J. A.Hall, J. F. Saeman, et J. F. Harris
Note résumée1
1 Préparée à la demande de la FAO en relation avec le travail du comité technique de la chimie du bois.
par J. A. HALL, Directeur, J. F. SAEMAN, Chimiste, et J. F. HARRIS, Ingénieur chimiste, Laboratoire des produits forestiers, Service forestier, Département de lagriculture des Etats-Unis
NOTE. Le laboratoire de produits forestiers de Madison, Wisconsin, est subventionné en collaboration avec lUniversité du Wisconsin.IL EST peu de procédés de fabrication, en chimie industrielle, dont lhistoire soit aussi longue que celle de la saccharification du bois. Dès les débuts de la chimie organique, la curiosité des savants a été attirée par le fait que la plupart des déchets cellulosiques contiennent deux tiers dhydrates de carbone. Par un traitement approprié ces hydrates de carbone peuvent être transformés en sucres, utilisables comme aliments ou pour la fabrication de produits chimiques.
En dépit des premiers espoirs, et de tout un travail de recherche et de mise au point, la saccharification du bois na pas répondu à ce quon en attendait. Son histoire a été faite de déceptions, avec près dune vingtaine déchecs coûteux. Mais aujourdhui lespoir semble luire plus brillamment que jamais. Les erreurs du passé sont inscrites aux profits et pertes, et elles ne semblent pas susceptibles davoir grande influence sur lavenir. Les savants et les industriels considèrent les déchets cellulosiques comme une source potentielle importante daliments et de produits chimiques. Moyer (39)2 a fait les prédictions suivantes dans un article récent sur lavenir de la cellulose:
«Lhydrolyse de la cellulose en un mélange de glucose et de polysaccharides simples aura un jour une importance économique de premier ordre... Les sous-produits cellulosiques trouveront des utilisations de plus en plus nombreuses comme point de départ de lélaboration, grâce à des processus chimiques ou biologiques, de produits simples de la série aliphatique... Pour un avenir lointain, nous pouvons prévoir que la cellulose, le plus abondant des produits de la photosynthèse, deviendra une des matières premières les plus utiles à lhumanité. La croissance des végétaux en reconstitue la source tandis que sépuisent de façon continue les matières premières accumulées dans le passé.»Il paraît vraisemblable que, dans létat actuel de la technique, et avec un effort de recherche suffisant, on pourrait mettre au point des procédés permettant dutiliser de façon efficace les déchets cellulosiques. On peut juger de limportance quaurait la mise au point de ces procédés en prévoyant leurs conséquences possibles.2 Les chiffres entre parenthèses se rapportent aux ouvrages cités à la fin du présent rapport.
Il est probable que le résultat le plus important, le plus riche en conséquence, de la mise au point dun procédé économique de saccharification serait son influence sur la gestion des forêts et lutilisation de leurs produits. Il deviendrait possible dexploiter à blanc des forêts improductives pour les planter en essences productives de valeur destinées à fournir du bois doeuvre, de la pâte et des résidus cellulosiques destinés à lindustrie chimique. Cette perspective a, à elle seule, toutes sortes de répercussions possibles, et justifie quon fasse un gros effort de recherche.
Un autre résultat, qui ne peut faire lobjet dune évaluation directe, est laspect politique de lautonomie économique et de léquilibre du commerce extérieur. Nimporte quel pays possédant en abondance des déchets cellulosiques pourrait, en cas de guerre, les transformer en combustible ou en nourriture sans faire appel à ses terres cultivées. Cependant, la recherche dun procédé de saccharification en vue de la production du sucre et de sa transformation en alcool carburant ne se justifie guère. Cederquist (52), dans une communication faite à Lucknow, souligne que, si lon a besoin de carburant, il est mille fois préférable dutiliser la matière première cellulosique directement plutôt que de tenter sa conversion en alcool. Le criterium définitif qui permet de juger de limportance dun procédé de saccharification est le point de vue économique. Il varie considérablement selon lendroit considéré. On peut cependant dégager quelques idées générales.
Si lon considère lutilisation alimentaire du sucre, il faut noter que lon peut acheter couramment sur le marché mondial du saccharose cristallisé pur, à près de 100 pour cent de pureté, pour un peu plus de 3 cents la livre (f. o. b. Cuba), et du sucre sous forme de mélasses de canne pour lalimentation des animaux à environ la moitié de ce prix (22). En cette matière, le facteur déterminant est le coût du transport au lieu de consommation. Dans beaucoup de régions, il augmente les prix au point que lon pourrait fabriquer du sucre, à partir des déchets cellulosiques disponibles, à des prix compétitifs. La question a aussi un aspect à long terme: on peut sapercevoir quil faut beaucoup plus daliments pour nourrir la population du globe. Hass et Lamborn (22) prétendent que la production mondiale de sucre de canne pourrait être facilement doublée et soulignent que, dans ces conditions, le problème de la production de sucre na pas de caractère durgence. Les pays menacés par une pénurie de ressources alimentaires auraient aussi à faire la comparaison entre les avantages quils retireraient dinvestissements destinés à la transformation de cellulose et ceux qui résulteraient de dépenses consacrées à la fertilisation des terres disponibles.
Les résidus cellulosiques, du point de vue matière première pour lindustrie chimique, sont une source dhexoses et de pentoses. Les hexoses, qui constituent la plus forte proportion, sont léquivalent des sucres provenant des sources habituelles. Les pentoses, dautre part, ont une propriété particulière: celle de pouvoir être transformés en furfurol, un produit que lon na pu produire à partir dautres corps. Les pentosanes des rafles de maïs et de la bagasse sont aujourdhui la source principale de furfurol. Mais la teneur du bois en pentosanes est trop faible pour que lon se hasarde à une spéculation économique basée sur ce seul produit.
Les brèves remarques qui précèdent conduisent à conclure que la mise au point dun procédé de saccharification techniquement applicable aurait des avantages indirects; mais que laspect économique de la question est dominant. Pour être valable, le procédé devrait permettre de produire du sucre à des prix susceptibles de concurrencer le sucre de canne, ou les mélasses de canne, dans les pays où il serait mis en uvre.
BUT ET PORTÉE DE LA PRÉSENTE ÉTUDE
Cette étude a été préparée à la demande de la FAO pour servir de base à un rapport destiné à être distribué à ses Etats Membres. Son but est de décrire les progrès réalisés en matière de saccharification du bois, dexposer les possibilités, aussi bien que les difficultés économiques et techniques des procédés, et de mettre en relief les directions dans lesquelles les perspectives les plus favorables paraissent soffrir aux recherches.
Donner un tableau complet de la théorie et des techniques de la saccharification du bois dépasserait le cadre de cette communication, mais on exposera assez daspects techniques du problème pour donner une idée nette des méthodes examinées.
La saccharification du bois nest quun des aspects dun problème plus vaste: lutilisation chimique des résidus cellulosiques. Le sucre nest que lun des nombreux produits que lon peut obtenir à partir de ces résidus, et le bois ne constitue quune des catégories des produits variés dont on peut partir. Il se trouve que la plus grande partie de la littérature dont on dispose sur lutilisation chimique des déchets cellulosiques se rapporte au bois. On sest efforcé autant que possible, dans ce rapport, de couvrir les produits pour lesquels le sucre napparaît que comme un intermédiaire.
SOURCES DES RENSEIGNEMENTS
On trouve, dans les ouvrages publiés, de nombreux renseignements sur la fabrication de sucre et dalcool à partir de matières premières cellulosiques, mais assez peu de choses sur les aspects industriels et économiques de la question. Les ouvrages dHägglund (20), Wise et Jahn (56) comportent des chapitres consacrés au sujet, avec dimportantes bibliographies. Les premières tentatives industrielles ont été décrites par Foth (10) et Demuth (16). La mise au point du procédé Scholler est décrite dans les publications allemandes (13, 14, 35, 46, 49). Sherrard et Kressman (51) ont décrit lhistoire des premières méthodes de saccharification du bois aux Etats-Unis. Une série de communications faites à une conférence sur le sucre provenant du bois et de déchets industriels a été imprimée dans Industrial and Engineering Chemistry (23). Saeman, Locke et Dickerman, après la seconde guerre mondiale, ont publié des rapports sur la production de sucre de bois en Allemagne et sa transformation en levure et alcool (45). Harris (21) a tracé en 1949 un tableau densemble de la saccharification du bois dans le bulletin annuel Advances in Carbohydrate Chemistry. On a décrit (42, 54) lusine dalcool de sucre de bois dEms (Suisse), si bien installée et gérée.
Gilbert et ses collaborateurs de la Tennessee Valley Authority ont publié les détails de leurs études, en usine pilote, sur lhydrolyse du bois par une méthode de percolation (15). On a publié une étude densemble de lhydrolyse du bois et une description de lusine américaine de Springfield, Oregon (44).
Wenzel (55) a publié en 1954 une étude complète de la chimie et des techniques de lhydrolyse acide du bois. Ces diverses sources fournissent un véritable tableau de lhydrolyse du bois.
Un stage détudes, organisé par les Nations Unies à Lucknow (Inde) en 1952, sest occupé de la production et de lutilisation de lalcool carburant (52). Son programme comprenait aussi la production de sucre de bois. La sixième session du Comité technique FAO de la chimie du bois, qui sest tenue à Stockholm en 1953 (8), a eu pour objet la saccharification du bois. Dans le présent rapport on a retenu particulièrement les renseignements fournis dans ces réunions.
LES CONSTITUANTS DU BOIS
La quantité et la nature des sucres que lon peut tirer du bois, et les méthodes à mettre en uvre pour réaliser lhydrolyse nécessaire, dépendent des polysaccharides quil contient.
Le principal polysaccharide contenu dans toutes les matières premières végétales ligneuses est la cellulose. Elle est chimiquement et physiquement analogue au coton en ce quelle est fibreuse, très résistante aux alcalis, et très difficile à hydrolyser en glucose.
On trouve des hémicelluloses dans le bois et autres matières premières cellulosiques dans la proportion denviron un tiers du total des hydrates de carbone. Lhémicellulose est amorphe et, faute de structure cristalline, shydrolyse bien plus facilement que la cellulose. Si tous les hydrates de carbone du bois étaient aussi facilement hydrolysables que lhémicellulose, lutilisation industrielle immédiate et sur une vaste échelle de la saccharification du bois ne ferait pas de doute.
Gustafsson et ses collaborateurs (19) ont déterminé les sucres contenus dans lhydrolysat de 20 espèces différentes de bois. Daprès ces chercheurs, toutes les espèces de bois étudiées contiennent glucosane, galactane, mannane, arabane et xylane. La proportion de galactane par rapport au total des sucres produits dans lhydrolyse des résineux varie de 6,0 à 17,5 pour cent, et celle de mannane de 7,5 à 16,0 pour cent. Les valeurs correspondantes pour les feuillus sont respectivement 1,0 à 4,0 pour cent et 0,5 à 4,0 pour cent. Le taux du xylane dans les résineux varie de 9,0 a 13,0 pour cent et dans les feuillus de 19,5 à 39,0 pour cent. Le taux darabane est faible dans tous les cas et ne dépasse 3 pour cent que pour trois sortes de résineux. La composition en hydrates de carbone dune espèce déterminée nest pas strictement constante, mais ses variations ne sont pas suffisantes pour masquer les différences caractéristiques qui existent entre les résineux et les feuillus.
La lignine est le principal composant hydro-carboné du bois et dautres matières premières végétales. Cest essentiellement un produit de la série aromatique fortement polymérisé, et il subsiste presque entièrement après hydrolyse comme un résidu insoluble représentant 20 à 30 pour cent du bois. La chimie de la lignine a été récemment révisée entièrement par Brauns (5). Alors que la lignine na guère trouvé dutilisation dans le passé, elle pourrait fort bien être la clef de quelque procédé futur permettant lutilisation complète des résidus cellulosiques.
MÉTHODES DE SACCHARIFICATION
La transformation en sucres des matières cellulosiques paraît, à première vue, nêtre quune simple rupture, sous laction de lhydrolyse, des liaisons glicosiques. On sattendrait donc à ce que la réaction soit simple et à ce que les investissements nécessaires à létablissement dune usine lutilisant soient peu élevés. En fait, la cellulose a une particularité unique parmi tous les polysaccharides connus: elle est extrêmement résistante à lhydrolyse. Les liaisons glucosiques elles-mêmes sont facilement rompues mais, en raison de la structure cristalline de la cellulose, lacide dilué, habituellement utilisé comme catalyseur, ne parvient que lentement à leur contact. Il en résulte que, dans les conditions de température et de concentration de lacide nécessaires pour que la réaction se fasse dans un temps raisonnable, il se produit une importante décomposition des sucres formés. Compte tenu de ces données, un petit nombre seulement de possibilités se présentent pour la réalisation pratique de lhydrolyse.
1. On peut faire une simple hydrolyse à lacide dilué sans séparer le produit à mesure quil se forme.Tous les procédés commerciaux rentrent dans ces trois catégories.2. On peut employer une méthode de percolation, qui permet daugmenter le rendement de la réaction en enlevant, de façon continue, le produit à mesure quil se forme.
3. On peut employer un acide concentré qui détruit la structure de la cellulose, solubilise les hydrates de carbone, et hydrolyser ensuite à lacide dilué.
Lhydrolyse, simple du bois à lacide dilué
Le procédé dhydrolyse du bois en une seule cuisson a été la première façon commerciale de fabriquer des sucres à partir du bois. Il a lavantage dune grande simplicité et, après amélioration, pourrait bien être encore la méthode de choix dans certains cas.
Des usines ont utilisé cette méthode élémentaire à Georgetown (Caroline du Nord) et Vullerton (Louisiane) dans les périodes qui ont immédiatement précédé et suivi la première guerre mondiale. Daprès Sherrard et Kressman (51) ces usines produisaient 5000 à 7000 gallons (environ 22700 à 31800 litres) dalcool par jour. Lusine de Georgetown a été décrite par Foth (10) et Demuth (6). Le travail expérimental qui a été réalisé à cette occasion a été exposé par Kressman (32). En 1921, Sherrard a publié une étude sur la technique de ce procédé (50).
A lusine de Georgetown, le bois était attaqué, pendant une heure, dans quatre cuiseurs sphériques qui contenaient chacun 4 700 livres (environ 2 132 kg) de bois sec. Le sucre était extrait dans une batterie de huit cellules de 150 pieds cubes (environ 5 m3) disposées pour permettre une extraction à contre-courant. Environ 96 pour cent des sucres étaient extraits et on obtenait une solution qui contenait environ 12 pour cent de produits solides, près de 9 pour cent de sucres réducteurs et environ 6 pour cent de sucres fermentescibles.
Giertz (8) a décrit un procédé utilisé en Suède au cours de la seconde guerre mondiale pour réaliser lhydrolyse continue de déchets de bois. Les copeaux étaient imprégnés, dans une tour, de gaz anhydride sulfureux. La base de la tour était reliée au mécanisme dalimentation dun défibreur Asplund. Les copeaux étaient préalablement chauffés à 180° C pendant 2 à 3 minutes, moulus dans le défibreur, et la pâte était évacuée de façon continue, sous pression, par une vanne de sortie. Sept unités semblables fonctionnaient en parallèle. La pâte était lavée avec centrifugation et les parties solubles réacidifiées et hydrolysées à nouveau. On faisait fermenter la solution de sucres, à la concentration de 8 pour cent avec la liqueur au sulfite épuisée de lusine. On a établi des projets pour saccharifier la cellulose des résidus, mais on ne les a jamais réalisés. La lignocellulose résiduelle était utilisée comme combustible. Les tentatives qui ont été faites pour lutiliser comme charge dans la fabrication de matières plastiques à base de bakélite se sont révélées infructueuses.
Le fonctionnement de lusine dépendait des prix élevés de lalcool garantis par le gouvernement. Après la guerre, elle cessa son activité et fut démolie en 1946.
On a décrit un procédé dhydrolyse du bois consistant à pomper une boue, formée de 8 à 10 parts dacide dilué pour une de sciure, dans un échangeur de températures (24, 25, 40, 41). Il na pas été utilisé de façon commerciale. Il avait pour but la production dun plastique lignocellulosique. En tant que moyen de production de sucres, la méthode a linconvénient de donner des solutions diluées à cause du rapport élevé liquide/solide.
Lhydrolyse simple, en une seule cuisson, de la cellulose a son intérêt, mais le rendement est très limité. De nouvelles recherches sur la cinétique de la réaction ont donné lespoir de pouvoir améliorer le rendement.
A la suite de la commercialisation de lhydrolyse en une cuisson, au cours de la première guerre mondiale, Meunier (37-38) et Desparmet (7) ont publié les recherches quils avaient faites sur ce sujet, en indiquant quil serait désirable de faire lhydrolyse en plusieurs stades successifs. En 1945, Plow et ses collaborateurs ont décrit des expériences consistant à utiliser plusieurs temps pour lhydrolyse (43).
A un groupe de travail sur la production et lutilisation dalcool-carburant en Asie et en Extrême-Orient, Cederquist (52) a décrit un procédé mis au point en Suède pendant la guerre. Des études faites en usines pilotes ont porté sur lemploi de réacteurs-cuiseurs de dimensions normales, mais le procédé na pas été mis en application.
Le résumé suivant est emprunté au rapport de Ceder-quist:
«Un examen attentif de tous les procédés connus indique que lhydrolyse aux acides dilués, convenablement réalisée, implique des dépenses bien moindres que lhydrolyse aux acides concentrés, mais il y a place encore pour des améliorations du procédé. Pendant la guerre lauteur et ses collaborateurs ont effectué une révision soigneuse du problème de lhydrolyse. Comme conclusion de nos recherches, nous avons proposé de réaliser le procédé avec du bois très fragmenté imprégné dacide, en deux stades successifs, dans une atmosphère de vapeur deau. Environ 50 pour cent du bois (sec) est converti en sucres, et les solutions sucrées obtenues ont une concentration de 10 à 12 pour cent.Méthode avec percolation«Les résultats de nos recherches peuvent donc se résumer ainsi:
1. Un assez bon rendement en sucre (48 à 50 %).«Lhydrolyse est réalisée dans les conditions suivantes:2. Une forte concentration en sucre (10-12 %).
3. Tous les pentoses enrichissent la solution obtenue au premier stade, ce qui facilite leur utilisation. La solution sucrée obtenue au second stade ne contient que du glucose.
4. La consommation totale dacide sulfurique est faible, et équivaut à 20-25 kilogrammes par tonne de bois.
5. La consommation de vapeur deau, sans récupération de chaleur, sélève à 1,3 tonne par tonne de bois.
6. Les cuiseurs où se fait lhydrolyse sont de petites dimensions, étant donné le temps très court nécessaire à cette opération. On peut transformer en sucres 50 tonnes de bois par jour en utilisant deux cuiseurs de 3 mètres cubes chacun, et deux de 2 mètres cubes chacun.
1. Le bois est imprégné sous forme de minces rabotures, copeaux, ou sciure.2. Le bois est imprégné dacide faible et débarrassé de la liqueur en excès avant lhydrolyse.
3. Lhydrolyse est réalisée dans une atmosphère de vapeur deau.
4. Premier stade:
a) Imprégnation avec un liquide contenant 0,5 pour cent dacide sulfurique Température: 190 ºC. Pression de vapeur: 12 kg/cm2. Durée dhydrolyse: 3 minutes.5. Deuxième stade:b) Elimination du sucre par lavage dans un bassin filtrant à contre-courant continu.
a) Le résidu provenant du premier stade est imprégné dune solution contenant 0,75 pour cent dacide sulfurique. Température: 215° C. Pression de vapeur: 20 kg/cm2. Durée dhydrolyse: 3 minutes.b) Elimination du sucre par lavage dans un bassin filtrant à contre-courant continu.»
Les méthodes de saccharification avec percolation consistent à mettre du bois dans un récipient sous pression, résistant aux acides, et à hydrolyser avec de lacide dilué que lon injecte au sommet du récipient et que lon évacue, par filtration, à la base. Dans ces conditions la production et lextraction des sucres se font simultanément. Les sucres sont séparés et refroidis aussi vite que possible pour éviter leur décomposition.
La mise au point industrielle du procédé Scholler, utilisant cette technique de percolation, a été décrite par Schaal (46), Fritzweiler et Rockstroh (14), Lüers (35), Scholler (48. 49), et Fritzweiler et Karsch (13). Leurs publications ne contiennent pas de renseignements détaillés sur ce procédé, mais on a obtenu en 1945 les détails de fabrication des usines Tornesch et Holzminden (45, 17).
A lheure actuelle, il y a trois usines utilisant le procédé Scholler en Allemagne, les usines Tornesch et Holzminden en Allemagne occidentale, lusine Dessau en Allemagne orientale. Il y en a une aussi en Suisse, et une autre en Corée.
Une usine Scholler typique a six ou huit cuiseurs de 50 mètres cubes, en acier garni de céramiques résistant aux acides. Le diamètre de ces cuiseurs est de 2,40 mètres, et leur hauteur totale denviron 13 mètres. Le sommet du cuiseur, ou percolateur, est muni de tuyauteries darrivée de vapeur, darrivée dair, et darrivée de lacide dilué chaud. Le fond est muni dun cône de filtration et dune vanne de décharge à ouverture rapide pour lévacuation des résidus de lignine. Le cuiseur est chargé de 9 à 10 tonnes de sciure et de copeaux dont la densité est de 180 à 200 kilogrammes de bois sec par mètre cube. Une dose dacide dilué est alors injectée à une température inférieure à celle du contenu du percolateur, et lacide injecté est chauffé à la vapeur, en partant de la base, jusquà ce quon atteigne la température désirée. La solution est ensuite extraite du percolateur par pression en injectant la vapeur au sommet, au-dessus de la charge. Cette opération est répétée jusquà 20 fois, avec de lacide sulfurique à 0,8 pour cent, et à des températures qui augmentent progressivement jusquau maximum de 184° C. En partant de 10 tonnes de bois, on obtient environ 120 tonnes de liqueur à une concentration de 5 à 6 pour cent de sucre.
Lusine Scholler à Ems (Suisse) à donné dexcellents résultats (42, 54). Elle a vraisemblablement fonctionné avec un rendement supérieur à celui qui avait été prévu en produisant environ 235 litres dalcool absolu par tonne de bois. Lusine dEms est analogue aux usines allemandes, à ceci près quelle a une cadence de percolation plus rapide et que le sulfate de chaux est extrait par centrifugation du moût neutralisé. Les boues sont lessivées sur un séchoir à tambour.
Les chiffres de production fournis par les usines allemandes après la seconde guerre mondiale ont fait ressortir un fonctionnement déficitaire, mais il est certain que les difficultés du temps de guerre ont eu un effet défavorable. Lusine dEms a eu moins de difficultés de ce genre: elle est devenue une affaire prospère. Les renseignements les plus sûrs dont on puisse disposer indiquent que le procédé Scholler peut être utilisé, comme on la indiqué dans les grandes lignes, pour produire de lalcool avec des rendements de 50 gallons (environ 228 litres) ou plus par tonne de bois sec. Le rapport présenté par Rockstroh à Stockholm (8) fait penser que les problèmes techniques correspondants sont en bonne voie.
On a publié (44) le travail récent réalisé aux Etats-Unis sur la production de sucre de bois par un procédé de percolation. En 1937, la Clins Dow Chemical Co. de Marquette (Michigan), a acheté le brevet Scholler pour les Etats-Unis. Un procédé Scholler modifié fut étudié à léchelle usine-pilote, mais ne fut pas utilisé commercialement. En 1943, le War Production Board a recommandé que le laboratoire fédéral des produits forestiers étudie le procédé Scholler dans lusine-pilote établie à Marquette. On demanda à la Vulcan Copper and Supply Co. de suivre la marche de cette usine-pilote et détablir un rapport de fabrication qui pourrait servir de base à létude technique dune usine normale. A la suite de ces recherches, le War Production Board a recommandé la construction et la mise en route dune usine normale utilisant le procédé Scholler modifié, en tant quassurance contre une pénurie possible et future de céréales. En 1944, on entreprit la construction dune usine à Springfield (Oregon).
A lusine de Springfield on réalisa avec succès la préparation et la fermentation des produits dhydrolyse du bois. Toutefois, certains problèmes se posèrent à propos de la production du sucre, mais aucun dentre eux ne fut considéré comme dimportance capitale pour la fabrication. Il est possible que lhistoire même de lusine rende compte dune partie des difficultés. A la fin de la guerre, le contrat pour lusine, qui nétait pas achevée, fut annulé par le gouvernement. Sa construction fut reprise plus tard, et après quelques compromis dans la mise au point des techniques, nécessités par les économies à réaliser, lusine put, en février 1947, commencer à fonctionner.
Des modifications importantes du procédé Scholler, en particulier en ce qui concerne la vitesse de fonctionnement, furent nécessaires avant quil ne fut acceptable dans les conditions économiques de lAmérique. Ces modifications furent étudiées dans une petite usine-pilote, sans étape intermédiaire vers la création dune usine de dimensions normales. Pour des périodes limitées, au cours des essais, le rendement en sucre du bois écorcé atteignit le taux que lon avait annoncé. Mais la mise en uvre du procédé à léchelle industrielle ne fut pas réalisée.
Après la guerre, la Tennessee Valley Authority sintéressa à la saccharification du bois en raison des importantes quantités de déchets et de bois de dimensions trop faibles pour fournir du bois duvre, disponibles dans la région. En 1952, Gilbert et ses collaborateurs firent un rapport (15) sur les études réalisées, en usine-pilote, en coopération avec le Laboratoire des produits forestiers. Le but de ce travail était de préparer des mélasses en quantité suffisante pour procéder à des expériences sur lalimentation du bétail, ainsi que daméliorer et de simplifier la méthode dhydrolyse. Une étude économique fit ressortir que, dans des secteurs favorables des Etats-Unis, la production de mélasses de sucre de bois pour lalimentation animale aurait été rentable pendant plusieurs années après la guerre. Les risques de lopération et la modicité des bénéfices à en attendre en font une spéculation marginale. Harris et Lloyd (33) ont procédé à une estimation économique plus récente du procédé tel quil a été mis au point au Laboratoire des produits forestiers.
Ant-Wuorinen (1, 2, 3) a récemment étudié lhydrolyse du bois par un procédé de percolation utilisant lanhydride sulfureux comme catalyseur. Ce procédé diffère de celui de Scholler en ce quil est plus rapide, et provoque une moindre décomposition des sucres. Il a été réalisé au cours dimportants essais en usine-pilote. Fouque (11) a pris un brevet pour un procédé dhydrolyse du bois à lacide dilué utilisant les percolateurs à la façon dune batterie dextraction.
De tous les procédés de percolation à lacide dilué qui ont été proposés, seul le procédé Scholler, tel quil est appliqué en Allemagne et en Suisse, a soutenu lépreuve dune application à léchelle industrielle.
Procédés de saccharification du bois aux acides forts
Un grand nombre de procédés proposés pour lhydrolyse du bois rentrent dans la catégorie des méthodes utilisant les acides forts. Elles sont caractérisées par lemploi de fortes doses dacide concentré qui entraînent un gonflement considérable ou une mise en solution de la cellulose. Cela permet de rompre les liaisons qui maintiennent la cellulose à létat cristallin et la rendent très résistante à lhydrolyse ordinaire avec acide dilué. Après gonflement considérable ou mise en solution et hydrolise partielle, lhydrolyse doit être achevée en solution acide diluée.
Les toutes premières expériences sur la saccharification de la cellulose utilisaient lacide sulfurique. Après amélioration, comme dans la méthode Giordani-Leone, ce procédé a beaucoup davantages. A la réunion du Comité de la chimie du bois qui sest tenue à Stockholm, Centola (8) a décrit la méthode Giordani-Leone, et lusine construite en Italie pendant la seconde guerre mondiale.
On soumet le bois à une préhydrolyse à lacide dilué pour éliminer les hémicelluloses. Le résidu sec est traité à lacide sulfurique à 60° Baumé dans un broyeur à tambour. Le mélange est alors dilué avec la liqueur provenant de la préhydrolyse, et chauffé pour achever lhydrolyse.
Le fonctionnement de lusine a été arrêté par la guerre avant que lon put acquérir une expérience satisfaisante du procédé. Centola donne cependant la liste suivante de ses avantages et de ses inconvénients:
«Avantages
1. Rendement élevé en alcool.«Inconvénients2. Récupération du furfurol et, éventuellement, dautres sous-produits, tels que lacide acétique et des huiles essentielles.
3. Possibilité de travailler à partir de sciure aussi bien que de copeaux.
1. Forte consommation dacide.On sest intéressé à lacide fluorhydrique en tant que réactif de la saccharification du bois (12, 36). Le résidu de lignine provenant de cette méthode a été, un certain temps, considéré comme une matière première intéressante. Une discussion lors de la réunion à Stockholm du Comité de la chimie du bois a fait ressortir que ce procédé navait pas donné de bons résultats.2. Nécessité de trouver des débouchés pour de grosses quantités de sulfate de chaux.»
Dans la méthode mise au point par Guinot (18), on réalise lhydrolyse de la cellulose au moyen dacide formique, en présence dacide sulfurique. A une température de 75° à 80°, lhydrolyse est réalisée en 2 heures environ. On prétend que le rendement est élevé.
La seule méthode à lacide concentré qui ait quelque possibilité dutilisation commerciale est celle de Rheinau ou Bergius (4) qui utilise lacide chlorhydrique fumant. En 1940, une usine de dimensions normales utilisant ce procédé a été construite à Regensburg (Allemagne). Après la seconde guerre mondiale, on en a obtenu la description suivante (45):
«Le bois est déchiqueté en copeaux, qui nont pas plus de 1 centimètre dans leur grande dimension, et conduit par un système pneumatique à un séchoir tournant Buttner... Les gaz, provenant des déchets, et le bois avancent parallèlement dans le séchoir, et le taux dhumidité est abaissé à 6 pour cent. Le bois est alors chargé dans des cuiseurs de 50 mètres cubes garnis de caoutchouc et de briques résistant aux acides; lextraction se fait à laide de 50 pour cent (en volume) dacide chlorhydrique. Il y a deux batteries parallèles de 14 extracteurs; dans la moitié de chacun, on extrait à lacide concentré, dans lautre moitié, à leau. Le cycle dans chaque cuiseur dure 55 heures. A la suite de lextraction, à contre-courant, à lacide, on obtient un sirop contenant de leau avec 32 pour cent de sucres et 28 pour cent dacide chlorhydrique. On envoie ce sirop dans un évaporateur sous une pression de 30 à 40 millimètres de mercure et à une température de 40° C. Là, la concentration en sucres sélève à 60-63 pour cent, et la concentration en acide sabaisse vers 2 à 5 pour cent. Ces évaporateurs ont des réchauffeurs séparés où le sirop circule à lintérieur de tubes de porcelaine. La boule du réchauffeur est en acier garni de caoutchouc. La vapeur est injectée dans le sirop pour réduire la concentration en acide. A ce moment les hydrates de carbone en solution sont surtout des oligosaccharides, et, pour les transformer en monosaccharides, on les «invertit» par dilution et ébullition. Lacide résiduaire suffit à catalyser lhydrolyse. Le produit est neutralisé à la chaux et utilisé pour la production de levure. Les substances en solution sont: glucose: 70 pour cent; pentoses: 10 pour cent; chlorure de calcium: 20 pour cent...A lusine de Rheinau on a installé des échangeurs dions, et on a obtenu ainsi des sirops fournissant des rendements élevés en glucose cristallisé (45). Ces améliorations ont été récemment discutées par Schoenemann (8).«Lacide récupéré et les eaux de lavage contenant de lacide dilué passent dans un système de récupération de lacide où se fait une déshydratation. On utilise pour cela du chlorure de calcium qui augmente la concentration de ClH ou HCl dans la phase gazeuse. Leau est séparée de façon continue du chlorure de calcium dans le même appareil.
Ce qui se trouve dans les appareils est extrêmement corrosif, et le procédé est dangereux. La température est de 145° C. Pour résister dans ces conditions - température élevée, forte concentration en acide, et présence de chlorure de calcium - lappareillage est garni de caoutchouc et protégé par une double rangée de briques. Les tubes de chauffage sont en cuivre plaqué dor ou de platine.
«Cette usine était en voie dêtre équipée pour la préhydrolyse du bois avant de le faire passer au procédé Bergius. On devait charger trois cuiseurs de 100 mètres cubes en acier garni de caoutchouc et de briques résistant aux acides, avec 10 tonnes de bois, et hydrolyser avec 100 mètres cubes dacide chlorhydrique à 1 pour cent, à une température de 127° à 128° C pendant quatre heures. On avait prévu une pompe pour assurer la circulation extérieure des liquides. On devait laver le résidu à leau et le sécher... A lépoque où on la étudiée, cette usine se préparait à produire du glucose cristallisé à partir de sucre de bois. Quand on utilise une préhydrolyse à lacide dilué, on peut faciliter considérablement la cristallisation en éliminant les sucres autres que le glucose. Les solutions provenant de la préhydrolyse conviennent parfaitement pour la fabrication de la levure.»
PROBLEMES GÉNÉRAUX POSÉS PAR LES MÉTHODES DE SACCHARIFICATION
La mise au point dun procédé économique de saccharification des matières cellulosiques pose des problèmes nombreux et complexes, mais ils ne paraissent pas plus difficiles à résoudre que ceux auxquels un grand nombre des industries chimiques actuelles ont eu à faire face au cours de leur développement. Les procédés de saccharification mis au point aujourdhui ont résolu ces problèmes de diverses façons, mais dans aucun cas on na pris en considération toutes les difficultés, ce qui a eu pour conséquence quaucun procédé na réussi, sur le plan économique, sans subventions. Lanalyse qui suit sappliquera aux principaux points que lon doit avoir présents à lesprit lorsquon considère les avantages de méthodes proposées; elle montrera aussi la direction générale dans laquelle on pourrait pousser les recherches.
Les matières premières cellulosiques peuvent être en gros groupées en deux classes: résidus agricoles, qui sont récoltés annuellement, et résidus ligneux, que lon peut obtenir de façon continue si on le désire. Les uns et les autres constituent une excellente matière première, car on peut se les procurer de façon continue, en quantités illimitées et à bas prix, dans les endroits où on les produit. Toutefois, les résidus provenant de récoltes annuelles constituent dhabitude une matière première coûteuse si lon considère le coût du ramassage et de lemmagasinage. La plupart dentre eux ont aussi un poids spécifique très faible qui nécessite des installations et un équipement de grandes dimensions pour le processus dhydrolyse. Les végétaux récoltés annuellement ont un inconvénient supplémentaire: ils sont sujets à des variations saisonnières qui nécessitent de petits ajustements du procédé de fabrication. Dun point de vue général, le bois est une matière première supérieure aux végétaux annuels, mais il a aussi ses inconvénients. Il a un faible poids spécifique, et le coût de la manutention et de la préparation du bois pour la saccharification est élevé, même si on emploie les meilleures méthodes et le meilleur matériel. Par exemple, la manutention des grumes et leur transformation en copeaux, dans le procédé Scholler, reviennent à peu près à 0,5 cent par livre de sucre fabriquée (33).
Ce procédé doit être soigneusement adapté à la nature physique et chimique du bois dont on dispose. Pour la méthode à lacide fort, il y a des limitations en ce qui concerne la matière première: la sciure, que lon trouve souvent à bas prix (manutention comprise), ne convient pas. Tout procédé qui nécessite des copeaux purgés décorce entraîne une forte augmentation du coût de la matière première.
Le poids spécifique du bois constitue un important facteur du prix de revient. Un matériel permettant un fonctionnement continu permettrait peut-être de faire quelques économies.
La seule façon pratique de passer de la cellulose au sucre semble être lhydrolyse acide; tous les procédés doivent par conséquent avoir recours à lacide, au moins au stade de lhydrolyse. Cest un point essentiel à considérer, car la nature de lacide et sa concentration ont une influence très importante sur le prix de revient de lusine. Dans la méthode à lacide chlorhydrique concentré, la plus grande partie de linstallation doit être résistante aux acides, et lestimation du coût de production (8) fait ressortir un amortissement dau moins 0,5 cent par livre de sucre produit pour une grande usine. Ceci équivaut à plus de 200 dollars dinvestissement pour installations par tonne produite annuellement. Cette industrie rentre donc dans la catégorie des industries chimiques coûteuses; elle est comparable à celle des pâtes au sulfate qui fabrique un produit à 200 dollars par tonne. Les usines qui utilisent lacide dilué nont pas besoin dautant dinstallations résistant à la corrosion, et les investissements sont un peu inférieurs à la moitié de ceux que lon a cités ci-dessus.
Les besoins en chaleur des installations dépendent surtout de lutilisation finale des produits dhydrolyse. Lorsquil sagit de glucose cristallisé ou de mélasses, la quantité de chaleur nécessaire est énorme. Dans le procédé Bergius, il faut des calories pour récupérer lacide concentré utilisé pour la première hydrolyse, tandis que, dans le procédé à lacide dilué, la principale consommation de chaleur consiste à évaporer les solutions diluées pour en faire des mélasses. Cederquist (52) a employé des méthodes pour augmenter la concentration en sucres des hydrolysats dans le procédé à lacide dilué, ce qui donne à ce procédé un avantage économique. Lorsque le sucre doit être utilisé en solution pour lobtention de levure, dalcool, ou dautre produit facile à extraire dune solution diluée, la quantité de chaleur nécessaire est bien plus faible, ce qui donne au procédé à lacide dilué un net avantage sur les procédés à lacide concentré.
Le prix des produits chimiques utilisés est faible dans la méthode à lacide dilué; elle sélève à moins de 0,25 cent par livre de sucre. Dans la méthode à lacide concentré, il devient important, et est estimé par Schoenemann (8) à plus de 0,5 cent par livre de sucre produit, même si on utilise à plein les méthodes modernes de récupération. Le coût en produits chimiques du procédé à lacide sulfurique concentré le rend inintéressant, sauf dans certaines circonstances où on peut réutiliser lacide. Ceci sera étudié dans une autre section de la présente communication.
Compte tenu du coût élevé de la manutention de la matière première, du coût des produits chimiques, et des quantités de chaleur nécessaires, il est évident que tous les produits que lon peut fabriquer doivent avoir une utilisation maximum et quils doivent être de la qualité la plus élevée possible compatible avec les prix de revient. Il nest pas dentreprises commerciales qui aient réussi à promouvoir une telle utilisation. En aucun cas on na pu utiliser avec succès, sauf comme combustible, la lignine qui représente 20 à 30 pour cent du poids du bois sec. La fraction hé mi cellulosique a été considérée, dans certains cas, comme nécessitant un traitement beaucoup moins brutal que la cellulose résistante, mais on na pas profité du fait quon peut obtenir au moins un produit chimique unique, le furfurol, à partir de cette fraction des pentosanes. Dans la plupart des cas, lhexose produit a été utilisé comme mélasse brute contenant de fortes quantités dimpuretés inconnues. Sans aucun doute on pourrait avec profit isoler certaines de celles-ci comme matières organiques de prix plus élevé, et obtenir ainsi un double profit. Dans le cas de la méthode à lacide fort, on obtient une fraction sucrée de haute qualité. On a proposé récemment (8) un plan pour la fabrication de dextose cristallisé qui permettrait de vendre environ 55 pour cent du sucre produit comme aliment, le reste étant vendu comme mélasse. On ne comprend pas assez lintérêt de la production de sucres de haute qualité à partir des produits dhydrolyse du bois à lacide dilué, et on devrait en faire un objet de recherches.
Cederquist (52) a suggéré une méthode de purification des sucres par addition de chlorure de sodium qui forme avec le glucose un cristal binaire. Dans toutes ces méthodes, les rendements en sucres sont élevés. On pourrait maintenant orienter avec profit la recherche pour augmenter le rendement en produits totaux.
Les difficultés dévacuation des déchets dans un procédé efficace de saccharification pourraient être aplanies. La plupart seraient résolues, à des prix modérés, en fabriquant des mélasses pour lalimentation du bétail, ainsi quen concentrant et brûlant la plus grande partie des matières organiques dont on na pas besoin. Un point qui vaut la peine dêtre mentionné ici est la production dalcool par le procédé courant Scholler. Les matières organiques solubles et les sucres non fermentes qui se trouvent au fond des cornues ont une avidité biologique doxygène excessive. Cest un cas où le problème délimination des déchets serait virtuellement résolu si la fraction pentosanes était convenablement utilisée.
RECHERCHES SUR LES PROBLÈMES DE SACCHARIFICATION
Recherches sur le processus chimique de la saccharification
Létude des documents relatifs à la saccharification du bois montre que lon sest attaché davantage à la technologie et à des recherches en usines-pilotes quà la chimie de base du processus. Il serait souhaitable que lon procède à dimportantes recherches de chimie, en particulier sur le fractionnement de la matière cellulosique, la cinétique de lhydrolyse de la cellulose et de la décomposition des sucres, et les modifications de la cellulose avant lhydrolyse.
Fractionnement de la matière cellulosique. La préhy-drolyse de la matière cellulosique, avec séparation des sucres autres que le glucose, a été longtemps reconnue comme une étape intéressante du processus de saccharification. La concentration du glucose dans une fraction, la séparation des pentoses et dautres sucres dans une autre, facilitent les améliorations techniques pratiques. On sait trop peu de choses sur le comportement des diverses espèces chimiques dans le processus de préhydrolyse, et on na pas de renseignements permettant de choisir les conditions qui correspondraient au meilleur compromis entre le rendement et la pureté de la principale fraction contenant du glucose.
Parallèlement, on devrait rechercher des méthodes permettant la séparation de la lignine de la matière première cellulosique, ou du résidu de préhydrolyse, sous une forme plus utilisable, ou encore son obtention comme produit final après hydrolyse totale. Il faudrait peut-être, en cette matière, changer de point de vue: considérer la lignine dabord, et les hydrates de carbone comme des sous-produits seulement.
Cinétique de lhydrolyse de la cellulose et de la décomposition des sucres. Létude de la réaction dhydrolyse de la cellulose constitue un élément essentiel de tout programme de recherche tendant à améliorer la saccharification. Il existe de nombreux ouvrages sur la cinétique de lhydrolyse de la cellulose, en ce qui concerne tant la structure de la cellulose que les méthodes techniques dutilisation de la réaction. Dans les ouvrages de référence sur la chimie du bois (20, 56) on trouve la description des premiers travaux effectués sur le sujet.
La cinétique de lhydrolyse du bois par lacide dilué a tout dabord été étudiée par Thiersch (53) et Lüers (34), à propos de la mise au point du procédé Scholler. On a montré que le processus de saccharification à lacide dilué était une réaction consécutive de premier ordre. Des travaux réalisés plus tard au Laboratoire des produits forestiers ont confirmé ces données et ont permis de montrer que les vitesses des deux réactions sont influencées de façon différente par les changements de la température et de la concentration en acide (23). Une température élevée favorise un rendement élevé en sucres. Ceci laissait entrevoir la possibilité de mettre au point un procédé rapide en deux temps qui pourrait donner des rendements au moins aussi bons que ceux obtenus par des méthodes plus compliquées. Un rapport de Cederquist (52) relatif à un procédé en deux temps, mis au point en Suède pendant la seconde guerre mondiale, le fait penser.
Les travaux de Kurth et ses collaborateurs en Australie (31), et de Foster et Wardrop (9), apportent sur cette question dimportantes indications. Kobayashi (27) a procédé à dimportantes recherches sur la «cinétique de la saccharification du bois à basse température avec lacide sulfurique concentré et dilué». Son article décrit leffet dune vaste gamme de concentrations acides et de températures sur la rapidité de lhydrolyse de la cellulose et de la décomposition de tous les sucres que lon trouve habituellement dans le bois. Cest à partir de travaux de ce genre que nous devons espérer mettre au point des procédés nouveaux et améliorés.
Modification de la cellulose avant hydrolyse. Les études cinétiques montrent que dans la méthode simple à lacide dilué, telle quon lapplique habituellement, la vitesse de formation des sucres est défavorablement compensée par leur vitesse de décomposition. En théorie, le rapport entre ces deux vitesses peut être modifié favorablement en empêchant la décomposition des sucres (cest ce qui est réalisé en fait dans le procédé Scholler par leur élimination de la zone de réaction) ou en modifiant la cellulose de façon à augmenter sa vitesse dhydrolyse.
La cause essentielle de la résistance de la cellulose à lhydrolyse est sa structure cristalline. Il en résulte quun affaiblissement de cette structure augmente le rendement en sucre. Les essais que lon a faits pour utiliser dans ce but lénergie des ultra-sons nont pas donné de résultats. En faisant moudre très fin la cellulose on a réussi à provoquer dimportantes modifications dans la vitesse et le rendement de la réaction. Alors quil est onéreux de moudre de la cellulose sèche, il pourrait être utile de mettre au point une nouvelle méthode combinant un broyage très poussé à une hydrolyse.
Lirradiation aux rayons cathodiques provoque des modifications chimiques dans les matières organiques. La surface cristalline de la cellulose narrête pas les rayons, et des modifications chimiques se produisent dans le cristal tout entier. Ceci a pour résultat de permettre datteindre plus facilement la cellulose, et par conséquent, daugmenter la vitesse dhydrolyse. Augmenter de la sorte cette vitesse a pour inconvénient de provoquer la transformation de certains hydrates de carbone en matières non hydrocarbonées. Mais leffet global est très intéressant.
On peut provoquer dimportants changements dans la structure cristalline de la cellulose en la traitant avec des amines. Lutilité possible dun procédé de ce genre na pas été étudiée en matière de saccharification du bois. Il y a lieu de souligner ici combien on a besoin de recherches de ce genre qui élargissent notre compréhension de ces problèmes, sans pour autant rechercher une application pratique immédiate.
Améliorations de la technique pratique dhydrolyse de la cellulose
Il y a un certain nombre de facteurs communs à toutes les méthodes dhydrolyse du bois, qui constituent de sérieux obstacles économiques. Ce sont les prix des produits chimiques, lapprovisionnement en bois, son emmagasinage, sa manutention. A lusine, la corrosion, lemploi de températures élevées constituent de difficiles problèmes. Le résidu dhydrolyse pose des problèmes de manutention. Pour toutes ces rubriques, on tirerait profit de techniques de fabrication nouvelles et améliorées. Dans une récente publication, Schoennemann a montré que lon pouvait résoudre une grande partie des problèmes techniques qui ont contribué naguère à rendre anti-économique la mise en uvre du procédé Bergius. Il souligne quen Allemagne le produit final le plus souhaitable pour la saccharification du bois est le glucose. Pour obtenir la quantité maximum de glucose cristallisé, la solution finale doit être aussi pure que possible. On y parvient par une préhydrolyse du bois destinée à éliminer les hydrates de carbone étrangers, et par lutilisation des échangeurs dions pour purifier la solution finale de sucres.
On peut réduire à la fois la quantité de chaleur nécessaire au procédé Bergius et la perte en acide en utilisant au maximum les relations entre les tensions de vapeur dans le système eau, glucose, acide chlorhydrique. Ces questions, ainsi que dautres, ont toutes été étudiées à fond par Schoenemann dans une brochure (47) et dans une communication présentée à Stockholm (8). Il ne fait guère de doute que lon peut améliorer considérablement le procédé Bergius en utilisant à fond les suggestions de Schoenemann.
Les études faites par Kobayashi au Japon sur la cinétique de lhydrolyse et de la préhydrolyse du bois ont été accompagnées dautres travaux sur la technique pratique de la saccharification du bois. La sciure était traitée avec de lacide sulfurique concentré, en utilisant des imprégnateurs à évacuation pour obtenir de forts rendements en sucres. On paraissait atteindre loptimum économique en utilisant des parties égales de bois et dacide sulfurique. Dans ce procédé, lacide sulfurique était ensuite utilisé pour la production de sulfate dammoniaque ou dacide phosphorique, compensant ainsi le prix de lacide catalyseur et de lagent de neutralisation dans le procédé de saccharification à lacide concentré.
Les rapports de Kobayashi (26, 28, 29, 30) contiennent un nombre considérable de renseignements sur les vitesses de décomposition des sucres en présence dacide sulfurique, dacide phosphorique, et en solutions ammoniacales aqueuses. Des bilans matière sont établis pour les divers procédés. Des études semblables, avec emploi dacide sulfurique concentré, ont été réalisées aux Etats-Unis avec des rafles de maïs (15).
Production directe de matières autres que les sucres par des méthodes dhydrolyse. La production de sucres bruts ou raffinés à partir de déchets cellulosiques offre lavantage dun débouché commercial illimité. Mais il y a linconvénient de prix bas et sujets à variations, en particulier pour les mélasses brutes.
Grâce à de simples modifications ou extensions du procédé dhydrolyse, on peut obtenir comme produits primaires du furfurol de lhydroxy-méthyl-furfurol, de lacide levulinique, de lacide formique. Le furfurol a un marché bien établi et en pleine expansion et on lobtient exclusivement à partir des pentosanes. Il nexiste pas de débouché important pour lhydroxy-méthyl-furfurol, lacide levulinique ou lacide formique, mais on pourrait en trouver si lon avait une production assurée. On peut fabriquer ces produits soit comme production unique dune usine dhydrolyse du bois, soit en les tirant des seules lessives de préhydrolyse, en utilisant les sucres du bois, riches en glucose, pour dautres besoins. Il est nécessaire de faire de plus amples recherches pour déterminer les conditions requises pour leur production efficace, ou pour freiner leur formation au cours de lhydrolyse, lorsquon cherche à fabriquer du sucre.
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS
La saccharification du bois a un grand nombre daspects avec de nombreuses combinaisons possibles de méthodes et de produits. Il nest pas possible de comparer les méthodes si lon ne spécifie pas lendroit où lusine devra être établie et le but quon sest fixé.
Ainsi, en certains endroits, la production de glucose raffiné à partir du bois peut paraître attrayante. Aux Etats-Unis, elle ne pourrait que réduire la consommation du maïs, produit dont il y a déjà excédent et qui se vend à un prix contrôlé par le gouvernement. De même, des produits chimiques tires de déchets cellulosiques peuvent trouver un bon débouché aux Etats-Unis, mais dans des pays sous-développés ils nauraient aucune valeur.
Voici un autre exemple des risques dune généralisation en matière de procédés de saccharification: le coût de lacide apparaît prohibitif dans la méthode à lacide sulfurique concentré, mais lorsque lacide sert à la fois à la saccharification et à la production de sulfate ou de phosphate dammoniaque, cest-à-dire dengrais, le procédé présente davantage dintérêt (26, 28, 29).
Pour lorganisation dun programme de recherches sur la saccharification et lutilisation chimique de résidus ligneux, les points suivants méritent une considération particulière:
Létat actuel des recherches indique que lon ne peut sattendre à découvrir, dans un avenir prévisible, aucun procédé de saccharification vraiment simple. Une usine, pour être productive, doit être importante, relativement compliquée et nécessite un niveau élevé de connaissances techniques pour sa gestion. A cet égard, les usines de saccharification du bois seront semblables à des usines chimiques modernes et bien gérées.Il semble résulter nettement des renseignements que lon possède que les procédés dhydrolyse du bois ne pourront avoir une importance économique si lon ne parvient pas à tirer parti plus complètement de la matière première quils utilisent. Un seul produit est insuffisant pour payer le coût du ramassage de la matière première, de sa manutention et de sa mise en uvre.
Les perspectives immédiates de la saccharification du bois ne sont pas extrêmement encourageantes. Les procédés dont on dispose sont surtout adaptés à des situations particulières. On aurait intérêt à mettre au point des procédés dutilité plus générale. Pour y parvenir il faudrait procéder à des recherches importantes et bien coordonnées.
Il est possible daméliorer la technique des procédés existants, mais il importe dencourager la recherche de techniques nouvelles et dexaminer sous un jour nouveau ce problème déjà ancien.
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(Traduit de langlais.)