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L'avenir des grandes industries forestières dans les pays en développement

A. Contreras-Hermosilla et H. Gregersen

Arnoldo Contreras-Hermosilla est spécialiste des forêts à la Banque mondiale.

Hans Gregersen est professeur à l'université du Minnesota.

Analyse des politiques qui pourraient contribuer à accentuer les effets positifs du développement et à en atténuer les effets négatifs.

Les économies d'échelle et les impératifs du marché favorisent souvent la création de grandes entreprises forestières modernes

Le développement du secteur forestier dans les pays en développement est indissociable du progrès des industries forestières. L'importance des petites entreprises a fait l'objet d'un précédent article d'Unasylva (Arnold, Chipeta et Fisseha, 1987). On traitera ici des grandes entreprises modernes en reprenant une bonne partie des thèmes abordés par Westoby dans un article très intéressant paru dans Unasylva il y a près de 30 ans (Westoby, 1962). Nombre des conclusions auxquelles il était alors parvenu sont encore valables aujourd'hui, mais les idées sur l'impact du développement des industries forestières dans des domaines tels que la distribution des revenus, l'environnement et le commerce ont considérablement évolué.

Nombreux sont ceux que préoccupent l'impact économique, social et écologique des grands projets intéressant les forêts et les entreprises forestières. Certains font observer que, s'il est théoriquement possible d'orienter le développement en fonction des objectifs nationaux, on constate de plus en plus que les politiques gouvernementales ont souvent provoqué une répartition inacceptable des ressources économiques qui a gravement nui à l'environnement. Les erreurs de ce type sont plus visibles et coûtent souvent plus cher dans le cas d'opérations de grande envergure peu nombreuses que lorsqu'on a affaire à une multitude de petites entreprises éparpillées.

Et pourtant, dans le secteur forestier, l'économie de nombreuses activités de production (par exemple, économies d'échelle et monolithisme de l'investissement) ainsi que les impératifs du marché (production normalisée, sécurité des approvisionnements et gros volumes) favorisent souvent la création de grandes entreprises forestières modernes. Le présent article étudie la nature des différents effets du développement des grandes entreprises forestières et décrit les politiques susceptibles d'être suivies pour accentuer les impacts positifs tout en minimisant les impacts négatifs. Il convient de noter que la présente analyse n'aborde pas la question plus vaste du choix entre les petites et les grandes entreprises.

FIGURE 1 Objectifs, mesures requises et Instruments de politique pour gérer les incidences de l'activité des grandes entreprises forestières modernes

Cadre général

L'effort de développement des grandes entreprises modernes doit s'inscrire dans un cadre général ayant une cohérence interne qui tienne dûment compte des interactions entre de multiples instruments et objectifs gouvernementaux. Les problèmes administratifs que pose l'exécution ne doivent pas non plus être négligés.

Quatre principaux objectifs de développement ou domaines d'impact sont étudiés:

recettes en devises;
progrès social, emploi et accroissement des revenus;
développement technologique et modernisation;
amélioration de l'environnement.

Ces objectifs figurent à la colonne 1 de la figure 1. Pour que l'expansion de l'activité des grandes entreprises serve utilement ces objectifs sans avoir d'incidences négatives majeures, un certain nombre de mesures sont nécessaires; celles-ci apparaissent à la colonne 2. Enfin, les colonnes 3 et 4 indiquent les instruments que les gouvernements peuvent utilement mettre à profit pour encourager les actions requises. La suite de l'article est consacrée aux actions et aux instruments qui sont en général associés à chacun des objectifs.

Recettes en devises et économies

Dans ce domaine, l'impact correspond grosso modo aux recettes en devises résultant des exportations de produits forestiers industriels, aux sorties de devises au titre des importations et des paiements à l'étranger et aux économies réalisées grâce à la substitution d'importations.

FIGURE 2 Exportations de grumes et de panneaux d'Amérique latine: conditions d'importation, facteurs dissuasifs et programmes correctifs possibles

Type de conditions

Conditions imposées

Facteurs dissuasifs courants par les importateurs

Programmes correctifs possibles

Nommes de qualité et de dimensions

Qualité dimensions garanties
Uniformité
Conformité générale aux règles NHLMA
Caractéristiques attestées: poids léger, couleur claire, facile à travailler, dimension stable, finition facile

Grande variété des caractéristiques d'une essence donnée selon la région
Manque d'installations de traitement et de séchage des grumes
Insuffisance des renseignements et des tests sur les caractéristiques des essences
Rareté des zones ayant des concentrations suffisantes d'essences connues satisfaisant aux critères de qualité et autres
Insuffisance du contrôle de la qualité et de l'inspection sur place lors du traitement

Programmes de recherche et de formation en matière de transformation et de traitement
Coopératives de traitement
Programmes d'incitations à une production de qualité
Fixation de nommes uniformes pour l'exportation
Amélioration du tri et du classement
Recherche sur les proportions et les utilisations du bois

Délais de livraison et taille des lots

Dates de livraison garanties
Lots en général assez importants

Difficulté de prévoir à l'avance les transports maritimes vers de nombreux ports
Problèmes de coordination entre l'abattage et la transformation (saison et distance)
Dispersion des produits destinés à l'exportation pour les raisons suivantes:
- faible volume de bois d'œuvre commercial par zone
- absence de groupements d'essences acceptables
- taille généralement réduite des unités de production
- médiocrité des moyens de transport et des installations de stockage

Parcs de groupage des produits destinés à l'exportation (associations pour les coopératives)
Intégration des installations de transformation
Recherche sur les catégories de produits (ou d'essences) et développement des essences commerciales
Conversion contrôlée en plantations (concentration des essences)
Modernisation des moyens et des modes de transport
Meilleure diffusion de l'information sur les marchés
Amélioration des installations d'entreposage

Rapport coût/prix

Prix à la livraison compétitifs

Coûts généraux élevés dus à l'absence de débouchés pour les sous-produits de qualité inférieure
Coûts élevés de l'abattage et du transport des grumes dus à un volume commercial réduit par unité de superficie, à la médiocrité des infrastructures de transport et aux grandes distances
Coût élevé de la transformation dû à la faible taille des installations, à l'agencement médiocre des installations, à la vétusté et au mauvais entretien du matériel, à la faible efficacité (taux de transformation), etc.
Coûts élevés de la commercialisation et du transport des produits par suite de la médiocrité des moyens de transport, de l'insuffisance de la promotion, de l'existence de restrictions commerciales et de droits de douane d'une autre époque

Réorientation de la capacité de transformation (vers l'exportation)
Spécialisation, adoption de séries plus longues et d'unités de production plus grandes (économies d'échelle)
Innovations dans l'abattage et le transport (réduction de coûts)
Subventions initiales à l'exportation
Formation et vulgarisation technique (programmes publics)
Liens avec les sociétés des Etats-Unis
Accroissement de la production et de la recherche en matière de gestion
Etudes de marchés et éducation Association des producteurs et des exportateurs (économies d'échelle)
Réduction des barrières commerciales Portage
Débouchés intérieurs pour les sous-produits

Les pays en développement ont exporté en 1988 des produits forestiers pour une valeur de quelque 11 milliards de dollars U.S. Cette même année, leurs importations de produits forestiers industriels ont atteint 12,6 milliards de dollars environ. On ne dispose pas de chiffres concernant la substitution d'importations, mais les pays en développement produisent pour le marché intérieur l'équivalent de quelque 80 milliards de dollars d'articles dont une grande partie remplacent vraisemblablement des importations. On ne dispose pas non plus de renseignements suffisants sur les transferts internationaux de bénéfices tirés des opérations industrielles et les autres paiements à l'étranger correspondant à la part des importations dans la production, ni sur les salaires du personnel expatrié. Il semblerait que ces transferts soient élevés chaque fois que l'investissement transnational est important (Gillis, 1981).

Malgré ces carences de l'information, il semble que les activités industrielles aient une importance prépondérante dans le secteur forestier et jouent un rôle majeur dans la position de change des pays en développement.

Incitations commerciales

En Inde, le gouvernement autorise les exportateurs à utiliser une partie des devises qu'ils gagnent pour importer des facteurs de production. Vu la pénurie de devises, cette mesure est un moyen efficace d'accroître les exportations. Au Chili, le gouvernement favorise activement les exportations en aidant les sociétés privées à établir des contacts à l'étranger et en accordant des subventions à l'exportation pour certains produits.

Interdiction des exportations de grumes en vue d'encourager l'exportation de produits transformés

La restriction des exportations de grumes a eu des résultats économiques incertains

En Asie, les Philippines, l'Indonésie, la Malaisie péninsulaire et le Sabah ont adopté des politiques visant à limiter les exportations de grumes. La même politique est appliquée dans pratiquement tous les pays d'Amérique latine. L'intérêt économique de ces mesures varie selon les cas. Bien souvent, du fait que la transformation du bois ne présentait pas d'avantages comparés ou qu'il existait d'autres possibilités d'investissement plus rentables, l'interdiction d'exporter des grumes n'a pas réussi à encourager la transformation pour l'exportation. En définitive, les exportations de grumes ont été sacrifiées sans que les ventes de produits transformés augmentent pour autant. Certains pays ont donc changé de politique et ont supprimé les interdictions d'exporter (Chili, par exemple).

Développement des exportations

Les programmes de développement des exportations peuvent être très complexes. De multiples facteurs clés doivent être pris simultanément en considération. Il existe au moins trois catégories de facteurs à signaler: i) les normes de qualité et de dimension: les importateurs exigent que la qualité des produits soit bonne et uniforme; ii) les dates et le volume des expéditions: la plupart des importateurs veulent des lots importants livrés ponctuellement; iii) le prix, qui doit être compétitif par rapport aux autres fournisseurs.

La figure 2 indique les conditions fondamentales, les problèmes que pose généralement la satisfaction de ces conditions, et les mesures correctives qui pourraient être prises dans le cadre d'un effort général d'expansion des exportations.

Les pouvoirs publics disposent de différents moyens pour encourager les exportations: i) les incitations financières: exonérations d'impôts, subventions à l'exportation, financements, délais de grâce; ii) les incitations non financières: facteurs de production subventionnés, taux de change différentiels, fourniture de conseils en matière de commercialisation des exportations, soutien des prix, assurances, primes à l'exportation; iii) les incitations indirectes: formation, recherche, programmes de promotion des exportations, services d'information sur les marchés, etc.

Dans bien des cas, les pays combinent incitations à l'exportation pour les produits transformés et interdictions, pénalités ou taxes sur les exportations de grumes. Ce dosage est censé décourager les exportations de produits primaires et encourager celles de produits transformés ayant une plus grande valeur commerciale. Cependant, même lorsque les exportations de produits transformés augmentent effectivement, rien ne garantit que les bénéfices supplémentaires compensent le coût de la transformation et des lourdes subventions de l'Etat. En Indonésie, aux Philippines et en Malaisie péninsulaire, l'interdiction qui a frappé les exportations de grumes a entraîné une multiplication des usines de transformation qui se sont révélées, dans la plupart des cas, inefficaces. Il apparaît donc clairement que les hypothèses de départ sur lesquelles reposent les mesures de politique - telles que l'existence d'un avantage comparatif dans la transformation du bois - doivent être soigneusement étudiées pour évaluer les coûts et avantages auxquels on peut s'attendre et éviter de coûteuses erreurs.

Substitution des importations

La substitution d'importations peut être encouragée par divers instruments de politique. Des taux de change préférentiels peuvent être appliqués pour l'importation des intrants et machines nécessaires à la substitution de productions locales aux importations. Il arrive souvent que les subventions prennent la forme de primes ou d'abattements pour encourager l'emploi, de versements basés sur la production et d'incitations fiscales. Aux subventions s'ajoutent fréquemment des obstacles tarifaires ou non tarifaires élevés à l'importation.

Le niveau absolu du protectionnisme et la progressivité des droits (en fonction du stade de transformation) sont en général élevés dans les pays en développement. Des droits de 20 à 30 pour cent sont couramment appliqués sur la plupart des produits (Bourke, 1988). Ainsi, il peut arriver que les grumes soient importées en franchise, tandis que les produits transformés sont assujettis à des droits extrêmement élevés. La protection «effective» résultant de ces barrières est en général beaucoup plus forte que ne l'indiquent les tarifs nominaux.

En plus des obstacles tarifaires, les pays peuvent avoir recours à des restrictions non tarifaires pour favoriser les productions locales au détriment des importations: interdictions totales, contingents, autorisations discrétionnaires, restrictions sanitaires, bureaucratie tatillonne, etc.

Les politiques de remplacement des importations restent très en vogue dans de nombreux pays en développement. Toutefois, elles peuvent manifestement avoir plusieurs effets négatifs. Ces politiques faussent le système de formation des prix, ce qui nuit à la bonne répartition des rares ressources. Souvent, elles donnent lieu à des systèmes de production à intensité capitalistique excessive. Dans de nombreux cas, la valeur ajoutée est faible et la concurrence des fournisseurs internationaux performants ne peut jouer.

Effets de la protection tarifaire

Pour citer un exemple, si les grumes peuvent être importées en franchise alors que les importations de contre-plaqués sont assujetties à un droit de 20 pour cent, et à supposer que le coût des matières premières soit égal à 70 pour cent du prix mondial des contre-plaqués, un producteur de contre-plaqués travaillant pour le marché intérieur peut pratiquer impunément des prix dépassant des deux tiers ceux du marché mondial. Supposons que le cours mondial du contre-plaqué soit de 100 dollars U.S./m3. Un entrepreneur exportant vers le pays en question devrait payer 20 pour cent de droits d'importation et ne pourrait donc vendre le contre-plaqué à moins de 120 dollars/m3. Cela signifie que le producteur intérieur reste compétitif même si ses coûts de transformation sont plus élévés des deux tiers (50 dollars/m3 contre 30 dollars pour l'exportateur). La protection réelle dont bénéficie le producteur intérieur est donc de 66 pour cent, alors que le droit de douane nominal est de 20 pour cent.

Transferts à l'étranger

Les investissements étrangers, en particulier dans de grands projets techniquement complexes, peuvent au départ apporter de nombreux avantages: apport initial de capitaux rares, accès à des technologies de pointe et à de nouveaux marchés, et amélioration des capacités administratives et techniques. Si la production est axée sur le marché intérieur, une substitution notable des importations est possible.

Cependant, une fois que l'investissement a eu lieu, il peut se révéler difficile de conserver les devises ainsi acquises. Une étude des sociétés transnationales exerçant leurs activités dans le secteur forestier indonésien au début des années 70 - période de grande activité des sociétés transnationales dans ce pays - a révélé que les recettes d'exportations nettes ne représentaient vraisemblablement que 25 pour cent des recettes brutes, le reste se perdant dans des paiements à l'étranger (Gillis, 1981).

La fixation de prix de transfert, pratiquée dans certains cas, fausse la valeur des importations et des exportations qui ne correspond plus aux prix du marché. Une pratique courante consiste à sous-facturer la valeur unitaire des ventes à l'exportation destinées à des filiales. Les pays hôtes peuvent riposter par le système des «prix affichés» pour les exportations. Cela a été fait en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Sabah, mais l'expérience montre que des difficultés surgissent dans la pratique du fait que le système doit pouvoir compter sur des informations fiables et rapides, des bureaucrates honnêtes et une administration publique efficace, toutes conditions qui ne sont pas toujours remplies dans les pays en développement (De'Ath, 1980; Gillis, 1981).

La tendance des investisseurs étrangers à accélérer les transferts à l'étranger est accentuée par l'instabilité des politiques gouvernementales. Il semble que, dans une certaine mesure, c'est moins la rigueur des politiques appliquées qui est à l'origine des transferts excessifs à l'étranger que l'incertitude qui les caractérise et la crainte de ne pouvoir planifier sérieusement des investissements à long terme comme ceux que requiert le secteur forestier (Gregersen et Contreras, 1975).

Par ailleurs, les investissements étrangers peuvent entraîner un accroissement des importations de matières premières et autres intrants ainsi que des paiements destinés à couvrir les salaires du personnel expatrié et les autres transferts à l'étranger, ce qui annule, du moins en partie, l'effet produit sur les recettes en devises ou les économies. Ce qui importe, toutefois, c'est de savoir quelle serait la position de change avec et sans l'investissement - qu'il soit étranger ou intérieur - plutôt que de savoir ce qu'elle serait selon que l'investissement est étranger ou intérieur. D'ailleurs, l'investissement intérieur ne serait, souvent, pas réalisé par suite de problèmes techniques et administratifs, de la faiblesse des relations commerciales internationales, etc.

En règle générale, pour 10 personnes employées dans de grandes entreprises forestières modernes, huit emplois supplémentaires sont créés dans des secteurs connexes

Effets négatifs des politiques de substitution de productions locales aux importations

Un bon exemple des conséquences négatives de ces politiques est la décision prise au début des années 60 par le Gouvernement indonésien d'appliquer un droit de douane sur le papier pour protéger un petit nombre de producteurs locaux. Cette protection a entraîné une multiplication des papeteries et une mauvaise répartition des ressources. De même, les politiques gouvernementales assuraient une protection réelle de 222 pour cent aux producteurs de contre-plaqué, encourageant fortement le gaspillage et l'inefficacité. Dans le cas de l'industrie des sciages, les études montrent que la perte de recette au titre des taxes à l'exportation n'a été compensée par aucun accroissement de la valeur ajoutée dans ce secteur. La valeur ajoutée était même négative, soit moins de 15 dollars/m3. Aux Philippines, entre 1981 et 1983, le coût de la production de contre-plaqué dépassait les recettes d'exportation tirées des grumes transformées en contre-plaqué, de sorte que le bilan global était nul (Repetto et Gillis, 1988).

Emploi, création de revenus et répercussions sociales

Les grandes entreprises modernes ont des effets sur l'emploi très variables. L'industrie de la pâte et du papier utilise souvent des procédés industriels très capitalistiques, tandis que d'autres industries, telles que les scieries, emploient fréquemment beaucoup de main-d'œuvre. La proportion des travailleurs qualifiés et non qualifiés dans les industries forestières varie également, les entreprises à fort coefficient de capital employant une main-d'œuvre qualifiée plus nombreuse. Contrairement à ce que l'on croit en général, les petites entreprises à faible coefficient de capital exigent parfois une forte proportion de main-d'œuvre qualifiée, bien que le travail soit moins spécialisé. Ainsi, un ouvrier travaillant dans une petite scierie peut être responsable de plusieurs tâches à la fois (affûtage des lames, entretien du matériel électrique, sciage). Cependant, par rapport à d'autres, les industries des produits dérivés du bois, à l'exception de la pâte et du papier, utilisent une main-d'œuvre non qualifiée particulièrement nombreuse (Balassa, 1979).

Les grandes entreprises forestières peuvent avoir une importante influence locale sur l'emploi, liée en particulier aux travaux en forêt. Du fait que nombre des industries forestières exercent leur activité dans des zones rurales pauvres, les grandes entreprises modernes peuvent jouer un rôle important en offrant des possibilités là où il y en a peu.

Emploi de personnel expatrié

On peut citer comme exemple le projet JANT exécuté en Papouasie-Nouvelle-Guinée: au bout de plusieurs années, les responsabilités techniques et administratives étaient encore entre les mains de cadres expatriés (De'Ath, 1980).

Il ressort d'une étude sur l'implantation à Madagascar d'une grande usine de transformation orientée vers l'exportation qu'il faudrait confier les postes de responsabilité administrative et technique à des cadres expatriés pendant au moins cinq ou six ans. C'est peut-être voir court, car dans la pratique, il s'est révélé difficile de se passer du personnel expatrié, même après des périodes plus longues. Comme on l'a déjà dit, il s'agit là de l'un des sous-secteurs manufacturiers les plus complexes du point de vue technique et les erreurs dans les choix techniques et l'exploitation se paient très cher. C'est pourquoi les cadres techniques expatriés sont souvent employés très longtemps.

Dans le cas de l'Indonésie, un impôt sur l'emploi de personnel expatrié a été établi dès 1974; ce personnel représentant alors 25 pour cent des effectifs des grandes entreprises forestières. Quatre ans plus tard seulement, la proportion était tombée à 5 pour cent (Gillis, 1981). La loi prévoit souvent une diminution progressive de la proportion autorisée d'employés étrangers.

Récupération des rentes économiques par l'Etat

Les chiffres disponibles sur l'Asie et l'Afrique montrent que, dans le passé, l'Etat n'a pas récupéré plus de 25 pour cent des rentes économiques. Dans certains cas, le pourcentage a été effectivement très faible (De'Ath, 1980). En Indonésie, plusieurs études ont mis en évidence l'inefficacité du système des redevances forestières, la part des rentes récupérées par l'Etat ne dépassant pas 27 à 30 pour cent (Pearce et Turner, 1990; Repetto et Gillis, 1988).

En outre, certaines des grandes entreprises modernes sont en liaison avec des industries en aval qui sont une source d'emploi supplémentaire. En règle générale, pour 10 emplois directs dans une grande entreprise moderne, 8 emplois supplémentaires au moins sont créés dans des secteurs apparentés.

On reproche souvent aux grandes entreprises modernes contrôlées par des intérêts étrangers d'avoir tendance à utiliser une proportion élevée de personnel expatrié. En fait, le problème tient plutôt, semble-t-il, au fait que les étrangers sont particulièrement nombreux aux postes de responsabilité technique et administrative.

La plupart des pays ont résolu ce problème en adoptant des lois qui imposent le transfert des responsabilités administratives et techniques à leurs propres ressortissants.

On peut encourager l'emploi par le biais des contrats régissant les concessions d'exploitation forestière. Les réglementations et incitations visant à encourager la production locale d'intrants ont également un rôle à jouer. A long terme, l'emploi augmentera à mesure que les qualifications s'amélioreront et que la productivité, les exportations et les productions locales se substituant aux importations augmenteront. C'est là le seul moyen d'accroître le nombre d'emplois et le niveau des salaires. Dans de nombreux cas, les pouvoirs publics ont directement subventionné des programmes de formation soit dans des établissements publics, soit par le recours à des entreprises privées. Du fait de leur taille, les grandes entreprises modernes ont les ressources financières nécessaires pour dispenser une formation de qualité.

Un autre reproche couramment adressé aux grandes entreprises modernes ayant d'importantes concessions d'exploitation forestière dans les pays en développement est que l'Etat ne perçoit qu'une partie minime des rentes économiques tirées de l'exploitation de ressources forestières du domaine public.

La fiscalité est le principal instrument utilisé pour récupérer ces rentes issues de l'activité des grandes entreprises forestières et, dans de nombreux pays, les réglementations se sont durcies depuis une dizaine d'années. Les pouvoirs publics peuvent aussi prendre des mesures pour améliorer la transparence des opérations de grande envergure et faire prendre conscience de leurs effets sur la forêt tropicale, de manière à renforcer le contrôle public sur les opérations du secteur forestier privé.

L'implantation d'une grande entreprise moderne dans une région peu développée peut entraîner des bouleversements dans la société traditionnelle. L'intensification de l'activité économique risque de faire augmenter les prix locaux ou de donner une valeur commerciale à des produits tels que le bois de feu, qui était précédemment gratuit. Les inégalités de revenus risquent de s'accentuer. Une étude des effets d'une nouvelle usine de panneaux de fibres installée dans une région pauvre du Chili indique qu'elle pourrait être à l'origine d'une aggravation des tensions sociales en accroissant les écarts de revenus. L'un des coûts sociaux associé aux grandes opérations est lié au phénomène des «villes-champignons». Celles-ci surgissent lorsque l'expansion de l'activité économique dans une zone dotée d'abondantes ressources entraîne un afflux massif de population. Une fois les ressources épuisées, la prospérité fait place au chômage, à l'exode et à la stagnation économique, ne laissant subsister que des «villes fantômes».

Les effets «villes-champignons» et «Alberta»

En Indonésie, la province de l'Est-Kalimantan comptait quelque 500000 habitants avant le lancement des activités d'exploitation forestière, à la fin des années 60. En 1981, la population dépassait 1 million, ce qui représente une croissance annuelle de 4,9 pour cent, soit plus du double du taux enregistré pour l'ensemble du pays pendant la même période. La production de bois a commencé à diminuer en 1980, ce qui n'a pas été sans répercussions sur l'emploi dans la région.

La création d'exploitations forestières en Indonésie a entraîné une augmentation rapide de la population dans les zones concernées

Les provinces de l'Est-Kalimantan et du Sabah constituent également un bon exemple de ce que l'on appelle l'effet «Alberta». Dans les deux cas, les administrations locales ont reçu une part disproportionnée des richesses dégagées par le secteur forestier au détriment des autres régions du pays, ce qui a faussé la répartition des ressources économiques dans l'ensemble du pays.

L'implantation d'une grande entreprise moderne dans une région qui vivait des importations ou de la petite entreprise pose également le problème de la concurrence et des structures commerciales locales. Les effets peuvent être négatifs ou positifs. Parmi les effets négatifs, la grande entreprise peut évincer les petites. En revanche, la nouvelle entreprise peut entraîner une amélioration, au niveau local, de la qualité, de l'efficacité, des prix et de la concurrence en général, au profit des consommateurs. La grande entreprise peut aussi apporter de nouveaux moyens d'utiliser et de commercialiser des essences précédemment négligées. En outre, elle offre en général des débouchés aux petites entreprises locales.

Les pouvoirs publics peuvent exercer une influence importante sur l'implantation géographique de la grande entreprise moderne et, partant, sur la répartition régionale et sociale des effets. Les instruments le plus couramment utilisés pour orienter le choix de l'entreprise sont des incitations régionales, telles que les exonérations fiscales, les dégrèvements, les subventions salariales et les crédits préférentiels et bonifiés, des versements expressément destinés à telle ou telle région et un accès préférentiel aux matières premières. En outre, des investissements publics directs dans les infrastructures ont été utilisés pour encourager l'implantation des entreprises dans certaines régions. Ainsi, le Gouvernement indien utilise fréquemment diverses mesures d'incitation pour encourager le développement industriel dans certaines zones économiquement défavorisées du pays. Le Gouvernement brésilien a aussi mis en œuvre plusieurs mesures destinées à inciter les entreprises à s'implanter en Amazonie.

Acquisition et développement des technologies

On dispose de peu d'informations sur l'acquisition, l'adaptation et l'introduction des technologies dans le secteur des industries forestières des pays en développement.

Dans de nombreux cas, pour accroître l'emploi, les pays s'efforcent, du moins dans un premier temps, d'importer des technologies qui exigent une nombreuse main-d'œuvre, pour adopter ensuite progressivement des technologies capitalistiques de vaste portée. Un certain nombre de mesures obligatoires peuvent être conjuguées aux politiques fiscales et monétaires pour assurer cette transition. De nombreux pays font appel à des arrangements contractuels pour bénéficier de la technologie étrangère. D'autres, à l'inverse, interdisent purement et simplement l'introduction de techniques indésirables. L'efficacité de ces mesures dépend du degré de souplesse technologique des différents secteurs de l'industrie.

Des études montrent que certaines industries forestières sont techniquement très souples. Ainsi, la diversité des solutions technologiques dont disposent les scieries est bien connue. La pâte mécanique et chimio-mécanique peut elle aussi être fabriquée par différents procédés. La souplesse est par contre moins grande dans d'autres industries. Par exemple, certains procédés utilisés dans la fabrication du papier sont, du point de vue technique, extraordinairement rigides.

L'intégration verticale et horizontale des unités de production peut aussi avoir des effets positifs sur l'emploi et l'efficacité. Elle nécessite une expansion des activités et une évolution des techniques. L'intégration des industries de la pâte et du papier s'est révélée profitable. Les autres industries forestières pourraient en tirer des avantages similaires. Ainsi, l'intégration la production de contre-plaqués ou de sciages avec celle des panneaux de particules permet d'exploiter les ressources forestières, notamment par l'utilisation d'essences plus variées. L'intégration peut exiger, en revanche, un surcroît de capacités administratives et techniques.

Le choix de la technologie doit se fonder sur une bonne connaissance des diverses solutions offertes. L'adoption de techniques inadaptées dans les pays en développement est essentiellement attribuable à une connaissance insuffisante des possibilités. Dans le cas d'industries complexes telles que la fabrication de la pâte et du papier, les pays doivent souvent faire appel à un petit nombre de consultants étrangers hautement spécialisés.

Les gouvernements qui s'efforcent de maîtriser le transfert de technologies doivent s'informer sur les possibilités qu'offrent les différentes techniques. Dans certains cas, les institutions locales peuvent s'organiser pour obtenir et diffuser les renseignements nécessaires. Dans de nombreux pays en développement, le gouvernement peut opter pour l'acquisition des technologies plutôt que de faire lui-même l'effort de recherche nécessaire. Adapter une technique existante et connue est parfois la solution la plus économique.

Impact sur l'environnement

Les grandes industries modernes peuvent avoir un impact considérable sur la qualité de l'environnement. Du côté positif, il faut dire que les grands projets intégrés ont les moyens d'exploiter les matières premières forestières plus efficacement que les petites entreprises. En outre, si l'exploitation doit porter sur des plantations ou des reboisements sur sols dégradés, les effets sur l'environnement peuvent être globalement positifs.

Les risques pour l'environnement n'en sont pas moins bien réels. Les grandes entreprises modernes consomment d'énormes quantités de matières premières forestières. Ainsi, sur une durée de 20 ans, une fabrique de papier produisant quelque 156000 tonnes par an aura besoin de 70000 à 80000 ha de feuillus tropicaux ou de 30000 ha environ de plantation pour s'approvisionner en matières premières. En l'absence de mesures appropriées, les abattages massifs peuvent causer à la forêt des dégâts considérables. L'habitat naturel de la faune est souvent détruit, du moins temporairement, dans les zones surexploitées. La disparition de la végétation peut aggraver l'érosion du sol sur les terrains à forte pente. Si les grumes sont transportées par voie d'eau sans avoir été préalablement écorcées, le niveau des matières organiques risque d'augmenter dans les cours d'eau.

La construction de routes facilite la pénétration dans la forêt des populations locales ou migrantes, peut détourner les cours d'eau et entraîner des inondations ou la formation de marigots où les eaux stagnent durant la saison sèche, risquant d'attirer des moustiques porteurs de maladies telles que le paludisme. Le dragage au bulldozer des lits et des berges des rivières pour en retirer du gravier souille aussi l'eau potable et entraîne des changements hydrologiques qui ont des répercussions sur le bien-être des populations locales (De'Ath, 1980).

Des installations modernes de grandes dimensions, comme cette scierie, permettent d'utiliser plus efficacement la matière première

Les rejets d'effluents peuvent être importants, en particulier dans l'industrie de la pâte et du papier, mais certaines techniques permettent d'éliminer ce problème. Les émissions gazeuses peuvent contenir des composés soufrés, des composés organiques, du dioxyde de soufre et des oxydes d'azote. Précisons, cependant, qu'elles sont en général limitées dans la grande industrie, alors que le coût des mesures antipollution est souvent prohibitif pour la petite entreprise. Par contre, les opérations de grande envergure ont des effets fortement concentrés (à niveau de production égal) que l'environnement absorbe beaucoup plus difficilement.

Les abattages massifs et le percement de routes forestières peuvent compromettre gravement l'environnement si des mesures appropriées ne sont pas prises

Au cours de ces dernières années, les progrès technologiques ont permis une diminution notable des dégâts écologiques produits par la grande industrie, en particulier celle de la pâte et du papier, où l'introduction de nouvelles méthodes a permis une réduction spectaculaire des quantités d'intrants utilisés, par exemple l'eau, de même que du volume des agents polluants rejetés dans les cours d'eau et dans l'air. Toutes ces améliorations exigent des investissements considérables que pratiquement seules les grandes entreprises peuvent se permettre.

Les pouvoirs publics disposent de divers moyens pour renforcer les effets technologiques positifs et limiter les effets négatifs. Dans le cas des terres domaniales, par exemple, des dispositions peuvent être insérées dans les contrats et les accords de concessions pour garantir que la grande entreprise moderne applique de bonnes pratiques de gestion. Pour protéger certaines régions, l'exploitation peut y être interdite. Une intégration plus étroite des activités agricoles et forestières et des politiques peut contribuer à prévenir les conflits liés à l'utilisation des sols. Des droits de licence peuvent être exigés pour décourager la surexploitation de certains massifs forestiers d'une grande valeur écologique. Si toutes ces solutions sont théoriquement simples, les capacités qu'elles exigent en matière de planification, de suivi et de coercition font généralement défaut dans les pays en développement.

L'assistance internationale peut contribuer à résoudre en partie certains de ces problèmes. Les institutions internationales, en particulier les organisations non gouvernementales, ont sensibilisé l'opinion aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement et mobilisé l'opinion publique pour minimiser les dégâts écologiques. Les organismes internationaux ont aussi beaucoup contribué à évaluer l'ampleur et les conséquences de la dégradation de l'environnement et, au stade de la conception des politiques, à réduire les effets négatifs des grandes opérations industrielles.

Conclusion

On manque en général d'informations concrètes sur l'effet des activités que les grandes entreprises industrielles exercent dans le secteur forestier des pays en développement, aussi bien dans l'absolu que par comparaison avec les petites entreprises et les entreprises non forestières. De même, les renseignements pratiques sur les effets que les différentes mesures gouvernementales ont pu avoir sur le développement des grandes entreprises modernes sont peu nombreux.

D'après les rares informations disponibles, il semble que les effets des grandes entreprises modernes sur l'emploi soient variables. Bien qu'elles utilisent moins de main-d'œuvre par unité de capital ou de production que les petites entreprises, elles créent des emplois dans des régions où les petites entreprises sont absentes. Ainsi, pour certains produits, la grande entreprise peut pénétrer et conserver des marchés qui sont hors de la portée des petites entreprises. L'activité des grandes entreprises modernes a en outre favorisé la création de nouveaux emplois qualifiés.

Les grandes entreprises modernes sont un facteur d'accroissement des recettes d'exportation. En fait, elles sont à l'origine de la plupart des exportations de produit; forestiers industriels des pays en développement. Les grandes entreprises jouent également un rôle prépondérant dans la substitution aux importations Par contre, même en l'absence de renseignements complets sur les transfert! à l'étranger réalisés par les grandes entreprises modernes, il semblerait que ceux-ci soient souvent considérables.

Les grandes entreprises moderne peuvent avoir des effets importants su l'environnement, parce que, d'une part elles consomment de grandes quantité de matières premières forestières et d'autre part, elles produisent des effluents.

L'impact écologique de l'activité grandes entreprises modernes est concentré par rapport à celui des petites entreprises. Les dégâts que causent aux forêts naturelles les abattages massifs peuvent être considérables. En revanche, la lutte contre la pollution progresse à grands pas depuis quelques années. Les nouvelles technologies «propres» sont généralement coûteuses et ne peuvent donc être appliquées que par les grandes sociétés. En outre, du fait qu'elles ont besoin de grandes quantités de bois, les grandes entreprises sont plus enclines à lancer de vastes programmes de reboisement - et ont les moyens de le faire -, ce qui permet de satisfaire la demande mondiale croissante sans accroître la pression exercée sur le patrimoine forestier naturel. En fait, il est rare que de grands programmes industriels de reboisement soient exécutés sans l'impulsion et la participation des grandes entreprises modernes. La tendance des grandes plantations industrielles à pratiquer la monoculture crée par contre un risque écologique supplémentaire.

Les rares renseignements dont on dispose indiquent que les incidences sociales des grandes entreprises modernes varient en fonction des conditions locales. D'une part, elles offrent de nouveaux emplois dont certains n'auraient pu être créés par la petite entreprise; d'autre part, il leur arrive de recruter une partie des travailleurs à l'extérieur. On peut s'attendre que les revenus locaux augmentent, mais aussi que les inégalités de revenus se creusent: l'activité des grandes entreprises modernes risque de nuire aux pauvres en créant des marchés pour des produits autrefois récoltés gratuitement dans le milieu local, tandis qu'elle favorise les populations relativement riches et instruites en faisant davantage appel à leurs qualifications.

La question du transfert de technologies reste en grande partie sans réponse. Une chose est sûre: les industries forestières font preuve d'une grande souplesse technologique, et les tentatives faites pour adapter les technologies étrangères aux conditions locales - lorsque le degré de souplesse nécessaire existe - ont été limitées. Dans le cas des industries technologiquement rigides, les transferts de technologies paraissent limités et la dépendance permanente à l'égard du savoir-faire étranger semble courante.

Compte tenu de ce qui précède, il apparaît hautement souhaitable que les pouvoirs publics orientent de manière adéquate le développement des grandes entreprises modernes; dans la pratique, ils se sont efforcés de diverses manières d'orienter les opérations des grandes entreprises. Force est de constater que ces tentatives n'ont guère été efficaces. Les politiques gouvernementales ont été conçues sans plan d'ensemble et sans une compréhension suffisante des effets secondaires, des relations de cause à effet et des implications administratives liées à une application efficace. Ainsi, les redevances et contrats de concessions ont entraîné l'épuisement et l'aménagement irrationnel des forêts domaniales, tandis que la manipulation des mécanismes du marché par exemple, l'interdiction des exportations de grumes, les mesures protectionnistes, les taux de change administrés, etc. - a trop souvent eu pour résultat une mauvaise répartition des ressources économiques, le déboisement et la dégradation des forêts et une aggravation des déséquilibres régionaux et des inégalités sociales. Les administrations publiques se sont en général montrées incapables de maîtriser le développement des grandes entreprises modernes.

Au plan des politiques, les options sont nombreuses et complexes et les progrès qu'elles ont permis dans la réalisation des objectifs nationaux sont inégaux. L'effort semble surtout devoir porter sur des réformes judicieuses et une mise en œuvre efficace. Les capacités d'analyse sectorielle et globale doivent être considérablement renforcées dans les pays en développement si les gouvernements veulent exercer une véritable influence sur le développement des grandes entreprises forestières modernes. Dans la plupart des cas, les organismes internationaux d'aide au développement à vocation technique et financière peuvent fournir une assistance efficace à cet effet.

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