Agriculture de conservation au Kénya: lutter contre la sécheresse et améliorer les récoltes


Aider les agricultrices à accéder aux marchés de manière durable

Des céréales, des haricots, du sorgho et d’autres semences en vente dans un marché de Meru, au Kénya, où les agriculteurs pratiquant l’agriculture de conservation vendent leurs marchandises. ©FAO/Luis Tato

07/03/2018

Près de 70 pour cent de la population – dont principalement des femmes- dépendent de l’agriculture, le secteur joue donc un rôle fondamental dans la vie de la plupart des kényans.

Le potentiel agricole kényan affiche pourtant une productivité relativement faible, caractérisée par une baisse constante ces dernières années. Cela est particulièrement vrai pour les familles vivant en zone rurale.

Les zones arides et semi-arides représentent 80 pour cent du territoire kényan mais leur potentiel agricole n’est pas complètement exploité.

La FAO et l’Union européenne aident des petites agricultrices à produire plus et à gagner plus en pratiquant l’agriculture de conservation (AC) et en facilitant leur accès aux marchés.

L’agriculture de conservation: qu’est-ce que c’est et comment aide-t-elle les fermiers kényans?

Lucy Kigunda est membre de l’association de femmes Ithondio à Imenti nord, dans le centre du Kénya.

Elle a récemment commencé à planter du sorgho, une espèce d’herbe cultivée pour ses grains – utilisée pour nourrir les humains et les animaux et pour produire de l’éthanol. Ses feuilles peuvent également être utilisées comme matériel de construction.

Lucy (au centre) avec d’autres fermières lors d’une réunion. Travailler en groupe leur permet de vendre leurs cultures et de faire de meilleurs profits (à gauche). Lucy et son mari nourrissent les chèvres qu’elle a achetées grâce aux recettes de ses activités agricoles (à droite). ©FAO/Luis Tato

« Avant de commencer à planter, nous avons mis en pratique ce que nous avons appris. Il est important de mettre en place un système de rotation entre les cultures et de conserver quelques résidus de culture pour pouvoir garder le sol relativement humide et le protéger. Ces nouvelles manières de travailler la terre nous ont permis d’améliorer nos activités agricoles et d’obtenir de bien meilleures récoltes, » s’est réjoui Lucy.

Dans pas moins de huit comtés, la FAO aide les agriculteurs à obtenir de meilleures récoltes en les initiant à l’agriculture de conservation par le biais de pratiques de gestion agronomiques comme par exemple le recours à des cultures résistantes à la sécheresse et des variétés qui s’y adaptent, l’utilisation de semences certifiées, un ensemencement en temps opportun, un bon usage des engrais et de meilleures méthodes de stockage suite aux récoltes.

Jusqu’à ce jour, plus de 26 000 agriculteurs pratiquent l’agriculture de conservation. La FAO a pour intention de travailler avec les autorités de chaque comté pour démocratiser son usage et atteindre au moins 10 pour cent de la population agricole kényane.

Lucy dans son champ de sorgho. ©FAO/Luis Tato

Pour parvenir jusqu’aux agricultrices, la FAO collabore avec des travailleurs communautaires spécialisés dans le secteur agricole et a pu former 1700 d’entre eux depuis 2014.

Relier les agricultrices aux marchés

La FAO forme également des agricultrices afin qu’elles soient en mesure de mieux accéder aux informations et aux marchés. Cela leur permet de vendre leurs cultures à un meilleur prix tout en facilitant leur autonomie.

En tant que secrétaire du groupe, Lucy a joué un rôle essentiel en aidant les femmes de son groupe à rendre leurs produits plus rentables.

Avec le soutien de la FAO, quelques 30 000 agriculteurs ont bénéficié d’aide à travers la chaîne de valeur de la part d’institutions de recherche et financières, de compagnies de distribution de semences, de fournisseurs d’engrais et d’autres sociétés spécialisées dans le secteur.

Conservation agriculture in Kenya

« J’ai planté du sorgho, des haricots, du maïs, des arachides sur un terrain que j’avais loué. La saison dernière, j’ai planté un demi-hectare de sorgho mais cette saison, j’ai élargi à deux acres car cela me rapporte plus. Grâce au contrat que j’ai conclu avec un fournisseur, je peux anticiper mon budget et mieux planifier mes dépenses. De nombreux agriculteurs peuvent maintenant s’acheter des maisons plus grandes et certains ont même acheté des chèvres Toggen, c’est un investissement valable car ces chèvres donnent beaucoup de lait. Nous les appelons les « chèvres laitières », a expliqué Lucy.

Bien que de nombreux fermiers dépendent encore et beaucoup de la culture du maïs - la plus rentable au Kénya - sa production a diminué en raison des fréquentes sécheresses. De plus en plus de fermiers prennent également conscience des nombreux atouts qu’offre la diversification des cultures et se tournent par exemple vers le sorgho.

Lucy et son groupe gagnent maintenant près de 4 dollars pour chaque kilo de sorgho vendu. Elles déduisent un petit pourcentage pour le transport et les frais logistiques mais le prix demeure compétitif car les prix s’élevaient auparavant à 3 dollars au niveau local.

Travailler au sein d’une association permet de pouvoir fournir de plus grandes quantités de sorgho et de partager les frais additionnels encourus. Les agricultrices se soutiennent également entre elles et échangent leurs expériences. L’association continue d’ailleurs de prendre de l’ampleur,  et est passé d’une saison à l’autre de 36 à 50 membres.

D’un point de vue personnel, Lucy constate également des retombées positives. Avec ses économies, elle a pu payer l’école de ses deux enfants et envisage d’acheter une vache dans un futur proche.

En savoir plus sur notre travail au Kénya.

13. Climate action, 15. Life on land