Une jeune femme sans prétention devenue héroïne de l’alimentation au Guatemala


María Rebeca connaissait très peu de choses à l’agriculture; elle est maintenant renommée au sein de sa communauté pour son expertise dans ce domaine.

Auparavant timide et réservée, elle transmet désormais avec passion ses connaissances, en animant des ateliers auxquels participent de nombreux membres de la communauté locale. © FAO/José Itzep

23/09/2020

María Rebeca Perez, qui a eu très tôt une famille à charge, a toujours dû être autonome. Elle appartient à la communauté autochtone ixil qui vit dans le département du Quiché, au Guatemala. Les populations autochtones ont subi le conflit armé et les violences qui ont émaillé l’histoire récente de la région. De ce fait, leurs moyens de subsistance, en particulier ceux des femmes, sont maigres.

Au départ, María Rebeca travaillait sur une petite exploitation agricole mais, à 19 ans, elle s’est acheté une machine à coudre; elle a rapidement maîtrisé l’art de la broderie et de la couture des huipiles, vêtements traditionnels portés par les femmes autochtones au Guatemala. Cette source de revenus était vitale pour son foyer, composé de ses parents et de ses deux enfants, dont elle est le principal soutien. 

Ses activités de couture couvraient une partie des dépenses de la famille mais ne lui permettaient pas de nourrir correctement ses proches. Ses revenus suffisaient à peine à assurer trois repas quotidiens et elle craignait que le régime alimentaire de ses enfants ne soit pas assez nutritif pour les maintenir en bonne santé. Elle a envisagé un temps de déménager dans le nord du pays afin de trouver du travail, mais cela aurait été difficile et dangereux pour une femme seule. Alors quand elle a appris qu’un programme conjoint de développement rural au profit des Ixils, dirigé par la FAO, débutait dans sa région, elle y a vu une chance de rester avec sa famille tout en apprenant une activité agricole.

Un potager peut tout changer

Dans le cadre du programme de la FAO, qui vise à améliorer les moyens d’existence et la nutrition des communautés autochtones de la région, María Rebeca a appris à produire des aliments nutritifs dans son potager. Elle a commencé par construire de petites serres et y faire pousser des tomates, ce qui a sensiblement amélioré la nutrition de ses enfants. Avec ce qu’elle produisait, elle pouvait garantir trois repas complets par jour à toute sa famille.

Après la formation initiale, María Rebeca a participé à une formation sur l’élevage de volailles, qui lui a permis d’élargir ses connaissances et d’accroître ses revenus. Au départ, elle ne possédait qu’un coq et une poule, qui pondait trois œufs par semaine. Aujourd’hui, elle a près d’un millier de poules dans son grand jardin et ses activités sont florissantes. La vente d’œufs lui rapporte environ 900 USD par mois et la qualité de ses produits est renommée jusque dans les communautés voisines.

Par ailleurs, María Rebeca est la seule bénéficiaire de la formation de la FAO à s’être inscrite officiellement pour approvisionner le programme d’alimentation scolaire et, avant la pandémie, elle fournissait 600 œufs par semaine à l’école locale. En ce moment, elle les vend directement à sa communauté ou sur les marchés locaux.

La réussite de ses activités a donné à María Rebeca confiance en elle. Ses tomates poussent bien dans sa nouvelle serre et ses poulets lui procurent actuellement un revenu solide. © FAO/José Itzep

Chef de file de sa communauté

Le programme de la FAO a permis à María Rebeca d’acquérir non seulement de nouvelles compétences mais aussi l’estime de soi et la confiance en elle qui lui faisaient défaut jusque là. Elle avait toujours été timide et discrète: elle avait du mal à participer aux activités collectives, et encore plus à s’exprimer au sein d’un groupe. Ses connaissances récemment acquises lui ont donné la confiance dont elle avait besoin pour promouvoir le programme, en transmettant ses nouvelles connaissances à des hommes et des femmes de sa communauté.

Toutefois, il a fallu qu’elle s’habitue à ce nouveau rôle. «Au début, j’avais peur parce que c’était la première fois que j’avais un rôle à jouer au sein de ma communauté. Certaines familles pensaient que je ne pouvais pas être une promotrice parce que je n’avais aucune expérience, étant donné que j’étais très jeune. Mais je l’ai pris comme un défi. Maintenant, je vois qu’on me fait confiance et qu’on me respecte dans la communauté», explique María Rebeca.

María Rebeca produit aujourd’hui suffisamment d’aliments pour garantir à sa famille trois repas quotidiens et, avant la pandémie de covid-19, elle approvisionnait aussi l’école locale. © FAO/José Itzep

María Rebeca a suivi tous les cours dispensés par la FAO et le Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de l’alimentation du Guatemala. Grâce à sa persévérance et à ses connaissances, elle aide à lutter contre la stigmatisation des femmes par de nombreux habitants de Pulay, la petite ville où elle réside. Elle est devenue un modèle pour de nombreuses autres femmes de la communauté.

En peu de temps, la jeune fille timide qu’était María Rebeca s’est muée en une héroïne locale de l’alimentation. Spécialiste locale de la production d’œufs et de tomates, elle est une source d’inspiration pour d’autres femmes. Sa patience et son aptitude à transmettre ont eu des résultats considérables.

«La FAO et le Ministère m’ont aidée à augmenter ma productivité sur la petite parcelle de terre que je possède mais, au-delà de ça, ils m’ont aidée à rêver en grand. Je veux ce qu’il y a de mieux pour mes enfants, c’est pour ça que je me suis fixé de nouveaux objectifs, plus ambitieux», a-t-elle indiqué.

Comme celle de María Rebeca, plus de 2 100 familles ont participé au projet de la FAO dans la région, ce qui leur a permis d’appliquer les pratiques optimales pour accroître leur production alimentaire, de diversifier leurs revenus et de garantir une alimentation plus nutritive à leurs membres. Avec les communautés locales et les héros de l’alimentation, au parcours enthousiasmant, la FAO contribue à constituer des moyens d’existence plus solides, à améliorer la nutrition et à reléguer la faim aux oubliettes.

Derrière les aliments que nous consommons, il y a toujours une personne qui les a produits, plantés, récoltés, pêchés ou transportés. À l’approche de la Journée mondiale de l’alimentation (16 octobre), nous tenons à remercier ces héros de l’alimentation qui, en toutes circonstances, continuent de fournir des aliments à leur communauté et au-delà, contribuant ainsi à développer, à nourrir et à pérenniser notre monde. 


En savoir plus

2. Zero hunger, 8. Decent work and economic growth, 15. Life on land