Family Farming Knowledge Platform

L’agriculture a connu ces dernières années des restructurations continuelles. Alors que dans les années 1960, on comptait encore en Suisse plus de 160 000 exploitations agricoles, elles ne sont aujourd’hui plus que 54 000. Les surfaces agricoles ainsi libérées sont allées aux exploitations restantes, ce qui fait que la surface par exploitation n’a cessé d’augmenter. Alors qu’en 1985, elle était en moyenne de 10 hectares, elle atteignait déjà 18 hectares en 2010. En comparaison internationale, toutefois, les exploitations suisses sont restées relativement petites, notamment en raison des contraintes imposées par la topographie.

La situation financière des exploitations familiales est à cet égard moins réjouissante. En 2011, le revenu agricole se situait à 59 474 francs. Les conditions sont particulièrement pénibles pour les exploitations de montagne, qui atteignent rarement le revenu comparable du reste de la population.

Les familles d’agriculteurs cherchent à gérer leur exploitation selon des méthodes écologiquement, économiquement et socialement durables. Le but de la génération d’exploitants est de permettre aux enfants et petits-enfants de continuer d’exploiter le domaine. La remise de l’exploitation à un membre de la famille assure la perpétuation du savoir lié aux conditions locales et à la base d’une gestion durable des ressources naturelles. En évitant les monocultures à grande échelle et en veillant à diversifier leur production pour atténuer les risques et assurer leur approvisionnement propre, les familles d’agriculteurs luttent contre la surexploitation des ressources naturelles.

Le plus important service rendu par l’agriculture familiale à la société, en Suisse comme ailleurs dans le monde, est sa contribution à la sécurité et à la souveraineté alimentaires. De par leurs méthodes de production durables, les exploitations familiales sont garantes de la fertilité des sols. Elles contribuent ainsi de manière décisive à la sécurité à long terme de l’approvisionnement alimentaire dans leur région. Dans le cas des toutes petites exploitations toutefois, le rendement potentiel ne suffit parfois plus à assurer la subsistance de la famille. Il faut alors puiser dans les réserves et il n’est plus possible d’investir: la durabilité est menacée. C’est pourquoi la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale passe obligatoirement par la fixation d’un cadre qui permette aux exploitations agricoles familiales de s’approvisionner aussi bien elles-mêmes que la population locale en denrées alimentaires et de bénéficier par là d’un revenu décent.

Les conditions cadre politiques et administratives permettant aux exploitations familiales de fonctionner et de survivre ne servent pas seulement à l’approvisionnement alimentaire des pays. Elles contribuent aussi à garantir leur souveraineté alimentaire. Une agriculture familiale productive permet de satisfaire une partie, voire la totalité de la demande locale ou nationale en denrées alimentaires. La dépendance des importations est moindre, et l’environnement se porte mieux vu qu’il y a moins de transports à effectuer. Le consommateur gagne aussi sur le plan de la transparence, car il connaît la provenance ainsi que les conditions de production de sa nourriture.

Les démarches que l’on est en droit d’attendre de la Suisse, en particulier de ses instances politiques, sont les suivantes:

  • S’engager pour que les principes de souveraineté alimentaire soient respectés.

  • Renforcer la position des familles d’agriculteurs au sein de la filière alimentaire, notamment face à aux entreprises de transformation et de commercialisation.

  • Promouvoir une agriculture multifonctionnelle, durable sur les plans écologique, social et économique, avec une focalisation sur les exploitations agricoles familiales.

  • Encourager la formation agricole.

  • Protéger les ressources naturelles essentielles pour la production agricole, notamment le sol.

  • Les paysannes jouent un rôle décisif pour la survie des exploitations familiales. Il s’agit de renforcer leurs droits.