Cette cultivatrice révolutionne l'agriculture et fait figure d'exemple


Remettre en question les normes de genre en offrant des chances égales aux hommes et aux femmes

Au Zimbabwe, l'agricultrice Calista Maguramhinga est l'une des figures du Programme de la FAO pour les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire dans le pays. Elle apprend aux autres agriculteurs à tirer profit de l'agriculture de conservation. ©FAO

19/02/2019

Lorsque Calista Maguramhinga fait visiter sa ferme d'un demi-hectare, elle emporte toujours son petit cahier dans lequel elle a noté tous les détails de la manière dont elle fait pousser ses plantes.

Dans son exploitation, les plants de maïs sont hauts, les feuilles vertes et les épis très gros, prêts à être récoltés. Du doigt, elle désigne un endroit : «C'est la variété de maïs 633», explique-t-elle. «Cette parcelle a été préparée avec une charrue à dents, les maïs ont été plantés le 20 décembre avec un compost organique; de l'engrais a ensuite été appliqué le 3 janvier puis le 20 janvier.»

Recrutée en tant qu'«agricultrice principale» bénévole du programme, Calista aide désormais à former d'autres personnes dans son village de Muzenge, situé dans la province du Manicaland au Zimbabwe. Elle possède plusieurs parcelles de démonstration de maïs, de sorgho et d'arachides, sur lesquelles elle teste de nouvelles approches agricoles. Les agriculteurs locaux viennent la voir pour apprendre.

Calista fait partie des nombreux petits exploitants agricoles qui suivent la formation dispensée dans le cadre du Programme pour les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire au Zimbabwe (LFSP, son sigle en anglais), géré par la FAO et mis en œuvre par un ensemble de partenaires. Dans la province du Manicaland, au Zimbabwe, les partenaires opérationnels sont les suivants : "Practical Action", "Sustainable Agriculture Technology" et "International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics". L'initiative vise non seulement à aider les familles d'agriculteurs à augmenter leur production agricole, mais également à améliorer leur régime alimentaire et à réduire la malnutrition, en particulier pour les familles dans lesquelles se trouvent de jeunes enfants.

Mère célibataire, Calista était confrontée à la discrimination et vivait dans la pauvreté, luttant pour soutenir et nourrir sa famille nombreuse. Elle n'a qu'un seul enfant, mais elle doit prendre soin de ses quatre neveux et nièces, orphelins suite aux décès de son frère et de sa sœur. Elle s'occupe également de son père âgé de 78 ans, un homme prénommé Clever.

Les outils améliorés et l'agriculture de conservation permettent aux agriculteurs, comme Calista, de gagner du temps et de l'énergie, tout en améliorant leurs rendements. ©FAO

Depuis qu'elle a été désignée «agricultrice principale» du programme, Calista a changé de statut dans sa communauté. Elle attire désormais le respect de ses pairs. Son père, Clever, confirme que ses compétences en matière agricole ont changé la façon dont les gens la regardent : «Les autres agriculteurs la respectent parce qu'avec elle, ils apprennent beaucoup», dit-il. «Les hommes et les femmes viennent tirer profit de son expérience. Les experts la considèrent comme l'une des meilleures agricultrices du coin et reconnaissent son travail acharné. Je suis vraiment fier de ce qu'elle fait.»

Pour Calista, deux choses ont fait la différence : la première est de pouvoir utiliser une charrue à dents. Grâce au programme de la FAO, les agriculteurs ont appris à utiliser ce nouvel outil. «Quand vous utilisez la charrue défonceuse, vous passez moins de temps à labourer. C'est mieux aussi pour le sol. Lorsque nous utilisions la vieille charrue, on pouvait constater l'érosion du sol. Cela a été réduit désormais.»

La deuxième amélioration majeure est le recours à une «agriculture de conservation». L'agriculture de conservation est une approche qui minimise les perturbations du sol afin notamment de réduire l'érosion, de diminuer au minimum la perte d'humidité et de conserver les éléments nutritifs. Cela permet aussi de réduire les heures de travail, un élément important pour une mère célibataire telle que Calista. Au lieu de désherber 4 à 5 fois par saison, elle pose du paillis autour de la base de ses plants de maïs et de sorgho, ce qui réduit la croissance des mauvaises herbes et retient l'humidité. Elle est très reconnaissante car cette technique lui permet rendre le travail moins éreintant : «Je serais beaucoup plus âgée si je devais faire tout ce désherbage!», ajoute-t-elle en riant.

Depuis qu'elle a commencé à tester les pratiques de conservation il y a deux ans, elle constate une grande différence dans sa production de maïs. Dans le passé, elle récoltait une tonne de maïs. Aujourd'hui, elle peut en récupérer 2,5 tonnes sur le même demi-hectare.

Calista a dû s'habituer à ce nouveau rôle d'agricultrice principale. Jusqu'ici, elle n'était en effet pas habituée à faire autant partie de la communauté et à parler avec autant de monde. Mais enseigner aux autres l'a rendue plus confiante. ©FAO

«La saison dernière, bien que nous ayons eu moins de pluie, j'ai réussi à récolter assez pour nourrir ma grande famille et en vendre une partie pour envoyer les enfants à l'école. La plupart des villageois sont à court de céréales. Moi, j'en ai encore assez pour tenir jusqu'à la récolte suivante.»

Dans de nombreuses communautés, quand une formation est proposée, ce sont généralement les hommes qui ont la possibilité d'y participer. Or, ce sont les femmes qui effectuent l'essentiel du travail dans les champs. Les femmes célibataires sont en particulier systématiquement négligées. C'est pourquoi le programme LFSP de la FAO veille à ce que les femmes acquièrent les compétences et la formation dont elles ont besoin. Sur le terrain, la dynamique de genre s'en trouve modifiée.

Financé par le Département du développement international (DFID, son sigle en anglais), le LFSP vise à accroître la productivité et les revenus agricoles, à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à réduire la pauvreté dans les zones rurales du Zimbabwe. Il bouscule également les normes de genre en offrant aux hommes et aux femmes des chances égales pour accéder à la formation et aux autres ressources.


En savoir plus:

 

2. Zero hunger, 5. Gender equality