Page précédente Table des matières Page suivante


Revue bibliographique

Il est conforme à la politique de la FAO d'analyser ici un choix de publications qui paraissent avoir une incidence directe sur l'activité présente de la Division des Forêts.

STABILITY AS A FACTOR IN EFFICIENT FOREST MANAGEMENT. (La Stabilité facteur d'un aménagement forestier efficace). A. Koroleff. Pulp and (Institut de recherches de la pâte et du papier du Canada). Montréal. 1951. Prix: Can. $4.00.

L'auteur, Directeur de la Division de recherches forestières au Pulp and Paper Research Institute of Canada, définit le but de cette étude: fournir des documents utiles à l'industrie canadienne de la pâte et du papier dans leurs efforts pour assurer une continuité et une stabilité plus grandes de l'emploi de la main-d'œuvre forestière et de l'exploitation des zones boisées. Le livre traite principalement de l'aménagement des forêts de l'Est du Canada, mais contient également quelques références utiles concernant d'autres pays.

Le premier chapitre est consacré à l'organisation de la main-d'œuvre forestière, et s'attaque au problème de la stabilité et de l'efficience des ouvriers forestiers, ainsi qu'à celui de l'élimination de l'influence des saisons sur l'exploitation. Il y indique que cette dernière question est au Canada, un phénomène de la plus grande importance. Tandis que, par exemple, environ 85 pour cent de la main-d'œuvre canadienne est employée d'une manière permanente, le travail en forêt est à ce point considéré comme une occupation temporaire que, dans l'est du pays, la main-d'œuvre employée à l'exploitation du bois de papeterie pendant l'hiver est jusqu'à présent de 3 à 7 fois plus importante que pendant l'été. Depuis 1940, le fluctuations annuelles de l'ensemble de la main-d'œuvre, dans les centres d'exploitation de bois de papeterie à l'est des montagnes Rocheuses ont varié entre un minimum de 6.200.000 et un maximum de 11.600.000 homme-jours. De plus, il s'est produit un mouvement très important et qui semble s'accroître, dans le personnel des centres d'exploitation de bois de papeterie.

Alors qu'il n'a pas été possible de montrer avec une certitude absolue, s'il y a eu une hausse marquée du niveau de la production (qui, dans l'est du Canada, pendant ces onze dernières années a été d'environ 0,69 cords [1 m³ 76] par homme-jour), le salaire journalier des ouvriers forestiers dont la majorité est à demi spécialisée, s'est élevé plus rapidement que le salaire moyen des ouvriers des huits principales industries du Canada. Il semble que si cette tendance persiste, la main-d'œuvre forestière saisonnière et demi-spécialisée sera payée à un taux plus élevé que la main-d'œuvre permanente et qualifiée des industries principales.

Le caractère hautement «saisonnier»des exploitations forestières ne favorise pas la formation d'une main-d'œuvre stable et efficiente. Ceci avait ses avantages lorsqu'il y avait abondance d'une main-d'œuvre saisonnière et peu exigeante, mais cette source de main-d'œuvre se tarit progressivement, par suite de l'industrialisation croissante des exploitations et des gages élevés que les ouvriers trouvent ailleurs. D'autre part, le grand avantage que présentait autrefois le traînage d'hiver a été, ou peut être réduit à néant par la mécanisation. L'auteur fait ressortir que, dans certaines conditions au moins, il n'est pas seulement possible, mais avantageux, de rendre l'exploitation et le transport entièrement indépendant des saisons, grâce à une mécanisation intensifiée. On signale que deux compagnies d'Ontario qui, depuis peu, exploitent pendant toute l'année, ont obtenu une stabilisation à peu près complète de la main-d'œuvre et un certain gain de rendement.

En fait, dans l'est du Canada, est apparu un accroissement du pourcentage de l'exploitation d'été du bois de papeterie. En d'autres parties du pays, et, également, dans certains autres pays septentrionaux, on a constaté une tendance plus ou moins nette à ne plus pratiquer l'exploitation du bois de papeterie uniquement pendant l'hiver, à accroître la proportion de la main-d'œuvre forestière permanente, et à généraliser l'exploitation mécanique et les voies de communication praticables en toutes saisons.

Les problèmes mentionnés ci-dessus sont intimement liés avec l'aménagement des forêts, et c'est de cette interdépendance que traite le second chapitre de ce livre. Un certain nombre d'articles furent rédigés spécialement pour ce livre par des forestiers et des exploitants du Canada, des Etats-Unis, et d'Europe, au sujet des mérites comparés de l'utilisation saisonnière et de l'utilisation continue de la main-d'œuvre forestière et des forêts.

D'après le système «nomade» actuel, basé sud l'utilisation intermittente des régions forestières, tout le bois de papeterie exploitable est pratiquement coupé en une seule fois, et l'entreprise d'exploitation se transporte alors vers un nouveau centre. L'exploitation progresse ainsi vers des régions moins accessibles. Des pertes importantes sont subies à la suite de l'abandon d'améliorations temporaires, des pertes de bois de l'exploitation de bois trop jeunes, etc. Il en résulte également que l'accroissement net en bois exploitable, par an et par hectare est peu important et le repeuplement souvent insuffisant. La plupart des mesures grâce auxquelles peuvent être réduites les pertes de bois, et l'accroissement et la production accrue sont rendus impossibles par ce genre d'exploitations nomades. Toutefois, l'application de ce système dans les régions écartées et peuplées d'arbres mûrs et hors d'âge, peut être, pour des raisons d'économie, absolument nécessaire. Dans les régions boisées les plus accessibles, et les plus riches, l'investissement des capitaux nécessaires pour assurer la permanence des exploitations et une foresterie plus intensive justifiera les économies importantes résultant de l'aménagement de ces forêts, d'une main-d'œuvre qualifiée et stable, et d'une exploitation ininterrompue, avec une productivité élevée et des frais peu élevés.

D'après les conclusions de cette étude, il existe cinq groupes de mesures liées entre elles, qui devraient être appliquées conjointement: (1) Exploitation étalées sur l'année entière, (2) Mécanisation des exploitations, (3) Main-d'œuvre compétente et suffisamment rémunérée, avec un nombre d'employés permanents suffisant pour une production annuelle minima, (4) Fonctionnement permanent de chaque chantier sur la base d'un rendement soutenu, et (5) Combinats de l'exploitation avec la sylviculture et la protection des forêts en vue d'obtenir le maximum d'avantages d'une foresterie rationnelle.

Etant donné que les exploitations de bois de papeterie varient énormément, dans l'est du Canada, suivant les facteurs psychiques, biologiques et économiques, auxquels s'ajoutent même quelques facteurs psychologiques importants, il n'est proposé aucune solution uniforme à ces problèmes d'aménagement. Il faut établir un programme particulier, propre à chaque cas, et beaucoup de recherches de détail doivent être poursuivies dans le domaine de l'aménagement des forêts en vue d'obtenir des indications précises sur les méthodes les plus efficaces.

RANGE MANAGEMENT - PRINCIPLES AND PRACTISES (Aménagement des massifs montagneux -Principes et méthodes) par A. W. Sampson, 570 pp. illus. John Wiley and Sons Inc., New-York, Chapman and Hall Ltd. Londres. 1952. 7,50 dollares des E.-U.

Ce nouvel ouvrage du professeur d'aménagement des massifs montagneux de l'université de Californie marque, certainement, une date dans l'histoire de la conservation et de l'utilisation rationnelle des terrains montagneux. Il ne pouvait être entrepris que par un chercheur, un écologue, mais il réunit aussi la substance et la qualité qui ne s'acquièrent qu'après toute une vie de travail sur le terrain. L'expérience du professeur Sampson remonte à sa jeunesse, passée sur la ferme familiale du Nebraska, dont une photographie montre les bâtiments, protégés par un épais rideau de pins et de feuillus.

Ce livre a le grand mérite d'offrir le plus haut intérêt dans son ensemble, et de faire une part égale à la théorie et à la pratique. L'auteur n'hésite pas à employer parfois le système des questions et des réponses notamment lorsqu'il s'agit d'étudier des problèmes aussi complexes que la lutte contre la végétation ligneuse nuisible des massifs montagneux des Etats-Unis, ou de tirer, des conclusions déjà formulées par la recherche scientifique, des enseignements d'ordre pratique. Il faut surtout féliciter l'auteur d'avoir envisagé tous les aspects de l'aménagement des massifs montagneux en groupant les principes et méthodes scientifiques de base, d'une part, et les facteurs d'ordre physique, économique et social d'autre part.

Examinons, en effet, rapidement, le plan de l'ouvrage. Il se divise en quatre parties. La première situe dans leur perspective exacte, les problèmes de l'aménagement des massifs montagneux. Après avoir fait ressortir l'importance de ces derniers au point de vue économique, non seulement pour les Etats-Unis, mais pour l'ensemble du monde, il explique les rapports entre les problèmes étudiés, d'une part, et la physiologie et l'écologie végétales, d'autre part. Après avoir examiné les caractèristiques des massifs des Etats-Unis l'auteur esquisse à grands traits leur évolution et en tire les conséquences. Il convient de noter particulièrement les passages qui étudient les associations végétales et leur évolution, dans les massifs montagneux. La deuxième partie traite uniquement de la botanique des principales espèces fourragères de la végétation d'altitude des Etats-Unis.

La troisième a trait à l'aménagement et à l'amélioration. Elle consacre l'attention nécessaire non seulement au réensemencement naturel mais aussi aux diverses méthodes artificielles qui ont fait leurs preuves aux Etats-Unis et à l'étranger. Facteur limitatif, les considérations d'ordre économique ne sauraient être négligées dans les programmes d'aménagement des massifs montagneux. Un chapitre spécial examine les méthodes de dosage des facteurs d'altitude permettant une détermination des états végétaux successifs que peut atteindre un massif montagneux, et pourtant, du mode d'aménagement lé plus avantageux.

Les problèmes de la protection des ressources naturelles sont traités dans les derniers chapitres. Un peu moins homogènes que les premiers, ceux-ci touchent à des questions aussi diverses que la protection du bétail contre les animaux prédateurs et les plantes nuisibles; la protection contre le bétail des précieuses ressources naturelles des montagnes en végétaux autres que les pâturages de parcours ou la protection des terrains montagneux contre l'érosion. Ces divers sujets n'ont d'autres traits communs que de se rapporter tous à la «protection», mais ils auraient difficilement trouvé place dans une autre partie de l'ouvrage. Il est regrettable que l'auteur n'ait pas ajouté au chapitre récapitulatif consacré au rôle protecteur que le terrain montagneux lui-même joue ou devrait jouer à l'égard d'autres terres ou du régime des eaux. Ce rôle est si important qu'il suffirait à justifier la création de services administratifs spécialisés comme ceux qui existent aux Etats-Unis, et qui sont décrits dans le chapitre final de l'ouvrage. Si en Amérique du Nord son importance va de soi, elle risque d'échapper au large contingent de lecteurs dont le livre du professeur Sampson mérite de retenir l'attention.


Page précédente Début de page Page suivante