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1. APERÇU GÉNÉRAL DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE

1.1 Situation macro-économique

Le Mali est un vaste pays s'étendant sur près de 1,2 millions km², mais dont un quart seulement est constitué de terres arables. Sa population est d'environ 9,5 millions d'habitants, pour un taux de croissance démographique annuel de 3%, dont près de 80% vit en milieu rural.

Avec un revenu par habitant d'environ 270$EU en 1993, le Mali figure parmi les pays les plus pauvres du monde (source : Banque Mondiale). Le produit intérieur brut (PIB) a été estimé pour la même période à 708 584 millions FCFA, soit environ 1417millions$EU. L'agriculture au sens large du terme contribue pour environ la moitié au PIB total, et assure près des trois quarts des revenus d'exportations. Le secteur industriel, prospère dans le passé (textile, chaussure...), occupe aujourd'hui une place mineure.

L'économie traditionnelle repose notamment sur la culture du millet, du riz et d'autres céréales, ainsi que sur l'élevage. Le coton-graine ("l'or blanc") occupe notamment une place déterminante dans le commerce extérieur; avec l'année hydrologique exceptionnelle connue en 1994-95, près de 400000t auraient ainsi été exportées. La viande d'élevage constitue le deuxième poste des exportations.

L'économie malienne dépend en grande partie du secteur agricole, qui lui-même est fortement tributaire des aléas hydro-climatiques. Cela a constitué une contrainte certaine au développement de l'économie malienne au cours des deux dernières décennies. D'autres facteurs, politiques, doivent également être pris en compte pour expliquer les faiblesses actuelles de l'économie malienne.

Depuis 1988, le pays poursuit un ensemble de réformes économiques dans le cadre de programmes d'ajustement structurel, dans le but de promouvoir l'économie de marché et encourager la participation du secteur privé au développement économique (libéralisation des prix, suppression de monopoles concernant l'importation ou l'exportation de certains produits, allégement de la fiscalité douanière...). Les codes de l'investissement, du commerce, et du travail, ont également été revus.

Par ailleurs, en janvier 1994, le FCFA a été dévalué, ce qui a notamment permis de renforcer la position du pays dans le commerce sous-régional de produits agricoles.

L'inflation, avant dévaluation, était estimée à 3% par an.

1.2 Rôle des pêches et de l'aquaculture dans l'économie

Le secteur de la pêche constitue un secteur clé de l'économie malienne. En période hydrologique normale, la production halieutique se situe autour de 100000t/an, plaçant le Mali au troisième rang des pays africains producteurs de poisson d'eau douce. Sur la base d'une disponibilité apparente de poisson de l'ordre de 94000 t/an, la consommation de poisson peut être estimée à environ 10,5kg/an/hab, que l'on peut comparer avec une consommation de viande de l'ordre de 7,8kg/an/hab.

En termes d'emplois, on estime que l'activité de production concerne directement près de 71000 pêcheurs, regroupés en 32800 ménages. L'activité pêche constitue par conséquent une ressource vitale pour environ 256400 personnes. En rapportant ce chiffre à l'ensemble de la population rurale malienne, qui compte environ 7,2 millions de personnes, on estime que l'activité pêche concerne directement près de 3,6% de la population rurale. Ce chiffre moyen masque cependant de grandes disparités rencontrées au niveau régional. Ainsi, dans la région du Delta Central du Niger, la première région productrice du pays avec près de 80% des captures totales, plus d'un tiers de la population est directement concernée par la pêche.

En prenant en compte les emplois générés en amont en aval de l'activité pêche, le nombre d'emplois assuré par l'ensemble de la filière peut être estimé à 284000 personnes, ce qui représente environ 7,2% de la population active malienne. A noter que cette estimation ne prend en compte ni l'activité de pêche sur les cours d'eau (environ 5000km), ni les emplois saisonniers de manoeuvre dans les zones à forte production (environ 3 personnes en moyenne par ménage de pêcheur professionnel pendant trois mois). La filière pêche pourrait par conséquent employer au total près de 8% de la population active.

Une estimation de la valeur ajoutée brute de la filière pêche a été faite pour l'année hydrologique 1994/95, sur la base d'une production halieutique de 100000t/an. Celle-ci pourrait s'élever à 30 000 millions FCFA, soit environ 50 millions$EU. En comparant cette valeur au PIB total du pays, la filière pêche au Mali pourrait contribuer pour environ 4,2% à la richesse nationale.

Jusque dans les années 80, les exportations de poisson représentaient une part importante de la production halieutique, en raison d'une production abondante liée à une bonne hydraulicité, et d'une situation de demande intérieure satisfaite. Depuis, la part de poisson exporté sur la production totale n'a cessé de décroître. Avec le retour des crues en 1994/95, et suite à la dévaluation du franc CFA, les exportations de poisson connaissent à nouveau un essor. En 1995, les exportations de poisson transformé dans le Delta Central ont atteint près de 1900t, soit environ 5600t en équivalent frais, pour une valeur estimée à 1,3milliards FCFA. A cela s'ajoute la quantité non négligeable de poisson produit sur le lac de Manantali à destination de Kayes au Sénégal. La filière pêche pourrait ainsi contribuer pour près de 1% en valeur aux exportations totales du Mali.

La pêche contribue également au budget de l'Etat de manière substantielle, à travers les redevances versées par les producteurs et les divers impôts et taxes prélevés tout au long de la filière. L'ensemble de cette contribution est estimée à environ 10% de la valeur ajoutée brute de la filière.

La pêche constitue par ailleurs un vecteur important de la culture et du savoir-faire malien à l'étranger, résultant notamment d'une longue tradition millénaire. Les pêcheurs maliens, couramment dénommés "pêcheurs bozo", ont en effet étendu leurs compétences techniques bien au-delà des frontières nationales: Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Guinée, Niger, Sénégal, Tchad...

La pisciculture, en raison notamment de sa jeunesse, occupe quant à elle une place marginale au sein de l'économie malienne. L'activité piscicole serait toutefois en voie de s'insérer de manière durable dans les systèmes de production en milieu rural, dans les zones éloignées des grands centres de production halieutique, apportant ainsi un complément de protéines animales non négligeable à la population concernée.

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