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Ministère de l'agriculture et des ressources animales 5a

DIRECTION NATIONALE DES FORETS ET CHASSES

5. Action prioritaire: Opération de Protection de la biodiversité et de Conservation des écosystème fragiles

5.1 Opération: Lutte contre les feux de brousse

Objectifs.

Le feu est encore un outil important de gestion des spéculations dans les zones de savane et son utilisation ne pourra disparaître que progressivement. Par contre, il est possible d'apprendre aux populations de gérer les mises à feu dans l'espace et dans le temps, afin de répondre strictement à leurs besoins et de protéger au mieux leurs ressources naturelles.

Rattachement au Plan d'action forestier de Guinée (PAFG') et à la LPDA.

- PAFG: champs d'action 2 "Agir énergiquement contre les facteurs de régression quantitatives et qualitative" et 5 "Associer l'ensemble de la population".

- LPDA: bloc H 3.0 activité B3.

Projets ayant des objectifs tout ou partie semblables.

Tous les projets de développement rural ont, à des degrés divers, une composante de lutte contre les feux de brousse.

Justifications.

Les principales causes de destruction de la couverture végétale sont les actions inconsidérées de l'homme, actions directes ou indirectes, conscientes ou non: feux de brousse, défrichements culturaux, prélèvements excessifs, etc...

Le feu a un impact direct sur les écosystèmes et leur équilibre:

- sur le couvert végétal: impact qualitatif et quantitatif (sélection d'espèces xérophiles, diminution de la régénération, maintien de la savane en zone forestière...);

- sur les sols: destruction de la matière organique, affectation de la texture et structure du sol, risque d'érosion;

- sur le cycle de l'eau: modification du ruissellement et de l'infiltration, dérégulation des stocks;

- sur les micro-climats locaux: poussières, échauffement, etc.;

- sur la faune: rupture des équilibres.

La suppression des feux ne pourra être obtenue qu'à la suite d'opérations de longue haleine car il est toujours difficile de modifier en profondeur les comportements humains. Il faut donc commencer le plus tôt possible et de façon concentrée et énergique.

Compte tenu des délais ci dessus, une parade est nécessaire pour éviter qu'en attendant le succès des opérations de vulgarisation, l'environnement ne se dégrade encore plus qu'il ne l'est à l'heure actuelle; cette parade est une gestion plus rationnelle des mises à feux, l'utilisation des feux précoces est un outil principal. Pour être pleinement efficaces, ces feux doivent être allumés dans des conditions météorologiques assez précises qu'il s'agit de déterminer biotope par biotope.

L'appréhension du phénomène est rendue particulièrement compliquée par toute une série de facteurs propres à la région: accessibilité difficile des zones rurales, logistique déficiente, susceptibilité des agriculteurs et des éleveurs au sujet des interdits, difficulté d'évaluation des superficies mal définies...

Le suivi de l'opération, et surtout l'évaluation de son succès, consistera en:

- l'appréciation de l'extension des feux précoces et, parallèlement, celle du recul des feux tardifs; cette appréciation fait nécessairement appel aux images satellites;

- l'observation des réactions du biotope.

Actions proposées.

La stratégie est complexe car il faut progressivement réduire les causes, diminuer les dégâts et organiser la lutte. Elle exige des efforts de tous et une grande continuité.

Pratiquement, cette stratégie doit s'appuyer sur cinq grands types de méthodes:

- la connaissance du fonctionnement actuel de l'utilisation des feux avec la répartition dans l'espace et dans le temps;

- l'adaptation d'un programme d'utilisation des feux en relation avec les besoins réels des populations;

- la protection absolue d'un certain nombre de points forts: villages, cultures sur pied, plantations et la partie des domaines forestiers permanents qui doivent constamment échapper au feu;

- la pratique contrôlée des feux précoces qui est, dans la majeure partie du pays, la seule solution pendant encore plusieurs années;

- la mobilisation de toute la population à travers l'éducation et la propagande.

De ces cinq méthodes, seule la dernière est susceptible d'engendrer des résultats définitifs, d'où l'importance que le service forestier attache à sa mise en oeuvre.

En pratique les opérations se regrouperaient en trois catégories:

- analyse de la situation actuelle 11 et de sa dynamique sur le terrain par observation d'images satellites, synthèse des conséquences des feux sur la gestion des ressources:

11 Voir proposition d'une étude test dans la préfecture de Beyla en complément de la fiche.

- recherches bibliographiques et évaluation des actions entreprises dans ce domaine;

- études d'images rapprochées pour mettre en évidence des corrélations temporelles ou spatiales;

- protection absolue d'un certain nombre de points sensibles: villages, lieux culturels, sites à protéger;

- établissement d'un programme d'éducation-formation; cette partie de l'opération est intégrée dans l'opération "communications" qui traite de l'ensemble de ces problèmes de formation-sensibilisation.

La multiplicité des approches à envisager amène à considérer que les ONG sont particulièrement bien placées pour mener l'opération sous contrat avec l'administration forestière.

- opérations destinées à promouvoir les feux précoces; les actions seraient les mêmes que ci-dessus, avec, en plus:

- la détermination, par zone écologique et par type de végétation, de la meilleure période de mise à feu précoce: ces données chiffrées permettraient "d'ouvrir" et de "fermer" les campagnes de feux précoces;

- étude de la gestion du feu au niveau du terroir: accord entre agriculteurs, éleveurs et chasseurs, rôle des leaders d'opinion, des différents représentants de l'administration, des ONG;

- essais de matériels de mise à feu;

- démonstration et vulgarisation des résultats;

- démarche auprès des projets pour que, lorsque les feux sont une contrainte dans leur zone d'action, ils prennent en compte la vulgarisation des feux précoces et ne se limitent pas à une sensibilisation aux feux tardifs.

- suivi des résultats de l'opération:

- suivi des réactions du biotope (réactions des pâturages, épizooties, faune, fructifications des arborescents etc...); ce suivi serait assuré par les équipes de terrain de l'opération qui recueilleraient les observations des paysans;

- suivi des extensions respectives des feux tardifs et des feux précoces; des zones test seraient sélectionnées, et leurs images satellite étudiées chaque année pendant cinq ans; au démarrage de l'opération, il faudrait faire appel à une structure extérieure à la Direction Nationale des Forêts et Chasse pour interpréter les images acquises; ultérieurement, cette étude pourrait être couplée avec le suivi de la couverture forestière et motiver l'équipement du Bureau technique de la DNFC pour ce faire.

Résultats attendus.

- connaissance des besoins réels des populations et organisation adaptée de la gestion des feux;

- formation des agents chargés de la sensibilisation 12;

- formation des villageois 13;

12 La formation des Agents du Service forestier est prise en compte dans l'opération "formation".

13 Cette partie de l'opération est intégrée dans l'opération "Communication"

- détermination, par zone écologique et par type de végétation, des critères pour allumer dans de bonnes conditions un feu précoce efficace;

- affinement de la technique des feux précoces et maîtrise des feux tadifs exceptionnels;

- reconstitution des ressources naturelles;

Calendrier d'exécution.

Cette opération a deux facettes: l'une relevant de la "Communication", voir fiche correspondante à ce sujet; l'autre étant plus spécifiquement technique; c'est pour cette dernière qu'un calendrier d'exécution est proposé ci-après:

- année I: bibliographie et évaluation de ce qui a éventuellement déjà été réalisé; convention à passer avec la météorologie nationale en vue de la lecture des bandes d'enregistrement par satellite des zones incendiées;

- année II: mise route des essais, (durée deux saisons par biotope), et observations en Haute Guinée pour ce qui est des opérations au sol; les observations sur le biotope seraient utilement conduits à la fois chez des paysans et dans les placeaux permanents établis à l'occasion des l'inventaire général; démarrage de l'étude des images satellite;

- année III; comme année II pour ce qui est des observations; les essais seraient entrepris en Guinée forestière; poursuite des études satellites;

- année IV; comme année III pour ce qui est des observations; les essais seraient entrepris en Moyenne Guinée; poursuite des études satellites;

- année V; comme année IV pour ce qui est des observations; les essais seraient entrepris en Basse Guinée; poursuite des études satellites;

- année VI; fin des essais et observations en basse Guinée, fin des études satellites et rapport.

Coût de l'opération.

Le coût de l'opération s'établit à 2.100 MFG (arrondi) en six ans selon les détails du tableau de la page suivante.

Coût de l'opération FEUX DE BROUSSE ('000 FG)

Poste

Années

TOTAL

1

2

3

4

5

6

Personnel national


Coût ('000)

9000.0

10650.0

12300.0

12800.0

13300.0

12150.0

70200.0

Nombre mois

40.0

58.0

76.0

79.0

82.0

67.0

402.0

Personnel expatrié



Coût (-000)

204000.0

204000.0

34000.0

34000.0

34000.0

102000.0

612000.0

Nombre de mois

360.0

360.0

60.0

60.0

60.0

180.0

1080.0

Coût des investissements ('000) 5750.0

85870.0

165990.0

246030.0

326070.0

325990.0

-

1155700.0

Coût de l'équipement ('000)

25000.0

2500.0

2500.0

2500.0

2500.0

-

35000.0

COUT TOTAL (a)

274725.0

339922.0

242869.0

331463.0

420057.0

490754.0

2099790.0

(a) Y compris 10% d'imprévus

La gestion des feux: Propositions d'études14

14 Source: PROGERFOR.

Constatations

L'ensemble de l'espace rural des régions de savane est soumis chaque année à l'action du feu; c'est, en terme de surface et d'ancienneté, le premier mode de gestion des terroirs villageois.

Les causes des feux sont diverses (feux de culture, régénération des pâturages, chasse, récolte du miel, etc.) mais, surtout, le paysan sait qu'il est son auxiliaire indispensable et que toutes les prédictions apocalyptiques sur la dégradation du milieu liée au feu ne se réalisent pas.

On observe d'autre part que les feux ne disparaissent que lorsque la densité de population augmente (partie du Fouta Djalon, Rwanda, Burundi, pays Bamiléké, etc.) et que l'utilisation de l'espace rural s'intensifie.

But de l'étude

Plutôt qu'appliquer une politique dirigiste, même de feux précoces, il conviendrait d'essayer d'établir une véritable gestion des feux impliquant tous les intervenants villageois.

Pour cela, sur une zone test de la Préfecture de Beyla, on propose d'aider les populations à établir et à réaliser un plan raisonné de mise à feu après recensement de tous les intérêts enjeu et en recherchant l'arbitrage d'une autorité villageoise existante ou à créer.

Méthode d'étude

a. établir une typologie des feux dans la région (... télédétection) selon la date des mises à feu, la superficie couverte, etc.;

b. en déduire l'unité optimale de gestion des feux en concordance avec les structures sociales traditionnelles et actuelles;

c. recenser, sur une ou plusieurs de ces unités, tous les intervenants (agriculteurs, éleveurs, chasseurs, cueilleurs de néré, etc.) et les gestionnaires anciens et actuels (conseil des sages, groupement de chasseurs, etc.);

d. animer la conception d'un plan de mise à feu en recherchant les structures sociales préexistantes capables de le réaliser et examiner les contraintes de mise en oeuvre (temps de travaux, concurrence pour la main-d'oeuvre, etc.);

e. suivre objectivement son application (télédétection et survol hélicoptère) et l'améliorer en deuxième année.

Durée de l'étude

La durée prévue est de deux ans, l'élude devant commencer dans le courant de la saison sèche.

Préalables

1. Dérogation officielle de la réglementation des feux précoces sur la sous-préfecture.

2. Indépendance totale des chargés d'étude vis-à-vis de l'administration territoriale et forestière, même s'il est souhaitable que de bonnes relations soient établies. Ils devront relever directement du projet.

Localisation

Territorialement, l'étude devrait se dérouler dans la CRD de Sinko, qui présente une densité de population élevée pour la région et une forte intégration agriculture-élevage. Par contre, les terroirs d'intervention ne pourront être définis qu'après l'étude des types de feux et une approche sociologique du milieu humain.

Effets annexes

Ce travail suppose une étude approfondie du milieu qui permettrait de rassembler également des données sur:

a. l'organisation foncière,
b. la fabrication et le marché du soumbara,
c. les problèmes d'érosion en nappe liés à la culture attelée, etc.

Personnel nécessaire

a. un volontaire expatrié de formation supérieure agronomique avec une spécialisation en sociologie;

b. un homologue national de niveau agronomique universitaire, recruté par le projet.

Ces deux cadres pourraient très valablement réaliser une thèse universitaire.

c. un interprète Comianke.

Matériel nécessaire

a. Scènes SPOT et NOAA

b. Equipement informatique (micro e imprimante)

c. Véhicules (une station-wagon châssis court type Dahiatsu ou Suzuki, deux motos tout terrain)

d. Petit groupe électrogène (5 kva)

e. Documentation

Fonctionnement

a. Salaires

b. Location de deux logements à Sinko

c. Réhabilitation et équipement des logements (mobilier, frigo à pétrole, panneaux solaires)

d. Matériel de tournée

e. Fonctionnement des véhicules et des bureaux

f. Frais de déplacement


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