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L'avenir des forêts: Mise en œuvre du plan d'action forestier tropical

Déclaration de E. Saouma

Le Plan d'action forestier tropical (PAFT) a été adopté en 1985 par le Comité FAO de la mise en valeur des forêts dans les tropiques, et approuvé en 1986 par le Comité des forêts et par le Conseil de la FAO. D'importantes réunions internationales, telles que le 9e Congrès forestier mondial et la Conférence internationale sur les forêts et les arbres (SILVA), lui ont également apporté leur soutien sans réserve. Aujourd'hui, ce plan bénéficie du ferme appui des pays en développement concernés et de la communauté internationale d'assistance au développement, auxquels il offre un cadre pour renforcer et harmoniser leurs efforts conjoints de développement dans le domaine de la foresterie.

S'inspirant largement des réussites et des échecs passés, le PAFT propose un vaste ensemble de solutions techniques aux problèmes des forêts tropicales. Il présente également d'autres caractéristiques encore plus importantes. Tout d'abord, je voudrais souligner l'accent qu'il met sur des stratégies reconnaissant pleinement le rôle de la forêt dans le développement national et rural, la contribution des forêts et des arbres à la sécurité alimentaire, et les fonctions de conservation des ressources génétiques et de maintien de la stabilité de l'environnement remplies par le couvert boisé. Ensuite, le Plan d'action plaide de manière convaincante pour que soit ajouté à ces stratégies un nouvel élément sans lequel il serait difficile de les traduire en action concrète, à savoir un engagement politique à haut niveau leur garantissant l'appui nécessaire en ressources humaines et financières et en réformes institutionnelles.

Ainsi, la mise en œuvre du Plan d'action forestier tropical suppose avant tout que l'on sache susciter cet engagement de la part des gouvernements des pays en développement, des organisations gouvernementales et non gouvernementales d'assistance au développement, et des organismes internationaux s'intéressant à la forêt. Un tel engagement doit à son tour s'appuyer sur des gouvernements bien informés qui répondent à des plans et projets de développement forestier bien structurés et en harmonie avec les priorités et objectifs nationaux.

C'est pourquoi la mise sur pied d'une action concertée pour réaliser le PAFT à l'échelon des pays est rapidement devenue la priorité absolue. Compte tenu de la brièveté relative de la période écoulée, des progrès encourageants ont été accomplis, dont je voudrais vous faire part en quelques lignes.

La première démarche a consisté à informer tous les gouvernements des perspectives ouvertes par le Plan. Le texte de celui-ci a été adressé aux ministères, services forestiers et instituts de recherche forestière intéressés. Dans de nombreux cas, les gouvernements ont réagi en demandant une consultation directe. Leurs requêtes ont été prises en charge par les principaux spécialistes de la FAO ainsi que par les organisations sœurs d'assistance au développement.

Dans la phase suivante, un certain nombre de missions d'enquête ont été organisées par des donateurs multiples afin de jeter les bases de plans d'action forestiers tropicaux nationaux. Dans d'autres cas, il existait déjà une information suffisante pour élaborer immédiatement les plans nationaux dans le cadre du PAFT.

Il s'agissait ensuite d'identifier et de mettre en forme des propositions de projets fondées sur les plans nationaux. Cette phase est déjà entamée dans plusieurs pays, avec une assistance offerte au titre du Plan d'action.

Pour mener à bien toutes ces activités, des ressources humaines et financières accrues ont été mobilisées tant par les pays bénéficiaires que par les organisations d'assistance au développement

EDOUARD SAOUMA - Directeur général de la FAO

Pour sa part, la FAO joue dans ce processus un rôle essentiel à deux égards. Tout d'abord, elle remplit les fonctions de source d'information pour les gouvernements et de centre de coordination des activités. En second lieu, elle mobilise ses compétences techniques pour assurer la conduite de missions PAFT et d'activités connexes, ou y participer, en sa qualité d'organisation responsable des questions forestières au sein du Système des Nations Unies.

Le Plan d'action ouvre d'autre part de nouvelles perspectives de coopération entre organisations concernées. C'est ainsi que l'une des premières mesures prises dans le cadre du PAFT a été la diffusion d'un rapport intitulé «Tropical forests: a call for action» (Forêts tropicales: appel à l'action), sous le patronage conjoint du World Resources Institute, de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour le développement. Ces trois dernières organisations se sont récemment associées à la FAO pour publier une brochure d'information sur le Plan d'action, visant à toucher le plus grand nombre possible de responsables. En outre, le World Resources Institute, en collaboration avec le Centre de liaison pour l'environnement, a tenu trois séminaires régionaux - en Afrique, Asie et Amérique latine - afin de stimuler la participation des organisations non gouvernementales aux activités du Plan d'action.

Un autre événement très encourageant a été la Conférence de Bellagio sur les forêts tropicales, qui a été financée par la Fondation Rockefeller en coopération avec le World Resources Institute, le PNUD, la Banque mondiale et la FAO. Un compte rendu en est donné aux pages 4 à 7 du présent numéro d'Unasylva.

La mise en œuvre du PAFT est un processus nouveau et complexe, et on a beaucoup appris au cours de sa phase initiale. Les principes ont été affinés et les procédures mises à l'épreuve. Une approche souple, considérée comme l'un des principaux atouts de l'opération, a été suivie.

Mais en dépit de cette souplesse, les gouvernements et organisations participants œuvrent dans l'unité à la poursuite d'un objectif commun: mobiliser les ressources humaines et financières nécessaires pour lutter contre le déboisement au cours des 10 prochaines années, et assurer la mise en valeur durable des ressources forestières tropicales.

On peut dire sans crainte d'exagérer que l'avenir des forêts est aussi celui de l'humanité. La FAO continuera de jouer son rôle de pointe pour la mise en œuvre du Plan, et elle invite tous ceux qui partagent son intérêt pour le développement de l'humanité à s'unir à elle dans cette entreprise.


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