Previous Page Table of Contents Next Page


Avantages économiques de l'utilisation des bovins N'Dama dans la récolte des régimes de palme


Situation géographique des palmeraies SOCAPALM
Le matériel animal
Objectifs assignés au projet
Précédents modes de portage
Portage par traction Bovine
Structure fonctionnelle de travail
Contribution économique de la traction bovine
Conclusion
Références

E.R. Mpeck
E. P. Mpeck est Ingénieur zootechnicien, Chef du Service élevage,
SOCAPALM, BP 691, Douala, Cameroun.

La mise en place de l'élevage bovin de race N'Dama dès 1979 sous palmeraies à la Société camerounaise des palmeraies (SOCAPALM) a permis de mettre en évidence les possibilités d'introduction et d'exploitation de l'énergie animale au service d'une des principales activités, à savoir la coupe et le portage de régimes de palme.

Eu égard, d'une part, aux tribulations posées par la main-d'œuvre manuelle, au regard du taux d'absentéisme, du taux de désertion et du faible taux de réalisation des tâches au portage panier ou au ramassage avec brouette, le portage nécessitant une grande force de poussée de la part du porteur dans le cas des parcelles non andainées; vu, d'autre part, les énormes difficultés lices à l'utilisation de l'énergie mécanique apportée par les dumpers - coût élevé des engins à l'achat (6 000 dollars EU), pannes fréquentes, hausse du prix du carburant, utilisation d'un nombre élevé d'ouvriers et entretien très onéreux - cette technologie, malgré sa haute productivité apparente, justifiait de nouvelles analyses.

Les résultats obtenus depuis la mise en place de la traction bovine en 1985 donnaient à penser que l'utilisation des charrettes à bœufs allait s'imposer, dans un avenir très proche, comme une option fondamentale pour une plus grande humanisation des conditions de travail et surtout pour une réduction certaine des coûts de production à la récolte.

A cet égard, la SOCAPALM a mis en place une structure de dressage et de formation des charretiers. L'objectif à terme est d'effectuer au moins 80 pour cent des opérations de ramassage des régimes de palme avec la traction bovine dans ses plantations de Mbongo et de Kienké, qui couvrent une superficie totale de 12 000 ha dont plus de 9 000 ha sont déjà en production.

Situation géographique des palmeraies SOCAPALM

Au Cameroun, les plantations de palmiers à huile sont situées en zone forestière. Du fait de la présence dans ces zones de la mouche tsé-tsé et des acariens capables de transmettre des trypanosomes, l'élevage bovin n'y a connu pratiquement aucun développement. Les contraintes climatologiques et pédologiques qu'exige le palmier à huile pour une croissance maximale sont également autant de facteurs favorables à l'intégration ultérieure de l'élevage bovin sous palmeraies. Au nombre de ces facteurs figurent, outre le sol et le climat, la taille de la plantation et la mise en place en phase de plantation d'une plante de couverture, essentiellement des légumineuses telles que le Centrosema pubescens ou le Calopogonium mucunoïdes dans le but de protéger le sol et d'améliorer sa fertilité (Plucknett, 1979).

Le principe du dispositif en triangle équilatéral retenu lors de la plantation favorise un ensoleillement maximal. En phase de production, la récolte se fait en suivant les lignes de plantation, c'est-à-dire dans le sens nord-sud. Il est important de prévoir des pistes de ramassage à une distance telle que le portage des régimes pour les déposer en bordure des pistes ne soit pas supérieur à 250 m ( IRHO/ CIRAD, 1985).

Le taux de précipitation est le facteur le plus important dans la détermination du rendement du palmiste, du cocotier ou de l'hévéa. La meilleure croissance s'obtient dans les zones qui reçoivent annuellement entre 1 250 et 2 500 mm de précipitations, de préférence bimodales et bien réparties (Hartley, 1977; Plocknett, 1979). Comme le taux de précipitation est tout aussi important pour la production fourragère, un choix judicieux du site doit précéder l'implantation de la palmeraie et plus tard de l'élevage bovin (tableau 1).

Le matériel animal

Sous l'impulsion du Gouvernement camerounais, après une étude réalisée en février 1977, le choix de la SOCAPALM s'est porté sur la race N'Dama, race taurine à longue corne, réputée pour sa trypanotolérance et sa très grande rusticité.

Les bovins N'Dama, décrits entre autres par Mason (1951), Epstein (1971) et Coulomb (1976), utilisés dans les palmeraies de la SOCAPALM viennent du Zaïre. Depuis leur acquisition en 1981, ces bovins N'Dama ont eu le temps de développer les caractéristiques types de la race. L'animal est de petite taille, les taureaux sont massifs et trapus, peuvent atteindre 1,20 m de hauteur au garrot et pèsent jusqu'à 450 kg; les vaches sont plus petites, ne dépassent guère 1,10 m de hauteur au garrot et pèsent en moyenne 250 kg à l'âge adulte entre quatre et cinq ans.

Les N'Dama ont une tête large, une encolure forte, avec généralement des cornes en forme de lyre, effilées à l'extrémité. Leurs poils sont fins et courts. La robe du N'Dama exploité au Cameroun présente des nuances de couleur fauve, mais, de temps en temps, elle peut être très foncée, pienoire, pie-fauve ou, très rarement, complètement blanche.

1. Caractéristiques climatologiques dans les plantations de Mbongo et de Kienké - Climatic variables at the Mbongo and Kienke plantations - Características climatológicas de las plantaciones de Mbongo y de Kienke

Plantation

Pluviométrie (mm)

Ensoleillement (h)

Température moyenne (°C)

Mbongo

3750

1772,6

26,2

Kienké

2810

non disponible

26,5

Source: Gaullier, 1985.

Aptitudes de l'animal

Le lait. Le lait produit par les vaches est saisonnier Les vaches ont des mamelles peu développées avec de petits trayons cylindriques. La quantité secrétée en période de lactation est entièrement destinée à la croissance du veau.

La viande. Le poids moyen des bœufs, sélectionnés pour l'embouche et nourris pendant la saison des pluies essentiellement sur pâturage naturel sous palmeraies avec des apports périodiques de drêches de brasseries (sous-produit de la fabrication de la bière), est de 350 kg. Le rendement moyen à l'abattage (contenu de la panse et des intestins déduit) est de 55 pour cent pour les mâles castrés et de 48 pour cent pour les femelles reformées. La viande est savoureuse et très appréciée.

Les peaux. Les peaux sont récupérées par les ouvriers, séchées, tannées et utilisées pour fabriquer des lanières d'excellente qualité

Le trait. Les N'Dama mâles ou femelles sont utilisés pour le portage des régimes coupés jusqu'à la gare, et de plus en plus pour le transport des coupeurs et des chargeurs pour aller ou revenir des chantiers de récolte

Objectifs assignés au projet

L'introduction de N'Dama dans les palmeraies de la SOCAPALM présente de nombreux avantages.

Production de viande. La plupart des plantations sont reculées des centres urbains et des marchés de bétail d'où un approvisionnement difficile en viande de bœuf pour des populations nécessiteuses, par ailleurs déplacées de leurs régions d'origines.

Contribution du pâturage à l'entretien des palmeraies. Le pâturage du bétail est prolongé à l'aide d'une clôture électrique mobile permettant d'effectuer des déplacements quotidiens sans entraver les opérations de récolte et d'entretien des palmistes. Cela facilite un bon entretien des plantations.

Développement d'un noyau reproducteur de jeunes femelles. Ce noyau destiné à la production (et à la vente) des bovins de trait est l'un des volets de la vulgarisation de la traction animale. L'autre volet est la formation sur l'utilisation des animaux de travail des jeunes fermiers disposant de petites exploitations de palmeraies et de cocoteraies paysannes.

Bovin attelé à une charrette chargée de régimes - Ox-drawn cart loaded with palm bunches - Bovino enganchado a un carro cargado con racimos de palma

Le joug de garrot, les brancards de la charrette, le licol et le guide - The neck yoke. cart shafts. halter and rein - Yugo de cruz, varas del carro, ronzal y guía

Intégration du portage attelé des régimes de palme dans les travaux des plantations. Le portage attelé tend à devenir la forme la plus poussée de l'intégration de l'élevage aux productions agricoles industrielles telles que palmeraies, cocoteraies et hévéacultures. Le but de cette analyse est de mettre en relief l'intérêt technique et économique de la traction bovine dans une production industrielle de palmiers à huile et de cocotiers.

Précédents modes de portage

Plusieurs auteurs tels que Abega et Hornus (1987) ont décrit les modes de portage des régimes de palme - au panier, à la brouette ou au dumper.

Le portage avec panier en osier tressé est la méthode la plus lente et la plus coûteuse, du fait de la faible durée de vie du panier et de son prix relativement élevé. Cette méthode est réservée aux zones non andainées (préparation manuelle, zone marécageuse, ou encore première année de production).

Le portage avec brouette est, en raison du caractère pénible du travail avec les paniers, la solution complémentaire à associer à la sortie mécanique par dumper en période de faible ou de moyenne production.

La sortie mécanique est très coûteuse, du fait, d'une part, du prix d'acquisition du dumper et, d'autre part, des frais de fonctionnement et d'entretien Cette technique ne se justifie économiquement que lorsque la production est forte (70 à 80 régimes à l'hectare) car elle permet d'économiser beaucoup de main-d'œuvre. Cependant, il faut que les interlignes soient aménagés et ne présentent pas de risque d'accidents du sol (crevasses, trous divers, etc.)

Portage par traction Bovine

La conception et la mise en phase pratique et opérationnelle de la traction bovine dans nos palmeraies vise à terme la réalisation quasi totale des opérations de ramassage de régimes par des charrettes attelées et par quelques brouettes d'appoint dans les plantations retenues. Il est nécessaire pour ce faire de mettre en place une structure de dressage des animaux et de formation des charretiers.

Le dressage

La cellule de dressage est composée d'un dresseur et d'un assistant Pour le dressage, ils doivent disposer d'un box d'attelage constitué de quatre poteaux de 150 cm de hauteur, disposés en un rectangle de 200 cm de longueur et de 120 cm de largeur. L'entrée du box d'attelage sert également de sortie Les poteaux sont reliés les uns aux autres par des baguettes de bois (trois ou quatre baguettes à des intervalles de 30 à 40 cm).

La cellule de dressage doit également disposer d'un matériel complet de harnachement: joug, filet, licols et cordes de guidage

Le joug de nuque est de fabrication locale. Il se présente sous la forme d'une pièce de bois de 23 x 12 x 7 cm que l'on pose sur le front ou sur la nuque des animaux à atteler et que l'on maintient par des cordelettes. C'est la pièce maîtresse de l'attelage. Dans le cas d'un attelage double, le joug est relié à la charrette par une pièce de bois appelée timon mesurant 3 m de long et fixée au milieu de l'essieu.

Le filet et les licols servent à éviter le broutage pendant le travail et à assurer les guides.

Les guides sont constitués d'une corde de 10 m de long fixée de part et d'autre des licols pour assurer le guidage surtout pendant la phase de dressage.

La sélection des animaux destinés à la traction bovine se fait à partir d'un lot de castrés de deux à trois ans, pesant entre 200 kg et 230 kg. Les animaux retenus doivent présenter une bonne conformation, une grande robustesse et être en bonne santé. D'autres paramètres tels que le poil lisse et brillant, l'œil vif, la peau souple, la démarche assurée et les muscles fermes peuvent également être retenus.

Le dressage proprement dit doit être strict et rigoureusement suivi. Un dressage exécuté pour un but de portage avec un seul bœuf peut s'articuler en quatre phases d'une durée totale de 15 jours à l'issue de laquelle les attelages sont prêts pour le travail dans les champs (tableau 2).

Remarques Les phases 1 et 2 du dressage, pour une période aussi courte, doivent être effectuées par des professionnels. Tout dressage exige beaucoup de patience. Il demande beaucoup d'attention, une progression contrôlée des dificultés des tâches, un grand sens de l'observation et un amour particulier des animaux. Le dressage est facilité si l'on apparie au jeune bouvillon un animal déjà dressé La mise au travail d'un nouveau charretier-chargeur sur un bœuf précédemment dressé ne demande qu'une dizaine de jours d'accoutumance. Le charretier mène son attelage à la voix: go pour avancer, stop pour s'arrêter, right pour tourner à droite, left pour tourner à gauche et back pour reculer En général, l'animal réussit à réaliser au moins 90 pour cent de sa tâche au bout de 12 jours de travail. Enfin, il ne faut pas penser que le dressage est terminé au bout de 15 jours. Il reste progressif tout au long de la première année. Il sera considéré comme fini au cours de la deuxième année

La formation des charretiers

Le charretier est intégré dans la cellule de dressage dès la sélection de l'animal. Il joue le rôle de l'assistant du dresseur. Cette formation participe de l'éducation de personnes non habituées aux bovins et travaillant dans la section portage, et développe chez le charretier un certain amour pour son outil de travail qu'est le bœuf et sa charrette.

Les techniques de conduite

La technique de conduite du jougage de tête. C'est la technique qui a été essayée en premier. Le joug est fixé aux cornes à l'aide de cordelettes et posé soit sur le front, soit SUT la nuque. Chaque animal porte de part et d'autre de la tête une chaîne de cou ou un licol. Le joug ainsi fixé solidarise les deux éléments de l'attelage sur lesquels s'exerce l'effort de traction La force animale développée dans le cas d'un couple de bœufs est captée et transmise à l'organe tracté, (charrette) par un élément rigide (timon) fixé au centre de l'essieu. L'attelage ainsi constitué assure les fonctions de traction, de freinage, de recul et de portage. Le guidage se fait à l'aide d'un guide de 12 m de long attaché de part et d'autre des deux licols. Le charretier tire le guide gauche pour tourner à gauche et le guide droit pour tourner à droite. Il tire les deux guides à la fois pour un arrêt complet ou un recul.

Charrettes d'attelage dans le box - Hitched carts in the pen - Carros en el compartimento de enganche

Déversement des régimes dans une gare de collecte - Unloading bunches at a collection point - Descarga de racimos en un puesto de recolección

2. Les quatre phases de dressage - The four stages of training - Las cuatro fases del adiestramiento

Durée

Première phase

Deuxième phase

Troisième phase

Quatrième phase

3 jours

3 jours

3 jours

6 jours

Travaux à exécuter

· Fabrication du box d'attelage et de dételage;
· fabrication du matériel de jougage;
· accoutumance de l'animal au box et à l'homme;
· pose quotidienne du joug;.
· apport quotidien de sel au box d'attelage

· Pose des brancards de la charrette sur l'animal sans l'atteler;
· marche libre de l'élève avec joug et 2 conducteurs dont un à l'avant et l'autre à l'arrière;
· marche libre alternée avec marche lourde pendant laquelle l'animal doit traîner un objet lourd tel que tronc d'arbre, sac de cailloux.

· Accoutumance de l'animal à la charrette attelée vide (1h);
· attelage au box d'une charrette lourde pendant 4 à 5 h
· contrôle de l'alternance charrette légère, charrette lourde
· marche légère avec charrette, alternée avec marche lourde avec charrette sur une distance de 10 km ou sous palmeraies pour un maximum de 50 interlignes par jour pendant 3 heures.

· Marche avec charrette lourde bans des chantiers de 4 ha 8 ha puis 12 ha, 20 ha de taille, pendant 2 jours;
· essai de portage des régimes
· relevés statistiques des capacités progressives de portage, relevés des temps de portage et évaluation de la vitesse, appréciation des limites maximales de travail de chaque animal.

Remarques


· Marche libre et marche lourde se font sans charrette.

· A la fin de cette phase utiliser un seul charretier conducteur, guidant son attelage à la voix. L'assistant ne doit intervenir que très rarement


La technique Je conduite du jougage de garrot. C'est la technique qui est développée dans les palmeraies de la SOCAPALM au Cameroun. On utilise un joug constitué de trois parties distinctes: une pièce de bois supérieure posée sur le garrot, de 40 cm de long sur 8 x 8 cm d'épaisseur; une pièce de bois inférieure de 34 cm de long sur 5 x 5 cm d'épaisseur; et enfin deux pièces de bois taillées en baguettes de 40 cm de long, reliant, par des trous percés à cet effet, la pièce supérieure à la pièce inférieure afin de maintenir le cou de l'animal souple et faciliter son guidage. Ce type de jougage utilise un seul bœuf attelé par charrette. Le joug est également lié à la tête de l'animal par des cordelettes. Comme dans le cas précédent, il porte un filet (sorte de muselière) sur lequel est fixé le guide. La conduite se fait de la même façon que dans le cas du jougage de tête. Les brancards remplacent le timon pour assurer le transfert de la force de traction à la charrette.

Ce système d'attelage permet des mouvements latéraux de la tête (possibilité de chasser les mouches) et efface la rigidité ou la marche en biais observée dans le cas du jougage de front ou de nuque. D'autres avantages tels que la facilité de construction du matériel de jougage et la très grande maniabilité de l'attelage nous ont incité à retenir ce système d'attelage. Par contre, l'inconvénient majeur de ce type de jougage demeure l'asphyxie provoquée par la pièce de bois inférieure du joug qui tend à comprimer la trachée à cause de son attache basse rendant les animaux plus rétifs au travail Cette anomalie doit être contrôlée et ses effets réduits.

Structure fonctionnelle de travail

Les animaux

La structure de travail. L'équipe de traction bovine doit disposer d'un secteur individualisé pour permettre d'apprécier ses rendements. Une ou plusieurs brouettes, gardées en réserve, viendront toujours en appoint en fonction de l'évolution des densités des régimes récoltés et des zones d'accès topographiquement difficiles.

La durée de travail. Le charretier prend en moyenne une demie à une heure de préparation le matin (de 6 à 7 h). Ce délai de démarrage est nécessaire pour permettre aux coupeurs de prendre un peu d'avance sur le portage. Il est déconseillé de suivre un rythme de travail trop lent ou discontinu, par exemple lorsque le portage rejoint la coupe. La durée réelle de travail est de cinq heures et est fonction de la quantité de travail à exécuter; mais il arrive souvent que l'animal reste attelé près de huit heures pendant les périodes de faible production. Dans le ranch de Kribi à 150 km de Douala, les bœufs travaillent de 7 à 15 heures sans arrêt en période de forte production, et ce, six jours par semaine. A la fin du chantier journalier, le charretier utilisera encore une heure pour dételer son attelage, le nourrir et l'abreuver avant de le mettre au piquet.

La capacité de charge maximale. La charge de traction maximale a été fixée à 450 kg par attelage individuel sur une distance de 250 m, et à 500 kg pour un attelage à deux bœufs. Pour des densités inférieures à 30 régimes à l'hectare, il convient d'autoriser le déchargement des régimes des deux côtés de la parcelle.

L'attelage retrouve le box de dételage - Returning to the pen after work - Llegada al compartimento de desenganche

Le bœuf de trait est remis au pâturage après le travail - The draught ox is put back to graze after work - Después del trabajo se deja pastar al buey

L'entretien des animaux de trait. Chaque animal est affecté à un charretier bien entraîne qui doit préserver son outil de travail s'il veut continuer à évoluer dans la section. Il doit veiller à apporter après le travail les besoins immédiats de l'animal tels que l'abreuvement, la complémentation minérale et alimentaire, et la mise au piquet. Cependant, il est recommandé, si les moyens le permettent, d'affecter un ouvrier à l'entretien des animaux après le travail et pendant les jours non ouvrables. Celui-ci pourra soigner de façon plus efficace des animaux qui auront réalisé des tâches très lourdes dans la journée. Le service élevage effectue des visites sanitaires hebdomadaires et pratique des pesées individuelles tous les mois. Les charretiers doivent déclarer toute blessure ou observation suspecte après le travail.

Les remplacements d'urgence. Il est prévu un bœuf de remplacement à proximité du chantier pour permettre la mise en place rapide d'un deuxième attelage en cas de besoin. A cet effet, des boxes d'attelage à proximité des chantiers de récolte ont été prévus.

Le devenir des animaux de trait. Le gain moyen quotdien (GMQ) des animaux retenus au portage varie entre 150 g par jour et 175 g par jour; ce qui permet à une bête sélectionnée au poids de 220 kg d'arriver à la fin de son service, au bout de six ans, au poids moyen de 320 kg Les animaux ayant atteint la limite d'âge, soit 9 ans, sont systématiquement retirés de la section et remis à l'engraissement au service élevage avant d'être revendus pour la commercialisation dès la fin de l'opération d'embouche.

Le matériel

Les boxes d'attelage. Ils sont situés à côté des parcelles qui bordent les bureaux d'embauche pour permettre un contrôle rapide de la main-d'œuvre disponible et de faire judicieusement sa répartition. Après la journée de travail, les attelages sont ramenés dans les boxes. Le matin certains attelages parcourent jusqu'à 4 km pour atteindre le chantier.

L'affectation et le renouvellement du matériel. Pour pouvoir travailler efficacement, le charretier doit disposer:

· d'une charrette immatriculée;
· d'un bœuf bien dressé;
· d'un joug et de tout le matériel de harnachement;
· d'une corde de guidage, renouvelable une fois par an;
· d'une corde de piquet, renouvelable une fois par an;
· d'une roue de secours par secteur de récolte;
· d'un box d'attelage en bon état.

Tout ce matériel fourni par la SOCAPALM à l'utilisateur est contrôlé et renouvelé au début de chaque année (tableaux 3 et 4).

La détermination des besoins en charrettes dépendra de la densité en nombre de régimes par hectare de plantation, de la performance des coupeurs du secteur et enfin de la performance moyenne des porteurs.

Dans un mode de portage avec fruits détachés, deux coupeurs suffisent pour fournir des régimes à une charrette. Egalement, trois coupeurs fourniront suffisamment de régimes pour une charrette et une brouette.

Le personnel

Les rapports porteurs/coupeurs sont de l'ordre suivant:

· portage avec brouette (avec fruits détachés): l porteur/1 coupeur;
· portage avec charrette (avec fruits détachés): l porteur/2 coupeurs.

Ces rapports varient en fonction des distances à parcourir, des densités des régimes récoltés et du mode de portage adopté (tableaux 5 et 6).

Ces résultats relevés dans les différents sites confirment les résultats obtenus lors de la campagne de 1988. Par ailleurs, les rendements des équipes de ramassage se sont améliorés, passant de 3,290 tonnes par charrette, par homme et par jour à 6,022 tonnes dans la plantation de Mbongo, avec des pointes de 8,750 tonnes pendant les mois de Janvier et février (période de pointe).

L'autre paramètre de productivité concerne le nombre de journées nécessaires à payer pour ramasser une tonne de régime, et qui baisse presque de moitié de 1990/91 à 1994/95. Ce résultat témoigne une plus grande maîtrise des attelages par les charretiers.

Contribution économique de la traction bovine

Coûts du matériel et frais d'investissement

Les coûts d'acquisition du matériel sont les suivants:

· une brouette coûte 30 000 FCFA et a une durée de vie de un à deux ans;
· un dumper coûte 3 000 000 FCFA et a une durée de vie de huit à 10 ans;
· une charrette coûte 110 000 FCFA et a une durée de vie de six à huit ans.

Les autres trais d'investissements, en ce qui concerne les cas des attelages (1 bœuf et 1 charrette) se répartissent ainsi (les cas de dépannage des brouettes et dumpers étant supposés connus):

· frais d'entretien annuel de la charrette: négligeable;
· valeur du bœuf immobilisé: 90 000 FCFA (capital);
· frais sanitaires annuels: 27 000 FCFA;
· compléments divers annuels: 60 000 FCFA;
· frais de dressage: 55 500 FCFA.
· frais de gardiennage annuel: 12 000 FCFA.

Prévisions sur l'outillage et la main-d'œuvre

Les prévisions se référent à une division de 1 500 ha de palmeraies dont les cultures atteignent 9 à 10 m de hauteur avec une productivité moyenne de 10 à 12 tonnes par hectare. Si les densités moyennes à considérer sont de 30 régimes par hectare, il faudrait prévoir une production globale de 13 000 tonnes utilisant huit dumpers et 24 ouvriers; ou 23 brouettes et 23 ouvriers; ou seulement 12 charrettes pour 12 ouvriers. En considérant que la société supporte des charges sociales annuelles (frais généraux, frais médicaux, logement, eau, électricité) de l'ordre de 300 000 FCFA par ouvrier, il ressort que l'utilisation des charrettes attelées génère une économie en main-d'œuvre susceptible de servir à d'autres travaux d'entretien tout en réduisant les frais de personnel.

3. Ajustement du potentiel coupe/portage au nombre de charrettes, en fonction des densités des régimes - Comparison of cut/load potential and number of carts. according to density of bunches - Ajuste del potencial de recolección/transporte con el número de carros. en función de la densidad de racimos

Densités (régimes/ha)

Type de portage

Nombre de régimes/coupeur

Nombre de régimes brouette

Nombre de régimes/charrette

<10

avec fruits détachés

120

105

180

10-20

avec fruits détachés

170

130

180

21-25

avec fruits détachés

185

151

250

26-30

avec fruits détachés

205

158

250

31-35

sans fruits détachés

230

160

250

36-50

sans fruits détachés

270

170

300

+ 50

sans fruits détachés

320

180

300

Note: Cultures de 18 à 20 ans et poids moyen des régimes de 17 kg.
Source: SOCAPALM, 1990.

4. Résultats comparés entre le portage mécanisé (dumpers), le travail manuel (brouettes) et la traction bovine (charrettes) - Comparative results of mechanized (dumpers), manual (barrows) and ox traction (carts) - Resultados comparados entre el transporte mecanizado (volquetes), el trabajo manual (carretillas) y la tracción bovina (carros)

Mois

Densité (régimes/ha)

Dumpers

Brouettes

Charrettes

NR/J

NR/H

TR/H

NR/J

NR/H

TR/H

NR/J

NR/H

TR/H

1

48

1134

378

6,24

94

94

1,59

451

451

7,44

2

53

1120

373

6,15

129

129

2,13

416

416

6,86

3

43

1 288

429

7,78

147

147

2,42

345

345

5,69

4

32

1 092

364

6,00

82

82

1,35

364

364

6,00

5

23

1029

343

5,66

89

89

1,47

177

177

2,92

6

20

-

-

-

98

98

1,62

165

165

2,72

7

28

987

329

5,43

110

110

1,81

179

179

2,95

8

34

644

215

3,55

124

124

2,05

155

155

2,56

9

44

658

220

3,63

142

142

2,34

225

225

3,71

10

44

1 001

334

5,51

130

130

2,14

206

206

3,40

11

31

945

315

5,20

115

115

1,90

180

180

2,97

12

27

735

245

4,04

120

120

1,81

156

156

2,57

13

25

-

-

-

110

i10

1,81

216

216

3,56

14

24

819

273

4,50

111

111

1,83

148

148

2,44

15

25

911

171

2,82

121

121

2,00

152

152

2,51

NR/H = Nombre de régimes par homme; NR/J = Nombre de régimes par jour; TR/H = Tonne de régimes par homme.

5. Résultats analytiques de la traction bovine. dans la plantation de Mbongo. de 1990 à 1995 - Results of an ox traction study at the Mbongo plantation, 1990 to 1995 - Resultados analíticos de la tracción bovina, plantación de Mbongo, 1990-1995

Campagne

Surface (ha)

PMR¹ (kg)

Densité (régimes/ha)

Nombre de charrettes

Nombre de journées

Nombre de régimes

Nombre de Nombre de régimes/ charrettes/jour

Poids régime(tonnes)

Poids régimes/ charettes/jour (tonnes)

Rendement/jour (tonnes)

1990/91

2640

17,13

27

27

4450

856591

193

14 640

3,290

0,30

1991/92

2640

17,75

38

27

3 055

795512

261

14215

4,848

0,21

1992/93

2640

16,72

50

23

2878

1 015475

353

15226

5,209

0,19

1993/94

2640

17,15

30

20

2439

672910

276

12 910

5,293

0,19

1994/95

2640

18,79

30

14

1 223

361182

296

7737

6,022

0,16

¹Poids moyen des régimes.

6. Résultats analytiques de la traction bovine, dans la plantation de Kienké, de 1992 à 1995 - Results of an ox traction study at the Kienke plantation, 1992 to 1995 - Resultados analíticos de la tracción bovina en la plantación de Kienke, 1992-1995

Campagne

Surface (ha)

PMR¹ (kg)

Densité (régimes /ha)

Nombre de charrettes

Nombre de journées

Nombre de régimes

Nombre de régimes charrettes/jour

Poids régimes (tonnes)

Poids régimes/ charrettes/jour (tonnes)

Rendement/jour (tonnes)

1992/93

1 600

17,10

38

10

2 003

518 998

259

8 874

4,429

0,23

1993/94

1 600

15,62

29

15

3 515

916 834

261

14 322

4,074

0,25

1994/95

1 600

17,04

20

23

3 106

856 949

276

14 604

4,700

0,21

¹Poids moyen des régimes.

Paramètres de productivité

Si l'on choisit d'utiliser les brouettes (les dumpers présentant un profil défavorable évident par rapport aux charrettes), le rapport porteur/coupeur plaide en faveur des charrettes dont l'utilisations génère des économies de 308 FCFA par tonne de régimes porté par un charretier, en comparaison à l'utilisation d'une brouette. En d'autres termes, la tonne de régimes (j/t). transportée par une brouette coûtera 308 FCFA de plus que si elle était ramassée par une charrette, en tenant compte seulement des journées payées à la tonne de régimes (j/t). Ces calculs par extrapolation sont confirmés par les statistiques de relevés des rendements individuels au portage présentés aux tableaux 5 et 6. La norme de production retenue pour une période de faible production est de 0,50 (j/t) et de 0,30 en période de forte production.

Impact social de la traction bovine

Pour des densités moyennes de 30 régimes à l'hectare, l'ouvrier chargé de sa brouette doit parcourir 3,5 à 4 km environ dans une parcelle de 6,30 ha pour réaliser sa tâche, en exerçant une force de poussée dont l'effort est multiplié par la fatigue et le soleil. Quant à la traction bovine, elle augmente la puissance de travail du chargeur. Il voit croître ses revenus mensuels, ce qui lui permet d'améliorer ses conditions de vie. Ses primes mensuelles de rendements passent de 5 000 à 20 000 FCFA en moyenne. L'ouvrier dispose également d'un outil de transport utile pour aller à son travail, pour changer de parcelle de récolte et pour revenir à son domicile.

Perspectives

Les résultats obtenus lors des dernières campagnes (1993, 1994 et 1995) permettent de penser que les rendements au portage (j/t) peuvent encore descendre au-dessous de 0,20 dans une formule de ramassage avec fruits détachés et à 0,10 dans le cas du ramassage sans fruits détachés. Il reste également à améliorer la qualité du ramassage des fruits détachés et tombés au pied des arbres, le renforcement des contrôles et des incitatives pour améliorer davantage la qualité du portage, et le suivi des animaux et du matériel après le travail. Il est aussi nécessaire de contrôler l'évaluation des besoins nutritionnels des animaux au travail à diverses intensités et durées de travail, les effets de la préparation physique et du stress thermique sur l'intensité et la durée du travail, et enfin les effets du travail sur la reproduction et la gestation dans le cadre de l'utilisations des femelles au portage.

Conclusion

L'analyse comparative des trois modes de portage de régimes de palme en production industrielle - dumpers, brouettes et charrettes - démontre que la traction bovine avec des attelages à un bœuf et un seul charretier-chargeur peut s'imposer comme une option viable. Cette alternative peut contribuer à résoudre les problèmes de pénurie en main-d'œuvre pour la récolte des productions arboricoles telles que le palmier à huile et le cocotier et également faciliter la maîtrise des paramètres de productivité des ces exploitations.

L'objectif initial de cette étude était de confirmer les résultats obtenus par Huguenot en 1976 sur la plantation expérimentale de R. Michaux en Côte-d'Ivoire; de réduire davantage les coûts d'utilisation de la traction bovine par une diminution du personnel par attelage, passant de trois ouvriers à un seul; par une plus grande utilisation du matériel local, facilement renouvelable (bois de brousse, sac de jute, corde, lanière de cuir ou de caoutchouc); et, enfin, de démontrer que la traction bovine est une voie intermédiaire techniquement viable entre e le travail manuel (portage au panier ou à la brouette) et la mécanisation (dumpers). En apportant un support pratique à l'intégration de l'élevage des bovins aux productions agricoles industrielles, la traction bovine peut devenir une alternative très rentable.

Les acquis de l'introduction de la traction bovine sont considérables, à savoir:

· augmentation des surfaces à récolter;
· augmentation des rendements individuels;
· augmentation du revenu et du niveau de vie du personnel;
· maîtrise des paramètres de productivité de l'exploitation;
· réduction des coûts de production.

Certains inconvénients tels que les changements d'habitudes d'anciens porteurs-brouettes - retards, cas de brutalité envers les animaux, abandon du matériel après le travail, etc. -, devront être éliminés par un meilleur contrôle des activités.

Dans la perspective d'une plus grande vulgarisation l'utilisation de la force animale dans les productions agricoles industrielles telles que palmeraies ou cocoteraies, des thèmes de recherche liés à l'évaluation nutritionnelle des animaux, et aux effets de la préparation physique et du travail sur la reproduction et la gestation sont à explorer. +

Références

Abega, P. et Hornus, P. 1987. Transport de régimes en plantation de palmiers à huile. Oléagineux, 42: 2 (février 1987).

Coulomb, J. 1976. La race N'Dama: quelques caractéristiques zootechniques. Agridoc, avril-juin 1984.

Epstein, H. 1971. The origin of the domestic animals of Africa. Africana, New York. 1 292 pages.

Gaullier, P. 1985. L'élevage bovin en plantation industrielle des palmiers à huile au Cameroun. Rapport SOCAPALM. (inédit)

Hartley, C.W.S. 1977. The oil palm (Elaesis guineensis). Longmans, Londres. p. 542-545.

IRHO/CIRAD. 1985. Rappel de quelques données utiles pour l'implantation d'une plantation de palmiers à huile. Oléagineux, 40: 12 (décembre 1985).

Mason, I.L. 1951. Classification of West African Livestock. Technical Communication. Agridoc, septembre/décembre 1984.

Plucknett, D.L. 1979. Managing pastures and cattle under coconuts. Agridoc, septembre/décembre 1985.


Previous Page Top of Page Next Page