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5. Développement des terres arides

La Conférence mondiale sur la réforme agraire et le développement rural (CMRADR) organisée par la FAO en 1979 a montré que le problème de la pauvreté ne pouvait être ignoré plus longtemps et que c'est dans les zones rurales qu'il faut s'y attaquer (13). Dans ce contexte, les ressources, terres et industries forestières offrent d'importantes possibilités de lutte contre la pauvreté, de changement social et de satisfaction de nombreux besoins fondamentaux dans les zones rurales. Ce qui manque actuellement cependant, c'est une réforme qui remplacerait les méthodes et techniques traditionnelles par une nouvelle approche qui permettrait de tirer parti au maximum de ce potentiel pour créer des possibilités et des revenus pour les ruraux pauvres et assurer leur participation effective aux décisions concernant leur bien-être. L'épuisement et la mauvaise gestion généralisés du couvert forestier aggravent déjà la désertification et dégradent la productivité des terres. Une étude récente intitulée "L'Agriculture à l'horizon 2000" (14), estime que même si les rendements des cultures sur les terres déjà cultivées s'accroissaient de 72%, il faudrait encore dans les vingt prochaines années défricher 200 millions d'hectares supplémentaires. Si ce transfert devait se faire de la même façon qu'à l'heure actuelle, les effets néfastes du déboisement seraient alors très nettement aggravés.

La demande mondiale de produits forestiers industriels va augmenter de façon notable. La demande de biens forestiers non industriels devrait elle aussi augmenter rapidement. Le bois de feu est l'un des produits majeurs de la forêt qui a une importance capitale dans les zones rurales. Dans beaucoup de régions, il est pratiquement l'unique source d'énergie rurale domestique. Comme la cuisine se fait sur des feux ouverts ou sur des chulhas (petits poêles ouverts) dont le rendement thermique est très faible, il est conseillé d'améliorer et de produire des poêles à bois sans fumée permettant d'atteindre une efficacité thermique plus élevée. Les besoins en bois de feu s'en trouveront réduits de 50%, ce qui signifie qu'il y aura davantage de biomasse disponible pour la production et la distillation d'alcool, etc. En outre, le bois restera un matériau important pour la construction d'habitations dans les zones rurales. Le problème du logement tendra à devenir plus aigu à l'avenir et l'on pense que le bois constituera l'une des solutions économiques les plus importantes pour répondre à ces besoins croissants. Ces dernières années, le Forst Research Institute de Dehra Dun a conçu un four solaire de séchage du bois qui réduit le temps de séchage de 40 à 60% par rapport au séchage en plein air, et les coûts d'environ 66% par rapport au séchage en séchoir à vapeur. Dans ces fours solaires, la teneur en humidité du bois peut être abaissée à 12%. Ces fours se prêtent parfaitement à leur utilisation dans les zones rurales par les petites industries du bois. Des radiateurs solaires ont aussi été mis au point pour produire de l'air à environ 100°C pour le séchage rapide du bambou, des roseaux, etc. (62). Les forêts offrent aussi des plantes, graines, noix, tubercules, etc. souvent indispensables au maintien de niveaux nutritionnels suffisants des populations locales. De nombreux produits forestiers tels que les fibres, médicaments et épices, huiles essentielles, huiles, gommes et laques, tanins et teintures, feuilles de bidi, bambous et cannes ont permis à de nombreuses économies nationales de bénéficier d'importants apports de devises. La gestion scientifique de cette ressource qui s'épuise rapidement d'une part, et la transformation ou l'utilisation de ressources inexploitées ou sous-exploitées d'autre part appellent une attention immédiate.

Pour améliorer la situation économique des populations qui vivent en-dessous du seuil de misère, il faudra modifier les méthodes de planification. Pour assurer le développement économique rapide de tant d'êtres dépourvus de tout moyen financier, il faut adopter une approche différente pour l'établissement de programmes planifiés. Pour chaque village ou groupe de villages, il faut concevoir des programmes qui avantagent d'abord le paysan sans terre puis le petit paysan et l'artisan pauvre. Les ressources limitées consacrées au plan doivent être affectées à des programmes destinés d'abord aux plus pauvres. Si l'on adapte cette approche, on s'apercevra que le pivot des activités de développement doit être constitué de programmes à forte intensité de main-d'oeuvre comme la plantation d'arbres et arbustes d'intérêt économique dont 60% environ des dépenses consisteront à employer les paysans sans terre et qui produiront des matières premières pour toute une chaîne d'activités artisanales à créer dans les villages. Ainsi, des arbres comme illipé (Madhuca longifolia), margousier (Azadirachta indica), palas (Butea monosperma), karanja (Pongamia pinnata), imli (Tamarindus indica), babul (Acacia nilotica ssp. indica), saijan (Moringa oleifera), lasora (Corida dichotoma), jujubier (Zizyplus mauritiana), bel (Aegle marmelos), manguier (Mangifera indica), mûrier (Morus alba), fagotier (Sesbania grandiflora), arjun (Terminalia arjuna), mesquite (Prosopis juliflora), etc. constituent la source nécessaire de matières premières pour des activités artisanales telles que la production de tussor et de soie, l'élevage de bétail laitier, la fabrication de pattal, de paniers, d'huile, de papier, etc. Si les matières premières ne sont pas garanties, la campagne en faveur de l'artisanat rural est vouée à l'échec. Le gouvernement de l'Union patronne un programme portant sur des projets de foresterie sociale avec l'aide de la Banque mondiale et d'autres aides bilatérales, qui a déjà démarré dans les États d'Uttar Pradesh, du Gujarat, du Bengale occidental, du Maharashtra, de l'Haryana, etc. (12). Les matières premières fournies par les arbres plantés dans le cadre de ce programme permettraient diverses activités artisanales rurales:

(i) industrie laitière;
(ii) extraction d'huile;
(iii) fabrication artisanale de soie et de tussor;
(iv) fabrication artisanale rurale de pâte à papier;
(v) programme de fabrication de "leaf-cups", etc.

Le programme de foresterie sociale du Gujarat devrait produire 400000 tonnes de bois de feu par an au bout de dix ans, et assurer pendant cette période un emploi à 25000 personnes (16, 67).

On sait que les conditions désertiques de la zone aride s'accentuent. Pour comprendre le processus de désertification, il est indispensable de connaître le système traditionnel d'agriculture en zone aride et les changements qu'il a subis, en particulier au cours des récentes décennies. La diminution de l'isolement physique des zones arides et de leur isolement par rapport aux marchés, ainsi que les réformes agraires à but social ont déclenché un processus qui a accentué le taux d'exploitation d'une base de ressources déjà insuffisante et qui s'épuise rapidement. Cela appelle une combinaison appropriée de mesures technologiques et économiques pour la mise en valeur et la conservation des ressources. Compte tenu de l'environnement défavorable et en particulier d'une humidité faible et instable, la technologie semencière ne peut donner toute sa mesure en milieu aride si elle ne s'accompagne pas des dispositions visant à conserver l'humidité du sol. Dans les projets d'introduction et de développement de végétaux, il est indispensable d'assurer aux jeunes arbres une humidité du sol suffisante pendant un à trois ans, jusqu'à ce que le système radiculaire soit bien installé. Les techniques de conservation de l'humidité jouent un rôle important dans le reboisement des terres arides. Une technique de "micro-piège à eau" a été proposée (Fig. 8). Le paillis en est un élément important car il conserve l'humidité du sol en empêchant le ruissellement, en favorisant l'infiltration et la rétention d'humidité, en diminuant l'évaporation et en empêchant la pousse des mauvaises herbes. Il faut toutefois perfectionner cette technique sur le terrain, où l'on prendra en compte à la fois les déplacements horizontaux et verticaux de l'humidité (2).

Les préoccupations du gouvernement indien concernant ces problèmes l'ont conduit d'une part à créer le Central Arid Zone Research Institute à Jodhpur, le Council for Advancement of Rural Technology et le Rural Technology Institute à Gandhinagar (Gujarat) pour la mise au point de technologies appropriées aux zones rurales et, d'autre part, à entreprendre des programmes de développement tels que le Drought-Prone Area programme, l'Integrated Rural Development Programme, le National Rural Employment Programme, le TRYSEM, le Rural Landless Employment Guarantee Programme, l'Antyodaya Programme, etc. Le Desert Development Programme a été lancé en 1977-78 avec pour objectif de lutter contre la désertification, d'accroître la productivité, les niveaux de revenu et les possibilités d'emploi pour les habitants. Il couvre 18 districts des zones arides chaudes du Rajashtan (Jaisalmer, Jodhpur, Nagaur, Pali, Barmer, Jalore, Bikaner, Churu, Jhunjhunu, Sikar et Ganganapagar), du Gujarat (Banaskantha, Mahsana et Kutch) et de l'Haryana (Sirsa, Bhiwani, Rohtak et Hissar) ainsi que trois districts dans les zones arides froides du Jannu et du Cachemire (Leh et Kargil) et de l'Himachal Pradesh (Lahaul et Spiti, et Kinnaur). La manière la plus efficace de lutter contre la désertification est d'intégrer la conservation et la mise en valeur à tous les stades, depuis l'élaboration initiale des politiques jusqu'à leur application. Bien que plusieurs programmes aient été entrepris dans la région, il faudrait un organisme coordonnateur qui puisse planifier, coordonner et exécuter tous les programmes de développement à travers divers ministères, organisations, universités et institutions.

6. La stratégie future

Les zones arides indiennes sont de loin les plus peuplées du monde. Compte tenu de l'accroissement des populations humaine et animale, le fragile écosystème du désert est soumis à de fortes contraintes qui se traduisent par l'épuisement de ces ressources forestières. Pour empêcher que ne s'aggrave la détérioration de ces ressources et accroître la productivité de différents écosystèmes, il est indispensable de procéder à une évaluation rapide des ressources forestières. Il faut donc dresser d'urgence des inventaires des végétaux d'intérêt économique de la région, en utilisant des méthodes modernes de documentation et de recherche de données, ce qui est important pour la bonne conservation et la bonne utilisation des ressources forestières. L'Inde a une riche tradition d'association étroite de la population à la forêt. Sa population a donc une très grande connaissance des multiples usages des plantes indigènes. Une partie de cette connaissance existe encore, en dépit des changements intervenus dans les valeurs et les cultures à la suite du déboisement, de l'urbanisation et des nouveaux modes de subsistance. Les populations primitives comme celles qu'on trouve dans les sociétés tribales et dans nombre de communautés rurales savent encore beaucoup de choses sur les utilisations et la conservation des plantes. Il faut donc en priorité sauver ces connaissances avant qu'elles ne soient perdues à jamais, en procédant à des travaux intensifs sur le terrain, en laboratoire, en bibliothèque et par un travail d'herbier.

Le bois de feu continuera d'être la source prédominante d'énergie non seulement pour les zones rurales mais aussi peut-être, encore que dans une moindre mesure, pour les citadins pauvres. Les besoins en bois de feu de la population des régions désertiques sont passés en 10 ans de 1,64 à 3,02 millions de tonnes, du fait de la forte pression exercée sur les maigres ressources forestières (environ 2% de la terre). La stratégie en matière de bois de feu devrait viser à:

(i) le remplacer ou le compléter par d'autres sources d'énergie, en particulier commerciales;
(ii) améliorer les techniques de conversion depuis la récolte jusqu'à la fabrication du charbon de bois;
(iii) améliorer les poêles à bois et les crématoriums, et
(iv) accroître la production de la biomasse forestière.

La création de plantations rurales de bois de feu est indispensable à long terme. Il y a donc urgence à identifier les arbres et arbustes qui ont les caractéristiques voulues pour constituer un combustible de biomasse ligneuse, c'est-à-dire l'aptitude à fixer l'azote, une croissance rapide, un cycle de rotation court, l'aptitude à faire du taillis, l'aptitude à produire du bois de haute valeur calorifique qui brûle sans étincelles ni fumée toxique et l'adaptabilité au milieu aride. La sélection d'espèces à croissance rapide qui peuvent pousser en milieu désertique constitue un programme d'une extrême importance pour les zones arides. En outre, un effort considérable de recherche est nécessaire sur la production et l'utilisation de l'énergie du bois et sur l'utilisation de la biomasse forestière en tant que matière première chimique. Avant de lancer le "programme de combustible à partir des cultures et des résidus forestiers", il est nécessaire de procéder à des études critiques sur les conséquences possibles de l'élimination de la biomasse des forêts concernant la dégradation possible du sol et de l'environnement. La quantité de biomasse à conserver dans les forêts pour l'enrichissement naturel du sol doit être estimée pour différentes espèces. La plupart des processus possibles de conversion du bois ne sont pas encore prêts pour la conversion industrielle et ils ne sont par ailleurs pas encore rentables par rapport aux produits basés sur le pétrole, le gaz ou même le charbon.

On connaît assez bien aujourd'hui la technologie du bois d'oeuvre et les opérations industrielles connexes. Il est néanmoins indispensable de mettre au point des processus simples et bon marché de préservation du bois d'oeuvre utilisé essentiellement pour les clôtures et la construction et d'autres végétaux naturels utilisés pour les habitations comme le bambou, les palmes, les herbes et les feuilles à chaume.

Un autre domaine qui appelle des recherches nouvelles ou plus poussées est l'utilisation de la biomasse des arbres et arbustes en tant que fourrage pour le bétail et peut-être aussi en tant qu'aliment pour la consommation humaine. Une importance particulière doit être accordée aux arbres à usages multiples qui fournissent nombre de produits et services (bois de feu, fruits, aliments pour animaux, paillis, poteaux, bois d'oeuvre, lutte contre l'érosion, ombrage, amélioration du sol, etc.), tout en se prêtant à une association bénéfique avec d'autres plantes et/ou animaux. La plupart de ces arbres sont généralement des essences sous-exploitées. Leur potentiel n'a pas été reconnu sur le plan économique et ils n'ont pas fait l'objet de programmes de reproduction tels que ceux entrepris sur d'autres espèces commerciales. Il existe plusieurs arbres forestiers dont la culture nécessite d'urgence l'application de techniques de culture de tissus pour identifier et multiplier les élites potentielles, les espèces à biomasse difficiles à enraciner, les sujets exempts d'agents pathogènes, etc. Pour atteindre ce but, il faut développer la culture des tissus dans la foresterie. Pour être sûr que les arbres et arbustes ont un impact optimum, tant sur le plan de leurs usages multiples que sur celui de leur aptitude à assurer une stabilité écologique, il est nécessaire de connaître non seulement l'ampleur de leurs utilisations potentielles mais aussi leurs besoins biophysiques. Pour cela, on peut créer une banque de données sur les arbres et arbustes à usages multiples utilisés dans un environnement biophysique et socio-économique.

Le développement de cultures entièrement nouvelles pour la production d'huiles et d'hydrocarbures qui rendra le pays moins tributaire des ressources pétrolières non renouvelables, implique un programme complet de recherche et développement comportant le tri, la transformation, l'utilisation des sous-produits et la standardisation des techniques d'hydrogénération-hydrocraquage ainsi que la détermination de la composition des produits et leur évaluation. Des végétaux producteurs d'hydrocarbures ont été découverts récemment et il faudrait les domestiquer avant qu'ils puissent, techniquement et économiquement, remplacer les combustibles à base de pétrole.

La région est très riche en herbes médicinales mais la plupart des matières premières nécessaires à la fabrication des produits pharmaceutiques sont soit recueillies à partir des plantes sauvages, soit produites par des cultures artisanales. Or, les grands laboratoires pharmaceutiques ont besoin d'un approvisionnement régulier en matières premières que la culture commerciale peut seule leur fournir. Il existe aussi une demande croissante de médicaments Ayurvedic et Unani dans les pays avoisinants comme la Birmanie, le Sri Lanka, l'Indonésie, le Kenya, Fidji, Maurice et d'autres. De nombreux projets entrepris dans des pays en développement d'Asie ne se sont pas concrétisés parce que la fourniture régulière de matières premières n'a pu être assurée. Il est indispensable de rassembler des informations et de faire des enquêtes notamment sur les schémas de répartition phytogéographiques, les modes de reproduction, les systèmes de sélection, l'aptitude au stockage des progagules, etc. Les forêts sont les principaux habitats des ressources génétiques de plantes médicinales et d'épices. La sécurité de ces ressources est liée à l'existence des habitats dans lesquels on les trouve. C'est pourquoi il faut étudier pour ces plantes la conservation in situ, la conservation ex situ ou le stockage des semences (33, 39). Il faudrait inclure dans le programme de travail régulier des départements de la recherche sylvicole et de l'utilisation de la forêt de chaque État des études sur la culture en milieu forestier des plantes médicinales importantes de la région. Les résultats de ces études serviraient à introduire dans les nouvelles zones de boisement des plantes médicinales en sous-étage ou en culture intercalaire, ce qui pourrait par la même occasion créer des emplois dans les campagnes.

L'éventail des produits forestiers est immense et il faut d'urgence procéder de façon systématique à l'utilisation, la recherche et l'amélioration des technologies pour les activités artisanales rurales. Il est recommandé d'entreprendre des efforts de recherche et de développement dans les domaines suivants:

1. étude du potentiel de la biomasse forestière en tant que source d'énergie et établissement d'un inventaire complet des ressources de biocombustible;

2. optimisation du potentiel de ressources des forêts existantes pour la production de bois de feu, de petit bois d'oeuvre, de combustible liquide, etc. et pour la création d'emplois rémunérés dans les zones rurales;

3. utilisation des déchets du bois, de la sciure et des ressources résiduelles pour la fabrication de briquettes et de panneaux de particules, de panneaux de fibres, de papier kraft, de protéines monocellulaires, de tanins, de produits sylvichimiques, etc.;

4. utilisation de microbes pour la production de produits phytochimiques, par exemple Clostridium pour la production par fermentation d'acétone-butanol comme source future de combustible à partir des déchets cellulosiques;

5. conception de fours bon marché pour le séchage du bois, des feuilles de tendu et d'autres produits forestiers;

6. mise au point de méthodes économiques de protection des grumes et des particules de bois contre la pourriture et les insectes;

7. mise au point de béton armé de bambou pour réaliser des constructions économiques dans les zones rurales;

8 amélioration de l'extraction de l'huile des graines oléagineuses provenant d'arbres à l'aide de ghani, et de la récupération de la glycérine à partir de l'eau douce de l'industrie huilière;

9. standardisation et amélioration des techniques d'extraction et de stockage du katha, de collecte, de prélèvement et de transformation des gommes et résines pour une production optimale;

10. mise au point d'agro-techniques d'exploitation et d'utilisation de plantes insecticides pour le stockage après récolte des céréales, l'éradication des pucerons, etc.;

11. culture artisanale de champignons comestibles pendant certaines parties de l'année et utilisation de mauvaises herbes de la forêt telles que Lantana camara comme substrat pour la culture de champignons tels que la pleurote (Pleurotus);

12. standardisation des techniques de récolte des feuilles, fleurs, fruits, graines, écorces, etc. et de l'abattage et de la coupe de taillis pour le bois de feu, les pieux, etc.;

13 standardisation des méthodes et du moment de la collecte et du stockage des graines et études sur le poids, l'humidité, la viabilité et le pourcentage de germination des graines des espèces d'arbres forestières;

14. étude des sources et utilisations des protéines des feuilles des plantes du désert indien, à la fois pour l'alimentation humaine et animale;

15. étude des potentialités et de la mise en valeur de la biomasse souterraine, y compris les tubercules forestiers pour l'extraction de produits chimiques, d'alcool, d'amidon et de polymères;

16. conservation des ressources génétiques forestières des espèces d'arbres pour l'amélioration de la vie rurale dans les zones arides;

17. mise au point de méthodes de vulgarisation ou de technologies de transfert du laboratoire au terrain et à l'utilisateur et organisation de programmes de démonstration et de sensibilisation à l'intention des communautés rurales;

18. organisation d'une formation ou d'une orientation ainsi que de cours de perfectionnement pour les agents du développement rural et le personnel de terrain sur divers aspects de la technologie du désert et notamment pour qu'ils assurent à leur tour une formation pour la collecte et la transformation des produits de la forêt.

Pour atteindre ces différents objectifs, il est indispensable de promouvoir un plan d'action intégré comprenant des enveloppes appropriées de technologies, de services et de politiques publiques. La stratégie future devrait donc viser à préserver la diversité biologique, à conserver les fragiles écosystèmes du désert, à accroître très sensiblement le couvert forestier par un boisement massif dans le cadre de programmes de foresterie agricole et d'autres, satisfaire les besoins fondamentaux de la population rurale en bois de feu, fourrage, produits de la forêt et petit bois d'oeuvre, assurer un lien étroit entre les programmes de foresterie et le bien-être des communautés tribales et rurales traditionnellement tributaires des forêts, créer un large mouvement populaire pour atteindre les divers objectifs et renforcer l'infrastructure pour améliorer la production et la gestion des forêts. En bref, le thème de la future stratégie devrait être "Des forêts pour la survie".

7. Conclusions

Les ressources forestières de la zone aride sont assez limitées, mais il existe un nombre étonnant d'espèces non exploitées, sous-utilisées et mal connues qui présentent un intérêt économique pour le développement rural. Les étendues arides froides situées au nord-ouest de l'Himalaya, comme Ladakh (souvent appelé "la cuvette à poussière de la terre"), Lahaul et Spiti (Himachal Pradesh), etc. sont riches en ressources génétiques de plantes médicinales, aromatiques et d'épices, de céréales, de pseudo-céréales et de mils, de légumineuses, de légumes et de graminées.

Dans le monde entier la connaissance des plantes indigènes et de leurs utilisations par les populations autochtones est en voie de disparition en raison de la conversion des systèmes agricoles à la monoculture (40, 42). À cet égard, les moyens dont disposent les diverses institutions gouvernementales et non gouvernementales devraient être mis au service du développement des plantes indigènes Il existe aujourd'hui plusieurs technologies pour le développement et l'utilisation des ressources forestières. La réussite de leur transfert dépendrait d'un effort coordonné des organisations concernées pour mettre en oeuvre des programmes massifs de vulgarisation. Il faudrait adopter une approche intégrée dans laquelle les mesures impliquant des adaptations technologiques et un aménagement de l'environnement sont liées aux conditions sociales et économiques La gestion des forêts était limitée dans le passé aux ressources en bois d'oeuvre et aux industries du bois. L'importante demande de produits forestiers autres que le bois d'oeuvre offre un potentiel de croissance économique rapide et d'emploi pour les populations rurales dont l'avenir est lié aux forêts, lesquelles sont elles-mêmes liées irrévocablement au développement socio-économique de la population et à la sécurité environnementale de leur habitat Le défi auquel les bioscientifiques sont confrontés consiste à imaginer des systèmes bioproductifs qui répondront à l'ensemble des besoins intégrés des communautés rurales en combustible, fourrage, aliments et aux autres besoins fondamentaux Si le maintien de systèmes bioproductifs dans la région grâce à une gestion appropriée de la terre et de l'eau est écologiquement d'une importance vitale, la sauvegarde des ressources génétiques de la forêt et la conservation de sa faune, de sa flore et de ses écosystèmes en vue d'une utilisation durable est d'une importance capitale pour la survie et le développement futurs de la population. La nécessité la plus cruciale des prochaines décennies est d'élaborer des stratégies liant indissolublement la conservation et la mise en valeur. Il faut donc définir des priorités en faveur des besoins des ruraux pauvres et choisir des technologies qui créent des emplois et utilisent de façon judicieuse les talents locaux et les ressources forestières des populations (46).


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