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INTRODUCTION

Cette étude a pour objet de donner un aperçu du rôle que joue la communication dans le développement rural. Elle est surtout destinée à fournir une orientation et des directives à ceux qui ont la responsabilité d'identifier et d'élaborer des projets et des programmes de développement agricole et rural.

L'étude porte sur les aspects conceptuels de la communication pour le développement, sur les problèmes qui peuvent être résolus par un programme de communication bien conçu et bien exécuté. Elle contient aussi une liste de rappel pour ceux qui doivent formuler des projets de développement rural. On trouvera dans les annexes des renseignements plus techniques concernant la planification de la communication et les différents médias habituellement utilisés pour le développement rural.

QUELLE EST L'IDÉE DE BASE DE LA COMMUNICATION POUR LE DÉVELOPPEMENT? DE QUOI S'AGIT-IL?

L'utilisation de la communication pour le développement pose en prémisse que le succès du développement rural suppose la participation active et consciente de ceux qui doivent en bénéficier, et cela à tous les stades du processus de développement; en dernière analyse, le développement rural ne peut pas se réaliser sans un changement de mentalité et de comportement de la population concernée.

Il s'agit donc d'utiliser de façon systématique et organisée la communication au moyen de relations interpersonnelles, d'auxiliaires audio-visuels et de mass-médias:

QUELS SONT LES PROBLÈMES QUE LA COMMUNICATION PEUT AIDER À RÉSOUDRE?

1. Conception de projets qui tiennent vraiment compte des idées et des capacités des personnes qui doivent en bénéficier

La communication pour le développement peut contribuer à ce que la conception et le plan d'action d'un projet de développement tiennent vraiment compte des mentalités, des besoins perçus et des capacités de la population à laquelle ce projet est destiné. Nombreux sont les projets qui ont échoué dans le passé à cause d'erreurs d'analyse sur la volonté et la capacité que peut avoir une population rurale d'absorber une nouvelle technologie et des infrastructures de développement et de les intégrer dans sa façon de vivre et de travailler. Les projets d'irrigation et de colonisation abandonnés, l'équipement en panne, l'acceptation très lente des nouvelles variétés végétales montrent combien il est difficile de modifier les mentalités et les comportements.

La communication pour le développement, en complétant l'analyse de situation qui est habituellement effectuée pour l'élaboration d'un projet, contribue à identifier les attitudes, les besoins ressentis, les capacités et les obstacles à l'acceptation d'un changement. Par le dialogue et la consultation, les bénéficiaires sont tout naturellement amenés à participer au développement.

Exemple d'utilisation de la communication pour la planification participative dans le cadre d'un projet

Dans les années 60, un grand projet intitulé «Plan La Chontalpa» a été lancé dans l'Etat de Tabasco au Mexique: il s'agissait de mettre en valeur des marécages tropicaux à l'aide de réseaux de drainage, de routes, de ponts et autres infrastructures, ainsi que par l'établissement de nouveaux villages. Or, ce plan a échoué à cause de la mauvaise volonté que montrèrent les communautés locales à suivre les plans établis à leur intention par les autorités. Ainsi, des sommes énormes ont été investies dans des infrastructures qui n'ont été ni utilisées ni entretenues correctement.

Aujourd'hui, le Programme gouvernemental de développement rural intégré pour les marécages tropicaux (PRODERITH) - qui reçoit le soutien de la Banque mondiale et de la FAO en ce qui concerne la communication pour le développement - a créé un système d'information rurale afin d'essayer d'éviter les erreurs du Plan La Chontalpa qui avait, en fait, construit des cathédrales dans le désert. Ce système aide le PRODERITH à instaurer un consensus avec les communautés locales sur les actions de développement à engager.

Dans la pratique, avant d'entreprendre des activités de développement dans une communauté, le PRODERITH charge son équipe de communication d'assurer les premiers contacts. Un film vidéo sur le PRODERITH et son travail est présenté à la communauté; c'est seulement par la suite qu'on lui demande si elle désire coopérer avec le Programme. Si la réponse est affirmative - elle ne l'est pas toujours -, on invite la population à désigner 10 à 12 personnes pour la représenter aux réunions de planification qui ont lieu pendant les semaines suivantes.

Ces réunions utilisent abondamment les films vidéo et les enregistrements pour déclencher et stimuler un débat interne sur le passé de la communauté, sa situation actuelle, les problèmes auxquels elle doit faire face et les initiatives de développement susceptibles d'être soutenues par le PRODERITH. On aboutit ainsi à un plan de développement local (qui fait aussi l'objet d'un film vidéo) transmis à la direction du PRODERITH.

Par la suite, les interventions du PRODERITH sont fondées sur ce plan de développement local, établi en collaboration avec la communauté et résultant d'un processus de communication largement facilité par l'usage des films vidéo. La Banque mondiale considère que le PRODERITH est un des projets les plus réussis qu'elle ait soutenus. Elle a publiquement déclaré que ce succès est largement dû au système de communication rurale.

2. Mobilisation des populations rurales pour des actions de développement et circulation de l'information entre toutes les personnes concernées par une initiative de développement

Si un projet de développement rural a été établi avec le concours des bénéficiaires, leur participation et leur mobilisation sont presque toujours assurées. Pourtant, dans tous les cas, une aide apportée à la communication pendant toute la durée du projet contribue à informer les gens, à les mobiliser et à inciter les plus conservateurs à agir. Cela est surtout vrai quand la communication (par exemple sous la forme de programmes audio-visuels) est utilisée pour faire connaître les succès obtenus par certaines communautés ou certains individus dans le domaine du développement; ces informations sont bien évidemment destinées aux communautés et aux individus non encore mobilisés.

Par ailleurs, même le meilleur des projets, établi en collaboration avec les bénéficiaires, doit évoluer: en cours de route, il devient inévitablement nécessaire d'affiner les activités et d'introduire des modifications. Un bon système de communication permet de maintenir le dialogue entre tous ceux qui sont intéressés par un projet de développement, réglant ainsi les problèmes à mesure qu'ils surgissent. Un flux continu d'informations peut aussi aider à assurer une bonne coordination et une bonne orchestration des apports et des services.

La communication pour le développement diffuse des informations sur les actions réussies afin de stimuler les autres, maintient le dialogue entre tous ceux qui sont concernés par un projet et facilite sa mise en œuvre.

Quelques exemples de projets ayant utilisé la communication pour la mobilisation et le dialogue pendant leur exécution

  • Le projet d'irrigation et de colonisation de Mahaweli Ganga à Sri Lanka a créé une station de radiodiffusion utilisant un petit émetteur bon marché qui couvrait toute la zone du projet. Cette station locale, non officielle, s'est révélée un très bon moyen d'échange d'informations entre les cadres du projet, les techniciens travaillant sur le terrain et les colons. Les initiatives heureuses prises par certains ont ainsi été connues et discutées, stimulant les autres. La radio est rapidement devenue un centre de discussion; elle a donné naissance à un sentiment d'appartenance à une communauté et à une forme d'expérience partagée.
  • Le PRODERITH, dont nous avons déjà parlé, tourne régulièrement des films vidéo dans les communautés où il travaille. Ensuite, il fait projeter ces films à d'autres communautés moins avancées, car c'est un très bon moyen de les stimuler. En voyant d'autres résoudre des problèmes semblables aux leurs, les gens trouvent le courage de les imiter. Le système de communication du PRODERITH transmet également à la direction de Mexico des informations provenant des zones de projets et concernant les questions et les problèmes soulevés par la population au niveau de la communauté. Ainsi, la direction, dotée d'esprit ouvert et souple, peut apporter des solutions adaptées et mieux coordonner les apports nécessaires.
  • Un projet suisse d'aide bilatérale visant à promouvoir l'élevage des vaches laitières dans la zone amazonienne du Pérou s'est bloqué en raison de l'apathie généralisée de la population locale. Une équipe de communication est venue à la rescousse et a effectué une analyse des mentalités et des idées de la population locale, à l'aide d'enregistrements vidéo. Il est ainsi apparu que la population n'avait jamais vraiment accepté la stratégie du projet qui consistait à introduire du bétail exotique et des techniques de production laitière relativement perfectionnées. Le projet a été complètement remanié en fonction des résultats de l'analyse et a donné de bons résultats par la suite.

3. Amélioration de la portée et de l'impact des programmes de formation rurale

Ces dernières années, la formation à la base est devenue une priorité essentielle. En même temps, la technologie de la communication s'est améliorée; elle est devenue moins coûteuse et son utilisation en milieu rural est de plus en plus facile. Les moyens audio-visuels permettent:

Si la communication pour le développement est appliquée à la vulgarisation et à la formation en milieu rural, l'efficacité et l'impact de ces dernières augmentent. Les meilleures informations techniques disponibles sont fournies de manière uniforme.

Quelques exemples d'utilisation réussie de la technologie de communication pour la formation en milieu rural

  • De nombreux projets ont utilisé avec succès la technologie de communication pour la formation. Dans le monde entier, des projets ont recours à des diapositives ou à des films fixes sur de nombreuses questions de développement agricole et rural. D'autres projets se servent de systèmes vidéo pour la formation des agriculteurs, par exemple au Pérou, au Mexique, au Mali, en Chine, au Brésil, au Honduras et en République de Corée. Le projet du Pérou, soutenu par le PNUD et la FAO qui a été la première à utiliser cette méthode, a maintenant produit quelque 2 000 programmes vidéo et les a utilisés pour former 450 000 ruraux environ.

    Le matériel audio-visuel pour la formation des agriculteurs est toujours complété par des textes imprimés simples et par des discussions de groupe avec le vulgarisateur ou le technicien qui l'utilise.

QU'EST-CE QU'UNE «CAMPAGNE D'INFORMATION»?

Une campagne regroupe toutes les fonctions de communication décrites ci-dessus sur une période d'action intensive assez courte, ne dépassant pas quelques mois. Elle vise à promouvoir des objectifs bien définis, par exemple l'adoption de techniques améliorées pour une culture donnée ou la lutte contre un ravageur.

La campagne ne peut réussir que si la technologie proposée est bien adaptée aux besoins socio-économiques de la population et si les intrants et les services agricoles requis sont disponibles.

La campagne doit reposer sur une analyse attentive faite en collaboration avec la population rurale afin de déterminer les connaissances, les mentalités et les pratiques de cette dernière par rapport aux innovations proposées et de savoir quels canaux d'information elle utilise et trouve crédibles, quels autres groupes sont susceptibles de l'influencer, etc.

La campagne elle-même a recours à toute une gamme de voies d'information pour apporter à son public les mêmes messages de base sous des formes légèrement différentes. Les agents de terrain, qui ont reçu une formation spéciale et sont motivés, jouent un rôle essentiel dans les relations interpersonnelles et ils sont soutenus par l'utilisation bien orchestrée des médias de groupe et de masse. L'impact des activités est constamment évalué et les erreurs sont corrigées de façon à affiner le contenu et la forme des messages.

Les campagnes de ce type, qui reposent largement sur les techniques de marketing, ont été fort utiles pour fournir à la population les informations de base dont elle a besoin pour changer son attitude et son comportement.

QUELS TYPES D'INITIATIVE DE DÉVELOPPEMENT ONT BESOIN D'UN ÉLÉMENT DE COMMUNICATION?

Un élément de communication est habituellement bénéfique à toute initiative de développement dont la réussite dépend des changements d'attitude et de comportement de la population rurale et qui utilise des connaissances et des techniques nouvelles. Il en est de même pour les projets de nature multidisciplinaire, c'est-à-dire qui font intervenir un certain nombre de ministères et de services spécialisés, et qui sont donc difficiles à gérer. La communication peut dans ce cas assurer les liaisons qui rendent possible une direction coordonnée.

LES ACTIVITÉS DE COMMUNICATION POUR LE DEVELOPPEMENT SONT-ELLES TOUJOURS ORGANISÉES DANS LE CADRE D'UN PROJET DE DÉVELOPPEMENT?

Pas nécessairement. Il existe également des projets autonomes de communication pour le développement. Par exemple, une assistance peut être fournie pour mettre en place des institutions: création ou renforcement d'une unité de communication pour le développement rural, ou bien aide à la radiodiffusion en milieu rural. Souvent, ces institutions peuvent fournir dans un pays un appui en communication à bon nombre de projets de développement agricole et rural.

QUELLES SONT LES CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES À PRENDRE EN COMPTE QUAND ON PLANIFIE DES APPORTS EN COMMUNICATION?

Une stratégie bien définie, une planification systématique et une direction rigoureuse sont nécessaires pour que les apports en communication pour le développement donnent de bons résultats. L'expérience n'a que trop clairement montré que l'introduction d'apports ad hoc - par exemple la mise à disposition d'équipements audio-visuels ou la production isolée de matériel imprimé ou audio-visuel - a rarement un impact mesurable.

Il est également manifeste que les activités de communication doivent atteindre une certaine masse critique - de ressources, d'intensité, de durée - pour réaliser tout leur potentiel de mobilisation en faveur du développement et se poursuivre de façon autonome. Cela explique les maigres résultats obtenus lorsque, dans un projet, on inclut de l'équipement et une expertise en communication à titre purement symbolique.

Le plan de communication doit toujours être adapté aux conditions particulières à affronter. Les variables humaines, culturelles et physiques sont telles qu'un plan de communication qui a bien fonctionné, par exemple pour le développement de l'irrigation d'une zone aride dans un pays donné, ne peut jamais être transféré tel quel dans un autre pays. Même si les principes ne changent pas, les situations particulières appellent des différences.

QUI DOIT PLANIFIER LES APPORTS EN COMMUNICATION?

La planification de la communication, domaine hautement spécialisé, requiert du personnel qui, tout en connaissant les processus et les techniques, comprenne bien les objectifs du développement et soit familiarisé avec la situation des pays en développement.

Souvent, les planificateurs en communication pour le développement peuvent être mis à disposition par les organismes internationaux de développement, qui font appel soit à leurs propres agents soit à des consultants.

Ces planificateurs peuvent aussi être recrutés sur place, dans le pays en développement. Le nombre d'universités et d'instituts qui s'intéressent à la question augmente sans cesse et on peut également y recruter des experts. Enfin, de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) des pays en développement disposent d'experts en communication auxquels on peut faire appel.

RÉSUMÉ DES DIRECTIVES DESTINÉES AUX ÉLABORATEURS DE PROJETS

Si vous êtes chargé d'élaborer un projet de développement agricole et rural, vous jugerez peut-être bon de poser les questions ci-dessous au cours de votre travail, afin de vérifier s'il est nécessaire de prévoir des apports en communication et de savoir comment ils peuvent être mis en œuvre, le cas échéant.

  1. La réussite du projet dépend-elle d'une modification importante de la façon de travailler et de vivre des bénéficiaires?
  2. Une étude a-t-elle été menée parmi les bénéficiaires ou, en termes plus simples, les a-t-on systématiquement consultés sur leurs connaissances, leurs attitudes et leurs pratiques et sur leur capacité à mener à bien les changements prévus pour eux?
  3. La population (et surtout les gens peu instruits) aura-t-elle besoin d'acquérir de nombreuses connaissances et des compétences nouvelles?
  4. Indépendamment des bénéficiaires immédiats, existe-t-il des groupes sociaux qui pourraient contribuer au succès du projet par une action judicieuse et positive? Les autorités religieuses et le corps enseignant sont deux bons exemples, mais d'autres groupes exercent peut-être aussi une influence sur les bénéficiaires. Peut-on obtenir leur soutien en leur faisant comprendre qu'il est nécessaire?
  5. Les fonctionnaires du gouvernement responsables de la mise en œuvre du projet (à tous les niveaux) sont-ils suffisamment informés, motivés et formés?
  6. Si les réponses à ces cinq premières questions montrent que des apports en communication sont nécessaires, il faudra poser d'autres questions pour savoir comment planifier ces apports et les mettre en œuvre.

  7. Y a-t-il eu une expérience antérieure de communication pour le développement dans le pays? Si la réponse est affirmative, et si cette expérience a été couronnée de succès, qui l'a organisée? Pourrait-on faire appel à la même organisation ou au même institut pour organiser les activités de communication présentes?
  8. Existe-t-il une unité d'information ou de communication pour le développement agricole ou rural qui puisse s'occuper de la planification du projet en ce qui concerne la communication?
  9. Peut-on faire appel à des institutions comme les écoles supérieures de communication, organismes privés de communication/publicité ou des ONG pour la planification? (Soyez prudents si vous envisagez de recourir à des journalistes et autres agents des moyens d'information habitués à un foyer essentiellement urbain: ils n'ont pas toujours la sensibilité et la finesse requises pour la communication appliquée au développement.)
  10. Si vous trouvez un planificateur approprié pour la communication, assurez-vous qu'il(elle) a bien été chargé(e) d'étudier les aspects ci-dessous:
    1. Quel pourrait être le cadre institutionnel des activités de communication du projet?
    2. Quelles sont les ressources en communication existantes, auxquelles on pourrait faire appel? Ont-elles besoin d'être renforcées?
    3. Quelle personne, ou quelle institution, pourrait aider à faire une étude et une évaluation du public visé?
    4. A-t-on besoin de faire appel à des spécialistes extérieurs de la communication? Si la réponse est affirmative, à quel type d'expert et pour quelle durée?
    5. Quels sont les équipements et les véhicules nécessaires pour la production du matériel de communication et son utilisation dans la zone du projet?
    6. (Il est souhaitable d'avoir un équipement compatible avec celui qui est disponible dans le pays, surtout pour l'entretien et les réparations.)

    7. Quel sera le budget d'exploitation nécessaire?
    8. Faut-il donner une formation au personnel de communication national qui travaillera en liaison avec le projet?
  11. Si vous ne trouvez pas de planificateur de la communication dans le pays même, et si vous en êtes encore au stade de l'identification du projet - plutôt qu'à celui de l'élaboration détaillée - pouvez-vous vous assurer les services d'un planificateur externe en temps utile pour l'élaboration détaillée? (La Sous-Division de la communication au service du développement (GIIS), au siège de la FAO, pourra vous aider.)
  12. Si vous avez atteint le stade de l'élaboration détaillée avant d'avoir défini les besoins en communication, pouvez-vous prévoir une marge budgétaire suffisante permettant de déterminer l'élément communication plus tard?

(En règle générale, un agent du siège ou un consultant a besoin de trois semaines environ pour planifier l'élément communication. Toujours en règle générale, il faut prévoir provisoirement 10 pour cent du budget du projet pour la communication tant que les apports en communication n'auront pas été formulés en détail, car l'expérience a montré qu'un élément de communication bien organisé absorbe de 8 à 15 pour cent du budget total d'un projet.)

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