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Influence du climat sur l'élevage

COMMENTAIRE

L'environnement, un mot et un sujet très à la mode depuis quelques années, agit sur le comportement, la physiologie, la santé et les performances des animaux domestiques. Ce mot regroupe les effets de nombreux paramètres, qui tous - à des degrés divers - sont susceptibles d'influer sur les animaux. Ces paramètres ne sont pas tous étudiés avec la même attention et, d'ailleurs, ne sont pas tous également mesurables.

Les plus faciles à analyser sont la lumière et la température. Ce sont aussi les plus faciles à modifier, que ce soit pour en étudier les effets expérimentalement, ou pour corriger un environnement défavorable. Il convient de noter, d'ailleurs, que seules quelques composantes de l'action de ces facteurs sont prises en compte. Ainsi, les études sur l'effet de la lumière sur les animaux domestiques se concentrent sur les variations de la durée d'éclairement, et peu ou pas sur les variations d'intensité ou de longueur d'ondes. Mais il est évident que l'hygrométrie et la pluviométrie influent aussi sur les animaux, directement au niveau physiologique, ou indirectement à travers les variations de ressources alimentaires. Pour ne pas parler des effets de facteurs encore plus difficiles à mesurer ou à maîtriser, comme le vent ou les phases de la lune, qui pourtant agissent indiscutablement, et pas seulement à travers leurs conséquences sur la température et/ou la luminosité.

Dans ce numéro de la Revue mondiale de zootechnie, seuls quelques facteurs et certains de leurs effets sont considérés. L'article de P. Chemineau présente une synthèse des connaissances sur les effets de la lumière et de la température sur la reproduction des animaux domestiques. Toutes les espèces ne sont pas également sensibles à ces facteurs, et, selon les espèces, les effets peuvent être inverses. Ainsi, les brebis et les chèvres sont sensibles à la diminution de la durée du jour, alors que la jument réagit à l'allongement de celle-ci. Les vaches et les bufflonnes ne sont que peu sensibles aux variations de la photopériode, et la répartition saisonnière des saillies et des mises bas est plus influencée par les variations des ressources fourragères ou les interventions de l'éleveur dans la conduite du troupeau que par les variations de la durée du jour. Différentes techniques ont été mises au point, qui permettent d'utiliser la photopériode, ou les mécanismes par lesquels elle agit sur l'animal (mélatonine), pour modifier la saisonnalité des phénomènes reproductifs et les adapter aux besoins des éleveurs ou aux exigences du marché.

De même, la température, surtout les hautes températures, affecte la reproduction, tant chez le mâle que chez la femelle, et cela pour toutes les espèces, bien que ces phénomènes aient été plus particulièrement étudiés chez le porc (spermatogenèse) et chez la vache (mortalité embryonnaire).

Une conséquence de ces effets de l'environnement (ou plus exactement du climat) sur les animaux domestiques a été l'émergence de races adaptées aux conditions locales, aussi rudes soient-elles. Malheureusement, ces races sont souvent peu productives, du moins comparées à d'autres races entretenues dans des environnements totalement différents, et la tentation est grande de les remplacer par des races theoriquement plus performantes, ou encore de les améliorer par croisement. L'article de L. Vaccaro montre qu'il faut être réaliste: l'amélioration du niveau génétique doit rester compatible avec les conditions locales, faute de quoi les performances mesurées ne sont jamais à la hauteur des potentialités. Dans ce cas, le terme «environnement» englobe aussi les ressources alimentaires.

Les races ou espèces localement adaptées ne sont pas nécessairement insensibles aux fortes chaleurs ou autres conditions extrêmes, mais elles ont développé des caractéristiques leur permettant de résister, ou bien les éleveurs ont utilisé de préférence les animaux pourvus de ces caractéristiques. Ainsi, l'article de M.M. Shafie expose les différences, notamment au niveau de la peau, qui permettent aux buffles de résister aux fortes chaleurs mieux que les bovins. La peau épaisse des buffles explique en particulier que ces animaux supportent sans dommages une immersion prolongée. Cette même caractéristique leur permet également d'être parfaitement adaptés au climat plus froid d'Europe de l'Est, par exemple de Bulgarie.

Pour être complète, cette revue aurait dû présenter d'autres exemples d'adaptation à des conditions extrêmes, comme le chameau en milieu désertique et le yak en climat d'altitude froid. De même, les effets du climat sur la santé animale ne sont pas abordés, ni, comme indiqué précédemment, les effets d'autres paramètres du climat. Des articles sur ces différents sujets seraient les bienvenus; ils seront rassemblés dans un numéro de la revue consacré à ce même thème, ou bien publiés séparément dans des numéros consacrés à d'autres thèmes.

Les relations entre animaux domestiques et environnement peuvent aussi être abordées sous un autre angle: celui des effets de l'élevage sur l'environnement, avec les problèmes de désertification, de concurrence entre production de fourrages et production d'aliments pour l'homme, ou de pollution, notamment par les émissions de méthane. Ce sera le thème d'une Revue mondiale de zootechnie à paraître à la fin de 1994.


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