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Les nouveaux villages forestiers de Grande-Bretagne

Par H. L. EDLIN, Commission forestière, Royaume-Uni

UNE des réalisations récentes et remarquables du programme forestier de la Grande-Bretagne a été la création de villages pour loger les travailleurs forestiers. Cette mesure est une partie intégrante du projet de la Commission forestière, tendant à restaurer et augmenter les ressources en bois du pays, qui envisage, en plus de la sauvegarde des forêts particulières, l'établissement, étalé sur une période d'environ cinquante ans, de 3 millions d'acres environ (1.200.000 ha.) de nouvelles forêts domaniales. La Grande-Bretagne, avec une densité moyenne de 550 habitants par square mile (212 au km²) semblerait n'offrir qu'un champ restreint à la création de nouvelles agglomérations. Mais cette population est très inégalement répartie et la majeure partie des terres qui pourraient être reboisées se trouvent dans des régions situées à une certaine altitude et dont la population est clairsemée, particulièrement en Ecosse, dans le Pays de Galles et dans les comtés du nord de l'Angleterre. Sur les 413 forêts créées par la Commission depuis 1919, beaucoup sont situées si loin des villes ou villages existants que le recrutement de la main-d'œuvre est un véritable problème. Bien que souvent quelques maisons, situées dans ou près d'une agglomération déjà existante puissent suffire, plusieurs régions forestières sont tellement écartées qu'elles manquent de toutes les commodités d'une commune complètement organisée. Ici, le Service forestier doit prévoir, et jusqu'à un certain point fournir: magasins, écoles, églises, auberges et salles de réunion, ainsi que des maisons d'habitation. Ce travail doit, naturellement, être accompli en coopération avec d'autres services publics centraux ou locaux qui s'intéressent aux aspects particuliers de la prospérité publique, telle que l'enseignement; mais le service forestier, qui seul a besoin de cette nouvelle main-d'œuvre, est le corps le plus directement intéressé. Il doit s'assurer les services d'experts urbanistes, d'architectes, d'ingénieurs et d'entrepreneurs, et consacrer son attention à des questions très éloignées de la sylviculture et de l'aménagement des forêts. Mais tout cela vaut la peine d'être réalisé et semble même essentiel, car sans une main-d'œuvre satisfaisante et sédentaire, on ne peut espérer mettre en valeur les forêts nouvellement établies.

La nécessité de nouveaux villages

Peu de travailleurs forestiers en Grande-Bretagne ont des ressources suffisantes pour construire ou acquérir leurs propres habitations; la plupart d'entre-eux sont locataires, payant leur loyer à la semaine. La maison rurale typique, ou cottage, bâtie en pierre ou en brique, est coûteuse à construire, mais peut durer de longues années. Une construction solide est essentielle, à cause du climat instable de la Grande-Bretagne, et le niveau de confort actuellement nécessaire est assez élevé. Dans les domaines forestiers privés, le propriétaire fournis généralement des cottages à quelques-uns ou à tous set ouvriers, et la Commission forestière a suivi la même politique depuis qu'elle a commencé ses travaux en 1919. Lorsque des terrains sont acquis pour être reboisés, quelques cottages sont souvent achetés en même temps et d'autres sont parfois construits plus tard, lorsque le besoin s'en fait sentir. Jusqu'au début de la seconde guerre mondiale, les plans de beaucoup de nouveaux cottages prévoyaient un petit terrain cultivable attenant, formant un ténement désigné sous le nom de Forest Workers Holding (Domaine de l'ouvrier forestier); cette disposition permettait au titulaire de partager son temps, sur une base convenue, entre le travail dans les bois et le travail sur sa propre terre. Ces mesures furent suffisantes pendant les premières années de l'extension des forêts domaniales, lorsque seul un petit noyau d'hommes était nécessaire pour la plantation et l'entretien de chaque forêt. Mais l'extension des programmes de boisement, les nouvelles méthodes de lutte contre les incendies, et surtout l'importance sans cesse croissante des travaux d'exploitation, qui se développent dès que les jeunes peuplements atteignent l'âge des éclaircies, ont rendu indispensable, dans la plupart des grandes forêts, la concentration des nouvelles maisons d'habitation en villages ou petits hameaux.

Il faut mentionner brièvement deux méthodes permettant de fournir de la main-d'œuvre aux forêts nouvelles; toutes deux sont encore employées, jusqu'à un certain point, comme expédients temporaires, mais aucune ne pourra faire face aux nécessités d'un avenir éloigné. L'une est la création d'hôtels, dans lesquels vivent les travailleurs, qui sont généralement de jeunes hommes célibataires. Etant donné qu'il faut fournir les constructions et le personnel domestique, cette méthode ne parait pas beaucoup moins coûteuse, en tant que dépenses courantes pour chaque travailleur actif, que le village. Son plus grave inconvénient est cependant qu'elle ne permet pas d'attirer une main-d'œuvre stable; on recrute facilement les hommes, mais, n'ayant pas de domicile permanent, ils s'en vont tout aussi facilement; on ne peut donc compter sur ces hôtels pour attirer et retenir un personnel stable d'ouvriers qualifiés et expérimentés. La seconde méthode consiste à assurer le transport des hommes depuis la ville la plus proche. Ici encore, lés frais de transport et le temps perdu pendant le trajet rendent le prix de la main-d'œuvre à peine moins élevé que les frais nécessités par le logement de ces hommes près des forêts où ils travaillent. Comme c'est le cas pour les hôtels, il n'existe aucune certitude de pouvoir constituer un personnel permanent, car les habitants des villes sont bien placés pour trouver un autre emploi. Mais ce qui est pis, du point de vue du forestier local, c'est le fait que ces hommes ne peuvent être rapidement rassemblés pour combattre un incendie de forêt, ou pour faire face à un autre danger semblable. Le coût initial d'un village forestier peut être élevé, lorsqu'on le compare avec ces expédients, mais il représente un investissement permanent dans le domaine forestier considéré dans son ensemble.

La plus vaste des nouvelles forêts de Grande-Bretagne sera le groupe situé à la frontière écossaise, centré sur la forêt de Kielder. On construit actuellement le nouveau village, dont la maquette est reproduite ci-dessus, sur une boucle abritée de la rivière North Tyne. L'emplacement actuel se trouve à gauche de Kielder Castle, au centre de la photographie reproduite à la page opposée. Cette photographie a été prise en 1918, avant que la construction du village n'ait été commencée, et le site est vu ici dans la direction opposée à celle de la maquette.

Financement des villages et de leurs services publics

Ces nouveaux villages sont construits à une époque où de nombreuses difficultés, dues en grande partie à la seconde guerre mondiale, doivent être surmontées. On doit faire face à la pénurie de matériaux de construction, spécialement de bois d'œuvre, jointe, en certains districts, au manque de main-d'œuvre qualifiée. Les frais de construction sont élevés, et le Gouvernement doit, dans la plupart des cas, fournir une subvention pour la construction des maisons d'habitation; mais les nouveaux villages forestiers, étant construits par un service d'Etat, ne bénéficient d'aucune aide financière de l'Etat. Le coût de ces constructions est payé à l'aide de crédits ouverts par la Commission forestière, dans le cadre général de mise en valeur des forêts. Le loyer payé par les travailleurs forestiers est fixé à un chiffre très modéré, qui, après avoir couvert les réparations périodiques habituelles, est à peu près suffisant pour compenser la dépréciation du capital représenté par chaque habitation; mais il n'est pas suffisant pour assurer un revenu appréciable du capital investi. La valeur de ce projet doit s'estimer en tenant compte de l'avantage d'une main-d'œuvre suffisante et qualifiée, et d'une protection efficace contre l'incendie. Il doit naturellement être bien entendu que toutes les maisons destinées aux ouvriers forestiers doivent être occupées par des hommes employés dans les forêts de l'Etat et que toutes les habitations doivent être louées sous cette condition.

En dehors de son loyer, chaque occupant doit payer une taxe locale, qui sert à amortir les dépenses du County Council (Conseil du comté) pour son district et de certains autres services publics de la localité. Toutefois, les dépenses de ces services sont couvertes en partie à l'aide de fonds provenant du Gouvernement central. L'occupant d'une habitation appartenant à la Commission forestière est soumis à ces taxes tout comme un autre locataire, et jouit, en retour, des mêmes prestations. Les services publics qui absorbent la majeure partie de ces taxes sont généralement les écoles primaires, l'entretien des grand'routes, les services d'hygiène et les services sociaux, la police locale, et l'établissement de brigades de sapeurs-pompiers et de bibliothèques publiques. Quoique l'organisation de ces services sociaux incombe avant tout aux fonctionnaires locaux de l'Etat agissant en liaison avec les administrations centrales la Commission forestière peut très souvent y contribuer, surtout pendant la période initiale d'établissement d'un village forestier, en particulier, en fournissant l'emplacement nécessaire à l'édification des écoles et autres édifices publics du même genre, elle peut apporter une aide matérielle, à peu de frais.

Village forestier projeté

Le projet d'établissement d'un village complet, lorsqu'on prévoit qu'une agglomération nouvelle se développera jusqu'à former un village, appelle en réalité l'attention sur plusieurs aspects de la vie sociale qui ne présentent pas autant d'importance lorsqu'il ne s'agit que de la construction de quelques habitations isolées. En même temps que la construction de maisons d'habitation, il faut prévoir les services auxiliaires, tels que la voirie, les canalisations d'eau, les égoûts et l'enlèvement des ordures ménagères et, si cela est possible, la distribution du courant électrique. La seconde nécessité, par ordre d'urgence, est généralement la construction d'une maison commune, qui servira de lieu de réunion pour toutes espèces d'activités communales, en particulier pour les fêtes et spectacles, tels que bals, concerts, représentations théâtrales et projections cinématographiques. Le manque de boutiques n'est généralement pas trop gênant dans ces localités éloignées, parce qu'elles sont desservies par des camionnettes de commerçants de la ville la plus proche, jouant en fait le rôle de boutiques mobiles. Mais, pour les besoins journaliers, un commerce local est infiniment souhaitable, et le plan d'un village prévoit la construction d'un certain nombre de boutiques; dans chaque village, la première boutique doit être une sorte de magasin général, où l'on peut se procurer de l'épicerie, des friandises, du tabac, des articles de papeterie, et une grande variété d'autres articles, et si possible aussi assurer le service postal.

On doit également se préoccuper de l'approvisionnement en lait, quoique celui-ci provienne généralement des fermes subsistant sur les meilleures terres agricoles voisines de la forêt. Il faut construire une école dès les débuts, sinon les enfants devraient faire chaque jour un long trajet à pied ou en autobus pour se rendre à l'école la plus proche, qui pourrait devenir surpeuplée. Il faut également satisfaire aux besoins religieux de la population, et ceci est compliqué par le fait que, dans la plupart des districts, on se trouve en présence de deux ou trois religions, et chacune d'entre-elles peut exiger son église ou sa salle de réunion séparées. L'auberge du village est une des caractéristiques traditionnelles de presque tous les villages anglais, et, en plus de la simple auberge, la situation écartée de quelques-uns de ces villages forestiers peut rendre nécessaire la construction d'un hôtel pour héberger les visiteurs de passage. Les communications sont très importantes, et le service postal existant devra vraisemblablement s'augmenter de boîtes aux lettres et de cabines téléphoniques, et, peut-être d'un nouveau bureau de poste. Les transports publics jusqu'au marché le plus proche, soit par voie ferrée, soit par autobus, devront être assurés à des heures convenables, et il faut prévoir des garages pour autos pour compléter ces services, ainsi que des terrains affectés aux loisirs et des terrains de jeux pour les enfants. A titre d'indication sur ce que doivent comprendre ces plans des villages futurs, il a déjà été envisagé un emplacement pour les habitations des policiers locaux, l'organisation d'un service bancaire, et même des terrains réservés pour les cimetières.

Un service forestier sortirait du domaine normal de son activité s'il se mettait lui-même à organiser des écoles ou services d'autobus, ou à gérer des hôtels. Pour ce faire, il doit donc coopérer avec les services compétents de la localité, qui peuvent être soit un organisme gouvernemental, soit une entreprise nationalisée, une société formée dans ce but, une association religieuse ou une firme commerciale, afin d'assurer l'organisation de ces services et de subvenir aux besoins des habitants du village. S'il en est autrement, si attrayantes que soient les habitations, ou si bas que soient les loyers, la commune ne prospère pas. Il faut donc, dans les plans originaux, réserver une place pour tous les services essentiels.

Chaque village n'appelle pas l'organisation complète de tous ces services. Parfois, le site choisi est proche de la canalisation principale d'eau ou d'électricité, ou d'une ligne d'autobus, mais chaque stade de la création soulève son problème propre, dont la solution doit être particulière à chaque localité. A côté des besoins des habitants, les exigences de l'aménagement forestier ne doivent pas être perdues de vue. Un village est le centre tout désigné des services administratifs, des entrepôts, et du dépôt de matériel de lutte contre les incendies; on devra vraisemblablement y établir, soit immédiatement, soit dans l'avenir, des scieries ou autres installations de transformation des produits forestiers. On doit, dans l'établissement des plans, prévoir toutes ces installations.

Il est évident que la création d'une commune aussi complète exige du temps, et, dans la pratique, elle sera mieux réalisée si l'on procède par tranches bien définies. La plupart des plans d'urbanisme de ces centres ruraux prévoient une succession de «tranches». Ainsi, la première «tranche» comprend généralement un petit groupe d'habitations pour répondre aux premiers besoins des hommes employés aux travaux de boisement; la seconde «tranche» peut ajouter quelques maisons d'habitation pour les hommes qui sont chargés de pratiquer les premières éclaircies, et, également, le premier magasin et la maison commune; la troisième «tranche» pourra comprendre la construction de nouvelles habitations, un autre magasin, une église et une auberge; en dernier lieu, on pourra ajouter des scieries, ainsi que quelques autres maisons d'habitation pour leur personnel. Grâce à ce système d'agrandissements successifs, les habitations ne sont construites qu'au fur et à mesure des besoins et les investissements de capitaux nécessaires à ces travaux sont étalés sur une longue période. Naturellement, il est indispensable qu'il existe un plan d'ensemble, de telle sorte que chaque stade de la construction conduit au stade suivant, et, dans la pratique, le plan d'ensemble du village est établi dans ses grandes lignes avant que ne commencent les travaux de la première «tranche». Le premier stade est souvent le plus coûteux, car il comporte les travaux préliminaires de défrichement du terrain, la construction des routes, l'établissement des canalisations d'eau et d'électricité et des égoûts. Par exemple, on peut avoir à établir une canalisation principale pouvant alimenter 250 maisons, alors que 50 maisons d'habitation seulement seront d'abord construites. Mais, à la longue, un plan complet s'avérera économique.

La construction des villages destinés à abriter les ouvriers forestiers doit être entreprise avant que les nouvelles forêts ne se soient développées. Le site dénudé situé à l'arrière-plan de Llwyn-y-Gogg fera un jour partie de la forêt de Harren, dans le nord du Pays de Galles. Le tracé définitif du village est reproduit ci dessus, et on voit ci-dessous les premiers groupes de maisons déjà habitées.

 

Organisation de la construction d'un village

Une des caractéristiques importantes de ces villages, et de l'administration générale des services de logement de la Commission forestière est la nomination, à titre de membres permanents du personnel de ce service, d'agents immobiliers qualifiés. Ces hommes, fonctionnaires des Domaines, travaillent en liaison avec les ingénieurs forestiers, et font partie du même corps technique. Toutefois, la formation qu'ils ont reçue concerne surtout l'administration des domaines, et ils sont membres pleinement qualifiés des associations professionnelles compétentes. Ils assurent la continuité indispensable à la réalisation des plans, et ils coordonnent les travaux des architectes, des ingénieurs et des entrepreneurs avec le programme général d'aménagement forestier. Un haut fonctionnaire des Domaines est attaché au bureau de chacun des onze Conservateurs des forêts tandis que l'un de ses assistants, généralement un ingénieur des travaux, contrôle le travail sur le chantier même.

Le plan proprement dit du village est établi par un architecte qualifié, qui n'est pas employé d'une manière permanente par la Commission forestière, mais est nommé en vue d'un projet particulier. Il est assisté d'un géomètre et d'un métreur, et si l'emplacement nécessite des travaux importants, on peut également faire appel à un ingénieur civil. Tandis que l'architecte établit l'implantation et les plans des bâtiments, et exerce un contrôle général des travaux, la construction elle-même est exécutée par des entreprises, plusieurs soumissions étant généralement reçues avant que les travaux ne soient adjugés. Parfois, deux architectes peuvent être employés simultanément, l'un étant chargé du plan d'ensemble du village, et l'autre des plans et de la construction des habitations. Les honoraires de ces spécialistes sont fixés suivant un barême établi par leur association professionnelle.

On n'a pas tenté de normaliser les plans d'ensemble, les plans des habitations, ni même les matériaux empleyés. Différents architectes sont employés suivant les villages, et, dans un même village, ils sont, jusqu'à un certain point, encouragés à varier les plans des maisons d'habitations. On espère, de telle sorte, donner à chaque nouveau village son individualité propre, et, de plus, tirer le meilleur parti possible du terrain dont on dispose. L'emplacement lui-même est soigneusement choisi, et lorsqu'aucun terrain convenable ne peut être trouvé dans la forêt même, il est parfois nécessaire d'acquérir un terrain à proximité.

La première proposition visant la création d'un village forestier émane généralement du Conservateur des forêts de la région intéressée, qui est à même de prévoir la nécessité d'une augmentation de personnel lorsqu'une forêt déterminée prend de l'extension. Si cette proposition est approuvée par les autorités supérieures, les crédits nécessaires sont ouverts, et la construction du village est entreprise sous le contrôle du service des Domaines. Au début de l'application de ce programme, d'autres services gouvernementaux prêtaient leur assistance ainsi parfois que certaines autorités locales, appliquant des programmes de construction semblables, mais d'une manière générale, le service forestier contrôle maintenant lui-même l'exécution des contrats.

L'achèvement de la construction d'un village, ou d'une certaine étape de cette construction, est généralement l'occasion d'une inauguration officielle par une notabilité locale. Ceci contribue à faire connaître à la presse et au public l'existence de cette nouvelle commune, ce qui peut ensuite lui attirer une attention sympathique si naissait quelque problème, en ce qui concerne, par exemple, les transports ou l'enseignement. On trouve facilement des occupants pour ces nouvelles habitations, la priorité étant donnée aux jeunes hommes déjà employés par la Commission forestière désirant se marier et fonder un foyer, ou obtenir un logement plus vaste et plus confortable pour une famille déjà fondée. Toutefois, parmi les premiers occupants, un certain nombre ont abandonné des emplois dans les villes parce qu'ils préféraient travailler en forêt, à condition que le niveau de vie y soit satisfaisant. Les villages forestiers ont ainsi contribué à enrayer la dépopulation des zones rurales, qui était devenue un grave problème dans certaines régions de Grande-Bretagne.

Le programme de la commission du logement

Les statistiques montrant les progrès réalisés par la construction n'ont pas été établies séparément pour les maisons construites dans les villages forestiers, et celles construites ailleurs, mais pour donner une idée de l'ampleur de l'effort réalisé pendant l'année qui s'est achevée le 30 septembre 1951, les dépenses effectuées pour les nouvelles constructions se sont élevées à près de un million de livres sterling, 324 maisons ont été achevées, et 636 autres sont en cours de construction. Le nombre total des cottages, acquis ou construits, appartenant à la Commission forestière, est, actuellement, de 1.686, tandis que 1.466 autres sont la propriété de travailleurs forestiers, soit au total 3.152 habitations. On estime que, pour deux maisons, il devrait y avoir trois nouveaux arrivants parmi les travailleurs forestiers, ce qui représente actuellement des logements pour environ 4.700 hommes ou jeunes gens, soit environ un tiers de la main-d'œuvre, totale du Service, qui s'élève à 12.300. Le nombre total d'habitants, comprenant tant les travailleurs forestiers que ceux qu'ils entretiennent, vivant dans les maisons d'ouvriers fournies par la Commission forestière, n'a pas fait l'objet d'un recensement exact, mais approche probablement 10.000. En dehors de ces logements ouvriers, le Service a également prévu 475 maisons pour les forestiers chargés de la surveillance. Le programme n'envisage pas de loger chaque ouvrier dans une maison appartenant au Service; beaucoup d'entre-eux, vivent, par exemple, dans des maisons construites par les autorités locales telles que les County Councils (Conseils de Comtés), pour répondre aux besoins généraux de leurs districts en matière de logement. Mais, sur la base d'un homme pour 50 acres (20 ha.) de forêt productive, il semble que l'effectif des ouvriers nécessaires pour les forêts domaniales, dont la superficie totale définitive atteindra 3 millions d'acres (1.200.000 ha.), sera d'environ 60.000 hommes, exigeant quelque 40.000 maisons d'habitation. Si la Commission forestière en fournit environ la moitié, il restera encore à en construire environ 17.000 au cours des 45 prochaines années. Ce programme sera donc un programme à long terme, exigeant des plans préalables, et, bien que quelques-uns des projets dont nous allons parler puissent apparaître quelque peu ambitieux, ils sont néanmoins proportionnés à l'envergure des travaux prévus dans les forêts.

Dans les villages de la Commission forestière, les cottages destinés aux travailleurs forestiers ont été soigneusement conçus pour s'harmoniser avec le paysage. Ceux qui sont représentés ci-dessus à la lisière même de la forêt sont des constructions suédoises en bois. Ce magnifique site se trouve dans la forêt de Glenbranter, dans le Parc forestier national d'Argyll en Ecosse.

Llwyn-y-Gog, village type

Pour montrer, par un exemple concret, comment sont menés les travaux, nous pouvons étudier le développement actuel d'un village type. Ce village est Llwyn-y-Gog, situé près de la forêt de Hafren, dans le Comté de Montgomery, dans le centre du Pays de Galles. «Llwyn-y-Gog» signifie «Le Bois du Coucou», tandis que «Haffren» est le nom gallois primitif de la rivière Severn, qui prend sa source dans la forêt, sur les pentes de Plynlimon, colline de 2.427 feet (740 m.) d'altitude. C'est une très jeune forêt, qui a été constituée il y a seize ans seulement, en 1937, par l'acquisition de douze fermes d'élevage de moutons, situées sur la, colline. Sa superficie totale est de 10.614 acres (4.250 ha.), dont trois-quarts environ (7.506 acres ou 3.000 ha.) peuvent être boisés. Le quart restant, comprenant la majeure partie des meilleures terres, est réservé pour l'agriculture, et, les fermes étant encore toutes exploitées, quoique la superficie de leurs terres ait été réduite, les bâtiments ne peuvent abriter qu'un petit nombre d'ouvriers forestiers. En premier lieu, alors que commençait seulement la plantation des arbres, on recruta une main d'œuvre suffisante parmi les habitants de ces cottages, quoique la population pastorale de ces hautes terres soit très clairsemée; plus tard, il devint indispensable d'amener chaque jour en camion des hommes de Llanidloes, le centre rural le plus proche, distant d'environ 9 miles (14 km. ½). Excepté pendant les heures régulières de travail, on n'avait pas sous la main de personnel régulier pour combattre les incendies de forêt. En 1951, les plantations couvraient presque 5.000 acres (2.000 ha.); on plantait 700 acres (280 ha.); chaque année, 100 acres (40 ha.) des plus anciennes plantations devaient être éclaircis, et il était visible que, dans quelques années, il faudrait appliquer un programme annuel de coupes d'éclaircie beaucoup plus important. Plus de cinquante hommes étaient déjà employés, et il était évidemment peu commode d'avoir à les amener chaque jour d'une ville éloignée.

Les maisons de Santon Downham, ville située dans la vaste forêt de Thetford, à l'est de l'Angleterre, sont d'un type différent des maisons des autres villages illustrés dans cet article. On a pris soin ici de grouper les cottages suivant la coutume traditionnelle du sud de l'Angleterre, autour de la «pelouse» du village. Contrairement aux villages figurant dans les illustrations précédentes, celui-ci est situé dans une région de plaines basses.

En 1948, la Commission forestière, ayant choisi un emplacement en accord avec le Conseil du Comté de Montgomeryshire, engagea un éminent architecte gallois, Mr. T. Alwyn Lloyd, de Cardiff, et le chargea d'établir les plans d'un village qui devrait comporter 80 maisons d'habitation, avec au moins un magasin, une école et une maison commune. On a construit une première «tranche»de vingt maisons, qui, avec huit autres maisons situées à quelques kilomètres de là, peuvent abriter la moitié des hommes employés. On commença à construire en 1949, et les maisons furent habitées en 1951. Chaque maison comprend généralement:

Au rez-de-chaussée: une entrée, un salon, une vaste cuisine qui sert également de living-room, avec une arrière-cuisine et un office attenants.

Au premier étage: trois chambres à coucher, une salle-de-bains, water-closet à part, et placards.

Dehors: buanderie, water-closet, bûcher et abri à bicyclettes. Chaque maison possède environ 3 acres (un peu plus d'un hectare) de jardin.

L'alimentation en eau a été assurée en barrant le lit d'un petit torrent de la forêt, en installant un bélier et en construisant un petit réservoir. Une installation d'épuration des eaux usées a été construite. Il existe une centrale électrique provisoire qui, d'après les projets, doit être remplacée par une ligne de transport du Réseau National. Les rues du nouveau village sont reliées à une grand'route qui passe à proximité, et on a conclu un accord avec la compagnie locale d'autobus pour qu'elle établisse un service une fois par semaine, le jour du marché, entre le village et la ville de Llanidloes. Une école et un service postal existent au hameau de Staylittle, à 1 ½ miles (2 km. 500) du nouveau village; on a récemment proposé de les établir dans le village même. Il existe également à Staylittle plusieurs chapelles pour les services religieux. L'auberge la plus proche se trouve à 3 miles (4 km, 800) de distance.

Le premier bâtiment communal achevé à Llwyn-y-Gog, est la maison commune temporaire, inaugurée en octobre 1951. Elle a été construite par la Commission forestière, mais a été louée à des administrateurs locaux, qui en ont assumé la direction. La salle principale mesure 80 feet sur 20 feet (24 m. sur 6); il y a une scène et plusieurs salles de moindres dimensions. Elle est déjà utilisée pour des tournois de whist; des représentations théâtrales, des concerts, des réunions politiques comme siège de la branche locale de l'institut féminin, de la bibliothèque du Comté, et de l'organisation de protection de l'enfance du comité local d'hygiène. La plus proche maison commune étant située à neuf miles (14 km. 500) à Llanidloes, l'utilité de ce lieu de réunion pour la nouvelle commune est indéniable. Les autres bâtiments communaux, en projet à l'heure actuelle, comprennent un bazar et une série de garages individuels pour abriter les voitures et les motocyclettes. Une ceinture de protection de feuillus et de conifères a été établie autour du village. Les maisons ont été occupées dès leur achèvement; treize des occupants sont des Gallois, presque tous de langue galloise, tandis que les sept autres sont venus d'Angleterre. Avec leurs femmes et leurs enfants, ils composent déjà une commune de plus de soixante-dix habitants; des agrandissements futurs doivent élever ce chiffre à plus de 300.

On peut observer la même évolution, sur une plus ou moins grande échelle, dans la plupart des forêts où la création de nouveaux villages a été jugée indispensable. Dans les bois du Lac Wyrnwy, dans le Monigomeryshire, existe un intéressant projet commun, à la Commission forestière et au Service des Eaux de Liverpool, qui gèrent conjointement les bois situés autour du réservoir, et également le Conseil du Comté de Montgomery, qui est chargé de l'enseignement dans le district. Vingt maisons ont été construites, formant le nouveau village de Abertridwr, près de Llanwddyn, et l'école est conçue pour servir également le soir de maison commune, épargnant ainsi les frais supplémentaires d'une nouvelle construction.

Les projets de la Tyne du Nord

Des travaux de grande envergure sont en cours d'exécution dans la vallée de la Tyne du Nord Northumberland, le Comté le plus septentrional d'Angleterre, près de la frontière d'Ecosse. Là, trois forêts voisines: Kielder, Wark et Redesdale, couvrent une superficie totale de 121.500 acres (49.000 ha.) ou 190 square miles (490 km²) Sur cette superficie, 48.500 acres (19.500 ha.) ont déjà été plantés, et l'on prévoit que 82.500 acres (33.500 ha.) seront ultérieurement boisés. Ce territoire s'est trouvé disponible pour l'application d'un vaste programme de boisement, car il était impropre à une utilisation agricole économique, et il ne comportait, à l'époque où il a été pris en charge, aucune agglomération suffisamment importante pour être appelée village, mais seulement quelques fermes isolées sur les collines. Sur la base d'un homme pour 50 acres (20 ha.) effectivement boisés, il est évident qu'il faudra recruter dans l'avenir environ 1.650 ouvriers forestiers permanents, de telle sorte que, leurs familles comprises, la population totale de cette nouvelle région forestière s'élèvera à 5.000 habitants environ. Un nombre d'habitants si élevé est nettement trop important pour un seul village, et, en fait, sept villages sont prévus, dont trois sont déjà en cours de construction. Afin de tirer le meilleur parti possible de cette occasion exceptionnelle de reconstruction rurale, la Commission forestière s'est assuré les services du Dr Thomas Sharp, un des plus éminent conseillers de Grande-Bretagne en matière d'urbanisme, et qui est lui-même originaire du nord-est. Le Dr Sharp dirige depuis plusieurs années l'établissement du projet, l'étudiant dans ses moindres détails, depuis l'emplacement le plus favorable et le plan de construction en harmonie avec le cadre, jusqu'à la dénomination des nouvelles rues. Chaque village a son plan propre, et dans chacun d'eux, bien qu'ils soient entourés par la forêt, des espaces suffisants ont été réservés pour les jeux et les sports. Dans la forêt même de Kielder, une centaine d'habitations disséminées le long des quinze miles (24 km.) de la vallée de North Tyne, ont déjà été mises à la disposition des ouvriers forestiers - quelques-unes étant d'anciennes demeures adaptées, quelques-autres nouvellement construites - avant que l'on ne commence à établir les fondations des nouveaux villages; mais il est évidemment préférable, tant au point de vue de l'aménagement forestier, qu'au point de vue de la vie sociale, de grouper plus étroitement les futures constructions.

Le nouveau village de Kielder est construit autour d'un ancien rendez-vous de chasse, Kielder Castle, qui est maintenant utilisé en partie pour les bureaux de l'administration forestière, en partie pour un club. Il y a également une station de chemin-de-fer, et un groupe de dix-huit maisons destinées aux ouvriers forestiers, bâties avant 1939. La première «tranche» d'après-guerre, soit vingt habitations nouvelles, fut achevée en mai 1952, et le nouveau village fut inauguré officiellement par le Président de la Commission forestière, Lord Robinson of Kielder Forest and Adelaide, dont le titre tire son origine en partie de la nouvelle forêt, et en partie de sa ville natale, en Australie. Actuellement, on travaille activement à la seconde «tranche» de trente-huit maisons, situées en terrain plat, dans une boucle de la rivière, au lieudit Butteryhaugh. Le plan complet prévoit 250 habitations, groupées autour d'une place centrale, avec une église, une salle de fêtes, une auberge, une rangée de magasins, une école et des terrains de jeux. La population définitive dépassera 1.000 habitants.

Dans la forêt de Redesdale, quarante-sept maisons formant le nouveau village de Byrness, sont déjà prêtes à être occupées; quoique situé au cœur de la forêt, il est en bordure d'une des rares grand'routes qui relient l'Angleterre à l'Ecosse. Dans la forêt de Wark, au sud, on travaille à la construction du nouveau village de Stonebaughshields, qui comprendra par la suite plus de 100 habitations. D'autres projets sont en cours d'exécution dans les comtés septentrionaux d'Angleterre; mais plus au sud, les forêts sont généralement moins vastes, et la population plus dense, de telle sorte que la nécessité d'édifier des centres forestiers importants se fait rarement sentir.

Santon Downham Village

Toutefois, dans la forêt de Thetford Chase, à la limite du Norfolk et du Suffolk, l'accroissement des besoins en main-d'œuvre consécutif au boisement - puis à l'utilisation croissante - des 33.000 acres (13.400 ha.), qui, jusqu'à là n'avaient été presque uniquement que des landes de bruyères stériles, a nécessité la création d'un nouveau village à Santon Downham, près de la petite ville industrielle de Brandon. Un intérêt particulier s'attache à ce village, parce qu'il fait revivre une très ancienne agglomération et représente probablement les tout premiers efforts de la Commission forestière pour créer de nouvelles communes. La vieille église de Santon Downham renferme une maçonnerie romane datant du onzième siècle; mais quand ces terres furent acquises pour être boisées, en 1922, il restait peu de traces de l'ancien village, et la paroisse formait un domaine de chasse entourant le manoir de Santon Downham Hall. Quand celui-ci fut démoli, six cottages, qui en dépendaient, devinrent disponibles pour les ouvriers forestiers. De plus, les dépendances, telles que écuries et remises à voiture, étaient si solidement construites, que l'on constata qu'elles pourraient être converties en maisons d'habitation, de telle sorte que l'on obtint ainsi seize autres maisons. Puis une boutique fut ouverte, et les ouvriers organisèrent eux-mêmes une salle de réunion et un club sportif, avec un court de tennis et un terrain de cricket.

Après 1945, l'extension travaux forestiers conduisit à la création d'une place de dépôt à Brandon, de bureaux administratifs, d'un dépôt de matériel et d'un centre de lutte contre les incendies à Santon Downham. Des plans furent alors établis pour une extension considérable du village. Le projet prévoit la construction de quatre-vingt nouvelles maisons, groupées autour d'une pelouse centrale située près de la vieille église, ainsi que la maison commune habituelle, les magasins et les terrgins de jeux. Entre 1947 et 1949, les quarante-et-une premières maisons furent achevées, formant une agréable résidence au cœur de la forêt de pins. La plupart des nouvelles habitations sont en briques, mais six d'entre-elles sont des maisons de bois préfabriquées importées de Suède, tandis qu'à Brandon furent montées deux maisons en thuya venant du Canada.

Villages forestiers en Ecosse

Le premier village forestier établi en Ecosse est celui de la forêt de Ae, situé à environ neuf miles (14 km, 500) au nord de la ville de Dumfries. Là, 5.500 acres (2.200 ha.) de collines, ont graduellement été boisés, principalement en épicéa, depuis 1927; lorsqu'elles seront achevées, les plantations auront une superficie de 8.000 acres (3.200 ha.). Les quelques fer mes etcottages isolés procurèrent peu de main-d'œuvre, mais jusqu'en 1947, les besoins furent satisfaits par la construction de dix cottages, parmi lesquels plusieurs bungalows de bois couverts de bardeaux de thuya du Canada. Des plans furent ensuite établis pour le nouveau village de AC, qui doit comprendre quatre-vingt maisons et les édifices publics habituels. La première pierre fut posée la même année, lors d'une cérémonie officielle à laquelle participa Mr. Thomas Johnston, Forestry Commissioner et ancien Secrétaire d'État pour l'Ecosse. Un premier groupe de quatorze maisons fut achevé en 1950, et un autre groupe de seize en 1951. Dessinées par un architecte d'Edimbourg, ces maisons sont conformes au plan traditionnel écossais, hautes, avec d'étroites fenêtres, des murs blancs et des toits gris, et s'harmonisent avec le paysage de colline.

Plus à l'ouest, mais toujours dans les collines méridionales, un vaste projet est en voie d'exécution au Parc National forestier de Glen Trool, dans les comtés de Ayrshire et de Kirkcudbrightshire, où se trouvent 116.500 acres (47.000 ha.) de collines, formant cinq massifs forestiers distincts; 14.000 acres (5.700 ha.) sont déjà plantés, tandis que 31.000 acres (12.500 ha.) restent encore à boiser. Il n'y a pas de ville importante et très peu de villages, dans toute la région, et pour accomplir les premiers travaux, il fallut amener chaque jour les hommes de pays situés à vingt miles (32 km.) de distance. Actuellement, les plans d'un village, qui doit recevoir le nom de Minnoch, comme la rivière voisine, ont été établis pour la forêt de Glen Trool elle-même il doit se composer de 110 habitations, et les quarante premières sont déjà en chantier. Dans cette région d'Ecosse, pour différentes raisons, deux méthodes sont actuellement suivies - dans certains cas de petits écarts sont juxtaposés à des villes ou villages déjà existants, tandis qu'ailleurs, des villages complètement nouveaux sont créés.

Les Hautes Terres d'Ecosse, où la foresterie joue un rôle particulièrement important pour arrêter l'exode de la population rurale, n'ont, jusqu'à présent, pas fourni l'occasion de construire de villages forestiers importants. Une main-d'œuvre suffisante est souvent recrutée parmi d'anciens agriculteurs ou les pêcheurs, qui se tournent vers la foresterie, forme d'activité plus lucrative. Là où la création de nouveaux villages est jugée indispensable, il est souvent difficile de trouver dans les vallées étroites et accidentées un emplacement favorable à l'établissement d'un village. En conséquente, la construction tend à prendre la forme de petits écarts, situés près d'une grand'route, à un mile ou deux (1,5 à 3 km.) d'un village déjà existant. On trouve un exemple typique de cette disposition dans la forêt de Loch Ard, dans le Pertshire, où cinq de ces hameaux - Braeval, Balleich, Corrie, Renagour et Kinlochard - ont été construits à quelques miles de Aberfoyle, centre municipal. Dans le Parc National forestier d'Argyll, des groupes de maisons ont été édifiés pour desservir les forêts de Benmore, Glenbranter et Glenfinart; quelques-unes d'entre-elles sont des maisons de bois préfabriquées. Elles ont été amenées de Suède en éléments démontés, et ont donné toute satisfaction à l'usage, en dépit des précipitations exceptionnellement élevées, qui atteignent parfois 100 inches (250 cm.) par an en cette région. Des projets semblables sont en cours d'application dans tous les comtés des Hautes Terres, et, dans quelques-unes des forêts, les plus écartées, ils peuvent s'avérer la clé de l'utilisation de ces terres qui sont restées si longtemps incultes. A Dalavich, par exemple, sur la rive occidentale du Loch Ave, en Argyll, un nouveau groupe de trente-et-une maisons fournit la main-d'œuvre pour les forêts d'Inverliever et de Inverinan, dans une région très éloignée des anciennes agglomérations, en un point accessible seulement par eau, ou par bien des kilomètres de mauvaises routes, la ville la plus proche, Oban, étant à trente miles (48 km.) de là.

Pourquoi construit-on des villages forestiers?

La construction des villages forestiers sous-entend la conviction que l'ouvrier doit être logé d'une manière convenable avec sa famille, près de la forêt qui lui procure du travail, et qu'on doit mettre à sa portée un minimum de vie sociale. De cette façon on peut recruter le personnel indispensable aux exploitations forestières, et éviter l'exode des populations rurales vers les villes. Une main-d'œuvre stable et satisfaite de son sort remboursera largement les frais et les efforts consentis.


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