Table des matières - Précédente - Suivante


La culture du maïs dans les systèmes de culture pluviaux dans l'ouest du Burkina Faso

Zacharie SEGDA
INERA, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso

Résumé. Après avoir caractérisé la région ouest du Burkina Faso, et plus particulièrement la zone maïsicole, les différentes contraintes de production et d'écoulement du maïs (Zea mays), les différents acquis techniques qui permettent d'augmenter le rendement et les conditions socio-économiques de développement de la culture du maïs dans les villages ont été analysés. En dépit de certaines contraintes, la production et la consommation de maïs se développent de plus en plus. Malheureusement, les producteurs font face à des difficultés croissantes pour écouler leur surplus de production sur le marché. Si cette -situation perdure, elle pourrait limiter sérieusement le développement de la culture du maïs. La mise en place d'une politique conséquente permettant de lever les difficultés relatives à l'acquisition de moyens de production et d'assurer l'enlèvement de tous les surplus à un prix rémunérateur pourrait être une démarche efficace vers l'autosuffisance alimentaire.

Mots-clés. Zea mays, systèmes de culture, recherche, production, stockage, commercialisation, transformation, Burkina Faso.

Abstract. After characterizing the maize (Zea mays) growing region of western Burkina Faso, constraints to maize production and marketing, yield improvement practices and the socio-economic conditions of maize cultivation in the villages were analyzed. In spite of certain constraints, maize production and consumption are increasing. Unfortunately, producers have more and more difficulty marketing their production surplus. This prevailing problem could seriously limit maize production. Implementation of policies to improve access to production needs and to insure the marketing of production surplus at acceptable prices could contribute to food self-sufficiency.

Key words.. Zea mays, cropping systems, research, production, storage, marketing, processing, Burkina Faso.

Selon les données statistiques, les superficies emblavées en maïs sont passées de 120 000 hectares en 1984 à 201 000 ha en 1988, et la production s'est accrue, passant de 78 000 à 227 000 tonnes pour les mêmes périodes (SANOU, 1991 a). Les accroissements notés sont justifiés:

En 1988, l'ouest totalisait une production de 148 000 tonnes (soit 65 % de la production totale). Cette zone représente l'essentiel des activités maïsicoles du Burkina Faso.

Le maïs se rencontre dans tout l'ouest. C'est la culture privilégiée de rotation des exploitations cotonnières.

Le cadre de l'étude

La zone d'étude correspond à la région ouest et sud-ouest du Burkina Faso. Elle fait frontière avec le Mali, la Côte-d'Ivoire et le Ghana.

D'une superficie de 93 726 km², elle représente environ le tiers du territoire national. Huit provinces sont comprises dans cette zone, mais, d'un point de vue agricole, elle se découpe en quatre Centres régionaux de promotion agro-pastorale (CRPA), organismes dont la mission principale est l'intensification des productions végétale et animale et la principale activité la vulgarisation agricole.

Le CRPA de la boucle du Mouhoun couvre les provinces du Sourou, du Mouhoun et de la Kossi.

Le CRPA des hauts-bassins comprend les provinces du Kénédougou et du Houet.

Le CRPA du sud-ouest couvre les provinces de la Bougouriba et du Poni.

Enfin, le CRPA de la Comoé ne comprend qu'une seule province, celle de la Comoé (figure 1). Le climat est du type soudanais avec une seule saison des pluies, de mai àseptembre, et un cumul pluviométrique annuel se situant entre 650 mm et 1 200 mm pour 50 à 70 jours de pluie.

Figure 1. Caries de situation: la zone d'étude, le découpage en provinces et le découpage en CRPA.

La végétation est caractérisée essentiellement par deux formations qui se succèdent du sud au nord par une forêt claire s'étendant entre les isohyètes 1 000 et 1 200 mm et une savane boisée qui s'étend entre 800 et 1 000 mm.

Les sols dominants sont les sols ferrugineux tropicaux sur matériaux divers (sableux, sablo-argileux, argilosableux, etc.). Ensuite, on rencontre les sols ferrallitiques moyennement désaturés sur matériaux sablo-argileux et les sols hydromorphes à pseudo-gley sur matériaux à texture variée.

Les collines birrimiennes sont généralement surmontées d'une cuirasse ferrugineuse (lithosols sur cuirasse) et les dépressions périphériques qui les entourent sont caractérisées par des sols bruns eutrophes ou bruns vertiques, remaniés sur les versants, profonds et fertiles dans les parties basses.

L'ouest et le sud-ouest du Burkina Faso se caractérisent par une très forte diversité ethnique (38 ethnies environ sur un total d'une soixantaine). Celles qui sont le plus fortement représentées dans la zone d'étude sont les ethnies: bobo, bwaba, sénoufo, gouin, marka, samo, toussian, lobi, dagari, mossi, peu 1.

En 1990, la population agricole de la zone dite cotonnière atteignait presque deux millions d'habitants. Cependant, une forte proportion de cette population est allochtone. Les investigations menées par l'ORSTOM (SCHWARTZ, 1989) montrent que 33,7 '%, des exploitations agricoles du sud-ouest sont allochtones. Parmi elles, l'ethnie mossi, originaire du plateau central, représente 20,7 % du total des exploitations de la région. Ces migrations et implantations massives ont abouti dans certaines zones à des situations de saturation foncière et de dégradation du milieu, amenant des conflits sociaux (LENDRES, 1992).

L'importance de la maïsiculture

L'aire d'extension du maïs à l'ouest recoupe les isohyètes 850 à 1 200 mm et au-delà, mais sa répartition est assez inégale. L'analyse plus détaillée des statistiques permet de localiser deux zones principales de production (figure 2), le nord de Bobo-Dioulasso, correspondant à la zone cotonnière, et la région de Banfora-Sidéradougou (SIBAND et WEY, 1989).

Si l'on prend les données statistiques de 1988, où la surface en maïs était estimée à 114 000 hectares dans l'ouest, cela représente une progression de 25 % sur les quatre dernières années.

Tableau I. Statistiques agricoles (zone ouest, 1988).

  Superficie (ha) Production (t)
Hauts-bassins 40 000 49 000
Comoé 33 000 38000
Sud-ouest 25 000 32 000
Mouhoun 16000 29000
Total ouest 114000 148000
Total Burkina Faso 201 000 227000

Source: ministère de l'Agriculture et de l'Elevage, 1990.

Le niveau technique des agriculteurs et la place du maïs dans l'exploitation sont assez différents selon la zone. On peut identifier quatre situations.

Dans la zone cotonnière, l'extension de la culture de rente a entraîné l'intensification du système d'exploitation et une plus grande réceptivité aux améliorations techniques, dont le maïs a été, après le cotonnier, le premier bénéficiaire. Cette culture à vocation alimentaire devient progressivement une culture de rente. Le rendement moyen en maïs a été estimé lors de la campagne 1991 à 2,2 t/ha pour les hauts-bassins et à 1,1 t/ha pour le Mouhoun (Wey 1992). On note une évolution vers la rotation binaire cotonmais.

Dans la transition sud, la place du coton est plus limitée; les légumineuses sont davantage représentées (arachide, niébé, vouandzou...).

Dans la zone sud, essentiellement vivrière à base de céréales, avec une part importante de légumineuses (arachide, niébé...), le maïs est bien représenté dans la partie ouest avec un rendement moyen de l'ordre de 1,4 t/ha. Le sorgho et le mil dominent dans la partie est.

Dans la marge nord, exclusivement vivrière et céréalière, le maïs devient très secondaire face au mil et au sorgho.

Les contraintes

Les contraintes liées aux conditions pédoclimatiques

Elles se résument à l'insuffisance et à l'irrégularité des Pluies, à la dégradation et à l'appauvrissement des sois, à l'abondance des mauvaises herbes, aux maladies, etc.

Les contraintes d'ordre technique

Ces contraintes ont trait, d'une part à la mauvaise assimilation des connaissances techniques, d'autre part au coût élevé des intrants.

Figure 2. Les zones à mais et assolement.

La préparation du sol

L'opération de labour est effectuée en grande partie sur les cultures de maïs, tant en manuel qu'en mécanisé.

Le semis en ligne

Cette technique fait actuellement partie des habitudes culturales de la presque totalité des producteurs de l'ouest du Burkina Faso, et plus particulièrement de ceux de la zone cotonnière. Les lignes sont faites essentiellement au rayonneur et/ou au cordeau.

La densité de semis

La densité de semis du maïs s'avère nettement inférieure aux densités recommandées, qui sont de 0,80 m x 0,40 m, 2 plants/poquet (62 500 plants/ha) pour les systèmes semi-intensifs et intensifs, et de 0,80 m x 0,50 m, 2 plants/poquet (50 000 plants/ha) pour le système traditionnel.

Tableau II. Densités sur quatre années (466 exploitations).

Densités(plants/ha) Pourcentage de cas (%)
50000 77
50 000 à 65 000 21
65 000 2

Source: WEY (199 2).

Ce phénomène est essentiellement lié au nombre de graines semées par hectare; les paysans sèment trop clair sur la ligne et avec des écartements importants.

Les variétés sélectionnées

Les nouvelles variétés sont de plus en plus adoptées. WEY (1 992) montre que l'utilisation de la variété améliorée SR 22 conduit à une augmentation de rendement d'environ 30 % par rapport à la variété locale dans trois zones expérimentées (Houndé, Tiéfora, Sidéradougou). La variété SR 22 est appréciée non seulement pour ses critères de production (environ 4,2 t/ha) mais également pour d'autres avantages sur les variétés locales: un cycle plus court (107 jours), une taille moindre avec une insertion de l'épi plus basse, une meilleure résistance à la verse et enfin une résistance à la striure qui ressort comme facteur limitant de la production. Depuis la vulgarisation de cette variété en 1986, les structures de vulgarisation ont noté un taux d'adoption variant entre 30 et 70 % dans la zone maïsicole (SANOU, 1991 a.)

La fertilisation

Elle est très variable d'une zone à l'autre; sa pratique est courante dans le secteur de Houndé, moins évidente dans la zone de Sidéradougou, et particulièrement négligée dans la région de Tiéfora.

La pratique de la fertilisation organique reste encore aléatoire et peu courante.

Les rotations culturales

Toujours selon cette enquête, les rotations sont encore méconnues de la plupart des exploitants. Il ressort que 66 % des parcelles de maïs suivent une culture de céréale. Le coton vient en deuxième position, alors que la succession culturale avec légumineuse est rare, malgré la présence fréquente d'arachide en particulier. Dans le CRPA de la Comoé, la culture itinérante se confirme, avec en moyenne 32 % des parcelles de maïs défrichées pendant les quatre dernières années. Ce phénomène est constant dans les trois zones concernées.

Le sarclage

La majeure partie des parcelles de maïs sont désherbées une première fois; en revanche, il semble que le deuxième sarclage est plus aléatoire et souvent réalisé à la demande.

Le contrôle des mauvaises herbes est encore essentiellement manuel; dans les exploitations plus avancées, les interlignes sont nettoyés mécaniquement par le passage d'un engin aratoire (en attelé ou en motorisé) et manuellement entre les poquets. Le désherbage chimique est encore très peu pratiqué; seuls quelques exploitants mécanisés utilisent un herbicide de préémergence (Primagram 500 essentiellement) dans la zone cotonnière.

Le buttage

L'opération se réalise dans les différents types d'exploitation. Dans certaines régions caractérisées par la culture sur billons (Comoé, Kénédougou), le taux d'adoption de ce thème est faible.

La main-d'œuvre

La main-d'œuvre est essentiellement familiale. C'est pour l'entretien des différentes parcelles et les opérations de récolte qu'apparaissent les deux principaux goulets d'étranglement. Ils nécessitent souvent l'intervention de main-d'oeuvre extérieure à l'exploitation.

Les contraintes liées au stockage

Le manque de structures adéquates de stockage est manifeste dans presque toutes les zones. Les attaques de déprédateurs des stocks sont fréquentes et l'on assiste souvent à des destructions importantes de récoltes. Ce manque d'entrepôts oblige souvent les producteurs à écouler rapidement leur surplus de production à des prix souvent dérisoires.

Les contraintes socio-économiques

Les contraintes d'ordre social

On peut citer le mode de gestion de l'espace, qui rend difficiles aujourd'hui les pratiques culturales basées sur la jachère traditionnelle. Cela est dû, d'une part, à la pression foncière, à l'installation des migrants et à l'accroissement naturel de la population. D'autre part, certains migrants ont un faible souci de la protection de l'environnement parce qu'ils ne se sentent pas entièrement responsables, et certains investissements réalisés par eux sont mal jugés par les autochtones. Ces derniers considèrent, par exemple, la plantation d'arbres sur les parcelles de culture comme un processus d'appropriation foncière. Des tensions sociales apparaissent entre migrants et autochtones. Ces derniers font de plus en plus de difficultés pour prêter leurs terres. Certains vont même jusqu'à ensemencer la totalité de leur superficie, quitte ensuite à ne pas pouvoir tout entretenir, et cela de manière à n'avoir pas à céder leurs parcelles en jachère (LENDRES, 1992).

Les contraintes liées à l'écoulement des produits

Hormis la culture cotonnière, où la commercialisation est suffisament organisée avec un prix garanti et fixé avant les semis, la production céréalière ne bénéficie pas d'une commercialisation conséquemment organisée. L'Office national des céréales (OFNACER) n'arrive pas àassurer la collecte de tous les excédents céréaliers produits par les paysans. Les commerçants interviennent dans le circuit à des prix souvent dérisoires.

De même, on note une faiblesse de la capacité de transformation des unités agro-industrielles (maïs en grits et en farines pour l'alimentation humaine, pour les biscuiteries et les boulangeries).

Les acquis techniques

L'ensemble des résultats de recherche sur le maïs a été acquis par l'Institut de recherches agronomiques tropicales et des cultures vivrières (IRAT), qui s'occupait de cette céréale depuis 1960 au Burkina Faso et par l'Institut d'etudes et de recherche agricoles (INERA), à travers l'équipe maïs de son programme sorgho-mil-maïs (SOMMA).

Les objectifs globaux des recherches de cette équipe peuvent se résumer en trois points essentiels (SANOU, 1989): maximiser la production dans les zones à vocation maïsicole confirmée, sécuriser la culture du maïs dans les zones et les systèmes de production où elle est marginale et augmenter les superficies consacrées à cette céréale.

Les aires de culture

La maïsiculture du Burkina Faso est étroitement dépendante de la pluviométrie annuelle. Les variations pluviométriques nécessitent l'utilisation de variétés à plus ou moins long cycle. De ce fait, trois aires de culture ont été schématiquement définies (SAUVAIRE et SANOU, 1986).

Dans les zones à pluviométrie inférieure à 900 mm, l'emploi de variétés précoces (85 à 94 jours) et de variétés extra-précoces (75 à 84 jours) est conseillé.

Dans les zones à pluviométrie supérieure à 900 mm, l'utilisation de variétés de cycle intermédiaire (95 à 110 jours), qui rentabilisent le mieux la disponibilité en eau, est recommandée. La culture de variétés précoces dans cette zone doit répondre à un souci de gestion du soi (culture de relais ou prévision d'un labour de fin de cycle). L'utilisation de variétés extraprécoces est un risque (maladies, oiseaux, qualité du grain...).

Dans les périmètres irrigués et les bas-fonds (pas de contrainte hydrique), l'utilisation de variétés de cycle intermédiaire et tardif (plus de 110 jours) est recommandée.

Les niveaux d'intensification

La prise en compte de l'importance de l'intensification de l'agriculture est primordiale dans le choix d'une variété. De ce fait, trois niveaux d'intensification ont été définis (SANOU, 1989).

Niveau 1

C'est une agriculture traditionnelle caractérisée par l'emploi d'un niveau faible ou nul d'intrants, par l'association culturale (mode traditionnel), et par l'absence quasi totale d'une amélioration foncière. L'autoconsommation est la principale destination de la production. Ce type d'agriculture occupe la majorité des agriculteurs (environ 74 % des exploitations), avec des superficies variant de 3,9 à 7,3 hectares et une diversité culturale à base de vivriers (CHATELIN, 1989).

Il est conseillé à ce niveau des variétés rustiques, qui S'adaptent aux conditions des exploitants. Ces variétés sont en général des variétés locales améliorées, admettant un début d'intensification (faible fertilisation). Le niveau de production est satisfaisant (2 à 3 t/ha).

Ce type d'agriculture doit progresser vers l'agriculture semi-intensive si le paysan est bien imprégné des thèmes de vulgarisation (semis en ligne, fertilisation...). Parmi les variétés utilisées et/ou préconisées dans ce système, on peut citer les variétés locales, Massayomba, IRAT 80, jaune de Fô dans la zone ouest.

Niveau 2

C'est une agriculture en voie d'intensification, encore nommée agriculture améliorée ou semi-intensive. Elle est caractérisée par l'utilisation des itinéraires techniques proposés par la recherche et le développement. Le producteur est souvent doté d'une charrue et peut assurer ainsi une amélioration foncière (résidus de cultures, fumier...). Ce type d'agriculture occupe dans la zone environ 25 % des exploitations. Leur superficie moyenne est variable selon les régions, de 6,1 hectares, pour les régions à forte densité, à 12 hectares, pour les régions moins peuplées. Les cultures principales sont le maïs, le coton et le sorgho, avec souvent des soles réduites consacrées au niébé, à l'arachide, au sésame, etc. Les exploitations en culture attelée complète se rencontrent beaucoup plus en zone cotonnière; les taux sont de 10 à 60 % selon les régions.

L'emploi de facteurs de production tels que la semence, la fumure minérale et éventuellement une protection phytosanitaire est envisageable. La culture du maïs est réalisée en pur dans un système de production; l'objectif de la culture est la commercialisation des excédents de l'autoconsommation. A ce niveau, on conseille l'emploi de variétés à bonne potentialité de rendement, exprimant une bonne production en conditions améliorées (variétés composites). Les rendements moyens vont de 3,5 à 4,5 t/ha. Si le paysan atteint les limites de rendement préconisées, il est souhaitable de l'encourager à investir un peu plus en fertilisation et en semence pour faire de l'agriculture intensive. Les variétés recommandées sont: IRAT 171, IRAT 200 (consommation en frais), POZA RICA 7822, SR 22 et FBPC 1 (maïs à éclater), Maka, KPJ, KPB, KEJ, KEB...

Niveau 3

C'est une agriculture intensive caractérisée par une bonne maîtrise du milieu ainsi que des techniques de culture. Une utilisation optimale de tous les facteurs de production (eau, fertilisants, semences, produits phytosanitaires, herbicides_) est réalisée, dans l'optique principale de produire pour la commercialisation. L'amélioration foncière est une priorité. L'utilisation de charrues et de culture motorisée est notée. Ces systèmes se caractérisent par leur grande superficie avec une moyenne de 27 hectares, un assolement adopté essentiellement sur le coton, le maïs et le sorgho. Les préoccupations monétaires sont déterminantes dans la dynamique de ces systèmes.

Il est recommandé l'utilisation de variétés composites et hybrides à haut rendement (4 t/ha minimum). L'accent sera surtout mis sur des hybrides dont le potentiel de rendement est étendu (4 à 7 t/ha). Ces variétés permettront au producteur de rembourser son investissement et d'améliorer toujours son exploitation. On peut citer FBH 1, FBH 33, IRAT 83, IRAT 98...

Les recommandations en agronomie ont pour objectif de fournir au matériel végétal cultivé le maximum de bonnes conditions pour extérioriser ses potentialités de rendement. Un itinéraire technique adapté à chaque niveau d'intensification a été défini, prenant en compte toutes les opérations culturales.

Les conditions socio-économiques du développement du maïs

En amont de la production, il est indispensable, pour espérer atteindre un développement global du pays, de protéger le patrimoine foncier. En effet, celui de la zone cotonnière en particulier est de plus en plus détruit sous le double effet de l'utilisation sans précautions de la culture attelée et de la mise en place du système extensif de culture pratiqué par les migrants. Une sédentarisation par la pratique d'une agriculture plus intensive sur un lopin de terre où la garantie de l'exploitation est assurée pourrait mettre fin à ce gaspillage du facteur de production qu'est la terre (BELEM, 1985).

Des efforts de vulgarisation et d'encadrement doivent être faits pour développer la culture du maïs. Il faut cibler encore plus finement les innovations en fonction des contraintes des producteurs, c'est-à-dire mettre nécessairement à jour une typologie fonctionnelle pour proposer à chaque type de producteur des innovations appropriées, qui permettront d'accroître la production et de réduire les coûts au lieu d'un paquet technologique global.

Enfin, il faudrait favoriser l'acquisition de facteurs de production appropriés.

En aval de la production, une organisation de la commercialisation du maïs dans le cadre de groupements villageois et d'autres organisations paysannes pourrait aider les producteurs à lutter contre les commerçants spéculateurs qui sillonnent la brousse et achètent les maigres surplus à des prix dérisoires, décourageant

Tableau III. Variétés de maïs recommandées au Burkina Faso (SANOU, 1989).

Niveau d'intensification de l'agriculture

Cycle semis-récolte

Moins de 95 jours 95 à 110 jours Plus de 110 jours
Traditionnel Jaune Flint de Saria, Jaune de Fô Massayomba, IRAT 80  
Amélioré Maka1, KPJ, KPB, KE12, KEB2 IRAT 171, IRAT 2001, SR 22, FBPC 13POZA RICA 7822 4  
Intensif   IRAT 83, IRAT 98, IRAT 100, IRAT 178, FBH 1, FBH 33 4 1 RAT 81
Conditions climatiques Pluies < 900 mm Pluies > 900 mm Périmètres irrigués
  1. Variétés recommandées pour la consommation en frais.
  2. Variétés extra-précoces.
  3. Variétés de maïs à éclater (pop-corn).
  4. Les variétés de ce groupe sont adaptées en périmètre irrigué. ainsi la production du maïs au-delà des besoins familiaux.

Enfin, il faudrait définir une stratégie pour la mise en place de petites unités de transformation mécaniques dans les zones de production.

Conclusion

La maïsiculture actuelle du Burkina Faso, bien que dominée par la production de type traditionnel, est en voie d'amélioration continue. On note en effet une utilisation accrue de semence améliorée et une relative bonne pratique de l'itinéraire technique conseillé par les structures de développement.

Les résultats disponibles préconisés par la recherche sont en mesure de couvrir les besoins à court et à moyen terme des producteurs, et une amélioration constante des variétés et techniques culturales est à poursuivre. Cependant, il est nécessaire de proposer à la vulgarisation du matériel toujours performant, rencontrant l'agrément des agriculteurs et des consommateurs.

Il serait judicieux pour les pouvoirs publics de prendre un certain nombre de mesures: définir la place du maïs dans la politique agricole et alimentaire et la stratégie à mettre en œuvre, privilégier les formes de production à faible coût et maîtrisables par les paysans, assurer un prix rémunérateur suffisant aux producteurs, améliorer l'approvisionnement en intrants agricoles et faciliter l'accès au crédit, développer un programme de protection des productions et de réduction des pertes après récolte, définir une stratégie pour la mise en place de petites unités de transformation mécaniques dans les zones de production, diminuer la faiblesse d'encadrement du monde rural. Enfin, le maïs doit disposer d'un marché protégé et de débouchés sûrs.

Remerciements

Nous tenons à remercier les différentes personnes qui ont bien voulu consacrer une part de leur temps à faciliter le travail présenté pour leur disponibilité, pour les entretiens et les discussions qu'ils nous ont accordés et pour leur contribution aux éléments développés dans ce document.

Nous remercions particulièrement P. SIBAND et 1. WEY pour leur solicitude, J. DICKIE et J. O. ZONGO pour leur concours.

Références bibliographiques

BELÉM 1 985 Coton et systèmes de production dans l'ouest du Burkina Faso. Thèse, université Paul Valéry, Montpellier III, France, 344 p.

CHATELIN E., 1989. Enquête systèmes de cultures dans la zone ouest. CRPA des hauts-bassins. Synthèse 1989. (Document multigraphié).

LENDRES P., 1992. Pratiques paysannes et utilisation des intrants en culture cotonnière au Burkina Faso. Mémoire DIAT, CNEARC, Montpellier, France, 82 p. + annexes.

MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE ET DE l'ELEVAGE, 1990. journées de programmation de la campagne agricole 1990-1991. Dédargou, Burkina Faso, 144 p.

SANOU J., 1989. Etat de la production du maïs au Burkina Faso. Recommandations de la recherche agricole.

SANOU J., 1991 a. Rapport national du Burkina Faso sur l'amélioration variétale du maïs. Atelier conjoint des réseaux maïs-sorgho et niébé, Niamey, 18 p.

SANOU J., 1991b. Guide d'utilisation des variétés améliorées de maïs de VINERA. Ille comité technique zone ouest du programme SOMIMA, Bobo-Dioulasso, 11 P.

SAUVAIRE D, SANOU J., 1986. Variétés de maïs recommandées au Burkina Faso.

SWCHARTZ A., 1991. L'exploitation agricole de l'aire cotonnière burkinabé: caractéristiques sociologiques, démographiques, économiques. Ouagadougou, ORSTOM, 88 p.

SIBAND P., WEY J., 1989. Document de synthèse sur le programme de recherche Agronomie du maïs de Farako-Ba (comm. pers.)

WEY J., 1992. Rapport de synthèse programme agronomie maïs. Campagne 1991.


Table des matières - Précédente - Suivante