandations � la FAO.

I. RELATION ENTRE S�CURIT� ALIMENTAIRE ET INFORMATION

1. Depuis deux d�cennies, la question de la durabilit� du d�veloppement et celle de la reconnaissance du r�le des femmes dans le d�veloppement �conomique ont suscit� un int�r�t croissant au sein la soci�t� civile, puis des organisations internationales et des gouvernements. En outre, cette fin de si�cle a donn� naissance � l'�re de l'information et de la communication. La diversit� et la rapidit� de circulation de l'information ont une influence sur les m�canismes de contr�le et de r�gulation de la soci�t�. Cependant, les populations �cart�es des flux d'information sont le plus souvent ignor�es des circuits de d�cision.

2. Toutes les derni�res conf�rences internationales, dont la Conf�rence mondiale sur les femmes, tenue � Beijing en 1995, et le Sommet mondial de l'alimentation, tenu � Rome en 1996, ont examin� ces questions. Les relations entre d�veloppement durable, s�curit� alimentaire, �galit� des sexes et information y ont �t� analys�es. Il a �t� reconnu que:

3. En effet, les populations pratiquant l'agriculture de subsistance ont souvent un acc�s limit� aux ressources, qu'il s'agisse des ressources productives (terre, eau, cr�dit, vulgarisation, formation, etc.), sociales (sant�, instruction, etc.), politiques (gestion, d�cision) ou �conomiques (emploi, salaires, etc.). Dans nombre de pays, ce sont les populations rurales qui assurent la majeure partie de la production alimentaire ; cependant, ces populations sont les moins reconnues dans les processus de d�cision, les plus d�sh�rit�es et les plus expos�es � l'ins�curit� alimentaire1. Les agricultrices sont encore plus touch�es par ces limitations, m�me si, dans les pays en d�veloppement, elles produisent plus de la moiti� des cultures vivri�res2. De r�centes �tudes, conduites dans certains pays, ont d�montr� que l'in�galit� d'acc�s aux facteurs de production freinait l'augmentation de la production agricole3.

4. Ces m�mes conf�rences ont d�battu �galement des modes de planification et d'�valuation des politiques. Il a �t� soulign� qu'une meilleure information sur les ressources humaines, leurs situations, leurs r�les et leurs responsabilit�s �tait cruciale pour l'�laboration des politiques. Il a �t� constat� que la formulation des politiques se fondait le plus souvent sur un principe erron�, � savoir celui de la similitude des besoins et des int�r�ts de tous les individus. Par cons�quent, les diagnostics de situation et l'analyse des syst�mes de production, conduisant � la d�finition des priorit�s d'actions et � l'attribution des ressources, n�gligent les diff�rences et les compl�mentarit�s des fonctions assum�es par les hommes et les femmes.

5. Plusieurs forums internationaux ont �galement examin� le r�le des m�dias dans la diffusion des informations sur les femmes. Il a �t� not� que l'image des femmes v�hicul�e par les m�dias se limitait le plus souvent � leur r�le traditionnel de reproduction, et qu'elle �tait parfois m�me n�gative, surtout dans les messages publicitaires et commerciaux. Pourtant, les avanc�es technologiques dans le domaine de l'information pourraient �tre un vecteur pour la promotion des femmes.

6. En conclusion, les responsables politiques ne disposent pas d'informations suffisantes sur les apports �conomiques des femmes et des hommes et sur leur r�le social respectif pour en appr�cier la port�e et l'impact. Sachant que l'information est un outil de d�cision, il est urgent que les gouvernements disposent de donn�es ad�quates et soient en mesure de les collecter, de les analyser et de les valider pour arr�ter leurs priorit�s �conomiques et sociales et pour prendre des d�cisions d'investissement et d'action.

II. STRAT�GIE D'ACTION

7. Objectifs. Sachant que pour mieux promouvoir le statut des femmes rurales, l'information sur les relations existant entre le r�le et les responsabilit�s des hommes et des femmes est indispensable, l'objet de la strat�gie d'action est de fournir aux d�cideurs et aux planificateurs des orientations pour obtenir des informations plus approfondies sur la contribution �conomique et sociale autant des agriculteurs que des agricultrices � la production agricole et au d�veloppement rural. Cette information doit aider � la prise de d�cision pour orienter les ressources vers les personnes jouant un r�le dans la s�curit� alimentaire.

8. Cadre. Cette strat�gie s'inscrit dans le cadre du suivi du Sommet mondial de l'alimentation et approfondit un des domaines du plan d'action pour l'int�gration des femmes dans le d�veloppement, approuv� en 19954, celui relatif � la disponibilit�, pr�cision et utilisation de donn�es et d'informations quantitatives et qualitatives sur les femmes rurales. Elle renforce aussi les autres axes d'intervention du plan d'action: mise au point et utilisation de m�thodologies; mise en valeur des comp�tences des femmes rurales; appui � la formulation de politiques paritaires hommes-femmes.

9. Parties prenantes. Les parties prenantes concern�es par la strat�gie d'action couvrent un large �ventail d'institutions, allant des organisations de la soci�t� civile aux organismes de d�veloppement, des individus aux entreprises priv�es. Chaque partie prenante peut remplir soit une fonction de production de l'information, soit une fonction de diffusion, soit encore une fonction d'utilisation, ou parfois l'une et les autres. Toutefois, dans le processus de conception des politiques, d�centralis� ou non, on peut identifier, pour chaque fonction, des parties prenantes principales:

10. Principes: La strat�gie d'action est gouvern�e par les principes suivants:

III. OBJECTIF 1:
Disposer d'une information sur les femmes rurales
utile � la d�cision

11. L'information sp�cifique selon le sexe, c'est-�-dire des donn�es qui portent autant sur les hommes que sur les femmes, doit �tre approfondie pour r�duire les disparit�s et accro�tre la participation des femmes au processus de d�veloppement. Elle suppose une plus grande disponibilit� de statistiques ventil�es par sexe et d'indicateurs caract�risant la valeur et la nature du travail des hommes et des femmes, ainsi que leur �volution (tendances et perspectives) en termes d'acc�s aux ressources et � leur contr�le.

12. Un travail d'analyse est n�cessaire pour d�montrer, de fa�on indiscutable, la relation entre l'augmentation de la productivit� agricole et l'acc�s �galitaire aux ressources productives. Ce travail ne pourra �tre entrepris que si les commanditaires et les parties prenantes sont r�ellement convaincus de l'utilit� de l'information sur les femmes rurales et si les m�thodes de travail sont profond�ment revues. Une plus grande rentabilit� des investissements consentis pour l'am�lioration de la production agricole en d�pend.

13. Le premier pas est le renforcement des connaissances et des comp�tences, autant des d�cideurs que des producteurs de l'information, sur l'importance de la prise en compte des femmes et de leur contribution cruciale � l'�conomie rurale et agricole et sur la fa�on de l'appr�hender. La formation � l'utilisation de d�marches participatives est �galement requise.

14. En outre, pour optimiser leur valeur, les informations sp�cifiques selon le sexe doivent �tre produites au sein des syst�mes officiels de production de l'information, tels que les recensements et les enqu�tes agricoles. Il faut conduire une analyse des besoins et de la capacit� de r�ponse des m�thodes et outils actuels de collecte, de traitement et d'analyse des informations. Cette �tape est n�cessaire pour r�viser les processus de production et introduire des innovations pour mesurer � la fois le travail des hommes et des femmes et �valuer leur contribution.

15. Pour mener cette r�flexion, l'association de comp�tences interdisciplinaires dans les domaines �conomique et social permettra, d'une part, de mieux identifier les besoins et, de l'autre, de recourir � des m�thodes compl�mentaires de recherche, d'analyse et de diffusion de l'information.

16. Pour diffuser l'information, d�s son �tape de conception, les producteurs (statisticiens, chercheurs, sp�cialistes du d�veloppement, etc.) et les utilisateurs (planificateurs, agents de d�veloppement, etc.) doivent se r�unir pour identifier les besoins, les insuffisances et le mode de pr�sentation et de diffusion des r�sultats.

17. Les actions � conduire seront les suivantes:

Mesures imm�diates:

Mesures � plus longue �ch�ance:

IV. OBJECTIF 2:
Rendre publique la contribution des femmes rurales
� la s�curit� alimentaire

18. Les avanc�es des technologies de l'information ont facilit� la transmission � grande �chelle des informations. Toutefois, les m�dias ne mettent pas suffisamment en �vidence la contribution r�elle des femmes � la vie �conomique et sociale. Les informations sur les femmes sont souvent ponctuelles, le contenu en est souvent partiel et le message, peu cibl� en termes d'audience, se caract�rise, souvent, par une certaine superficialit�.

19. Pourtant, lors d'�v�nements de grande envergure, de dates particuli�res ou de faits marquants, les m�dias ont su consacrer leurs efforts aux questions de soci�t� que pose la situation des femmes. C'est ainsi qu'� maintes occasions, ils ont contribu� � alerter l'opinion publique et � sensibiliser les responsables politiques sur le fait que le monde doit accepter que les femmes sont des acteurs �conomiques et sociaux � part enti�re.

20. En outre, les informations sur les femmes rurales, bien qu'elles se soient multipli�es ces derni�res ann�es, sont encore peu ou mal diffus�es parmi le grand public, en partie parce qu'elles sont concurrenc�es par un grand nombre d'autres informations en circulation. En effet, la surabondance de l'information conduit, de la part des m�dias, � un choix des donn�es � transmettre. Seules les informations exploitables et porteuses de messages clairs et mobilisateurs passent au travers de ce tri.

21. Les m�dias sont importants pour forger l'opinion publique et orienter les d�cisions politiques. La pression sociale, aliment�e par la diffusion d'informations, est une force que les d�cideurs ne peuvent plus ignorer. Les m�dias repr�sentent un puissant vecteur potentiel pour faire conna�tre au grand public les apports cruciaux des femmes rurales � l'agriculture et � l'�conomie, mettre en �vidence leurs contraintes et guider les mesures sociales et �conomiques. De nombreuses soci�t�s ont encore � �liminer certaines discriminations pour assurer un acc�s �quitable aux ressources, garantir une r�partition �galitaire des retomb�es du d�veloppement et assurer une repr�sentativit� paritaire dans les organes de d�cision.

22. Les actions � conduire seront les suivantes:

Mesures imm�diates:

Mesures � plus longue �ch�ance:

V. OBJECTIF 3:
Renforcer les modes de communication entre
populations rurales et d�cideurs

23. En plus d'�tre un outil pour les d�cideurs, l'information est une ressource, � la fois pour les femmes et les populations rurales et pour les responsables politiques. En effet, l'acc�s partag� � l'information est une condition pour prendre des d�cisions argument�es. La communication interactive entre les d�cideurs et les populations rurales permet l'�tablissement d'un dialogue, l'�change de points de vue et le d�gagement de consensus. Elle favorise des politiques acceptables et plus conformes aux int�r�ts des uns et des autres.

24. Les femmes rurales, par exemple, poss�dent des connaissances � la fois traditionnelles et modernes leur permettant de pr�server la base des ressources et d'innover. Leurs strat�gies peuvent �tre tr�s utiles � la conception de m�canismes de d�veloppement et donc aux planificateurs et aux d�cideurs politiques, particuli�rement dans un contexte de r�duction des ressources.

25. La circulation de ces informations dans les deux sens peut �tre facilit�e par des organisations de la soci�t� civile dont le champ d'action et les m�thodes de travail favorisent le dialogue entre les populations rurales et les responsables politiques. En outre, le langage et les modes de communication utilis�s par les d�cideurs et les populations n'�tant pas forc�ment compr�hensibles et accessibles par les uns et par les autres, les organisations de la soci�t� civile ont souvent une fonction de m�diateur et un r�le de pr�sentation de l'information.

26. Les actions � conduire seront les suivantes:

Mesures imm�diates:

Mesures � plus longue �ch�ance:

VI. MISE EN OEUVRE DE LA STRAT�GIE D'ACTION

27. L'examen et la discussion de la strat�gie d'action par la Consultation � haut niveau sur �Femmes rurales et information� constituent la premi�re �tape de sa mise en oeuvre. Il est escompt� une plus grande prise de conscience des responsables politiques sur l'importance des questions d'�galit� entre les sexes au regard de la s�curit� alimentaire, ainsi que leur soutien pour traiter les besoins en information visant une prise en compte r�elle des femmes dans les processus de d�veloppement.

28. La mise en oeuvre s'inscrit dans le cadre du suivi du Sommet mondial de l'alimentation. En l'an 2000, les conclusions de la Consultation de haut niveau sur �Femmes rurales et information�, ainsi que les premiers r�sultats obtenus par l'application de cette strat�gie d'action, seront analys�s et consid�r�s pour l'�valuation � mi-parcours de la mise en oeuvre de la plate-forme d'action de la Conf�rence mondiale sur les femmes (�Beijing + 5�). En 2001, ann�e d'ach�vement du plan d'action de la FAO pour l'int�gration des femmes dans le d�veloppement, le niveau de r�alisation des actions propos�es dans cette strat�gie d'action sera d'une grande importance pour formuler le prochain plan d'action.

29. La mise en oeuvre de la strat�gie d'action d�pend des priorit�s des Membres de la FAO. De nombreux pays ont d�j� lanc� des actions d'am�lioration de l'information sur les femmes rurales. La poursuite de ces activit�s, ainsi que leur renforcement, est fondamentale. La FAO, en collaboration avec ses Membres, et � leur demande, donnera des conseils et des avis, formulera des directives, diffusera des orientations m�thodologiques et fournira une assistance technique pour d�velopper des strat�gies, des m�thodes et des outils pour produire des informations ventil�es et analys�es par sexe. Elle assurera donc les fonctions normatives qui sont les siennes, sachant que son r�le n'est pas de produire des informations sur les femmes rurales mais de les collecter, de les traiter et de les diffuser.

30. Pour soutenir cette fonction normative et sous r�serve de disposer de fonds suffisants, la FAO visera �:


1 FAO. 1997. Femmes et s�curit� alimentaire. Situation actuelle et perspectives. Rome.

2 FAO. 1995. Un avenir plus juste pour les femmes rurales. Rome.

3 Banque mondiale. 1999. Gender, growth and poverty reduction. Rapport sur la pauvret� en Afrique subsaharienne, 1998. Par exemple: au Burkina Faso, un accroissement de la production de 10 � 20 pour cent serait possible si, au sein d'un m�nage, les ressources �taient partag�es entre les parcelles des hommes et celles des femmes; au Kenya, les r�coltes des parcelles des femmes pourraient augmenter de plus de 20 pour cent si les hommes et les femmes disposaient d'intrants identiques.

4 FAO. 1995. Plan d'action FAO pour l'int�gration des femmes dans le d�veloppement. Conf�rence, C 95/14-Sup.1-Rev.1. Rome.