Sur les pentes du Kilimandjaro, dans le site de Shimbwe Juu de la communauté chagga, une grande partie de la région est divisée en kihambas, des parcelles de terrain avec une maison traditionnelle et un jardin. Ici, les kihambas forment un système agroforestier multicouche qui compte plus de 500 espèces de plantes et qui est riche en biodiversité. Le café, l'igname, la banane, le gingembre, le taro et le manioc prospèrent parmi les arbres fruitiers qui sont irrigués, même en saison sèche, par un réseau de canaux d'eau s'écoulant sur 17 kilomètres en aval de la montagne. Ce site est reconnu par la FAO comme un des Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM), un site qui illustre comment des générations de savoirs traditionnels préservent, protègent et gèrent durablement les ressources naturelles de la région.
Selon la tradition chagga, les kihambas se transmettent de génération en génération et sont considérés comme le centre de la vie familiale. Cependant, bien que l'agriculture fournisse des emplois à la majorité de la population tanzanienne et que ce secteur représente 26,7 pour cent du produit intérieur brut du pays, de nombreux jeunes ne considèrent pas l'agriculture comme un choix de carrière viable.
Diomedes Kalisa, Chargé de programme à la FAO en Tanzanie, explique: "Désormais les jeunes n’ont que peu ou pas d'intérêt pour les débouchés dans le secteur agricole. Ils ont vu les difficultés auxquelles leur famille a dû faire face et, par conséquent, ils ne voient pas comment on peut être agriculteur et arriver à nourrir régulièrement sa famille, ni même à améliorer ses revenus lorsque les conditions sont favorables".
Cependant, l'agriculture peut offrir plus de débouchés que les jeunes ne le pensent, et le programme SIPAM de la FAO aide à maximiser le potentiel de l'agriculture en fournissant une formation spécialisée aux agriculteurs locaux.
Remy Temba, qui vit de son kihamba depuis toujours, décrit la situation comme suit: "Avant d’avoir suivi la formation de la FAO, nous ne produisions pas autant de fruits et légumes. Les formateurs m'ont appris à utiliser des engrais organiques, à tailler les caféiers correctement et à cultiver plus de légumes et une plus grande variété de fruits que je n'avais jamais pensé à cultiver." Cela a amélioré la sécurité alimentaire des agriculteurs de la région et leur a permis de cultiver d'autres produits qu'ils peuvent vendre, contribuant ainsi à améliorer également leur propre sécurité financière.