Table des matières - Précédente - Suivante


3.4. L'Amérique

a/ Les principales formations

Les formations de plus grande extension correspondent à la caatinga et au cerrado et sont surtout représentées au Brésil, d'où leur nom portugais bien connu.

Il s'agit de termes génériques; le cerrado désigne une savane boisée densément arbustive (sabana arborea, sabana arbolada en espagnol). Le terme campo cerrado s'applique plus exactement à une savane boisée, dont le peuplement arboré est ouvert ou très ouvert (sabana abierta, sabana arbustiva en espagnol). La caatinga correspond à une steppe ou à un fourré (chaparral en espagnol). Lorsqu'on est en présence de faciès d'arbrisseaux serrés, on parle de la caatinga agrupada (matorral).

Le chaco désigne la plaine centrale qui s'étend sur plus d'un million de km2 entre l'Argentine, le Paraguay, la Bolivie, mais aussi le Brésil (le chaco brésilien est de faible étendue et fait suite au cerrado). Il comprend plusieurs types de végétation dont le principal, le chaco seco, est une forêt sèche avec ses différents faciès (détaillés ci-après).

Il existe en outre, notamment au Mexique et en Amérique Centrale, de multiples formations sèches décidues (correspondant aux forêts denses sèches ou aux forêts claires d'Afrique), qui sont souvent de faible étendue et très dégradées. Par exemple, tout au long de la côte du Pacifique du Mexique jusqu'au Costa Rica, on rencontre la selva baja caducifolia ou forêt basse décidue sous climat sec (pluviosité: 800 mm/an et 7 à 8 mois secs). Bursera simarouba y est bien représenté, ainsi que Guaiacum sanctum. En général les arbres sont courts, tortueux et ramifiés près de la base: faciès classique de dégradation. Certaines espèces de grande valeur sont issues de ces formations: Bombacopsis quinatum, Samanea saman, Enterolobium cyclocarpum.

Enfin, des forêts sèches semi-décidues de faible superficie et très contrastées sont présentes en plein bassin amazonien (par exemple sur la rive du Tapajoz près de Santarem) et caractérisées par Sclerolobium paniculatum et par des Vochysiacées (Aubréville, 1958).

b/ La caatinga

Au Brésil, la zone de caatingas est comprise entre 3 et 15° de latitude sud et 34 et 45° de longitude ouest. Le climat présente deux régimes pluviaux différents. Celui des parties nord et centre est sous la dépendance du déplacement du front intertropical, celui de la partie sud est sous l'influence de fronts froids venant du sud. Ces deux régimes déterminent des dates différentes de début de saison des pluies et contribuent à la forte variabilité de la pluviosité, qui oscille entre 400 et 800 millimètres.

Un premier effet des sécheresses, en particulier lorsqu'elles sont prolongées, est de réduire la protection du sol, d'augmenter le ruissellement et de diminuer l'infiltration et le stock d'eau utile pour les plantes.

Il existe plusieurs types de caatingas, dont la description générale est celle d'une formation végétale rabougrie, décidue en période sèche et comprenant beaucoup de cactées et d'arbustes épineux parfaitement adaptés à la sécheresse. Bien que ces formations soient décidues, une grande part des espèces qui les composent ne perd ses feuilles que lorsque ses besoins vitaux ne sont plus satisfaits. Ceci explique que les caatingas puissent rester vertes pendant la majeure partie de l'année si la pluviosité est suffisante et bien répartie dans le temps. Bien que considérée comme étant insignifiante, la strate herbacée peut, en année de pluviosité excédentaire, croître de façon "explosive" pour disparaître ensuite durant plusieurs années. Cette possibilité de régénération de la caatinga lui permet d'effacer en quelques années les cicatrices des aléas climatiques et la surexploitation par l'homme et son bétail.

"La composition floristique de la caatinga varie aussi d'un sous-type édaphique à un autre. Les espèces arbustives les plus caractéristiques sont Caesalpinia pyramidalis, Jatropha phyllacantha, Mimosa spp., Spondias tuberosa, Aspidosperma pirifolium, Ziziphus joazeiro; parmi les arbres, des Caesalpinia spp., Schinopsis brasiliensis, Shinus spp., Cavanillesia (Aubréville, 1958)".

Selon Campello (1995), les espèces dominantes sont: Anadenanthera macrocarpa, Astronium urundeuva, Cassia spp., Caesalpinia pyramidalis, Bursera leptophloeos, Tabebuia spp., Ziziphus joazeiro, Pithecolobium dumosum, Mimosa hostilis, Croton sonderianus, Combretum leprosum, Bauhinia forficata, Aspidosperma pyrifolia, Mimosa caesalpiniafolia.

c/ Les cerrados et les campos cerrados

Au Brésil, les termes de cerrado et campo cerrado correspondent à des formations de type forêt claire ou savane boisée pour le premier et savane boisée pauvre ou arbustive pour le second.

Le cerrado (sabana abierta) est une formation mixte arborée de 10 à 15 mètres de hauteur présentant une strate inférieure d'arbustes et de graminées. Alors que le campo cerrado résulte de la dégradation du cerrado avec une composition floristique similaire, mais un faciès de formation arbustive classique où sont présents quelques arbres de faible taille (5 à 7 mètres de hauteur).

Les caractéristiques climatiques sont typiques de cerrados: la pluviosité annuelle est comprise entre 1 000 à 2 000 mm, concentrée sur 6 à 7 mois en une seule saison. C'est le climat tropical classique de fortes pluies estivales suivies d'une saison sèche accusée.

Ces formations sont semi-décidues (diverses formes très dégradées en fourré sont exceptionnellement complètement décidues) et s'étendent surtout au Brésil (carte n° 5) dans les Etats de Goias, Minas Gerais et de Sao Paulo. Le cerrado est une formation végétale bien différente des steppes et fourrés de la caatinga.

La flore du "cerrado"... est une flore climacique. Elle compte comme en Afrique beaucoup de Légumineuses, des Annonacées, mais elle se caractérise surtout par l'abondance des Vochysiacées (Qualea, Vochysia, Salvertia, Calystremma) et des Malpighiacées (Brysonima, Curatella) (...) Le "cerrado" n'a pas une grande valeur économique (...) Le plus grand arbre est une Légumineuse, Bowdichia virgilioides (Aubréville, 1958).

Une comparaison des principales caractéristiques écologiques différenciant le cerrado de la caatinga est présentée dans le tableau n° 4.

Répartition des forets sèches en Amérique du Sud (à partir de la carte de K. HUECK, 1972)

d/ Le Chaco seco

En raison de son étendue, le chaco comporte plusieurs types de végétation allant des forêts luxuriantes aux forêts sèches, des savanes aux marécages. Nous décrivons plus particulièrement le chaco seco, paysage de forêts xéromorphes du nord et de l'ouest du Paraguay. Au centre, cet écosystème fait place au chaco humedo, qui correspond à une mosaïque forêt - savane - palmeraie, comprise entre le Rio Pilcomayo et le Rio Paraguay.

Le chaco seco correspond à une région fortement déficitaire au point de vue hydrique, avec une pluviosité comprise entre 400 et 800 mm par an. Les pluies y sont très variables puisqu'il peut tomber en 24 heures l'équivalent d'une demi-année de pluies. C'est essentiellement la distribution hydrique qui détermine les formes de végétation.

Les forêts du chaco sec peuvent être assimilées à des savanes boisées, basses, à épineux et difficilement pénétrables. La couverture végétale est très dense, sauf dans les zones humides et sableuses où elle est plus ouverte. Ces forêts comprennent une strate arborée de 8 à 12 mètres de haut, une strate arbustive de 3 à 8 mètres et un sous-bois plus pauvre.

Généralement, les arbres et arbustes fleurissent durant la saison des pluies (entre septembre et novembre) et achèvent leur cycle reproductif entre avril et juin (sécheresse hivernale).

Certaines espèces sont caducifoliées durant l'hiver (Ruprechtia triflora) et d'autres sont sempervirentes (Aspidosperma quebracho-blanco). Les herbacées se développent durant les pluies estivales; leur cycle reproductif est réalisé en six à neuf semaines. L'irrégularité des précipitations estivales permet dans un même site des cycles végétatifs et reproductifs variés.

Trois unités de végétation sont distinguées dans le chaco:

* La forêt xéromorphe (Quebrachal d'Aspidosperma quebracho-blanco), formation climacique qui couvre la majeure partie du chaco sec, se caractérise donc par les strates précédemment décrites dont les espèces prépondérantes sont: Aspidosperma quebracho-blanco, Chorisia insignis, Cereus stenogonus, Stetsonia coryne, Schinopsis quebracho-colorado, Castela coccinea, Prosopis kuntzei, Bulnesia sarmientoi, Cercidium praecox, Capparis tweediana, C. retusa, C speciosa, Bougainvillea praecox, Ziziphus mistol, Caesalpinia paraguariensis,... (Spichiger et al., 1991).

* Le fourré xéromorphe (Matorral xeromorfico), formation appauvrie issue de la forêt xéromorphe, se caractérise par l'absence de la strate arborée et par une hauteur moyenne comprise entre quatre et huit mètres. Souvent, il s'agit de formations de renouvellement, sur des fonds de rivières asséchées, sur des zones temporairement parcourues par l'eau. Les espèces prépondérantes sont semblables à celles des forêts xéromorphes, mais plus basses et avec comme dominantes Ruprechtia triflora, Bromelia spp., Capparis spp.

* Le fourré xéro-hygrophile (Matorral xerohigrofilo), implanté sur des sols argilo-limoneux ou argileux, soumis à des inondations temporaires et souvent saumâtres, est fréquent dans le lit mineur des rivières. Le labon (Tabebuia nodosa) fleurit juste avant les pluies.

Tableau n° 4: Comparaison entre deux formations végétales, le cerrado et la caatinga

Extrait de Eiten (1972)

CARACTERISTIQUE

Cerrado

Caatinga

Région géographique où elles forment la végétation principale

Plateau central du Brésil.

Nord-est du Brésil (sauf la zone côtière).

Relief général de cette région

Topographie tabulaire (plateaux comprenant des versants raides séparés par des vallées â fond plat; vastes (sommets et plateaux avec déclivités en pentes douces).

Entre montagnes et plateaux, pédiplaine légèrement découpée portant des inselbergs pentes de plateaux gréseux dans l'Etat de Piaui et au nord-ouest de Pernambouc) .

Sols (pour la végétation climax)

Portion minérale très pauvre (faible capacité d'échange et faible échange de bases acides).

Portion minérale pauvre à relativement riche, neutre à légèrement alcaline; humus rare à absent.

Profondeur effective du sol

Toujours très profond.

Superficiel à profond.

Pluviosité annuelle moyenne

750 à 2 000 mm.

De 300 mm sur de petites aires à l'intérieur de la région à 750 - 800 mm à la limite ouest jouxtant le Cerrado, ou même 1000 mm à l'est et au sud à la limite de la forêt

Evaporation annuelle moyenne

600 à 1 400 mm.

De 1000 (à la limite avec la forêt atlantique) à 1400 mm près du Cerrado, s'élevant à des valeurs supérieures vers l'intérieur.

Profondeur de la nappe phréatique permanente sur les hautes terres

De 6 à 30 m (avec parfois des extrêmes allant de 3 à 50 m).

Généralement absente (elle peut être présente et profonde dans certains plateaux sableux de l'Etat de Piaui).

Structure de la végétation non-perturbée

- Canopée arborée fermée à ouverte de dimension moyenne (7-20 m).
- Forêt claire et fourré dont les hauterus varient respectivement de 7 à 15 et 3 à 7 m.
- Fourré ouvert ou fermé (de toute taille).
- Savane et fourré (0,5 à 3 m).
- Savane herbeuse.

- Canopée arborée fermée à ouverte de dimension moyenne.
- Fourré fermé de taille moyenne(d'habitude 2 à 5 m), avec souvent des petits arbres émergeant à 7-8 m.
- Fourré ouvert de taille moyenne.
- Savane et fourré.

Caducité des peuplements

Semi-caduque (le Cerrado est rarement sempervirent: les diverses formes de fourrés sont très rarement complètement décidues).

Complètement caduque (semi-caduque sur les plateaux sableux de Piaui).

Consistance du feuillage des étage supérieurs

Xéromorphe, rigide. siliceux ou coriace, parfois velouteux et densément velu.

Mésomorphe, mince, velouteux.

Figure n° 3.1: Quelques types de formations végétales du Paraguay - "Quebrachal"

Figure n° 3.2: Quelques types de formations végétales du Paraguay - "Peladar", forme appauvrie de "Quebrachal"

Figure n° 3.3: Quelques types de formations végétales du Paraguay - "Espartillar", savane herbacée

Extrait de Ramella et Spichiger (1989)

3.5. L'Asie

En Inde, comme dans les autres pays de la région, les moussons butent contre les reliefs principaux et déterminent des bioclimats à pluviosité plus ou moins abondante et à saison sèche plus ou moins longue. Les côtes et les Ghâts occidentaux sont parmi les plus arrosés. Le plateau du Deccan et les plaines du sud-est de la péninsule indienne, protégés par les Ghâts, subissent des sécheresses assez longues (carte n° 6).

La présentation qui suit a été élaborée en se référant pour beaucoup à "La végétation de l'Inde, Ecologie et Flore" de Legris (1963).

a/ Les formations denses sèches

Les formations sèches décidues occupent de vastes espaces dans l'Inde centrale et péninsulaire. Leur aire de distribution couvre pratiquement tout le plateau du Deccan. Leurs limites extrêmes en latitude sont le 8 ème et le 32 ème parallèles. Dans une aussi vaste région, les climats ne sont évidemment pas uniformes. Bien qu'il existe de nombreux types de transition, les séries principales sont floristiquement distinctes et correspondent à une amplitude bioclimatique déterminée. Elles ont en commun de nombreuses espèces caractéristiques et une certaine similitude de leurs stades de dégradation. Trois séries seront distinguées: à Shorea robusta, à Tectona grandis et à Hardwickia binata.

La série à Shorea-Anogeissus-Terminalia

Cette série occupe le nord-est du Deccan, le Bihar et la région des Siwalik. La forêt est moyennement dense, fermée, de hauteur moyenne (20 mètres) avec une seule strate intermédiaire de 10 à 15 mètres, parfois riche en bambou (Dendrocalamus). On passe de la série à sal (Shorea robusta) à la série à teck en franchissant la zone limite des aires des deux espèces. Il n'y a pratiquement pas de mélange entre les deux espèces, l'écologie du Tectona grandis étant dans l'ensemble plus sèche que celle du sal.

La série à Tectona-Anogeissus-Terminalia-Pterocarpus

Cette série se rencontre dans tout le reste du plateau du Deccan. Elle se prolonge au sud sur les versants orientaux des Ghâts à moyenne altitude, et vers le nord jusqu'au Rajasthan. On en trouve aussi quelques forêts dans le Saurasthtra. La série à teck n'est pas homogène dans l'ensemble de son aire.

Trois sous-séries principales s'y rencontrent: la série sèche décidue à teck (Tectona grandis), la série à Hardwickia binata, la série épineuse des Acacia. Plus au sud, la série à teck est en contact avec la série à Albizia amara de la plaine de Madras.

La série à Hardwickia-Anogeissus-Terminalia

La distinction de cette série est discutable. Elle correspond à une transition entre la précédente et la série épineuse du Deccan. Son écologie, d'origine bioclimatique ou édaphique, est sèche dans l'ensemble. Les peuplements sont rarement denses. Sa distribution fractionnée résulte en grande partie de l'action des facteurs biotiques.

Hardwickia binata devient dominant dans un type de forêt répandu en Andhra Pradesh dans lequel ne figure pas de teck (districts de Chittoor, Cuddapah et Kurnool notamment). Il s'agit d'une forêt à deux strates: l'une d'une vingtaine de mètres de haut, comprenant presque exclusivement Hardwickia, émergeant d'une strate d'une quinzaine de mètres, formée des espèces communes des séries sèches décidues.

Les faciès édaphiques résultent de l'abondance relative de quelques espèces, constatée localement à l'intérieur d'une formation d'ensemble homogène; ainsi par exemple, le faciès à Santalum album mérite une mention spéciale. Le santal, dont le bois (y compris les racines) est exploité pour sa teneur élevée en huiles essentielles, est un arbre de petite taille à croissance extrêmement lente. Son aire de répartition est assez restreinte. On le trouve abondamment dans la partie nord de l'Etat de Madras et dans le Mysore. Il trouve son optimum entre 600 et 1 200 m dans la série sèche décidue.

Le dynamisme des séries sèches décidues que nous venons de présenter est conditionné dans une large mesure par la sécheresse de leur milieu. La série à sal présente dans son ensemble un milieu plus humide que les deux autres. La série à teck, au contraire, se trouve en mélange avec les formations plus sèches à Hardwickia et à Acacia, mais elle occupe les meilleurs sites. Toutes les trois sont héliophiles, résistantes aux feux de savane et rejettent bien de souche.

Le Shorea robusta, très exigeant pour la lumière, supporte l'ombre dans les premiers stades de son développement. L'espèce est essentiellement grégaire et colonise rapidement les ouvertures en forêt. Le teck est une essence de lumière stricte, ne tolérant pas l'ombre dans les premiers stades de son développement. L'espèce s'installe sur sols bien drainés. Sa résistance à la chaleur et à la sécheresse est plus grande que celle du sal. Il se maintient sous des climats aussi secs que ceux de la bordure du Rajasthan. Les peuplements sont clairs, les arbres chétifs, mais le teck forme plus de 50% du couvert. Il ne montre pas la même puissance colonisatrice que le sal. Sous les climats très secs, il semble plus apte à se maintenir qu'à se propager. Hardwickia binata est une espèce sempervirente à couvert léger, parfaitement adaptée à la sécheresse, au feu et résistante à divers traumatismes. Son enracinement pivotant profond lui permet d'exploiter les réserves d'eau du sol. Sa régénération est possible même sur les sols tassés par les troupeaux. On la trouve le plus fréquemment sur les sols très superficiels ou squelettiques. La dominance de l'espèce dans les formations très sèches du Deccan résulte aussi de son aptitude à rejeter de souche et de la facilité de reprise des jeunes sujets même lorsqu'ils ont été endommagés par le feu.

b/ Les formations sèches épineuses

Les peuplements sont clairs, allant de la forêt basse à la steppe désertique. Ils se rencontrent dans toutes les régions très sèches, semi-arides de l'Inde, c'est-à-dire depuis l'extrême sud-est de la péninsule, tout le long de la bande semi-aride du Deccan sous le vent des Ghâts, au Rajasthan et dans les vallées du Gange et de l'Indus.

Malgré quelques différences floristiques et écologiques, les formations de ce groupe ont en commun les caractères suivants: une végétation xérophile à prédominance d'épineux, des climats très secs semi-arides ou arides, des sols généralement érodés, pauvres ou physiologiquement secs, une très grande influence des facteurs biotiques de dégradation.

Certaines formations épineuses sont vraisemblablement des séries de substitution occupant actuellement une partie de l'aire ancienne de séries plus humides. La flore est assez pauvre, xérophile, et compte beaucoup d'espèces ubiquistes qui existent dans toute la zone sèche vers l'est ou vers le sud et particulièrement dans les contrées arides et semi-arides du Rajasthan. Quelques rares espèces, Albizia amara, Anogeissus pendula, Prosopis spicigera, Calligonum polygonoides, limitées à des aires restreintes, ou dominantes dans certains types de végétation, ont pu être choisies comme caractéristiques.

Ce groupe comprend les séries à:

- Albizia amara du sud de l'Inde;
- Acacia catechu, Acacia arabica du Deccan et du Gujarat;
- Anogeissus pendula des Aravalli Hills;
- Prosopis spicigera et Salvadora oleoides du Rajasthan;
- les formations arides à Calligomum polygonoides du Thar, Sind et de l'Indus;
- les formations à Acacia de la plaine du Gange.

Répartition des forets séchés en Asie tropicale et continentale(d'après F. BLASCO et M.F. BELLAN, 1995)

Chapitre III - Les facteurs d'évolution des forets sèches

1. Les facteurs climatiques
2. Les facteurs biologiques et physiques
3. Les facteurs anthropiques


Les différents types de végétation que l'on rencontre en zones sèches sont selon les cas le résultat d'évolutions anciennes et/ou récentes. Ils se maintiennent ou continuent à se transformer selon que le système des facteurs climatiques physiques biologiques et humains qui déterminent leur état présent entretient leur stabilité ou accélère leur transformation.

Il est important que l'aménagiste puisse situer le milieu qu'il va entreprendre de gérer par rapport à cette dynamique globale et qu'il en évalue correctement les principaux déterminants. On peut illustrer ce propos par des exemples simples. Ainsi l'aménagiste n'élaborera pas les mêmes scénarios au regard d'une forêt qui se dégrade sous l'effet d'une longue sécheresse ou en présence d'un milieu qui se reconstitue en raison d'une diminution du surpâturage. Même si les deux écosystèmes sont à l'état présent comparables. Dans le même esprit il devra tenir compte de la capacité de reconstitution d'un milieu s'il désire gérer correctement la durée et l'intensité d'un système de jachère.

Pour ce faire il lui est nécessaire d'anticiper sur le long terme donc de tenir compte des facteurs qui conditionnent les transformations globales. Considérons par exemple une forêt soumise à un long processus de dégradation. Ce dernier peut dans un cas aboutir à la constitution de "parcs arborés" (dont la productivité n'est pas négligeable et dont le rôle dans le maintien de la fertilité est important) ou dans d'autres cas à une conversion de la forêt en terrains non boisés et fragilisés.

On pourrait bien évidemment multiplier les exemples qui plaident pour cette approche "évolutive" et qui conduisent à envisager les forêts non uniquement au travers d'un instantané descriptif essentiel mais insuffisant mais aussi en les plaçant en perspective au regard de leur histoire de leurs déterminants et de leurs avenirs potentiels.

Nous avons choisi de. le faire sommairement en explorant l'impact des principaux facteurs climatiques biologiques et humains sachant que dans chaque cas, les échelles spatio-temporelles sollicitées n'étaient pas les mêmes et conscients qu'aujourd'hui le facteur humain est déterminant.


Table des matières - Précédente - Suivante