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Rapports sur les produits


Pâte de bois
Bois de papeterie
Poteaux de mine


Pâte de bois

Conclusions de la Conférence de Montréal

NOTE: Ces conclusions furent rédigées au printemps de cette année. Les événements qui ont suivi et l'ajustement économique aux Etats-Unis ont accentué certains aspects de la situation mondiale. En Scandinavie, en particulier, la cessation virtuelle des importations de pâte des Etats-Unis a en ce moment une influence des plus sérieuses sur la balance des comptes en dollars. La consommation à l'intérieur des Etats-Unis est si importante par rapport à la quantité des importations de pâte européenne que même une légère contraction de la consommation peut mettre fin aux importations complémentaires rompant sérieusement l'équilibre de l'économie des pays exportateurs. Une plus grande importance donnée aux marchés de remplacement donnerait plus de sécurité quoique cela ne puisse remédier en ce moment au manque de dollars.

En un sens, les besoins mondiaux en produits dérivés de la pâte: papier de journal, autres papiers d'imprimerie, et papiers à écrire, papier d'emballage et matériaux de conditionnement, fibres textiles, dépassent de fort loin les disponibilités d'approvisionnement.

Telle était la teneur d'un message de l'UNESCO que la Conférence approuva en principe.*

*Cf.: Rapport de la Conférence préparatoire sur les problèmes de la pâte de bois, Montréal, juin 1949.

Toutefois, la limitation des moyens matériels autant que les problèmes économiques et financiers liés à l'acquisition des approvisionnements désirables, mettent obstacle à la satisfaction des besoins des consommateurs tels que les a révélés l'UNESCO. En conséquence, la Conférence a dû limiter le sujet de ses délibérations à l'examen de la demande effective dans le présent et dans l'avenir des industries de transformation de la pâte.

Les estimations de la Conférence figurant dans le Tableau 1 font apparaître un équilibre approximatif entre la production et les besoins mondiaux pendant la période s'étendant de 1948 à 1955. Si ces chiffres sont confirmés par les événements à venir, il ne devrait pas y avoir de surplus ni de déficit importants pour la pâte de bois pendant la période considérée.

La guerre a apporté un changement radical dans la distribution de la production et de la consommation de la pâte entre les diverses régions du globe.

L'Amérique du Nord, qui, en 1937, produisait 46 pour cent et consommait 51 pour cent de la production mondiale (l'URSS exclue) en produit maintenant 68 pour cent et en consomme 70 pour cent. D'un autre côté, la production et la consommation de l'Europe sont tombées de 49 pour cent et 42 pour cent respectivement en 1937 à 29 pour cent et 25 pour cent en 1948. L'importance relative et absolue de la consommation en Asie et en Extrême-Orient s'est trouvée réduite, surtout par suite du changement de la situation du Japon. En Amérique latine et en Océanie de fortes augmentations des pourcentages ont été observées, mais les tonnages, dans ces deux régions, sont faibles par rapport à la production mondiale.

Quoique la production de 1948, avec près de 28 millions de tonnes, fût la plus haute qu'on ait jamais enregistrée, on a estimé qu'il existait une capacité de production de pâte qui atteindrait 4.300.000 tonnes en Europe et plus de 1 million de tonnes dans les autres parties du globe, principalement au Japon. Au même moment, cette capacité devait recevoir un nouvel appoint important grâce à des constructions en cours d'exécution ou à l'état de projet.

L'augmentation de la consommation et de la production de la pâte de bois prévue pour 1955 peut être soumise à des limitations qui, en Europe surtout, peuvent rendre très difficile sa réalisation. Sur le continent européen (ceci s'appliquant avec moins d'exactitude aux pays nordiques) les forêts ont été exploitées abusivement pendant les années de guerre et d'après-guerre et la fréquence et le nombre exagéré des exploitations ne peuvent pas être soutenus indéfiniment sans aboutir à des résultats désastreux.

Pour employer complètement la capacité de production déjà existante il faudrait augmenter d'environ 60 pour cent le volume des exploitations de 1947 si l'on devait compter seulement sur les forêts de la région. Cela paraît improbable, en raison de l'importance des demandes de produits forestiers différents, entrant en compétition avec le bois de papeterie, tels que le bois de sciage et les poteaux de mine

La situation est rendue plus critique encore par l'arrêt des exportations du bois de papeterie d'URSS. Les estimations approchées de la production européenne de pâte en 1955 exigeraient un excédent net d'importations de bois de papeterie de 3 millions de mètres cubes. Ce chiffre doit être comparé au volume total de bois de papeterie exploité en Europe, qui s'établira entre 40 et 50 millions de mètres cubes en 1955. Cependant ce déficit soulève un problème difficile puisqu'il affecte surtout les pays de l'Ouest européen qui, à cause de l'état actuel de leurs ressources forestières, doivent compter sur des importations considérables de bois de papeterie.

Le gouvernement japonais désire augmenter notablement la production de pâte de bois en dépit de la surexploitation des forêts nationales, qui atteint le double de l'accroissement annuel. Ce plan de production n'a pas reçu l'approbation des forces d'occupation. Il n'y a guère d'espoir en ce qui concerne des importations massives de bois de papeterie, les Japonais ne disposant pas des crédits suffisants.

Un facteur qui influe sur les ressources en papier est l'augmentation de la fabrication des types de pâte soluble destinés principalement à la production des fibres textiles. Quoique ce nouveau débouché n'affecte actuellement qu'une faible proportion de la production totale de pâte, il tend a réduire les quantités disponibles pour la production du papier et du carton toutes les fois qu'il se présente sans accroissement correspondant de la capacité de production de la pâte, comme cela se vérifie dans certaines des plus anciennes régions productrices de pâte.

Situation a brève échéance

Les estimations figurant au Tableau 1 pour 1949 et 1950 sont plus sûres dans l'ensemble que celles de 1955. Cependant, en interprétant ces chiffres, on doit se rappeler qu'ils représentent seulement des estimations maxima, à la fois possibles et désirables, mais susceptibles d'être profondément modifiées en tenant compte des conditions économiques générales. De plus, la réalisation de ces prévisions doit résulter, dans la plupart des pays, de l'action des producteurs individuels ou des industries consommatrices de pâte, sur lesquels les gouvernements représentés à cette Conférence n'exercent aucun contrôle direct.

La production mondiale de pâte (l'URSS exclue) en 1948 dépassait de presque quatre millions de tonnes celles de 1937, la meilleure des années d'avant-guerre. Les statistiques rassemblées par la Conférence indiquent que le rendement était légèrement excédentaire par rapport à la consommation courante. Quoique l'excédent mondial apparent n'atteignit que moins de trois pour cent de la production et puisse être dû à des inexactitudes de statistiques, il peut permettre d'expliquer la baisse récente des prix, l'accumulation des stocks et les difficultés rencontrées par les producteurs pour écouler leur pâte.

Les estimations pour 1949 et 1950 indiquent un rétablissement rapide de l'équilibre. On prévoit que la demande mondiale de pâte pour 1949 excédera la consommation de l'année passée de 1.200.000 tonnes, tandis que la production mondiale augmentera d'environ 1 million de tonnes. Pour 1950, on prévoit un nouvel accroissement évalué à 2.500.000 tonnes de la demande qui dépasserait la production de 100.000 tonnes. Si ces prévisions sont confirmées par les événements à venir, il pourrait se produire un léger déficit vers la fin de 1950.

Ces tendances mondiales peuvent être accompagnées de certains déplacements dans la distribution géographique de la production et de la consommation de la pâte de bois. Malgré des augmentations de la capacité de production on prévoit que la production de l'Amérique du Nord au 1949 restera pour des raisons économiques inférieure à celle de l'année précédente. Cette réduction serait compensée par l'augmentation de 900.000 tonnes prévue pour la production européenne. En 1950, on s'attend à ce que la production européenne s'accroisse encore de 600.000 tonnes et la production de l'Amérique du Nord de 1.300.000 tonnes.

On pense qu'en Europe les besoins augmenteront bien plus vite que la production; il en résultera que les excédents européens disponibles pour l'exportation tomberont de 1 million de tonnes en 1948 à 500.000 tonnes en 1949 et à quelque 200.000 tonnes en 1950. Dans la mesure où les considérations monétaires contraignent les producteurs européens à donner la priorité à tout ce qu'ils peuvent vendre contre des dollars, les d'approvisionnement de l'Europe en pâte de bois produite sur le continent pourraient s'abaisser au-dessous des besoins effectifs à moins que la production n'augmente corrélativement en Europe du nord. D'un autre côté, si les besoins européens étaient entièrement satisfaits, cela pourrait restreindre notablement pour ce continent les possibilités de se procurer des dollars ou d'autres devises non européennes grâce à des exportations de pâte.

En Amérique du Nord également, la demande de pâte semble devoir demeurer à un niveau quelque peu supérieur à la production. Il est possible, cependant, que les besoins nets d'importation puissent être satisfaits par des prélèvements sur les stocks existants; de plus, on doit aussi rappeler que les besoins de l'Amérique du Nord sont calculés en supposant que l'utilisation complète de la main-d'œuvre et d'autres conditions économiques seront réalisées, ce qui peut ne pas se produire.

TABLEAU 1. - BALANCE MONDIALE DE LA PÂTE 1

... Nul, faible ou non communiqué.
1 Les estimations d'avenir sont basées sur des hypothèses sujettes à variations quant aux conditions économiques régnant dans les divers pays du monde.
² Maximum. Un seul chiffre fut donné pour la production.
³ Républiques baltes.
4 Basés sur les estimations de production maxima pour les Etats-Unis.
5 Comme on l'indique dans le texte, on pense généralement que l'Amérique du Nord continuera à avoir un excédent d'importation. Le calcul sur lequel sont basés ces chiffres d'excédents admet que la production sera maxima ce qui n'est pas nécessairement vrai. Le surplus figurant ici n'est que le résultat des calculs mathématiques.

On doit comprendre que les chiffres réunis ci-dessus se rapportent à des balances nettes et ne représentent pas les importations et exportations réelles. Ainsi, dans le cas de l'Amérique du Nord, on estime que les importations réelles de pâte en provenance d'outre-mer pourraient être de l'ordre de 300.000 à 500.000 tonnes en 1949 et 1950, tandis qu'en même temps les exportations totales outre-mer pourraient être de l'ordre de 250.000 tonnes, c'est-à-dire se situer à peu près au même niveau qu'en 1947 et 1948. Cela laisse entendre qu'il ne sera pas offert de grosses quantités de pâte d'Amérique du Nord sur les marchés traditionnels européens de la pâte et que les craintes des producteurs européens à ce sujet ne sont pas fondées. Les achats américains de pâte de bois européenne semblent devoir représenter des quantités beaucoup plus importantes que celles qui seront expédiées d'Amérique du Nord vers l'Europe continentale.

Il faut souligner que l'excédent temporaire constaté à la fin de 1948 se rapportait seulement à la demande effective et que l'Europe et une grande partie de l'Asie ont réellement souffert du manque de papier et d'autres produits de transformation de la pâte, qui se trouvèrent en quantité insuffisante pour satisfaire les besoins de la presse et des autres consommateurs. Quoique le manque de pouvoir d'achat et les restrictions de devises qui sont à l'origine de cette situation semblent devoir se prolonger, des réductions des prix des pâtes et de plus vastes possibilités d'approvisionnement pourraient dans un proche avenir remédier quelque peu à la pénurie aiguë en papier de journal et autres catégories de papier, qui sévit dans les régions éprouvées par la guerre.

Perspectives a long terme

La Conférence a considéré avec une très grande attention les perspectives de la situation de la pâte de bois en 1955, et a même tenté de formuler certaines estimations qui sont résumées par régions dans les divers contenus dans ce rapport. Ces chiffres doivent être considérés avec une extrême prudence, non seulement à cause de leur nature approximative, mais encore parce qu'un certain nombre de pays seulement étaient prêts à faire actuellement de telles prévisions. Par suite la Conférence a dû assumer la charge de prévoir l'évolution des événements futurs dans un grand nombre de pays dont certains, comme la Suède et la Norvège, comptent parmi les plus importants producteurs de pâte de bois.

Une autre réserve générale est nécessaire en ce qui concerne les chiffres de 1955 en raison de la tendance habituelle, lorsqu'on formule des estimations pour l'avenir, à exagérer le montant des besoins futurs et à sous-estimer les perspectives de production.

En tenant compte de cette erreur ont peut prévoir que le déficit de 2 pour cent de la production par rapport aux besoins mondiaux figurant au Tableau 1 pour 1955 ne se réalisera probablement pas et qu'un équilibre satisfaisant entre la production et les besoins peut être alors envisagé pour 1955, si les suppositions servant de base au Tableau 1 sont vérifiées et si le bois de papeterie nécessaire est disponible.

Enfin, on doit insister sur le fait que les chiffres établis pour 1955 ne représentent pas des prévisions à proprement parler, mais plutôt des perspectives concernant la production et la consommation de pâte de bois dans des pays déterminés.

Pour de nombreux pays ces perspectives sont établies en supposant l'emploi complet de la main-d'œuvre et une expansion économique continue; elles sont sujettes à subir des modifications sous l'influence d'événements ultérieurs, en particulier de la balance des paiements dans divers pays. En outre, les prévisions peuvent être révisées sur des points importants à la lumière des résultats de cette Conférence. Puisque c'était le but de la Conférence d'essayer de réaliser une vue d'ensemble, sur le plan régional et mondial des programmes de production et de la distribution de la pâte, la révision de ces perspectives résultant des conclusions de la Conférence, remplirait un des buts principaux qu'elle se propose d'atteindre.

Besoins du consommateur

Les besoins en pâte sont fonction des besoins des papeteries et des autres industries qui fabriquent une variété toujours plus grande de dérivés de la pâte tel que papier de journal, autres papiers d'imprimerie et papier à écrire, emballages, cartonnages, panneaux: de fibre, rayonne, etc... La production et, par conséquent, les besoins de ces industries de la pâte et produits dérivés sont à leur tour déterminés par la demande effective des consommateurs de leurs produits.

Sans vouloir tenter une évaluation des besoins des consommateurs en papier et autres produits dérivés de la pâte, la Conférences a estimé que la tendance des demandes de pâte pour la période 1948-1955, telle que la met en évidence le Tableau 1, semble propre à représenter l'ensemble des besoins des consommateurs dans les diverses parties du monde en fonction de la demande effective et du pouvoir d'achat. Il parait peu probable que de beaucoup plus grandes quantités de papier et autres produits de transformation de la pâte puissent être importées ou achetées même si elles étaient disponibles. D'un autre côté, la Conférence n'était pas certaine que la production de pâte en 1955 atteindrait réellement les niveaux prévus, en grande partie à cause de la pénurie de matière première sévissant en Europe et au Japon et dont il sera discuté plus loin dans ce rapport.

Un examen plus détaillé des besoins en produits dérivés de la pâte dépassait le cadre de la Conférence. Pour évaluer les besoins il ne faudrait pas considérer seulement les tendances possibles et désirables de la consommation du papier destiné à l'éducation, du papier d'emballage ainsi que de la fabrication de la rayonne pour les vêtements et l'industrie. Encore faudrait-il déterminer jusqu'à quel point le pouvoir d'achat des consommateurs et la balance des paiements des pays importateurs de papier et de rayonne permettraient de satisfaire les besoins.

En outre, des quantités de plus en plus importantes de paille, bambou, déchets de papier et autres matériaux sont employées en même temps que la pâte de bois pour la fabrication du papier, et il faut tenir compte de tous ces matériaux dans toute tentative pour établir un bilan pour le papier et les autres produits dérivés de la pâte. Les matières premières de complément, quoique d'origine agricole ou forestière, n'avaient pas été incluses dans les termes de référence de la présente Conférence qui fut par suite dans l'impossibilité de leur accorder toute la considération que justifiait leur importance.

La Conférence, cependant, a noté le souci qu'apporte au Directeur général de l'UNESCO le fait que le progrès culturel dans les pays les moins évolués est retardé à cause d'un approvisionnement insuffisant en papier d'imprimerie, tandis que dans beaucoup de pays plus avancés, la pénurie de papier d'après-guerre s'oppose encore au fonctionnement normal de la presse et à la disparition des difficultés rencontrées par l'éducation.

La Conférence a été unanime à apprécier l'importance d'un approvisionnement suffisant en papier destiné à l'éducation et à l'information des masses et a convenu qu'il était fort désirable d'améliorer cet approvisionnement. De nombreux délégués pensent que l'évaluation des besoins actuels et futurs des consommateurs en produits de transformation de la pâte apporterait un précieux complément aux informations sur la pâte de bois contenues dans le présent rapport.

Production et besoins

Outre les réserves générales s'appliquant, à toutes les prévisions concernant les besoins, les estimations des besoins en pâte de bois pour 1955, telles que les a tentées la Conférence, appellent d'autres restrictions. Pendant plusieurs années les producteurs de pâte ont essayé de combiner leur fabrication avec celle du papier de journal du carton et de quelques autres produits de série de manière à établir une chaîne continue. Cette tendance n'est pas seulement dans la ligne de la politique économique générale de certains pays, qui consiste à fabriquer des produits finis plutôt que des produits demi-finis; elle tend aussi à rendre les procédés de production plus efficaces et à réduire les charges du fret.

En vertu de cette politique les principaux pays producteurs de pâte ont certainement inclus dans leurs estimations d'avenir des prévisions pour des exportations supplémentaires de produits finis. Cela peut réduire les possibilités d'exportation des pays qui, jusqu'à présent, avaient importé des quantités importantes de pâte pour les réexporter sous forme de papier ou de produits similaires. Mais il est peu probable que ces derniers aient pleinement tenu compte de ces réductions; les estimations des besoins figurant au Tableau 1 pourraient donc être plutôt forcées.

On doit aussi rappeler qu'un grand nombre de pays moins évolués sont sur le point de mettre en train leurs propres industries de la pâte, qui approvisionneront les papeteries locales, tenues jusqu'à présent d'importer toute leur pâte de bois d'Europe et d'Amérique du Nord.

La Conférence pense que cette tendance au groupement local de la fabrication de la pâte et du papier, sans doute inévitable, peut cependant mettre en danger l'existence des industries de transformation dans un grand nombre de pays importateurs de pâte, la Conférence envisage le maintien des exportations de pâte à des niveaux permettant aux industries de transformation de la pâte déjà existantes de poursuivre leur activité, mais attire l'attention sur le danger présenté par tout développement de ces industries dans les pays qui ne disposent pas d'un ravitaillement continu et assuré de pâte indigène ou provenant de pays voisins.

Compte tenu des restrictions précédentes, le Tableau 1 indique que les besoins en pâte en 1955 seront en gros de 10.000.000 de tonnes, presque 40 pour cent de plus qu'en 1948. Cette augmentation d'environ 5 pour cent par an est en effet très importante surtout si on la compare à l'augmentation de 3.700.000 tonnes seulement soit 15 pour cent intervenue entre 1937 et 1948, et correspondant à un accroissement annuel de 1½ pour cent. Il est vrai que les onze dernières années ont été troublées par une guerre mondiale, tandis que les prévisions de 1955 tablent sur une période de développement pacifique.

Les estimations de la Conférence font apparaître un équilibre approximatif entre la production mondiale et la demande de 1948 à 1955.

Si ces chiffres sont confirmés par les événements futurs il ne devrait pas y avoir d'excédent ou de déficit important pour la pâte de bois pendant la période considérée. D'autre part les estimations mettent en évidence un changement significatif dans la distribution mondiale de la pâte de bois, comme l'indique le Tableau 2.

Les estimations de la Conférence font apparaître un changement de la position de l'Europe dans le tableau mondial de la situation de la pâte. Avant la guerre ce continent était la source la plus importante d'exportations de pâte de bois vers le reste du monde, avec un total net d'environ deux millions et demi de tonnes. A présent l'Europe est encore exportatrice de pâte de bois, quoique sur une plus petite échelle, mais les besoins européens vers 1955, selon le Tableau 1, seront en excédent par rapport à la production. Une telle situation, si elle se développait, pourrait être redressée par la diminution des besoins en bois de toute catégorie ou par des augmentations de la production de la pâte de bois dans le nord de l'Europe, aussi importantes que pourraient l'exiger la conjoncture économique et la politique commerciale. Cependant selon les tendances générales, chacune des principales régions du monde devra assurer vers 1955 la plus grande partie de son approvisionnement en pâte, malgré la continuation possible de certaines expéditions d'outre-océan.

La Conférence a approximativement estimé les exportations de pâte de bois de l'URSS à 200.000 tonnes pour 1955. Elle croit cette estimation prudente et pense que des quantités notablement plus élevées pourraient prochainement provenir de cette source.

Entre 1948 et 1955, les besoins de l'Amérique du Nord accusent une augmentation de 4,5 millions de tonnes, soit de 23 pour cent comparativement à l'augmentation de 80 pour cent prévue pour l'Europe, et à celles proportionnellement encore plus fortes prévues pour l'Océanie, l'Asie, et l'Amérique Latine. L'aplatissement graduel de la courbe ascendante exprimant la demande de l'Amérique du Nord doit être attribuée surtout à l'augmentation exceptionnelle des premières années d'après-guerre tandis que, inversement, la production européenne de 1946 à 1948 s'est trouvée réduite en raison de la pénurie de matières premières et des autres conditions résultant de la guerre.

En 1955 la consommation mondiale de pâte de bois pourrait être supérieure d'environ 50 pour cent à celle de 1937; mais les besoins de l'Europe pendant la première période n'augmenteront vraisemblablement que de 19 pour cent tandis que ceux de l'Asie s'abaisseront de 40 pour cent.

Matières premières

La Conférence a été unanimement d'accord pour admettre qu'aucune usine de pâte ne doit être bâtie sans qu'elle soit assurée d'un ravitaillement continu en matières premières, approvisionnement qui doit être basé sur une production forestière soutenue. En général, la pâte devrait être produite là où les usines peuvent être approvisionnées d'une manière économique en bois de pâte.

Il y a des exceptions à cette règle: par exemple le prix de transport de la pâte humide est si élevé qu'il est plus avantageux d'importer du bois; il pourrait aussi s'avérer nécessaire, pour des raisons sociales, politiques ou humanitaires, de maintenir des usines de pâte déjà établies dont le fonctionnement est assuré pour des bois importés de régions très éloignées. Ces fabriques pourraient ultérieurement devenir capables de remplacer les bois importés par d'autres matières premières provenant de sources plus proches. Toutefois, cette substitution devrait sans doute entraîner des investissements considérables en nouvel équipement.

A ce sujet, les progrès à accomplir pour la fabrication de la pâte à partir des feuillus de la zone tempérée, des bois tropicaux, des résidus de paille et des graminées, mériteraient d'être examinés de manière particulière par des groupes de travail spécialisés de la Conférence.

Le Tableau 3 fait ressortir pour 1955 un déficit annuel probable de 6 à 7 millions de mètres cubes: des importations supplémentaires de c et ordre seraient nécessaires pour atteindre la production de pâte prévue de 36.900.000 tonnes. Lé déficit commercial et la pénurie de bois de papeterie disponible en Europe et à Japon ne signifient pas qu'il sera impossible d'atteindre vers 1955 une production mondiale de 36 millions de tonnes de pâte ou même davantage. Mais les chiffres rassemblés dans le Tableau 3 indiquent que, sauf amélioration possible de l'approvisionnement en bois de papeterie ou autres matériaux fibreux, grâce à des importations massives de l'Union Soviétique ou à l'amélioration de la technique (formation de combinats forestiers par exemple), il pourrait se produire un changement important dans la distribution de la capacité de production si la production prévue devait être atteinte. Pour explorer plus avant ce problème la Conférence a décidé de passer en revue les nations par région.

TABLEAU 2. - DISTRIBUTION DE LA CONSOMMATION ET DE LA PRODUCTION DE LA PÂTE, PAR RÉGIONS

Régions

1937

1948

1955

Consommation

Production

Consommation

Production

Consommation

Production

(pour cent)

Europe

42

49

25

29

31

30

Proche-Orient

-

-

-

-

-

-

Amérique du Nord

51

46

70

68

63

66

Amérique Latine

1

-

2

1

2

1

Afrique

-

-

-

-

-

-

Asie

6

5

2

2

2

2

Océanie

-

-

-

-

1

1

TOTAL

100

100

100

100

100

100

- Moins de 1 pour cent.

Europe

La production de l'année dernière en Europe n'a pas atteint tout à fait les deux tiers de celle d'avant-guerre, mais vers 1955 les nations européennes espèrent remonter leur production jusqu'à 90 pour cent. Cela exigera approximativement 48 millions de mètres cubes de bois de papeterie ce qui, selon le Tableau 3, dépasserait les disponibilités européennes de 3.600.000 m³. Cette situation s'est réalisée en dépit du fait que, pour l'ensemble du continent européen, les forêts sont en ce moment suprexloitées jusqu'à 20 pour cent de leur possibilité. Dans certaine cas cependant, et en particulier dans le nord de l'Europe, le prélèvement annuel se trouve aligné sur l'accroissement.

TABLEAU 3. - BOIS DE PAPETERIE: BESOINS ET APPROVISIONNEMENTS MINIMA 1

NOTE: Ce tableau est basé sur les estimations minima de la consommation future plutôt que sur une estimation maxima. La différence entre les totaux minima et maxima pour l'Europe, où règne la situation la plus critique pour le bois de papeterie, est relativement faible. La différence entre les besoins minima pour l'Amérique du Nord, par contre, est plus grande. L'emploi des estimations maxima à l'échelle mondiale pourrait donc donner un déficit mondial d'importation de bois de pâte apparent trop important pour paraître conforme aux faits.
... Nul, faible, ou non communiqué;
1 Les estimations pour l'avenir sent basées sur des suppositions hypothétiques variables quant aux conditions économiques régnant dans les divers pays du monde.
² «Autres pays» comprend le Portugal, la Yougoslavie, la Bulgarie, la Roumanie. Quelques-uns de ces derniers peuvent avoir des excédents d'exportations mais le groupe comprend aussi les Pays-Bas qui auront besoin d'importer au moins 500.000 mètres cubes vers 1955.
³ Comprend Terre-Neuve.
4 Le Japon proprement dit.

Pendant les années d'avant-guerre, l'industrie européenne de la pâte était tributaire d'une importation annuelle de bois s'élevant à 3 millions de m³ provenant presque entièrement des territoires qui forment actuellement l'URSS. La Conférence a le sentiment qu'une reprise des exportations de bois de papeterie d'URSS à l'échelle d'avant-guerre est improbable.

Dans ce cas, l'Allemagne, la France et, à un moindre degré, le Royaume-Uni et la Suisse peuvent être obligés de réduire leur production en dessous des chiffres prévus pour 1955.

Il faut souligner que si le manque de bois de papeterie oblige les nations européennes à réduire leur production de pâte d'environ 1 million de tonnes, ces pays pourraient avoir besoin d'importer plus de pâte où de papier de l'hémisphère occidental. Si ces importations supplémentaires devaient compenser le réduction de la production de pâte, le résultat, avec les prix actuels, serait l'affaiblissement de la position de l'Europe vis-à-vis du dollar, pour un montant d'au moins 100 millions de dollars. Si, d'un autre côté, les pays européens pouvaient trouver le bois ou d'autres matières premières nécessaires au maintien de leur production, de telles importations, à condition de provenir des pays de l'Europe orientale, n'occasionneraient aucune perte de dollars; si le bois de papeterie était fourni par l'Amérique du Nord, le passif en dollars qui en résulterait ne dépasserait pas 20 à 30 millions de dollars.

Il est possible qu'une amélioration de l'approvisionnement en matières premières pour les fabriques européennes puisse être réalisée dans une certaine mesure grâce à une meilleure utilisation des déchets des scieries, à un emploi plus étendu des feuillus et autres matières premières de remplacement, à l'introduction de méthodes à haut rendement de fabrication de la pâte et à l'attribution possible de certaines quantités de bois de chauffage ou d'autres catégories de bois aux besoins de la papeterie. Les programmes de recherche intensive en cours en Finlande, en Suède et dans d'autres pays peuvent amener à tirer un meilleur parti des matières premières. Une augmentation des possibilités de production de pâte de bois, grâce à des constructions nouvelles ou au transfert d'usines d'autre régions pourrait être préconisée chez certains pays de l'Europe centrale et orientale qui à présent, n'utilisent pas intégralement les bois de petites dimensions provenant de leurs forêts ni les déchets de bois de leurs scieries.

U.R.S.S.

On ne dispose d'aucune information détaillée au sujet de la capacité de production ou de la production effective de pâte de l'Union Soviétique. Avant la guerre cette capacité s'élevait à environ un million de tonnes par an et on admet que de grands efforts sont faits pour donner de l'extension à l'industrie de la pâte et du papier le plus rapidement possible. On sait que les forêts non encore mises en valeur de l'Union Soviétique couvrent une étendue énorme et que, par conséquent, les prévisions pour la production future sont très élevées. D'un autre côté les rapports soviétiques indiquent que les forêts de la Russie occidentale ont été sérieusement surexploitées pendant plusieurs années antérieurement à 1936 et les dommages de guerre ont été indubitablement très importants dans cette région. Il n'est donc pas impossible que tous le bois de papeterie que peut produire l'ouest de l'Oural soit nécessaire à la production intérieure.

Amérique du Nord

La consommation du bois de papeterie en Amérique du Nord a augmenté de 75 pour cent de 1937 à 1949 et une nouvelle augmentation de 20 pour cent est prévue vers 1955. Le Canada exporte de grandes quantités de pâte vers les Etats-Unis et de petites quantités outre-atlantique mais aucun bois de papeterie n'est importé d'autres régions. On estime que les ressources forestières actuellement disponibles sont aptes à assurer un approvisionnement en bois suffisant pour le niveau actuel de production. Quant aux perspectives pour un avenir éloigné ou très éloigné, il y a de grandes chances pour qu'on assiste à un développement encore plus important, puisque des massifs forestiers de plus en plus nombreux sont soumis à un meilleur aménagement et à une protection plus efficace contre les insectes et les maladies, et que l'industrie fait un usage plus important des feuillus et des bois jusqu'ici mis au rebut, et introduit des méthodes à haut rendement de fabrication de la pâte. De plus il reste une grande partie des massifs forestiers qui ne sont pas encore utilisés à plein, notamment dans les régions septentrionales du Canada, en Alaska, et dans certaines régions des Montagnes Rocheuses. Les plans concernant la mise en exploitation de l'Alaska sont déjà très avancés.

Proche-Orient et Afrique du Nord

Il n'y a pas de production de pâte de bois dans ces régions à cause du manque presque total de ressources forestières. Le seul pays où une production à petite échelle puisse être envisagée est la Turquie. Tous les besoins en papier de cette région doivent être satisfaits par des importations.

Afrique (Afrique du Nord exceptée)

L'Union Sud-Africaine produit une faible quantité de pâte chimique, le bois nécessaire étant fourni par des plantations d'espèces «exotiques». Si on peut prévoir un certain accroissement de la capacité de production de l'Union, il sera tout entier absorbé par la consommation intérieure. Dans le reste du continent on estime qu'il existe à peu près 300 millions d'hectares de forêts productives mais la presque totalité de ces massifs est constituée par des feuillus. La plupart sont des rain-forests tropicales. Les problèmes soulevés par l'adaptation de ces essences à la production commerciale de pâte n'ont pas été encore complètement résolus et aucun programme systématique de recherche n'a été appliqué jusqu'à ces derniers temps. La Conférence a noté avec grand intérêt un rapport de la délégation française concernant les conclusions couronnées de succès des expériences tentées pour fabriquer de la pâte à partir d'un nombre considérable d'espèces. Dés mélanges comportant jusqu'à 24 espèces tropicales ont été traités avec succès en France dans une installation industrielle et des échantillons de papier de bonne qualité ont été fabriqués à partir de la pâte obtenue.

Une usine pilote est en construction en Côte d'Ivoire pour déterminer quelles sont les possibilités pratiques sur une échelle commerciale.

Amérique Latine

La population de cette région, évaluée à 150.000.000 d'habitants, est à peu près égale à celle de l'Amérique du Nord, cependant la production de pâte est très faible.

La plus grande partie est produite au Brésil et au Mexique et est tributaire pour les matières premières des forêts locales de conifères. L'Amérique Latine, cependant, possède environ 718 millions d'hectares de forêts productives, mais seulement 3 ½ pour cent de cette vaste superficie portent des conifères. Ici, comme en Afrique, les possibilités d'augmentation des ressources mondiales en pâte sont énormes à condition que les problèmes sociaux, techniques et économiques liés à l'utilisation des forêts tropicales puissent être résolus.

Asie et Extrême-Orient

La production de pâte en Asie est tombée de 1.500.000 tonnes en 1937 à 500.000 tonnes en 1948 en grande partie à cause du changement de situation du Japon. Les rapports indiquent que les forêts japonaises ont été pendant quelques années gravement surexploitées et que, jusqu'à ce que les bienfaits du reboisement se fassent sentir, l'augmentation prévisible de la production de bois de papeterie est insignifiante. Les plans destinés à augmenter la production japonaise de pâte jusqu'à 880.000 tonnes en 1955 dépendent de la possibilité d'assurer des importations massives de bois de pâte (possibilité qui n'est pas encore proche) ou de l'utilisation d'autres matières premières telles que la paille de riz.

On prévoit la construction d'au moine une nouvelle usine de pâte mais, presque partout, les ressources forestières locales paraissent insuffisantes pour entretenir une industrie de pâte de bois importante et satisfaire en même temps les besoins d'une population croissante. La Conférence a été avisée qu'il se trouve dans le nord de grandes ressources forestières d'essences convenant parfaitement à la fabrication de la pâte et que la grosse difficulté en ce moment est que ces régions sont inaccessibles.

La situation en Chine n'autorise aucune prévision quant aux possibilités d'avenir. On croit que là encore se trouvent des forêts importantes situées dans des régions très retirées et d'accès difficile; mais, dans les régions à population dense, les possibilités d'approvisionnement en bois susceptible d'être converti en pâte sont faibles. Il est possible qu'une production de pâte relativement importante puisse se développer à partir du bambou.

Dans d'autres pays d'Asie, à savoir la Birmanie, le Thaïland, l'Indochine, la Malaisie et les Philippines, se trouvent des forêts très étendues, mais la plupart ne contiennent que des feuillus. L'Indonésie aussi possède de vastes forêts tropicales et, de plus, une étendue considérable de peuplements de pins. Les projets prévoyant l'installation d'une fabrique de pâte au sulfaté qui utiliserait ces pins ont été ajournés en raison de la guerre mais sont de nouveau activement étudiés.

Océanie (Australie et Nouvelle-Zélande)

La Conférence a été informée que la faible production actuelle de la Nouvelle-Zélande (soit 24.000 tonnes annuellement) doit s'élever à 136.000 tonnes vers 1958 et peut ultérieurement atteindre 250.000 tonnes. Cet accroissement de production est rendu possible grâce à des forêts «exotiques» étendues de Pinus insignis et d'autres conifères, dont l'accroissement en Nouvelle-Zélande est excessivement élevé.

L'Australie produisait 136.000 tonnes de pâte en 1948 et espère augmenter son rendement jusqu'à 210.000 tonnes vers 1955. Cela pourra se réaliser grâce aux seules forêts indigènes. Etant donné l'activité de leurs programmes forestiers il semble possible que les principaux pays de cette région du globe puissent par la suite subvenir à leurs propres besoins en pâte.

Commerce mondial de la pâte de bois

En 1948 le commerce mondial de pâte n'était encore qu'à 70 pour cent du niveau d'avant-guerre. Cette réduction était imputable uniquement à l'Europe, avec ses exportations établies à moins de 60 pour cent de ce qu'elles étaient en 1937 et ses importations à un niveau à peine plus élevé.

En dépit de ce déclin, l'Europe reste le centre du commerce d'exportation mondial de la pâte. En 1937 les exportations de pâte provenaient de deux régions seulement; l'Europe en fournissait 80 pour cent et l'Amérique le reste. Il faut souligner que, tant en Europe qu'en Amérique du Nord, presque tout le commerce de la pâte s'effectue à l'intérieur du continent. Avant la guerre un très faible pourcentage des exportations de pâte de l'Amérique du Nord était expédié en dehors de ce continent et moins d'un tiers des exportations européennes partaient outre-Atlantique.

Cependant, avec ces exportations, l'Europe, et en particulier les Pays Scandinaves, couvraient pratiquement les besoins en pâte importée du reste du monde.

En 1948, les exportations de pâte d'Europe étaient tombées de 80 pour cent à 60 pour cent du total mondial, mais elles étaient encore approximativement deux fois aussi élevées que celles de l'Amérique du Nord. Comme la plus grande partie des exportations de pâte d'Amérique du Nord a continué à s'écouler entre le Canada et les Etats-Unis, l'Europe a gardé sa position de marché principal pour tous les continents excepté l'Amérique du Nord.

Les estimations de la Conférence indiquent un développement graduel du commerce mondial de la pâte. En 1949 et 1950 on prévoit que les exportations totales se maintiendront aux environs de 80 pour cent de celles d'avant-guerre, mais on espère qu'elles dépasseront les chiffres de 1937 de quelque 10 pour cent vers 1955. La part de l'Europe serait d'un peu moins de 60 pour cent du total. Le reste, soit 40 pour cent, serait fourni par les exportations de l'Amérique du Nord. Si cette prévision se révèle exacte, cela signifiera que les exportations de pâte de l'Amérique du Nord ne resteront plus limitées surtout aux mouvements intracontinentaux.

En ce moment les restrictions monétaires, les fluctuations des devises, les taux artificiels des changes, perturbent la distribution des pâtes mises sur le marché dans le monde. Jusqu'à ce qu'une solution d'ensemble soit trouvée pour ces éléments de trouble, producteurs et consommateurs de pâte de bois ont à faire face partout à des conditions instables qui contrecarrent le commerce normal.

Bois de papeterie

Consommations actuelles et perspectives d'avenir - Rapport de la FAO à la Conférence de Montréal

Avant d'aborder la discussion sur la consommation et les ressources en bois de papeterie, il est désirable de noter certaines caractéristiques touchant l'industrie de la pâte de bois et les demandes actuelles en pâte et dérivés qui sont d'importance particulière au point de vue forestier.

1°) Une usine de pâte représente une importante immobilisation de capital. Si l'usine de pâte et la papeterie sont réunies, l'investissement en un lieu donné est beaucoup plus élevé. De tels investissements ne peuvent être amortis que sur des périodes importantes; en conséquence les constructeurs d'une usine de pâte doivent être assurés d'un approvisionnement suffisant et soutenu en matières premières; c'est pourquoi l'industrie de la pâte à papier a spécialement besoin de forêts aménagées plutôt que de réalisations massives et rapides de peuplements forestiers.

2°) L'industrie du bois de papeterie, dans de nombreux pays, s'est développée conjointement avec l'industrie plus ancienne du sciage.

Très souvent, elle tire sa matière première de la même forêt qui fournit les grumes de sciage. La réunion de l'usine de pâte et de la scierie facilite l'utilisation des déchets du sciage pour la fabrication de la pâte. Mais la réalisation d'une telle coopération doit décider de temps à autre de la base la plus avantageuse pour la répartition des matières premières entre les principales productions.

3°) L'industrie du bois de papeterie s'est développée rapidement et il y a toutes les raisons d'espérer que les demandes de ces produits continueront à croître.

4°) Bien qu'à présent la demande extraordinairement élevée de pâte par l'Amérique du Nord semble se stabiliser, le niveau moyen est très élevé. En Europe et dans d'autres régions la demande effective est limitée par le manque de pouvoir d'achat et les difficultés de change; mais l'amélioration des conditions économiques dans les pays en question serait certainement suivie d'une recrudescence très sensible des demandes de pâte et dérivés. Ces augmentations des demandes peuvent se développer rapidement; c'est pourquoi il est important de savoir si les forêts qui produisent actuellement la plus grande part de la pâte utilisée dans le monde pourraient supporter des prélèvements plus élevés.

Production du bois de papeterie

On estimait en 1947 la production mondiale du bois pour pâte à papier à 119.000.000 de m³. En 1937 la production était de 100.000.000 de m³.

Il y a donc une augmentation de 19 pour cent pour les 10 années suivantes.

La production qui est actuellement enregistrée par la FAO pour 1947 s'élève à 96.000.000 de m³, la plus grande part de la différence évaluée étant attribuée à l'URSS, à la zone soviétique de l'Allemagne, à la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Roumanie et la Yougoslavie, pour lesquelles on ne possède pas de données.

TABLEAU 1. - ESTIMATION DE LA CONSOMMATION MONDIALE EN BOIS ET PRODUITS LIGNEUX EN 1947

Produits

Volume équivalent millions m³

Pourcentage total

Bois de chauffage

825

57

Bois de sciage

360

25

Bois de papeterie

119

8

Autres bois d'industrie

149

10

TOTAL

1.453

100

L'importance du bois de papeterie, par rapport à la consommation totale mondiale de produits forestiers, est indiquée dans le Tableau 1. Les quantités sont exprimées en volumes équivalents des bois ronds à partir desquels sont tirés les différents produits.

TABLEAU 2. - PRODUCTION DE BOIS DE PAPETERIE EN 1947 - Pays correspondants de la FAO

Pays

Conifères

Feuillus

Total

Pourcentage débit total de tous les produits

(1.000 )

pour cent

Europe


Allemagne:



Bizone

1.418

266

1.684

4,5



Zone française

1.588

128

1.716

11,9


Autriche

749

53

802

7,9


Danemark

4

-

4

0,3


Finlande

9.000

-

9.000

119,0


France

593

35

628

2,8


Italie

92

128

220

1,3


Norvège

3.500

-

3.500

135,0


Pologne

518

2

520

4,6


Royaume-Uni

²16

-

16

0,6


Suède

9.000

300

9.300

24,7


Suisse

197

-

197

4,9

Proche-Orient et Afrique du Nord


Turquie

43

-

43

0,6

Amérique du Nord


Canada

26.693

1.204

27.897

33,0


Etats-Unis

31.718

5.154

36.872

13,3


Terre-Neuve ³

2.265

-

2.265

62,2

Amérique Latine


Brésil

103

25

128

0,1


Mexique

14

-

14

0,4

Afrique


Union Sud-Africaine

7

-

7

0,4

Asie: Sud et Est


Japon

741

39

780

2,0


Corée du Sud

7

-

7

0,2

Océanie


Australie

57

312

369

2,6


Nouvelle-Zélande

26

-

26

0,9

- Néant.
1 Estimation à partir de données incomplètes.
² Forêts domaniales seulement.
³ Maintenant province du Canada.

En l'absence de données complètes, on estime qu'environ 56 pour cent des ressources mondiales en bois de papeterie étaient produits par l'Amérique du Nord, 26 pour cent par l'Europe, 16 pour cent par l'URSS et 2 pour cent par les autres régions.

La production de bois de papeterie signalée séparément par chaque pays à la FAO est donnée dans le Tableau 2, sans compter la production d'autres pays également producteurs, mais d'où l'on n'a reçu aucun rapport ou qui n'ont pas donné séparément les chiffres relatifs à la pâte, et qui comprennent: l'Argentine, la Belgique, la Bulgarie, le Chili, la Tchécoslovaquie, l'Inde, la Hongrie, le Pakistan, la Roumanie, la Zone Russe d'Allemagne, l'URSS, la Yougoslavie. Les pays figurant dans le tableau produisent 80 pour cent de la production mondiale; les 4/5 au moins du reste sont attribués à l'URSS.

Ces chiffres connus pour 1947 indiquent que 92 pour cent de tout le bois de papeterie provenait d'essences résineuses et seulement 8 pour cent d'essences feuillues.

Commerce international de bois de papeterie

La majeure partie du trafic international de bois de papeterie en 1947 avait lieu du Canada vers les Etats-Unis. Les expéditions étaient de l'ordre de 5.000.000 de m³; il y avait aussi de petites expéditions dans d'autres directions. Ce commerce qui, en 1947, comprenait 70 à 75 pour cent du trafic international de bois de papeterie, doit avoir une longue existence, mais il est très probable que son importance diminuera par la suite. Par exemple, la province d'Ontario annonçait il y 3 ans que la production en bois de papeterie de ses forêts domaniales ou communales disparaîtrait graduellement en moins de 10 ans.

En 1947, la France se plaçait au 2ème rang des importateurs de bois de papeterie; elle recevait 962.000 m³ d'Allemagne, 21.000 du Canada, 19.000 de Finlande et 9.000 de Suisse.

La Finlande déclarait des exportations vers la Russie s'élevant à 209.000 m³ et de plus petites expéditions vers les pays européens s'élevant à 91.000 m³.

La Suède rendait compte d'importations s'élevant à 202.000 m³ provenant de Norvège et d'expéditions vers la Norvège s'élevant 105.000 m³, soit un excédent de 97.000 m³.

La Suisse recevait 133.000 m³ et l'Autriche 81.000 des pays voisins.

Les Pays-Bas recevaient 28.000 m³ du Canada et 21.000 m³ de Finlande.

Le Royaume-Uni importait 163.000 m³ de Terre-Neuve et 2.000 m³ de Finlande.

Il est probable que l'URSS recevait quelques fournitures de bois de papeterie des pays européens du sud-est en plus du bois importé de Finlande, mais on n'a pu obtenir aucune information sur les quantités reçues.

La Nouvelle-Zélande exportait 2.000 m³ en Australie. Le Proche-Orient, l'Afrique, l'Amérique Latine, l'Asie, n'ont envoyé aucun rapport sur leurs importations de bois de papeterie.

Ces brèves indications embrassent pratiquement le commerce du bois de papeterie dans son ensemble. Elles amènent à des conclusions d'une certaine importance:

1. Environ 6 pour cent seulement du bois de papeterie produit fut expédié à l'état brut au delà des frontières nationales. Les ¾ de cette petite fraction doivent être imputés aux importations des Etats-Unis en provenance du Canada.

2. 227.000 m³ seulement furent exportés au delà de l'Océan.

3. De ce qui précède, on peut conclure qu'en certaines circonstances, il existe un avantage mutuel aux expéditions de bois de papeterie d'un pays à un autre à l'intérieur d'une même région, mais les envois par mer sont insignifiants. Il est clair que chaque région importante du monde doit surtout faire fonds, pour son approvisionnement en bois de papeterie, sur les forêts situées à l'intérieur de ses propres frontières.

4. On note une tendance accrue, dans chaque pays, à la transformation des matières premières, v compris le bois de papeterie.

Perspectives sur les approvisionnements en bois de papeterie dans les principaux pays producteurs

Puisque tout indique que les demandes en bois de papeterie vont s'accroître dans les années à venir, il est nécessaire d'examiner les relations entre la consommation habituelle de matière première et la valeur de la production ou de l'accroissement dans les forêts qui la fournissent. Nous avons vu que plus de 30 pour cent de la production provient actuellement des forêts de résineux. On ne peut assez insister sur le fait qu'il est presque impossible de discuter de la question de productivité des forêts uniquement en fonction du bois de papeterie. Nous devons au contraire considérer leur possibilité de satisfaire, sans être menées à la ruine, aux demandes simultanées en grumes de sciage et autres bois d'industrie, en bois de chauffage et de papeterie.

Dans la discussion qui suit, le terme «accroissement net» désigne la différence entre l'accroissement total et les pertes naturelles causées par le feu, les insectes, les maladies cryptogamiques, les orages. C'est l'accroissement net qui doit compenser le volume des exploitations. Mais les exploitations réellement autorisées dans une forêt déterminée peuvent différer de l'accroissement net, si les plans d'amélioration de la forêt l'exigent.

Si l'accroissement net et les prélèvements de tous les produits sont égaux, on ne peut obtenir une augmentation immédiate de la production en bois de papeterie de cette forêt qu'en détournant une partie des grumes de sciage, du bois de chauffage et autres produits, ou par une surexploitation délibérée. Cette dernière politique, si elle persistait, conduirait inévitablement vers la destruction de la forêt. A la longue, il est possible de modifier l'aménagement de la forêt afin d'accroître le rendement en bois de papeterie, mais, ceci implique normalement une réduction correspondante dans les approvisionnements en grumes de sciage.

Les notes suivantes concernant chaque pays font état plutôt de la production de tous les produits forestiers que de la seule production du bois de papeterie. Elles sont basées sur les statistiques parues en 1948 dans l'Annuaire des statistiques des produits forestiers pour 1948 de la FAO et dans l'exposé «Ressources forestières mondiales» 1 Dans quelques cas on a été obligé de puiser à d'autres sources pour avoir une estimation raisonnable de la situation actuelle.

1 Unasylva Vol. II, n° 4.

Pays Européens

Allemagne - Bizone. Les exploitations dépassent l'accroissement de 140 pour cent.

Allemagne - Zone française. Les exploitations dépassent l'accroissement de 185 pour cent.

Autriche. En 1947 les exploitations étaient supérieures de 10 pour cent à l'accroissement.

Danemark. D'après les comptes rendus repus, les exploitations et l'accroissement s'équilibrent.

Finlande. Un compte rendu publié par la Banque de Finlande indique que l'exploitation totale annuelle s'élevait à 48 millions de m³ durant la période 1945-1947, pour un accroissement de 41 millions de m³, soit un excédent de l'ordre de 17 pour cent. Un rapport de 1948 indique que les exploitations et l'accroissement étaient en équilibre l'an dernier.

France. On indiquait que la production de 1947 en volume était de 22.600.000 de m pour un accroissement de 28.600.000. Depuis que l'on s'est aperçu d'importances différences dans les méthodes d'estimation des volumes des bois appliquées dans les forêts et les industries et que les statistiques forestières mettent en évidence des déficits annuels de l'ordre d'environ 8 pour cent pour la période 1937-46, l'excédent apparent de 1947 doit être considéré avec réserve. Il est peu probable que la France soit à même d'accroître actuellement sa production de bois de papeterie.

Italie. Les chiffres de l'accroissement annuel ne sont pas connus mais des données partielles indiquent qu'en 1947 aucune augmentation du volume des exploitations ne peut être envisagée.

Norvège. On estime que l'accroissement net et les exploitations s'équilibrent à peu prés.

Pologne. Les exploitations dépassent l'accroissement de 11 pour cent.

Royaume-Uni. Les données sur les exploitations en 1947 sont incomplètes, mais la dévastation des forêts pendant la guerre donne la certitude que pendant de longues années encore, le Royaume-Uni ne pourra augmenter notablement sa production de bois de papeterie.

Suède. Le chiffre de production publié, soit 37.600.000 m³ pour un accroissement de 45.600.000 de m³, indique un excédent de 18 pour cent. Cependant on sait que l'excèdent augmente principalement dans le région méridionale du pays et qu'une certaine réduction des exploitations du bois de papeterie est devenue nécessaire dans le nord.

Suisse. Les exploitations sont supérieures de près de 50 pour cent à l'accroissement.

Résumé relatif à l'Europe

Les notes qui précèdent montrent que la plupart des pays d'Europe ont accusé des excédents d'exploitation dans leurs forêts en 1947, exception faite du Danemark, de la France, de la Norvège et de la Suède. Même dans ces quatre pays les possibilités d'accroître la production de bois de papeterie dans l'avenir immédiat sont minimes. Pour ce groupe de nations, considéré dans son ensemble, une réduction du taux actuel des exploitations s'impose. En 1948 la Commission européenne des Forêts et Produits forestiers estimait que les forêts du continent avaient subi une surexploitation atteignant 20 pour cent de l'accroissement.

Alors que les besoins en bois de sciage, poteaux de mines, traverses de chemin de fer, pieux, pilots et autres matériaux nécessaires à la reconstruction consécutive aux destructions de la guerre et au nouveau développement industriel restent pressants, l'augmentation des ressources nationales en bois de papeterie semble extrêmement difficile.

D'un autre côté, le bois de papeterie représente seulement environ 11 pour cent du total des exploitations d'Europe et la plus grande part provient des petits arbres, y compris les produits d'éclaircies. C'est pourquoi il peut être possible de maintenir les fournitures de bois de papeterie au niveau de 1947, même si une certaine réduction de la production totale est appliquée en vue de donner aux forêts la possibilité de réparer les exploitations abusives et l'abandon des années de guerre. Les rapports sur les inventaires de forêts reçus de 17 nations européennes, montrent que l'excédent d'exploitation porte autant sur les peuplements feuillus que sur les peuplements résineux. Par suite il n'existe guère de possibilité d'obtenir plus de bois de papeterie par une utilisation étendue des essences feuillues dans les procédés de fabrication de pâte. Dans certaines régions cette solution peut avoir un intérêt pratique; pour l'ensemble du continent elle offre peu de possibilités.

La gravité de la situation européenne en ce qui concerne le bois de papeterie au point de vue industriel, provient du fait que tirer le maximum de rendement des installations existant dans 11 des pays énumérés au Tableau 2 1 impliquerait une consommation annuelle de 39.800.000 m³ de bois de pâte, tandis que la consommation réelle en 1947 était d'environ 25.100.000 m³. Ces chiffres sont basés sur la conversion des quantités publiées dans le rapport: «Données sur le bois de papeterie dans le monde en 1947-1948» ² en volumes équivalents de bois ronds. De plus, la production européenne de pâte à papier en 1948 était presque de 10 pour cent plus élevée que l'année précédente. Sur la base des chiffres de 1947 l'augmentation en fourniture de bois de papeterie nécessaires à une pleine utilisation des capacités industrielles des pays mentionnés ci-dessus, serait près de 60 pour cent. Evidemment, une telle augmentation ne peut être obtenue à partir de forêts déjà surexploitées.

1 Pas de données disponibles pour la Pologne.
² Rapport de la "Canadian Pulp and Paper Association" et de la "United States Pulp Producer's Association"

Mise à part une dévastation aggravée des forêts, il n'y a, semble-t-il, que trois possibilités à court terme pour obtenir un surplus de bois: la première consiste en une utilisation plus complète des déchets des scieries. Une telle utilisation est déjà largement développée dans les trois pays nordiques. - Finlande, Norvège et Suède, - qui possèdent 77 pour cent de la capacité industrielle totale mais les possibilités dans cet ordre d'idées pourraient être étudiées principalement en Europe centrale et orientale.

La deuxième possibilité est l'accroissement des importations. Pour des raisons économiques, celle-ci doivent provenir principalement des pays de l'Est européen ou de l'URSS. En 1936 l'URSS Etats Baltes la Tchécoslovaquie et la Pologne exportaient 2.900.000 m³ vers Allemagne et 1.400.000 m³ vers les pays de l'Europe occidentale. Même si ce commerce pouvait être relevé au niveau relativement élevé de 1936, il serait loin d'atteindre les besoins de la capacité industrielle existante. Si on considère les efforts qui sont faits pour développer les industries de transformation dans les anciens pays exportateurs, les perspectives d'augmentation dés exportations vers les régions occidentales ne sont pas actuellement très encourageantes. La troisième possibilité consiste à distraire pour la production de la pâte une partie du bois maintenant employé pour le chauffage. Cette politique a été suivie par l'Allemagne avec un succès considérable avant la guerre, mais exige un supplément de combustibles minéraux. Il semble que nous devions accepter le tait que l'industrie de la pâte de bois dans l'Europe occidentale et septentrionale, y compris l'Allemagne, est sérieusement suréquipée. Cela ne signifie pas, bien entendu, qu'il n'existe aucune occasion justifiée de construire de nouvelles usines dans des localités bien choisies du continent, et les renseignements partiels qu'on peut actuellement recevoir suggèrent que de tels développements doivent être possibles dans le centre et l'est de l'Europe. Il est probable qu'une redistribution des excédents de la capacité de production serait avantageuse, et au moins un transfert d'une usine fermée de Suède en Yougoslavie est paraît-il à l'étude.

Le taux moyen d'accroissement des forêts européennes est environ 2,2 m par hectare, et l'on pense que, par la suite, il doit être possible d'augmenter cette moyenne jusqu'à 3 m, soit de 36 pour cent, par l'adoption de mesures appropriées dans les forêts. Ceci, cependant, exigera beaucoup de temps et beaucoup d'efforts. La comparaison de cet accroissement de production avec l'accroissement de près de 60 pour cent des approvisionnements en bois de papeterie nécessaire à la pleine utilisation de la capacité des usines existantes prouve que, même si les importations en Europe occidentale peuvent être notablement augmentées le niveau actuel de la capacité industrielle ne devrait pas être relevé.

Union des Républiques Socialistes Soviétiques

On ne peut obtenir de rapports provenant directement de l'URSS. Cependant un livre publié l'année dernière par deux économistes forestiers russes, établit que l'étendue des forêts d'un seul tenant est de 700.000.000 d'hectares, l'accroissement annuel de 700 à 800.000.000 de m et que la production totale prévue pour tous les produits forestiers en 1950 sera de 280.000.000 de m. Les fournitures aux industries de pâte et du papier devront être de 30 a 35.000.000 de m³.

La comparaison de la production prévue avec l'accroissement actuel indique les immenses possibilités d'expansion qui se présentent. De plus, il semble probable que, lorsque toutes les forêts productives seront aménagées, le chiffre de l'accroissement annuel pourra être notablement augmenté.

Malheureusement, il n'y a aucun moyen d'évaluer les fournitures en bois de papeterie, en pâte et produits dérivés, que les pays européens peuvent espérer importer d'URSS dans un avenir proche ou éloigné.

Amérique du Nord

Canada. Jusqu'à présent on ne peut estimer qu'indirectement le rapport entre l'accroissement total des forêts et la perte totale due soit à des causes naturelles soit aux exploitations. Le remplacement des pertes exige un accroissement de moins de 1 m³ par hectare, chiffre qui peut être comparé aux moyennes de 2 à 2,2 m³ par hectare dans les pays scandinaves. Il semble probable qu'en appliquant des méthodes plus intensives d'aménagement des forêts, entraînant la diminution des dommages annuels considérables dus aux incendies et autres causes naturelles, et en mettant en exploitation près de 100.000.000 d'hectares de forêts productives considérées actuellement comme inaccessibles, le Canada pourra dans l'avenir maintenir constamment une production forestière plus de deux fois supérieure au volume actuel.

Des estimations plus précises concernant l'accroissement moyen sont nécessaires quoiqu'il y ait de grosses difficultés pour les obtenir dans les conditions qui règnent au Canada. Jusqu'à ce que les taux moyens actuels de la production des forêts soient connus avec une exactitude raisonnable, il est hasardeux de développer davantage l'industrie forestière.

Etats-Unis d'Amérique. Une réestimation de la situation forestière aux Etats-Unis, publiée l'année dernière par le service forestier américain, indique que l'accroissement total et les pertes totales sont plus ou moins en équilibre. Il y a cependant une surexploitation de 23 pour cent relevée dans les forêts de conifères qui procurent 85 pour cent de tous les bois de papeterie. Cet excédent est approximativement compensé par une sous-exploitation des essences feuillues. Mais les arbres de plus grande dimension, qui habituellement entrent pour une grande part dans la fourniture de bois de papeterie, sont surexploités de 50 pour cent.

Evidemment, il existe là une occasion de développer les fournitures de bois de papeterie d'essences feuillues; mais le déficit moyen du côté des conifères a une signification différente de celle qu'il a en Europe. L'aménagement des forêts aux Etats-Unis en est encore à ses débuts, et, dans quelques régions, la production peut être de beaucoup intensifiée. Par exemple, si une pénurie réelle de bois de papeterie menaçait dans les grandes forêts de pins du sud, un important surplus de bois de papeterie résineux pourrait être fourni au bout de 20 ou 30 ans par de nouvelles plantations. Sur la côte ouest le ramassage plus complet des petits bois abandonnés lors de l'abatage mécanique des peuplements permettrait une augmentation notable du volume de bois fourni par les essences propres à la fabrication de la pâte. Des initiatives ont été prises dans cet ordre d'idées: c'est ainsi que de nouvelles usines de pâte ont été construites près de grandes scieries et tirent une part de leur matière première des déchets de scierie.

Le Service des Forêts des Etats-Unis estime que la production intérieure de bois de papeterie qui s'élevait à 36.900.000 m en 1917 peut être suffisamment accrue en intensifiant l'aménagement des forêts et en utilisant d'une façon plus complète les feuillus et des déchets des scieries, pour satisfaire à des besoins évalués à 102.000.000 de m à la fin du siècle. Il faut remarquer que, tandis que l'on s'attend à voir les besoins annuels de bois de papeterie augmenter de presque 180 pour cent dans les cinquante prochaines années, on prévoit que les besoins en bois de sciage resteront plus ou moins stables et que la production de bois de chauffage décroîtra.

Autres pays producteurs

Japon. Au cours de ces dernières années, les exploitations ont dépassé de 100 pour cent l'accroissement annuel, et cette situation persiste.

Union Sud-Africaine. La moyenne des exploitations en 1947 était légèrement intérieure à l'accroissement net. L'exploitation de bois de papeterie est peu importante et il n'y a pas de perspective d'excédents pour les exportations.

Australie. Des estimations moyennes indiquent une surexploitation de 62 pour cent pour 1947. Cette conclusion n'est qu'approchée et doit être soumise à une étude plus poussée.

Nouvelle-Zélande. Des estimations approximatives indiquent une surexploitation de plus de 100 pour cent pour l'ensemble du pays. Mais la production de bois de papeterie, qui comprend moins de 1 pour cent des exploitations totales, peut sans doute être considérablement augmentée car la totalité de ces produits est tirée des vastes plantations de Pinus radiata et autres conifères, et ces plantations ont un taux d'accroissement phénoménal.

On ne dispose d'aucun renseignement en ce qui concerne les autres pays producteurs de bois de papeterie, mais, pour la plupart, ce produit représente une faible part des exploitations.

Perspectives mondiales

Pour résumer la situation des forêts dans les régions qui ont été passées en revue, il semble qu'il s'offre à longue échéance de grandes possibilités, pour l'expansion de l'industrie du bois de papeterie en Amérique du Nord et en URSS, l'Europe peut se trouver dans l'incapacité de relever ses ressources propres en bois de papeterie au-dessus du niveau de 1947, au moins pour quelques années. Les principaux pays d'Océanie n'ont pas encore suffisamment mis en valeur leurs ressources de bois de papeterie et leurs industries de la pâte pour satisfaire aux besoins régionaux et le Japon sera incapable d'intensifier la production moyenne en exploitant ses propres forêts.

Dans le Proche-Orient et en Afrique du Nord il n'existe aucune perspective pour une production considérable en bois de papeterie.

Dans l'Asie du sud et de l'est, les immenses populations de la Chine, de l'Inde et du Pakistan exercent une forte pression sur les ressources limitées de leurs forêts. Il semble certain qu'une augmentation de la production du bois de papeterie se produira dans ces trois pays, mais elle semble devoir être minime eu égard à leur population. Dans ces pays il y aurait de grandes facilités pour le développement des grandes industries de pâte à papier utilisant le bambou comme principale matière première. Dans d'autres pays: Birmanie, Indochine, Indonésie, Malaisie, Philippines et Thaïland, il existe de plus ou moins vastes étendues de forêts mais pas d'industries papetières. Pans ces pays, les forêts de conifères sont d'étendue très limitée ou manquent totalement, et dans l'avenir, toute production de bois de papeterie devra provenir des forêts tropicales d'essences feuillues ou peut-être de plantations d'essences exotiques.

Restent les immenses régions forestières d'Amérique Latine et d'Afrique.

En 1948 les productions combinées de pâte chimique et mécanique de l'Amérique Latine totalisaient 190.000 tonnes, sur lesquelles le Brésil produisait 105.000 tonnes et le Mexique 65.000, le reste étant produit par le Chili et la République Argentine. Les installations de la région étaient suffisantes pour soutenir une production de 255.000 tonnes. Le Brésil a évalué sa production de bois de papeterie à 128.000 m³ et le Mexique à 14.000 m³ seulement. La plus grande partie de ces bois provenait d'essences résineuses. L'étendue des forêts productives de l'Amérique Latine est évaluée à 715 millions d'hectares, contre 456 millions d'hectares en Amérique du Nord, mais 3 ½ pour cent seulement de ces forêts sont formées de conifères. La plupart de ces forêts appartiennent à des types tropicaux extrêmement complexes.

En Afrique (Afrique du Nord exceptée), il y a près de 300.000.000 d'hectares de forêts productives, principalement de type tropical et virtuellement sans conifères.

Jusqu'à présent les problèmes d'utilisation des forêts tropicales comme source de matière première pour l'industrie de la pâte n'ont pas été pleinement résolus, mais au fond c'est là qu'on doit trouver les dernières grandes réserves de bois. Les besoins mondiaux croissants en pâte soulignent la nécessité d'établir des programmes actifs de recherche des moyens, tant techniques qu'économiques, propres à rendre productives ces vastes forêts. L'utilisation croissante des essences feuillues pour la pâte dans la zone tempérée nord, l'utilisation, couronnée de succès, de l'eucalyptus en Australie pour les pâtes chimiques et mécaniques et les résultats encourageants des expériences récentes sur une échelle semi-commerciale en France, font espérer que les difficultés rencontrées dans les régions tropicales seront, en fin de compte, surmontées.

On a mentionnée l'utilisation fructueuse de plantations de bois de papeterie exotiques en Nouvelle-Zélande. Il est probable que le même procédé peut être adopté dans beaucoup d'autres pays.

Besoin d'amélioration des inventaires des forêts

Une enquête préliminaire sur les ressources forestières du monde, menée par la FAO, a mis en évidence la nécessité d'améliorer considérablement les inventaires des ressources forestières dans la plupart des pays. Tandis que de nombreux pays ont été capables de donner de larges approximations sur l'étendue de leurs massifs forestiers, relativement peu sont en mesure d'estimer avec quelque précision le volume du matériel sur pied et l'accroissement annuel.

Au sujet des volumes du bois sur pied, il est particulièrement remarquable que sur 101 pays qui ont adressé des rapports à la FAO, 42 furent incapables d'évaluer les volumes de bois, et moins de 20 furent en mesure d'établir une classification des volumes suivant le diamètre des arbres au-dessus et au-dessous de 25 cm classification d'une importance considérable dans l'industrie de la pâte. Des connaissances plus détaillées sont nécessaires pour indiquer quelles proportions de l'accroissement annuel conviennent le mieux au sciage ou à la fabrication de la pâte.

La FAO fait bien tout ce qui est en son pouvoir pour encourager la préparation des inventaires en conformité avec les besoins actuels. Des méthodes techniques modernes sont à l'étude et d'autres mesures sont prises. La responsabilité d'exécuter les inventaires actuels appartient naturellement aux pave à qui les forêts appartiennent.

Jusqu'à ce qu'on puisse obtenir des renseignements suffisamment sûrs concernant la situation, l'étendue, la consistance et la possibilité des diverses forets, tout développement rationnel de nouvelles industries forestières sera impossible. Les pays intéressés eux-mêmes ne seront pas en mesure de déterminer quelle contribution leurs forêts peuvent apporter à l'économie nationale. On espère que les années à venir apporteront un grand progrès dans l'inventaire des forêts et des améliorations parallèles dans leur aménagement. Si cela peut être réalisé les industries forestières recevront l'impulsion nécessaire à leur plus grand développement et une plus grande quantité de bois deviendra disponible pour satisfaire aux besoins de l'humanité.

Poteaux de mine

Consommation et commerce européens

Le commerce international des poteaux de mine est, en somme, limité à l'Amérique du Nord, qui exporte, à l'Europe qui exporte et importe et au Proche-Orient qui importe. Il y a un certain trafic a l'intérieur des régions telles que l'Amérique Latine, l'Afrique et l'Asie, mais la plupart des principaux pays miniers en dehors de l'Europe tels que les Etats-Unis, l'URSS, l'Inde, et l'Australie se suffisent à eux-mêmes.

C'est un problème très ardu que d'assurer un approvisionnement suffisant en poteaux de mine dans les régions houillères de l'Europe où il y a des pays qui sont, par tradition, de gros importateurs. Pour cette raison, le Comité du bois de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Europe (CEE) a constamment suivi l'évolution de la situation. Cet exposé ne dépasse pas en principe le cadre de l'Europe et les prévisions courantes de la consommation et du commerce 1.

1 Voir «Bois de Mine» Unasylva, Vol, II, n° 4 pour les renseignements sur le commerce international des poteaux de mine pour les années d'avant guerre, 1946 et 1947. (A noter que, dans le Tableau 7 de ce rapport, il faut lire comme suite la deuxième colonne, concernant les stocks dans les mines au 1er janvier 1948: Allemagne (Bizone) 833, Autriche 16, Belgique 887, France 1.318, Italie 126, Pays Bas 144, Pologne 333, Royaume-Uni 2.006, Sarre 82, Tchécoslovaquie 215, Turquie 121. Total 6.081).

PRODUCTION ET CONSOMMATION

En dépit des appréhensions du début, les ressources européennes en poteaux de mine pour 1948 se sont au contraire montrées suffisantes pour les besoins accrus des mines de charbon et autres industries minières.

Selon le Comité du charbon de la CEE la production d'anthracite passa de 431 millions de tonnes en 1947 à 471 millions de tonnes en 1948 tandis que la consommation de poteaux de mine s'éleva de 12,55 millions de m³ en 1947 à 13,08 millions de m³ en 1948.

Les disponibilités totales en poteaux pour l'Europe s'élevèrent de 13,8 millions de m³ en 1947 à 14,3 millions de m³ en 1948, permettant d'accumuler des stocks dans les mines de charbon et chez les fournisseurs.

En additionnant la production de poteaux des principaux pays producteurs de charbon: Allemagne (Bizone), Belgique, France, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni et Tchécoslovaquie, le total était de 9,9 millions de m³ en 1948, soit une augmentation de 30 pour cent sur la production de 1947 qui était de 7,6 millions de m³, accroissement provenait presque entièrement de l'Allemagne (Bizone) et de quelques augmentations moindres mais encore considérables en Tchécoslovaquie et en Pologne.

Comme on le verra dans le Tableau 2, la production en Italie, en France et dans la zone française d'occupation a considérablement diminué, ainsi qu'en Finlande la production en vue de l'exportation.

TABLEAU 1. - COMPARAISON ENTRE LA CONSOMMATION DE POTEAUX DE MINE ET LA PRODUCTION DE CHARBONS DURS 1947 ET 1948

Pays

Consommation de poteaux de mine

Production nette de charbons durs sur le carreau

1947

1948

1947

1948

(1.000 )

(1.000 tonnes)

Allemagne, Bizone

2. 646

2.984

71.129

87.033

Autriche

173

195

178

150

Belgique

1.021

1.129

24.390

26.691

France

2. 588

2.358

45.235

45.100

Italie

214

1180

1.355

975

Pays-Bas

223

251

10.104

11.032

Pologne

1.725

1.934

59.130

70.262

Royaume-Uni

2.626

2.753

²189.394

²198.925

Sarre

500

433

10.485

12.560

Tchécoslovaquie

645

664

16.305

17.745

Turquie

191

198

3.897

4.017

TOTAL

12.552

13.079

431.602

474.490

SOURCE: Comité du Charbon de la CEE.
1 Chiffres approchés.
² Non compris l'exploitation à ciel ouvert.

TABLEAU 2. - NOUVELLE PRODUCTION

Pays

1947

1948

1949

1950

(1.000 )

Allemagne


Bizone

2.082

4.077

3.500

3.500


Zone française

1.582

1.000

1.010

1.010


Zone soviétique

692

...

750

750

U.R.S.S

692

...

750

750

Autriche

212

257

260

280

Belgique

650

700

700

600

Canada (exportations)

870

958

700

800

Finlande (exportations)

1.610

1.278

1.100

900

France

²2.562

2.125

2.600

2.900

Hongrie

197

1 100

100

100

Irlande

8

8

11

11

Italie

320

126

180

190

Luxembourg

65

77

85

50

Norvège (exportations)

96

78

80

80

Pays-Bas

30

29

30

40

Pologne

1.350

1.575

1.766

1.766

Portugal

222

³260

165

165

Royaume-Uni

572

624

400

400

Sarre

...

...

30

30

Suède

220

195

660

400

Suisse

15

14

5

5

Tchécoslovaquie

351

1704

820

820

Turquie

148

110

71

71

Yougoslavie

...

...

245

245

TOTAL

13.854

14.295

15.268

15.113

SOURCE: Comité du Bois de la FAO-CEE.
... Non connu.
1 Chiffres approchés.
² Y compris 48.000 m³ de production allemande en 1946 et 2.000 m³ en 1947
³ Y compris 122.000 m³ de poteaux exportés en 1947 et 160.000 m³ en 1948.

IMPORTATIONS ET EXPORTATIONS

Comme la production de poteaux de mine s'améliora au cours de l'année 1948 dans les principaux pays consommateurs, le trafic international diminua. D'après les chiffres les plus récente, les importations européennes de poteaux de toute provenance tombèrent de 4,8 millions de m³ en 1947 à 4.6 millions de m³ en 1948. Les rapports des pays exportateurs, d'ailleurs, montrent que les exportations de 1947 à destination de l'Europe étaient de 5,1 millions de m³ et celles de 1948 de 4,1 millions dé m³ seulement. Les différences entre les chiffres d'importation totale et d'exportation totale résultent, en partie, des interprétations différentes des termes poteaux de mine et bois de mine.

TABLEAU 3. - IMPORTATIONS DE POTEAUX, 1947 ET 1948

Pays

1947

1948

(1.000 m³)

Allemagne - Bizone

609,0

502,0

Belgique

360,0

249,0

France

71,0

340,0

Hongrie

72,0

80,3

Italie

3,5

7,2

Pays-Bas

249,0

217,0

Pologne

60,0

...

Royaume-Uni

2.872.0

2.432,0

Sarre

²480.0

²650,0

Turquie

19,8

98,1

TOTAL

4.796,3

4.575,6

SOURCE: Comité du Charbon de la CEE.
1 De janvier à septembre seulement.
² Livraisons de bois de mine de l'étranger à l'usage des mines de charbon et autres.

PRÉVISIONS POUR 1949

Les plans impliquent un accroissement de la production de charbon de plus de 8 pour cent par rapport à la moyenne de 1948. Si ces prévisions se réalisent approximativement, la consommation totale de poteaux dans les mines de charbon peut approcher de 15,2 millions de m, soit presque 17 pour cent de plus qu'en 1948.

D'après les chiffres soumis au Comité du Bois de la CEE au cours des quatre sessions qui eurent lieu en mars 1949, les probabilités d'approvisionnement ajoutées à l'existence d'un stock assez important montrent que les demandes de poteaux de 1949 seront satisfaites.

PRÉVISIONS POUR 1950

Pour 1950, les besoins totaux en poteaux pour les mines de charbon sont estimés à 16,5 millions de m³ et les ressources prévues (Tableau 2) pour faire face à ces besoins sont évaluées à 15,1 millions de m³, laissant subsister un déficit de 1,4 millions de m³. Ce déficit apparent, bien qu'important, n'est pas considéré comme alarmant. Ce ne sont encore que des évaluations préalables et les pays à la fois producteurs et importateurs sont naturellement prudents lorsqu'ils établissent leurs prévisions.

Peut-être la production intérieure dépassera-t-elle les premières estimations et c'est un fait bien connu que souvent une certaine partie des ressources locales ne paraît pas dans les statistiques officielles. D'ailleurs l'Amérique du Nord et l'URSS pourraient couvrir le déficit si les circonstances le permettaient; d'autre part, si les usines de pâte à papier diminuaient leurs achats de bois de papeterie, cela libérerait des rondins pour les poteaux.

INFLUENCE DU BOIS DE PAPETERIE SUR LE MARCHÉ DES POTEAUX

Les pays qui utilisent des poteaux de mine ont tendance à réduire les achats extérieurs aux seules qualités ou dimensions qu'ils ne peuvent se procurer chez eux; les fournisseurs sont donc obligés de faire face à des demandes plus précises à un moment où les prix tendent à baisser. Les exigences de qualité pour le bois de papeterie sont moins rigoureuses et les pays européens qui ont des ressources intérieures insuffisantes mais une forte capacité de production papetière augmenteront vraisemblablement leurs demandes de bois de papeterie. La différence traditionnelle entre les prix des poteaux de mine et du bois de papeterie, par conséquent, a perdu de son importance, en particulier pour les pays nordiques, et les producteurs de rondins seront de plus en plus tentés de vendre leur bois comme bois de papeterie.

Les ressources totales disponibles, en Europe, de bois destinés aux poteaux et à la pâte resteront sensiblement les mêmes, de sorte que toute orientation de l'emploi du bois vers la fabrication de la pâte se fera généralement aux dépens de la production des poteaux. Si l'Allemagne se manifeste un jour comme gros importateur de bois de pâte et de poteaux, d'autres pays importateurs devront alors se montrer moins exigeants pour ce qui est des poteaux résineux ou envisager la perspective d'une diminution des ressources disponibles. La situation sera naturellement tout à fait différente si des ressources nouvelles en poteaux, en provenance de l'URSS ou d'autres pays, apparaissent sur le marché, ou si les feuillus ou autres matériaux remplacent les résineux.

POTEAUX EN FEUILLUS

Cette question a particulièrement retenu l'attention en France et a fait l'objet d'une étude spéciale. On sait que les mines françaises de charbon du Nord et du Pas-de-Calais utilisent aujourd'hui jusqu'à 55 pour cent de poteaux feuillus; dans le centre et le sud de la France, la proportion employée est d'environ 10 pour cent. Jadis la France se suffisait pratiquement à elle-même en ce qui concerne les poteaux de mine, mais actuellement elle doit importer chaque année des quantités évaluées de 300.000 à 500.000 m³.

En dépit du succès qu'ont remporté les poteaux feuillus en France, d'autres pays ne semblent pas enthousiastes pour chercher à utiliser ces poteaux dans leurs mines. Dans certains pays, la Hollande en particulier, les mines de charbon y sont tout à fait réfractaires. L'avenir des poteaux feuillus est donc incertain et dépend des disponibilités en poteaux résineux. Une publicité appropriée sur la sécurité d'utilisation des feuillus, ainsi que des raisons purement économiques telles que leur prix inférieur, peuvent, cependant, stimuler la demande.

POTEAUX EN ACIER

Les durables poteaux en acier, bien qu'ils ne soient pas très appréciés des mineurs, ont bénéficié d'une faveur croissante dans de nombreux pays au fur et à mesure que les prix des poteaux s'élevaient au cours des années d'après-guerre (prix qui ont presque doublé depuis 1945). Les poteaux d'acier sont relativement coûteux mais le pourcentage de récupération qui est élevé, les rend à la longue plus économiques (en France le prix des poteaux d'acier, 6.000 Frs pièce environ, équivaut à peu de chose près au prix d'un mètre cube de poteaux de bois).

Bien que des quantités croissantes de poteaux d'acier soient utilisées dans certains pays, le sentiment général qui prédomine dans les pays producteurs de charbon est que ce fait n'aura pas d'influence sensible sur la situation générale des poteaux. En fait, quelques pays ont tendance maintenant à substituer des poteaux de bois aux poteaux d'acier, les poteaux de bois étant pour le moment beaucoup plus abondants tandis que l'acier est rare et indispensable pour les produits manufacturés destinés principalement à l'exportation.

POSSIBILITÉS D'EXPORTATION POUR 1949

Finlande et Suède

Les estimations communiquées au Comité du Bois de la CEE montrent que, pour les exportations de poteaux en 1949, on espère atteindre un total de 1.100.000 m³ en provenance de la Finlande et 688.000 m³ en provenance de la Suède.

Les exportations finlandaises atteindront probablement les objectifs fixés à l'exportation quand bien même le tableau présenté au Comité du Bois de la CEE en décembre 1948 n'aurait pas semblé aussi favorable. Un million de mètres cubes de poteaux ont tait l'objet d'un contrat pour les expéditions par mer de 1949, partagés entre le Royaume-Uni (500.000), la France (100.000), la Turquie (100.000), la Belgique (180.000) et les Pays-Bas (90.000).

Les possibilités suédoises d'exportation de poteaux en 1949 ont considérablement augmenté par rapport aux exportations de 1948 qui s'élevaient à 195.000 m³ et des contrats portant sur 648.000 m³ ont déjà été souscrits pour les livraisons de 1949. Le Royaume-Uni en a souscrit la majeure partie avec 534.000 m³; pour la France et les Pays-Bas, les contrats sont considérablement inférieurs. On pense que ces soudaines disponibilités en poteaux résultent de l'instabilité des conditions actuelles sur le marché suédois de la pâte, de nombreuses usines qui fabriquent de la pâte de bois ayant réduit leurs achats de bois de papeterie.

Norvège

Les possibilités d'exportation pour 1949 sont de 80.000 m³. Ce total peut être accru; il se peut aussi que les prévisions d'exploitation de 1948-49 soient dépassées.

Allemagne (moins la Sarre)

Une partie considérable des demandes en poteaux est satisfaite à l'intérieur des zones prises séparément ou grâce au commerce interzonal. On compte sur la zone française pour fournir 240.000 m³ à la Bizone. On n'a pas de chiffres définitifs au sujet de la zone d'URSS.

Cependant la Bizone et la Pologne peuvent chacune recevoir 100.000 m de ce pays. La Sarre peut recevoir 570.000 m³ et la France 200.000 m³ de la zone française. Les exportations de la Bizone furent interrompues à la fin de 1948.

TABLEAU 4. - EXPORTATIONS ET POSSIBILITÉS D'EXPORTATIONS DE POTEAUX DE 1947 A 1950.

Pays

1947

1948

1949

1950

(1.000 )

Allemagne


Bizone

563

79

-

-


Zone française

427

539

1.010

1.010


Zone soviétique

830

369

²750

²750

U.R.S.S

93

38

²750

²750

Autriche

43

62

60

60

Canada

870

958

700

800

Finlande

1.610

1.278

1.100

1.100

France

1157

144

3100

100

Irlande

...

...

9

9

Luxembourg

40

75

60

40

Norvège

96

78

80

80

Portugal

122

160

125

125

Suède

194

195

688

400

Suisse

9

14

5

5

Tchécoslovaquie

33

140

²150

²150

Yougoslavie

-

61

185

185

Autres pays

11

21

...

...

TOTAL

5.088

4.111

5.022

4.614

SOURCE: Comité du Bois de la CEE/FAO.
- Néant.
... Inconnu.
1 Chiffres du Comité du charbon de la CEE, concernant les importations de l'étranger pour loi mines de charbon et autres.
² Chiffres approchés.
³ Moins 100.000 m³ reportés de 1948.

France

Les possibilités d'exportation à destination du Royaume-Uni en 1949 sont, dit-on, de 150.000 m³, ce qui représente l'exportation traditionnelle des Landes. On exporte aussi depuis toujours un petit nombre de poteaux vers la Belgique et les Pays-Bas, en provenance des régions frontières.

Europe centrale

La Yougoslavie peut disposer pour l'exportation de 185.000 m³ et l'Autriche de 60.000 m³. Les exportations de la Yougoslavie seront probablement dirigées surtout vers le Royaume-Uni et les exportations autrichiennes vers la Tchécoslovaquie. Bien qu'aucun renseignement précis ne soit connu en ce qui concerne la Tchécoslovaquie, la possibilité de son apparition sur le marché des exportations ne peut être négligée.

Portugal

Les quantités disponibles pour l'exportation évaluées à 200.000 m³ seront dirigées vers le Royaume-Uni, l'Afrique du Nord française, l'Italie, l'Espagne et le Maroc espagnol.

U. R. S. S.

Il n'y a aucune exportation importante durant les années d'après-guerre. En 1949, on compte sur une exportation de 60.000 m³ vers les Pays-Bas et de 150.000 m³ vers le Royaume-Uni. Ces quantités peuvent être augmentées. Les exportations de 1949, venant de l'URSS et de la zone soviétique d'Allemagne étaient évaluées par le Comité du Bois de la CEE à 750.000 m³ parmi lesquels 450.000 m³ étaient destinés à la Pologne.

Canada

Les contrats pour l'expédition des poteaux vers le Royaume-Uni, en 1949, seraient de 644.000 m alors que les possibilités d'exportations canadiennes ont été évaluées de 700.000 m³ à 825.000 m³.


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