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Les femmes et le bois: Au Kenya et ailleurs

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...ET AU LIBAN Au Kenya, ces activités sont entreprises au niveau national

Les faiblesses de ce système. D'après les femmes locales interrogées, la création et l'expansion des pépinières posaient peu de problèmes. L'approvisionnement en outils tels que pelles et arrosoirs était généralement satisfaisant, et le Service forestier recevait occasionnellement des demandes de conseils techniques, les femmes conservant la maîtrise des opérations. Les participantes s'intéressaient aux arbres à usages multiples et non seulement au bois de feu.

Diverses difficultés et limitations s'opposent cependant à l'efficacité réelle de ces efforts pour alléger le fardeau des femmes. Bon nombre de ces problèmes découlent de la nature des groupements de femmes en général. Dans l'ensemble, l'auteur a décelé quatre grandes lacunes:

· Les groupements touchent ou incluent rarement les femmes les plus pauvres et les plus accablées de tâches. Ce fait peut être dû aux limites imposées à l'admission, à la localisation des activités, à un défaut d'accès à l'information, à un manque de temps et d'énergie, aux exigences du travail ou à d'autres contraintes.

· Diverses caractéristiques des projets de pépinières forestières posent des problèmes. Par exemple, bien que ces projets aient une base locale, la gestion est sans doute trop centralisée, ce qui amène à s'en remettre au bureau central pour ce qui est des questions de paiement et de distribution et allocation. En outre, le paiement numéraire risque de détourner l'attention de la valeur des plants en eux-mêmes, et il est concevable qu'un système de paiement basé sur le temps de travail plutôt que sur le «produit»serait préférable.

· L'existence d'une direction centrale personnalisée crée une situation dans laquelle la continuité du programme dépend dans une large mesure de la présidente et de ses efforts de promotion. Cela exige beaucoup d'elle et soulève certaines questions quant à la poursuite du projet le jour où elle partira.

· Lorsqu'il arrive que leurs projets soient contrariés par suite du manque de ressources telles que terre ou eau d'irrigation, les femmes renoncent souvent à affronter ces difficultés socio-économiques ou politiques profondes, et plus encore à contester les structures juridiques dans des cas où elles ne disposent pas de droits sur la terre ou sur l'eau. Pourtant ce genre d'obstacles peut limiter fortement la portée réelle de l'action que les femmes peuvent exercer grâce à leurs projets de pépinières et de reboisement.

Propositions d'action pour l'avenir

L'appréciation et la portée d'ensemble de l'action des groupements féminins est riche d'enseignements, que l'on peut transposer aux actions futures et à d'autres pays en développement. Le cas du Kenya n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres, qui montre les grandes possibilités qu'ont de tels groupements. Pour accroître ces possibilités, il y a un certain nombre de stratégies à adopter et de mesures à prendre au niveau des projets.

· Les groupements féminins devraient formuler eux-mêmes leurs plans d'action, modalités d'organisation, décisions et objectifs en fonction de leurs besoins et priorités, et des contraintes socio-économiques, culturelles et matérielles particulières. Pour ce qui est du boisement, les femmes sont particulièrement bien placées pour prendre des décisions, comme il a été mentionné.

· On préconise que des planificateurs entreprennent des études de «budget/temps», afin de mesurer et évaluer les tâches féminines; cette sorte d'enquête, toutefois, est généralement insuffisante pour comprendre les contraintes de temps et de travail qui pèsent sur les femmes, et elle ne rend pas compte de la nature et de l'intensité des besognes féminines Les femmes sont les mieux placées pour savoir quels sont les problèmes et les contraintes de temps les plus importants.

· Les groupements féminins tels que ceux qui existent au Kenya devraient échanger leurs expériences et s'épauler mutuellement dans leurs actions, tout en tirant les enseignements de leurs forces et de leurs faiblesses. Par ailleurs, les groupements qui ont réussi devraient prendre contact avec les responsables gouvernementaux à tous les niveaux de décision pour expliquer l'importance de leurs efforts, fournir la preuve des progrès, affermir leur légitimité et, si nécessaire, obtenir appui et aide matérielle de l'Etat. Les femmes qui ont acquis l'expérience de tels projets, sans considération de titres «professionnels», devraient offrir leurs services comme conseillères principales auprès des planificateurs officiels pour les projets forestiers communautaires.

Il faut non seulement encourager les initiatives des femmes, mais aussi réformer les manières de voir des hommes politiques, des planificateurs et des organismes officiels.. Briser les schémas et partis pris traditionnels n'est pas chose aisée, mais les forestiers et autres fonctionnaires, de même que les planificateurs des institutions d'aide et de financement, doivent laisser les femmes pleinement responsables et leur apporter leur soutien. Il deviendra de plus en plus facile d'infléchir les orientations «classiques» au fur et à mesure que les responsables masculins en viendront à apprécier et comprendre davantage les rôles importants que les femmes peuvent assumer, et à reconnaître que les efforts de ces dernières contribueront à la poursuite des objectifs plus généraux de la société tout entière.

Il faut se garder d'espoirs excessifs dans ce domaine: l'action des femmes ne résoudra pas nécessairement les injustices et les inégalités les plus flagrantes, et les projets forestiers n'inverseront pas à eux seuls la tendance à l'amenuisement des ressources ligneuses. Toutefois, si ces projets sont orientés comme indiqué ici, ils sont susceptibles de mener au succès.

Enfin, en dehors des questions de «stratégie», un autre enseignement important se dégage de cette étude, à savoir que les groupements féminins doivent être encouragés à aborder les rapports de pouvoir et les questions politiques, et qu'il ne faut pas les intégrer aux structures existantes, où ils n'auraient pas voix au chapitre. Les efforts des femmes n'auront pas leur plein effet si ces dernières restent des «pions»dépolitisés ou des acteurs de second ordre dans des programmes de développement menés par d'autres. Les femmes doivent au contraire avoir l'autonomie, la présence et la capacité de décision, ainsi qu'un pouvoir politique et économique dans ce domaine qu'elles connaissent intimement.

C'est alors que les femmes «joueront le jeu». Il faut leur donner leur chance. Convenablement orientées, elles peuvent parvenir à alléger leur propre fardeau, écarter la pénurie de bois, bâtir des projets socialement bénéfiques et promouvoir les objectifs plus larges du développement.

MÉNAGÈRE ÉGYPTIENNE FAISANT SA CUISINE des fourneaux à bois améliorés s'imposent

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