Page précédente Table des matières Page suivante


Le dessouchage

K.W. Wilson

Cet article de K W. Wilson a été précédemment publié sous la forme d'une plaquette (Arboricultural Leaflet n° 7) rédigée par la Forestry Commission du Royaume-Uni pour le Ministère de l'environnement.

1. Creusement de tranchées autour d'une souche haute, qui sera tirée dans la direction indiquée.

2. Un tracteur équipé d'une lame frontale (à gauche) fait basculer et déracine partiellement un arbre en le poussant en un point haut du tronc et (à droite) termine l'arrachage et l'extraction en appliquant une poussée latérale et de bas en haut au niveau des racines.

Les souches restées en terre peuvent être un danger pour les véhicules et pour les piétons. Dans les exploitations agricoles, elles constituent un obstacle aux travaux aratoires. Dans les zones aménagées en vue de la construction, elles peuvent gêner par leurs rejets et drageons, obstruer les canalisations, détériorer les fondations tout en représentant un foyer possible d'infection cryptogamique (notamment Armillaria mellea). il faut par conséquent chercher à les détruire pour remédier à tous ces inconvénients.

Dans le présent article, nous décrirons les principales méthodes à appliquer pour éliminer les souches en zone tant urbaine que rurale.

Système radiculaire

La taille et la forme des souches varient selon l'essence et l'âge de l'arbre, et elles sont influencées par la nature du sol. Les essences feuillues ont en règle générale un système radiculaire plus profond que les résineux, ayant une plus grande aptitude à pénétrer les sols argileux compacts, leurs souches sont donc souvent plus difficiles à extraire que celles des résineux. Dans les limons sableux profonds, cependant, les résineux peuvent avoir un système radiculaire fortement étalé en profondeur. Pour toutes les essences, les principaux obstacles à cette forme de développement des racines sont une humidité permanente, la compacité du sol, une proportion élevée de pierres et la présence d'un revêtement dur à la surface du sol. Les racines absorbantes exploitent de préférence les zones humides et fertiles du sol, en particulier celles qui contiennent de la matière organique. Un système radiculaire irrégulier et asymétrique peut se développer lorsque la croissance des racines est freinée par un mur ou par des fondations, ou est, au contraire, favorisée par un sol ameubli ou bouleversé par des travaux de terrassement. La proximité d'autres végétaux ligneux peut également influer sur la propagation des racines.

Comment préparer l'extraction des souches

Les termes couramment employés d'«extraction des souches» ou «extraction des racines» sont trompeurs, car il est rarement possible d'extirper en entier toutes les parties souterraines d'un arbre. On peut souvent éliminer une plus grande proportion de racines avec la souche si l'on commence l'extraction avant de séparer le tronc.

Il est indispensable de localiser les conduites souterraines, notamment de gaz, d'eau et d'électricité. Il faut également s'assurer que de grosses racines latérales n'ont pas pénétré le sol au voisinage de fondations. Lorsque les souches sont situées en limite de propriété, il faut identifier les propriétaires et négocier un droit de passage s'il est nécessaire d'accéder sur un terrain adjacent. Si les opérations de dessouchage risquent de gêner la circulation sur une route ou un sentier, il faut informer l'agent local des ponts et chaussées et la police, de façon qu'ils assurent la sécurité du public.

Une fois qu'une souche a été extraite du sol, il reste à se débarrasser de cette masse de matière ligneuse. Le bois des souches brûle en général moins bien que celui des troncs et des branches, mais il y parvient si l'on fait d'abord un feu de branches et autres débris qui dégage suffisamment de chaleur. Une autre solution consiste à transporter les souches jusqu'à une décharge. Certaines autorités communales acceptent ce genre de déchets dans leurs décharges publiques, tandis que d'autres y répugnent. C'est pourquoi, avant de commencer le travail, il faut décider des méthodes d'élimination des souches si l'on ne veut pas qu'elles offrent pendant des années une vue inesthétique ou constituent un obstacle, ou encore un foyer d'infection cryptogamique pour les autres végétaux.

3. Modes d'attache d'un câble ou d'une chaîne sur un arbre. (A) Incorrect: boucle coulissante sur câble provoque des coques permanentes et endommage les torons du câble. (B) Incorrect: chaîne ajustée trop serrée provoque un effort excessif sur les manilles. (C) Correct: câble au chaîne faisant deux tours sur le tronc et relié à la manille selon un angle inférieur à 600.

4. Rainure creusée sur une souche basse pour assurer la chaîne. (A gauche) chaîne avec crac étrangleur pour traction directe: (à droite) amarrage pour le basculement.

Le coût des techniques décrites dans cet article varie selon l'emplacement. les risques, la somme de travail nécessaire et l'état des souches. Il faut par conséquent étudier avec soin tous les aspects de l'opération et rédiger des spécifications détaillées s'il est fait appel à un entrepreneur, lequel devra être dûment assuré.

Méthodes d'extraction

Creusement. Le déterrage des petites souches à la pioche est souvent laborieux, et les souches d'une certaine dimension exigent généralement des moyens mécaniques. Dans l'un et l'autre cas, la méthode de travail sera la même.

Lorsqu'on a conservé une certaine longueur de tronc au-dessus du niveau du sol, il est souvent inutile de creuser tout autour de la souche. Le creusement se fera suivant la succession d'opérations indiquée à la figure 1. Les tranchées 1 à 3 doivent être ouvertes dans l'ordre numérique, et toutes les racines rencontrées doivent être sectionnées. Si une poussée exercée au sommet du tronc ne suffit pas à déloger la souche, il faudra creuser la 4e tranchée.

Si l'arbre a été coupé rez-terre il faut creuser tout autour de la souche avant de l'extraire.

Il peut ne pas être nécessaire d'extirper toute la souche, et dans ce cas, après excavation partielle à la pioche, on peut réduire sa hauteur en la sciant. Toutefois, avec une scie à chaîne, la chaîne et le guide-chaîne peuvent facilement être endommagés par contact avec le sol et des pierres. Lorsque la pente du sol autour de l'arbre est trop forte pour les machines, le creusement manuel peut être relativement aisé en raison du plus faible volume de terre à enlever.

De nombreux engins conviennent pour l'extraction des souches par creusement, mais le plus couramment utilisé est sans doute la pelle excavatrice à quadruple fonction montée sur tracteur à chenilles, type JCB ou Hy-Mac; on peut également utiliser un chargeur frontal monté sur un tracteur agricole. Toutefois, la plupart de ces machines conviennent surtout pour les exploitations agricoles, les forêts ou les grands chantiers de construction où les souches à extraire sont nombreuses et où l'on a beaucoup d'espace pour manœuvrer. Des engins lourds permettent souvent d'extirper les souches rapidement et bien, mais leur transport à pied d'œuvre est onéreux, et la location horaire est élevée on ne doit les utiliser que si le programme de travail est suffisant pour justifier le coût du transport, ou si l'équipement est déjà sur place pour d'autres opérations. Lorsqu'on dispose d'une lame ou d'une pelle frontale, on la lève et on l'applique sur la longueur de fût restante (figure 2). Au fur et à mesure qu'il exerce une poussée sur l'arbre, le conducteur lève la lame ou la pelle, ce qui tend à soulever l'arbre, et en même temps augmente la pression au sol de l'engin et par suite l'adhérence. Lorsque le tronc est incliné et immobilisé et que les racines du côté opposé commencent à sortir de terre, le conducteur recule le tracteur, engage la lame ou la pelle sous les racines, et ensuite pousse en soulevant, renversant ainsi l'arbre.

L'extraction des souches par creusement déplace beaucoup de terre et il peut être malaisé de se débarrasser des souches. En revanche, les gros engins sont généralement capables de déplacer à travers le terrain des souches même lourdes et encombrantes.

Extraction par levage. Avant de pouvoir soulever la souche à l'aide d'un levier ou d'un cric, il faut creuser le sol autour des racines maîtresses. Les petites souches peuvent alors être soulevées à l'aide d'une barre à mine. Pour des souches plus grosses, l'emploi d'un cric hydraulique manœuvré à la main peut se justifier. Il faut placer le cric sur une base solide et fixe, et soulever chacune des grosses racines à tour de rôle en disposant des cales et des coins pour empêcher la souche de revenir en place et de bloquer l'ouvrier. Il est dangereux d'utiliser une barre à mine ou un cric hydraulique, car la souche partiellement dégagée peut tourner ou basculer lorsqu'on applique un effort sur une autre racine maîtresse.

5. Amarrage correct (à gauche) et incorrect (à droite) d'une chaîne sur une manille.

6. Ancrages au sol. (En haut) type à piquets; (en bas) type à tarière.

7. (En haut) deux épaisseurs de courroie de convoyeur à charbon protègent l'arbre d'ancrage de l'élingue; (en bas) amarrage de l'élingue sous une grosse racine.

Il existe des accessoires hydrauliques pouvant être adaptés sur l'attelage à trois points d'un tracteur à roues normal. Le fonctionnement de ces outils est basé sur un effort de traction verticale exercé par le système hydraulique du tracteur prenant appui sur des patins de stabilisation au sol. Les souches à extraire doivent conserver au moins 45 cm de fut pour que les mâchoires hydrauliques puissent les serrer. Une fois la souche extraite, le tracteur avec son arracheuse peut la porter pour l'évacuer. La taille maximale des souches que ces machines peuvent manier est dictée par l'écartement des mâchoires hydrauliques, qui sur les modèles actuellement disponibles est de 40 cm. Ces machines sont idéales pour dessoucher les vergers et les plantations forestières, où l'expérience a montré qu'elles avaient une puissance de levage amplement suffisante.

Emploi d'on treuil. Une méthode fréquemment utilisée pour extraire les souches d'arbres consiste à les tirer au moyen d'un câble fixé autour du tronc et relié au treuil ou à la barre d'attelage d'un tracteur. Il est extrêmement difficile d'estimer la force nécessaire pour arracher une souche à l'aide d'un treuil. Il faut prendre bien garde, lorsqu'on choisit l'équipement de treuillage, de s'assurer que chaque élément est capable de supporter une charge d'utilisation de sécurité bien supérieure à l'effort qu'il est prévu d'appliquer sur la souche. En outre. tous les accessoires, c'est-à-dire câbles d'acier, manilles, élingues en chaîne ou en câble d'acier, poulies, ancrages, doivent être suffisamment robustes pour résister à l'effort que le dispositif de tirage est appelé à exercer. Une plaque ou inscription gravée doit indiquer la charge de sécurité de l'équipement, attestée par des certificats d'essais délivrés au moment de l'achat. L'équipement doit être maintenu en bon état et régulièrement inspecté par un mécanicien qualifié pour garantir qu'il est toujours conforme à la charge de sécurité gravée sur chaque élément.

L'usure la plus importante se produit normalement au point d'attache de la ligne de traction sur la souche. Il faut employer un système de serrage constitué par une élingue en chaîne ou en câble d'acier. En aucun cas, on ne doit utiliser le câble du treuil pour ceinturer la souche (figure 3A): cela provoquerait des coques permanentes du câble réduisant sérieusement sa charge de sécurité. Pour l'élingue, la chaîne est préférable au câble d'acier car elle résiste mieux à un effort excessif, donne une meilleure prise sur la souche, est d'un maniement plus sûr et d'un transport plus aisé. En revanche, à résistance égale, elle est bien plus lourde, et dans les grandes tailles elle est trop pesante pour être d'un emploi pratique. L'élingue en chaîne ou en câble doit être suffisamment longue pour permettre une bonne fixation à la ligne de traction. Un surcroît d'effort inutile s'exercera sur une flingue qui s'ajuste trop étroitement autour de la souche (figure 3B). Une élingue plus longue faisant un double tour sur la souche fournira une prise suffisante sans provoquer de surcharge (figure 3C). Plusieurs modes d'attache sont possibles, mais tous ont pour limitation le risque que la chaîne ou le câble se dégage de la souche au cours de l'extraction. On peut réduire ce risque en entaillant à la hache ou à la scie à chaîne, tout autour de la souche, une rainure dans laquelle s'ajustera la chaîne ou l'élingue (figure 4). Une autre méthode consiste à passer l'élingue autour des racines maîtresses du côté opposé à la direction de la traction (figure 10). L'élingue en chaîne ou en câble doit être réunie à la ligue de traction par une manille à vis, fermée par un axe convenable. Afin d'éviter que la manille ne se bloque lorsqu'elle a été en charge, l'effort doit être appliqué comme indiqué sur la figure 5, et l'axe ne doit pas être complètement serré - un demi-tour à gauche après l'avoir vissé à fond est normalement suffisant pour éviter le grippage.

Les treuils peuvent nécessiter un dispositif d'ancrage. On peut utiliser des ancrages au sol du type à piquets ou du type à tarière (figure 6). Ils doivent être largement dimensionnes, ou bien il faut en utiliser plusieurs pour résister à la traction de 5 t ou plus susceptible d'être exercée par un treuil forestier.

L'ancrage à piquets est constitué par une longue plaque métallique comportant deux rangées de trous à travers lesquels on enfonce des piquets. en général à angles variés avec la verticale. Elle porte à chaque extrémité un œil ou une maille de chaîne Le treuil est manillé sur l'un de ces œils, l'autre pouvant être utilisé pour y amarrer des plaques à piquets supplémentaires. L'ancrage à piquets peut être mis en place assez rapidement, sauf sur des sols pierreux, secs et compacts, ou des sols superficiels sur du rocher.

L'ancrage à tarière peut être laborieux à installer, notamment dans un sol pierreux tassé. Pour en assurer une bonne tenue, il faut le visser dans le sol en ménageant ce dernier au maximum. Il doit être enfoncé rez-terre, en formant un angle avec la ligne de traction.

Si l'on ne peut réaliser un ancrage au sol, un arbre peut former un bon point d'ancrage pourvu qu'il soit suffisamment robuste pour résister à la traction qui sera nécessaire pour extraire la souche. A moins d'être sacrifié, l'arbre d'ancrage doit être protégé de l'élingue par au moins deux épaisseurs de courroie de convoyeur à charbon ou, en dernier recours, par des rondins de bois, On obtiendra une résistance plus grande en passant l'élingue d'ancrage sous une racine, bien que cela en endommage inévitablement l'écorce (figure 7).

8. Utilisation d'arbres d'ancrage et de jeux de poulies pour (A) doubler (B) tripler et (C) quadrupler l'effort de traction du treuil sur l'arbre à abattre. Le dispositif (D) permet de changer la direction de l'effort de traction pour ébranler l'arbre sans changer la position du treuil.

Lorsqu'on a besoin d'une force de traction plus grande, on peut recourir à un système de palan. Les poulies doivent avoir la taille et la résistance voulues pour être utilisées avec le câble de treuil, c'est-à-dire que la gorge et le diamètre du réa doivent correspondre à la taille du câble. Pour la sécurité de leur emploi, les poulies doivent être munies d'œils plutôt que de crocs, qui pourraient se détacher accidentellement.

Les treuils montés sur un tracteur ou autre engin doivent être ancrés pour éviter que l'engin ne glisse sur le sol. Les types d'ancrages mentionnés ci dessus peuvent convenir, ou bien le treuil peut être équipé de bêches qui s'enfoncent dans le sol lorsque la traction du treuil augmente. Diverses combinaisons de poulies et d'ancrages permettent d'augmenter l'effort exercé sur la souche en formant un palan à deux, trois ou quatre brins (figures 8A à C). Dans la mesure où ils augmentent l'effort sur la souche, ces mouflages augmentent la charge à laquelle est soumis l'équipement utilisé: les élingues, manilles et poulies doivent être suffisamment robustes pour supporter cette charge supplémentaire.

Il est parfois souhaitable d'utiliser des poulies ancrées pour faire varier la direction de la traction, de façon à dégager progressivement la souche en tirant alternativement dans des directions différentes. On fait alors passer le câble d'une poulie à l'autre sans avoir besoin de déplacer le treuil (figure 8D).

Lorsqu'on doit faire un amarrage provisoire à un câble, ou le raccourcir, on peut utiliser une cosse à blocage rapide (figure 9). Pour avoir une plus grande traction vers le haut, on peut utiliser un poteau à encoche ou un «chevalet de dessouchage» (figure 10).

Avant de commencer à tirer, on a avantage à creuser une tranchée tout autour de la souche ou sur une partie de sa circonférence pour pouvoir couper les racines maîtresses et culbuter la souche. Il faut creuser plus ou moins selon l'essence, la taille de la souche et la nature du sol. Un système radiculaire superficiel étalé peut ne nécessiter que peu de fouilles (figure 10 - en haut), mais en coupant les racines latérales, on réduit les risques de dégâts que provoquerait leur arrachage au terrain adjacent. Même après avoir creusé tout autour d'une souche il se peut qu'il reste des racines profondes qui empêchent de l'extraire. Il faudrait alors creuser un trou dans lequel on puisse tirer la souche (figure 10 - en bas).

9. Utilisation d'une cosse 8 blocage rapide pour raccourcir un câble ou pour assembler deux câbles.

10. Utilisation d'un poteau à encoche (en haut) ou d'un tréteau de dessouchage (en bas) pour dévier l'effort de traction vers le haut.

Les tracteurs à roues n'ont pas la stabilité, le poids, la puissance et l'adhérence nécessaires pour déraciner les souches ou renverser les grands arbres. Le recours à des masses d'alourdissement, à une voie large, à des roues jumelées ou à des roues-cages fournit rarement une adhérence et une stabilité suffisantes pour tirer des souches. Faire avancer le tracteur en tirant par à-coups pour ébranler l'arbre ou la souche est dangereux pour le conducteur et risque d'endommager le tracteur. C'est pourquoi il faut utiliser chaque fois que possible un tracteur à chenilles de grandes dimensions.

Il importe également de bien se rendre compte que les câbles de traction et d'ancrage employés avec un treuil monté sur tracteur tendront à former une ligne droite entre la souche et l'ancrage. En tirant vers le haut, comme sur la figure 11A, le câble tendu peut soulever le tracteur et le faire basculer sur le côté. Sur la figure 11B, l'effort de traction vers le bas risque de faire éclater les pneus, à moins que des cales ne soutiennent le carter de pont (figure 11C).

Une autre difficulté, avec un treuil monté sur tracteur et à entraînement mécanique, tient à l'absence de marche arrière. Si le conducteur a mal évalué la charge ou la position du tracteur, il est très malaisé et dangereux de relâcher la tension du câble de traction ou d'ancrage de façon à pouvoir changer la position du treuil.

Lorsque la traction a soulevé la souche et une partie du plateau de racines, le conducteur ne doit pas oublier que, s'il continue de tirer, la souche peut se retourner. Etant donné qu'elle risque de tomber ou de rouler dans n'importe quelle position, l'espace autour de la souche peut être très dangereux.

11. Positions dangereuses de treuillage avec tracteur. (A) Avec une souche située plus haut que l'arbre d'ancrage le tracteur perd contact avec le sol et peur se renverser. (B) Treuillage à partir d'un niveau plus élevé les pneus arrière sont soumis à une forte pression. Pour éviter des dégâts caler l'essieu arrière (C).

Abattage de l'arbre entier. Comme on l'a déjà mentionné, en décidant à l'avance d'extirper les racines, on pourra mettre à profit la hauteur de l'arbre. Pourvu qu'il y ait un espace suffisant et que l'arbre ne soit pas pourri, cassé ou fendu, le bras de levier plus fort que l'on obtient en attachant le câble du treuil en un point haut du fût peut permettre d'extraire une grande partie des racines. Si l'espace est limité ou la cime déséquilibrée, de sorte que l'arbre a tendance à tomber dans la mauvaise direction, un élagage préalable peut s'imposer. De même, le creusement d'une tranchée autour du pied de l'arbre diminue la résistance de la souche à la traction. Lorsqu'on utilise un point de fixation élevé, l'angle de traction ne doit pas dépasser 30. Si l'espace est restreint ou qu'il faille un angle de traction plus grand, l'emploi d'une poulie permet un changement de direction (figure 12).

12. Lorsque l'espace est limité une poulie frappée sur un arbre convenable peut être utile. Un billot peut servir de point d'appui pour faciliter le déterrage des racines.

Dans tous les cas, un billot placé contre le pied de l'arbre à abattre facilite l'extraction d'une quantité maximale de racines et permet de mieux en enlever la terre.

Broyage de souches. L'emploi d'un broyeur qui réduit les souches en copeaux est particulièrement indiqué dans les jardins et d'une manière générale, dans les zones urbaines. Il ne permet pas d'extraire complètement toutes les racines, mais la plus grande partie est détruite et les risques d'infection cryptogamique sont ainsi réduits. Un tel travail fait à la main serait pénible et dangereux, et n'est généralement pas praticable. Diverses machines pour broyer les souches d'arbres ont été mises au point elles vont des machines tractées à moteur indépendant à des engins montés sur tracteur, à entraînement par prise de force. L'élément principal est un robuste disque rotatif en acier, portant des dents durcies. En déplacent latéralement le disque rotatif sur la souche, les dents arrachent le bois par copeaux, et le niveau des outils taillants peut être progressivement abaissé jusqu'à une profondeur maximale de 60 cm. La souche est réduite de cette façon en un tus de copeaux que l'on peut évacuer à la brouette. Il faut apporter de la terre pour reboucher le trou et reniveler le terrain.

L'emploi d'un broyeur de souches est souvent limité par la largeur de l'accès à la souche. Les machines les plus petites requièrent une largeur de 2 m au moins. Les possesseurs de ces machines sont rarement disposés à travailler sur des souches se trouvant dans un sol pierreux à proximité de bâtiments ou de véhicules. La présence de canalisations pose moins de problèmes avec l'emploi d'un broyeur de souches qu'avec les autres méthodes.

Explosifs. Les explosifs sont très utiles pour éliminer les souches dans les zones rurales, loin des constructions, des routes et des canalisations.

Les explosifs sont particulièrement efficaces dans les sols lourds humides, où l'extirpation des grosses souches à la machine pourrait bouleverser beaucoup le sol. Pour le défrichement des terrains boisés, il peut être souhaitable d'utiliser les explosifs pour déchausser et fragmenter les grosses souches. Un tracteur à chenilles équipé d'un râteau défricheur permet d'extirper les broussailles et d'entasser les débris pour les incinérer. Le but recherché avec les explosifs est de soulever la souche en plaçant des charges sous la souche elle-même et les grosses racines latérales. On peut également introduire une charge dans un trou fore au centre d'une grosse souche, et la fane exploser en même temps que la charge principale pour provoquer l'éclatement de la souche. La quantité d'explosif utilisée et son emplacement dépendront du diamètre et de l'état de la souche, du mode d'enracinement de l'essence considérée et du type de sol.

Une réglementation stricte contrôle l'achat, l'entreposage et l'utilisation des explosifs, et il faut faire appel pour le dessouchage à l'explosif à des entreprises spécialisées. Des canalisations situées à proximité des souches à extraire peuvent restreindre l'emploi de ces produits, bien que l'on ait des exemples d'utilisation à 5 m de conduites d'égout sans aucun dommage. Il est indispensable avec soin la protection des alentours, et de vérifier que toutes les charges ont bien explosé.

Moyens chimiques. Les souches mortes sont plus faciles à extraire que les vivantes, parce que la décomposition des racines fines et l'affaiblissement des grosses diminuent la quantité de terre retenue par le système radiculaire. Les résineux dans un sol bien drainé peuvent s'affaiblir en l'espace de quelques mois, tandis que des souches résistantes à la pourriture dans un sol très humide risquent de rester solidement enracinées pendant de nombreuses années. Les souches mortes ont un bois plus léger et retiennent moins de terre que les souches vivantes; ainsi, il y a sans doute avantage à tuer les souches s'il n'est pas urgent de les extraire.

Il existe divers composés chimiques pour tuer les souches, tels que chlorate de sodium, nitrate de sodium, sulfamate d'ammonium, 2,4,5-T; ce dernier est souvent associé au 2,4-D et commercialisé sous l'appellation de «débroussaillant».

Les trois premiers produits peuvent être appliqués sous forme de pâte aqueuse épaisse sur des incisions en encoches annulaires, ou introduits dans des trous forés dans la souche et couverts pour en éviter la dilution. Il faut utiliser un récipient en plastique, car ces sels minéraux attaquent le métal. On peut utiliser un mélange de 2,4,5-T et de 2,4D en solution dans du pétrole ou du gazole, que l'on pulvérise sur les rejets de taillis et que l'on applique également sur l'écorce des souches jusqu'à 15 cm de diamètre. Les grosses souches doivent être annelées en encoches pour assurer un bon contact du produit, ou bien il peut être nécessaire de faire plus d'une application. Il faut prendre le plus grand soin dans l'entreposage et l'emploi des produits chimiques, et les opérateurs doivent être convenablement protégés.

Il existe aussi diverses spécialités chimiques dont les fabricants proclament qu'elles permettent d'éliminer les souches «sans effort» en les brûlant ou en les faisant pourrir. La publicité omet généralement de préciser combien de temps cela prendra: or, le processus peut durer de 10 à 15 ans, selon l'essence de l'arbre et la présence ou l'absence de pourriture. Deux systèmes sont proposés, qui exigent tous deux de forer des trous profonds dans la souche, travail long et pénible. Ils font appel à des produits qui soit «facilitent le brûlage» soit «facilitent le pourrissement».

Le mode d'emploi prescrit est généralement le suivant: il faut appliquer la substance en solution sur la souche coupée, dans des trous forés à cet effet et laisser la souche absorber le produit pendant six semaines: puis y mettre le feu à l'aide de pétrole, après quoi elle brûle jusqu'à la pointe des racines.

L'analyse de certaines de ces substances n'a révélé aucun composé chimique susceptible d'améliorer la combustion. D'autres contenaient du nitrate de sodium ou de potassium, agent oxydant. Appliques sur la souche immédiatement après l'abattage de l'arbre, ces composés seront absorbés par le bois de la souche et pourront aider à sa combustion lorsqu'il sera sec. L'expérience a montré que à moins d'être bien pourries, les souches brûlent rarement, même après un chauffage très prolongé au moyen d'un lance-flammes à pétrole. C'est particulièrement le cas pour les grosses souches d'essences feuillues telles qu'orme et chêne, qui contiennent du bois de cœur. Le brûlage des souches n'est pas recommandé dans les sols à forte teneur en matière organique, car le feu pourrait couver et se propager à travers le sol en causant des dommages aux autres végétaux et aux biens.

Les souches et racines d'arbres, notamment d'essences feuillues, pourrissent très lentement parce que ce processus est conditionné par les agents bactériens ou cryptogamiques. L'analyse des substances facilitant le pourrissement n'a révélé que des composés chimiques susceptibles de tuer les souches et de les rendre plus sensibles à la colonisation par des champignons ou des bactéries, Mais avant que la souche morte puisse commencer à pourrir, il faut que cette colonisation se produise. Même dans ces conditions, de grosses souches peuvent rester saines pendant une durée allant jusqu'à une vingtaine d'années.

Certains ont avancé que des souches tuées par empoisonnement pourraient être plus facilement colonisées par les champignons que des souches non traitées. Toutefois, étant donné que l'un des champignons les plus communs qui envahissent les souches empoisonnées est Armillaria mellea, susceptible de se propager à d'autres végétaux ligneux, ce procédé risque d'être dangereux pour les autres plantes.

A l'heure actuelle, le dessouchage est motivé par des considérations esthétiques ou a pour but de faciliter l'utilisation du terrain. La décision sur la méthode de dessouchage la plus appropriée doit être prise au moment où l'on prévoit l'abattage des arbres et le défrichement du terrain. Mais il ne faut pas oublier que l'empoisonnement chimique des souches peut dans certains cas se substituer avec succès à l'extraction mécanique toutefois, le bois persistera pendant des années avant d'avoir été décomposé par les organismes agents de la pourriture.

Dans l'avenir, il est possible que les techniques évoluent au point que l'extraction des souches ne sera plus que la première étape de l'utilisation de bois jusque-là laissé dans le sol. Cependant, même si une telle récolte devient possible, il est probable que l'opération se limitera aux terrains boisés.


Page précédente Début de page Page suivante